Alimentation et Lien Social

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ALIMENTATION ET LIEN SOCIAL
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL LOCAL DE LA VILLE DE METZ
GROUPE 3
Claire-Farelle BIYONG
Isabelle COLLIGNON
Edith LOUIS
Béatrice MACHOT
Dominique MARCHAL
Isabelle MIRE
Arsène AMEN
Jean-Marie DALMARD
Jean-Claude DECOUVOUX
Serge du SARTZ de VIGNEULLES
Pierre JULLIEN
Jean-Jacques KURTH
Michel PEYEN
Denis REINERT
Fabrice RINGARD, secrétaire
Alain SERIS, pilote
METZ, le 24 juin 2009
INTRODUCTION
Notre groupe de travail s'est constitué par adhésion au thème « vie quotidienne des messins,
publics en difficulté ». Nous avons envisagé diverses possibilités concernant les publics en
grandes difficultés avant de choisir de traiter le sujet suivant:
« Alimentation et lien social »
Les premières réunions de travail nous ont permis, à propos de ce sujet, de recenser de
nombreuses carences dans des domaines variés. Nos débats ont fini par se concentrer et ont
débouché sur trois questions qui ont été plus précisément étudiées.
– Nous avons constaté un manque d'initiative en faveur du public scolaire
la première partie propose une action dans ce domaine.
– Nous avons retenu alimentation et hospitalité comme deuxième thème
– Il faut cultiver les jardins est le titre de notre troisième proposition.
L'ensemble des membres actifs de notre groupe a travaillé à la réflexion des trois questions.
La rédaction a été confiée à trois commissions constituées de membres experts et de membres
« candides ».
Notre travail est le fruit de réflexions collectives, afin d'allier la forme au fond ce sont
différents membres de chacune de ces commissions qui vont présenter, à tour de rôle, les
différentes parties de ce rapport.
Les membres de ce groupe, le premier à présenter des propositions, considéreraient comme un
échec qu'aucune des pistes proposées n'inspire la municipalité ou ne soit suivie d'actions.
Alimentation et Lien social
Trois pistes d’action
PREMIERE PISTE D’ACTION : UNE CLASSE ALIMENTATION –
« MANGER ENSEMBLE »
Le groupe du CESL qui travaille sur le thème « alimentation et lien social » a lors de ses
échanges estimé qu’il fallait intervenir dès le plus jeune âge sur l’importance des repas et des
conditions de ceux-ci.
I - LES MOTIFS
Le groupe de travail s’est penché sur la relation entre alimentation et lien social. Il est arrivé à
la conclusion que tout acte social demande un apprentissage et une éducation à celui-ci et à la
société qui l’amène. Donc qu’il fallait agir sur l’enfant. Il apparaît qu’un des lieux et moments
privilégiés en dehors de la famille est le temps scolaire car l’enfant y est déjà dans ses temps
d’apprentissage et d’éducation.
Le principe retenu est d’utiliser le contenu de base inscrit dans les programmes sur :
« les besoins nutritifs, les différentes catégories d’aliments, l’équilibre alimentaire, … »
et, à partir de ce contenu théorique, de créer avec les enfants des conditions permettant
d’aborder le lien avec l’autre :
« le manger et vivre ensemble ».
Pour cela, il est proposé de mettre en place sur la commune des classes « MANGER ET
VIVRE ENSEMBLE » où l’on utilisera, après avoir travaillé sur cette base, des actions
concrètes (faire), des débats de type « philosophique », des réalisations communes concrètes à
partager : tous types d’activités qui permettent d’amener l’enfant à la réflexion sur
l’importance du repas (dans son contenu et dans la relation à l’autre qu’il permet) et à
l’intégrer dans sa vie quotidienne.
Un travail, en dehors de ces temps éducatifs, sera consacré au lien avec les familles. La classe
« MANGER ET VIVRE ENSEMBLE » serait le socle préalable pour ce travail. Les enfants
seraient associés à celui-ci par la recherche d’une partie des actions lors des échanges cités
plus haut. Le reste serait amené par l’équipe pédagogique.
Un document pédagogique devra être élaboré concernant l’ensemble du dispositif.
L’action proposée a la particularité d’englober une vision plus large et plus complète de l’acte
de manger. Le resituant dans deux composantes :
le contenu et lien avec les autres.
II - L’EXISTANT
Pour l’instant, à notre connaissance, aucune action de ce genre n’existe dans le département
ou la région. Quelques enseignants font appel épisodiquement à des connaissances,
professionnels ou associations, mais uniquement sur la partie théorique. Quant aux activités
« cuisine », quand elles existent, elles ont essentiellement lieu en maternelle ou dans un but
précis mais différent de celui proposé.
III - PROPOSITION
La ville de Metz pourrait, comme elle le fait dans le cadre des classes patrimoines, proposer
aux écoles de la commune une action qui pourrait s’appeler :
Une classe découverte : « Manger et vivre ensemble ».
Il s’agirait d’amener un support aux enseignants et de travailler avec les enfants sur :
-
Les groupes d’aliments
les différentes règles de nutrition
l’équilibre alimentaire
les aliments d’où viennent-ils ? (visite de jardins (conviviaux pour l’importance du
faire ensemble), d’élevages…)
aliments et saisons
aliments et développement durable
manger ensemble quel intérêt ?
les repas chez l’autre, le voisin, dans le monde, interculturels
réalisation de plats (salés, sucrés) mangés en commun, voir en partage
intergénérationnel
la liste peut être élargie
Les classes concernées pourraient être celles du cycle 3 (CE2, CM1 et CM2).
La classe découverte se ferait sur les 4 jours scolaires, encadrée par des animateurs formés et
des professionnels.
Les objectifs seraient de sensibiliser les enfants sur l’importance du moment des repas en
terme d’apport vitaux mais aussi en terme de lien : familial pour les repas pris en famille,
social pour ceux prix avec les autres hors famille. De montrer aussi l’impact de ce moment
privilégié sur notre entourage immédiat ou lointain ainsi que sur la santé. La confection de
plats permettrait de souder les enfants sur une action d’équipe, d’aborder la cuisine d’ailleurs,
les aliments que l’on ne connaît peut-être pas, qui poussent parfois à coté de chez nous, de
matérialiser pour ces enfants le travail souvent invisible des parents.
Les écoles qui participeraient à ces classes s’engageraient sur un travail en amont et/ou en
aval en tissant des liens avec les parents. L’objectif sera alors de sensibiliser les familles et
l’enfant au sein de la famille (donc dans un cadre éducatif hors apprentissage) sur
l’importance du moment des repas en terme d’apport vitaux mais aussi en terme de lien.
Il serait aussi intéressant de contacter les associations du quartier pour les associer à ces
actions.
Un dossier pédagogique sera réalisé pour présenter les pistes possibles. Une malle
pédagogique aussi.
Et pourquoi pas installer dans un coin des cours des écoles intéressées un coin jardin géré par
les enfants et les enseignants (ou des jardins solidaires s’ils sont à proximité).
Les malles pédagogiques et/ou les coins jardins pourraient être proposés aux autres écoles de
la commune.
La gestion de ces classes comme la formation des animateurs pourra être assurée par la ville
ou confiée à une (ou plusieurs) association messine spécialiste des classes découvertes.
DEUXIEME PISTE D’ACTION : ALIMENTATION ET HOSPITALITE
I - OBJECTIF ET EXPOSE DU MOTIF
L’aide alimentaire est une réalité développée de longue date par la ville de Metz et ses
partenaires des services publics et du monde associatif. Cependant les constats que l’on peut
faire nous incitent à proposer des aménagements susceptibles de notre point de vue
d’améliorer le dispositif existant, en mettant notamment l’accent sur le devoir d’hospitalité
que nous devons à la population qui s’arrête sur notre territoire, au-delà de celui élémentaire
d’assistance à personne en difficulté.
Améliorer le dispositif d’aide alimentaire existant sur le territoire municipal, en permettant à
un public en grande difficulté sociale d’accéder à l’aide alimentaire, sans condition préalable,
afin de favoriser la redécouverte de pratiques alimentaires compatibles avec l’équilibre
sanitaire et les apports d’une convivialité indispensable à l’équilibre affectif.
II - ETAT DES LIEUX
Nous avons pu relever de par nos différentes attaches militantes et professionnelles que,
malgré les efforts considérables consentis en faveur des personnes les plus démunies ces
dernières années en matière d’aide alimentaire, certaines catégories de personnes ne peuvent
bénéficier que très difficilement des services proposés pour les repas principaux de la journée
(midi et soir). Un seul lieu permet de prendre un petit déjeuner tout les jours de la semaine (en
dehors des samedis et des dimanches). Prévu pour accueillir 30 personnes, ce lieu accueille
quotidiennement de 70 à 100 personnes.
Il s’agit tout particulièrement :
•
Des femmes, qui ne peuvent être accueillies que dans un seul restaurant associatif
(géré par l’association Carrefour), et ce depuis seulement janvier 2009, suite à une
convention passée avec le CCAS de Metz, et à condition de s’inscrire dans une
démarche de prise en charge par des services sociaux. De janvier à Juin, 7 femmes
ont bénéficié de ce dispositif, une dizaine de femmes ont refusé cette proposition.
•
Des couples, qui n’ont pas de possibilité d’accueil pour l’instant sur la ville de
Metz, en dehors de dispositifs de distribution de nourriture, tels que les « restos du
cœur ».
•
Des jeunes les plus marginalisés, qui ne sont pas en mesure de se soumettre aux
contraintes de la prise en charge par les services sociaux, et qui préfèrent renoncer
à une alimentation équilibrée, choisissant plus souvent de remplacer la nourriture
par d’autres substances peu compatibles avec leur équilibre sanitaire.
Souvent les personnes relevant de ces catégories n’ont pas de logement fixe, donc pas de
possibilité d’entretenir des habitudes culinaires (préparer un repas froid ou chaud, par
exemple), ce qui ne fait que renforcer leur difficulté à se nourrir correctement et à partager des
moments de convivialité à cette occasion.
Pour information le fonds d’aide aux jeunes financés par le Conseil Général de la Moselle et
la Ville de Metz qui aide les jeunes âgés de 18 à 24 ans inclus non bénéficiaires des minimas
sociaux voit ses demandes alimentaires notablement augmenter entre 2007 et 2008 tant en
nombre qu’en somme.
Ainsi en 2007, 593 demandes d’aide alimentaire ont concerné 306 jeunes pour un montant
total de 37 278,89 euros. Alors qu’en 2008, 680 demandes d’aide alimentaire ont concerné
376 jeunes pour un montant total de 48 277,62 euros. Le montant hebdomadaire de l’aide
consacrée à l’alimentation s’élève à 42 euros par semaine et par jeune.
Extrait du rapport du CREDOC , octobre 2007 (Centre de Recherche pour l’étude et l’Observation
des Conditions de vie, Département Évaluation des Politiques sociales), p 58 :
Les services de veille sociale en Moselle souffrent d'un double déséquilibre :
- En termes de répartition géographique des structures : l'Est mosellan est sous-équipé ;
- En termes de couverture des types de public : l'organisation est construite par filières de genre.
Certains dispositifs ne sont pas mixtes et, même lorsqu'ils le sont, les usagers n'ont pas le
réflexe de se diriger vers eux, si l'image de l'organisme porteur ne leur semble pas
correspondre. Plus précisément, deux types de publics sont moins pris en charge : les
couples et les plus jeunes. En particulier, le département ne possède pas de SAO identifié par le
public comme mixte et complet, c’est-à-dire capable d'accueillir, d'informer et d'orienter tous les
types de public, voire de leur proposer des services d'ouverture de droits.
Préconisations :
- Une évaluation de l'existant sur les secteurs géographiques qui ne sont pas couverts par des
services de veille sociale, afin éventuellement de s'appuyer sur les dynamiques présentes et les
projets locaux pour faire émerger des services de veille sociale co-financés ;
- Une incitation pour un déploiement des services de veille sociale vers un plus large public.
On pourrait imaginer aller jusqu’à l’ouverture de SAO/ AJ mixtes et complets, s'appuyant sur
des référentiels d'activité, un pour chaque grande zone géographique (à l'image de ce qui
existe en Meurthe-et-Moselle). Sur ce point, il semble possible de partir de l'existant.
Extrait d’un rapport d’activité d’une équipe de travailleurs sociaux intervenant sur le
centre ville au près d’un public en errance :
« …les jeunes préfèrent se passer de repas que d’aller manger au « pont des grilles » avec un public
souvent plus alcoolisé, plus marginalisé. Les jeunes filles quant à elles trouvent encore facilement un
pote, une connaissance susceptible de les dépanner, ou bien elles se passent également de repas ; le
fait de devoir se présenter au foyer avec un travailleur social référent afin de pouvoir bénéficier d’un
repas est un frein important (« bonjour, je suis une jeune fille en galère, vous me faites l’aumône
svp ?... ») »
« …Nous nous retrouvons face à 2 types d’alimentation, le kébab ou sandwich chaud (qui constitue
souvent le seul repas chaud de la journée, le « pique nique », achat de boite de pâté, jambon, pain…
Davantage en quantité, mais pas de repas chaud… sauf pour les squatters ayant possibilité de faire
du feu ou ayant un réchaud. Dans ces cas là vive les raviolis à tous les repas, c’est bon et pas cher.
Dans tous les cas, il faut compter un repas en moyenne par jour, parfois juste le croissant de midi qui
fait office de coupe faim…
Cette mauvaise alimentation est souvent accompagnée de la prise d’alcool. De l’eau ?... Trop difficile
à trouver gratuitement, alors, quitte à payer… on picole ! On a l’impression d’oublier notre galère, ça
nous donne le courage de faire la manche…
Le constat que font les jeunes de tout cela est qu’ils perdent du poids, mais aussi qu’ils perdent peu à
peu l’appétit (une cannette remplaçant bien souvent un repas).
Bilan, une fois Rmistes, donc bénéficiant d’un minimum de ressources et d’un hébergement
autonome, les personnes interrogées nous confient ne manger qu’un repas, le soir, par habitude
plutôt que par manque de fric…. Et que, bien souvent, cet unique repas consiste en un bol de café et
un paquet de gâteau…
Seules les personnes en couple nous disent essayer de cuisiner, de manger mieux… Si un enfant
apparaît dans le couple, la maman reprend petit à petit un rythme d’alimentation normal, car elle
mange avec son enfant. Le père quant à lui reste avec ses… mauvaises habitudes.
… A l’occasion d’une rencontre collective organisée avec des jeunes de la rue, nous avons proposé
de le faire autour d’un repas ; nous leur avons demandé ce qu’ils voulaient manger. La réponse quasi
unanime a été : des PIZZAAASSSSS !!!
Une fois passés à table, surprise : les jeunes ne mangent quasiment rien, à peine une part, et
encore…
En en reparlant avec un des jeunes récemment, il me dit : tu vois, les pizzas ça nous faisait un peu
rêver, en plus c’est sympa d’en manger en groupe, presque comme une famille… mais une fois
devant, eh ben, manque d’appétit, j’étais mal, je te jure, je m »en voulais, je me suis forcé un peu,
mais bon… »
III - PRECONISATIONS
Nous proposons à la ville de Metz d’aider à la mise en œuvre d’un projet d’amélioration de
l’accueil et de l’aide alimentaire pour les catégories de personnes les plus en difficulté, en
développant un lieu d’accueil convivial destiné à redonner envie à ces personnes de prendre
des vrais repas, de participer à leur préparation, de partager ce moment avec d’autres, leurs
pairs, les professionnels et les bénévoles qui seraient engagés dans ce projet.
Cela suppose sans doute d’y consacrer des moyens, mais nous ne voulons pas nous substituer
au rôle des services municipaux, notamment au CCAS, en ce qui concerne les questions de
faisabilité.
Par contre un principe qui a progressivement émergé de nos réunions de travail en
commission « alimentation et lien social » du CESL nous semble mériter une certaine
attention : dans les 3 propositions que nous avons retenues dans cette commission, chaque
fois nous avons été sensibles au fait de réunir les compétences de professionnels, et des
bénévoles, qui sont déjà à l’ouvrage dans les multiples associations existantes.
Il nous semble d’autre part que les structures impliquées dans la prise en charge de ces publics
sont à même d’assurer l’encadrement de ce projet.
Notre réflexion a porté principalement le public le plus marginalisé. Toutefois notre groupe de
travail a relevé la nécessité de s’intéresser également aux personnes confrontées récemment à
la précarité.
TROISIEME PISTE D’ACTION : IL FAUT CULTIVER LES JARDINS
I – LES JARDINS FAMILIAUX
Des jardins familiaux sont donnés en location par la ville de METZ à certains de ses habitants
qui remplissent les conditions suivantes. Ils habitent sur le territoire de la ville de Metz et ont
plus de 18 ans. Ils ne sont pas propriétaires ou locataires de maison avec terrain. En tout, à ce
jour, 506 jardins sont donnés en location par la ville de METZ. Le loyer annuel pour une
parcelle est de 6 € l’are pour les jardins sans abri et de 12 € l’are pour ceux avec abri. Ils se
répartissent de la manière suivante :
Devant-Les-Ponts : 33 sites pour 173 jardins ;
Extérieurs ville : 4 sites pour 10 jardins ;
Magny : 11 sites pour 77 jardins ;
Borny : 10 sites pour 198 jardins ;
Plantières-Queuleu : 5 sites pour 19 jardins ;
Sablon : 1 site pour 1 jardin ;
Vallières : 22 sites pour 28 jardins.
L’attribution des jardins se réalise parmi les candidats figurant sur une liste d’attente. Il y a
actuellement environ 200 demandes en attente non satisfaites.
Une première proposition : développer rapidement le nombre des jardins familiaux
disponibles au bénéfice des messins candidats pour louer une parcelle.
II - LES JARDINS, LIEUX DE LIENS SOCIAUX
Deux associations sont actuellement locataires de jardins à la ville METZ : les équipes Saint
Vincent et l’AIEM (Association d’Information et d’Entraide Mosellane) à Borny. Pour cette
dernière, le jardin est un lieu pédagogique pour les familles du quartier de Borny. Une
animatrice fournit de l’aide. On y cultive des légumes. La production est utilisée au sein de
l’atelier cuisine, temps de convivialité mais également de sensibilisation à la nutrition.
Témoignage recueillie par l’association AIEM.
Comment peut naître de nouveaux liens sociaux : quelques poignées de femmes et d’hommes
ont créé un lieu où il fait bon vivre autrement.
Fin 2006, quelques usagères de l’Espace Rencontre de Borny demandent à pouvoir bénéficier
d’un jardin familial. Leur détermination ayant convaincu la direction du Pôle d’Insertion, en
avril 2007, la ville de METZ loue à l’AIEM un terrain fraîchement transformé en terre à
cultiver.
Depuis, la conjonction des efforts, des envies, de l’investissement des familles ont fait de ce
lieu un vrai jardin. D’avril à mai 2007, ce sont des messieurs du pôle d’insertion qui ont
effectué « les gros travaux », retourner la terre, étaler le compost. Puis, sont arrivées les
dames de l’Espace Rencontre, avec leur rêve d’un petit coin à aménager, et une énergie à
toute épreuve. Elle se sont activées et 2007 a permis une première récolte de légumes.
En été 2008, cet endroit est devenu un véritable lieu de vie, luxuriant : il permet aux usagères
de sortir de chez elles, « pour aller à… » se mettre en mouvement, choisir ensemble des
cultures, leur implantation, fruits, fleurs et légumes, d’agrément ou d’intérêt culinaire. Il leur
permet de se projeter dans le temps et, plus simplement, d’y vivre des moments d’efforts, de
joie de partage des repas en été sous la tonnelle pensée et construite avec pragmatisme, des
moments de vacances quand on ne peut pas partir. Il amène une réflexion sur l’alimentation,
car les produits de leur labeur sont utilisés pour la confection de repas équilibrés pris en
commun dans le cadre de l’atelier bien-être.
Quelques lignes du journal de bord de ce jardin témoignent de ces plaisirs :
« Dans le jardin, je me sens revivre. Dans mon quartier, on sent seulement les gaz d’échappement, et
on ne voit que du béton. Ici, je suis dans la nature et une belle nature, car les tournesols et autres
plantes et décorations égaient la vue. On respire mieux. Travailler la terre, enlever les mauvaises
herbes par exemple, me fait communiquer avec la nature. Je ne pense à rien d’autre qu’embellir le
coin de jardin. Les repas pris en commun sont conviviaux : chacune apporte une partie. On mange
dans le calme et dans une ambiance amicale et rieuse. On est satisfaites de prendre un repas mérité
après l’effort. A la fin, nous prenons chacune des légumes frais qui équilibrent les repas et nous
sommes fières du résultat de la journée de jardinage. » (Françoise R.)
Extrait d’un texte de l’Equipe Saint Vincent à destination de candidats bénévoles
« Etre bénévole au jardin
But de l’action :
Donner à des femmes l’occasion de sortir de chez elles et de rencontrer d’autres femmes. Leur
apprendre à cultiver pour améliorer l’ordinaire, leur donner la satisfaction de récolter les fruits de leur
travail et leur permettre de s’évader au contact de la nature. Leur permettre ainsi de développer leurs
compétences et reprendre confiance en elles.
Description de l’action :
Une demi-journée par semaine 4 ou 5 femmes se retrouvent autour de bénévoles pour cultiver un
jardin familial. Chacune dispose d’une parcelle dans laquelle elle plante les graines qu’elle a
apportées puis les cultive. Elles ont la possibilité de venir, en dehors de cette demi-journée, pour
travailler ou profiter du jardin, seules ou en famille.
Rôle et place de la bénévole :
Les bénévoles sont là pour accompagner les femmes. Par l’attention et l’écoute qu’elles prêtent à
chacune, elles permettent que s’établissent un climat chaleureux et joyeux où toutes se sentent à
l’aise. Elles favorisent l’entraide et le partage de savoir entre les bénéficiaires et apportent leur aide à
celles qui en ont besoin pour apprendre à entretenir leur parcelle. Elles sont attentives à remarquer
les problèmes qui se font jour et encouragent les bénéficiaires à en discuter entre elles pour trouver
des solutions.
Qualités requises :
Accepter d’apprendre à écouter les femmes accueillies sans trop parler de soi. Vouloir les respecter
dans leurs habitudes de vie et de pensées différentes de celles des bénévoles et ne pas les juger.
Avoir un minimum de connaissances en jardinage. Etre assez patiente pour laisser les femmes
apprendre à leur rythme. Venir régulièrement. »
Une deuxième proposition : soutenir tous les projets du monde associatif pour créer,
avec la participation d’animateurs sociaux ou de bénévoles, des jardins potagers lieux de
rencontres, lieux d’échanges et de partages dans les quartiers.
III - LES JARDINS, LIEUX D’INSERTION SOCIALE
Le marché du travail se dégrade très vite. Il n’offre que peu d’emplois pour les personnes peu
qualifiées et aux parcours de vie chaotiques et hors normes. Parmi celles qui sont embauchées
dans une entreprise à la sortie d’un dispositif d’aide, rares sont celles qui conservent l’emploi
longtemps.
En partenariat avec les travailleurs sociaux référents, le support du maraîchage, par le biais de
contrats aidés, semble particulièrement bien adapté à l’insertion socioprofessionnelle des
publics les plus éloignés de l’emploi ordinaire.
Les principaux avantages des jardins d’insertion pour les personnes en insertion :
permettre à des personnes très éloignées de l’emploi ordinaire de prendre une activité
professionnelle régulière ;
redonner progressivement un cadre de vie avec ses contraintes et ses obligations ;
apprendre à vivre en groupe (respect des autres) et à respecter une hiérarchie ;
respecter les cultures, le matériel et les installations ;
accompagner les personnes au quotidien pour régler des problèmes matériels et
administratifs (logement, administrations, justice…) ou permettre des prises en charge
médicale (soins dentaires, addiction…) ;
disposer de temps pour construire progressivement avec les intéressés une démarche
d’insertion adaptée aux capacités et réalités de chacun.
Les principaux points positifs par rapport au support utilisé :
le rapport à la nature, au travail de la terre, au rythme saisonnier ;
participer à un cycle complet de culture (préparation du sol, mise en terre, entretien des
parcelles, récolte, vente) ;
la culture raisonnée des légumes ;
la relation directe entre le travail réalisé et la vente de la production à des clients
consommateurs ;
le travail en plein air et non dans un milieu confiné.
Les difficultés d’un tel projet :
LES JARDINS d’HUSSANGE sont un exemple de jardin d’insertion professionnelle qui a
fonctionné de l’an 2000 à 2007. Le fonctionnement de ce jardin a cessé en raison de plusieurs
difficultés auxquelles il devait faire face :
1. Assurer le débouché commercial efficace de la production de fruits et légumes ;
2. Encadrer les personnes en insertion sociale ;
3. Réaliser la culture maraîchère nécessitant des matériels lourds onéreux et des installations
techniques adaptées (par exemple des serres chauffées pour le créneau porteur des
légumes primeurs) ;
4. financer l’opération avec des règles de subventions annuelles et mouvantes
5. Avoir un manager permanent ayant la responsabilité de l’ensemble du projet.
Une troisième proposition : impulser ou soutenir un projet de jardin d’insertion sociale.
CONCLUSIONS
Les connaissances et le professionnalisme des membres de notre commission nous permettent
de penser que plusieurs de nos propositions sont très faciles à mettre en œuvre.
La classe d'alimentation peut s'appuyer sur des dispositifs existants, en particulier sur les
classes patrimoines.
Dans nos débats sur alimentation et hospitalité nous avons été interpellés par certaines
anecdotes rapportées :
– Les couples n'étant pas acceptés dans les lieux de restauration, un jeune homme prend
régulièrement de la nourriture pour la ramener dans la rue afin de nourrir sa
compagne.
– Certains repas le soir sont jetés tout ou partie après le passage du bus des Restos du
cœur, en effet ce n'est pas seulement que de nourriture dont on besoin les
bénéficiaires, c'est aussi du lien social qu'ils viennent chercher.
Nos propositions, dans cette partie, sont faites en connaissance de l'existant où se côtoient des
associations de bénévoles et des services sociaux véritablement très impliqués.
La troisième partie nous a donné l'occasion de proposer des actions à mener dans trois
déclinaisons du jardin:
– Familiaux
– Lieux de liens sociaux
– Lieux d'insertion
Ces actions peuvent très bien être menées de front et auraient une efficacité certaine.
Les diversités des origines professionnelles et la variété des implications associatives de nos
membres ont permis de tenir des débats riches et passionnés.
L'engagement dont nous avons fait preuve nous amène à souligner avec insistance notre
souhait de voir plusieurs de nos propositions mises en œuvre.
Dans cette perspective, nous nous mettons à disposition de la municipalité pour réaliser une
nouvelle étude dans le domaine social.
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