hyperodontie molaire decouverte a l`occasion de l`accident d

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HYPERODONTIE MOLAIRE DECOUVERTE A
L’OCCASION DE L’ACCIDENT D’EVOLUTION
DE DENTS DE SAGESSE INFERIEURES
A PROPOS D’UNE OBSERVATION
K. NTIMA-NSIEMI (1), E. MALADIERE (2), P. SCHEFFER (3).
INTRODUCTION
Les dents surnuméraires ou accessoires se rencontrent dans tous les territoires de la dentition mais surtout dans les régions maxillaires antérieures et molaires, puis dans les régions prémolaires mandibulaires.
elles sont souvent isolées et affectent plus l’homme
que la femme. leur fréquence serait de 0,1% à 3,6%.
L’hyperodontie n’affecte le plus souvent qu’une dent.
La plupart des cas de dents surnuméraires rapportés
dans la littérature sont de découverte fortuite, à
l’occasion d’un examen de routine.
Nous avons vu notre patient à l’occasion d’un accident septique de désinclusion.
OBSERVATION
Cas de Monsieur MET... Françis, d’origine antillaise.
En Mai 1992, un homme de 37 ans consulte son chirurgien dentiste pour une douleur en arrière de la
dent 37. Il s’agit d’un premier épisode. Le diagnostic
de péricoronarite sur dent de sagesse 38 est évoqué
et le patient est traité par AMOXYCILLINE 2 gr par 24
heures.
Cinq jours après, ce patient est examiné aux consultations du service devant une majoration des douleurs avec tuméfaction jugale gauche,
A l’examen : patient apyrétique, tuméfaction jugale
inférieure non collectée. Sur le plan endobuccal : trismus de 1 cm, tuméfaction érythémateuse en regard
de 38 avec suintement de pus au collet de la 37,
comblement du sillon vestibulaire, dent 45 surnuméraire. Par ailleurs, bon état bucco-dentaire. Sur le cliché panoramique et en incidence face basse, on
découvre deux dents de sagesse inférieures gauches
en position ectopique au sein d’un même kyste péricoronaire, ainsi que six autres dents de sagesse (18,
18 bis, 28, 28 bis, 48, 48 bis,) et une dent 45 bis
(photos n°1 et 2). Bilan biologique : hyperleucocytose
1) Assistant - Service d’odontostomatologie - Cliniques Universitaires de Kinshasa. - ZAIRE.
Assistant spécialiste - Service de Stomatologie et chirurgie maxillofaciale - C.H.I. - Villeneuve-Saint-Georges. (94) - FRANCE.
(2) - (3) Service de Stomatologie et Chirurgie maxillo-faciale - C.H.I
-Saint-Georges.
modérée à 9 000 par mm3 (53,5% de neutrophiles),
T.P à 97%, TCA à 35 sec (T à 30 sec). Un scanner en
coupes coronales a été réalisé passant par la région
molaire, montrant les rapports entre les dents de sagesse et le nerf dentaire inférieur (photo n°3). Il s’agit
donc d’une cellulite séreuse périmandibulaire gauche
compliquant la désinclusion des deux dents de
sagesse inférieures gauches en position ectopique au
sein d’un kyste péricoronaire. Un traitement antibiotique par voie parentérale (AUGMENTIN 3g par
24 heures, ORBENINE 1g par jour, FLAGYL 1,5g par
jour) est entrepris pendant 4 jours avec relais per-os
pendant 6 jours permettant de combattre les phénomènes infectieux et de lever le trismus.
Quatre semaines après l’épisode infectieux, le patient
est de nouveau hospitalisé pour extraction sous
anesthésie générale des dents 38, 38 bis et 45 bis.
Celles-ci sont de morphologie normale. En per-opératoire, on ne note aucun tissu faisant penser à une
enveloppe kystique. Néanmoins, la cavité est soigneusement curetée. Il est décidé de ne pas extraire
les autres dents de sagesse qui restent asymptomatiques jusqu’à ce jour. L’extraction de 38 bis
nécessitant une résection alvéolaire très importante,
on préfère réaliser en fin d’intervention un blocage bimaxillaire temporaire (ligature d’IVY) devant la minceur de l’os basilaire restant. La radiographie panoramique post-opératoire confirme l’absence de fracture à ce niveau (photo n°4).
Le patient est revu 8 jours plus tard pour ablation des
ligatures d’IVY et des fils endobuccaux, il existe une
bonne cicatrisation et l’absence de toute complication.
Le contrôle tant clinique que radiologique réalisé le
28 Août 1992, soir 2 mois plus tard, est normal. A
noter la persistance d’un apex restant de 38 qui n’a
pu être extraite du fait des difficultés techniques peropératoires (photo n°5).
COMMENTAIRES ET CONCLUSIONS
La survenue d’une hyperodontie serait due à une
hyperactivité localisée de la lame dentaire, évagi-
Odonto-Stomatologie Tropicale
Hyperodontie molaire…
nation supplémentaire due à une irritation locale ou à
une “induction” cellulaire purement accidentelle ; elle
pourrait aussi être due à un clivage du germe dentaire à un moment quelconque de l’odontogénèse,
situées à son contact. Il faut insister sur le caractère
parfois nettement inflammatoire de la tuméfaction et
sur la possibilité de fistulisation muqueuse avec issue
d’un liquide crémeux blanchâtre.
La morphologie de la dent peut être normale : c’est la
dent surnuméraire (ou supplémentaire) ou l’hyperondontie eumorphique ; elle est plus souvent anormale (dents en général conoïdes) : c’est la dent
accessoire ou l’hyperodontie dysmorphique.
Les tumeurs sont dominées en fréquence et en intérêt par l’améloblastome. Celui-ci se présente sous les
divers aspects décrits pour le kyste épidermoïde. La
radiographie fournit des images souvent polygéodiques (“bulles de savon”) et rarement monogéodiques.
On peut observer l’inclusion de dents ou germes dentaires, refoulés en périphérie de la tumeur vers le
bord basilaire ou dans la branche montante. Le canal
dentaire est aussi harmonieusement refoulé vers le
bord basilaire.
Les dents surnuméraires de découverte fortuite sont
souvent asymptomatiques. Il arrive de temps en
temps que cette découverte ait lieu à l’occasion d’un
accident infectieux en rapport avec l’évolution de ces
dents.
b) Traitement
a) Diagnostic
Une image lacunaire peut être un kyste ou une tumeur odontogène ou non, sous une forme monokystique. Ce fait suffit pour entreprendre l’énucléation et
l’examen anatomopathologique de toute lésion kystique même la plus anodine en apparence. Il est utile
de rappeler en raison des facteurs inflammatoires
existants, l’opportunité qu’il y a d’intervenir à froid.
La présence d’une image kystique ouvre de principe
une discussion diagnostique. On doit envisager ces
diagnostics différentiels dans le cadre de deux grands
groupes : kystes et tumeurs odontogènes,
Parmi les kystes odontogènes, citons le kyste dentigère (péricoronaire ou folliculaire) et le kyste épidermoïde. Le premier est très fréquent. Toujours associé
à la couronne d’une dent définitive, il est à localisation mandibulaire dans 75% des cas et en particulier, au niveau molaire. Il est aussi souvent associé à
la couronne d’une dent incluse. La radiographie montre une clarté régulière limitée par une bordure dense.
Le kyste épidermoïde est classiquement caractérisé
par le siège au niveau de la branche horizontale de la
mandibule. Il intéresse plutôt l’angle, la branche montante et la région molaire. l’image radiologique est
mono ou polygéodique. Rarement développé au voisinage d’une dent incluse, le kyste épidermoïde provoque la résorption des racines des dents normales
C’est l’occasion aussi de rappeler les difficultés peropératoires liées à la position ectopique de ces dents.
Leurs rapports avec le nerf dentaire inférieur, les
2èmes molaires et l’os basilaire (pour ce qui est de
dents de sagesse inférieures) doivent être minutieusement analysés.
Du fait de ces difficultés, l’abstention doit être de
règle dans le cas des dents surnuméraires asymptomatiques.
En conclusion, l’intervention est indiquée lors d’un
accident évolutif de désinclusion ou kystique.
RESUME
Nous présentons le cas d’un patient d’origine antillaise, suivi pour péricoronarite en rapport avec la
dent 38. Les radiographies révèlent la présence de 4 dents de sagesse surnuméraires ectoriques. Les
couronnes des dents 38 et 38 bis semblent appartenir à une formation kystique dont nous discutons
les diagnostics différentiels.
Une attitude thérapeutique est proposée tenant compte respectivement des dents incluses, du kyste et
du silence des autres dents surnuméraires.
Mots clés : Dents surnuméraires - Hyperodontie - Péricoronarite - Kyste péricoronaire - Kyste épidermoïde - Améloblastome.
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Odonto-Stomatologie Tropicale
Hyperodontie molaire…
SUMMARY
Molar hyperodontia discovered on the occasion of a pericoronitis
of mandibular wisdom teeth. Aa case report.
The authors present the case of ectopic upernumerary fourth molars. The patient, a Guadeloupe Island
man was previously followed for a pericoronitis. The 38 and 38 bis crowns seem to be included in a
cyst, and differential diagnosis is discussed. Regarding to impacted teeth, cyst and asymptomatic
supernumerary teeth, the authors propose their treatment.
Key-words : Supernumerary teeth - hyperodontia - Pericoronitis - Epidermoid - cyst - Follicular Cyst Ameloblastoma.
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