ALIMENTATION ET LIEN SOCIAL CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL LOCAL DE LA VILLE DE METZ GROUPE 3 Claire-Farelle BIYONG Isabelle COLLIGNON Edith LOUIS Béatrice MACHOT Dominique MARCHAL Isabelle MIRE Arsène AMEN Jean-Marie DALMARD Jean-Claude DECOUVOUX Serge du SARTZ de VIGNEULLES Pierre JULLIEN Jean-Jacques KURTH Michel PEYEN Denis REINERT Fabrice RINGARD, secrétaire Alain SERIS, pilote METZ, le 24 juin 2009 INTRODUCTION Notre groupe de travail s'est constitué par adhésion au thème « vie quotidienne des messins, publics en difficulté ». Nous avons envisagé diverses possibilités concernant les publics en grandes difficultés avant de choisir de traiter le sujet suivant: « Alimentation et lien social » Les premières réunions de travail nous ont permis, à propos de ce sujet, de recenser de nombreuses carences dans des domaines variés. Nos débats ont fini par se concentrer et ont débouché sur trois questions qui ont été plus précisément étudiées. – Nous avons constaté un manque d'initiative en faveur du public scolaire la première partie propose une action dans ce domaine. – Nous avons retenu alimentation et hospitalité comme deuxième thème – Il faut cultiver les jardins est le titre de notre troisième proposition. L'ensemble des membres actifs de notre groupe a travaillé à la réflexion des trois questions. La rédaction a été confiée à trois commissions constituées de membres experts et de membres « candides ». Notre travail est le fruit de réflexions collectives, afin d'allier la forme au fond ce sont différents membres de chacune de ces commissions qui vont présenter, à tour de rôle, les différentes parties de ce rapport. Les membres de ce groupe, le premier à présenter des propositions, considéreraient comme un échec qu'aucune des pistes proposées n'inspire la municipalité ou ne soit suivie d'actions. Alimentation et Lien social Trois pistes d’action PREMIERE PISTE D’ACTION : UNE CLASSE ALIMENTATION – « MANGER ENSEMBLE » Le groupe du CESL qui travaille sur le thème « alimentation et lien social » a lors de ses échanges estimé qu’il fallait intervenir dès le plus jeune âge sur l’importance des repas et des conditions de ceux-ci. I - LES MOTIFS Le groupe de travail s’est penché sur la relation entre alimentation et lien social. Il est arrivé à la conclusion que tout acte social demande un apprentissage et une éducation à celui-ci et à la société qui l’amène. Donc qu’il fallait agir sur l’enfant. Il apparaît qu’un des lieux et moments privilégiés en dehors de la famille est le temps scolaire car l’enfant y est déjà dans ses temps d’apprentissage et d’éducation. Le principe retenu est d’utiliser le contenu de base inscrit dans les programmes sur : « les besoins nutritifs, les différentes catégories d’aliments, l’équilibre alimentaire, … » et, à partir de ce contenu théorique, de créer avec les enfants des conditions permettant d’aborder le lien avec l’autre : « le manger et vivre ensemble ». Pour cela, il est proposé de mettre en place sur la commune des classes « MANGER ET VIVRE ENSEMBLE » où l’on utilisera, après avoir travaillé sur cette base, des actions concrètes (faire), des débats de type « philosophique », des réalisations communes concrètes à partager : tous types d’activités qui permettent d’amener l’enfant à la réflexion sur l’importance du repas (dans son contenu et dans la relation à l’autre qu’il permet) et à l’intégrer dans sa vie quotidienne. Un travail, en dehors de ces temps éducatifs, sera consacré au lien avec les familles. La classe « MANGER ET VIVRE ENSEMBLE » serait le socle préalable pour ce travail. Les enfants seraient associés à celui-ci par la recherche d’une partie des actions lors des échanges cités plus haut. Le reste serait amené par l’équipe pédagogique. Un document pédagogique devra être élaboré concernant l’ensemble du dispositif. L’action proposée a la particularité d’englober une vision plus large et plus complète de l’acte de manger. Le resituant dans deux composantes : le contenu et lien avec les autres. II - L’EXISTANT Pour l’instant, à notre connaissance, aucune action de ce genre n’existe dans le département ou la région. Quelques enseignants font appel épisodiquement à des connaissances, professionnels ou associations, mais uniquement sur la partie théorique. Quant aux activités « cuisine », quand elles existent, elles ont essentiellement lieu en maternelle ou dans un but précis mais différent de celui proposé. III - PROPOSITION La ville de Metz pourrait, comme elle le fait dans le cadre des classes patrimoines, proposer aux écoles de la commune une action qui pourrait s’appeler : Une classe découverte : « Manger et vivre ensemble ». Il s’agirait d’amener un support aux enseignants et de travailler avec les enfants sur : - Les groupes d’aliments les différentes règles de nutrition l’équilibre alimentaire les aliments d’où viennent-ils ? (visite de jardins (conviviaux pour l’importance du faire ensemble), d’élevages…) aliments et saisons aliments et développement durable manger ensemble quel intérêt ? les repas chez l’autre, le voisin, dans le monde, interculturels réalisation de plats (salés, sucrés) mangés en commun, voir en partage intergénérationnel la liste peut être élargie Les classes concernées pourraient être celles du cycle 3 (CE2, CM1 et CM2). La classe découverte se ferait sur les 4 jours scolaires, encadrée par des animateurs formés et des professionnels. Les objectifs seraient de sensibiliser les enfants sur l’importance du moment des repas en terme d’apport vitaux mais aussi en terme de lien : familial pour les repas pris en famille, social pour ceux prix avec les autres hors famille. De montrer aussi l’impact de ce moment privilégié sur notre entourage immédiat ou lointain ainsi que sur la santé. La confection de plats permettrait de souder les enfants sur une action d’équipe, d’aborder la cuisine d’ailleurs, les aliments que l’on ne connaît peut-être pas, qui poussent parfois à coté de chez nous, de matérialiser pour ces enfants le travail souvent invisible des parents. Les écoles qui participeraient à ces classes s’engageraient sur un travail en amont et/ou en aval en tissant des liens avec les parents. L’objectif sera alors de sensibiliser les familles et l’enfant au sein de la famille (donc dans un cadre éducatif hors apprentissage) sur l’importance du moment des repas en terme d’apport vitaux mais aussi en terme de lien. Il serait aussi intéressant de contacter les associations du quartier pour les associer à ces actions. Un dossier pédagogique sera réalisé pour présenter les pistes possibles. Une malle pédagogique aussi. Et pourquoi pas installer dans un coin des cours des écoles intéressées un coin jardin géré par les enfants et les enseignants (ou des jardins solidaires s’ils sont à proximité). Les malles pédagogiques et/ou les coins jardins pourraient être proposés aux autres écoles de la commune. La gestion de ces classes comme la formation des animateurs pourra être assurée par la ville ou confiée à une (ou plusieurs) association messine spécialiste des classes découvertes. DEUXIEME PISTE D’ACTION : ALIMENTATION ET HOSPITALITE I - OBJECTIF ET EXPOSE DU MOTIF L’aide alimentaire est une réalité développée de longue date par la ville de Metz et ses partenaires des services publics et du monde associatif. Cependant les constats que l’on peut faire nous incitent à proposer des aménagements susceptibles de notre point de vue d’améliorer le dispositif existant, en mettant notamment l’accent sur le devoir d’hospitalité que nous devons à la population qui s’arrête sur notre territoire, au-delà de celui élémentaire d’assistance à personne en difficulté. Améliorer le dispositif d’aide alimentaire existant sur le territoire municipal, en permettant à un public en grande difficulté sociale d’accéder à l’aide alimentaire, sans condition préalable, afin de favoriser la redécouverte de pratiques alimentaires compatibles avec l’équilibre sanitaire et les apports d’une convivialité indispensable à l’équilibre affectif. II - ETAT DES LIEUX Nous avons pu relever de par nos différentes attaches militantes et professionnelles que, malgré les efforts considérables consentis en faveur des personnes les plus démunies ces dernières années en matière d’aide alimentaire, certaines catégories de personnes ne peuvent bénéficier que très difficilement des services proposés pour les repas principaux de la journée (midi et soir). Un seul lieu permet de prendre un petit déjeuner tout les jours de la semaine (en dehors des samedis et des dimanches). Prévu pour accueillir 30 personnes, ce lieu accueille quotidiennement de 70 à 100 personnes. Il s’agit tout particulièrement : • Des femmes, qui ne peuvent être accueillies que dans un seul restaurant associatif (géré par l’association Carrefour), et ce depuis seulement janvier 2009, suite à une convention passée avec le CCAS de Metz, et à condition de s’inscrire dans une démarche de prise en charge par des services sociaux. De janvier à Juin, 7 femmes ont bénéficié de ce dispositif, une dizaine de femmes ont refusé cette proposition. • Des couples, qui n’ont pas de possibilité d’accueil pour l’instant sur la ville de Metz, en dehors de dispositifs de distribution de nourriture, tels que les « restos du cœur ». • Des jeunes les plus marginalisés, qui ne sont pas en mesure de se soumettre aux contraintes de la prise en charge par les services sociaux, et qui préfèrent renoncer à une alimentation équilibrée, choisissant plus souvent de remplacer la nourriture par d’autres substances peu compatibles avec leur équilibre sanitaire. Souvent les personnes relevant de ces catégories n’ont pas de logement fixe, donc pas de possibilité d’entretenir des habitudes culinaires (préparer un repas froid ou chaud, par exemple), ce qui ne fait que renforcer leur difficulté à se nourrir correctement et à partager des moments de convivialité à cette occasion. Pour information le fonds d’aide aux jeunes financés par le Conseil Général de la Moselle et la Ville de Metz qui aide les jeunes âgés de 18 à 24 ans inclus non bénéficiaires des minimas sociaux voit ses demandes alimentaires notablement augmenter entre 2007 et 2008 tant en nombre qu’en somme. Ainsi en 2007, 593 demandes d’aide alimentaire ont concerné 306 jeunes pour un montant total de 37 278,89 euros. Alors qu’en 2008, 680 demandes d’aide alimentaire ont concerné 376 jeunes pour un montant total de 48 277,62 euros. Le montant hebdomadaire de l’aide consacrée à l’alimentation s’élève à 42 euros par semaine et par jeune. Extrait du rapport du CREDOC , octobre 2007 (Centre de Recherche pour l’étude et l’Observation des Conditions de vie, Département Évaluation des Politiques sociales), p 58 : Les services de veille sociale en Moselle souffrent d'un double déséquilibre : - En termes de répartition géographique des structures : l'Est mosellan est sous-équipé ; - En termes de couverture des types de public : l'organisation est construite par filières de genre. Certains dispositifs ne sont pas mixtes et, même lorsqu'ils le sont, les usagers n'ont pas le réflexe de se diriger vers eux, si l'image de l'organisme porteur ne leur semble pas correspondre. Plus précisément, deux types de publics sont moins pris en charge : les couples et les plus jeunes. En particulier, le département ne possède pas de SAO identifié par le public comme mixte et complet, c’est-à-dire capable d'accueillir, d'informer et d'orienter tous les types de public, voire de leur proposer des services d'ouverture de droits. Préconisations : - Une évaluation de l'existant sur les secteurs géographiques qui ne sont pas couverts par des services de veille sociale, afin éventuellement de s'appuyer sur les dynamiques présentes et les projets locaux pour faire émerger des services de veille sociale co-financés ; - Une incitation pour un déploiement des services de veille sociale vers un plus large public. On pourrait imaginer aller jusqu’à l’ouverture de SAO/ AJ mixtes et complets, s'appuyant sur des référentiels d'activité, un pour chaque grande zone géographique (à l'image de ce qui existe en Meurthe-et-Moselle). Sur ce point, il semble possible de partir de l'existant. Extrait d’un rapport d’activité d’une équipe de travailleurs sociaux intervenant sur le centre ville au près d’un public en errance : « …les jeunes préfèrent se passer de repas que d’aller manger au « pont des grilles » avec un public souvent plus alcoolisé, plus marginalisé. Les jeunes filles quant à elles trouvent encore facilement un pote, une connaissance susceptible de les dépanner, ou bien elles se passent également de repas ; le fait de devoir se présenter au foyer avec un travailleur social référent afin de pouvoir bénéficier d’un repas est un frein important (« bonjour, je suis une jeune fille en galère, vous me faites l’aumône svp ?... ») » « …Nous nous retrouvons face à 2 types d’alimentation, le kébab ou sandwich chaud (qui constitue souvent le seul repas chaud de la journée, le « pique nique », achat de boite de pâté, jambon, pain… Davantage en quantité, mais pas de repas chaud… sauf pour les squatters ayant possibilité de faire du feu ou ayant un réchaud. Dans ces cas là vive les raviolis à tous les repas, c’est bon et pas cher. Dans tous les cas, il faut compter un repas en moyenne par jour, parfois juste le croissant de midi qui fait office de coupe faim… Cette mauvaise alimentation est souvent accompagnée de la prise d’alcool. De l’eau ?... Trop difficile à trouver gratuitement, alors, quitte à payer… on picole ! On a l’impression d’oublier notre galère, ça nous donne le courage de faire la manche… Le constat que font les jeunes de tout cela est qu’ils perdent du poids, mais aussi qu’ils perdent peu à peu l’appétit (une cannette remplaçant bien souvent un repas). Bilan, une fois Rmistes, donc bénéficiant d’un minimum de ressources et d’un hébergement autonome, les personnes interrogées nous confient ne manger qu’un repas, le soir, par habitude plutôt que par manque de fric…. Et que, bien souvent, cet unique repas consiste en un bol de café et un paquet de gâteau… Seules les personnes en couple nous disent essayer de cuisiner, de manger mieux… Si un enfant apparaît dans le couple, la maman reprend petit à petit un rythme d’alimentation normal, car elle mange avec son enfant. Le père quant à lui reste avec ses… mauvaises habitudes. … A l’occasion d’une rencontre collective organisée avec des jeunes de la rue, nous avons proposé de le faire autour d’un repas ; nous leur avons demandé ce qu’ils voulaient manger. La réponse quasi unanime a été : des PIZZAAASSSSS !!! Une fois passés à table, surprise : les jeunes ne mangent quasiment rien, à peine une part, et encore… En en reparlant avec un des jeunes récemment, il me dit : tu vois, les pizzas ça nous faisait un peu rêver, en plus c’est sympa d’en manger en groupe, presque comme une famille… mais une fois devant, eh ben, manque d’appétit, j’étais mal, je te jure, je m »en voulais, je me suis forcé un peu, mais bon… » III - PRECONISATIONS Nous proposons à la ville de Metz d’aider à la mise en œuvre d’un projet d’amélioration de l’accueil et de l’aide alimentaire pour les catégories de personnes les plus en difficulté, en développant un lieu d’accueil convivial destiné à redonner envie à ces personnes de prendre des vrais repas, de participer à leur préparation, de partager ce moment avec d’autres, leurs pairs, les professionnels et les bénévoles qui seraient engagés dans ce projet. Cela suppose sans doute d’y consacrer des moyens, mais nous ne voulons pas nous substituer au rôle des services municipaux, notamment au CCAS, en ce qui concerne les questions de faisabilité. Par contre un principe qui a progressivement émergé de nos réunions de travail en commission « alimentation et lien social » du CESL nous semble mériter une certaine attention : dans les 3 propositions que nous avons retenues dans cette commission, chaque fois nous avons été sensibles au fait de réunir les compétences de professionnels, et des bénévoles, qui sont déjà à l’ouvrage dans les multiples associations existantes. Il nous semble d’autre part que les structures impliquées dans la prise en charge de ces publics sont à même d’assurer l’encadrement de ce projet. Notre réflexion a porté principalement le public le plus marginalisé. Toutefois notre groupe de travail a relevé la nécessité de s’intéresser également aux personnes confrontées récemment à la précarité. TROISIEME PISTE D’ACTION : IL FAUT CULTIVER LES JARDINS I – LES JARDINS FAMILIAUX Des jardins familiaux sont donnés en location par la ville de METZ à certains de ses habitants qui remplissent les conditions suivantes. Ils habitent sur le territoire de la ville de Metz et ont plus de 18 ans. Ils ne sont pas propriétaires ou locataires de maison avec terrain. En tout, à ce jour, 506 jardins sont donnés en location par la ville de METZ. Le loyer annuel pour une parcelle est de 6 € l’are pour les jardins sans abri et de 12 € l’are pour ceux avec abri. Ils se répartissent de la manière suivante : Devant-Les-Ponts : 33 sites pour 173 jardins ; Extérieurs ville : 4 sites pour 10 jardins ; Magny : 11 sites pour 77 jardins ; Borny : 10 sites pour 198 jardins ; Plantières-Queuleu : 5 sites pour 19 jardins ; Sablon : 1 site pour 1 jardin ; Vallières : 22 sites pour 28 jardins. L’attribution des jardins se réalise parmi les candidats figurant sur une liste d’attente. Il y a actuellement environ 200 demandes en attente non satisfaites. Une première proposition : développer rapidement le nombre des jardins familiaux disponibles au bénéfice des messins candidats pour louer une parcelle. II - LES JARDINS, LIEUX DE LIENS SOCIAUX Deux associations sont actuellement locataires de jardins à la ville METZ : les équipes Saint Vincent et l’AIEM (Association d’Information et d’Entraide Mosellane) à Borny. Pour cette dernière, le jardin est un lieu pédagogique pour les familles du quartier de Borny. Une animatrice fournit de l’aide. On y cultive des légumes. La production est utilisée au sein de l’atelier cuisine, temps de convivialité mais également de sensibilisation à la nutrition. Témoignage recueillie par l’association AIEM. Comment peut naître de nouveaux liens sociaux : quelques poignées de femmes et d’hommes ont créé un lieu où il fait bon vivre autrement. Fin 2006, quelques usagères de l’Espace Rencontre de Borny demandent à pouvoir bénéficier d’un jardin familial. Leur détermination ayant convaincu la direction du Pôle d’Insertion, en avril 2007, la ville de METZ loue à l’AIEM un terrain fraîchement transformé en terre à cultiver. Depuis, la conjonction des efforts, des envies, de l’investissement des familles ont fait de ce lieu un vrai jardin. D’avril à mai 2007, ce sont des messieurs du pôle d’insertion qui ont effectué « les gros travaux », retourner la terre, étaler le compost. Puis, sont arrivées les dames de l’Espace Rencontre, avec leur rêve d’un petit coin à aménager, et une énergie à toute épreuve. Elle se sont activées et 2007 a permis une première récolte de légumes. En été 2008, cet endroit est devenu un véritable lieu de vie, luxuriant : il permet aux usagères de sortir de chez elles, « pour aller à… » se mettre en mouvement, choisir ensemble des cultures, leur implantation, fruits, fleurs et légumes, d’agrément ou d’intérêt culinaire. Il leur permet de se projeter dans le temps et, plus simplement, d’y vivre des moments d’efforts, de joie de partage des repas en été sous la tonnelle pensée et construite avec pragmatisme, des moments de vacances quand on ne peut pas partir. Il amène une réflexion sur l’alimentation, car les produits de leur labeur sont utilisés pour la confection de repas équilibrés pris en commun dans le cadre de l’atelier bien-être. Quelques lignes du journal de bord de ce jardin témoignent de ces plaisirs : « Dans le jardin, je me sens revivre. Dans mon quartier, on sent seulement les gaz d’échappement, et on ne voit que du béton. Ici, je suis dans la nature et une belle nature, car les tournesols et autres plantes et décorations égaient la vue. On respire mieux. Travailler la terre, enlever les mauvaises herbes par exemple, me fait communiquer avec la nature. Je ne pense à rien d’autre qu’embellir le coin de jardin. Les repas pris en commun sont conviviaux : chacune apporte une partie. On mange dans le calme et dans une ambiance amicale et rieuse. On est satisfaites de prendre un repas mérité après l’effort. A la fin, nous prenons chacune des légumes frais qui équilibrent les repas et nous sommes fières du résultat de la journée de jardinage. » (Françoise R.) Extrait d’un texte de l’Equipe Saint Vincent à destination de candidats bénévoles « Etre bénévole au jardin But de l’action : Donner à des femmes l’occasion de sortir de chez elles et de rencontrer d’autres femmes. Leur apprendre à cultiver pour améliorer l’ordinaire, leur donner la satisfaction de récolter les fruits de leur travail et leur permettre de s’évader au contact de la nature. Leur permettre ainsi de développer leurs compétences et reprendre confiance en elles. Description de l’action : Une demi-journée par semaine 4 ou 5 femmes se retrouvent autour de bénévoles pour cultiver un jardin familial. Chacune dispose d’une parcelle dans laquelle elle plante les graines qu’elle a apportées puis les cultive. Elles ont la possibilité de venir, en dehors de cette demi-journée, pour travailler ou profiter du jardin, seules ou en famille. Rôle et place de la bénévole : Les bénévoles sont là pour accompagner les femmes. Par l’attention et l’écoute qu’elles prêtent à chacune, elles permettent que s’établissent un climat chaleureux et joyeux où toutes se sentent à l’aise. Elles favorisent l’entraide et le partage de savoir entre les bénéficiaires et apportent leur aide à celles qui en ont besoin pour apprendre à entretenir leur parcelle. Elles sont attentives à remarquer les problèmes qui se font jour et encouragent les bénéficiaires à en discuter entre elles pour trouver des solutions. Qualités requises : Accepter d’apprendre à écouter les femmes accueillies sans trop parler de soi. Vouloir les respecter dans leurs habitudes de vie et de pensées différentes de celles des bénévoles et ne pas les juger. Avoir un minimum de connaissances en jardinage. Etre assez patiente pour laisser les femmes apprendre à leur rythme. Venir régulièrement. » Une deuxième proposition : soutenir tous les projets du monde associatif pour créer, avec la participation d’animateurs sociaux ou de bénévoles, des jardins potagers lieux de rencontres, lieux d’échanges et de partages dans les quartiers. III - LES JARDINS, LIEUX D’INSERTION SOCIALE Le marché du travail se dégrade très vite. Il n’offre que peu d’emplois pour les personnes peu qualifiées et aux parcours de vie chaotiques et hors normes. Parmi celles qui sont embauchées dans une entreprise à la sortie d’un dispositif d’aide, rares sont celles qui conservent l’emploi longtemps. En partenariat avec les travailleurs sociaux référents, le support du maraîchage, par le biais de contrats aidés, semble particulièrement bien adapté à l’insertion socioprofessionnelle des publics les plus éloignés de l’emploi ordinaire. Les principaux avantages des jardins d’insertion pour les personnes en insertion : permettre à des personnes très éloignées de l’emploi ordinaire de prendre une activité professionnelle régulière ; redonner progressivement un cadre de vie avec ses contraintes et ses obligations ; apprendre à vivre en groupe (respect des autres) et à respecter une hiérarchie ; respecter les cultures, le matériel et les installations ; accompagner les personnes au quotidien pour régler des problèmes matériels et administratifs (logement, administrations, justice…) ou permettre des prises en charge médicale (soins dentaires, addiction…) ; disposer de temps pour construire progressivement avec les intéressés une démarche d’insertion adaptée aux capacités et réalités de chacun. Les principaux points positifs par rapport au support utilisé : le rapport à la nature, au travail de la terre, au rythme saisonnier ; participer à un cycle complet de culture (préparation du sol, mise en terre, entretien des parcelles, récolte, vente) ; la culture raisonnée des légumes ; la relation directe entre le travail réalisé et la vente de la production à des clients consommateurs ; le travail en plein air et non dans un milieu confiné. Les difficultés d’un tel projet : LES JARDINS d’HUSSANGE sont un exemple de jardin d’insertion professionnelle qui a fonctionné de l’an 2000 à 2007. Le fonctionnement de ce jardin a cessé en raison de plusieurs difficultés auxquelles il devait faire face : 1. Assurer le débouché commercial efficace de la production de fruits et légumes ; 2. Encadrer les personnes en insertion sociale ; 3. Réaliser la culture maraîchère nécessitant des matériels lourds onéreux et des installations techniques adaptées (par exemple des serres chauffées pour le créneau porteur des légumes primeurs) ; 4. financer l’opération avec des règles de subventions annuelles et mouvantes 5. Avoir un manager permanent ayant la responsabilité de l’ensemble du projet. Une troisième proposition : impulser ou soutenir un projet de jardin d’insertion sociale. CONCLUSIONS Les connaissances et le professionnalisme des membres de notre commission nous permettent de penser que plusieurs de nos propositions sont très faciles à mettre en œuvre. La classe d'alimentation peut s'appuyer sur des dispositifs existants, en particulier sur les classes patrimoines. Dans nos débats sur alimentation et hospitalité nous avons été interpellés par certaines anecdotes rapportées : – Les couples n'étant pas acceptés dans les lieux de restauration, un jeune homme prend régulièrement de la nourriture pour la ramener dans la rue afin de nourrir sa compagne. – Certains repas le soir sont jetés tout ou partie après le passage du bus des Restos du cœur, en effet ce n'est pas seulement que de nourriture dont on besoin les bénéficiaires, c'est aussi du lien social qu'ils viennent chercher. Nos propositions, dans cette partie, sont faites en connaissance de l'existant où se côtoient des associations de bénévoles et des services sociaux véritablement très impliqués. La troisième partie nous a donné l'occasion de proposer des actions à mener dans trois déclinaisons du jardin: – Familiaux – Lieux de liens sociaux – Lieux d'insertion Ces actions peuvent très bien être menées de front et auraient une efficacité certaine. Les diversités des origines professionnelles et la variété des implications associatives de nos membres ont permis de tenir des débats riches et passionnés. L'engagement dont nous avons fait preuve nous amène à souligner avec insistance notre souhait de voir plusieurs de nos propositions mises en œuvre. Dans cette perspective, nous nous mettons à disposition de la municipalité pour réaliser une nouvelle étude dans le domaine social.