TOPICS GEO Catastrophes naturelles 2015 Analyses – Évaluations – Positions Édition 2016 La Terre a de la fièvre Durant l’année la plus chaude depuis le début des ­relevés de température, El Niño a fortement influencé les évènements météorologiques. PAGE 20 Changement climatique L’année des décisions Népal Un pays sous les ­décombres Technique d’analyse Réévalution des données >> Tous les articles de ce magazine sont aussi disponibles sur notre site Internet : www.munichre.com/topicsgeo2015 Avant-propos Chères lectrices, chers lecteurs, En 2015, le bilan des sinistres liés aux catastrophes naturelles a de nouveau été relativement modéré. Le préjudice total et les dommages assurés ont même été inférieurs aux moyennes des 30 dernières années. L’oscillation climatique naturelle El Niño a eu à cet égard une influence marquante sur le déroulement des évènements climatiques. Ce phénomène a également contribué à réduire l’activité cyclonique dans l’Atlantique nord. Bien que, du fait que les pays à forte pénétration d’assurance ont été épargnés, le préjudice pécuniaire ait été limité, le nombre d’évènements dommageables recensés a de nouveau été très élevé. Notamment les pays émergents et en voie de développement ont connu de grosses inondations et de violentes vagues de chaleur. Mais l’évènement le plus dévastateur de l’année a eu lieu au Népal : le toit du monde a été ébranlé par des séismes qui ont coûté la vie à plus de 9 000 personnes. 2015, troisième année record consécutive pour ce qui est de la température moyenne annuelle globale, a aussi été marquée, sur le plan politique, par le changement climatique : le tournant ébauché lors de la Conférence de Paris sur le climat permet d’espérer que le changement climatique pourra être freiné à un stade où les risques restent maîtrisables dans la plupart des régions du globe. Ces sujets ainsi que d’autres questions d’actualité sont traités et quantifiés dans le présent numéro de Topics Geo, avec une analyse des processus qui y sont liés. Je vous souhaite une intéressante lecture. Munich, février 2016 Torsten Jeworrek Membre du Directoire de Munich Re et Président du Comité de réassurance NOT IF, BUT HOW Munich Re Topics Geo 2015 1 Gros plan : 2015 a été l’année du climat. Tandis que de nouveaux records de température ont été battus et que l’année a été marquée par un puissant phénomène El Niño, la politique climatique globale a enfin connu une relance. De nouveaux jalons ont été posés en juin lors de la rencontre du G7 à Elmau et en décembre à l’occasion de la Conférence de Paris sur le climat. Gros plan 4 Données climatiques 2015 Le changement climatique ne fait pas de pause : les températures moyennes ­globales en 2015 sont les plus élevées jamais mesurées. 8 « Nous avons évité l’incontrôlable ! » Le climatologue Hans Joachim Schelln­huber s’entretient avec Peter Höppe des résultats de la COP21. 12 L’assurance climatique : composante d’une croissance durable Des solutions d’assurance aident les pays en développement à mieux s’adapter au changement climatique. 2 Munich Re Topics Geo 2015 19 COP21 – Saisissons les nouvelles ­opportunités ! Peter Höppe s’exprime sur les perspectives qu’ouvre la Conférence de Paris sur le climat. 22 L’enfant terrible du climat L’année 2015 nous a offert l’un des ­phénomènes El Niño les plus puissants jamais mesurés. Ses effets se sont fait ressentir en de nombreux endroits de la planète. 4 Sommaire Portraits de catastrophes 30 Secousses sur le toit du monde Au printemps 2015, de violentes secousses sismiques ont touché le Népal et les États voisins. 35 Le désert d’Atacama sous les eaux La survenance dans le désert d’un sinistre dû aux inondations qui se chiffre en ­milliards semble tenir de la fiction. ­Pourtant, au nord du Chili, ce scénario est devenu réalité. Portraits de catastrophes : Le Népal était ­connu comme étant une région à hauts risques en matière de séismes. En avril 2015, la région de l’Himalaya a été frappée par une catastrophe dévastatrice. 28 41 Une tempête monstre se termine sans trop de dégâts L’ouragan Patricia a constitué l’un des cyclones tropicaux les plus puissants jamais enregistrés. Grâce à des circonstances favorables, les dégâts sont restés limités. 45 L’État doré en proie aux flammes Le risque d’incendie de forêt a fortement augmenté en Californie en raison des ­périodes de sécheresse dont le pays a été victime ces dernières années. NatCatSERVICE et recherche 54 Rétrospective annuelle – L’année en chiffres Une présentation des chiffres et des photos de l’année, du point de vue global, régional et de l’évolution au fil des ans 62 Élargissement innovant des possibilités d’analyse des évènements historiques Pour les analyses globales, les sinistres doivent pouvoir être comparés dans le temps et dans l’espace à l’aide d’une normalisation. Observation de la Terre par satellite 67 C’est une chance pour la gestion des risques, lorsque fournisseurs et utilisateurs coopèrent plus étroitement. 70 Violents orages sur l’Europe L’intensité des orages violents augmente. Tout se joue dans la prévention. 74 Séismes virtuels en 3D Les superordinateurs peuvent simuler les tremblements de terre et leurs répercussions. De nouvelles connaissances en perspective. NatCatSERVICE et recherche : Les images réalisées depuis l’espace peuvent ouvrir de nouvelles chances en matière de gestion des risques. Il s’agit de saisir ces opportunités. 52 Standards 1 Avant-propos 50 Des catastrophes qui font date 76 Contacts 77 Mentions légales Munich Re Topics Geo 2015 3 Gros plan 4 Munich Re Topics Geo 2015 Données climatiques 2015 Eberhard Faust La Terre a de la fièvre : les températures moyennes à la ­surface du globe en 2015 sont les plus élevées jamais ­mesurées. Et malgré les variations enregistrées certaines années, on constate que la tendance à la hausse à long terme se poursuit. Le changement climatique ne connaît pas de répit. L’année 2014 avait déjà été la plus chaude depuis le début de l’étude des séries temporelles en 1880, même si, d’après les données de la NOAA, elle ne devançait que de peu les années 2005 et 2010. Mais les valeurs enregistrées en 2015 sont encore plus élevées : en effet, d’après les données publiées par la NOAA à la mi-janvier 2016, 2015 a été de loin l’année la plus chaude à l’échelle de la planète. La température moyenne globale de la surface de la Terre et de la mer a dépassé de 0,90 °C la valeur moyenne du XXe siècle qui était de 13,9 °C, battant ainsi de 0,16 °C le record de 2014 (0,74 °C). En 2015, la température moyenne du globe a pour la première fois dépassé la barre de 1 °C au-dessus de la moyenne de la période 1850–1900, qui correspond encore au niveau de température de l’ère pré-industrielle. Ainsi, en une année seulement, le réchauffement climatique a déjà atteint la moitié de la limite des 2 degrés et deux tiers du seuil de 1,5 degré, qui constituent l’objectif fixé par l’Accord de Paris (COP21). Le très puissant épisode El Niño qui s’est manifesté dans le Pacifique tropical depuis le mois de mars 2015 est l’une des raisons expliquant les températures élevées enregistrées l’année dernière ; ainsi, une grande quantité d’énergie thermique a été libérée dans l’atmosphère et les effets à distance ont entraîné une modification des systèmes de circulation. Il a également fait beaucoup trop chaud dans le nord-est du Munich Re Topics Geo 2015 5 Gros plan Pacifique, y compris dans la moitié ouest de l’Amérique du Nord. L’Eurasie ainsi que la région Afriqueocéan Indien ont elles aussi été confrontées à des anomalies thermiques positives. En termes de précipitations, dans le courant de l’année, les effets typiques d’El Niño se sont fait de plus en plus sentir sur les régions concernées (davantage d’informations à ce sujet dans l’article « L’enfant terrible du climat » à partir de la page 22). Au nombre de ces impacts figurent la sécheresse qui a sévi dans le nord-est du Brésil et le nord de l’Amérique du Sud, dans les Caraïbes et le nord-ouest de l’Amérique du Nord ainsi que dans de grandes parties du sud de l’Afrique, la mousson d’été restreinte dans certaines régions de l’Inde, la sécheresse dans certaines parties de l’Asie du Sud-Est et de l’Indonésie ainsi que dans certaines régions du sud et de l’est de l’Australie. Les excédents de précipitations dans les régions du sud et du sud-est de l’Amérique du Nord, dans le sud du Brésil et le nord-est de l’Argentine, dans le sud de l’Inde ainsi que sur les îles Britanniques sont également typiques du phénomène El Niño. Il ne fait aucun doute que l’évolution des températures et des précipitations constitue un indice incontestable de l’impact d’El Niño, mais il est vrai aussi que ce signal à long terme du changement climatique vient s’ajouter à la variabilité naturelle du climat sur différentes échelles de temps. Le très puissant phénomène El Niño, qui a contribué à l’augmentation de la température moyenne annuelle en 2015, pourrait fort bien avoir encore les mêmes répercussions en 2016. Cet effet de superposition avec la variabilité naturelle du climat signifie aussi qu’à l’avenir, certaines années seront de nouveau marquées par une température moyenne un peu moins élevée à la surface de la Terre. La fluctuation des températures dans la série temporelle des températures moyennes annuelles du globe enregistrées dans le passé est donc en grande partie due aux variations climatiques entre El-Niño et La Niña. Néanmoins, les récentes valeurs records de la température moyenne annuelle montrent qu’il n’y a plus d’interruption avérée de la progression de la température moyenne du globe dans les données actuelles : la tendance à la hausse à long terme se maintient. Écart de la température moyenne du globe par rapport à la moyenne de 1901 à 2000 15 des 16 années les plus chaudes enregistrées se situent dans la période allant de 2001 à 2015. 1,0 °C 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0,0 –0,1 –0,2 –0,3 –0,4 –0,5 1880 1890 1900 1910 1920 1930 Source : Munich Re, sur la base des données NCDC/NOAA 6 Munich Re Topics Geo 2015 1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 Écart régional de la température moyenne annuelle de 2015 par rapport à la moyenne de 1981 à 2010 À l’exception de l’est du Canada, les températures de la quasi-totalité de la surface terrestre et de la plupart des étendues occupées par les océans ont contribué à l’important écart de la température moyenne annuelle par rapport à la moyenne de la période 1981–2010. Sur dix des douze mois de l’année 2015, la température mensuelle moyenne du globe a battu les records enregistrés jusque-là. –5 –4 –3 –2 –1 0 1 2 3 4 5 plus chaud plus froid Écart régional des précipitations annuelles de 2015 par rapport à la moyenne de 1961 à 1990 Sur les terres, les précipitations annuelles de l’année 2015 relevées dans les stations prises en compte ici étaient ­inférieures de 23 millimètres par rapport à la moyenne de 1 033 millimètres durant la période de référence 1961–1990. 0 25 50 75 100 125 150 175 200 plus sec plus humide Source : National Centers for Environmental Information/ NOAA Munich Re Topics Geo 2015 7 Gros plan 8 Munich Re Topics Geo 2015 « Nous avons évité l’incontrôlable ! » Après le sommet sur le climat à Paris, Hans Joachim Schellnhuber, directeur de l’Institut de Potsdam pour la recherche sur les incidences climatiques, et Peter Höppe, directeur du département Geo Risks Research/Corporate Climate Centre chez Munich Re, se sont réunis à Potsdam pour discuter des résultats. Peter Höppe : Monsieur Schellnhuber, vous avez participé à de nombreuses manifestations dans le cadre du sommet sur le climat à Paris. Que pensez-vous du résultat dans l’ensemble ? Hans Joachim Schellnhuber : Pour résumer l’essentiel, je dirais que l’esprit de Paris a chassé le spectre de Copenhague. Toutefois, il nous reste encore beaucoup à faire et nous pouvons aller encore plus loin. PH : J’ai été surpris de voir que les 195 pays se sont engagés en faveur de l’objectif visant à limiter le réchauffement climatique à nettement moins de 2 °C et qu’ils ont ainsi rectifié la barre. Comment faut-il définir le cadre réglementaire pour atteindre cet objectif ? HJS : Les hommes politiques ont découvert la protection du climat, et je m’en réjouis. Il est tout à fait logique de limiter la hausse de la température sur notre planète à un maximum de 1,5 à 2 °C. Pourtant, je ne suis que partiellement satisfait en ce qui concerne la neutralité carbone d’ici à 2070 ou 2080. Si l’on traduit l’Accord de Paris en scénarios d’émissions, on devrait atteindre la décarbonisation déjà entre 2050 et 2070. Voilà le problème. PH : Outre l’atténuation (mitigation), c’est-à-dire les mesures de réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’adaptation aux conséquences inéluctables du changement climatique prend une large place dans l’Accord de Paris. Les 100 milliards de $US convenus pour le soutien des pays émergents ont été confirmés, ce qui est un point très important. Que faudra-t-il encore faire d’autre pour être mieux armé face aux conséquences du changement climatique ? HJS : Le mot-clé est pour moi le « renforcement des capacités », donc le développement des structures et des compétences. Ici il ne s’agit pas que d’argent. Je me suis récemment rendu au Cameroun et j’ai appris la chose suivante : quand les Britanniques se sont retirés de ce pays dans les années soixante, il y avait 49 stations météorologiques. Il n’en reste que trois dans les grands aéroports. Nous devons cependant mettre en place des capacités et des structures permettant à ces pays de recevoir l’argent, le soutien et l’expertise et de les transformer en mesures efficaces. C’est capital pour les pays situés au sud du Sahara. Munich Re Topics Geo 2015 9 Gros plan PH : À l’article 8 de l’Accord de Paris, il est question de protection d’assurance comme éventuelle solution pour l’adaptation au changement climatique. Dans votre nouveau livre « Auto-immolation » vous vous appuyez sur des informations provenant de la base de données NatCatSERVICE de Munich Re pour décrire les tendances relatives aux catastrophes naturelles et aux sinistres en découlant. Après Paris, quel rôle les assurances jouent-elles en matière d’adaptation ? HJS : Si nous avançons vers de nouvelles conditions climatiques entraînant des évènements extrêmes – et un réchauffement global de 2 °C s’accompagne de nouvelles conditions climatiques – et si nous voulons mettre en place des mécanismes de protection pour les populations les plus vulnérables afin d’en atténuer les conséquences, nous n’y parviendrons qu’avec des assurances. Le problème est que ceux qui en ont le plus besoin ne peuvent pas payer les primes d’assurance. C’est pourquoi nous devons mettre en place un système de solidarité global. Il serait intéressant de savoir quels groupes sont réellement concernés par les évènements extrêmes. Pouvons-nous prouver à partir de données que les pauvres sont les plus touchés ? PH : Oui, c’est possible. Nous avons évalué les données de notre base NatCatSERVICE en fonction de différentes catégories de revenus. Nous faisons la distinction entre les pays très pauvres, les pays à revenu moyen et les pays riches. On y reconnaît clairement que les plus pauvres sont les plus touchés, notamment lorsqu’on met les dommages en rapport avec le PIB et avec ce que les personnes possèdent ou sont en mesure d’acheter. HJS : Donc par rapport au revenu ? PH : Tout à fait. Les pays riches peuvent payer les conséquences d’une catastrophe, ils ont des assurances et un accès rapide aux moyens financiers pour soutenir ou relancer leur économie. En revanche, les pays à faible revenu sont pris au piège de la pauvreté s’il n’y a pas de soutien, par exemple, de la part d’une assurance, qui les remet sur pied économiquement. Une autre raison pour laquelle les pays pauvres sont plus touchés par le changement climatique est qu’ils sont situés principalement dans des climats extrêmes. C’est pour cette raison que nous avons créé la Munich Climate Insurance Initiative (MCII) il y a près de 10 ans. Et peu avant Paris, les États du G7 ont lancé un grand projet d’assurance climatique, parallèlement au processus de négociation concernant la protection du ­climat. Y voyez-vous une contribution précieuse pour l’ensemble du processus de négociation ? HJS : Et comment ! Je suis tout simplement enthousiasmé, d’autant plus que l’initiative du G7 est apparue peu avant Paris. C’était exactement le bon signal. Mais il y a encore un autre aspect que nous ne devrions pas négliger : si l’on parle d’adaptation comme stratégie globale, c’est probablement la migration qui est la stratégie d’adaptation la plus importante de toutes. Pourtant, tout le monde ne dispose pas des moyens nécessaires. De nombreuses personnes vivant dans des zones à risques sont obligées d’y rester, car elles manquent d’argent, mais aussi d’informations. Si la température augmente de 2 °C, les déplacements de populations seront difficiles à éviter. PH : Cela vaut notamment pour les États insulaires. HJS : Déjà, en cas de hausse de la température de moins de 2 °C, les Maldives sont vouées à disparaître – c’est un fait. Mais même les habitants d’autres régions sont touchés par des régimes climatiques et pluviométriques en mutation. Si nous voulons donc aider les personnes et atténuer les conséquences, nous devons peut-être aussi réfléchir à de nouvelles formes d’assurance afin d’encourager la mobilité des personnes concernées, même si cela dépasse le cadre traditionnel de l’assurance. >> Vous trouverez un enregistrement vidéo de l’ensemble de l’entretien entre Peter Höppe et Hans Joachim Schellnhuber sur notre site www.munichre.com/topicsgeo2015 10 Munich Re Topics Geo 2015 PH : Munich Re fait ici partie des pionniers et met déjà depuis longtemps à disposition les données relatives aux sinistres. Nous avons aussi démontré qu’il y a eu des changements concernant les évènements météorologiques en attirant l’attention sur les problèmes qui y sont liés. Et nous proposons de nouvelles approches, comme la micro-assurance. Qu’attendez-vous de l’industrie des assurances dans les années à venir ? HJS : Permettez-moi avant tout d’insister encore sur le fait que vous jouez ici un rôle déterminant à deux égards. Vous êtes, à l’échelle mondiale, parmi ceux qui fournissent les meilleures données sur le développement des évènements extrêmes et de la sinistralité, et pratiquement tout le monde consulte les tableaux et diagrammes de Munich Re. En outre, vous avez une unité à part entière spécialisée dans le changement climatique, et vous avez très tôt songé à d’autres formes et concepts d’assurance pour offrir une protection aux personnes ne pouvant pas souscrire une assurance autrement. Toutefois, il serait à mon avis tout à fait logique que vous envisagiez aussi de renoncer à des investissements dans le secteur de l’énergie fossile. Vous augmentez vous-mêmes vos risques en finançant la formation de tempêtes tropicales – cela n’a aucun sens. PH : C’est certes quelque chose que nous devons examiner. Mais permettez-moi d’aborder la recherche climatologique. Vous avez mis sur pied l’un des instituts les plus renommés pour la recherche sur les incidences climatiques. Voyez-vous, après Paris, la nécessité de repenser votre travail ? HJS : Les résultats de Paris sont aussi très positifs pour la recherche sur les incidences climatiques. Je me suis assez souvent trouvé dans la situation désagréable de devoir esquisser des scénarios futurs dans le cadre desquels la recherche se heurte à ses limites. On ne peut guère faire de constats scientifiquement valables lorsque les scénarios sont si dramatiques que l’impact sur notre planète devient imprévisible. Mais si nous parvenons à limiter le réchauffement global à nettement moins de 2 °C, une analyse d’impact solide s’avère tout à fait possible, même si nous nous éloignons alors déjà largement des conditions que nous connaissons actuellement sur la Terre. Nous avons pour l’instant évité l’incontrôlable, ou plutôt : nous avons la chance de l’éviter – maintenant, il s’agit de contrôler l’inévitable. Munich Re Topics Geo 2015 11 Gros plan 12 Munich Re Topics Geo 2015 L’assurance ­climatique : ­composante d’une croissance durable Ernst Rauch Les conférences internationales qui ont eu lieu en 2015 ont mis l’accent sur les politiques climatiques et ouvert de nouvelles voies. Pour la première fois, les outils d’assurance sont apparus comme des solutions pour aider les pays en développement et les pays émergents à s’adapter au changement climatique. Pour y parvenir, le secteur économique privé et les États doivent donc collaborer dans ce domaine. En 2015, la politique climatique internationale était axée sur deux thèmes : d’une part, les programmes nationaux de réduction des émissions polluantes visant à limiter la hausse des températures mondiales à moins de 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle, d’autre part, les mécanismes d’adaptation ayant pour objectif d’amortir les effets du changement climatique, ainsi que leur financement. Les grandes décisions de portée internationale ont été prises dans le cadre de la campagne « Road to Paris », une série de conférences consacrées à différents aspects relatifs au climat et à la question du développement durable. Cette campagne a débouché sur l’Accord de Paris adopté en décembre. Il comprend des engagements à long terme au sein de la communauté internationale portant sur la protection du climat et l’adaptation aux conséquences (dommageables) désormais inévitables du changement climatique. L’accord doit être ratifié par les États membres des Nations unies d’ici avril 2017, avant d’entrer en vigueur à partir de 2020. Munich Re Topics Geo 2015 13 Gros plan Bien que ces évènements aient lancé la communauté internationale sur la voie de la décarbonisation (abandon des énergies fossiles), les risques liés aux catastrophes naturelles d’origine météorologique devraient très vraisemblablement continuer à augmenter dans un premier temps. La raison en est simple : le dioxyde de carbone a un temps de résidence atmosphérique moyen, et par conséquent un impact écologique, d’une durée de cent ans environ. Au cours de ces dernières décennies, nous avons vu les intempéries se multiplier et s’intensifier un peu partout à travers le monde, notamment des épisodes de fortes précipitations et des vagues de chaleur. Les pays en développement sont particulièrement vulnérables Les pays à faible revenu sont particulièrement vulnérables : ces phénomènes météorologiques tuent plus de pauvres que de riches, tant au regard du nombre total de victimes que du pourcentage de la population. En outre, les dégâts matériels qui ne peuvent être réparés faute de moyens financiers entraînent des pertes de niveau de vie sur le long terme. D’après les analyses du NatCatSERVICE de Munich Re, les catastrophes naturelles d’origine météorologique ont coûté la vie à près de 850 000 personnes entre 1980 et 2014. 62 % de ces victimes (soit 527 000 personnes) bénéficiaient d’un revenu inférieur à 3 $US par jour (groupes de revenus définis par la Banque mondiale, voir graphique à droite) et comptaient parmi les habitants les plus pauvres de la planète. Ces personnes ne représentaient pourtant que 12 % de la population mondiale en 2014. Si l’on observe le groupe de revenu juste au-dessus (revenu allant jusqu’à envi- ron 11 $US par jour), le taux de victimes est certes nettement inférieur, mais il confirme tout de même que le taux de mortalité reste plus élevé chez les populations à faible revenu en cas de catastrophe provoquée par des intempéries. D’après nos évaluations, les causes de ce constat sont évidentes : l’insuffisance des ressources financières et le manque d’informations sur les mesures de protection sont à l’origine du nombre élevé de victimes. La palette d’options qui existent pour s’adapter au changement climatique est spécifique à chaque risque et à chaque région, mais peut être scindée en deux grandes catégories : 1.Les mesures de prévention ex ante visant à limiter les conséquences des catastrophes naturelles : systèmes d’alerte précoce, mais aussi mesures de protection propres aux bâtiments et réglementations en matière d’occupation et d’utilisation des sols. 2.Les mesures ex post visant à faire face aux conséquences des catastrophes : aides humanitaires et systèmes de financement. Ces solutions contribuent à surmonter les conséquences économiques et favorisent les processus de réparation et de reconstruction, créant ainsi de la résilience. L’assurance climatique : un outil essentiel ­d’adaptation au changement Dans un document final d’une conférence de l’ONU sur le climat, les outils d’assurance ont été pour la première fois identifiés comme des moyens permettant de faciliter l’adaptation au changement climatique. Dès juin 2015, les États membres du G7 ont lancé une ini- Repères chronologiques de la campagne « Road to Paris » Tout au long de l’année 2015, une série de conférences a permis de tracer la voie vers une convention-cadre sur le climat sous l’égide de l’ONU. Vous pouvez retrouver plus d’informations sur ce processus en consultant notre site Internet : www.munichre. com/klimawandel 14 Forum ­économique mondial Conf. mond. de l’ONU sur la réduct. des risques de catastrophe Conférence ­ du G7 sur ­l’assurance des risques climatiques Forum de l’ONU sur l’énergie durable pour tous Sommet du G7 Conférence sur le changement ­climatique Sommet de l’ONU sur le développement durable COP21 de la CCNUCC Davos 21–24 janvier Sendai 16–17 mars Berlin 7 mai New York 17–22 mai Elmau 7–8 juin Bonn 1–11 juin New York 25–27 ­septembre Paris 30 novembre– 11 décembre Munich Re Munich Re Topics TopicsGeo Geo2015 2015 Victimes* des suites d’intempéries à l’échelle mondiale 1980–2014 : 850 000 Groupes de revenu selon la définition de la Banque mondiale 62 % Pays à faible revenu annuel (≤ 1 005 $US) 14 % Pays à revenu annuel moyen (1 006–3 975 $US) 11 % Pays à revenu annuel relativement élevé (3 976–12 275 $US) 13 % Pays à revenu annuel élevé (≥ 12 276 $US) * Excepté les victimes de la faim Population mondiale en 2014 : 7,2 milliards 12 % 57 % 15 % 16 % Sources : Munich Re, NatCatSERVICE, Banque mondiale Munich Re Topics Geo 2015 15 Gros plan tiative sur l’assurance contre les risques climatiques (« InsuResilience ») à l’occasion du sommet d’Elmau, soulignant ainsi l’importance des outils de transfert des risques, en particulier pour les pays en développement et les pays émergents. L’objectif est de permettre à 400 millions de personnes vivant dans les pays en développement et dans les pays émergents d’être couvertes par une assurance climatique d’ici 2020. Cela pourra s’appliquer à grande échelle, sous la forme d’assurances couvrant les États (« assurance indirecte de la population ») ou à petite échelle, sous la forme d’assurances destinées aux particuliers (« assurance directe des personnes »). Les indemnisations dépendent de paramètres météorologiques clairement définis, tels que la pluviométrie ou la vitesse du vent. On les qualifie de concepts de couverture ou de déclencheurs paramétriques. Chaque personne peut s’assurer, selon ses besoins, contre la sécheresse, les tempêtes ou les fortes précipitations, tous ces phénomènes pouvant être mesurés de façon objective. Ce système garantit des conditions de police d’assurance très transparentes et allège les démarches administratives nécessaires pour l’évaluation des prestations, ce qui permet d’assurer la rapidité de l’indemnisation suite à des intempéries. Il faut toutefois noter que les déclencheurs paramétriques ne présentent pas que des avantages mais aussi un risque de base (lorsque le sinistre survient avant que le point de déclenchement n’ait été atteint). Grâce à la simplicité de ce système de versement basé sur des critères paramétriques, il existe déjà des solutions d’assurance à petite et à grande échelle dans de nombreux pays en développement, qui, selon la décision du G7, pourront servir de base. La croissance durable restera lettre morte tant qu’il n’existera pas d’outils d’assurance permettant de lutter contre les chocs économiques ­résultant de catastrophes naturelles. Des solutions d’assurance conçues de manière intelligente peuvent encourager la mise en place de mesures de prévention (via le transfert de connaissances et/ou la franchise de sinistre). Elles peuvent aussi se révéler être des outils efficaces pour le financement de la charge de sinistres. Afin de lutter contre les chocs financiers, dans le secteur privé comme à l’échelle de l’État, il est essentiel de limiter les conséquences économiques négatives à long terme. La mise en place de solutions d’assurance contre les risques climatiques encourage l’élaboration de structures sociales et économiques solides, et crée de la résilience. 16 Munich Re Topics Geo 2015 Les partenariats entre les institutions publiques et ­privées sont nécessaires Pour atteindre l’objectif fixé par le G7, les États concernés devront, d’une part, prendre activement des mesures régulatoires adaptées et participer financièrement au projet. D’autre part, la mise en place d’aides financières internationales ou d’une aide de lancement s’appuyant sur des fonds dédiés au ­climat, tels que le Fonds vert pour le climat (FVC), est une voie prometteuse. Ce n’est que de cette façon qu’il sera possible de mettre en place, dans les pays en développement et les pays émergents, des systèmes d’assurance durables, c’est-à-dire financés de manière stable et sur le long terme, permettant à leurs habitants de mieux s’adapter aux risques liés au changement climatique. Ce type de solutions d’assurance climatique peut servir d’exemple pour les partenariats entre le secteur public et le secteur privé. La répartition des rôles entre les partenaires est clairement définie en fonction des compétences et des ressources de chacun : –le secteur public fixe le cadre juridique et réglementaire, ainsi que les objectifs politiques et sociaux. Il peut également soutenir, sur le plan national ou international, l’élaboration de banques de données météorologiques, la conception de systèmes d’information en matière de risques et le développement des connaissances parmi la population. –Le secteur des assurances est responsable du développement et de la mise en place de solutions d’assurance contre les risques climatiques. Pour cela, elle met à profit son savoir-faire, des modèles de risques et des exemples de « bonnes pratiques » tirés d’autres pays, et fournit avant tout un capital-risque. Pour que ce mécanisme fonctionne de manière durable et stable, les primes perçues doivent être en adéquation avec les risques. C’est seulement ainsi que ces derniers se voient attribuer une valeur réaliste qui correspond à leur potentiel de sinistre et encourage les mesures destinées à les réduire. Autrefois, les différences de perspectives entre économie privée et secteur public sur les questions de financement des risques faisaient entrave à l’élaboration de systèmes d’assurance dans les pays économiquement faibles. Mais il y a désormais une véritable prise de conscience sur l’extrême urgence de ces pays à s’adapter aux conséquences du changement climatique. Évolution cumulative du produit intérieur brut des États après un gros sinistre Dans les années qui suivent une catastrophe naturelle de grande ampleur, le produit intérieur brut (PIB) diverge du PIB que le pays aurait eu sans cet évènement. On constate clairement que l’évolution est plus positive dans les pays bénéficiant d’un système d’assurance complet. Les graphiques montrent la différence d’évolution du PIB par rapport à un développement des richesses qui n’aurait subi aucune perturbation. a) États bénéficiant d’un système d’assurance complet en matière de catastrophes naturelles 2% 1 0 –1 2 4 6 8 10 ans –2 b) États qui ne bénéficient d’aucun système d’assurance en matière de catastrophes naturelles 1% 0 –1 2 4 6 8 10ans –2 –3 Source : Munich Re, représentation schématique basée sur le travail de Peter et al., Bank for International Settlements 2012 Munich Re Topics Geo 2015 17 Gros plan Le rapport aux questions énergétiques En 2015, le thème de l’énergie a été étroitement lié à celui du climat et aux objectifs des politiques de développement, notamment dans le cadre du deuxième forum des Nations unies sur l’énergie durable pour tous (SE4ALL) qui s’est déroulé à New York. Il s’est inscrit dans la lignée de la manifestation de lancement de la Décennie de l’énergie durable pour tous de l’ONU (2014–2024) et a fixé les objectifs suivants pour 2030 : – r endre les services énergétiques modernes accessibles à tous –multiplier par deux le taux de croissance de l’efficacité énergétique à travers le monde (rapport entre consommation d’énergie et produit intérieur brut) –multiplier par deux la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique mondial D’après les estimations de la Banque mondiale, il faudrait investir 600 à 800 milliards de $US supplémentaires par an dans le secteur énergétique afin de parvenir à déployer les technologies pauvres en CO2 nécessaires pour atteindre ces objectifs. Des statistiques plus récentes de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) annoncent des chiffres encore plus élevés. Mobiliser de telles sommes représente un enjeu conséquent. Mais cet objectif semble réalisable si l’on prend en compte le fait que le total mondial de 330 milliards de $US de capital investi chaque année dans les technologies des énergies renouvelables a été multiplié par plus de cinq entre 2004 et 2015. Le secteur des assurances peut encore une fois apporter une précieuse contribution en assurant les risques et en rendant les projets énergétiques plus attractifs pour les investisseurs. Beaucoup de ces solutions de transfert de risques sont encore des produits spéciaux qui nécessitent une expertise spécifique. À la manière des solutions d’assurance pour l’adaptation au changement climatique, le rôle des pouvoirs politiques est de lancer des signaux clairs et d’appuyer les objectifs des politiques énergétiques à l’aide d’initiatives concrètes. Le but serait d’arriver à une standardisation en matière de financement et de transfert des risques via les partenariats public-privé, et par conséquent, à un meilleur rapport coût-efficacité. Par ailleurs, dans le cadre de sa gestion de placements, le secteur de l’assurance peut jouer un rôle important en tant qu’investisseur dans des projets énergétiques. En 2015, la politique climatique internationale a ouvert la voie à de nouvelles approches. Munich Re soutient l­­e développement de systèmes d’assurance pour les catastrophes naturelles et climatiques grâce à son expertise dans le domaine des géosciences et de la souscription, aux données de sinistres contenues dans la banque de données NatCatSERVICE et à l’apport de capital-risque privé. 18 Munich Re Topics Geo 2015 Chronique COP21 – ­Saisissons les nouvelles opportunités ! 2015 a été, à différents égards, l’année du climat : elle nous a offert un nouveau record en terme de température globale, lequel, en raison d’un épisode El Niño très intense, a même largement battu celui de la dernière année la plus chaude, enregistrée en 2014, comme pour fournir un autre argument de poids en vue des négociations sur le climat. Tout au long de l’année, alors que la Conférence de Paris approchait, le suspense s’est accentué et les attentes ont pris une très grande ampleur. Tout le monde était conscient qu’un échec comme en 2009 à Copenhague signerait la fin du processus de négociation sous l’égide des Nations unies ; il fallait empêcher que cela ne se produise. Au mois de juin, les nations du G7 avaient bien préparé le terrain en réaffirmant leurs engagements pour limiter le réchauffement planétaire et soutenir financièrement les pays en développement. Et la COP21 a été marquée par une véritable nouveauté : les États participants se sont mis d’accord sur un projet qui, au cours des cinq prochaines années, devrait permettre à 400 millions de personnes supplémentaires dans les pays en développement d’avoir recours à des solutions d’assurance pour se protéger contre les dommages croissants causés par les épisodes météorologiques extrêmes. Avec cette toute nouvelle initiative, un signal clair a été envoyé : nous prenons les problèmes des populations des pays en développement au sérieux et nous sommes prêts à assumer nos responsabilités en ce qui concerne les émissions. À mon avis, ce geste a influencé de façon positive l’atmosphère dans laquelle se sont déroulées les négociations, car celle-ci pâtit d’habitude de l’antagonisme entre les nations à l’origine du changement climatique et les pays qui en souffrent le plus. L’excellente organisation de la Conférence par les hôtes français et la remarquable conduite des négociations par Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, ont joué un rôle favorable. L’état d’esprit positif qui régnait a stimulé la bonne volonté de nombreux pays plutôt enclins à bloquer les négociations et a permis de réaliser une avancée considérable. Je pense que le résultat de ce sommet consacré au climat correspond à ce que l’on pouvait faire de mieux actuellement. En se donnant pour objectif de contenir l’augmentation moyenne de la température globale « nettement en dessous de 2° C », c’est une limite encore plus stricte que celle prévue initialement que l’on s’est fixée. Mais l’Accord de Paris comporte certains risques : les chefs de gouvernement doivent encore le faire ratifier ; il n’a pas été prévu de sanctions si les objectifs de réduction des émissions, librement définis, ne sont pas tenus, et il est possible de se retirer du traité. Par ailleurs, il nous faut être tout à fait conscients du fait que, même si toutes les promesses sont tenues et que les objectifs de réduction sont revus tous les cinq ans, rien ne peut plus arrêter le changement climatique. En dépit de tout cela, la Conférence de Paris a quand même marqué un tournant : pour la plupart des pays, les chances d’arriver à contenir le changement climatique et à le maîtriser dans une certaine mesure ont considérablement augmenté. Mais les impacts constatés aujourd’hui déjà avec le réchauffement planétaire, qui a tout juste atteint jusqu’ici 1° C, vont s’intensifier et rendre nécessaires des efforts d’adaptation plus massifs. Nous estimons également très positif le fait que, dans l’article 8 de l’Accord de Paris, les solutions d’assurance soient maintenant officiellement considérées comme faisant partie des possibilités d’adaptation. Les solutions de pool déjà opérationnelles pour la couverture des dommages causés par les phénomènes météorologiques extrêmes dans les pays pauvres, telles que l’African Risk Capacity (ARC), la Caribbean Catastrophe Risk Insurance Facility (CCRIF) et la Pacific Catastrophe Risk Assessment and Financing Initiative (PCRAFI) sont perçues comme de bonnes initiatives pouvant être encore davantage développées. Maintenant, c’est à nous, assureurs, qu’il incombe de donner vie aux nouvelles opportunités qui se présentent. En tant que réassureur opérant à l’échelle mondiale, nous connaissons mieux que personne les expositions aux risques qui sont très différentes d’une région à l’autre, la façon dont celles-ci évoluent et les vulnérabilités. La gestion des risques, notamment de ceux qui découlent du changement climatique, est au cœur de notre métier. Après la Conférence de Paris, la voie est ouverte pour apporter notre expertise en vue d’accroître de façon pertinente la résilience de la société humaine vis-à-vis des conséquences à présent inévitables du réchauffement gobal. Saisissons cette opportunité ! Prof. Dr. Dr. Peter Höppe, directeur du département Geo Risks Research/Corporate ­Climate Centre de Munich Re [email protected] Munich Re Topics Geo 2015 19 Gros plan 1997/1998 : +2,8 °C Lors de l’évènement El Niño de 1997–1998, jusqu’ici le plus intense des épisodes de ce type, l’écart maximum de température (moyenne hebdomadaire) dans la région Niño 3.4 était de 2,8 °C au-dessus de la moyenne à long terme. 2015/16 : +3,1 °C Jusqu’en décembre 2015 inclus, l’écart maximum hebdomadaire de température ­(15–21 novembre) dans la région Niño 3.4 était déjà de 3,1 °C. 5° N Région Niño 3.4 5° S 170° W La variabilité naturelle caractérisée par El Niño ­et la Niña constitue l’une des plus importantes du ­système climatique mondial. Elle a des conséquence considérables pour certaines régions. 20 Munich Re Topics Geo 2015 120° W Munich Re Topics Geo 2015 21 Gros plan L’enfant terrible du climat Eberhard Faust L’année 2015 nous a offert un phénomène El Niño ­particulièrement puissant. Ses effets se sont fait ressentir en de nombreux endroits de la planète. Des épisodes de ce type pourraient se reproduire de manière plus fréquente dans les années à venir. Ce phénomène climatique, surnommé à l’origine El Niño (littéralement l’« Enfant Jésus ») par les pêcheurs péruviens, a commencé à se développer au mois de mars 2015, jusqu’à devenir l’un des plus importants de ce type jamais enregistré depuis les années 1950. Si l’on mesure la partie océanique du phénomène et que l’on suit les températures de surface de l’océan hebdomadaires sur la région Niño 3.4 (pages 20 et 21), on constate qu’à la fin de l’année 2015, le plus important écart par rapport à la moyenne de la période climatique de référence (de 1981 à 2010) représentait 3,1 °C. Cela dépasse la mesure du phénomène de 1997–98, considéré à l’époque comme le « El Niño du siècle » (figure 1). Toutefois, les modifications de la circulation atmosphérique résultant de la perturbation océanique ont été plus importantes qu’aujourd’hui au moment des deux grands épisodes de 1982–83 et 1997–98. El Niño est un phénomène climatique qui touche à la fois l’océan et l’atmosphère. Afin d’obtenir une évaluation globale de son intensité, il est donc pertinent de synthétiser les données océaniques et atmosphériques sous un seul indice. Tel est l’objectif de l’indice multivarié d’ENSO (Multivariate ENSO Index – MEI) défini par Wolter et Timlin, 22 Munich Re Topics Geo 2015 qui prend en compte la pression atmosphérique au niveau de la mer, les composantes des vents de direction nord-sud et ouest-est, la température de la surface de la mer, la température de l’air près de la surface et la couverture nuageuse dans la zone du Pacifique tropical. À partir de ces données, on observe que le phénomène El Niño de 2015, jusqu’au mois de décembre inclus, est le troisième plus important épisode de ce type depuis 1950 (figure 2). Pendant un épisode El Niño, on enregistre généralement une augmentation de la température de surface dans la partie équatoriale est de l’océan Pacifique, qui atteint ses valeurs les plus élevées vers la fin d’année. En raison de ce phénomène, les nuages de pluie en altitude associés aux surfaces océaniques chaudes se déplacent dans les zones centrales et orientales du Pacifique proche de l’Équateur. Dans l’ouest du Pacifique tropical, des côtes nord et nord-est de l’Australie à l’Asie du Sud-Est, le climat devient alors anormalement sec, tandis que les parties centrales et orientales du Pacifique, de l’Équateur au nord du Pérou, sont marquées par un climat anormalement pluvieux. D’autres effets typiques du phénomène El Niño ont été présentés dans Topics Geo 2014, téléchargeable sur notre portail Clients connect.munichre. Indice Niño 3.4 hebdomadaire Figure 1 : L’intensité des éléments océaniques des phénomènes El Niño et La Niña peut se mesurer à partir de la variation hebdomadaire de la température de surface de la mer au sein de la région Niño 3.4 dans le Pacifique tropical (5° N–5° S, 170– 120° O). On constate alors que l’épisode de 2015–16 dépasse celui de 1997–98. Indice Niño 3.4 3,0 2,0 1,0 0,0 –1,0 –2,0 –3,0 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 Source : Munich Re, basé sur les données du centre de prévision climatique (Climate Prediction Center) de l’agence NOAA Indice multivarié d’ENSO de 1950 à 2015 Figure 2 : L’indice multivarié d’ENSO permet de mesurer ­l’intensité globale d’un phénomène El Niño ou La Niña au niveau océanique et atmosphérique. D’après cet indice, ­l’épisode de 2015-16 se classe troisième après ceux de 1997–98 et 1982–83. Indice multivarié d’ENSO 3,0 2,0 1,0 0,0 –1,0 –2,0 –3,0 1950 1954 1958 1962 1966 1970 1974 1978 1982 1986 1990 1994 1998 2002 2006 2010 2014 Source : Munich Re, basé sur Earth System Research Laboratory, Physical Sciences Division, NOAA Munich Re Topics Geo 2015 23 Gros plan Après la phase de démarrage jusqu’au moment le plus intense du phénomène (« onset year »), suit généralement un recul vers des données plus neutres après le début de la nouvelle année (« decay year »). Suivant ce schéma, les épisodes El Niño de forte intensité atteignent leur paroxysme aux alentours du passage à la nouvelle année et s’écartent assez souvent des prévisions au cours de la « decay year ». Cela signifie que, pendant la seconde partie de l’année, El Niño fait place à sa petite sœur refroidissante, La Niña. Les effets de El Niño vont alors en quelque sorte s’inverser : les alizés vont amener de l’eau chaude vers les côtes ouest du Pacifique tropical, c’est-à-dire au nord-est de l’Australie, en Indonésie et en Asie du SudEst, ce qui va renforcer les précipitations. À l’inverse, sur les côtes orientales du Pacifique tropical et les côtes équatoriales de l’Amérique du Sud, le climat sera plutôt sec, tandis que l’océan va sensiblement se refroidir. Même si, en ce début d’année 2016, on ne peut pas encore avoir de certitude sur l’apparition d’un phénomène La Niña, les probabilités restent fortes. Modification de l’activité cyclonique Parmi les effets secondaires notables en cas de fort épisode El Niño que l’on a pu observer une nouvelle fois en 2015, on relève une modification de l’activité des cyclones tropicaux dans différents bassins océaniques. Dans l’Atlantique nord, l’activité des ouragans diminue car les conditions atmosphériques propices à la formation et au développement des cyclones tropicaux sont particulièrement défavorables dans la partie tropicale ouest de l’Atlantique. Cela s’explique notamment par le renforcement des vents cisaillants qui se forment près de la surface de l’océan en raison d’un courant d’altitude plus vigoureux en direction de l’est et d’alizés d’est plus puissants que la normale. De plus, l’air d’altitude descend au niveau de la mer, ce qui entraîne un réchauffement et une sécheresse au niveau local et freine les effets de la convection, un principe physique qui permet la formation des cyclones tropicaux. Cette saison, l’énergie cumulative des cyclones tropicaux (ACE) était de seulement 60 % par rapport à la moyenne de la période climatique de référence allant de 1981 à 2010, avant tout en raison des effets que nous venons de citer. En revanche, l’activité cyclonique inhabituellement élevée dans l’est du Pacifique nord est une autre des conséquences typiques de El Niño. Dans cette zone, l’énergie cumulative des cyclones tropicaux correspondait à 219 % de la moyenne de la période de référence. Cette augmentation s’explique par le fait que les rafales descendantes qui se forment en cas de fort épisode El Niño sont moins importantes qu’en moyenne, tandis que les températures de la surface de la mer sont plus élevées que la moyenne. Ces deux phénomènes favorisent la formation de fortes tempêtes. 24 Munich Re Topics Geo 2015 Les conditions climatiques amenées par El Niño ont produit un résultat similaire dans l’ouest du Pacifique nord : la région a été marquée par plusieurs fortes tempêtes, car leurs lieux de formation se sont déplacés vers les eaux plus chaudes de l’est et se sont rapprochés de l’Équateur. Les tempêtes restaient donc plus longtemps au niveau des surfaces relativement chaudes, où elles pouvaient développer de fortes intensités avec de faibles rafales descendantes. Dans cette région, l’énergie cumulative des cyclones tropicaux calculée en 2015 est de 161 % par rapport à la moyenne de la période climatique de référence allant de 1981 à 2010. Conséquences marquantes de 2015 La carte présentée page 25 (figure 3) montre les répercussions à distance en termes de précipitations régionales survenant lors d’un phénomène typique El Niño de grande intensité. Les évènements climatiques relevés jusqu’à la fin de l’année 2015 correspondant à ces catégories y apparaissent également. Il faut néanmoins prendre en compte le fait que les répercussions à distance d’un épisode El Niño peuvent interférer avec d’autres phénomènes climatiques, tels que les phases de dipôle de l’océan Indien. En raison de ces circonstances individuelles, chaque phénomène El Niño a ses propres caractéristiques. Une agrégation des sinistres ne peut avoir lieu qu’à la fin de l’épisode de 2016. Sur le plan macroéconomique, on observe que la croissance réelle du PIB ralentit temporairement et de manière significative dans certains pays en cas de phénomène El Niño de forte intensité. On peut notamment citer en exemple des pays comme l’Indonésie, l’Afrique du Sud et l’Australie. D’une part, cela est dû aux baisses de rendement agricoles causées par la chaleur et la sécheresse. C’est pourquoi les récoltes de café, de cacao et d’huile de palme ont reculé en Indonésie par exemple. D’autre part, la production et les exportations de nickel destiné à la production d’acier diminue, car lorsque le niveau d’eau est bas, la production d’énergie hydraulique et le transport fluvial sont limités. Par la suite, on relève des inflations globales sur divers biens économiques du secteur de l’agroalimentaire ou de la métallurgie. Cependant certains pays, comme les États-Unis, connaissent une croissance temporaire de leur PIB en cas de fort épisode El Niño. Cela s’explique par la baisse du nombre d’ouragans, ainsi que par la modification des températures et des précipitations, qui favorisent la production agricole du soja par exemple. Les pays en lien étroit avec les États-Unis tels que le Canada ou le Mexique profitent également de ces effets. (Cashin et al., 2015). Évènements survenus en 2015 en raison du phénomène El Niño Figure 3 : Zones généralement touchées par une anomalie de précipitations par rapport à la moyenne à long terme en raison du phénomène El Niño. Les écarts par rapport à la moyenne peuvent être plus ou moins importants dans certaines parties de ces zones selon les saisons et peuvent s’inverser dans certains cas. Des ensembles d’évènements spécifiques à chaque région survenus au cours de l’année 2015 sont également représentés. Impacts of El Niño on Precipitation Storms, floods UK, Ireland DEC Drought, heat, wildfires USA, Canada JUN–OCT Drought, heat China JUN–OCT Floods India, Sri Lanka NOV–DEC Storms, floods USA OCT–DEC Drought Central America JAN–NOV Storms, floods Ecuador MAR Storms, floods Chile MAR Drought Caribbean FEB–OCT Drought Ethiopia JUN–OCT Drought, heat Brazil JAN–OCT Drought Southern Africa JAN–DEC Storms, floods Argentina, Brazil, Paraguay, Uruguay AUG–DEC Heavy rain, landslide China DEC Drought India JAN–SEPT Floods Kenya, Tanzania, Somalia since NOV Floods, landslides Indonesia, Malaysia NOV–DEC Drought Taiwan APR–NOV Drought, heat Philippines JAN–DEC Drought, wildfires Indonesia JUN–NOV Drought, heat, wildfires Australia DEC Région à tendance humide Région à tendance sèche Évènement(s) PériodeRegions with drier tendency Sécheresse, vague de chal., feux de forêt Juin–oct. 2015 Intempéries, inondations Oct.–déc. 2015 Sud des États-Unis Sécheresse Jan.–nov. 2015 Amérique centrale Sécheresse Fév.–oct. 2015 Caraïbes Intempéries, inondations Mars 2015 Équateur Intempéries, inondations Mars 2015 Sécheresse, vague de chaleur Janv.–oct. 2015 Intempéries, inondations Août.–déc. 2015 Inondations, tempêtes Déc. 2015 Sécheresse Juin–oct. 2015 Inondations depuis nov. 2015 Sécheresse Janv.–déc. 2015 Sécheresse Jan.–sept. 2015 Inde Inondations Nov.–déc. 2015 Inde, Sri Lanka Sécheresse, vague de chaleur Juin–oct. 2015 Fortes pluies, glissement de terrain Déc. 2015 Sécheresse Avril–nov. 2015 Taïwan Sécheresse, vague de chaleur Janv.–déc. 2015 Philippines Inondations, glissements de terrain Nov.–déc. 2015 Ouest de l’Indonésie, Ouest de la Malaisie Sécheresse, feux de forêt Juin–nov. 2015 Sécheresse, vague de chaleur, feux de forêt Déc. 2015 Source : Munich Re, NatCatSERVICE ; Zones based on Davey et al, Climate Risk Management 1 (2014); International Research Institute for Climate and Society, Columbia University. Regions with wetter tendency Région(s) Nord-ouest États-Unis, Sud-ouest Canada Nord du Chili Nord-est du Brésil N-E Argentine, Sud Brésil, Parag., Urug. Royaume-Uni, Irlande Éthiopie Kenya, Tanzanie, Somalie Afrique australe Nord-est de la Chine Sud de la Chine Indonésie Sud-est de l’Australie Munich Re Topics Geo 2015 25 Gros plan Outre les évènements climatiques représentés à la figure 3, d’autres conséquences notables sont également à noter. L’une des plus importantes réside dans le fait que le phénomène El Niño a contribué à l’élévation de la température mondiale moyenne particulièrement élevée de 2015, qui devient ainsi l’année la plus chaude depuis le début des mesures. Sur le plan écologique, l’intensité du réchauffement de l’océan est, selon l’agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA), à l’origine du troisième plus grand épisode global de blanchissement des coraux, depuis ceux enregistrés en 1998 et 2010. À cause de la hausse des températures résultant des agressions climatiques, les coraux rejettent les algues qui vivent habituellement en symbiose dans leurs tissus et prennent un aspect plus pâle. Dans le même temps, ils perdent leur principale source d’alimentation, constituée par les algues, et deviennent plus vulnérables aux maladies. Si la situation se prolonge au-delà de plusieurs mois, on assiste à un dépérissement des coraux. Les structures de récifs se dégradent alors rapidement, tout comme leur fonction de protection des littoraux contre les tempêtes. Ils ne peuvent plus servir d’habitat pour les poissons et d’autres espèces importantes sur le plan écologique et économique. Tout ceci se répercute sur l’industrie du tourisme. Le phénomène a commencé dès le milieu de l’année 2014 dans le Pacifique nord et s’est étendu au Pacifique sud et à l’océan Indien. Hawaï est depuis très touché, mais le risque est également présent dans les Caraïbes. D’après les études qui ont été réalisées, le phénomène devrait perdurer au cours de ­l’année 2016. Des épisodes El Niño de forte intensité de plus en plus fréquents à l’avenir Les épisodes El Niño de grande ampleur comme celui de 2015-16 pourraient se produire de plus en plus fréquemment au cours de ce siècle, si l’évolution du changement climatique actuelle se poursuit (scénario de statu quo ou « business as usual »). C’est le résultat d’une étude réalisée par d’éminents chercheurs spécialisés dans le phénomène ENSO (Cai et al., 2014). D’après les prévisions, les épisodes El Niño de forte intensité, qui se sont produits environ tous les 20 ans ou rarement entre 1891 et 1990, devraient doubler de fréquence sur la période allant de 1991 à 2090. Cela s’explique principalement par l’important réchauffement de la partie est du Pacifique équatorial dû à la progression du dérèglement climatique. Les fortes températures nécessaires à la formation d’une phase El Niño de forte intensité seront donc de plus en plus facilement atteintes. 26 Munich Re Topics Geo 2015 On ne qualifie pas un épisode El Niño d’extrême en fonction du degré d’anomalie de la température de surface de la mer, mais d’après les anomalies de précipitations qui en résultent dans la région Niño 3, à partir d’un taux minimum de 5 millimètres par jour. On considère que les phénomènes extrêmes liés aux répercussions atmosphériques ont le même effet sur l’atmosphère. Si, suite aux décisions prises dans le cadre de la COP21 à Paris, les émissions de polluants s’avèrent inférieures à celles du scénario de statu quo, la progression des épisodes El Niño extrêmes devrait évidemment être plus faible. Limites en termes de prévisibilité Afin de faciliter la gestion des risques, il serait crucial d’être en mesure de prévoir une variation climatique comme El Niño six à huit mois à l’avance (voir à ce sujet Topics Geo 2014). Cependant, la genèse de ce type de phénomène dépend d’évènements parfois difficilement prévisibles sur de courts laps de temps. Les modèles restent donc relativement imprécis en ce qui concerne la dynamique temporelle ou l’intensité maximale des épisodes. Depuis environ fin avril 2015, la moyenne d’ensemble des modèles de prévisions internationaux listés par l’International Research Institut for Climate and Society faisait ressortir une intensité maximale située dans la partie supérieure de la tranche modérée (indice Niño 3.4 ≈1,5). À partir de mai 2015, on a finalement pronostiqué un évènement de forte intensité, même si l’amplitude annoncée s’est avéré moins importante que dans la réalité. Références W. Cai, S. Borlace, M. Lengaigne, P. van Rensch, M. Collins, G. Vecchi, A. Timmermann, A. Santoso, M.J. McPhaden, L. Wu, M.H. England, G. Wang, E. Guilyardi, et F-F. Jin, 2014: Increasing frequency of extreme El Niño events due to ­greenhouse warming. Nature Climate Change, DOI: 10.1038/ NCLIMATE2100 Cashin, P., K. Mohaddes, et M. Raissi, 2015: Fair Weather or Foul? The Macroeconomic Effects of El Niño. International Monetary Fund, Working Paper WP/15/89, 29 pages. Vos affaires prennent-elles suffisamment en compte la géointelligence ? Optimisez votre évaluation des risques avec NATHAN Aujourd’hui, la gestion des risques requiert des informations détaillées sur les données géographiques. NATHAN Risk Suite optimise votre analyse des risques naturels, qu’il s’agisse de portefeuilles complets ou de risques ­individuels géocodés à l’adresse, et cela dans le monde entier. Découvrez NATHAN sans engagement de votre part et gratuitement. Testez notre nouveau NATHAN Light aux fonctionnalités restreintes et faites- vous une idée de la diversité des possibilités d’application. 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L’aide internationale a beau être intense, l’absence de gestion des risques et la mauvaise organisation entravent la reconstruction. 28 Munich Re Topics Geo 2015 Katmandou 1988 – 6,9 Victimes : 1 450 ; bâtiments détruits : 23 000 ; bâtiments endommagés : 80 000 Munich Re Topics Geo 2015 29 Portraits de catastrophes 30 Munich Re Topics Geo 2015 Secousses sur le toit du monde D’importantes secousses sismiques ont touché le Népal et les États voisins d’Inde, de Chine et du Bangladesh au printemps 2015. Leurs conséquences ont été dévastatrices, en particulier dans la région rurale située au nord-ouest de la capitale, Katmandou. Martin Käser et Wilhelm Morales Avilés Népal Montant des dommages causés par le séisme de 2015 : 5,1 milliards de $US Produit intérieur brut du Népal en 2014 : 19,7 milliards de $US Hauteur des dommages par ­rapport au PIB de 2014 : 26 % L’Himalaya n’est pas seulement la plus vaste chaîne de montagnes de la planète, il abrite aussi les plus hauts sommets du monde. Sa formation résulte de la collision entre la plaque tectonique indienne et la plaque eurasienne, qui a commencé il y a environ 65 millions d’années. Aujourd’hui, la plaque indienne se déplace d’environ 4 à 5 cm vers le Nord chaque année, faisant ainsi remonter l’Himalaya d’environ un centimètre par an. La force exercée par la collision des plaques surpasse parfois la résistance au cisaillement de la roche sur laquelle repose l’Himalaya. Cela entraîne de brusques déplacements de blocs de roche, qui se frottent les uns contre les autres pendant quelques secondes et provoquent de puissants séismes. Des déplacements allant jusqu’à quatre mètres Un séisme de ce type a frappé le Népal le 25 avril 2015, à midi moins cinq. Il s’est produit sur l’une des lignes de faille principales le long du massif de l’Himalaya. Son épicentre se situait près de la ville de Gorkha et sa magnitude était de 7,8. La région rurale au nord-ouest de la capitale Katmandou a été particulièrement touchée. Un déplacement de terrain atteignant 4 m a eu lieu à une profondeur estimée entre 10 et 25 km, sur une surface de rupture orientée vers le nord. Au total, cette surface de rupture s’étendait sur 100 km de long et 80 km de large. Dans la région épicentrale, des mouvements telluriques d’intensité IX sur l’échelle de Mercalli (allant jusqu’à XII) ont été relevés. Dans les régions montagneuses situées plus au nord, d’importants glissements de terrain et des avalanches se sont déclenchés et ont enseveli des villages entiers encaissés dans les vallées profondes. Une centaine de répliques sismiques de plus ou moins grande ampleur se sont produites les jours suivants (figure 1). Avec une magnitude de 7,3, la plus forte réplique enregistrée s’est produite le 12 mai, à nouveau aux alentours de midi, à environ 80 km de Katmandou. Elle a provoqué de nouveaux dégâts et touché les organismes d’aide humanitaires déjà présents sur place. Munich Re Topics Geo 2015 31 Portraits de catastrophes Le Népal dans la tourmente De nombreuses écoles détruites Figure 1 : La terre a continué de bouger pendant plus de deux mois dans le nord du Népal après le premier séisme du 25 avril. 25.4.2015 26.8.1833 12.5.2015 Katmandou 15.1.1934 21.8.1988 Répliques Magnitude 4,0–4,9 5,0–5,9 ≥ 6,0 Frontières du pays Date Zone de fracture en avril 2015 30/06/2015 25/04/2015 Épicentres de séismes historiques Source : Munich Re, d’après les données du Centre sismologique du Népal (Nepal Seismological Centre) ; Carte : Esri Part des dommages dans différents secteurs Figure 2 : La majeure partie des sinistres concernent les habitations privées. 59 %Secteur privé : maisons, appartements, propriétés privées 20 %Secteur public : bâtiments publics, hôpitaux, écoles, monuments ­historiques, environnement 11 %Économie : agriculture, commerce, industrie, tourisme, finance 10 %Infrastructure : électricité, communication, transport, eau/eaux usées, autres infrastructures Source : Munich Re, d’après les données de la Commission nationale de planification (National Planning Commission) du gouvernement népalais 32 Munich Re Topics Geo 2015 Ces séismes ont coûté la vie à près de 9 000 personnes au Népal, en Inde, en Chine et au Bangladesh. On a recensé plus de 23 000 blessés et un demi-million de sans-abri. Bien que le Népal dispose d’une norme de construction nationale depuis 1994, les bâtiments répondent rarement à cette réglementation. Ainsi, les matériaux de con­ struction (argile, tuile, bambou et bois) sont souvent de mauvaise qualité et les méthodes de construction présentent des faiblesses structurelles (absence d’élément d’étaiement ou mesures de renforcement insuffisantes). Le nombre d’écoles touchées est particulièrement important. En effet, plus de 6 000 infrastructures scolaires ont été sévèrement endommagées ou totalement détruites. Si le séisme ne s’était pas déclenché un samedi, mais un jour de semaine, il aurait fait beaucoup plus de victimes parmi les enfants. Séisme de Gorkha : le bilan aurait pu être plus lourd Le Népal est considéré comme l’une des régions sismiques les plus vulnérables de notre planète. Il peut se produire des secousses plus fortes et des mouvements de terrains plus violents que ceux survenus lors du séisme de Gorkha. L’importante sédimentation de la partie sud de l’Himalaya (dans la vallée de Katmandou par exemple) peut encore venir amplifier ces phénomènes. De ce point de vue, le bilan du séisme de Gorkha aurait pu être bien plus lourd. Les catastrophes sismiques historiques dans la région de Katmandou ont eu lieu en 1833 (magnitude 7,6), 1934 (magnitude 8,0) et 1988 (magnitude 6,9) (voir graphique pages 28–29). En 1934, 10 700 personnes ont été tuées, près de 80 000 bâtiments ont été détruits et plus de 120 000 con­­ structions ont été endommagées. Plus de 50 ans plus tard, le séisme de 1988 a coûté la vie à 1 450 personnes et endommagé plus de 80 000 bâtiments, malgré une magnitude relativement faible. Des lignes ferroviaires, Les modestes constructions en argile n’ont pas résisté face à la force du séisme ; de nombreux villages de montagne ont été rayés de la carte. D’innombrables glissements de terrain ont aggravé les destructions. Munich Re Topics Geo 2015 33 Portraits de catastrophes des ponts et des routes ont également été touchés. Peu de dommages assurés Les dommages économiques globaux dus aux séismes du 25 avril et 12 mai ont été estimés à 5,6 milliards de $US (90 % survenus au Népal, et 210 millions assurés). Les assureurs Vie estiment qu’ils n’auront pas à verser plus d’un million de $US aux victimes autochtones, car seule une minorité d’entre elles étaient assurées (environ 4 %). Les bâtiments d’habitation, les infrastructures scolaires et universitaires, le patrimoine culturel et les établissements de santé ont été les plus sévèrement touchés (figure 2). La plupart des habitations privées ne bénéficiaient d’aucune protection d’assurance. Seuls les dommages survenus sur les bâtiments récents, dont la construction avait été financée par des banques, étaient couverts en grande partie. Le tourisme occupe une place importante dans l’économie népalaise. Le pays accueille plus d’un demi-million de visiteurs chaque année et on a estimé à 20 000 le nombre de touristes étrangers présents au moment du séisme d’avril. De nombreux monuments de renommée mondiale et classés pour la plupart au patrimoine mondial de l’humanité ont subi de graves dégâts. Parmi ces bâtiments, 700 édifices historiques, souvent des pagodes et des stūpas typiques de la culture bouddhiste, ne pourront pas être reconstruits. En raison de l’importance de l’activité touristique, le gouvernement népalais a voulu que les principaux lieux touristiques (la place Durbar de Bhaktapur, la place Hanuman Dhoka Durbar de Katmandou, le stūpa de Bodnath, la place Durbar de Patan, le temple de Pashupatinath) soient de nouveau accessibles au plus vite. En outre, dès le début du mois de juin, le ministère de la culture et du tourisme a classé le Népal comme étant redevenu une destination touristique sûre. Toutefois, les travaux de reconstruction des principaux sites culturels devraient encore durer au moins cinq ans. 34 Munich Re Topics Geo 2015 Des alpinistes parmi les victimes Augmenter la sensibilité aux risques Les montagnes constituent une autre attraction touristique. Le mont Everest, qui culmine à 8 848 mètres d’altitude et qui a été déplacé de 4 cm en direction du sud-ouest par le séisme, est une destination très prisée. Une avalanche de neige et de glace causée par le tremblement de terre a fait de nombreuses victimes sur la montagne voisine de Pumori, à plus de 7 000 m d’altitude. Au moins 19 alpinistes et sherpas sont morts sur le camp de base de l’Everest et d’autres ont été blessés. Grâce au programme d’initiative communautaire Global Earthquake Model (GEM), soutenu notamment par Munich Re, une étude sur la menace sismique et le degré de risque au Népal a été publiée en août 2015. Les résultats de cette étude constituent une base importante pour les décisions politiques en matière d’occupation des sols, de normes de construction, d’organisation du marché des assurances et de planification d’urgence. En évaluant précisément les risques, il est possible de limiter les conséquences sociales et économiques des séismes. Deux semaines après le séisme, le gouvernement a rouvert la route historique du glacier du Khumbu sous la pression d’expéditions internationales (communiqué de la fédération du tourisme népalais : « … les ascensions vont reprendre, il n’y a aucune raison pour que les alpinistes renoncent leurs expéditions »). Mais peu de temps après, les autorités népalaises et chinoises ont décidé d’interdire toute expédition. Le mont Everest n’a donc pas été gravi en 2015, ce qui n’était pas arrivé depuis 1941. Un fonds de plusieurs milliards qui tarde à être réparti La communauté internationale et des organisations caritatives ont accordé des fonds de plusieurs milliards au Népal jusqu’à la fin du mois de juin. En raison de litiges autour de la nouvelle Constitution du pays, les victimes n’ont perçu quasiment aucune aide de l’État. Au lendemain du séisme, les autorités ont fait l’objet de critiques car la complexité des procédures douanières ralentissait l’acheminement des aides. Devant le manque de soutien de l’État, les personnes touchées par la catastrophe ont dû trouver de l’aide par leurs propres moyens, quand ils en avaient la possibilité. Elles se sont tournées vers des membres de leurs familles et des proches résidant à l’étranger ou ont essayé de réunir de l’argent pour les travaux de reconstruction en partant travailler au Qatar ou en Arabie Saoudite. Le projet de gestion des risques « Kathmandu Valley Earthquake Risk Management Project », également soutenu par Munich Re, avait déjà été lancé en 1995. Son objectif est de bâtir des infrastructures scolaires plus résistantes, en prenant en compte des modèles de construction parasismiques et des éléments de renforcement de bâtiments efficaces. 300 écoles bénéficient déjà de ce programme et 270 d’entre elles se trouvent dans la zone qui a récemment été touchée par les séismes. Aucun de ces bâtiments n’a subi de lourds dégâts, tandis que 80 % des autres écoles du pays ont été sévèrement touchées, voire détruites. Parmi les autres conséquences positives du projet, on peut également citer le fait que de nombreux villages ont mis en œuvre les connaissances en matière de construction parasismique sur des habitations récemment construites. Le Népal a l’intention de remplacer toutes les écoles détruites du pays par de nouveaux bâtiments renforcés dans un délai ambitieux de cinq ans. Le coût de ces constructions est estimé à 400 millions de $US. Les organisations internationales sont sceptiques quant à la faisabilité des délais. Afin de les respecter, le pays devrait reconstruire plus de 1 200 bâtiments par an. Le désert d’Atacama sous les eaux Ce n’est pas tous les jours qu’un sinistre se chiffrant en milliards se produit dans le désert, surtout lorsqu’il est causé par des inondations. Le nord du Chili en a fait la douloureuse expérience. Wolfgang Kron Chili Inondations dans l’Atacama en 2015 : 1,5 milliard de $US (0,5 milliard de $US assurés) Inondations au Chili 1995–2014 : 0,6 (0,06) milliard de $US Cat. naturelles au Chili 1995– 2014 : 34,7 (9,0) milliards de $US (Valeurs de 2015) Les inondations éclair comptent parmi les catastrophes naturelles les plus dangereuses ; pratiquement aucun endroit n’est à l’abri de celles-ci. Telle est la triste expérience vécue l’année passée, au Chili, par la population vivant dans le désert d’Atacama, l’une des régions les plus arides de la Terre. Là-bas, la constatation à priori paradoxale selon laquelle, dans le désert, davantage de personnes meurent par noyade plutôt que de soif s’est avérée exacte. Sur la plus grande partie de l’Atacama, au nord du Chili, il ne tombe en moyenne que quelques millimètres de précipitations par an. Nombreux sont les endroits où l’on ne voit pas la moindre goutte de pluie pendant plusieurs années. Cela est en partie dû à la situation géographique de cette zone, entre un massif côtier dépassant 2 000 mètres d’altitude et les Andes, dont une partie culmine à plus de 6 000 mètres : ces deux chaînes montagneuses forment une double ombre pluviométrique. Cinq millimètres de pluie – en moyenne annuelle La position même de la région, entre le 20e et le 30e degré de latitude sud, exposée essentiellement à des masses d’air qui se réchauffent en descendant, favorise également le climat extrêmement aride qui y règne. Par ailleurs, le courant de Humboldt, un courant marin froid qui longe la côte du Chili, empêche l’évaporation et donc la formation de nuages pluvieux. Pour qu’il pleuve malgré tout, il doit régner dans l’atmosphère un certain nombre de conditions bien particulières. C’est ce qui s’est produit à la fin du mois de mars 2015 lorsque, au terme de près de dix années de sécheresse et à la fin d’un été extrêmement chaud, un front froid venant du sud-ouest a amené de l’air humide sur cette région désertique. Durant trois jours, des précipitations intenses, par rapport aux quantités habituelles, se sont abattues sur le pays. 60 millimètres de précipitations en une journée Le 25 mars, on a mesuré à certains endroits plus de 60 millimètres de pluie, qui n’a pas pu être absorbée par le sol aride du désert. Les cours d’eau tels que la rivière Copiapó, asséchée depuis 17 ans, se sont en très peu de temps transformés en flots torrentiels. Le terrain étant dépurvu de végétation et donc sensible à l’érosion, les ruissellements torrentiels qui se sont produits ont Munich Re Topics Geo 2015 35 Portraits de catastrophes « Désert d’eau » Le désert chilien d’Atacama abrite de nombreuses richesses minières ; c’est aussi l’une des régions les plus arides du globe. Pourtant, en mars 2015, des inondations ont provoqué des dommages dans de nombreux endroits. Pérou La Paz Bolivie laissé la place à des coulées de boue destructrices. Les torrents d’eau ont arraché d’énormes blocs de roche des pentes montagneuses. Les villes de Copiapó et Antofagasta ont été touchées par ces inondations éclair. Cela ne s’était plus produit depuis 80 ans. À Quillagua, l’endroit le plus aride de la Terre, où les dernières véritables pluies remontaient à 1919, il est tombé quatre millimètres d’eau. Et cette petite quantité a suffi à endommager des habitations. Arrêt de l’exploitation dans les mines de cuivre Le désert d’Atacama n’étant que faiblement peuplé, le préjudice total estimé à 1,5 milliard de $US et les 500 millions de $US de dommages assurés étonnent à première vue. Mais il ne faut pas oublier qu’un tiers de la totalité du cuivre extrait dans le monde provient de gisements dispersés dans tout le Chili. Plusieurs mines ont dû provisoirement interrompre leurs activités. Le transport jusqu’aux zones d’extraction et à partir de celles-ci se faisant sur des lignes de chemin de fer en grande partie privées et assurées, ce sont les dommages à l’infrastructure qui ont constitué la plus grande part des énormes coûts occasionnés par ce sinistre. Iquique Quillagua Antofagasta Chañaral Copiapó Mines Argentine Atacama Localités touchées par les inondations Précipitations 23–26 mars > 20 mm > 40 mm Valparaíso > 60 mm Santiago Chili Source : Munich Re d’après DMC, Sección Meteorología Agrícola 36 Munich Re Topics Geo 2015 Mais les conséquences sur les zones habitées ont, elles aussi, été considérables ; des localités entières ont été inondées. La catastrophe a fait 31 morts et plusieurs disparus. Plus de 2 000 maisons ont été entièrement détruites et plus de 6 250 sévèrement endommagées. À cela sont venus s’ajouter des dommages dans le secteur agricole, car les cultures intensives de raisin de table et d’olives le long de la rivière Copiapó ont, elles aussi, été touchées. La récolte du raisin 2015 était certes en grande partie terminée, mais les nombreuses vignes enfouies sous la boue figée laissent entrevoir des pertes considérables pour les années à venir. Les lits des cours d’eau asséchés depuis des années se sont en très peu de temps transformés en flots torrentiels. Lorsqu’elles s’écoulent rapidement, les eaux constituent un danger mortel dès qu’elles atteignent la hauteur des genoux. Munich Re Topics Geo 2015 37 Portraits de catastrophes Le 25 mars 2015, il a plu dans le désert d’Atacama. À certains endroits, il est tombé jusqu’à 60 mm de précipitations. Tandis qu’ailleurs, une telle quantité quotidienne de pluie ne représente presque rien, elle correspond ici au total des précipitations sur 12 mois. Ni la nature ni les habitants ne sont préparés à un tel cas de figure. Moyenne annuelle 1950–2014 J F M A M J J A S O N D 5 mm en moyenne annuelle 5 mm de précipitations correspondent à 5 l d’eau qui tombent sur une surface d’1 m2. Cela correspond à la contenance d’un petit seau. 38 Munich Re Topics Geo 2015 2015 J F M A M J J A S O N D 60 mm en une journée 60 mm de précipitations (60 l/m2) suffisent à remplir environ la moitié d’une baignoire. Munich Re Topics Geo 2015 39 Portraits de catastrophes Les assureurs mis à contribution Le Chili fait partie des pays exposés à de nombreuses forces de la nature. Outre les inondations dans le désert d’Atacama, le pays a été l’année passée le théâtre de deux irruptions volcaniques, d’un violent tremblement de terre accompagné d’une vague sismique de cinq mètres de hauteur ainsi que de sécheresses et de feux de brousse. Alors que le taux de pénétration de l’assurance chez les ménages privés urbains et les commerçants est en moyenne relativement élevé, les zones rurales telles que celles touchées en mars sont à la traîne. Du fait des standards élevés qu’elle privilégie dans le cadre de sa politique de souscription, l’industrie chilienne des assurances est solide et la plupart du temps suffisamment réassurée contre les grosses catastrophes. C’est ainsi que les puissants séismes survenus ces dernières années ont pu être pris en charge sans grandes difficultés. Les dommages assurés estimés à un demi-milliard de $US proviennent en très grande partie de l’industrie minière et d’infrastructures privées telles que des routes, des ponts et des installations d’alimentation en eau. Plus de la moitié des canaux d’irrigation et près de 30 % des surfaces plantées ont été fortement endommagées par les coulées de boue. Il est quasiment impossible de se protéger contre les inondations éclair Les inondations éclair font partie des aléas naturels les plus dangereux, et ce aussi parce que l’on a encore tendance à les sous-estimer. L’année passée, 105 évènements de ce type ont été recensés à travers le monde ; chacune de ces catastrophes a fait au moins cinq morts alors que cela aurait pu être évité dans de nombreux cas. Même s’il est compréhensible de vouloir sauver sa voiture d’un 40 Munich Re Topics Geo 2015 parking souterrain envahi par les eaux, cela est toujours extrêmement dangereux. L’eau arrive souvent à une vitesse vertigineuse, elle ne connaît pratiquement aucun obstacle et a une force incroyable. Comme la plupart des véhicules sont de toute manière assurés, leur perte est généralement indemnisée. Il n’est pas facile de prendre des mesures de prévention contre les inondations éclair extrêmes. Elles se produisent généralement à l’endroit même où tombent les précipitations et se déplacent souvent à grande vitesse, même en dehors des cours d’eau. Leur rareté (dans un même endroit) et leur grande force de destruction font qu’il est quasiment exclu de pouvoir prendre des mesures sur le plan des constructions. La seule façon d’éviter les risques est de bâtir le plus possible à l’écart des lignes les plus basses dans les vallées ou sur les versants, celles-ci constituant les potentiels axes de concentration des ruissellements torrentiels. Il peut également être utile de placer toutes les ouvertures des bâtiments, par lesquelles l’eau est susceptible de pénétrer, à quelques décimètres au-dessus du sol. Cela ne protège certes pas contre les phénomènes extrêmes, mais empêche au moins que les inondations éclair modérées causent des dommages. Les inondations soudaines sont un sujet idéal pour l’assurance du fait qu’elles peuvent se produire presque partout et que la construction d’ouvrages de protection n’apporte, dans nombre de cas, pas grand chose sur le plan économique. Contre ce type de risque naturel, il n’est pas de mesure préventive plus efficace qu’une assurance. Alors que, face à un évènement climatique inhabituel, l’être humain, pris au dépourvu, est souvent durement touché, la nature, elle, s’en accommode. Après des années sans précipitations, la végétation s’est réveillée dans l’Atacama et les mauves, qui ne fleurissent habituellement que tous les cinq à sept ans, ont transformé le désert en une mer de fleurs. Une tempête monstre se termine sans trop de dégâts Un ouragan de catégorie 5 qui touche terre déclenche souvent une catastrophe. Cela n’a pas été le cas avec Patricia, un cyclone très intense, mais de taille réduite, sur la côte pacifique mexicaine. Doris Anwender Mexique Ouragan Patricia 2015 : 550 millions de $US Montant moyen annuel des sinistres liés à des cyclones tropicaux (2000–2014) : 1,8 milliard de $US Dommages assurés 2015 : 25 millions de $US Montant moyen annuel des dommages assurés liés aux cyclones tropicaux (2000–2014) : 410 millions de $US (valeurs de 2015) Le Pacifique nord a connu en 2015 une saison cyclonique d’une activité inhabituelle. Ainsi, le 23 octobre 2015, de nouveaux records ont été battus par l’ouragan Patricia : son arrivée sur les terres dans le Pacifique oriental a été la plus puissante jamais enregistrée depuis le début des relevés météorologiques et il a été globalement l’un des ouragans les plus violents jamais recensés. Toutefois, grâce à des circonstances favorables, les dommages ont été peu importants. L’eau très chaude le long des côtes mexicaines, anomalie produite par le phénomène El Niño, a servi de réservoir d’énergie à l’ouragan Patricia. En outre, la formation de cyclones tropicaux dans cette région a été favorisée par de faibles différences de vent entre le sol et les couches supérieures de l’atmosphère. De fait, dans le Pacifique oriental, avec la survenance de dix ouragans de catégories 3, 4 et 5 sur l’échelle de Saffir-Simpson, la moyenne à long terme de 4,1 pour les années 1981–2010 a été largement dépassée. Avant Patricia, le dernier ouragan de catégorie 5 à s’être formé dans ce bassin océanique et à avoir touché terre date de 1959. Des pointes de vent de 400 km/h Patricia a débuté le 20 octobre 2015, à partir de la formation d’une dépression tropicale, environ 300 kilomètres au sud du golfe de Tehuantepec, dans le sud du Mexique. La zone dépressionnaire s’est déplacée direction ouest-nord-ouest, parallèlement à la côte, et a atteint le 22 octobre la force d’un ouragan de catégorie 1. Au cours des 15 heures suivantes, l’ouragan Patricia s’est intensifié de façon explosive, et dans la nuit du 22 au 23 octobre, les mesures de vitesse de ses vents permettaient de le classer en catégorie 5, la plus élevée sur l’échelle de Saffir-Simpson. En raison des températures inhabituellement élevées de la mer (31 °C) et des vents cisaillants faibles, la tempête s’est même encore intensifiée durant les douze heures suivantes, s’accompagnant de rafales de vent avec des pointes estimées à près de 400 km/h. On estime que la force de vent maximale moyennée sur une minute a atteint le record de 325 km/h. Légèrement affaibli, l’ouragan a touché terre 24 heures plus tard, près de Munich Re Topics Geo 2015 41 Portraits de catastrophes Dans l’œil de la tempête Figure 1 : Évolution de la pression (trait vert) et force du vent schématique (zones de couleur) de l’ouragan Patricia durant sa traversée de la localité de Emiliano Zapata (près du point d’arrivée sur les terres). 1000 mb 980 960 940 Minimum : 938 mb 18 h 12 920 17 h 18 h 19 h 20 h 21 h Vent destructeur Vent fort Source : Munich Re, sur base J. Morgerman & E. Sereno: ­iCyclone chase report Patricia arrive sur les terres Figure 2 : La région touchée par le champ de tempête de Patricia est très ­faiblement peuplée. De plus importantes zones d’habitation comme Puerto ­Vallarta, Manzanillo et Guadalajara ont été épargnées par l’ouragan. Puerto Vallarta Guadalajara Mexico Manzanillo Densité de population (habitants au km2) 1 0 –10 2 11–100 3 101–1.000 4 1.001–10.000 5 > 10.000 Source : Munich Re ; densité de population : LandScan (2009)TM, UT BATTELLE, LLC pour le U.S. Department of Energy 42 Sous l’influence du relief montagneux à proximité de la côte, l’ouragan s’est rapidement affaibli et s’est désintégré en l’espace de 24 heures au-dessus des montagnes du Mexique central. Ses restes ont donné lieu pendant une courte période à une dépression pluvieuse au-dessus du sud des États-Unis, sans conséquences notoires. Des dégâts limités malgré un ­classement en catégorie 5 Œil (sans vent) Évolution de la pression Classification sur l’échelle Saffir-Simpson Cuixmala dans l’État mexicain de Jalisco. Le centre de surveillance des ouragans aux États-Unis (National Hurricane Center) a évalué qu’à ce stade, la vitesse maximale du vent était de 270 km/h (moyennée sur une minute), avec des rafales atteignant jusqu’à 340 km/h dans la réserve de biosphère de Chamela-Cuixmala. Munich Re Topics Geo 2015 C’est avant tout grâce à sa faible étendue que, malgré une force de vent record, Patricia a provoqué des dégâts relativement peu importants au Mexique. Il est même possible que Patricia ait été le cyclone tropical ayant provoqué le moins de dégâts dans l’hémisphère occidental, alors qu’il avait touché terre en tant qu’ouragan de catégorie 5. Le champ de vents de force ouragan ne s’étendait que sur environ 200 kilomètres. Atteignant moins de 20 kilomètres, le diamètre de l’œil de Patricia, sur le mur duquel sont survenus les vents les plus forts et les plus gros dommages, était aussi extrêmement réduit. À cela est venu s’ajouter le fait que l’ouragan s’est déplacé à 23 km/h, ce qui représente une vitesse de progression extrêmement rapide pour ces latitudes. Cela a réduit le temps durant lequel il pouvait développer son potentiel maximum de destruction. Les vitesses maximales du vent, concentrées dans le mur arrière de l’œil de Patricia, n’ont tenu que 17 minutes (voir figure 1). Le champ de pluies est également passé rapidement, de sorte qu’il y a eu très peu d’inondations. Cependant, d’après la Commission nationale de l’Eau au Mexique (Conagua), les valeurs quo- L’énergie éolienne s’abat sur l’énergie fossile : l’ouragan Patricia a fait preuve d’une très grande violence sur son passage. Fort heureusement, la région touchée était limitée et faiblement peuplée. Munich Re Topics Geo 2015 43 Portraits de catastrophes tidiennes des précipitations ont atteint en partie 300 millimètres. La taille d’une tempête souvent plus déterminante que son intensité Le champ de vents étroit de Patricia est passé au-dessus d’une région relativement peu peuplée et a presque complètement épargné la ville touristique de Puerto Vallarta, située au nord, et la ville portuaire de Manzanillo, au sud (voir figure 2). Il faut également souligner que si la catastrophe annoncée a pu être évitée, c’est aussi parce que les autorités avaient ordonné suffisamment tôt les évacuations nécessaires et que la population avait été mise à l’abri. Patricia démontre que l’appréciation des ouragans ne peut pas se faire uniquement en fonction des forces de vent maximales ou de la classification en niveaux d’intensité. Si l’on ne prend pas en considération certains facteurs, tels que la taille de la tempête et l’étendue de l’œil, l’image de la situation de risque peut en être faussée. Les tempêtes de grande étendue comme Ike, qui en 2008 a atteint le Texas sous forme d’ouragan de catégorie 2, et Sandy, qui, en 2012, a balayé New York avec à peine l’intensité d’un ouragan, ont causé par exemple largement plus de dégâts que Patricia. Dans les régions touchées, comme dans la localité de Emiliano Zapata, l’ouragan a causé les dégâts typiques dus à un vent violent : maisons écroulées, toitures soufflées, pylônes électriques en béton pliés, arbres déracinés ou cassés. Les dommages assurés ont atteint 25 millions de $US, le préjudice économique a totalisé 550 millions de $US. 44 Munich Re Topics Geo 2015 En outre, l’influence exercée par la topographie de la côte n’est pas à négliger. En ce qui concerne Ike, Sandy et même Katrina (2005), les dommages ont été dans chacun des cas occasionnés en grande partie par l’onde de tempête entraînée par l’ouragan. Par contre, sur la côte mexicaine, l’inclinaison abrupte du fond océanique a empêché la formation d’une importante onde de tempête, et les énormes vagues générées par l’extrême force du vent de Patricia ont rebondi sur la côte très escarpée. De la chance dans la malchance La superficie restreinte et, qui plus est, relativement peu peuplée touchée par l’ouragan, la rapidité du passage de la zone de tempête ainsi que les conditions peu favorables à la formation d’une onde de tempête ont permis d’éviter la survenance de plus gros dommages. Cela apparaît nettement lorsqu’on compare la situation avec l’ouragan Odile, qui, en 2014, a touché la péninsule de Basse-Californie. Odile n’était qu’un ouragan de catégorie 3, mais il a frappé une région comportant de nombreux complexes hôteliers de luxe et a occasionné des pertes assurées dépassant 1,2 milliard de $US. Cela laisse deviner quelle aurait pu être l’ampleur des dégâts si un ouragan de même intensité que celle de Patricia avait frappé Puerto Vallarta, l’un des plus grands sites touristiques du Mexique. En résumé, on peut dire qu’avec l’ouragan Patricia, le Mexique a eu de la chance dans la malchance. L’État doré en proie aux flammes Le risque de feux de forêt et de brousse a considérablement ­augmenté en Californie pendant la période de sécheresse dont elle a été victime ces dernières années. En 2015, deux feux ont ­provoqué les plus graves incendies que le nord de l’État ait connus. Mark Bove Californie Superficie brûlée 2015 : 364 000 ha Superficie brûlée en moyenne entre 2002 et 2014 : 234 000 ha/an La Californie présente depuis plusieurs années un risque très élevé de feux de forêt et de brousse. Malgré deux feux isolés de grande ampleur, les dégâts ont été minimes car les incendies sont survenus dans des zones très peu habitées. Après un nouvel hiver sans épisode pluvieux notable, la sécheresse s’est aggravée de jour en jour sur toute la première moitié de 2015. À Los Angeles, il n’est tombé qu’environ 100 millimètres de pluie, soit 170 millimètres de moins que la normale. Plus au nord, à Fresno et à Sacramento, toutes deux situées dans la zone d’agriculture intensive de la Vallée centrale, les précipitations ont été respectivement inférieures à la normale de 170 et 120 millimètres. Après quatre années de déficit similaire, les indices d’aridité laissent prévoir la plus grave période de sécheresse connue en Californie depuis les années 1840. Le phénomène se manifeste de manière particulièrement évidente dans la Sierra Nevada, dont les sommets enneigés assurent habituellement en grande partie l’approvisionnement en eau de la Californie pendant les mois d’été secs. Le plus bas record, qui s’est établi à 25 % de la quantité de neige normale en 2014, a encore été largement battu en 2015 avec un chiffre de seulement 5 %. Le manque de neige, associé aux faibles quantités d’eau souterraine et de surface disponibles, a conduit le pays à appliquer des restrictions de consommation d’eau au niveau national pour la première fois de son histoire. La sécheresse augmente le risque d’incendie En raison de cette sécheresse persistante, les arbres, les broussailles et l’herbe se sont transformés en un mélange inflammable. Outre l’aridité, les vents forts sont la deuxième condition météorologique favorable à la formation de feux de forêts de grande ampleur. Les vents de Santa Ana, qui soufflent principalement dans le sud, mais également dans le nord de la Californie, entrent ici en jeu. Ils se forment dans les zones de haute pression au-dessus des régions désertiques de l’ouest des États-Unis et deviennent de plus en plus secs, chauds et rapides à mesure qu’ils descendent des montagnes. Ils peuvent atteindre une vitesse de plus de 140 km/h. Munich Re Topics Geo 2015 45 Portraits de catastrophes Feux de brousse Cependant, les vents de Santa Ana ne sont pas à l’origine de la formation des deux importants feux de brousse et de forêt survenus en 2015, l’incendie de Valley et celui de Butte. Les flammes ont principalement été ravivées par les vents qu’elles produisaient : l’air ambiant chauffé par les flammes se dilate et prend de l’altitude de telle façon que l’air riche en oxygène qui se trouve au niveau du sol se déplace vers le foyer de l’incendie. Le feu s’étend alors rapidement et renforce ce phénomène atmosphérique en raison de la faible humidité de l’air et de la présence abondante de matière combustible. Dans les cas extrêmes, cela peut déclencher un vent tempétueux. On parle alors de tempête de feu. Ce phénomène est favorisé en fonction du relief du terrain. Ainsi, sur les versants, les flammes se propagent rapidement vers le haut ; d’autre part, les terrains vallonnés peuvent accélérer les mouvements d’air. Comté de Lake Sacramento Napa San Andreas Comté de Calaveras San Francisco Surface de l’incendie Gros incendies dans le nord de la Californie Frontières du comté Source : Munich Re, d’après les données du California Department of Forestry and Fire Protection (surfaces des incendies) et de l’Esri, World Imagery (image satellite) Tableau comparatif des incendies de grande ampleur survenus aux États-Unis L’incendie de Valley, qui s’est déclaré le 12 septembre dans le comté de Lake, un peu au nord de la région viticole de Napa Valley, est rapidement devenu incontrôlable. Au bout de six heures, il avait déjà touché 40 km2, puis 200 km2 le lendemain. Plus de 10 000 habitants du comté ont été sommés de quitter leur domicile en raison de la rapide progression du feu. Les deux incendies de 2015 comptent parmi les plus vastes et les plus ­dévastateurs de l’histoire des États-Unis. Le tableau suivant présente les dix incendies les plus importants en nombre de bâtiments brûlés (montant des dommages aux valeurs d’origine). Nom de ­l’incendie Mois/ année Comté(s) touché(s), État Superficie brûlée (ha) Bâtiments brûlés* Préjudice total en M de $US Dommages assurés en M de $US Morts Oakland Hills 10/1991 Alameda, CA 647 2 900 2 500 1 700 25 Cedar 10/2003 San Diego, CA 110 579 2 820 2 000 1 060 15 Valley 09/2015 Lake, Napa, Sonoma, CA 30 783 1 910 1 400 960 4 Bastrop 09/2011 Bastrop, TX 13 903 1 673 750 530 4 Witch 10/2007 San Diego, CA 80 124 1 650 1 700 1 300 2 Old 10/2003 San Bernardino, CA 36 940 1 003 1 500 980 6 Jones 10/1999 Shasta, CA 10 603 954 > 50 donnée non disp. 1 Butte 09/2015 Amador, Calaveras, CA 28 679 818 400 260 2 Paint 06/1990 Santa Barbara, CA 1 983 641 400 265 1 Fountain 08/1992 Shasta, CA 25 884 636 >160 donnée non disp. 0 * comprend tous les types de bâtiments : maisons, granges, étables, cabanes, etc. Source : Munich Re NatCatSERVICE, Cal Fire, PCS 46 Munich Re Topics Geo 2015 Les feux de forêt et de brousse se ­propagent souvent très rapidement dans la nature, en particulier sur les coteaux. Munich Re Topics Geo 2015 47 Portraits de catastrophes Certaines petites agglomérations ont été presque entièrement détruites par les flammes. Le 6 octobre, date à laquelle l’incendie a enfin pu être maîtrisé, plus de 1 900 bâtiments avaient été réduits en cendres, dont 1 300 habitations et 70 commerces. Seuls deux incendies dans l’histoire de la Californie ont détruit plus de bâtiments. L’incendie de Butte, dans les collines du piémont de la Sierra Nevada à l’est de Sacramento, s’est déclaré trois jours plus tôt, le 9 septembre. Il s’est également répandu très rapidement et, en l’espace de seulement quelques heures, il a recouvert une surface de 60 km2, qui a plus que doublé le lendemain (130 km2). La nature du terrain a rendu les travaux d’extinction relativement difficiles et San Andreas, chef-lieu du comté, a dû être temporairement évacuée. Bien que la ville n’ait finalement subi aucune perte, l’incendie de Butte a détruit 475 habitations et 343 autres bâtiments. Aspects assurantiels et ­enseignements à tirer en matière de souscription Les dégâts causés par les deux incendies ont été estimés à 1,8 milliard de $US, dont 1,2 milliard étaient assurés. 80 % des dommages ont été provoqués par l’incendie de Valley. Il s’agit donc de l’incendie le plus coûteux qu’ait connu la Californie depuis celui de Witch, à San Diego, en 2007 (1,5 milliard de $US de dommages assurés, aux valeurs de 2015) et après la tempête de feu de Oakland Hills dans le nord de la Californie en 1991 (3 milliards de $US de dommages assurés). Comme dans la plupart des gros incendies de ce type, la majeure partie des dégâts concernait des habitations et des voitures brûlées. Hormis quelques rares exceptions, les entreprises sont plus rarement touchées, dans la mesure où elles sont souvent implantées dans des zones urbanisées. 48 Munich Re Topics Geo 2015 Parmi les exceptions, on trouve certains petits commerces de détail ou des commerces spécialisés, qui se développent parallèlement à l’expansion des agglomérations. On peut également citer les complexes de vacances et les infrastructures de loisirs qui se trouvent dans les zones forestières. Les incendies dévastateurs sont moins courants dans le nord que dans le sud de la Californie. D’une part, les précipitations sont normalement plus abondantes dans le nord, particulièrement dans la région densément peuplée qui borde la baie de San Francisco, que dans la région de Los Angeles ou de San Diego. D’autre part, les vents de Santa Ana sont moins fréquents dans le nord de l’État. En outre, les agglomérations peuvent moins facilement se développer dans le paysage vallonné de la baie de San Francisco que sur les sols plats du sud de la région, où elles s’étendent toujours plus dans des zones autrefois inhabitées. Il en résulte une plus grande concentration de valeurs dans les espaces situés entre zones urbanisées et nature. Certains endroits sont quasiment inaccessibles et il est presque impossible de les protéger. Parfois, les sapeurs-pompiers sont contraints de renoncer à sauver des bâtiments pour essayer d’empêcher les flammes de se propager encore davantage. Le bilan d’un incendie sur un bâtiment ne peut donc prendre que deux formes : soit le bâtiment résiste à l’incendie en subissant des dégâts minimes, soit il brûle entièrement. Mais même dans les zones touchées par le feu, tous les bâtiments ne sont pas toujours détruits. La plupart s’en sortent avec seulement quelques traces de fumée et de suie. Prévisions en termes de sécheresse en Californie Grâce à un épisode El Niño de forte intensité, la Californie a bénéficié de précipitations supérieures à la moyenne au cours de l’hiver 2015–16, ce qui a permis d’apaiser la situation pendant quelques temps. Mais les fortes pluies perturbent l’équilibre des sols sur les coteaux récemment touchés par le feu et augmentent ainsi le risque de glissements de terrain et de coulées de boue. À l’avenir, les dommages assurés provoqués par les gros incendies dans l’ouest des États-Unis devraient gagner en fréquence et en gravité. Il s’agit avant tout d’une conséquence de la pression persistante de l’urbanisation dans des zones inhabitées jusqu’alors, accompagnée d’une hausse de la valeur des biens. Par ailleurs, le manque de moyens alloués par l’État pour la lutte contre les incendies empêche de couvrir les biens de manière adaptée. La modification des facteurs environnementaux est également responsable de l’augmentation du risque de feux de forêt. La hausse des températures causée par le dérèglement climatique rallonge la saison des feux de forêt car la neige fond plus tôt dans l’année. À cela s’ajoute une baisse de la nappe phréatique et de l’humidité des sols, ce qui augmente la quantité de plantes sèches et de matière combustible. Enfin, la chaleur et la sécheresse agressent les arbres qui sont par conséquent plus exposés aux maladies et aux infestations par des insectes. Ainsi, en Californie, plus de 12,5 millions d’arbres ont déjà succombé à une infestation de scolytes. Avec un climat de plus en plus sec dans cette région, les risques de feux de forêt vont continuer à augmenter. Expect the unexpected: Natural disasters in Australia and New Zealand L’Australie et la Nouvelle-Zélande sont exposées à de multiples risques naturels. En outre, les risques liés aux inondations, aux cyclones, à la grêle, aux feux de brousse, aux séismes et aux éruptions volcaniques évoluent rapidement. Notre brochure « Expect the unexpected » donne un aperçu intéressant des faits scientifiques et des conséquences économiques des divers évènements naturels survenant dans cette partie du monde. Une description détaillée est présentée sur notre site : www.munichre.com/auznz-natcat NOT IF, BUT HOW Munich Re Topics Geo 2015 49 Catastrophes naturelles dans l’histoire Des catastrophes qui font date 1815 2015 est l’année ­commémorative de ­plusieurs catastrophes naturelles qui, en raison d’une caractéristique particulière, se sont ­inscrites dans l’histoire. 200 ans 1815 Lors de l’éruption volcanique la plus puissante enregistrée dans l’histoire de l’humanité, le volcan Tambora, sur ­l’île indonésienne de Sumbawa, rejette 140 gigatonnes de magma et tue 71 000 personnes. L’année qui a suivi est qualifiée dans l’histoire d’« Année sans été », accompagnée de famines à travers toute l’Europe. 1915 50 Munich Re Topics Geo 2015 100 ans 1915 Le 13 janvier, un tremblement de terre détruit presque entièrement Avezzano, une ville des Abruzzes, dans le centre de l’Italie : un seul bâtiment résiste, plus de 11 000 (85 %) des 13 000 habitants sont tués. C’est après ce cataclysme que l’on a commencé à s’intéresser à la prévention et à la protection civile. 50 ans 1965 Au début du mois de septembre, l’ouragan Betsy balaye le golfe du Mexique et le sud des États-Unis. C’est le premier évènement météorologique à avoir occasionné des dommages assurés dépassant 500 millions de $US. 1965 1975 40 ans 1975 En juin, des pluies diluviennes frappant la province chinoise du Henan entraînent la rupture de plus de 60 digues et provoquent une catastrophe encore jamais enregistrée à la suite de précipitations : 26 000 personnes périssent noyées et au moins 145 000 meurent de maladie ou de faim. 1995 30 ans 1985 Malgré un épicentre situé à plus de 350 km au large de la côte du Pacifique, le séisme survenu le 19 septembre provoque à Mexico de terribles dégâts et fait 9 500 morts. Le soussol mou sur lequel est construit la ville amplifie les mouvements de terrain qui peuvent être 20 fois plus intenses ; ce phénomène mis en évidence lors du séisme de Mexico est appelé « effet de site ». 1985 20 ans 1995 Avec le séisme de Kobe, survenu le 17 janvier, on enregistre pour la première fois un sinistre économique totalisant 100 milliards de $US ; les répercussions se font sentir dans le monde entier. Ce séisme démontre la vulnérabilité de l’économie globale face aux grandes catastrophes. 10 ans 2005 Fin août, l’ouragan Katrina dévaste une grande partie de la côte américaine du golfe du Mexique et submerge la Nouvelle-Orléans. Représentant un préjudice total de 125 milliards de $US, Katrina reste à ce jour l’évènement météorologique le plus onéreux jamais enregistré ; elle laisse aussi pour le secteur assurantiel la facture la plus lourde de tous les temps, avec des dommages assurés de 60,5 milliards de $US. 2005 Munich Re Topics Geo 2015 51 NatCatSERVICE et Recherche 52 Munich Re Munich Re Topics Geo 2015 Satellites Superordinateurs Statistiques Petra Löw Les activités du Groupe de recherche Geo Risks Research de Munich Re sont très diversifiées. Disposer d’un champ de vision élargi est l’un des atouts les plus importants pour un réassureur opérant à l’échelle mondiale. Innovation, créativité et imagination, associées à une expertise détaillée sont garantes de mouvement et de développement sur les marchés. Les données satellites à haute résolution sont déjà utilisées depuis de nombreuses années dans le cadre de l’estimation post-évènement, pour apprécier les évènements dommageables actuels. La nouvelle technologie satellite et les nouvelles techniques d’exploitation améliorent énormément l’application pratique et permettent d’obtenir rapidement des évaluations de dommages de très bonne qualité, sans qu’une multitude d’inspecteurs-régleurs aient à se déplacer. Cependant les méthodes utilisées à cet effet doivent être adaptées aux besoins du secteur assurantiel. Dans ce contexte, nos experts, qui bénéficient des connaissances techniques nécessaires et d’une solide expérience de ces systèmes, peuvent apporter leur contribution. La modélisation des évènements sismiques et leur représentation tridimensionnelle ouvrent de nouvelles possibilités pour une meilleure compréhension des forces extrêmes libérées lors de violentes secousses telluriques. Ce domaine captivant a incité Munich Re a entamer en la matière une coopération avec l’École polytechnique de Milan. Au cours de ces dernières années, les orages violents ont gagné en intensité, non seulement aux États-Unis mais aussi sur le continent européen. Chaque année, les chutes de grêle, notamment, coûtent des milliards à l’industrie des assurances. Comment les évènements dommageables se sont-ils développés à l’échelle mondiale durant ces dernières décennies et quelles sont les raisons de cette évolution ? Depuis très longtemps déjà, Munich Re s’intéresse de façon approfondie à ces questions. Les méthodes utilisées dans ce contexte ont constamment été améliorées, ajustées et actualisées sur la base des connaissances scientifiques les plus récentes. Les tendances ainsi que leurs causes ne peuvent être identifiées et analysées qu’en fonction de l’évaluation des valeurs socioéconomiques, de la variabilité du climat et du changement climatique. Le NatCatSERVICE de Munich Re offre un panorama détaillé des évènements dommageables et se concentre sur l’analyse des séries chronologiques. Pour la première fois, l’ensemble de nos statistiques et de nos analyses ressortant de la présente publication sont accessibles sous forme de graphiques interactifs en ligne. >> Rendez-vous sur notre site www.munichre.com/topicsgeo2015 Munich Re Topics Geo 2015 53 NatCatSERVICE et Recherche L’année en chiffres – au niveau global Depuis 2011, année où les charges d’indemnisation liées aux catastrophes naturelles avaient atteint de nouvelles dimensions, 2015 est la quatrième année consécutive de faible sinistralité. Bien que la charge de sinistres ait été modérée par suite de la quasi-absence de catastrophes extrêmes, le préjudice total de 2015 a représenté 100 milliards de $US, dont 30 milliards à la charge des assureurs. Non seulement le montant total des sinistres est resté inférieur à la moyenne des dix années précédentes de quelque 180 milliards de $US, mais il s’est aussi maintenu en dessous de la moyenne à long terme enregistrée sur les 30 dernières années (130 milliards de $US). En revanche, les dommages assurés ont atteint à peu de chose près la charge de sinistres de 2014 (31 milliards de $US) et un ordre de grandeur similaire à la moyenne à long terme des 30 dernières années (34 milliards de $US). En 2015, 23 000 personnes ont perdu la vie dans des catastrophes naturelles, ce qui représente un nombre trois fois supérieur à l’année précédente qui, avec quelque 7 700 morts, compte parmi les années ayant enregistré le moins de victimes. Quant au nombre des évènements, les déclarations se sont maintenues à la hausse avec une envergure toujours plus importante, ce qui a entraîné une augmentation des évènements (1 060). L’augmentation la plus forte a été enregistrée pour les dommages peu importants et minimes, qui comportent le plus d’impondérables. À ce sujet, l’article de la page 62 aborde de manière détaillée le thème de la comparabilité des évènements historiques et des évènements actuels. 54 Munich Re Topics Geo 2015 Évènements : 1 060 Répartition en pourcentage Nombre d’évènements Les catastrophes survenues dans le monde entier peuvent être classées en quatre groupes principaux : 6 % des évènements survenus l’année passée sont imputables à des phénomènes géophysiques (tremblements de terre, tsunamis, éruptions volcaniques) et présentent le plus grand écart par rapport à la moyenne à long terme qui se situe à 12 %. 94 % des évènements relèvent de phénomènes météorologiques ; 41 % sont imputables à des tempêtes et 42 % à des inondations, 11 % concernent des évènements climatologiques (sécheresse, vagues de chaleur et incendies de forêts). La répartition des évènements météorologiques entre les différents risques correspond à la moyenne à long terme. Évènements géophysiques Évènements météorologiques Évènements hydrologiques Évènements climatologiques 6% 41 % 42 % 11 % Victimes* : 23 000 Répartition en pourcentage Victimes Avec 23 000 victimes recensées, 2015 reste en dessous de la moyenne des 10 ainsi que des 30 années passées. Cependant, quelques évènements très graves ont eu lieu au cours de l’année. 80 % sont survenus sur le continent asiatique, ce qui est bien plus que la moyenne à long terme d’environ 70 %. La catastrophe ayant provoqué le plus de victimes a été, de loin, la série de tremblements de terre qui a secoué, fin avril, le Népal et les pays voisins : Inde, Chine et Bangladesh. 9 000 personnes y ont perdu la vie. Cet évènement fait partie des 15 tremblements de terre ayant causé le plus de victimes dans le monde depuis 1980. Évènements géophysiques Évènements météorologiques Évènements hydrologiques Évènements climatologiques * hors personnes disparues Source : Munich Re, NatCatSERVICE 42 % 10 % 24 % 24 % Une vague de chaleur survenue en mai et juin en Inde et au Pakistan a coûté la vie à près de 3 700 personnes. En Europe également, le temps chaud et sec a eu de graves conséquences : 1 200 personnes sont décédées. pête hivernale Goliath a totalisé, avec de graves orages, tornades et fortes averses, ainsi qu’une tempête de neige dans le sud-ouest du pays, près de 550 millions de $US de dommages assurés. 45 personnes ont trouvé la mort pendant ces épisodes. Sinistres En dehors de l’Amérique du Nord, l’Europe et l’Asie ont, elles aussi, été touchées : la tempête hivernale Niklas a sévi en mars et avril sur toute l’Europe, et les tempêtes Desmond et Eva ont provoqué de très importantes inondations pendant l’hiver en Grande-Bretagne. Au total, les sinistres survenus en Europe ont coûté au secteur de l’assurance près de 5 milliards de $US. En août, le typhon Goni s’est abattu sur le Japon, la Corée et les Philippines et a provoqué des dommages assurés s’élevant à 1,4 milliard de $US. Le marché de l’assurance australien a également été frappé par plusieurs évènements en 2015, dont des intempéries accompagnées de grêle et de crues éclair ainsi qu’une tempête hivernale en avril. Le préjudice total pour 2015 se monte à près de 2 milliards de $US. La charge totale des sinistres liée aux catastrophes naturelles au cours de l’année passée affiche un total de 100 milliards de $US. 31 évènements ont dépassé la barre du milliard, dont le tremblement de terre au Népal, les tempêtes hivernales aux États-Unis, au Canada et en Europe, les typhons en Chine, au Japon et aux Philippines, les inondations à grande échelle en Grande-Bretagne, ainsi qu’une série de périodes de sécheresse qui a touché pratiquement tous les continents. Dans une comparaison sur le long terme, la charge des sinistres résultant d’évènements géophysiques s’est réduite de 22 à 7 %, tandis que pour les tempêtes, elle est passée de 40 à 47 %. Les évènements hydrologiques sont restés pratiquement au même niveau, soit environ 28 %, ceux liés au climat ont légèrement augmenté, passant de la moyenne de 13 à 18 %. Les périodes de sécheresse jouent un rôle particulièrement important dans les secteurs agricoles des États-Unis, du Canada, de l’Europe et de la Chine. Le NatCatSERVICE de Munich Re estime à environ 30 milliards de $US la charge de sinistres pour l’assurance mondiale en 2015. Comme pour le coût total des sinistres, c’est la quatrième année consécutive que ce montant affiche un repli, et la valeur la plus basse depuis 2009. 58 % de tous les dommages assurés sont survenus en Amérique du Nord, 19 % en Europe, 8 et 12 % en Australie et en Asie, et enfin 3 % en Amérique du Sud. Les évènements les plus coûteux sont constitués par une série de tempêtes hivernales aux États-Unis et au Canada, qui ont provoqué des dommages assurés de 2,1 milliards de $US. Plusieurs épisodes d’intempéries occasionnés aux États-Unis en avril et en mai ont entraîné des pertes assurées de respectivement 1,2 et 1,4 milliard de $US. À la fin de l’année, la tem- Préjudice total : 100 milliards de $US Répartition en pourcentage Évènements géophysiques Évènements météorologiques Évènements hydrologiques Évènements climatologiques 7% 47 % 28 % 18 % Dommages assurés : 30 milliards de $US Répartition en pourcentage Évènements géophysiques Évènements météorologiques Évènements hydrologiques Évènements climatologiques 2% 69 % 19 % 10 % Source : Munich Re, NatCatSERVICE Munich Re Topics Geo 2015 55 NatCatSERVICE et Recherche Nombre de catastrophes de 1980 à 2015 1 200 1 000 800 600 400 200 0 1980 1985 1990 Évènements géophysiques : 1995 2000 2005 2010 2015 2010 2015 Évènements hydrologiques : tremblement de terre, tsunami, activité volcanique inondation, mouvement de terrain Évènements climatologiques : Évènements météorologiques : tempête tropicale, tempête extratropicale, tempête convective, tempête locale températures extrêmes, sécheresse, incendie de forêt Préjudice total et dommages assurés en milliards de $US de 1980 à 2015 350 300 250 200 150 100 50 0 1980 1985 Préjudice total* (aux valeurs de 2015) Dont dommages assurés* (aux valeurs de 2015) Source : Munich Re NatCatSERVICE 56 Munich Re Topics Geo 2015 1990 1995 2000 2005 Évolution du préjudice total Évolution des dommages assurés *corrigé des effets de l’inflation au moyen de l’indice des prix à la consommation du pays concerné, avec prise en compte des variations des taux de change L’année en chiffres – par région Amérique du Nord 22 % de tous les évènements survenus dans le monde en 2015 ont été enregistrés en Amérique du Nord (y compris l’Amérique centrale et les Caraïbes), et 800 personnes au total y ont perdu la vie. Sur les 30 milliards de $US représentant le préjudice total direct, 17 milliards de $US ont été pris en charge par le secteur assurantiel, soit plus de la moitié. Dix évènements ont dépassé le milliard en terme de préjudice total ; parmi eux, trois évènements ont dépassé le milliard de $US en terme de pertes assurées : il s’agit entre autres des tempêtes hivernales et des intempéries et inondations qui ont eu lieu aux États-Unis et au Canada. La charge totale des évènements dommageables a totalisé, rien que pour les États-Unis, 24 milliards de $US, dont 14 milliards étaient assurés. Certaines régions des États-Unis et du Canada ont souffert d’une sécheresse extrême en 2015. La production agricole a subi les préjudices les plus importants. Le coût total des sinistres a atteint plus de 2 milliards de $US. En 2015, la saison des ouragans a été modérée. La charge de sinistres totale générée par les tempêtes tropicales dans l’Atlantique n’a pas dépassé 1,5 milliard de $US, un montant bien en deçà des moyennes des années précédentes. Amérique du Sud Environ 100 évènements dommageables ont été recensés en 2015 sur le continent sud-américain. Ce sont principalement des inondations et des intempéries qui ont coûté la vie à 370 personnes et provoqué un préju- dice total direct de près de 2 milliards de $US. En outre, il s’est produit une série de petits tremblements de terre et un évènement puissant au Chili, provoquant un tsunami. La magnitude du tremblement de terre atteignait Mw 8,3, son épicentre était situé dans la province d’Araucania. Le préjudice total a atteint 800 millions de $US, dont 350 millions étaient assurés. Évènements dommageables en 2015 Répartition en pourcentage par continent Nombre d’évènements : 1 060 Amérique du Nord, Amérique centrale, Caraïbes Amérique du Sud Europe Afrique Asie Australie/Océanie 32 % 3% 13 % 3% 44 % 5% Europe En 2015, 13 % de tous les évènements dommageables se sont produits en Europe. Ils ont entraîné la mort de près de 1 600 personnes, principalement lors des vagues de chaleur au cours des mois d’été. Le coût total des sinistres s’est élevé à 13 milliards de $US. Les dommages assurés ont totalisé 5,6 milliards de $US. C’est principalement en Allemagne, mais aussi dans d’autres régions de l’Europe, que la tempête hivernale Niklas a ravagé de vastes superficies de fin mars à début avril. Vers la fin de l’année, les tempêtes hivernales Desmond et Eva ont apporté d’intenses précipitations et provoqué de vastes inondations en Grande-Bretagne. Le sinistre total a atteint pratiquement 3 milliards de $US, dont presque 2 milliards ont incombé au secteur assurantiel. En 2015, des évènements de petite envergure ont également provoqué d’importants dégâts. C’est justement lors d’intempéries accompagnées de fortes pluies que le risque de crues éclair est important. Fin septembre, 20 personnes ont perdu la vie en France, sur la Côte d’Azur, suite à un évènement de ce type. Le front d’intempéries a également frappé l’Es- Victimes* : 23 000 Amérique du Nord, Amérique centrale, Caraïbes Amérique du Sud Europe Afrique Asie Australie 4% 2% 7% 7% 80 % <1 % *Nombre de victimes, hors famine et hors personnes disparues Source : Munich Re NatCatSERVICE Munich Re Topics Geo 2015 57 NatCatSERVICE et Recherche pagne et l’Italie. Au total, les pertes assurées ont atteint 700 millions de $US. En 2015, l’Europe de l’Est et une partie de l’Europe centrale ont été frappées par une forte sécheresse, provoquée par un déficit de précipitations considérable et des températures élevées. La sécheresse a particulièrement affecté les récoltes en Roumanie, mais aussi en Pologne et en République tchèque. Le préjudice total est estimé à 1,5 milliard de $US. Afrique En 2015, le continent africain a été frappé presque exclusivement par des événements météorologiques, avec au premier plan des épisodes de sécheresse, des inondations, des intempéries et deux cyclones tropicaux. Au total, une centaine d’événements dommageables ont été enregistrés. La charge de sinistres totale a atteint 3 milliards de $US, dont seulement une faible part était assurée. Près de 1 700 personnes ont trouvé la mort au cours de ces épisodes catastrophiques, notamment lors d’inondations. Deux périodes de sécheresse qui ont sévi l’une dans le sud de l’Afrique et l’autre en Éthiopie ont constitué les évènements les plus coûteux de 2015. Le préjudice total occasionné par ces deux évènements a atteint 2 milliards de $US. Asie 39 % de tous les évènements dommageables recensés dans le monde ont eu lieu en Asie, où 80 % des victimes sont à déplorer. 44 % du préjudice total, mais seulement 12 % des pertes assurées ont été occasionnés en Asie. Treize évènements ont généré un coût total de dommages atteignant ou dépassant un milliard de $US. Fin avril, plusieurs secousses sismiques ont ébranlé certaines régions de l’Asie du Sud. Les séismes ont provoqué d’importantes destructions, principalement au Népal. Plus de 500 000 maisons et bâtiments officiels ont été détruits. Le préjudice total a atteint 4,8 milliards de $US. 9 000 personnes ont perdu la vie. Le Bangladesh, la Chine et l’Inde ont également été touchés, avec des dommages totalisant presque 500 millions de $US. Du mois 58 Munich Re Topics Geo 2015 de juillet au mois de novembre, l’Inde a subi plusieurs graves inondations. Les fortes pluies de mousson ont entraîné des débordement de fleuves. Le coût total des dommages, ventilé sur deux évènements principaux, a atteint 5 milliards de $US, dont le secteur de l’assurance a assumé une part d’environ 800 millions. La saison des typhons, très active, a provoqué des dégâts à hauteur de 11,5 milliards de $US. Par ailleurs, en Asie, de vastes zones ont été en proie à la sécheresse et aux incendies de forêts. Il importe de mentionner ici avant tout les incendies à forte propagation qui ont frappé l’Indonésie : dus à l’extrême sécheresse, mais aussi à des départs de feu volontaires, ils ont provoqué un smog pendant plusieurs mois sur la région. Australie/Océanie Les principaux évènements météorologiques survenus en 2015 se sont concentrés sur cette région, au total presque 80 %. L’évènement le plus coûteux pour le secteur assurantiel et l’économie globale a été une tempête hivernale qui s’est abattue en avril sur la Nouvelle-Galles du Sud et a provoqué des dégâts s’élevant à 1,3 milliard de $US, dont 730 millions pris en charge par les assureurs. Le cyclone Marcia a touché les terres dans le Queensland. La charge totale des sinistres liés à des catastrophes naturelles en Australie a représenté 3,9 milliards de $US, dont 2,1 milliards étaient assurés. Le cyclone Pam a balayé Vanuatu, les Îles Fidji et Kiribati. La charge de sinistres des deux évènements a atteint 1,3 milliard de $US pour l’économie, les pertes assurées, quant à elles, se sont chiffrées à 550 millions de $US. En 2015, la Nouvelle-Zélande n’a pratiquement pas connu d’évènements sévères ; il s’est produit quelques inondations locales qui ont provoqué des dégâts totalisant 200 millions de $US. Nos analyses et graphiques actuels ainsi que des représentations cartographiques sont téléchargeables gratuitement à partir de la rubrique Touch Natural Hazards sur notre site >> www.munichre.com/touch Évènements dommageables en 2015 Répartition en pourcentage par continent Préjudice total : 100 milliards de $US Amérique du Nord, Amérique centrale, Caraïbes Amérique du Sud Europe Afrique Asie Australie/Océanie 32 % 3% 13 % 3% 44 % 5% Dommages assurés : 30 milliards de $US Amérique du Nord, Amérique centrale, Caraïbes Amérique du Sud Europe Afrique Asie Australie Source : Munich Re NatCatSERVICE 58 % 3% 19 % <1 % 12 % 8% Évènements dommageables en 2015 Pourcentage des dommages assurés dans le préjudice total par continent 8% 45 % 56 % 1% 27 % 48 % Dommages non assurés Dommages assurés Évènements dommageables en 2015 comparés à la période allant de 1980 à 2014 Répartition mondiale en pourcentage des dommages assurés sur les différents continents 17 % 64 % 12 % 19 % 12 % 58 % <1 % <1 % 1% 6% 3% 8% Dommages assurés 2015 Dommages assurés 1980–2014* *Corrigés des effets de l’inflation au moyen de l’indice des prix à la consommation du pays concerné, avec prise en compte des variations des taux de change Source : Munich Re NatCatSERVICE Munich Re Topics Geo 2015 59 NatCatSERVICE et Recherche Photos de l’année Janvier–mars 16–25 février 18–21 février Inondations : sud de l’Afrique Tempête d’hiver : États-Unis, Canada Cyclone Marcia : Australie Préjudice total : 480 millions de $US Préjudice total : 2 800 millions de $US Préjudice total : 800 millions de $US Dommages assurés : très faibles Dommages assurés : 2 100 millions de $US Dommages assurés : 400 millions de $US Victimes : 288 Victimes : 40 Victimes : 1 25 avril 23–28 mai Mai–juin Tremblement de terre : Népal, Chine, Inde Intempéries, crues éclair : États-Unis Vague de chaleur : Pakistan, Inde Préjudice total : 4 800 millions de $US Préjudice total : 2 700 millions de $US Préjudice total : faible Dommages assurés : 210 millions de $US Dommages assurés : 1 500 millions de $US Dommages assurés : très faibles Victimes : 9 000 Victimes : 32 Victimes : 3 670 16 septembre 30 septembre–6 octobre 1er–5 octobre Tremblement de terre : Chili Crues éclair : France, Italie, Espagne Typhon Mujigae : Chine, Philippines Préjudice total : 800 millions de $US Préjudice total : 950 millions de $US Préjudice total : 3 500 millions de $US Dommages assurés : 350 millions de $US Dommages assurés : 700 millions de $US Dommages assurés : faibles Victimes : 15 Victimes : 20 Victimes : 22 60 Munich Re Topics Geo 2015 23–26 mars 30 mars–1er avril 19–24 avril Crues éclair : Chili Tempête d’hiver Niklas : Europe Tempête d’hiver : Australie Préjudice total : 1 500 millions de $US Préjudice total : 1 400 millions de $US Préjudice total : 1 300 millions de $US Dommages assurés : 500 millions de $US Dommages assurés : 1 000 millions de $US Dommages assurés : 730 millions de $US Victimes : 31 Victimes : 11 Victimes : 7 Juin–novembre 6–11 septembre 12 septembre–8 octobre Feux de forêt : Indonésie Inondations : Japon Feux de forêt : États-Unis Préjudice total : 1 000 millions de $US Préjudice total : 1 400 millions de $US Préjudice total : 1 400 millions de $US Dommages assurés : très faibles Dommages assurés : 650 millions de $US Dommages assurés : 960 millions de $US Victimes : 19 Victimes : 8 Victimes : 4 2–6 octobre 17–27 novembre Décembre Inondations : États-Unis Feux de forêt : Australie Inondations : Royaume-Uni, Irlande Préjudice total : 1 700 millions de $US Préjudice total : 200 millions de $US Préjudice total : 1 500 millions de $US Dommages assurés : 400 millions de $US Dommages assurés : 120 millions de $US Dommages assurés : 1 000 millions de $US Victimes : 21 Victimes : 2 Victimes : 5 Source : Munich Re NatCatSERVICE Munich Re Topics Geo 2015 61 NatCatSERVICE et Recherche Élargissement innovant des possibilités d’analyse d’évènements historiques Sur la trace des « hot spots » économiques Figure 1 : niveau du PIB utilisé comme intermédiaire pour l’évolution des valeurs, réparti sur une grille de 1°x1° pour les années 1980 et 2015. Plus une cellule est rouge, plus elle contribue au PIB d’un pays (mesuré en valeur nominale $US) . Source : Munich Re, données de la Banque mondiale 1980 Jan Eichner, Petra Löw, Markus Steuer Les catastrophes naturelles survenues par le passé fournissent des informations précieuses pour l’appréciation des risques actuelle, à condition de transférer les données relatives aux sinistres correctement à l’époque présente. Les tendances qui ressortent de ces données relèvent de nombreuses influences variables dans le temps et dans l’espace qu’il convient de filtrer. Pour établir l’évolution d’une tendance, il faut se baser sur le développement des valeurs socio-économiques et les modifications concernant les périls naturels, par exemple la variabilité et le changement climatiques. Dans ce contexte, les facteurs économiques en matière d’exposition sont généralement plus déterminants. Autre composante importante pour les tendances : la prise en compte accrue d’évènements dommageables minimes, car l’information s’est améliorée au fil du temps dans les pays industrialisés et émergents. Si l’on souhaite évaluer l’influence des différents facteurs, il faut que les données spatiales et temporelles relatives aux sinistres puissent être comparées à l’aide d’une base de calcul économique globale. Inflation et normalisation Pour évaluer les évènements historiques selon les critères actuels, il faut se poser deux questions, apparemment semblables mais pourtant fondamentalement différentes : (a) Que 62 Munich Re Topics Geo 2015 coûterait aujourd’hui le sinistre provoqué par l’évènement X ? (b) Quels dommages causerait aujourd’hui l’évènement X ? Alors que pour répondre à la première question, on prend en considération les types de sinistre et ne s’intéresse qu’à l’évolution de la valeur monétaire de l’ensemble des dégâts, on doit, pour répondre à la question (b), réévaluer le sinistre selon les conditions actuelles et donc tenir compte des changements pour les valeurs exposées et la vulnérabilité. Dans le premier cas, il suffit de reporter l’inflation sur les données historiques de sinistres à l’aide d’un indice des prix établi. Il est ici important que l’indice reflète bien l’évolution réelle des prix dans la région concernée et se rapporte à la monnaie dans laquelle est exprimée la valeur des dégâts dans le pays concerné. Quant à la deuxième question qui porte sur l’ampleur qu’atteindraient aujourd’hui les dégâts économiques d’un évènement historique, il faut en plus procéder à un ajustement des valeurs telles qu’elles ont évolué localement. Cet ajustement est appelé normalisation. Si l’on considère les sinistres assurés en tenant compte des changements subis par le taux de pénétration de l’assurance, on parle d’indexation. Des valeurs macroéconomiques comme le produit intérieur brut (PIB) se sont imposées à l’échelle mondiale pour la normalisation des données de sinistres (voir aussi Topics Geo 2012). 2015 10 3 10 6 10 9 10 12 Source : Munich Re, données de la Banque mondiale Le revenu détermine la catégorie de catastrophe La classification d’une catastrophe naturelle dépend du lieu où elle survient. Si, selon la Banque mondiale, un pays fait partie de la catégorie de revenus (CR) faibles, on atteint le niveau catastrophique maximal lorsque les dégâts se montent à 100 millions de $US. Pour les pays riches, ce cas de figure se produit pour une valeur multipliée par 30. Le nombre des victimes joue également un rôle prépondérant. Catégorie de catastophe (CC) : CR élevé 0 1 2 3 4 ≥ 0 ≥ 3 ≥ 30 ≥ 300 ≥ 3 000 CR moyen supérieur ≥ 0 ≥ 1 ≥ 10 ≥ 100 ≥ 1 000 CR moyen inférieur ≥ 0 ≥ 0,3 ≥ 3 ≥ 30 ≥ 300 CR faible ≥ 0 ≥ 0,1 ≥ 1 ≥ 10 ≥ 100 Victimes 0 ≥ 1 ≥ 10 ≥ 100 ≥ 1 000 Paliers des dégâts en millions de $US normalisés Source : Munich Re Les données de bonne qualité sont disponibles et facilement accessibles. Pour cela, on multiplie une valeur de sinistre historique par un facteur de normalisation qui correspond au rapport entre le PIB actuel et le PIB au moment de survenance de l’évènement dans le passé. En partant du principe que ce rapport entre les PIB représente proportionnellement l’évolution des valeurs sur place, on peut calculer la valeur attendue des sinistres obtenue si l’évènement se reproduisait de nos jours. Cependant, il n’est pas tenu compte des influences résultant des changements que subit la vulnérabilité. Nouvelle approche : normalisation spécifique au risque et appliquée à une cellule Si les données de PIB se rapportent à un pays entier ou à une zone considérablement plus grande que la région touchée par la catastrophe naturelle, on ne peut pas vraiment se fonder sur un rapport proportionnel entre le PIB national et l’évolution locale des valeurs. Pour contrer cette distorsion, nous avons conçu une méthode que nous appelons la normalisation régionalisée appliquée à un risque. Ce modèle de normalisation repose sur une grille de 1°x1°. Pour chaque cellule, on calcule proportionnellement pour chaque année le PIB du pays, en commençant par l’année 1980. La pondération est réalisée avec l’évolution de la population dans la cellule, partiellement interpolée et extrapolée (figure 1). La particularité de cette approche réside dans le fait que chaque cellule individuelle contient une série chronologique avec la part du PIB qui lui correspond depuis 1980. Les cellules qui se superposent à des frontières géographiques sont divisées et la part qui leur correspond leur est attribuée. NatCatSERVICE, la banque globale de données des sinistres de Munich Re, archive les coordonnées géographiques pour les localités et régions qui sont le plus touchées par un évènement dommageable. Ces dernières forment la base de ce qu’on appelle une « empreinte de dégâts » (footprint) d’un évènement. En outre, chaque risque naturel (orage, crue éclair ou tempête hivernale) présente une étendue individuelle, qu’on appelle « empreinte du risque ». Empreintes Une tempête hivernale couvre une surface qui est souvent nettement supérieure à celle d’un orage dont l’étendue géographique en général dépasse largement celle des crues éclair qui se produisent après de fortes précipitations. L’objectif est d’atteindre un genre de compromis géométrique entre l’empreinte du risque et l’empreinte des dégâts sur la grille de 1°x1°. Pour chaque évènement, les informations de sinistres géocodées et le modèle de sélection spécifique au risque sur lequel ces informations s’appuient révèle une empreinte de normalisation individuelle. Elle indique les cellules à utiliser pour former le facteur de normalisation. NatCatSERVICE a déterminé les empreintes typiques pour cinq types fondamentaux d’évènements dommageables. Classés en fonction du degré de propagation, ils s’énumèrent comme suit : 1.évènements à petite échelle (par exemple crues éclair, glissements de terrain et impacts de foudre) ; Empreintes de différentes catastrophes naturelles Figure 2 : chaque catastrophe naturelle produit des dégâts spécifiques, soit son « empreinte de dégâts ». Il va de soi que pour les tempêtes comme l’ouragan Katrina de 2005 ou la tempête hivernale Martin de 1999, cette empreinte est plus importante que celle d’orages violents localisés. Ouragan Katrina 2005 aux États-Unis Tempête hivernale Martin 1999 en France et en Espagne Inondations 1991 en Chine 2.évènements localisés (par exemple orages violents, tremblements de terre, feux de brousse et de forêt) ; 3.inondations (crues fluviales) ; 4.évènements côtiers (cyclones tropicaux, ondes de tempête, tsunamis) ; Orages violents 2001 en Europe 5.évènements étendus (par exemple tempêtes hivernales, sécheresses et vagues de chaleur). La figure 2 présente une sélection d’exemples pour quelques-uns de ces modèles de sélection par cellule spécifiques au risque. Des figures de ce type ont été établies pour les quelque 28 000 évènements survenus par pays depuis 1980 et enregistrés au NatCatSERVICE. Afin de déterminer le facteur de normalisation respectif, on additionne les valeurs des cellules d’une même empreinte pour l’année Source : Munich Re Munich Re Topics Geo 2015 63 NatCatSERVICE et Recherche où l’évènement dommageable est survenu et on compare cette valeur au total des valeurs des cellules de la même empreinte de l’année en cours. Le tableau de la page 65 montre les résultats obtenus pour les 10 évènements sélectionnés. La figure 4 (page 66, colonne de droite) représente l’évolution des totaux annuels dans le monde entier des sinistres dus aux catastrophes naturelles avec valeurs nominales, constantes (corrigées des effets de l’inflation), basées sur les cellules et normalisées, sur une période de 1980 à 2015, pour tous les types de risque naturel. On reconnaît un certain aplatissement de la progression du montant des dommages en valeurs normalisées par rapport à la progression des valeurs nominales et constantes. Cependant, cette diminution doit être interprétée avec précaution car d’autres tendances peuvent se dessiner par région et par risque, mais ne sont pas visibles dans une analyse globale. La figure 3 représente deux exemples de tendances régionales pour les montants de dégâts causés par des orages violents en Amérique du Nord et par des inondations en Europe. L’augmentation des dégâts provoqués par des orages violents dans l’application normalisée suit les observations météorologiques faites aux ÉtatsUnis : une augmentation de l’intensité des orages violents et donc dévastateurs avec la formation de tornades et de fortes averses de grêle. Pour l’évaluation de la tendance négligeable des dégâts normalisés provoqués par des inondations, il faut tenir compte du fait que depuis les inondations catastrophiques de 2002, de nombreuses mesures de protection ont été améliorées. Ces mesures ont été efficaces : malgré des paramètres hydrauliques similaires, les dégâts provoqués par les inondations de 2013 sont largement en dessous de la valeur de 2002, quand on compare les valeurs normalisées. 64 Munich Re Topics Geo 2015 Le nombre d’évènements importe peu La méthode de normalisation présentée ici permet de déterminer pour n’importe quelle région l’évolution dans le temps des montants des sinistres propres à un risque spécifique. Pour étudier l’évolution économique mais aussi évaluer les risques, il faut au préalable s’assurer que le recensement des évènements dommageables a été fait de la même manière sur toute la période concernée, ce qui n’est pas le cas pour la plupart des régions. Par exemple, Internet a grandement contribué à mieux recenser en particulier les évènements de moindre envergure qu’il y a disons 30 ans. Cet effet a une influence capitale sur la tendance à l’augmentation des évènements dommageables, comme on le voit sur la figure 4 (colonne de gauche, en haut). Mais cette tendance n’a pas d’influence notable sur la courbe des montants des dégâts car les montants annuels, tous types de risque naturel confondus, dépendent d’un petit nombre d’évènements dommageables de grande envergure qui eux, ont toujours été enregistrés. Une meilleure comparaison possible grâce à la classification différenciée Pour pouvoir analyser l’influence des évènements dommageables (petits ou grands) sur les statistiques de sinistres, il est important de procéder à une classification réfléchie de ces évènements. On pourrait appliquer trois paliers (par exemple 10, 100 et 1 000 millions de $US) sur les données relatives aux sinistres normalisées pour classer les évènements survenus dans le monde entier en fonction de la gravité des dégâts économiques qu’ils ont créés. Cependant, une telle classification ne tient pas compte du fait que des sinistres d’un montant de 100 millions de $US n’ont pas la même importance pour un pays comme Haïti ou le Bangladesh que, par exemple, pour les États-Unis ou l’Allemagne. On peut atténuer ces différences géographiques et économiques en divisant encore les paliers. Pour ce faire, on prend les quatre catégories de revenus que la Banque mondiale utilise pour effectuer sa classification annuelle de tous les pays. Le PNB par habitant augmente d’un fac- teur d’environ 3 à 4 pour chaque catégorie de revenus. Les mesures de classification des catastrophes du tableau de la page 62 sont basées sur cette classification selon laquelle la gravité d’un évènement mesurée selon le montant des dégâts dépend du groupe de revenus. En outre, le nombre de victimes est également inclus dans la mesure de la gravité. Le montant des dégâts et le groupe de revenus normalisés d’un pays ainsi que le nombre de victimes déterminent la catégorie d’une catastrophe. C’est la méthode la plus solide pour pouvoir comparer les conséquences économiques des catastrophes naturelles par région et par période. Après avoir appliqué cette approche à tous les évènements dommageables de la base de données NatCatSERVICE, on constate que seuls les évènements graves de chaque année référencée importent vraiment pour établir l’évolution des statistiques des montants liés aux sinistres (figure 4, tout en bas à droite). Le nombre d’évènements de petite envergure qui a augmenté au cours des dernières années grâce à de meilleurs moyens de recensement ne joue guère sur les statistiques (contrairement aux statistiques sur le nombre) (voir figure 4, rangée du milieu). Même si le nombre d’évènements enregistrés avec de faibles dégâts est bien plus élevé qu’avant, cela n’a pratiquement aucune influence sur le montant total des dommages. Après normalisation et filtrage à l’aide des catégories de catastrophes naturelles (CC), il reste donc des tendances et des variations résiduelles dont l’attribution met à jour les variations de vulnérabilité (par exemple une meilleure protection contre les inondations, des normes de construction plus strictes ou des systèmes d’avertissement plus perfectionnés) ainsi que les variations du risque naturel lui-même (intensités plus ou moins fortes et fréquences des évènements liés aux risques naturels). Pour pousser encore plus loin la différenciation, il faut observer les statistiques par région et par risque. Pour ce type d’analyses plus poussées, la méthode présentée ici forme une base appropriée. Exemples de tendances régionales des montants des sinistres Figure 3 : sinistres annuels en valeurs nominales et normalisées provoqués par des orages violents en Amérique du Nord, et dégâts causés par les inondations en Europe. Alors que l’augmentation des dégâts normalisés dus aux orages violents est causée par des phénomènes météorologiques, il ne faut pas oublier de tenir compte des mesures de protection mises en place au cours des dernières années pour expliquer l’évolution des dégâts provoqués par les inondations. Dégâts liés à des orages violents en Amérique du Nord (en milliards de $US) Sinistres provoqués par des inondations en Europe (en milliards de $US) 50 50 40 40 30 30 20 20 10 10 0 0 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 1980 1985 1990 1995 2000 Sinistres originaux en milliards de $US Sinistres originaux en milliards de $US Sinistres normalisés en milliards de $US Sinistres normalisés en milliards de $US Tendance linéaire des dégâts normalisés Tendance linéaire des dégâts normalisés 2005 2010 2015 Source : Munich Re NatCatSERVICE Comparatifs des sinistres originaux et normalisés des plus gros évènements depuis 1980 Le tableau représente, après normalisation, les évènements les plus dévastateurs depuis 1980 et permet de comparer directement les sinistres originaux et normalisés. Il met à jour deux effets remarquables : au Japon, les sinistres normalisés des deux grands tremblements de terre sont moins importants que les sinistres originaux, ce qui est dû non seulement à la stagnation économique du Japon mais aussi et en grande partie à la baisse du yen par rapport au dollar US depuis quelques années. Autre cas extrême : la Chine. On y constate les plus gros effets de la normalisation. L’énorme essor économique le long des grandes voies navigables et des côtes chinoises entraîne un facteur de normalisation de 24, par exemple pour les inondations survenues dans l’est de la Chine en 1991. Ces exemples de chiffres montrent bien les potentiels de dégâts qui résident dans les catastrophes naturelles historiques si elles survenaient de nos jours. Année Évènement Région touchée Sinistres originaux en valeur nominale (en milliards de $US) Dégâts normalisés (en milliards de $US) 2011 Tremblement de terre et tsunami à Tohoku Japon 210 174 2005 Ouragan Katrina États-Unis 125 167 1991 Inondations dans l’est de la Chine Chine 6,8 165 2008 Tremblement de terre dans le Sichuan Chine 85 156 1998 Inondations à Jangtse Chine 16 130 1994 Séisme de Northridge États-Unis 44 91 1995 Tremblement de terre de Kobe Japon 100 90 1992 Ouragan Andrew États-Unis et Bahamas 27 82 1988 Tremblement de terre de Spitak Arménie et Turquie 14 71 2012 Ouragan Sandy États-Unis, Caraïbes et Bahamas 68,5 70 Source : Munich Re NatCatSERVICE Munich Re Topics Geo 2015 65 NatCatSERVICE et Recherche Nouvelle évaluation des évènements dommageables historiques Figure 4 : statistiques sur le nombre selon la classification des catastrophes naturelles (à gauche) et montants annuels correspondants pour la totalité des sinistres directs. Le message essentiel de cette figure : les évènements CC0 ne contribuent pratiquement pas au montant total des sinistres cumulés. La courbe du montant total des sinistres est essentiellement déterminée par les évènements dommageables les plus importants et les plus graves (CC4). Nombre d’évènements dommageables de la CC0 à la CC4 Total annuel mondial sin. cumulés en Mds de $US (CC0-CC4) 1.200 450 400 1 000 350 800 300 250 600 200 400 150 100 200 50 0 0 1980 CC4 1985 1990 CC3 1995 CC2 2000 2005 CC1 2010 2015 CC0 1980 1985 Valeurs normalisées 1990 1995 2000 Valeurs corrigées inflat. 2005 2010 2015 Valeurs nominales Nombre d’évènements dommageables de la CC1 à la CC4 Total annuel mondial sin. cumulés en Mds de $US (CC1-CC4) 800 450 400 350 600 300 250 400 200 150 200 100 50 0 0 1980 CC4 1985 1990 CC3 1995 CC2 2000 2005 2010 2015 CC1 1980 1985 Valeurs normalisées 1990 1995 2000 Valeurs corrigées inflat. 2005 2010 2015 Valeurs nominales Nombre d’évènements dommageables de la CC4 Total annuel mondial sinistres cumulés en Mds de $US (CC4) 45 450 40 400 35 350 30 300 25 250 20 200 15 150 10 100 5 50 0 0 1980 1985 1990 1995 CC4 2005 2010 2015 1980 1985 Valeurs normalisées Source : Munich Re NatCatSERVICE 66 2000 Munich Re Topics Geo 2015 1990 1995 2000 Valeurs corrigées inflat. 2005 2010 2015 Valeurs nominales L’observation de la Terre par satellite – Une chance pour la gestion des risques Andreas Siebert Même si des images satellites sont disponibles depuis des décennies, les assureurs y ont encore peu recours pour la gestion des risques. Les fournisseurs et les utilisateurs doivent intensifier leur coopération pour exploiter le potentiel de cette source de données et d’informations. Depuis les années 1980 déjà, le programme américain Landsat et le programme français SPOT fournissent des images prises depuis l’orbite terrestre destinées à des applications civiles. Aujourd’hui, le nombre croissant de fournisseurs nationaux et commerciaux sur le marché de la télédétection permet aux personnes intéressées de recourir à une multitude de systèmes satellitaires, tel que le programme Copernicus de l’Union européenne. Sept missions satellitaires spécialement conçues, réalisées par les satellites Sentinels, constituent le cœur de la composante spatiale de ce programme. Les Sentinels prennent des images radar et spectrales en vue d’observer la Terre et de surveiller les océans et l’atmosphère. Outre les satellites, des avions et des drones fournissent aussi des images de la surface de la Terre prises à faible altitude. Tandis que les satellites se prêtent bien à l’observation de vastes régions telles que des étendues inondées, les drones, eux, offrent des avantages quand il s’agit de surfaces plus petites ou de complexes industriels. Résolution – le maître-mot dans le secteur Grâce à la diversité des fournisseurs de données, la résolution temporelle s’est nettement améliorée au cours de ces dernières années. Aujourd’hui, de nombreuses régions de la Terre sont survolées pratiquement tous les jours par au moins un système prenant des images de celles-ci. Autrefois, cela se produisait plutôt une fois par semaine. Mais de nos jours, le défi consiste à repérer les données appropriées dans cette « jungle de fournisseurs » fortement fragmentée. La résolution spatiale, c’est-à-dire la capacité d’enregistrer des détails, constitue un critère essentiel dans le cadre de l’imagerie satellite numérique. Plus le nombre de cellules de trame (pixels) disponibles pour l’enregistrement d’une surface donnée est important, plus le niveau de détails est élevé. Alors qu’autrefois, des résolutions de l’ordre de plusieurs dizaines de mètres étaient d’usage, de nos jours, on peut identifier des objets à une échelle décimétrique. Les experts l’appellent THR, « très haute résolution ». Cette « finesse des détails » permet de distinguer clairement des bâtiments, des infrastructures et même des véhicules. En revanche, il faut être prêt à recueillir un volume de données sensiblement plus élevé, ce qui ne devrait pas poser de problème, surtout lorsque les régions analysées sont de petite taille. Munich Re Topics Geo 2015 67 NatCatSERVICE et Recherche Données d’observation de la Terre (satellites, vues aériennes, drones) : valeur ajoutée pour l’industrie des assurances illustrée au moyen d’exemples choisis Données brutes ­d’observation de la Terre Traitement d’image en rapport avec le risque Combinaison avec des données d’assurance Valeur ajoutée pour la gestion des risques Zones d’impact d’un évènement Visualisation Surfaces ­urbanisées Surfaces agricoles Modèles ­topographiques numériques Catégories de bâtiments Indice de ­végétation Zones arides Détection d’incendies de forêt Fuites de chaleur Surveillance ­systématique (avant/après) Garanties ­(marché/client) Vulnérabilité Scénarios Lieux du risque Zones de cumuls Sites à risques Sinistres Complexes ­industriels Pénétration de l’assurance Modélisation en 3D Source des images satellites : GAF AG, © Antrix, GAF, ASI, e-geos, Airbus, ­DigitalGlobe, USGS/NASA 68 Munich Re Topics Geo 2015 Modélisation des risques Évaluation des risques Estimation des sinistres Contrôle des cumuls Détection de fraudes Potentiels de marchés Développement de produits innovant Outre la résolution temporelle et spatiale, la résolution spectrale joue un rôle important pour les capteurs de télédétection. Celle-ci dépend des longueurs d’ondes du rayonnement électromagnétique saisies par les capteurs (lumière visible, infrarouge proche ou lointain, par exemple). Habituellement, les satellites réalisent des prises de vue sur différents canaux spectraux. Quand ils saisissent la lumière visible, cela ressemble à la vue depuis un avion. Les canaux infrarouges, par contre, peuvent renseigner sur l’état de la végétation ou la vitalité des plantes. Cela est utile pour l’assurance des risques agricoles et les estimations de récolte. Les images thermiques affichent des différences de température et sont utilisées pour les questions climatiques et la surveillance des centrales, notamment en vue de détecter des fuites de chaleur. Parmi les images pouvant être fournies par les différents canaux spectraux, on peut aussi citer les prises de vue radar fonctionnant selon le principe RSO (radar à synthèse d’ouverture). Leur principal avantage est qu’elles ne sont pas tributaires des conditions météorologiques parce qu’elles permettent de voir ce qu’il y a sous la couche nuageuse. Construire des passerelles Les données satellites font partie des « géodonnées » étant donné qu’elles sont dotées d’un géoréférencement. Par conséquent, ces informations sont principalement utilisées dans le cadre de l’analyse des risques naturels. Les experts en géorisques y ont aussi recours pour la surveillance météorologique à court terme et pour la surveillance climatique à long terme. Les outils de prestations de service aux clients font également appel aux données satellites, notamment pour la visualisation et l’orientation, comme c’est le cas dans Google Earth. Ce programme, qui n’existe que depuis 2005, est devenu indispensable pour un grand nombre d’applications cartographiques. Notre outil de prestations de service en matière de risques naturels NATHAN (Natural Hazards Assessment Network) repose aussi sur ces techniques de visualisation. Les informations satellites sont moins « visibles » dans les analyses complexes de données, comme par exemple dans les cartes des risques naturels. Cela vaut tant pour notre zonage des risques de grêle que pour notre carte des risques d’incendie de forêt ou les zones de risques d’inondation détaillées. Ces dernières utilisent des modèles topographiques numériques exacts établis à partir d’images satellites. Les données satellites ont tout d’abord commencé à être utilisées dans la souscription et la gestion des risques par le biais des applications post-évènement et post-catastrophe. On se sert ici d’images actuelles pour déterminer la zone sinistrée et, dans le meilleur des cas, aussi l’intensité des dommages. En recourant à des procédés géoanalytiques, ces zones d’impact peuvent ensuite être mises en rapport avec les garanties consenties. Il est ainsi possible de réaliser rapidement des estimations du dommage réalistes pour l’assurance Dommages et l’assurance des risques agricoles. La résolution temporelle de meilleure qualité apporte un support technique sous forme d’images qui aide à mieux accomplir les tâches de surveillance. On pourrait envisager des applications dans le domaine de l’ingénierie qui permettent d’observer l’avancée de projets de construction ou bien le développement et l’état d’installations infrastructurelles. Formuler les besoins de manière ­précise Par le passé, il s’est avéré à de nombreuses reprises que le dialogue entre les gestionnaires de risques et les fournisseurs de données ou de services ne se déroulait pas de façon optimale. La raison en était principalement qu’il y avait un manque de compréhension mutuelle et que les besoins des gestionnaires de risques ou les limites techniques des fournisseurs n’étaient pas assez pris en considération. Avec l’avancée du Big Data et du Data Analytics dans de plus en plus de domaines d’activité, le nombre de nouveaux fournisseurs et start-up proposant des solutions pour les assureurs s’est multiplié. Pour une collaboration fructueuse, il est avant tout nécessaire que les fournisseurs étudient les moyens techniques dont ils disposent pour répondre aux besoins des gestionnaires de risques. Les experts en risques doivent également apporter leur contribution. Ils doivent donner une orientation plus claire aux fournisseurs de données afin d’exploiter le potentiel d’innovation technique. Les demandes telles que « nous avons besoin de meilleures données de sinistres » sont définitivement trop imprécises et donnent immanquablement lieu à des déceptions de part et d’autre. Il ne faut pas sous-estimer le long chemin que parcourent les images et les données qu’elles contiennent, car, pour devenir des informations exploitables pour la souscription, celles-ci doivent en partie passer par des procédés de traitement d’images et d’interprétation complexes. Nos experts dans le domaine des géodonnées et des satellites se tiennent à la disposition de nos clients et de toutes les personnes intéressées pour mener avec eux un dialogue professionnel. Munich Re Topics Geo 2015 69 BLINDTEXT NatCatSERVICE et Recherche Violents orages sur l’Europe Eberhard Faust L’intensité des orages a augmenté dans certaines régions européennes au cours des dernières années. La prévention reste la condition sine qua non pour réduire la gravité des sinistres. zone méditerranéenne et se dirige vers le nord ont souvent pour origine une dépression située dans l’ouest du bassin méditerranéen, mais sont provoqués en raison de la présence locale de cellules orageuses. Les orages violents peuvent se produire partout en Europe. Une activité orageuse particulièrement élevée est présente dans les régions du sudouest, du centre, du sud et du sud-est du continent : l’activité la plus intense a été constatée dans le nord de l’Italie, dans la plaine du Pô, directement au sud des Alpes. L’activité est également intense au nord des Alpes, dans un corridor en forme de coude qui s’étend de la moitié nord de la Suisse jusqu’aux régions autrichiennes, en passant par le sud de l’Allemagne. On retrouve encore d’autres régions touchées au pied des Pyrénées et dans le sud-est de l’Espagne, près du Massif Central en France, ainsi que dans les régions montagneuses du sud-est de l’Europe. Les principaux responsables de sinistres Directement au-dessus des hautes montagnes, l’activité orageuse intense est réduite car en raison des températures faibles qui y règnent au niveau du sol et du faible taux d’humidité, l’action de la convection est elle aussi faible, en moyenne. Dans les régions européennes du nord et du nord-ouest, ce qui inclut également les côtes, l’activité orageuse baisse progressivement. Les sinistres liés aux inondations de l’automne sur la côte méditerranéenne française ou dans le nord de l’Italie dues à un flux entrant qui part de la 70 Munich Re Topics Geo 2015 Les années passées, les graves orages qu’a subis l’Europe ont souvent provoqué des sinistres assurés, de plus d’un milliard d’€, principalement à cause de la grêle et des bourrasques, mais aussi suite aux crues éclair. Par exemple, les graves orages des 27 et 28 juillet 2013 qui se sont abattus dans le nord et le sud-est de l’Allemagne ont coûté aux assurances 3,8 milliards de $US. Souvent, les bâtiments sont eux aussi endommagés par les grêlons qui, du fait qu’ils ne tombent pas directement à la verticale sous l’effet du vent, attaquent les murs isolés de l’extérieur et enlèvent la mince couche de crépi jusqu’au tissu armé. D’autres surfaces verticales, par exemple les éléments de façade, les enseignes lumineuses ou les systèmes de protection solaire des vitrines, sont aussi endommagés. En règle générale, on constate que les toits et les murs/ éléments de façade des bâtiments sont les acteurs principaux des sinistres dus à la grêle. Les dégâts sur les toitures et à l’intérieur des bâtiments peuvent être amplifiés par les pluies ultérieures qui pénètrent surtout dans les vieux bâtiments dont l’intérieur n’est plus protégé à cause des toitures détruites. Les dix plus gros sinistres normalisés assurés dus aux orages intenses en Europe depuis 1980 Les sinistres des années passées ont été convertis sur la base de l’évolution du PIB de chaque pays afin de les estimer comme des biens sinistrables existants (valeurs pour 2015). Sept des dix plus gros évènements dépassent un milliard de $US en sinistres assurés. Et sept des dix plus gros sinistres ont eu lieu au cours des huit dernières années. Les valeurs annuelles des sinistres normalisés dus aux orages intenses sont consultables en ligne (www.munichre.com/topicsgeo2015). Date 27–28.7.2013 7–10.6.2014 Évènement Pays touchés Total des sinistres, en millions de $US (valeur 2015) Sinistres assurés, en millions de $US (valeur 2015) Tempêtes de grêle, intempéries Allemagne 5 000 3 800 Intempéries (Ela), tempêtes de grêle France, Belgique, Allemagne 3 800 3 000 Tempêtes de grêle Allemagne (Munich) 5 400 2 700 12.7.1984 Morts 6 28.5–2.6.2008 Intempéries (Hilal), crues éclair Allemagne 1 800 1 300 3 23–24.7.2009 Intempéries, tempêtes de grêle Autriche, République tchèque, Allemagne, Pologne, Suisse 2 200 1 300 11 15.6.2010 Crues éclair, inondations Sud de la France 1 600 1 100 4–9.11.2011 Inondations, crues éclair France, Italie, Espagne 2 100 1 100 2–3.7.2011 Crues éclair, intempéries Danemark (Copenhague) 1 500 900 3–4.10.1988 Crues éclair Sud de la France 1 400 870 3–9.11.1987 Crues éclair, glissements de terrain Sud-est de l’Espagne 4 400 820 27 15 11 16 Source : Munich Re, NatCatSERVICE Outre les dégâts sur les bâtiments d’habitation et industriels, les dégâts supportés par les assurances de transport et automobiles contribuent fortement au montant total des sinistres, en particulier quand des entrepôts de voitures ou de nombreux véhicules en circulation aux heures de pointe sont touchés. Il est clair que si les matériaux de construction ont une plus grande valeur, ce qui entraîne aussi des réparations plus coûteuses, les sinistres dus aux orages violents et surtout à la grêle et aux bourrasques augmentent eux aussi. La situation des risques potentiels change De récentes recherches scientifiques suggèrent que les sinistres potentiels issus des épisodes de grêle en Europe n’évoluent pas simplement en raison de la croissance des valeurs sinistrables et des coûts de réparation. La fréquence et l’intensité des orages subissent, elles aussi, une évolution. Le potentiel énergétique des processus convectifs est décrit par l’énergie potentielle de convection disponible (CAPE = Convective Available Potential Energy) des orages : les caractéristiques thermodynamiques de l’atmosphère et leurs limites inférieures permettent de déduire si l’énergie disponible est suffisante pour des processus convectifs. Les relevés nécessaires pour cette analyse sont effectués régulièrement par des stations météorologiques configurées Munich Re Topics Geo 2015 71 NatCatSERVICE et Recherche spécifiquement dans ce but. Une étude récente (Mohr und Kunz 2013) a constaté au niveau de ces stations d’importantes tendances à la hausse généralisées pour l’énergie orageuse potentielle disponible en Europe sur la période de 1978 à 2009. Les régions principalement touchées sont l’Europe Centrale et de l’Est, mais également le sud de la France et le nord de l’Italie. Cette augmentation est principalement due à la croissance de l’humidité dans les couches inférieures de l’atmosphère, une conséquence physique inévitable du réchauffement à long terme. Au-dessus des mers chaudes, plus d’eau s’évapore, et l’atmosphère peut présenter une teneur en vapeur d’eau supérieure d’environ 7 % par degré Celsius d’augmentation de température dans un environnement saturé de vapeur d’eau. Dans les processus convectifs lors de la formation d’orages, l’air contenant de la vapeur d’eau monte car il est spécifiquement plus léger que l’air sec environnant. En outre, au niveau de chaque transition des phases de l’eau (gazeuse, liquide, gelée), une énergie thermique supplémentaire se dégage et favorise la convection. L’augmentation de la vapeur d’eau est donc l’élément énergétique qui favorise la convection. Ces tendances mesurées au niveau des stations qui influencent l’énergie orageuse disponible correspondent également aux tendances constatées pour d’autres indices de convection. Cependant, ces grandeurs informent uniquement sur le potentiel orageux, pas sur la probabilité et la fréquence d’évolution de ce potentiel vers des orages intenses en raison des mécanismes de déclenchement comme les vastes processus d’élévation ou les fronts. L’énergie cinétique de la grêle augmente Pour le sud-ouest de l’Allemagne, les données des assurances, par exemple le nombre de jours de sinistres de grêle avec des sommes dépassant certaines valeurs limites, démontrent une augmentation des évènements qui vont de pair avec 72 Munich Re Topics Geo 2015 l’augmentation locale de l’énergie orageuse disponible et avec d’autres variables liées aux orages (Kunz et al. 2009). Des observations réalisées en France (Atlantique/Pyrénées) avec des grêlimètres (hail pads) qui mesurent l’énergie cinétique des grêlons ont constaté des augmentations considérables de la moyenne annuelle de l’énergie cinétique par averse de grêle, de l’ordre de 70 % sur la période de 1989 à 2009 (Berthet et al. 2011), mais sans démontrer une tendance quelconque sur la fréquence annuelle des évènements de chutes de grêle. Dans le nord de l’Italie aussi, d’importantes croissances de près de 60 % de l’énergie cinétique d’évènements intenses (les 10 % supérieurs) ont été observées sur la période de 1975 à 2009 (Eccel et al. 2012). Dans ce contexte, il est intéressant de noter que le niveau d’altitude de l’isotherme 0 °C influence considérablement la granulométrie lors d’un évènement grêligène, et donc l’énergie cinétique. Plus le réchauffement augmente, plus le niveau d’altitude de l’isotherme 0 °C monte. Dans ces conditions, lors d’un orage de grêle, les plus petits grêlons (environ < 1cm de diamètre) fondent plus rapidement pendant leur chute. C’est pourquoi les analyses des grêlimètres affichent des diminutions correspondantes lorsque la frontière de l’isotherme 0 °C se situe à une altitude plus élevée. En revanche, dans les couches plus importantes situées sous la frontière de l’isotherme 0 °C, il se forme en moyenne une zone de vents ascendants plus prononcée qui peut produire des grêlons plus gros quand il fait plus chaud. C’est pourquoi, dans ce cas, il y a plus de gros grêlons (environ > 1 cm de diamètre) qui arrivent au sol. Comme l’altitude moyenne de l’isotherme 0 °C a augmenté au cours des années passées, on peut supposer que ce processus a déjà contribué à l’augmentation de l’énergie cinétique observée lors des épisodes de grêle, et qu’il pourrait à l’avenir contribuer encore plus à cette croissance (Dessens et al. 2015). Les évènements grêligènes sont de plus en plus fréquents En ce qui concerne les changements futurs de l’activité orageuse dans le cadre du changement climatique, le cinquième Rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat paru en 2013 constate : « D’une manière générale, les évènements observés dans les régions du monde analysées jusqu’à présent suggèrent une tendance selon laquelle les conditions environnementales sont propices aux orages intenses, mais trop peu d’études y ont été consacrées pour permettre d’évaluer la probabilité de cette évolution » (IPCC 2013, WG I, p. 1078). Citons ici deux études qui ont eu pour objet d’évaluer différents sinistres assurés : dans le cas d’une hausse de la température de 1 °C, l’augmentation du coût des sinistres causés par la grêle est, aux Pays-Bas, de l’ordre de 25 à 29 % pour l’assurance des cultures en extérieur, et de 116 à 134 % pour l’assurance de l’horticulture sous serres (Botzen et al. 2010). Les projections réalisées dans le cadre d’un projet du Gesamtverband der Deutschen Versicherungs­ wirtschaft (GDV – Fédération allemande des sociétés d’assurances), conduit en partenariat avec des instituts de recherche sur le climat, indiquent, en ce qui concerne le taux de sinistres annuel de l’assurance Habitation résultant des intempéries estivales dominées par la grêle, pour la période de 2011 à 2040, une augmentation de 15 % par rapport à la période de référence allant de 1984 à 2008 ; pour la période de 2041 à 2070, ces projections prévoient une augmentation de 47 %. Le scénario d’émission présupposé (SRES A1B) et le réchauffement global qui en résulte devraient rester plus ou moins constants jusqu’aux années 2040 (Gerstengarbe et al. 2013) si la limite du réchauffement est maintenue à 2 °C. Mais au delà des pourcentages, qui cachent en fait de nombreuses incertitudes en ce qui concerne les modèles et les scénarios de concentration des gaz à effet de serre, il faut savoir que, même si l’humanité parvenait à ne pas dépasser la limite des 2 °C, on doit quand même s’attendre à une augmentation considérable au cours des décennies à venir. Projection des sinistres causés par les tempêtes/la grêle en été Évolution projetée du taux de sinistres estival résultant des tempêtes/de la grêle (assurance Habitation) pour les périodes 2011 à 2040 et 2041 à 2070, par rapport à la période de référence allant de 1984 à 2008. Les sous-unités spatiales sont définies par des caractéristiques de sinistres homogènes et ne correspondent à aucune région administrative ou courante dans l’assurance. Changement prévu du taux de sinistres moyen annuel tempêtes/grêle en été, pour la période de 1984 à 2008 en Allemagne La prévention pour éviter les sinistres Pour le preneur de risques, cela signifie que les efforts visant à améliorer la résistance à la grêle des matériaux de construction, l’utilisation de filets anti-grêle et d’une manière générale, les efforts pour la prévention des sinistres vont prendre de plus en plus d’importance. Car, outre les changements possibles en termes de risques, les biens sinistrables vont eux aussi augmenter. Pour cette raison, le secteur de l’assurance favorise les mesures visant à améliorer la capacité de résistance des bâtiments. En Suisse, l’Association des établissements cantonaux d’assurance incendie a introduit le « Répertoire de la protection contre la grêle » qui classe le niveau de résistance à la grêle déterminé pour différents matériaux utilisés comme enveloppe du bâtiment. Les entreprises peuvent soumettre leurs produits à une procédure de certification lors de laquelle les surfaces sont soumises à des tirs de grêlons aux caractéristiques définies. Si l’essai est réussi, ces produits sont ajoutés à ce répertoire. Grâce à des initiatives de ce type, les fabricants de matériaux peuvent intégrer la prévention des sinistres à leur avantage sur leurs concurrents. La prévention peut donc être prise en compte dès la conception par les maîtres d’ouvrage de sorte à minimiser la probabilité des coûts élevés en réparations. 1984–2008 Taux de sinistres moyen : 0,034 ‰ Taux de sinistres 0,00 0,05 0,10 0,15 2011–2040 Différence moyenne par rapport à 1994–2008 : +0,005 (+15 %) Différence sur la période 1984–2008 –0,01 0,00 0,01 0,02 0,03 2041–2070 Différence moyenne par rapport à 1994–2008 : +0,016 (+47 %) Différence sur la période 1984–2008 –0,01 0,00 0,01 0,02 0,03 >> Pour les références à cet article, voir l’article au même intitulé sur notre site Internet www.munichre.com/topicsgeo2015 Source : rapport final du projet mené par la Fédération allemande des sociétés ­d’assurances (GDV) sur les répercussions du réchauffement climatique sur la ­sinistralité dans le secteur de l’assurance en Allemagne, décembre 2011 Munich Re Topics Geo 2015 73 NatCatSERVICE et Recherche Séismes virtuels en 3D Marco Stupazzini Les superordinateurs permettent de simuler des tremblements de terre et leurs répercussions en 3D. L’analyse de ces simulations fournit un outil précieux pour la gestion des risques, même si le domaine d’utilisation est encore limité. Le 17 janvier 1995, un puissant séisme a ravagé la ville de Kobe, au Japon. Il a fait près de 6 500 morts et plusieurs dizaines de milliers de sans-abri. Après cette catastrophe, le gouvernement japonais a fait construire « E-defense », la plus grande table vibrante du monde (www.bosai.go.jp/hyogo). Il s’agit d’une installation impressionnante pouvant simuler le comportement des bâtiments lors de tremblements de terre en leur imposant des mouvements dans les trois dimensions de l’espace. Cette immense plateforme expérimentale a ouvert aux ingénieurs des possibilités d’analyse radicalement nouvelles et a permis à un certain nombre de scientifiques de réaliser leur rêve en soumettant des édifices à de fortes oscillations du sol pour les tester. Pourrait-on aussi faire de même pour les séismes ? Serait-il possible, dans le cadre d’une gigantesque expérience, de déclencher des secousses telluriques dans le but d’étudier leurs effets ? Deux choses s’y opposent : d’une part, ce serait extrêmement difficile car même un petit séisme de 74 Munich Re Topics Geo 2015 magnitude Mw = 5,0 libère à lui seul une quantité d’énergie comparable à celle de la bombe larguée sur Hiroshima en 1945. D’autre part, ce serait très risqué. Mais heureusement, il existe une autre façon de procéder. Les superordinateurs permettent de créer un laboratoire virtuel dans lequel des évènements rares et imprévisibles tels que les tremblements de terre peuvent être simulés et analysés sous certains aspects physiques. On va ainsi pouvoir collecter de nouvelles données scientifiques, car les séismes restent un phénomène complexe et dynamique dans le cadre duquel la propagation des ondes joue un rôle central. Pour évaluer les répercussions d’un évènement, on utilise jusqu’à présent des cartes statiques montrant les amplitudes maximales du mouvement du sol observées ou obtenues par modélisation. Même si cette méthode a ses limites, elle s’avère judicieuse dans la plupart des cas : −−La carte est normalement calculée sur la base des équations de prédiction du mouvement du sol (GMPE – Ground Motion Prediction Equations), autrement dit à partir d’un modèle de régression empirique simplifié reposant sur l’observation des mouvements du sol lors de séismes précédents. Ce modèle doit permettre de prévoir l’ampleur des mouvements en fonction d’autres paramètres tels que la distance par rapport à l’épicentre, la magnitude du séisme, le mécanisme au foyer et les effets du soussol (intensification ou amortissement). −−Ce sont les données relevées lors d’un séisme, pour autant qu’on en dispose, qui servent à améliorer la carte. −−Par conséquent, il est tout à fait possible que cette carte ne tienne pas compte ou ne rende pas les effets spécifiques du séisme considéré. Un tremblement de terre libère en peu de temps une énorme quantité d’énergie, principalement sous la forme de mouvements, mais aussi de son et de chaleur. Il génère donc d’une part des déplacements du sol durables, et d’autre part des ondes sismiques qui se propagent dans le sol. Si l’on disposait d’un nombre suffisant de sismomètres (appareils capables d’enregistrer les mouvements du sol en fonction du temps) installés aux bons endroits, il nous serait possible de représenter ce mouvement ondulatoire élasto-dynamique comme un film. En règle générale, cela n’est malheureusement pas faisable car peu de pays disposent de réseaux de points de mesure suffisamment denses ; par ailleurs, il faut souvent attendre longtemps avant que ne se produise un autre séisme. Par le biais des GMPE, il est généralement possible, lors d’un tremblement de terre, de calculer le mouvement du sol à partir de la magnitude du séisme, de la distance par rapport à l’épicentre et des conditions géologiques locales. Mais cela n’est pas toujours le cas, notamment lorsque la région concernée présente une géologie complexe et qu’elle se trouve tout près de la source sismique, autrement dit de la faille ellemême. Dans ce cas, pour pouvoir décrire correctement les mouvements du sol, une modélisation s’appuyant sur d’autres paramètres physiques s’impose. Pour mieux comprendre, prenons une analogie simple : supposons qu’à l’aéroport vous récupérez votre valise sur le tapis roulant du carrousel à bagages. Vous constatez alors que le code de la serrure ne fonctionne pas : en effet, ce n’est pas la bonne valise. Vous vous êtes fié(e) à certaines caractéristiques de votre valise (couleur, taille, poids) que celle-ci partage avec de nombreux autres bagages. Vous avez correctement identifié la « valise moyenne », mais ce n’est pas elle qui vous intéresse. Ce que vous voulez, c’est retrouver le bon bagage, c’est-à-dire le vôtre. San Francisco, Los Angeles et Tokyo sont trois exemples dans le cas desquels on ne devrait pas, en termes de gestion des risques, se fier au mouvement du sol moyen dont les prévisions font état. Si l’on ne tient pas compte des corrélations spatiales dans le cas de ces villes, on risque de commettre de grosses erreurs lors de l’évaluation des dommages. La simulation basée sur la physique est une technique qui tient compte de ce type de données et donne un tableau plus réaliste du scénario sismique approprié. C’est une méthode qui se distingue substantiellement des équations de prédiction du mouvement du sol, dans la mesure où elle décrit la physique des tremblements de terre de manière plus réaliste. Par contre, les GMPE visent à modéliser l’accélération maximale du sol de façon simplifiée à l’aide de paramètres s’appuyant moins sur des observations. La méthode de la simulation basée sur la physique est donc appropriée lorsqu’il s’agit de reproduire certaines propriétés complexes des matériaux ou des phénomènes de propagation des ondes sismiques tels que les effets de champ proche au voisinnage immédiat de l’hypocentre et les effets de résonance dans les bassins à sol/sous-sol alluvial mou ou dans la croûte terrestre. La modélisation du séisme du 22 février 2011 à Christchurch est un exemple qui illustre bien à quel point cette méthode est performante. Pour réaliser cette modélisation, on a comparé la totalité du déroulement temporel du tremblement de terre, et pas seulement le mouvement maximal du sol, avec les sismogrammes modélisés. Les résultats ont montré que cette technique est suffisamment perfectionnée pour permettre, au sein d’un domaine de fréquence donné, de mieux comprendre les mouvements du sol à proximité d’une faille, dans un environnement 3D extrêmement complexe du point de vue géotechnique et géologique. La méthode de la simulation basée sur la physique ayant prouvé sa fiabilité, sismologues et ingénieurs ont décidé de reproduire les mouvements sismiques de tremblements de terre survenus dans le passé et de simuler les mouvements du sol générés par la rupture de failles bien connues. Ce type de simulations a été réalisé non seulement pour San Francisco, Los Angeles et Tokyo, mais aussi pour Istanbul, Wellington et Santiago du Chili. Mais l’utilisation de cette technique est encore limitée, car elle ne fonctionne que dans les régions pour lesquelles on dispose d’une quantité suffisante d’informations géotechniques et géologiques de qualité. Les coûts de réalisation des calculs sont par ailleurs très élevés. Néanmoins, il s’agit sans aucun doute d’une approche prometteuse pour comprendre les conséquences des tremblements de terre, phénomène naturel rare mais potentiellement destructeur. En collaboration avec l’École polytechnique de Milan, Munich Re travaille à une méthode permettant d’exploiter les avantages de la simulation basée sur la physique et d’intégrer des scénarios en 3D dans nos modèles probabilistes de tremblement de terre (http:// speed.mox.polimi.it). Propagation des ondes sismiques Exemples de simulation basée sur la physique : les trois premières images montrent les vitesses du sol modélisées (en centimètres par seconde), perpendiculairement à la faille, pour un scénario de magnitude 7,0 survenant dans les environs d’Istanbul. On y voit les ­clichés pris 15, 25 et 35 secondes après le début de la rupture. La photo du bas montre la vitesse maximale du sol mesurée dans la zone examinée. Temps : 15 s Temps : 25 s Temps : 35 s Vitesse maximale du sol Sources : Munich Re, Politecnico di Milano Munich Re Topics Geo 2015 75 Contacts 76 Dr.-Ing. Wolfgang Kron est Senior Consultant pour les risques hydrologiques dans le département Geo Risks Research. [email protected] Dr. Doris Anwender est ­Consultant pour les risques atmosphériques au sein du département Corporate ­Underwriting/Geo Risks. [email protected] Petra Löw est Consultant au sein de NatCatSERVICE dans le département Geo Risks Research. [email protected] Mark Bove est météorologue dans le département Underwriting ­Services/Risk Accumulation chez Munich Reinsurance America, Inc. [email protected] Twitter: @MarkCBove Wilhelm Morales Avilés est ­Consultant pour les risques geophysiques dans le département Corporate Underwriting/Geo Risks. [email protected] Dr. Jan Eichner est Senior Consultant au sein du département Geo Risks Research et directeur de NatCatSERVICE. [email protected] Ernst Rauch dirige le Corporate Climate Centre dans le département Geo Risks Research. [email protected] https://au.linkedin.com/in/­ ernst-rauch-b5174b101 Dr. Eberhard Faust est expert en chef pour les risques naturels au sein du département Geo Risks Research. [email protected] Andreas Siebert dirige le secteur spécialisé Geospatial Solutions dans le département Corporate Underwriting. [email protected] https://au.linkedin.com/in/­ andreassiebert Prof. Dr. Dr. Peter Höppe dirige le département Geo Risks Research/Corporate Climate Centre. [email protected] https://de.linkedin.com/in/peterhoeppe/de Markus Steuer est Consultant au sein de NatCatSERVICE dans le département Geo Risks Research. [email protected] Dr. habil. Martin Käser est Senior Consultant pour les risques géophysiques dans le département Corporate Underwriting/Geo Risks. [email protected] https://de.linkedin.com/in/ käser-munich-mr-600631101 Dr. Marco Stupazzini est ­Consultant pour les risques géophysiques au sein du département Corporate Underwriting/ Geo Risks. [email protected] https://www.linkedin.com/in/ marcostupazzini Munich Re Topics Geo 2015 © 2016 Münchener Rückversicherungs-Gesellschaft Königinstrasse 107 80802 München Téléphone : +49 89 38 91-0 Téléfax : +49 89 39 90 56 www.munichre.com Responsable du contenu Geo Risks Research/Corporate Climate Centre Contact Dr.-Ing. Wolfgang Kron Téléphone : +49 89 38 91-52 60 Téléfax : +49 89 38 91-7 52 60 [email protected] Date de clôture de la rédaction : 15 janvier 2016 Rédaction Beate Brix, Munich Re Numéros de commande Allemand 302-08874 Anglais 302-08875 Français 302-08876 Espagnol 302-08877 Italien 302-08878 Téléchargement Les données, analyses, statistiques et graphiques actuels sont téléchargeables gratuitement sur notre site : www.munichre.com/touch >>> NatCatSERVICE Downloadcenter Impression Kastner & Callwey Medien GmbH Jahnstrasse 5 85661 Forstinning Allemagne Illustrations Titre, P. 61 (4) : Beawiharta/Reuters/Corbis P. 1 : Andreas Pohlmann P. 2 : Andy Aitchison/Corbis P. 3 (1), 30, 33 : David Ramos/Getty Images AsiaPac P. 3 (2) : GAF AG, © Antrix, GAF, Airbus, DigitalGlobe P. 4, 7 : Stanko Gruden/Agence Zoom/Getty Images P. 8, 11 : Pablo Castagnola P. 12 : Jonas Gratzer/LightRocket/Getty Images P. 14 : Gideon Mendel/Corbis P. 16 : Boris Roessler/picture alliance/dpa P. 18 : Thierry Falise/LightRocket/Getty Images P. 19 : Kevin Sprouls P. 27 : NASA P. 31 : Prakash Mathema/AFP/Getty Images P. 35 : Eye Ubiquitous P. 37 : Pablo Sanhuez/AFP P. 40 : AFP/Getty Images P. 41 : Brett Gundlock/Getty Images P. 43, 44 : Omar Torres/AFP/Getty Images P. 45 : Gregory Bull/picture alliance/AP Images P. 49 : Rob Henderson/Getty Images P. 50 (1) : Iwan Setiyawan/picture alliance/Associated press P. 50 (2) : SeM/Universial Picture Group/Getty Images P. 51 (1) : Hulton Archive/Getty Images P. 51 (2) : Munich Re P. 51 (3) : Reuters Photographer/Reuters/Corbis P. 51 (4) : John Downing/Getty Images P. 51 (5) : Carlos Barria/Reuters/Corbis P. 52 : De Agostini Editorial P. 60 (1) : Eric Lafforgue/Art in All of Us/Corbis P. 60 (2) : Johnathan Ernst/Reuters/Corbis P. 60 (3), 61 (3) : Jason Reed/Reuters/Corbis P. 60 (4) : Danish Siddiqui/Reuters/Corbis P. 60 (5) : Daniel Kramer/Reuters/Corbis P. 60 (6) : Harish Tyagi/picture alliance/dpa P. 60 (7), 61 (8) : Stringer/Reuters/Corbis P. 60 (8) : Eric Gaillard/Reuters/Corbis P. 60 (9) : Chen Yonghong/Xinhua Press/Corbis P. 61 (1) : Ivan Alvarado/Reuters/Corbis P. 61 (2) : Catrinus Van Der Veen/picture alliance/dpa P. 61 (5) : Issei Kato/Reuters/Corbis P. 61 (6) : Noah Berger/Reuters/Corbis P. 61 (7) : Randall Hill/Reuters/Corbis P. 61 (9): Andrew Yates/Reuters/Corbis P. 67 : Image Makers/Getty Images P. 70 : Barcroft Media/Getty Images P. 76 : Fotostudio Meinen Topics Geo – 50 catastrophes naturelles graves survenues en 2015 N° Date Évènement 1 Janv.–mars Inondations Région 2 Janv.–déc. Sécheresse Malawi, Mozambique États-Unis 3 Janv.–déc. Sécheresse Inde 4 Janv.–déc. Sécheresse 5 8–11/1 6 1–16/2 7 16–25/2 8 18–21/2 9 Fév.−mars 10 9–16/3 11 23–26/3 12 30/3–1/4 Afrique australe Tempêtes d’hiver Allemagne, Elon, Felix Scandinavie, Royaume-Uni Inondations, intem- Bulgarie, Grèce péries Tempête hivernale États-Unis, Canada Cyclone Marcia Australie Avalanches, dégâts Afghanistan causés par l’hiver Cyclone Pam, onde Vanuatu de tempête Crues éclair Chili 13 7–10/4 Tempête d’hiver Niklas Intempéries Allemagne, Pays-Bas États-Unis 14 18–21/4 Intempéries États-Unis 15 19–24/4 Australie 16 25/4 Tempête d’hiver, crues éclair Séisme 17 25/4 Tempête de grêle Australie Népal 18 30/4–4/5 Crues éclair, intem- Australie péries Sécheresse Roumanie, Pologne 20 Avril–sept. Sécheresse Canada Morts PréjuDomdice mages total assurés en millions de $US 288 1 800 1 500 98 1 500 3 560 21 12/5 Séisme Népal, Inde Chine 24 Mai–juin 25 1/6 26 2-5/6 Inondations, glissements de terrain Intempéries, crues éclair, inondations Vague de chaleur Tornade Crues éclair 27 23/6–7/7 Inondations Chine 28 Juin-août Vague de chaleur Europe 29 Juin-août Inondations Myanmar 23 23–28/5 États-Unis Pakistan, Inde Chine Ghana 14 740 2 800 2 100 1 800 400 291 10 11 520 1 500 500 11 1 400 1 000 3 1 600 1 200 1 300 940 7 1 300 730 9 000 4 800 210 400 330 500 280 6 1 500 1 300 228 800 35 1 000 32 2 700 1 400 20 100 15 27 1 400 1 250 132 300 19 1 000 Sécheresse Éthiopie Incendies de forêt Indonésie 32 2–14/7 Typhon Chan-hom Chine 1 1 400 33 4–5/7 Intempéries, tempête de grêle Allemagne, Belgique 2 450 19 450 125 1 500 37 2–13/8 38 15–25/8 39 25–31/8 40 6–11/9 41 9/9–8/10 42 16/9 Typhon Soudelor, Chine, Taïwan inondations Typhon Goni Japon, Philip(Ineng), inondations pines, Rép. pop. dém. de Corée Tempête tropicale Caraïbes Erika, crues éclair Inondations Japon Incendies de forêt (Napa Valley et Butte) Séisme, tsunami 43 30/9–6/10 Crues éclair, intempéries 44 1–5/10 Typhon Mujigae, inondations 45 2–6/10 Inondations, crues éclair 46 26/10 Séisme 47 17–27/11 48 Nov.–déc. Feux de brousse (Pinery Fields) Inondations 49 Décembre Inondations, tempêtes d’hiver 50 24/12/15– Intempéries, tornades, inondations 2/1/16 600 3 670 444 263 31 Juin–nov. Intempéries, temChine pête de grêle, crues éclair 35 28/7-30/8 Inondations, glisse- Inde ments de terrain 36 Juillet–août Inondations Pakistan 150 31 30 Juin–déc. 34 19–27/7 380 40 19 Avril–août 22 18–22/5 480 500 350 238 180 39 2 800 120 73 2 000 1 400 36 450 8 1 400 650 4 1 600 1 200 Chili 15 800 France 20 950 Chine 22 3 500 États-Unis 21 1 700 Pakistan, Afghanistan Australie 401 300 2 200 Inde 597 3 500 5 3 000 45 1 200 États-Unis Royaume-Uni, Irlande États-Unis Commentaires, description du sinistre Fortes pluies saisonnières, orages, crues éclair. > 1 million de maisons endommagées/détruites. Graves dégâts dans l’agriculture. Apparition d’épidémies. Sans-abri : > 720 000, personnes touchées : > 1,4 million. Sécheresse extrême, précipitations faibles, tarissement de plusieurs lacs, températures élevées. > 12 millions d’arbres touchés. Approvisionnement en eau touché. Récoltes affectées sur plus de 2 000 km2. Environnement sec dû au retard et à la faiblesse de la mousson, > 70 % de déficit pluviométrique. Récoltes affectées sur 37 000 km2, > 30 % de pertes de récoltes. Personnes touchées : 6 millions d’agriculteurs. Environnement sec, précipitations faibles. Approvisionnement en eau touché. Coupures de courant. Commerce interrompu. Pertes dans l’agriculture et l’élevage. Famine. Personnes touchées : > 3,7 millions. 2 systèmes dépressionnaires, fortes vitesses du vent, orages, grêle, fortes pluies et chutes de neige. Plusieurs milliers de bâtiments, d’écoles endommagés. Accidents dûs aux conditions météorologiques, trafic aérien et ferroviaire perturbé. Aéroport (Helgoland) endommagé. Coupures de courant. Orages, fortes vitesses du vent, fortes pluies (93 mm/24 h), onde de tempête. > 2 300 maisons endommagées. Routes inondées. 70 km2 de terres cultivées sous les eaux. Fortes vitesses du vent, tempête de glace, fortes chutes de neige, pluies verglaçante. Maisons endommagées. Canalisations éclatées. Trafic aérien et ferroviaire perturbé. Commerce interrompu. Écoles fermées. Cyclone cat. 5. Orages, rafales jusqu’à 285 km/h, crues éclair. > 55 000 maisons endomm./détruites. Véhicules abîmés. Trafic aérien/ferroviaire touché, ports fermés, exportations de charbon perturbées. Avalanches, tempête de neige, fortes chutes de pluie, de neige, crues éclair. > 9 000 maisons, 2 écoles, mosquées endommagées/détruites. Routes bloquées. Arbres déracinés. Blessés : 96, pers. touchées : > 28 000. Cyclone cat. 5. Rafales jusqu’à 290 km/h, fortes pluies, hautes vagues (jusqu’à 8 m). > 14 000 maisons endommagées/détruites. Récoltes (> 90 %) détruites, pertes de bétail. 150 blessés, pers. touchées : > 160 000. Orages, fortes pluies, glissements de terrain. Débordement de fleuves. > 20 000 maisons endommagées/ détruites. Hôpitaux endommagés. Ponts emportés. Exploit. minière interrompue. Pers. touchées : > 29 000. Fortes vitesses du vent, rafales jusqu’à 150 km/h, fortes pluies. Véhicules endommagés. Dégâts étendus sur les câbles aériens, véhicules ferroviaires endommagés. Trafic aérien perturbé. Porte-conteneur échoué. Orages, tornades, rafales jusqu’à 320 km/h. > 100 maisons endomm./détruites. Voitures, bateaux abîmés. Ponts endomm./détruits. Lignes électr. endomm. Trafic aérien perturbé. Animaux de zoo tués. > 20 blessés. Orages, tornades, vitesses du vent jusqu’à 112 km/h, grêle, fortes pluies. Crues éclair. Maisons, immeubles commerciaux, centre commercial endommagés. Véhicules endommagés. Lignes électriques endommagées. Fortes vitesses du vent, fortes pluies (300 mm/24 h). > 100 maisons endommagées/détruites. Voitures, bateaux, ponts endommagés/détruits. Trafic aérien perturbé, ports fermés, exportations de charbon touchées. MW 7,8. Fortes pluies, avalanches, glissements de terrain. > 920 000 maisons, monuments historiques abîmés/ détruits. Blessés : > 21 000, pers. évacuées : > 65 000, sans-abri : 52 000, personnes touchées : 8,3 millions. Orages, fortes vitesses du vent, fortes pluies, gros grêlons, crues éclair. Plusieurs bâtiments d’usine, entrepôts détruits, nombreuses habitations endommagées. Métro endommagé. Routes inondées. Orages, violentes rafales, fortes pluies (350 mm/24 h). Nombreuses maisons sous les eaux. Plantages, récoltes (surtout bananes, noix de macadamia, fraises, canne à sucre) endommagés/détruits. Environnement sec, précipitations faibles. Approvisionnement en eau touché. Pertes dans l’agriculture, > 16 600 km2 de terres cultivées, aquaculture, tourisme touchés. Environnement sec (40 % de la quantité normale de précipitations). Récoltes diminuées de 30 %, infestation d’insectes, cheptel réduit. 80 % des agriculteurs touchés. Répliques atteignant MW 7,3, autres secousses jusqu’à MW 6,3. Glissements de terrain, éboulements de rochers. > 760 maisons endommagées/détruites. Blessés : > 3 600, sans-abri : > 3 900, personnes touchées : 7 800. Fortes pluies saisonnières, coulées de boue. Écroulement d’un immeuble de 9 étages, > 84 000 maisons endommagées/détruites. Pertes dans l’agriculture. Personnes évacuées : > 290 000, personnes touchées : > 3,7 millions. Orages, tornades, grêle, fortes pluies. Débordement de fleuves, digues submergées. > 5 000 maisons endommagées/détruites. 10 000 véhicules endommagés. Ponts détruits. Températures élevées (48 °C). Décès dus à la canicule. Orages, fortes vitesses du vent, fortes pluies. Naufrage d’un bateau de croisière sur le Yangtsé. Fortes pluies > 180 maisons endommagées/détruites, écoles inondées. Approvisionnement en eau touché. Coupures de courant. Blessés : > 400, sans-abri : > 14 000, personnes touchées : > 51 000. Fortes pluies saisonnières, crues éclair, glissem. de terrain. > 170 000 maisons endommagées/détruites. Pertes dans l’agriculture, > 900 km2 de terres cultivées touchées. Sans-abri : 230 000, pers. touchées : > 9,6 millions. Diverses vagues de chaleur. Températures jusqu’à 45 °C. Routes endommagées. Approv. en eau touché, exploitations fermées car pénurie d’électricité. Hécatombe de poissons dans les rivières. Décès dus à la canicule. Fortes pluies saisonnières (200 mm/24 h), crues éclair. > 520 000 maisons endommagées/détruites. Centres médicaux, monastères, écoles endommagés. Grosses pertes dans l’agriculture. Pers. touchées : > 1,8 million. Graves situations de sécheresse, précipitations faibles. Pénurie de nourriture. Personnes touchées : > 7,1 millions. Feux de forêt, de brousse, incendies de surface, > 26 000 km2 détruits par les flammes. Fumée répandue sur une large échelle, smog, pollution de l’air. Aéroports, 6 000 écoles fermés. Personnes touchées : 40 millions. Typhon de catég. 4. Vitesses du vent atteignant jusqu’à 190 km/h, crues éclair, glissements de terrain, onde de tempête. > 3 700 maisons endommagées/détruites. Pertes dans l’agriculture. Personnes évacuées : > 1,4 million. Personnes touchées : > 3,5 millions. Système dépressionnaire, orages, grêle (grêlons de 9 cm de diamètre), fortes pluies, crues éclair. De nombreuses habitations et une église endommagées. Plusieurs centaines de véhicules endommagés. Dommages causés aux installations photovoltaïques. Fortes vitesses du vent, grêle, fortes pluies (250 mm/24 h). >27 000 maisons endommagées/détruites. Centrales hydrauliques détruites. Véhicules emportés par les eaux. Personnes évacuées : > 160 000, personnes touchées : > 4,1 millions. Fortes pluies saisonnières, crues éclair, glissements de terrain. Plusieurs milliers de villages inondés. > 820 000 maisons endommagées/détruites. Pertes considérables dans l’agriculture. Personnes touchées : > 106 millions. Fortes pluies saisonnières, fonte des neiges, débordement de lacs glaciaires. > 33 000 maisons endommagées/détruites. Agriculture touchée. > 1,2 million évacués, > 160 000 sans-abri, pers. touchées : > 1,5 million. Typhon de cat. 5. Fortes pluies (> 600 mm/24 h), hautes vagues (> 9 m). > 72 000 maisons endommagées/ détruites. > 6,8 millions de pers. privées d’électricité. > 720 000 évacués, personnes touchées : > 3,1 millions. Typhon de cat. 4. Rafales jusqu’à 250 km/h, fortes pluies (250 mm/24h), inondations. > 8 800 maisons endommagées/détruites. Infrastructure touchée, trafic ferroviaire/ aérien perturbé. Dégâts dans l’agriculture, 500 000 foyers privés d’électricité. Tempête tropicale. Fortes pluies (320 mm/12 h), glissements de terrain, crues éclair, hautes vagues. Débordements de fleuves. Aéroport endommagé. Pertes dans l’agriculture. Sans-abri : > 7 900, personnes touchées : > 20 000. Fortes pluies (540 mm/24 h), crues éclair, > 450 glissements de terrain. Rupture de digues, > 60 débordements de fleuves. Commerce interrompu. Feux de forêt et de brousse en Californie, > 600 km2 dévastés par le feu. Fortes vitesses du vent, environnement sec. > 2 000 maisons endommagées/détruites. Pertes de bétail. > 10 000 évacués, > 23 000 sans-abri. 350 MW 8,3. Tsunami, glissements de terrain, éboulements de rochers. Trafic aérien perturbé. Exploit. minière interrompue. Dégâts dans l’élevage et l’aquaculture. > 6 000 blessés, pers. touchées : > 1 million, sans-abri : 9 000. 700 Intempéries, tornades, fortes précipitations (196 mm/24 h), crues éclair, hautes vagues. Plusieurs maisons endommagées. Des milliers de véhicules endommagés. Trafic ferroviaire perturbé. Campings évacués. Typhon cat. 4. Tornades, rafales jusqu’à 240 km/h, fortes pluies (250 mm/24 h), gliss. de terrain, hautes vagues. > 19 000 maisons détruites. Récoltes touchées sur > 2 800 km2 . > 220, blessés, > 210 000 évacués. 400 Orages, fortes pluies (> 500 mm/12 h). Débordement de fleuves, rupture de digues. 1 800 véhicules, plusieurs bateaux endommagés. Autoroutes, routes et ponts endommagés. MW 7,5. Glissements de terrain. > 150 000 maisons endommagées/détruites, > 1 400 écoles endommagées. Routes bloquées. Blessés : > 2 200, personnes touchées : > 78 000. 90 Feux de brousse, fortes vit. du vent, températures élevées (> 39 °C). 830 km2 détruits par le feu. 77 maisons endommagées/détruites. > 380 bâtiments agricoles, 600 km2 de terres cultivées détruits, pertes de bétail. 700 2 ondes de crue. Fortes pluies saisonnières. > 81 000 maisons endommagées/détruites. Aéroport endommagé, 8 avions endommagés. Usines stoppées. Sans-abri : 1,8 million, personnes touchées : 3 millions. 2 000 Tempêtes Desmond et Eva. Fortes vitesses du vent, fortes pluies. Débordements de fleuves et de canaux. > 7 000 maisons, un porte-conteneurs, des ponts endommagés. Des dizaines de milliers de maisons sans électricité. 550 Orages, plusieurs tornades, crues éclair. > 2 900 maisons endommagées/détruites. Véhicules abîmés. Arbres déracinés. > 160 000 personnes sans électricité. Trafic aérien perturbé. Pertes de bétail (30 000 bovins). Topics Geo – Carte mondiale des évènements naturels 2015 33 41 2 49 13 20 28 50 14 23 45 7 43 5 12 6 46 19 9 36 24 39 30 26 3432 21 25 16 22 3 48 3529 44 27 38 37 40 31 8 15 10 1 11 42 1 060 évènements naturels, dont 50 évènements importants (sélection) 4 Évènements géophysiques : séisme, tsunami, éruption volcanique Évènements météorologiques : tempête tropicale, tempête extratropicale, tempête convective, tempête locale Évènements hydrologiques : inondation, mouvement de terrain Évènements climatologiques : températures extrêmes, sécheresse, incendie de forêt 18 47 17 © 2016 Münchener Rückversicherungs-Gesellschaft Königinstrasse 107, 80802 München, Allemagne Numéro de commande 302-08876 NOT IF, BUT HOW