INTRODUCTION : La raison d'être de ce mémoire :
souvenirs préfectoraux et hypothèses de départ.
Affecté au cabinet d'un préfet de département le temps d'un été, l'auteur a été confronté
à deux reprises à la problématique des soins sans consentement.
Mme X., victime de troubles mentaux, a commis un meurtre. Celle-ci était passée
plusieurs mois en unité pour malades difficiles (UMD) avant d'en ressortir, les médecins
estimant à cette époque que son état était suffisamment stable pour passer en soins
ambulatoires. Cinq mois plus tard, elle poignarda une personne à mort. Chargé par le
directeur de cabinet du préfet de faire une note sur la trajectoire de Mme X. (et plus
particulièrement les modalités de sa sortie d'UMD), l'auteur avait conclu que
« L'admission, le maintien, l'allègement et la fin de l'hospitalisation sans consentement de
Mme X. s'est fait dans le strict respect de la loi et des nombreux contrôles médicaux qu'elle
exige. » Étrange moment que celui où il fallut admettre que la légalité, parfaitement
respectée, n'a pu empêcher ce fait tragique.
M. Y. a menacé de se jeter du toit d'un immeuble. Resté à son sommet pendant une
dizaine d'heures, le directeur de cabinet du préfet s'est rendu sur place pour rencontrer les
personnels de sécurité et prendre part aux négociations. Une fois convaincu de renoncer à
son geste, M. Y. a été placé en hospitalisation sans consentement. Moins d'un mois plus
tard, le psychiatre le prenant en charge en recommande la levée. Convaincu qu'une
libération si précoce entraînerait quasi-inévitablement une récidive, le directeur de cabinet
charge l'auteur d'une note présentant l'ensemble des obstacles légaux que le représentant de
l’État peut opposer à cette recommandation. Le constat est sans appel : le représentant de
l’État ne peut qu'exiger une seconde consultation, par un autre psychiatre, qui lie la
décision du préfet de main-levée de l'hospitalisation sans consentement s'il aboutit aux
mêmes conclusions.
Le jargon employé au sein de la préfecture, adepte des acronymes, se réfère très
souvent aux « HO » – hospitalisation d'office – terminologie pourtant obsolète depuis
20111 (mais plus commode à prononcer que « SSC » – soins sans consentement). Cela
pouvait donner quelque part l'impression que la nouvelle réforme n'avait peut-être pas
1 Loi n° 2011-803 du 5 juillet 2011 relative aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de
soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge.
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