Y a-t-il une vie après le pouvoir ? N° 51-52

publicité
TRAVAUX ET DOCUMENTS
Responsable de la collection : Patrick Quantin
Y a-t-il une vie après le pouvoir ?
Le devenir des anciens chefs d’État africains
Sandrine Perrot
Doctorante, Centre d’étude d’Afrique noire
N° 51-52 - 1996
CENTRE D'ÉTUDE D'AFRIQUE NOIRE
Institut d'Études politiques de Bordeaux
B.P. 101 - Domaine universitaire
F-33405 TALENCE CEDEX
Tél. (33) 05 56 84 42 82
Fax (33) 05 56 84 43 24
E-mail : [email protected]
l peut paraître bien anodin de traiter des présidents sortis du pouvoir *. Boudée par la science politique, qui
focalise légitimement son attention sur les hommes au pouvoir, cette partie de la carrière des entrepreneurs
politiques ne manque pourtant pas d’intérêt. Les démêlés de Kenneth Kaunda avec le nouveau gouvernement
zambien, l’exil doré du tchadien Hissein Habré perturbant le gouvernement sénégalais et surtout les récents retours
à la magistrature suprême de Pierre Buyoya au Burundi et de Mathieu Kérékou au Bénin ont démontré, si besoin
était, qu’une trajectoire politique ne s’arrêtait pas toujours à la sortie du pouvoir. Les présidents sortants ne sont
pas tous (loin de là) de paisibles “retraités” du pouvoir.
Nous n’employons pas ici les termes “d’entrepreneur” et de “carrière politique” au hasard car nous partons de
l’idée que dans le contexte très particulier d’un État africain néo-patrimonial, un chef d’État accumule au cours de
sa présidence un stock de ressources (politiques, économiques ou sociales) considérable dont l’État, monopolisé par
une élite restreinte, est le plus grand fournisseur. Devant l’inégalité du contrôle et de la distribution des ressources,
c’est principalement dans l’accès aux dépouilles de l’État que réside l’enjeu de la compétition politique (1).
R. Dahl définit simplement une ressource comme “un moyen par lequel une personne peut influencer le
comportement d’autrui” (2). Parmi les ressources politiques, ce même auteur cite “l’argent, l’information, la
nourriture, la menace de la force physique, les emplois, l’amitié, le rang social, le droit de légiférer, les votes et
toute une variété d’autres phénomènes” (3). La liste est loin d’être exhaustive. Une fois son “stock” accumulé,
l’entrepreneur politique aura pour tâche, tout au long de sa carrière, de gérer ses ressources, de les mobiliser de
façon rationnelle pour parvenir à ses fins (4). Le “politicien investisseur” fait alors fructifier ses ressources, les
utilise, les néglige, les active et les désactive selon les stratégies qu’il élabore pour sa survie politique (5). Ilchman,
Uphoff, et bien d’autres, donnent à la mobilisation des ressources l’image d’une évaluation de la “valeur
marchande” des stocks de ressources qui permettrait ensuite de répondre au jeu de l’offre et de la demande sur un
marché politique (6). Pourtant, si la métaphore olsonienne des coûts et bénéfices semble en effet appropriée pour
évoquer ce processus, la vision économiciste qui en résulte est de toute évidence simpliste et illusoire.
En effet, contrairement à ce qu’affirmait C. Tilly, les ressources mobilisables ne possèdent pas toutes et à tout
moment des “caractères intrinsèques”, une réalité “en soi”, qui permettent une estimation quantitative précise (7).
Comment mesurer le charisme ou la légitimité d’un acteur politique? Ces deux avantages ne prennent en effet leur
valeur que par rapport au contexte dans lequel ils sont utilisés :
_________________
I
(*) Je tiens à remercier J.-P. Daloz pour m’avoir suggéré le thème de cette étude et avoir dirigé mon travail de DEA, P. Quantin, directeur de cette
publication, pour avoir porté son attention sur ce texte et m’avoir apporté son aide au cours des corrections, J.-F. Médard, mon directeur de thèse, pour sa lecture
attentive et enfin les différents chercheurs ou doctorants qui ont bien voulu m’accorder un peu de leur temps pour discuter du devenir des anciens présidents
africains (M. Cahen, R. Buijtenhuijs, C. Toulabor, M. Gazibo et E. Gauvrit). Bien sûr, toutes les erreurs, lacunes ou inexactitudes qui pourraient se trouver dans
ce texte m’incombent personnellement et n’engagent en rien la responsabilité des personnes précédemment citées.
Les données ne prennent pas en compte les événements postérieurs à septembre 1996, comme la mort de
Bokassa ou la réélection de D. Ratsiraka.
2
“En résumé et plus abruptement, ni la ‘valeur’ou l’efficacité des ressources politiques, ni leurs ‘propriétés’- aussi
‘intrinsèques’ soient-elles -, ni les calculs ou même les manipulations dont elles sont l’objet ne peuvent être
appréhendés indépendamment de leurs rapports aux contextes sociaux dans lesquels les mobilisations s’inscrivent, et
surtout, pour ce qui est des crises politiques, des bouleversements que ces contextes peuvent connaître” (8).
Ainsi la “valeur” des ressources varie de manière très sensible, notamment dans des conjonctures de fluidité
politique comme le sont les sorties de pouvoir (9).
La perte de pouvoir en effet rend complexe toute analyse de la situation, autant par le repositionnement
stratégique et multilatéral des acteurs politiques que par le brouillage conséquent des instruments d’évaluation. Le
génie de l’ancien chef d’État se mesurera alors, non seulement à la façon dont il gérera la fin de son accès privilégié
aux ressources de l’État, mais surtout au succès de ses choix stratégiques et à sa capacité à maîtriser le mieux
possible le jeu politique. Son capital ne sera plus jamais alimenté de façon aussi féconde que lors de sa présidence.
Son entreprise politique enregistre donc des déperditions qui mènent parfois à une pénurie complète, voire à la
faillite de l’entrepreneur. En d’autres termes, l’ancien président n’est plus alors en position de limiter les contraintes
et d’élaborer librement des stratégies de repositionnement politique ou de remobilisation des ressources. Son stock
se tarit ou perd sa valeur : c’est la chute du big man évoquée par Jean-François Médard (10).
Toutefois, ces pertes peuvent varier considérablement selon la nature et l’importance du stock accumulé, la
valeur de ces ressources lors de la disgrâce présidentielle et le contexte de la sortie de pouvoir. Un entrepreneur qui
quittera volontairement ses fonctions (démission, acceptation des résultats électoraux, alternance constitutionnelle)
aura certainement plus de chance de conserver et de restructurer son capital que celui qui épuisera son stock à
tenter d’assurer sa survie politique et sera chassé par un coup d’État. Aussi n’est-ce pas seulement la quantité de
ressources ni même sa valeur sur le marché qui est ici en jeu, mais le savoir-faire de l’entrepreneur, sa capacité non
seulement à accumuler mais aussi à restructurer son capital en fonction de son obsolescence, de son usure ou au
contraire de sa pertinence dans la dynamique contextuelle, à utiliser la ressource qui, pour un moindre coût, lui
rapportera un plus grand bénéfice et à évaluer, à un moment “t”, les ressources des autres acteurs politiques.
Contrairement à une entreprise menée au pouvoir, celle dirigée par un ancien président a pour particularité de
voir ses contraintes environnementales se multiplier de façon incontrôlée puisqu’au sommet de la pyramide étatique
se trouve un autre entrepreneur dont les intérêts entrent en collision avec ceux de l’ancien président. Le contexte de
non-institutionnalisation du pouvoir permet alors au successeur de contrecarrer les stratégies de l’ancien président,
de ponctionner son capital ou de le neutraliser définitivement, et ce malgré l’existence dans certains pays de statuts
légaux concernant les anciens chefs d’État (11).
Mais l’idée préconçue selon laquelle tous les anciens dirigeants auraient été mis hors circuit par les nouveaux
gouvernements ne rend pas du tout compte de la diversité extrême des devenirs postprésidentiels : nombreux sont
ceux qui ont été destitués par un coup d’État, assassinés ou emprisonnés, mais d’autres se sont reconvertis dans
l’économie ou les carrières internationales, sont revenus sur la scène politique ou sont tout simplement retraités.
C’est cette hétérogénéité qui nous a poussée à recueillir minutieusement toutes les données concernant ces acteurs
politiques particuliers. Pour des besoins comparatifs et afin de combler le manque d’information sur ce sujet, nous
avons regroupé dans un même tableau tous les pays d’Afrique subsaharienne et pris comme dates butoirs celles des
indépendances.
Tout d’abord conçu en annexe d’un mémoire de DEA, ce tableau récapitulatif est ici présenté dans le corps du
texte car il nous a semblé que sa conception originale et son apport de matières brutes seraient utiles en tant que
base de données à l’échelle du sous-continent (12). Notre corpus comprend cent cinquante-quatre cas (13). Le gros
travail préliminaire de recueil d’informations éparses effectué pour cette étude n’a pas empêché, à notre grand
regret, certaines lacunes ou peut-être même certaines erreurs ou imprécisions qu’un spécialiste de tel ou tel pays
africain relèvera sans doute. Cependant, nous estimons sincèrement que ces imperfections ne nuisent pas à l’analyse
de la situation des anciens présidents dans son ensemble. Le bref traitement des données qui est fait ici sous l’angle
des ressources, et qui nous semblait le plus pertinent, n’est bien sûr pas le seul possible. Il nous permettra de
dégager les stratégies décelables des acteurs politiques en termes de mobilisation des ressources, que ce soit à la
sortie du pouvoir ou au cours du devenir ultérieur des anciens présidents. Par souci démonstratif, nous avons classé
les sorties de pouvoir et les devenirs ultérieurs sous de grands chapitres ce qui permet d’ordonner une réalité très
complexe. Notons que les exemples traités ici sont de grandes tendances qu’il nous semblait intéressant de relever.
L’utilisation des informations est rendue plus aisée par la conception du tableau qui facilite non seulement le
décompte, mais aussi le traitement informatique des données dont l’apport visuel sera d’une aide précieuse.
3
Les sorties de pouvoir
Violence et pouvoir
Souvent mise en avant par les afro-pessimistes ou ceux qui analysent ce phénomène comme un atavisme de
comportements précoloniaux, l’utilisation de la violence au cours du transfert de pouvoir est sans aucun doute un
symptôme non pas des Africains, mais de l’État en Afrique, de sa non-institutionnalisation et de l’hypertrophie de
son chef d’État. Le contrôle de l’État et de ses ressources par un seul homme - ou plus exactement un homme et sa
famille, son clan, son ethnie… - ne laisse dans la plupart des cas aucune chance à des ambitions extérieures de se
manifester si ce n’est en s’exprimant par la force.
Les coups d’État
Les coups d’État sont sans conteste le mode le plus répandu d’alternance politique utilisé en Afrique depuis
l’indépendance, que ce soit le fait des militaires ou du moins des dirigeants des forces de coercition, l’organisation
d’un complot par une faction d’un groupe armé ou une partie d’une institution, une émeute récupérée par une
institution comme prétexte à son intervention, une insurrection demandant à l’armée d’intervenir, une révolte
populaire, des manifestations de masse dans tout le pays… .
Les chiffres dénombrent quatre-vingt-six coups d’État en Afrique noire depuis le premier, en 1958, qui fit
tomber au Soudan Ismaïl al-Azhari jusqu’au plus récent, celui qui destitua le président malgache Albert Zafy suite
à la confirmation, le 5 septembre 1996, par la Cour constitutionnelle de “l’empêchement définitif” du chef de l’État
suite à des violations répétées de la Constitution. Cette sortie de pouvoir est placée loin devant les assassinats
(17 cas dont 8 au cours d’un coup d’État), les présidents décédés au pouvoir (12 cas), les démissionnaires (12 cas)
et enfin les présidents tout nouvellement battus aux élections (10 cas). En dehors de toute proportion, l’amplitude
de ce phénomène est d’autant plus frappante qu’elle est concentrée à la fois dans le temps et dans l’espace.
Il n’est pas dans notre propos de nous attarder sur les raisons des coups d’État (14). Remarquons simplement
leur importance, notamment au cours des années 1966 et 1979 où les militaires se sont imposés sur la scène
politique dans de nombreux pays d’Afrique. Mais notons surtout qu’un rapide coup d’œ il sur le tableau établit sans
conteste la concentration géographique du phénomène. Alors que les pays d’Afrique australe semblent épargnés par
ce phénomène, l’Afrique de l’Ouest et du Centre, notamment le Bénin, le Burkina, le Ghana et le Nigéria détiennent
des records avec, par exemple, six coups d’État au Bénin sur une période de dix ans.
Graphique n° 1 : les coups d’État
9
8
7
6
5
4
3
2
1
1996
1994
1992
1990
1988
1986
1984
1982
1980
1978
1976
1974
1972
1970
1968
1966
1964
1962
1960
1958
0
4
5
0
Repas
Essence
Hotel
Examinée sous l’angle de la mobilisation des ressources, cette abrupte interruption du pouvoir est sans doute la
faillite la plus effective de l’entrepreneur politique. La neutralisation de l’ancien président est immédiate
politiquement, économiquement et très souvent physiquement. Coupé du contrôle physique de ses ressources,
aucune stratégie ne peut être mise en place immédiatement. La captation du capital, quelle que soit son importance,
est automatique et l’entrepreneur se voit réduit à gérer un stock de ressources, soit nulles, soit entièrement
inutilisables dans le nouveau contexte, quelle que soit la taille du stock accumulé. L’exemple de Jean-Bedel
Bokassa, aussi démesuré qu’il puisse être, est sur ce point édifiant. Craignant de subir lui aussi le sort de Fulbert
Youlou (Congo), il avait ponctionné de façon phénoménale les richesses de la République centrafricaine, en plaçant
son argent dans des sociétés agricoles, commerciales et industrielles installées à Bangui et à Berengo. Il avait
également ouvert divers comptes en France et en Suisse (15). Il possédait une fabrique de disques, un atelier pour
ustensiles de cuisine, des marchés de café… Il contrôlait l’exploitation de l’ivoire, les sociétés minières Diadème,
Diafin ou Sicamine, l’exploitation de caféiers, d’hévéas… Enfin, restaurants, quincailleries, pharmacies, garages,
immeubles commerciaux et autres compagnies aériennes constituaient son capital (16). Pourtant rien de tout cela
n’a résisté au retour au pouvoir de David Dacko qui lui a confisqué tous ses biens, à part ses deux châteaux
français où vivent encore sa femme Augustine et ses enfants, ainsi que son fils aîné, Georges (17). C’est donc dans
la plus grande pauvreté qu’il a rejoint son palais de Berengo vidé de ses meubles par une vente aux enchères et de
ses documents compromettants par les services de renseignements français (18).
La difficulté la plus grande qui se pose à un Président victime d’un coup d’État est la vitesse de réalisation des
événements qui le mettent souvent “échec et mat” avant qu’il ait le temps de réfléchir à un coup. Pourtant, cet arrêt
brusque dans la carrière d’un président n’est pas donné une fois pour toutes. Il apparaît sur un total de quatrevingt-six coups d’État que huit présidents ont été assassinés pendant l’événement, huit ont été exécutés
ultérieurement, trente ont été mis en détention, trente-huit se sont exilés (cinq étaient déjà à l’étranger lors des
événements), dix ont pu se reconvertir dans un autre domaine, cinq se retirer de toute vie publique et enfin dix-neuf
sont revenus sur la scène politique dont cinq à la magistrature suprême.
Ainsi, sans stopper de façon automatique une carrière postprésidentielle, un coup d’État entrave
considérablement la liberté d’action d’un entrepreneur et réduit proportionnellement ses choix. L’exil reste un
réflexe sécuritaire pour ceux qui, en quittant le pouvoir, ont perdu une ressource institutionnelle fondamentale pour
sa survie : l’usage des forces de coercition. L’emprisonnement est lui aussi très fréquent, car de la neutralisation du
chef d’État dépend souvent la réussite du coup d’État. Mais les chiffres montrent que d’autres “retraites” s’ouvrent
aux anciens présidents. Nous y reviendrons dans la deuxième partie.
Les assassinats
C’est le même processus de neutralisation de l’entrepreneur politique qui se met en place lors des assassinats.
Nous avons déjà compté huit présidents décédés pendant des coups d’État réussis, deux pendant des coups avortés.
Mais les assassinats présidentiels ne marquent pas forcément la fin du régime en place. Le meurtre du général
Murtala Mohammed le 13 février 1976 au Nigéria au cours d’une tentative de coup d’État n’a pas provoqué la
chute du Conseil militaire suprême, pas plus que celle de Marien Ngouabi en mars 1977 n’a mené à la dissolution
du Parti congolais du travail (PCT). En prenant donc en considération cet autre cas de figure, ainsi que les
“accidents” d’avion ou autres qui apparaissent dans les représentations populaires comme de véritables assassinats
- Samora Machel par exemple (19) -, le nombre des chefs d’État africains assassinés s’élève à dix-sept.
La caractéristique de ces cas d’alternance politique réside dans la nature symbolique des ressources qu’ils
produisent. Indéniablement, l’élimination physique d’un Président, fut-il sorti du pouvoir, se répercute sur
l’imaginaire populaire, que ce soit de façon productive ou contre-productive. Autant par exemple le meurtre du
libérien Samuel K. Doe renforça par sa violence la valeur des ressources coercitives de son commanditaire, autant
l’assassinat de Sylvanius Olympio (Togo), de François Tombalbaye (Tchad) ou de Thomas Sankara (Burkina)
rejaillissent de façon contre-productive sur le pouvoir en place (20). A tel point qu’aujourd’hui les fils de S.
Olympio et de F. Tombalbaye sont dotés de ressources de légitimité “héréditaire”, en quelque sorte, très utiles pour
renforcer leur carrière politique (21). On assiste alors au transfert, à “l’héritage” des ressources du père,
revalorisées par sa mort, vers son fils.
Les lieux de sépulture clandestine choisis par le nouveau gouvernement vont tout à fait dans le même sens.
Ainsi, au Tchad, ce n’est que sur les recommandations de la Conférence nationale en 1993, soit dix-huit ans après
son décès, que les restes de F. Tombalbaye ont été exhumés près de l’aéroport de Faya-Largeau où, craignant que
les pèlerinages ne s’organisent autour de son tombeau, le Conseil supérieur militaire l’avait transporté
clandestinement (22). Le corps de T. Sankara a été jeté dans une fosse commune. En dehors de notre corpus, les
ossements de l’empereur Haïlé Sélassié furent découverts le 16 février 1992 sous le bureau de l’ancien président H.
Mengistu à trois mètres sous terre là où il avait été enterré en secret dans la nuit du 27 août 1975. Déposé par des
5
militaires lors de la Révolution de 1974, l’ex-empereur, officiellement mort d’un accident circulatoire, aurait, selon
d’autres sources, été étouffé sur les ordres de H. Mengistu, onze mois plus tard, sous un oreiller imbibé
d’éther (23). Sa dépouille avait été recherchée dès la destitution de H. Mengistu. Trois tombes auraient été
creusées en secret pour éviter tout risque de rassemblement autour de la sépulture. En février 1992, ses ossements
exhumés ont été ensevelis dans une partie du mausolée de Ménélik II, en attendant que le gouvernement de Mélès
Zenawi autorise des funérailles officielles. Elles avaient été prévues le 23 juillet 1992, le jour anniversaire de la
naissance de l’empereur, mais M. Zenawi a fait savoir au mouvement monarchiste Moa Ambessa, ainsi qu’au fils
d’Haïlé, Amha Sélassié, prétendant au trône, et qui avait été proclamé empereur en 1988 par un gouvernement en
exil à Londres, qu’il faudrait reporter les funérailles sine die afin de ne pas conférer à l’événement une portée
nationale (24).
Dans le cas de Samuel Doe, son assassinat a eu bien plus de puissance sur l’imaginaire social qu’aucune autre
prise de pouvoir, conférant ainsi à l’exécutant un stock extraordinaire de ressources fondées sur la terreur.
D’autant plus après l’exhibition du cadavre mutilé et conservé par une injection de formol dans la cour de l’hôpital
de la ville (25).
Nous l’avons dit, cette image de passation de pouvoir brutale est sans doute celle qui s’accroche le plus à
l’Afrique ; pourtant, elle n’est pas la seule forme d’alternance car si elle représente de manière emblématique la
volonté farouche de certains hommes de pouvoir de se maintenir à la tête de l’État le plus longtemps possible,
d’autres ont choisi de se retirer volontairement : il s’agit d’un côté des démissionnaires, de l’autre des militaires
cédant le pouvoir aux civils.
Les départs pacifiques
Cette catégorie d’anciens présidents associe à la fois les chefs d’État qui, grâce à leur génie d’entrepreneur, sont
parvenus à maintenir entre leurs mains le pouvoir, et ce malgré leur âge ou leur maladie, et les autres présidents qui
au contraire ont quitté le pouvoir volontairement avant le terme de leur mandat politique. Pourtant d’un côté comme
de l’autre, le transfert de pouvoir s’est produit sans à-coup et de façon pacifique. Seule, la Guinée a connu un coup
d’État immédiatement après le décès du président Sékou Touré.
Les décès au pouvoir
Notons tout de suite que douze présidents africains sont morts alors qu’ils étaient encore au pouvoir (Agostinho
Neto en Angola, Félix Houphouët Boigny en Côte-d’Ivoire, Léon M’ba au Gabon, Sékou Touré en Guinée, le
président libérien Tubman, Jomo Kenyatta au Kénya, le Nigérien Kountché, Seretse Khama au Botswana, le roi
Sobhuza du Swaziland, plus récemment le roi Moshoeshoe II du Lesotho, Mohammed Farah Aïdid en Somalie et
Milton Margaï de Sierra Leone). Nous l’avons déjà évoqué, les artifices de la survie politique en Afrique sont
souvent déployés de telle sorte que le pouvoir reste une rente à vie. Quelle plus grande preuve de survie politique
pour un autocrate que de mourir dans son lit? Pour éviter de quitter le pouvoir, Francisco Nguema n’avait pas
hésité à s’autodiviniser. Quant à l’empereur J.-B. Bokassa il avait souhaité restaurer le droit régalien en nommant
l’un de ses fils héritier de l’empire. Quelque temps plus tard, regrettant son choix, il changea le nom de celui-ci
pour mettre à la place celui de son fils le plus jeune!
A l’inverse, vingt présidents ont interrompu leur présidence de plein gré et parfois avant leur terme. Douze ont
donné leur démission : J. Ankrah (Ghana) et B. Vorster (Afrique du Sud) à la suite d’un scandale, L. Senghor
(Sénégal), J. Nyerere (Tanzanie), A. Ahidjo (Cameroun), I. Babangida (Nigéria), P. Botha (Afrique du Sud),
S. Stevens (Sierra Leone), F. Malloum (Tchad), A. Osman et I. Al-Azhari (Soudan), enfin Letsie III (Lesotho) qui
abdique en faveur de son père. Par ailleurs, huit militaires ont rendu le pouvoir aux civils (A. Alley, P. De Souza et
C. Soglo au Bénin, Siwar al-Dahab au Soudan, J. Rawlings au Ghana, P. Ramaema au Lesotho, O. Obasanjo au
Nigéria et A. Touré au Mali). Ces quelques cas méritent d’être cités autant pour leur rareté que pour leur
“exemplarité”. Au contraire des cas précédemment cités, cette sortie du pouvoir permet à l’entrepreneur de gérer
son capital de façon tout à fait différente de celle de ses homologues dans le sens où les contraintes liées au nouvel
environnement sont préparées, limitées, voire parfaitement contrôlées par le président sortant (L. Senghor par
exemple).
Les démissionnaires
Dans ce contexte de rétention du pouvoir, vouloir quitter volontairement et prématurément la tête de l’État
semble tenir de l’hérésie. Bien plus, ce retrait éveille la méfiance des moins soupçonneux. Peut-on l’interpréter
comme un moyen, pour ces entrepreneurs politiques, de partir avant l’obsolescence totale de leurs ressources,
6
quand ils jugent d’un œ il avisé qu’il ne leur reste que peu de temps avant de subir un coup de force? Est-ce une
façon de préparer une retraite paisible? Est-ce enfin limiter en professionnel de la politique les risques conséquents
à une chute involontaire? Atout considérable, les démissionnaires (qu’ils soient militaires ou civils) peuvent, alors
qu’ils sont encore au pouvoir, préparer l’ascension de leur successeur, ce qui limite leurs contraintes
postprésidentielles de façon considérable.
L. Senghor n’a semble-t-il négligé aucun détail concernant la passation de pouvoir. Au niveau légal, tout
d’abord, le statut des anciens présidents est très bien régi par la loi sénégalaise. L’ancien chef d’État bénéficie,
aujourd’hui encore, du paiement régulier d’une pension ainsi que d’un bureau et d’une voiture de fonction. D’autre
part, Senghor fit modifier la Constitution tout d’abord en 1969 pour y inscrire le poste de Premier ministre. Il
accrut considérablement les pouvoirs de son bras droit, lui apporta un soutien sans faille et lui confia de
nombreuses missions diplomatiques notamment en France. En d’autres termes, il participa à la formation d’un
stock de ressources confortables pour Abdou Diouf (26). La modification constitutionnelle d’avril 1976 vint
compléter ce schéma en faisant du Premier ministre le successeur automatique du chef de l’État “jusqu’à la fin de
son mandat en cours, sans avoir à se présenter d’ici là devant les électeurs en cas de décès, d’empêchement ou
de démission de ce dernier” (27). Ainsi, en démissionnant deux ans avant les prochaines élections, L. Senghor
permettait à A. Diouf d’asseoir son pouvoir sans craindre les échéances présidentielles qui devaient se tenir en
février 1983. Il s’assurait également une sortie de pouvoir sans fracas et sans compétition vis-à-vis de son héritier.
Cela ne signifie pas pour autant que la sortie de pouvoir des démissionnaires soit chaque fois réussie. Ahmadou
Ahidjo fait partie de ces dirigeants qui croyaient avoir préparé rationnellement leur retraite en formant leur
successeur ou en gardant un “placement en politique” grâce à des nominations signées au bénéfice de leurs proches
dans les derniers jours de leur présidence (28). Il semble pourtant qu’A. Ahidjo ait été manipulé par son
successeur. En effet, le Président camerounais avait consulté divers médecins, camerounais et français, qui tous lui
auraient confirmé son piteux état de santé. C’est donc en raison de cette “maladie” qu’A. Ahidjo décida de sa
démission en prenant soin de placer à la tête de l’État son dauphin, Paul Biya. Or, une fois sorti du pouvoir, il n’eut
plus aucun symptôme de son mal (29).
Conscient de ce piège Ahidjo décide alors, malgré son manque de soutien évident, de barrer la route à son
successeur. La mainmise qu’il gardait sur l’UNC, le parti dirigeant, lui fit envisager de créer un État bicéphale avec
primauté du parti sur l’État, espérant ainsi regagner le pouvoir. Mais le 18 juin 1982, P. Biya forme un nouveau
gouvernement sans Ahidjo. Celui-ci fomente alors un coup d’État qui sera stoppé aussitôt (30). Quittant le
Cameroun avec sa famille, il rejoint la France puis se rend au Sénégal en 1987 où il décède d’une crise cardiaque
deux ans plus tard (31).
Le pouvoir cédé aux civils
Sur quatre-vingt-six coups d’État, seuls huit militaires ont rendu le pouvoir aux civils. Le retour des militaires
dans les casernes a chaque fois été périlleux puisqu’en tant que dirigeants de l’armée, les généraux et autres
commandants en chef de l’armée détiennent entre leurs mains le maniement des ressources coercitives. Pourtant, la
stratégie qui consiste à effectuer un retour aux casernes en se soumettant à l’autorité civile peut tout à fait garantir
une reconversion fructueuse des ressources. Comme dans le cas des démissionnaires, le fait de céder le pouvoir aux
civils ne remet pas en cause la viabilité de l’entreprise politique. Bien sûr, l’accès aux dépouilles de l’État est
réduit, mais le repositionnement à l’échelle internationale des acteurs politiques leur assure une trajectoire de
réussite sans commune mesure avec celle de leurs homologues qui ont décidé de s’attacher au pouvoir. Les
ressources accumulées sont conservées et réinvesties dans d’autres positions de pouvoir, à tel point que les anciens
présidents deviennent gênants auprès de leur successeur en raison de leur popularité. Ils se trouvent dotés d’une
image de garant du bon fonctionnement de l’État et apparaissent comme les hommes de la providence en cas
d’échec de leur successeur.
Parmi ces militaires respectueux de la parole donnée, deux sont revenus au pouvoir : Jerry Rawlings, le
président ghanéen et le béninois Christophe Soglo. Le retour au sein des forces armées et l’ascendant qu’ils avaient
sur leurs hommes ont sans doute bénéficié à Soglo et Rawlings qui, après être sortis du pouvoir, sont tous deux
réapparus à la faveur d’un coup d’État. Hilla Limann avait tenté de mettre Rawlings au ban de l’armée considérant
avec raison la menace qu’il représentait pour le nouveau pouvoir. Rawlings est toujours à la tête de l’État ghanéen.
Les autres anciens chefs d’État, pour la plupart, ont pris leur retraite dans l’armée ou se sont reconvertis dans
une carrière internationale - reconversion qui devient d’autant plus facile que cette sortie de pouvoir gagne les
faveurs des instances internationales.
7
Accepter les règles du jeu
Nous avons regroupé, sous cette dernière référence, les sorties de pouvoir qui se sont effectuées selon les règles
à portée démocratique du jeu politique, que ce soit un retrait présidentiel à la fin d’un mandat ou le renoncement au
pouvoir d’un président battu aux élections.
Les alternances constitutionnelles
Bien qu’elle n’apparaisse pas en Afrique comme une voie classique de sortie de pouvoir, l’alternance que nous
qualifions de “constitutionnelle” - dans le sens où elle se fait dans le respect des règles politiques - est elle aussi
présente sur le continent noir.
Huit anciens présidents au total se sont retirés du jeu politique à la fin de leur mandat. Au Zimbabwe, les
accords de Lancaster House avaient donné à Canaan Banana un rôle protocolaire et au Premier ministre (Robert
Mugabe) la plénitude des pouvoirs. C’est donc R. Mugabe qui devient président après la réforme constitutionnelle
de 1987 supprimant le poste de Premier ministre; Ali Saïbou s’est soumis aux prescriptions de la Conférence
nationale nigérienne; Hubert Maga a cédé le pouvoir à son homologue béninois Ahomadegbe selon les accords du
triangle tournant; Pinto da Costa à São Tome et Principe, devant la défaite de son parti, le MLSTP, en janvier
1991, a décidé de ne pas se présenter aux présidentielles de mars 1991. Au Congo, Alfred Raoul a consenti, selon
les nouvelles dispositions constitutionnelles, à céder les pleins pouvoirs au Président du Conseil national de la
révolution, Marien Ngouabi. Julius Maada Bio en Sierra Leone accepte la tenue d’élections auxquelles il ne se
présente pas; le tanzanien Ali Mwinyi se retire, selon les dispositions constitutionnelles, après avoir effectué deux
mandats; enfin Paul Muwanga a fidèlement laissé la place à Milton Obote en préparant de surcroît activement le
retour sur la scène politique de l’ancien président ougandais. Tous sont restés après leur départ à l’ombre de la
scène publique - en dehors de P. Muwanga qui fut un temps rappelé comme vice-président auprès d’Obote puis
Premier ministre sous le régime militaire de Tito Okello (32). Il fut arrêté après la victoire de Yoweri Museveni
sous l’accusation de haute trahison avant que les charges ne soient abandonnées en février 1987 (33).
Il semble que si leur capital reste quasiment le même avant et après leur passage au pouvoir du fait de leur
succession sans à-coup, la plupart de ces entrepreneurs aient cessé toute activité. Ils font partie de la catégorie des
“paisibles” retraités du pouvoir.
Enfin la dernière sortie de pouvoir que nous allons évoquer est la plus récente. La libéralisation engagée dans de
nombreux pays d’Afrique subsaharienne aboutit, depuis le début des années 1990, à l’instauration de nouvelles
voies de sortie de pouvoir totalement inédites, celles des élections libres.
Les échecs électoraux
Le nombre de présidents quittant le pouvoir après leur défaite électorale a en effet considérablement grossi ces
dernières années : ils sont actuellement au nombre de dix (F. De Klerk en Afrique du Sud, M. Kérékou et N. Soglo
au Bénin, K. Banda au Malawi, K. Kaunda en Zambie, D. Sassou Nguesso au Congo, P. Buyoya au Burundi,
D. Ratsiraka à Madagascar, A. Pereira au Cap-Vert et A. Kolingba en Centrafrique) et la prochaine échéance
électorale qui devrait avoir lieu dans la plupart des pays autour de 1997, laisse entrevoir un accroissement rapide de
ce chiffre si toutefois l’interruption des processus démocratiques, au Niger par exemple, ne freine pas cette
tendance. Il serait à ce propos certainement intéressant de suivre le déroulement des carrières postprésidentielles
des chefs d’État parvenus au pouvoir puis sortis du pouvoir par le biais des élections, dans le sens où cette nouvelle
perspective, qui dicte au chef d’État sa date d’entrée et de sortie de façon institutionnelle, influe bien sûr sur la
gestion des ressources qu’il détient.
Ce sont des génies de la survie politique, tels que D. Sassou Nguesso, K. Hastings Banda ou M. Kérékou qui
ont quitté le pouvoir au début des années 1990 après avoir été sanctionnés par les urnes (34). Tous ces présidents
se sont laissés prendre au jeu démocratique qui consistait à accepter la tenue d’élections libres et multipartites
décidée parfois dans le cadre d’une conférence nationale. Tous espéraient plus ou moins une nouvelle victoire mais
les résultats furent sans appel. D. Ratsiraka fut battu au second tour par Albert Zafy avec 33,3% des voix contre
66,7% à son adversaire (35). M. Kérékou n’obtint lui que 32,4% des voix contre 67,4% au bénéfice de Nicéphore
Soglo. D. Sassou ne passa pas le premier tour, etc.
L’acceptation des règles démocratiques, loin de signifier une prise de conscience particulièrement tardive du
sens de l’État, représentait l’unique moyen pour ces entrepreneurs d’éviter le coup de force qui aurait pu leur être
fatal. Devant l’obsolescence parfois subite (comme la chute du communisme pour M. Kérékou), le tarissement
incontrôlable de leurs ressources et surtout leur manque de légitimité dans le nouveau contexte démocratique, ces
autocrates ne trouvent dans leur départ que la seule issue possible. Toutefois, comme pour toutes les sorties
8
volontaires du pouvoir, l’entrepreneur ne met pas en danger son stock de ressources. Dans ce cas très précis, il est
clair que le capital de chacun des présidents était profondément ébranlé, usé par le temps et inutilisable dans ce
nouvel environnement politique. Nous le verrons, la carrière de ces nouveaux démocrates n’est pas pour autant
terminée et certains d’entre eux (M. Kérékou bien sûr mais aussi K. Kaunda) sont parvenus à reconvertir leur stock
inadéquat en ressources pertinentes (36).
Ainsi, la diversité des sorties de pouvoir n’est plus à démontrer. Il en est bien sûr de même en ce qui concerne
les devenirs postprésidentiels. C’est pourquoi dans la même optique, nous avons tenté de mettre à jour les
différentes stratégies de recomposition des entreprises politiques. Notons encore ici que ces catégories ne sont que
quelques grandes tendances dont la liste n’est nullement exhaustive et ne doit pas être figée. Rien en effet
n’empêche un ancien président de passer au cours de sa carrière d’un type de “retraite” à un autre. Nous avons
classé ces devenirs sous trois chapitres : les mises hors circuit, les reconversions et les retours sur la scène
politique.
Les devenirs postprésidentiels
Devons-nous le redire, la sortie de pouvoir influe considérablement sur la suite de son itinéraire. Plus la chute du
“big man” sera dure, plus son entreprise politique en sera affectée. D’autant plus que la compétition qui s’engage
avec le pouvoir en place est féroce.
Certains anciens présidents peuvent être perçus comme une menace par le nouveau chef d’État, de par leur
popularité, leurs ressources économiques ou même leur activisme politique. Certains semblent détenir un stock de
ressources suffisant pour revenir en politique à tout moment. D’autres détiennent des informations susceptibles de
mettre en péril la “nouvelle” classe dirigeante qui, bien souvent, ne s’est que très peu renouvelée par rapport à la
précédente. Aussi est-il obligatoire et parfois urgent de pouvoir prévenir les troubles qu’un ancien président
pourrait causer et de neutraliser ses ressources avant même qu’il n’ait le temps de les utiliser.
Les mises hors circuit
Il existe plusieurs formes de mises hors circuit des anciens présidents, de la plus violente (l’exécution, que nous
ne confondrons pas avec l’assassinat comme alternance politique), à la plus nuancée, celle qui consiste à éloigner
un ancien président en lui confiant des missions internationales.
Les exécutions
Huit anciens présidents ont été exécutés par leur successeur. F. Akuffo, I. Acheampong et A. Afrifa au Ghana,
F. Nguema en Guinée équatoriale, A. Massamba-Débat au Congo, enfin Aman Andom en Éthiopie et C. Ndizeye
(Ntare V) au Burundi sans autre forme de procès. Le cas du président comorien Ali Soilih est un peu particulier
dans le sens où il fut abattu quinze jours après sa mise en détention alors qu’il tentait de s’évader.
Cette mise hors circuit rejoint les assassinats que nous évoquions auparavant si ce n’est que le commanditaire
est dans ce cas officiellement au pouvoir et légitime ses actes en utilisant les ressources juridiques à sa disposition.
Justifiée par un procès sous l’accusation de complot ou de détournement d’argent, l’exécution des anciens
présidents est souvent rapide voire expéditive ne laissant pas la possibilité au chef d’État déchu de monter une
quelconque stratégie de défense.
Dans le cas de A. Massamba-Débat, par exemple, l’ancien président s’était effectivement retiré de la politique
et avait rejoint son village natal lorsqu’il fut accusé du meurtre du président Ngouabi en mars 1977. Selon diverses
sources, Marien Ngouabi aurait en fait contacté peu avant son assassinat Massamba-Débat auquel il aurait
souhaité remettre le pouvoir en raison des difficultés qui lui rendaient la gestion du pays impossible. Yhombi
Opango accusa pourtant l’ancien président A. Massamba-Débat et le fit exécuter ainsi que le cardinal Bayenda,
archevêque de Brazzaville, probablement témoin du crime deux jours seulement après la mort de Ngouabi, sans
procès, ni témoin (37).
Lorsque J. Rawlings prit le pouvoir au cours du mois de juin 1979, il organisa, quelques jours après, l’exécution
des trois anciens présidents : Akuffo, Afrifa et Acheampong accompagnés de cinq généraux de l’armée. N’était-ce
pas, selon lui, la façon la plus efficace de ne plus être gêné par les relations collusoires entre officiers supérieurs et
poten-tats civils qui affaiblissaient et mettaient en danger son tout nouveau pouvoir? (38) On sait par ailleurs que le
lieutenant-colonel Ignatius Acheampong avait pris sa retraite dans l’armée avant d’être arrêté. Doit-on alors
évoquer le soutien qu’il gardait auprès de ses troupes pour expliquer le geste de Rawlings? A. Afrifa, pour sa part,
avait repris une carrière politique et avait été réélu au Parlement en 1979 avant le coup d’État de Rawlings. Quant
à F. Akuffo, il ne fut pas à même d’élaborer un plan de retraite ou de reconversion puisqu’il fut abattu seulement
9
vingt jours après sa chute du pouvoir.
10
Graphique n° 2 : les sorties de pouvoir
Sorties
constitutionnelles
Défaites
Cession aux civils
Démissions
Coups d'État
Assassinats
Décès
Graphique n° 3 : Evolution des sorties de pouvoir depuis les indépendances
14
12
10
8
6
4
2
Coups d'État
Départs constitutionnels
Pouvoir cédé aux civils
Défaite électorale
Décès au pouvoir
Assassinats
1996
1994
1992
1990
1988
1986
1984
1982
1980
1978
1976
1974
1972
1970
1968
1966
1964
1962
1960
1958
1956
0
Démissions
11
La neutralisation de la gestion stratégique des ressources par l’exécution est alors définitive et sans appel
d’autant plus qu’elle s’inscrit dans des références au droit et “légalise” cet acte de violence. La faillite de
l’entrepreneur est totale, l’entreprise de son successeur est florissante : il est en effet parvenu à limiter ses propres
contraintes.
Les mises en détention
La mise en détention, pour être moins brutale, n’en est pas moins efficace pour “geler” une carrière politique.
Quarante et un anciens présidents en tout ont été placés aux arrêts pendant des périodes allant de quelques jours à
plusieurs années. Mais certaines détentions ne duraient guère que le temps d’installer le nouveau pouvoir. D’autres,
comme celles d’Ahomadegbe, durèrent plus longtemps (neuf ans pour le président béninois), celle de D. Dacko
(Centrafrique) onze ans, M. Keita (Mali) neuf ans et G. Kayibanda (Rwanda) trois ans. La durée de
l’emprisonnement n’est pas le seul élément à prendre en compte du point de vue des ressources. Les conditions de
détention par exemple, influent de façon considérable sur la suite de la carrière postprésidentielle. Les mauvais
traitements subis par G. Kayibanda pendant ses trois années de détention ont été la cause de son décès. Au
contraire, D. Dacko a été rappelé après onze ans de détention en tant que conseiller personnel de J.-B. Bokassa.
Chaque fois pourtant, un ancien président devenu gênant ne peut plus être réactif une fois qu’il est en prison ou
en résidence surveillée. Sa détention s’accompagne souvent de restriction voire d’interdiction de communication
avec l’extérieur; ainsi O. Obasanjo, accusé d’avoir fomenté un coup d’État contre le président nigérian Sani
Abacha, avait été arrêté le 12 mars 1995. Après avoir été détenu en résidence surveillée pendant onze jours, il a
été libéré sous les pressions internationales notamment celles de Jimmy Carter, puis assigné à résidence le 23 mars
1995 dans sa ferme d’Otta à 60 km au nord de Lagos sans avoir à sa disposition ni radio, ni télévision, ni
téléphone, ni même de journaux (40).
D’autres parviennent à écarter toutes contraintes pour monter des stratégies de repositionnement politique. Ainsi
Alphonse Alley au Bénin, condamné en 1969 sous l’accusation de complot contre la sûreté de l’État à dix ans de
travaux forcés, fut relâché la même année et nommé secrétaire général de la défense nationale (40).
Garder un ancien président en prison constitue une assurance pour le gouvernement en place et lui laisse la
mainmise sur la plupart de ses ressources. C’est pourquoi d’autres anciens présidents, souhaitant éviter les mauvais
traitements subis par leurs homologues, ont préféré partir et continuer leur carrière en exil.
Les exilés
Quarante-deux anciens présidents au total ont choisi l’exil. Il nous faut nuancer ici encore les différents exils :
présidents surpris par un coup d’État à l’étranger (5 cas) et qui, par la force des choses, se doivent d’y rester pour
sauver leur vie, présidents en fuite à la suite d’un coup d’État (38 cas), exilés à la suite d’une incarcération ou de
l’échec de leur stratégie de reconversion (2 cas). Il nous faut encore nuancer les cas de N. Soglo, Aristides Pereira
et Pinto da Costa qui se sont installés dans un pays étranger sans en subir l’obligation. Enfin Mohammed Ould
Haïdallah est resté sept ans en exil intérieur avant de pouvoir revenir à Nouakchott.
Le coup d’État qui précède un exil est souvent l’occasion pour le nouveau gouvernement de confisquer un
maximum de ressources au président déchu. L’exil, par la distance qu’il instaure avec les soutiens ou les réseaux de
clientèle que l’ancien président entretenait à l’intérieur de son pays, ne fait qu’aggraver cette perte de ressources et
compliquer une gestion adéquate du reste du stock. Si sa qualité principale est d’assurer l’intégrité physique de
l’ancien président, l’exil n’assure pas pour autant la survie du capital accumulé au cours de la présidence. Les
situations d’exil sont elles encore extrêmement diverses. Plus encore que les autres mises hors circuit, l’amorti de la
chute dépend d’abord de l’anticipation que l’ancien président a pu faire devant son itinéraire et notamment la façon
dont il a su ménager ses soutiens extérieurs, internationaux. Il devient primordial à ce moment pour l’ancien
président de trouver un pays d’accueil auprès duquel il trouve un soutien politique et économique. Le choix du pays
d’asile est un instrument d’analyse intéressant dans le sens où il rend compte de la valeur des appuis internationaux
dont l’ancien président peut bénéficier. Il est toujours délicat du point de vue diplomatique d’accueillir un ancien
président, surtout lorsque celui-ci s’appelle Bokassa ou Amin Dada. Certains d’entre eux errent parfois à leur sortie
du pouvoir d’un pays à l’autre en éprouvant quelques difficultés pour obtenir le droit d’asile.
L’exil errant
C’est bien l’activation de ces ressources internationales qui fut la pierre d’achoppement des carrières de
F. Youlou, J.-B. Bokassa ou I. Amin qui se sont vu refuser le droit d’asile par les pays qu’ils avaient sollicités.
12
L’épuisement total de leurs ressources au sortir du pouvoir les avait rendus particulièrement vulnérables et
indésirables. F. Youlou, après avoir dû renoncer au soutien des troupes françaises qui devaient l’aider à faire
avorter le coup d’État, s’est vu refuser le droit d’asile en France et a été contraint de finir ses jours en Espagne dans
le plus grand dénuement économique. I. Amin, après avoir été refusé au Nigéria puis au Gabon, fut refoulé du
Sénégal et consigné à l’aéroport de Kinshasa avant d’être accepté par la Libye puis, à contrecœ ur semble-t-il, par
l’Arabie saoudite (41). J.-B. Bokassa enfin, après être resté deux jours sur la base militaire d’Évreux avec vingt-six
membres de sa suite, fut accepté en Côte-d’Ivoire où l’asile politique lui fut accordé mais où il fut aussi mis sous
clef par Houphouët Boigny qui aurait ainsi suivi les recommandations de Valéry Giscard d’Estaing (42).
Tous les itinéraires cependant ne sont pas voués à un tel échec et une fois le pays d’accueil trouvé, l’exil peut
parfois être le lieu de rebondissement des carrières politiques.
L’exil activiste
Comme nous l’avions dit, du fait de la distance que l’exil impose avec les soutiens de l’ancien président, le
nouveau gouvernement peut sans trop de difficultés intercepter ou contrecarrer tous les plans de recomposition
politique des anciens présidents. L’épuisement des ressources est rapide.
Mais certains parviennent par leur activisme et en faisant jouer le droit international à continuer une carrière
“politique” en dehors de leur pays d’origine, à tel point qu’il n’est pas rare d’entendre les noms de Jaafar AlNimeyri ou Haïlé Mengistu mêlés à une tentative de coup d’État. Ce dernier est actuellement réfugié au Zimbabwe
auprès de Wendemu Kassa, son oncle, ancien ambassadeur à Harare. Loin d’être sans ressources, Mengistu
possède là-bas plusieurs fermes et jouit du soutien financier du gouvernement d’Harare. La distance avec son pays
d’origine ne l’empêche pas de mener encore une action revendicatrice visant à déstabiliser Mélès Zenawi. Il
entretient notamment des relations téléphoniques avec des opposants restés au pays (43). Le matériel le plus
sophistiqué de télécommunication n’a plus de secret non plus pour Hissein Habré qui parvenait, grâce à un système
de communication satellite très évolué, à contacter depuis le Sénégal ses hommes restés au Tchad (44). L’exil est
souvent l’occasion pour les anciens présidents de monter un parti d’opposition (Andrew Juxon-Smith de Sierra
Leone), de se déclarer président du gouvernement en exil (Goukouni Weddeye au Tchad) ou même de préparer un
retour à la magistrature suprême. N’oublions pas que M. Obote grâce au renforcement de ses soutiens
transfrontaliers et à la reconstitution de ses réseaux de solidarité revint, neuf ans après son départ, à la tête de
l’État ougandais (45).
Il faut pourtant apporter un bémol à cette forme d’activisme à distance, car si dans les premiers temps on
accorde une oreille attentive aux présidents déchus, les négociations avec les acteurs politiques locaux font vite
oublier les potentialités extérieures. Les relations diplomatiques sont souvent normalisées avec les “putschistes” et
l’idée d’un retour du président exilé, même si elle se fonde sur le droit, apparaît de plus en plus saugrenue. En avril
1987, le recrutement d’anciens soldats de l’Uganda National Liberation Army (UNLA) par M. Obote et ses
agissements visant, depuis son exil de Zambie, à déstabiliser le régime de Museveni ont suscité de vives tensions
diplomatiques entre les deux pays. Malgré l’amitié qui unissait K. Kaunda et M. Obote, le président zambien dut
assurer de son soutien le nouveau Président ougandais (46).
Après avoir été convaincu par les conseillers militaires américains de quitter la Gambie à bord du navire de
guerre américain, le Lamoure County, Dawda Jawara avait décidé de faire une tournée des capitales européennes
et s’était rendu par la suite aux États-Unis afin de réclamer une intervention militaire pour rétablir le droit dans son
pays (47). Après avoir reçu l’asile au Sénégal, il vint à Paris et se réfugia en Grande-Bretagne. Quelques sanctions
européennes furent prises à l’égard de l’Armed Forces Provisional Ruling Council (AFPRC) du gouvernement
mais aucune véritable action ne fut mise en place (48). Après quelques mois, D. Jawara ne recevait déjà plus la
visite des ministres anglais et son écho international ne cesse de diminuer, tout autant que celui de Mengistu
d’ailleurs.
A l’inverse, il est un cas qui, sans affecter la carrière de l’entrepreneur, donne au contraire à son exil la couleur
de l’or.
L’exil doré
A notre connaissance, aucun des anciens présidents recensés à ce jour n’a connu un exil plus confortable et si
peu contraignant qu’Hissein Habré et cela malgré la commission d’enquête sur ses crimes, malgré son désaveu
international officiel et malgré le pillage méthodique qu’il a pratiqué avant sa fuite. En dépit de celle-ci, dont la
précipitation fut provoquée par l’avancée des troupes d’Idriss Déby, l’ancien président tchadien prépara son départ
d’une façon très réfléchie. En effet, la veille, il fit piller toutes les réserves d’argent du pays en prétextant un “effort
de guerre exceptionnel”. Habré fit ainsi collecter dans la seule journée du 30 novembre 1991 toutes les liquidités
disponibles dans les établissements publics, les sociétés d’État ou mixtes, certaines entreprises privées (Caisse
13
nationale de prévoyance sociale, Cotontchad, Sonatsuc… ) ainsi que dans toutes les banques, comme la Banque
tchadienne pour le commerce et le développement (49). Le rapport de la commission d’enquête précise que deux
jours avant ce pillage des diverses caisses du Tchad, le président Habré avait rencontré les responsables financiers
civils et militaires de la présidence, pour leur demander de faire la situation de leur trésorerie. La somme volée est
estimée à 7 milliards de francs CFA par Déby et à 3.032.080.000 f. CFA par la commission d’enquête.
Aujourd’hui à la charge de l’État sénégalais, sur la demande de F. Mitterrand semble-t-il, avec deux de ses épouses
et une grande partie de sa garde personnelle, Habré se sert de l’argent détourné des caisses de l’État tchadien pour
investir dans l’immobilier au Sénégal. Il aurait également tenté de financer le Mouvement pour la démocratie et le
développement (MDD), mouvement d’opposition armé au régime de Déby depuis le Cameroun (50).
Jamais l’État sénégalais n’a forcé Habré à rendre la somme faramineuse qu’il avait emportée avec lui dans son
exil. Au contraire, c’est l’émissaire tchadien chargé de réclamer les armes, les voitures et même l’Hercule C130
qu’Habré avait emportés dans sa fuite qui a été tué par la garde personnelle de l’ancien chef d’État (51). Hissein
Habré, qui serait étroitement surveillé, recevrait enfin la “protection” du groupe d’intervention rapide (GIR) ainsi
que des brigades d’intervention polyvalente (BIP) qui s’associent en quelque sorte à ses gardes personnels et
renforcent la valeur de ses ressources personnelles coercitives. Plus étonnant encore, jamais le gouvernement de
Déby n’a demandé l’extradition d’Habré pour qu’il comparaisse devant les tribunaux. Soulignons enfin que s’il
était sujet à polémique à son arrivée en terre sénégalaise, Hissein Habré gagne aujourd’hui la popularité des
habitants de Dakar. L’ex-président tchadien a en effet parfaitement su activer les ressources issues de la religion
musulmane, qu’il partage avec une majorité de Sénégalais, en se rendant à la grande mosquée pour les prières et en
multipliant ses relations avec l’organisation de la confrérie islamique et les marabouts tidjanes ou mourides. Voici
une ressource bien originale et innovante que celle de la religion qui, comme nous le verrons, a aussi profité à JeanBedel Bokassa et à Saye Zerbo. La fuite d’Hissein Habré ne semble donc en aucun cas avoir terni son génie
d’entrepreneur et sa capacité à gérer son capital, à accumuler de nouvelles ressources ou à faire fructifier de plus
anciennes.
Ainsi, malgré quelques exceptions, dans la majorité des cas évoqués sous la rubrique “mises hors circuit”, la
gestion postprésidentielle est lourdement soumise aux contraintes imposées par le nouveau gouvernement. Ce sont
justement ces pressions que vingt-six anciens chefs d’État ont réussi à éviter en abandonnant leur carrière politique
pour se reconvertir dans un autre domaine.
Les reconversions
Nous avons qualifié de reconversion le processus qui consiste à déclasser les ressources obsolescentes, usées ou
en voie de tarissement du stock de l’entrepreneur pour mieux en promouvoir d’autres. En d’autres termes, la
reconversion vise à faire prendre à une carrière postprésidentielle une autre voie que celle de la politique. Ces
entrepreneurs décident en quelque sorte de fermer une filiale pour en ouvrir une autre. Le phénomène de
“straddling” ou chevauchement que relève Jean-François Médard dans son article sur le big man est sur ce point
très utile (52). Le multipositionnement des acteurs politiques varie selon la dynamique contextuelle, et par
l’échangeabilité des ressources qu’il facilite, permet aux anciens présidents de passer d’une fonction à une autre
sans que leur entreprise subisse trop de déperdition.
Nous avons pu relever trois grands types de reconversion des plus classiques aux plus insolites : la reconversion
dans les affaires, dans une carrière internationale ou dans la religion. A cette liste nous annexons deux cas
originaux et incomparables, celui de Jean-Baptiste Ouedraogo tout d’abord qui, par sa profession initiale s’est
aisément reconverti dans la médecine et celui de Yakubu Gowon ensuite qui, après s’être exilé en Angleterre, reprit
ses études obtint son PhD et enseigne actuellement la science politique (53).
Les reconversions économiques
A travers les données recueillies, sept anciens chefs d’État se sont reconvertis officiellement dans le secteur
économique : Alphonse Alley au Bénin, le président nigérian Alhari Shagari, Manuel Pinto da Costa à São Tome et
Principe, Ismaïl al-Azhari au Soudan, les présidents tchadiens Felix Malloum et Hissein Habré, enfin le chef d’État
togolais Nicolas Grunitzki qui ouvrit une entreprise de travaux publics en Côte-d’Ivoire. De plus, il nous semble
que nombreux sont ceux qui gardent une activité économique parallèle. O. Obasanjo par exemple entretenait, outre
ses activités internationales, un domaine agricole, ce qui lui valut le prix initiative 1990 du projet Faim qui
récompense les entreprises luttant en faveur de la suffisance alimentaire. Il prit également des participations dans la
sucrerie de Savé au Bénin (54).
La reconversion dans le secteur économique quel qu’il soit, peut en fait correspondre pour les anciens présidents
à une situation d’attente en vue des prochaines élections (D. Sassou ou K. Kaunda) ou à une aide “alimentaire”
14
complémentaire pour financer les autres activités de l’entrepreneur. En général, les présidents au pouvoir, quand ils
ne possèdent pas la plupart des entreprises du pays comme J.-B. Bokassa, gardent plus ou moins une mainmise sur
le secteur industriel. C’est pourquoi la reconversion dans ce domaine reste la plus aisée et la plus “classique”.
L’entrepreneur revient en fait à une accumulation de base qui lui permettra ensuite de réinvestir et de transférer les
capitaux dans des réseaux de clientèle.
Si cette première reconversion est ouverte à tous, la seconde qui concerne la reconversion dans le domaine
international est plus sélective dans le sens où elle requiert le soutien des homologues étrangers.
Les activités internationales
Ils ne sont que six à s’être reconvertis dans des activités internationales, que ce soit dans les cercles
d’intellectuels et d’artistes internationaux (L. Senghor), l’aide humanitaire (A. Toumani Touré, M. Kérékou, P.
Buyoya) ou la diplomatie (O. Obasanjo, J. Nyerere, A. Toumani Touré, P. Buyoya). Bien qu’ayant des
répercussions sur la politique interne de l’État, cette dernière activité n’est pas considérée ici comme une carrière
politique à proprement parler car ses activités se font au sein d’organisations consultatives uniquement ou de
groupes de réflexion multinationaux.
Le cas de L. Senghor est assez exceptionnel pour que nous le mettions à part. Nous l’avons déjà souligné, il est
très frappant par sa rupture hors norme avec le monde politique. S’il avait parfois été critiqué au cours de sa
présidence pour les colloques qu’il organisait sur les différents thèmes rattachés à la littérature, il est aujourd’hui
loué autant pour sa retraite politique que pour son talent artistique. Doit-on croire aux rumeurs à propos d’un prix
Nobel de littérature que sa fonction de Président empêcherait de lui décerner? (55). Toujours est-il qu’en plus
d’aménager sa sortie de pouvoir, Senghor a tout au long de sa présidence cultivé parallèlement ses carrières
politiques et artistiques en passant sans cesse de l’une à l’autre. Il serait trop long ici d’énumérer les prestigieuses
occupations postprésidentielles de L. Senghor qui bien sûr ne se limitent pas à la littérature mais concernent aussi
la diplomatie, les missions internationales et autres consultations en tant que “sage”. Nous ne citerons ici que sa
nomination à l’Académie française, la vice-présidence du Haut Conseil de la francophonie ou encore sa
participation à la Commission du dictionnaire français (56).
En ce qui concerne les présidents qui se sont voués à l’aide humanitaire, le chiffre de trois n’est qu’indicatif
dans le sens où, tout comme les activités économiques, le secteur humanitaire est souvent une des branches
d’activité des entrepreneurs au pouvoir et reste une activité nécessaire pour stimuler des soutiens, internationaux
notamment.
La diplomatie formelle ou informelle - celle qui se servira du prestige d’un ancien président pour des actions
internationales en dehors de toute mission ministérielle - enfin, est une reconversion qui reste proche de la scène
politique intérieure même si elle n’en est pas partie intégrante. Elle associe les anciens chefs d’État aux très
prestigieux groupes des “sages” menés de mains de maître par Jimmy Carter entre autres. Nous n’évoquerons que
le cas d’O. Obasanjo car il est sans doute celui qui a le plus élargi ses ressources postprésidentielles avant son
arrestation. Parmi les diverses activités de l’ancien chef d’État nigérian, Obasanjo organisa souvent, dans sa
résidence d’Otta, des conférences, des groupes de réflexion sur l’avenir de l’Afrique en y invitant d’autres figures
internationales comme Senghor ou Jimmy Carter (57). Certains affirment qu’il aurait souhaité devenir secrétaire
général des Nations Unies à la suite de Javier Perez de Cuellar. Membre de la prestigieuse Commission des sages
(Eminent Persons Group), il a notamment mené des actions de réconciliation nationale en Afrique du Sud en 1986,
joué en 1988 au messager de la paix dans la guerre civile du Soudan ou agi récemment encore en faveur d’un
règlement pacifique au Burundi. En 1987, Obasanjo crée l’Africa Leadership Forum (Forum des dirigeants
africains), organisation indépendante qui consiste en un conseil consultatif de membres éminents de la politique
mondiale (L. Senghor, J. Nyerere, Helmut Schmidt… ). Il fut créé pour aider à la formation de jeunes cadres
africains mais aussi pour sensibiliser les esprits aux problèmes du continent.
En mars 1987, Obasanjo publiait “Les perspectives africaines” et “L’Afrique attaquée” en juin 1988, ouvrages
de réflexion sur la place de l’Afrique dans le monde ainsi qu’un recueil de mémoires, “Not my will” en 1990 (58).
La diversité de ses activités postprésidentielles est le signe, sans aucun doute, d’une bonne gestion de ses
ressources. Obasanjo fait partie des anciens chefs d’État qui avaient trouvé bon d’investir dans leur avenir au cours
de leur mandat présidentiel. Sa sortie en tant que militaire cédant le pouvoir aux civils tout autant que les amitiés
internationales qu’il avait nouées alors avec des personnes éminentes l’ont aidé à entretenir, tout comme Senghor,
une “retraite politique” prestigieuse.
Mais doté d’un prestige exceptionnel dû à la fois à sa démission, à sa réussite économique et à sa reconversion
internationale, O. Obasanjo dérangeait considérablement le gouvernement par ses critiques de plus en plus vives.
Comme dans le cas d’Amadou Toumani Touré, un ancien président actif sur la scène internationale n’est utile que
lorsqu’il entre dans le jeu du gouvernement en place. Si le nouveau Président parvient à coopter son puissant
prédécesseur à sa nouvelle équipe, il peut en tirer des bénéfices en transférant à son propre compte les ressources
15
de l’ancien président. Dans le cas inverse, il devient une contrainte à éliminer. Aujourd’hui, malgré la gestion
remarquable de ses ressources postprésidentielles, Obasanjo est en résidence surveillée. Son implication dans une
tentative de “coup d’État” en mars 1995 n’a jamais été ni prouvée, ni démentie. Certains ténors auraient alors
demandé son arrestation en critiquant son manque de loyauté à l’égard de la nation. Rien ne dit pourtant que le gel
momentané (?) de sa carrière correspondra à la fin de son itinéraire.
Les reconversions religieuses
Il existe enfin une autre reconversion, plus récente et plus innovante qui regroupe jusqu’à maintenant trois
présidents : celle de la religion. Voilà une voie bien insolite de restructuration des ressources. Parmi ces trois
présidents, Bokassa est certainement le plus étonnant. Nous l’avons vu en abordant les coups d’État, Bokassa à sa
sortie de pouvoir s’est fait déposséder de tous les biens qu’il avait pu accumuler en dépouillant l’État centrafricain.
Après son passage en France, puis en Côte-d’Ivoire, son retour dans son pays (RCA), son procès, sa condamnation
à mort et sa réinstallation au palais de Berengo, Bokassa est à présent reconverti dans le prosélytisme
religieux (59).
A sa libération, en novembre 1993, Bokassa a demandé à plusieurs reprises au gouvernement Patassé de lui
restituer ses biens, en vain. Quelques serviteurs lui sont un temps restés attachés espérant glaner ça et là quelques
diamants épargnés par les pillards. Puis devant sa ruine, Bokassa isolé activa une toute autre ressource qui lui
permet aujourd’hui de regagner en partie la sympathie des Centrafricains.
Tout comme Saye Zerbo et Hissein Habré, dont nous avons déjà évoqué les rapports avec les confréries
sénégalaises, Bokassa se voue désormais au culte du Seigneur. Libéré de sa prison le 1er septembre 1993, Bokassa
utilise la ressource de la religion pour se créer de nouveaux appuis et générer une rénovation de son image. L’exempereur a en effet déclaré le dimanche suivant sa sortie devant environ 4 000 personnes rassemblées à la
cathédrale de Bangui : “Je suis content d’avoir été en prison en votre nom, comme le Christ l’a été pour nous tous”.
Puis “Jésus aussi avait beaucoup d’ennemis. Il leur a pardonné” (60). Fidèle à sa logique en effet, Bokassa s’est
crée, à partir de la religion, non pas une image de repenti, mais celle d’un martyr, d’un apôtre du seigneur. Bokassa
aurait requis auprès du président Patassé la construction d’une chapelle à Berengo où il pourrait, lui-même, dire la
messe (61). Parviendra-t-il, après avoir parcouru son chemin de croix, à obtenir une réhabilitation politique auprès
des Centrafricains?
La reconversion dans la religion en effet n’oblige aucunement un ancien chef d’État à renoncer à la politique. On
connaît déjà l’utilisation et l’influence des activités ésotériques dans le domaine politique. Dans le cadre d’un
parcours postprésidentiel, ce type de reconversion pourrait tout à fait être le lieu de rebondissement d’une carrière
politique. Plus ou moins fructueuse, cette reconversion a pour avantage de relancer la carrière de nos entrepreneurs
politiques dans une voie autre que celle de la politique et sans doute moins risquée. Nous aurions pu ajouter à cette
liste d’autres chefs d’État qui eux aussi se sont retirés de la politique sans garder, du moins en apparence, aucune
activité officielle, ni pratiquer aucune reconversion. Nous pourrions les considérer comme de véritables retraités.
Les retraités du pouvoir
Nous plaçons ces anciens chefs d’État à l’intérieur de la catégorie des reconvertis dans le sens où une activité
autre que la politique est nécessaire pour assurer leur subsistance car tous ne touchent pas leur pension d’anciens
présidents. S’ils ont en général perdu tout crédit politique il nous paraît rationnel de les associer avec une autre
activité, quelle qu’elle soit, plus ou moins lucrative pour eux. Ils sont au nombre de huit : les présidents sudafricains Balthazar Vorster et Peter Botha se sont retirés de toute action politique après avoir perdu le soutien des
leurs; Philibert Tsiranana à Madagascar est resté dans son fief jusqu’à son décès malgré les accusations de complot
proférées envers lui; Mohammed Ould Louly en Mauritanie semble subvenir à ses besoins grâce à sa pension
d’ancien président; Siaka Stevens en Sierra Leone écrivit son autobiographie au cours de sa retraite; enfin Ibrahim
Abboud au Soudan, Joseph Ankrah au Ghana et Aristides Pereira au Cap-Vert sont sortis de la scène
publique (62).
Si le retrait de la politique caractérise les “reconvertis”, c’est au contraire le renforcement, voire l’élargissement
des ressources politiques qui sera le but de ceux qui souhaitent effectuer un retour en politique.
Les retours en politique
Quarante-trois anciens présidents ont choisi pour leur “retraite” de chef d’État de rester en politique, avec
succès pour certains puisque douze d’entre eux sont revenus à la magistrature suprême. Grâce à une bonne gestion
de leurs ressources, ces entrepreneurs politiques sont parvenus à entretenir, d’une façon très pertinente dans le
nouveau contexte qui s’offrait à eux, les ressources dont ils disposaient auparavant. Ils ont su, dès leur sortie, ne
16
jamais être court-circuités totalement du pouvoir. A des niveaux différents, tous ont su revenir ou rester en
politique, que ce soit une nouvelle fois en tant que chef d’État (Milton Obote en Ouganda, David Dacko en
Centrafrique, Christophe Soglo, Hubert Maga et Mathieu Kérékou au Bénin, Jerry Rawlings au Ghana,
Ahmad Maghoub et Sadiq al-Mahdi au Soudan, Ahmed Abdallah aux Comores, Letsie III et Moshoeshoe II au
Lesotho ainsi que Pierre Buyoya au Burundi), en tant que leader politique (Choua Lol au Tchad,
JeanBaptiste Bagaza au Burundi, André Kolingba en Centrafrique ou Mohammed Ould Salek en Mauritanie) ou à
divers postes de la machine étatique (Paul Muwanga et Tito Okello en Ouganda, Alphonse Alley au Bénin, Joaquim
Yhombi-Opango au Congo, Akwasi Afrifa au Parlement ghanéen, David Dacko en Centrafrique, Frédérik De
Klerk en Afrique du Sud, Alfred Raoul au Congo, Kpomakpor au Libéria, Ali Saïbou au Niger, Ismaïl Al-Azhari
au Soudan et ChouaLol au Tchad). Il existe enfin une dernière catégorie d’ancien président qui, bien que retiré
officiellement de la scène politique, tire quelques ficelles en coulisse (Didier Ratsiraka à Madagascar) (63). La
nature officieuse de cette activité politique ne nous a pas permis d’établir avec certitude quels anciens présidents
appartenaient à cette catégorie.
Les rouages étatiques
Si le retour en tant que chef d’État est le plus remarquable comme nous le verrons ultérieurement, il est d’autres
carrières qui permettent à d’anciens présidents de conserver et de réactiver leurs ressources politiques en fonction
du nouveau contexte. Ainsi, douze anciens présidents sont revenus à des postes subalternes à l’intérieur des rouages
étatiques.
Joaquim Yhombi Opango, grâce à l’exploitation de ses ressources personnelles contextuelles, est revenu au
pouvoir au poste de Premier ministre entre 1993 et 1996 à la faveur de la Conférence nationale. Fort populaire dans
l’armée, J. Yhombi Opango a permis, devant les difficultés que rencontre actuellement le gouvernement congolais,
de faire pencher un moment la balance dans le camp des lissoubistes. Nous évoquions déjà ce genre d’association
avec une personne éminente à propos d’A. Touré ou d’O. Obasanjo. Dans ce cas très précis le gouvernement en
place est parvenu à coopter l’ancien président au sein de sa stratégie d’ascension politique. Le pouvoir utilise alors
à la fois l’homme et ses ressources.
La raison du rappel de D. Dacko auprès de Bokassa en tant que conseiller personnel a bien sûr longtemps été le
sujet d’interrogations. Comment souhaiter le retour d’un homme que l’on a renversé onze ans auparavant? Didier
Bigo précise dans “Pouvoir et obéissance en Centrafrique” que le rappel de D. Dacko s’inscrivait dans le désir de
Bokassa d’être couronné empereur. En effet, Bokassa aurait appris que Mobutu, de concert avec Omar Bongo,
souhaitait proclamer “que la royauté et l’empire étaient dans la tradition africaine” de façon à se faire nommer
“empereur des Bantous” :
“S’engage alors une course contre la montre pour mettre Mobutu devant le fait accompli et l’obliger à laisser la
primeur à Bokassa. Celui-ci rappelle David Dacko à ses côtés, car il est un ami personnel d’Omar Bongo, et il espère
ainsi le circonvenir pour réaliser son projet d’être le premier empereur d’Afrique centrale” (64).
En cooptant D. Dacko, il utilise alors les ressources de celui-ci pour en faire bénéficier sa propre entreprise.
Paul Muwanga, nous l’avons déjà dit, fut nommé vice-président par M. Obote puis Premier ministre sous le
régime de Tito Okello. Le président ghanéen Akwasi Afrifa fut élu au Parlement après le renversement d’Ignatius
Acheampong en 1978. Alphonse Alley, comme nous le précisions plus haut, fut libéré de sa prison alors qu’il avait
été condamné à dix ans de travaux forcés pour être nommé secrétaire général de la défense nationale. Le président
Nelson Mandela enfin, pour des raisons symboliques principalement, a associé l’ancien président F. De Klerk au
pouvoir en le nommant lui aussi au poste de deuxième vice-président. Nous pourrions évoquer d’autres exemples.
Malgré l’étonnement qui entoure ces nominations, le fait est qu’elles entrent autant dans la dynamique d’une
carrière personnelle que dans la logique du nouveau gouvernement qui entend utiliser certaines ressources très
ciblées des anciens présidents pour se tirer d’un mauvais pas.
Les leaders de mouvements politiques
Dix-huit chefs d’État en exil ou à l’intérieur de leur pays ont repris ou gardé la direction d’un parti politique.
Après sa destitution, alors qu’il se trouvait au deuxième sommet de la francophonie au Québec, le Burundais JeanBaptiste Bagaza avait trouvé refuge à Kampala d’où il tenta en vain de regagner son pays. Le 16 janvier 1989, il
quitta l’Ouganda pour Tripoli avant de rentrer d’exil le 26 juillet 1993 et de mettre sur pied le coup d’État contre
M. Ndadaye (65). Il anime aujourd’hui un parti d’opposition favorable à l’instauration du “tutsi power” (66).
A. Kolingba, ancien président centrafricain, s’occupe lui aussi d’un parti politique, le Rassemblement démocratique
centrafricain qui ne détient cependant que trois sièges à l’Assemblée. Mustapha Ould Salek, destitué par le Comité
militaire de salut national, est depuis l’un des chefs de l’opposition mauritanienne. K. Kaunda a repris la tête de
17
l’UNIP, l’ancien parti unique. Amin Dada, en exil en Arabie saoudite, garde contre toute attente un écho auprès
d’anciens soldats qui se sont regroupés au sein du mouvement rebelle du West Nile Bank Front (WNBF), dirigé par
Juma Oris, l’ancien ministre des Affaires étrangères d’Amin.
Le dernier exemple que nous prendrons, celui du président tchadien Mahammat Choua Lol, est à l’évidence le
plus intéressant. Il avait été nommé à la tête de l’État par un accord entre les factions après la démission de Félix
Malloum. Renversé six mois seulement après par Goukouni Weddeye, il se retire alors à Paris. Pourtant, après
cette retraite de quelques mois, il rentre à N’Djamena pour y être élu maire puis nommé au ministère des
Transports. C. Lol a, par la suite, fondé un parti bien implanté, le Kanem-Lac, qui pourrait lui permettre d’accéder
à la magistrature suprême. Son influence se mesure notamment à l’importance qu’il eut lors de la Conférence
nationale, au cours de laquelle il fut nommé président du Conseil supérieur de la transition (67).
Du point de vue des ressources, le poste de dirigeant d’un parti d’opposition est bien sûr très dangereux car il
ouvre alors officiellement le conflit avec le chef d’État en place. Il exprime pourtant le crédit et l’implantation de
l’ancien président dans le paysage politique. En d’autres termes, chacun de ces anciens dirigeants a pu, si ce n’est
conserver, du moins accumuler de nouveau des ressources politiques de manière efficace.
La magistrature suprême
Parmi les douze anciens chefs d’État revenus à la magistrature suprême, cinq avaient été chassés par un coup
d’État (A. Abdallah, M. Obote, D. Dacko, H. Maga et le roi du Lesotho Moshoeshoe II), C. Soglo et J. Rawlings
avaient cédé le pouvoir aux civils, A. Maghoub et S. Al-Mahdi avaient été renversés par des motions de censure,
Letsie III a cédé le pouvoir à son père, M. Kérékou et P. Buyoya ont été battus aux élections. Nous traiterons ces
deux derniers cas à part car ils s’inscrivent dans le contexte particulier de la démocratisation. Buyoya est revenu à
la suite d’un coup de force le 25 juillet 1996. Il semble pourtant que contrairement à un coup d’État classique, celui
de P. Buyoya visait à rétablir la démocratisation dans le bon chemin.
Hubert Maga, figure quasi omniprésente de la politique béninoise (malgré son exil de cinq ans en France) après
avoir subi un coup d’État le 28 octobre 1963, a conclu en exil un accord avec un ancien président et un viceprésident (M. Apithy et Ahomadegbe) pour mettre en place une figure de pouvoir fondée sur un “triangle tournant”,
sorte de triptyque présidentiel. H. Maga, bien qu’absent du pays, était considéré avec ses deux partenaires comme
des chefs d’État de réserve. De nombreux plans se sont échafaudés autour de ces trois figures politiques pour
reprendre le pouvoir au Bénin. Leur troïka présidentielle échoua cependant à la prise de pouvoir de J. Ahomadegbe
qui fut renversé par le lieutenant colonel Mathieu Kérékou (68).
Un des cas les plus intrigants est celui de David Dacko car on peut évoquer son retour en politique à deux titres;
d’une part, en tant que conseiller personnel de Bokassa, rappelé personnellement par l’ex-empereur; d’autre part, en
tant que nouveau chef d’État puisque Dacko profita de cette “aubaine” qui le ramenait dans la voie du pouvoir pour
reprendre ses anciennes fonctions de chef d’État suite à l’opération “Barracuda” menée par les troupes françaises.
En plus de ses amitiés africaines que nous évoquions antérieurement, David Dacko avait l’avantage d’avoir gardé
de très bons rapports avec les autorités françaises. Bokassa lui confia donc diverses missions diplomatiques comme celle de convaincre la France de ne pas rompre ses relations avec la RCA en raison des rapports trop
proches du chef de cet État avec la Libye de Khadaffi (69). Ceci fut l’occasion bien sûr pour D. Dacko de renforcer
ses ressources internationales. S’inscrivant dans la logique contextuelle pour devenir un instant un serviteur
patrimonial, David Dacko profite de la “révolte des enfants” d’avril 1979 pour commencer ses tractations avec le
gouvernement français. C’est uniquement à partir de ce moment qu’il s’affirme comme un fervent “résistant” à
Bokassa, dans le but “de s’assurer le monopole de la représentation des enfants martyrs” (70). En 1979, D. Dacko
rencontre divers responsables du bureau de l’Elysée aux Affaires africaines, afin de mettre au point une
intervention militaire de la France.
Après avoir décidé de l’opération “Barracuda” contre l’empereur centrafricain, la France dut choisir le
remplaçant de Bokassa. David Dacko sembla alors le mieux placé d’entre tous malgré son manque de soutien
populaire. De fait, il s’était attaché depuis son retour au gouvernement à éliminer un à un les concurrents potentiels
à la succession. Il avait tout d’abord fait fructifier ses ressources personnelles contextuelles en portant la disgrâce
sur le Premier ministre, Ange Patassé, avant d’exclure Henri Maïdou des diverses tractations qu’il menait avec
Paris (71). La France décida de l’embarquer à bord d’un transall qui se dirigeait vers Bangui et de le faire
débarquer en même temps que les troupes de l’opération Barracuda. Après avoir restauré le multipartisme, il se fait
élire le 20 mars 1981 avec un peu plus de 50% des suffrages. Il est à nouveau destitué en septembre 1981.
Pourtant, après avoir connu deux présidences, deux coups d’État et seize ans d’emprisonnement, Dacko est
parvenu aujourd’hui encore à prendre la tête de l’un des principaux partis d’opposition, le Mouvement pour la
démocratie et le développement (MDD). Après dix ans de silence, Dacko annonçait à Paris, le 22 septembre 1992,
son retour sur la scène politique. David Dacko s’est en effet porté candidat aux élections du 25 octobre 1992 car
18
“les gens me réclament” soutint-il. Le slogan de sa campagne était “le peuple me connaît”. Certes! Mais Dacko n’a
pu réussir à réunir les fonds nécessaires pour faire campagne, soit cinq millions de f. CFA selon le code électoral,
et ce malgré ses amitiés dans le milieu des affaires (72).
Pourtant, après l’annulation des élections de 1992 par A. Kolingba, D. Dacko parvint à se présenter à celles de
1993 face à A. Patassé et recueillit un bon score qui ne suffit pas cependant à battre son rival d’autrefois. Ses
visées présidentielles ont aujourd’hui été partiellement stoppées par le président Patassé. Craignant de devoir lutter
à nouveau avec D. Dacko, Ange Patassé a décidé de supprimer sa pension d’ancien président nécessaire à la
poursuite de ses ambitions. Enfin, lorsque Dacko subissait déjà l’interdiction de quitter Bangui, on lui aurait
supprimé en 1993 le droit d’entreprendre la moindre activité économique (73).
Il va sans dire qu’un tel louvoiement dans la gestion des ressources a été particulièrement habile de la part de
D. Dacko surtout lorsque l’on pense à la concurrence exceptionnelle du gestionnaire politique en place (Bokassa). A
notre connaissance, David Dacko est en outre l’un des seuls présidents au pouvoir à avoir eu l’idée de créer une
caisse de retraite au début des années soixante destinée aux dirigeants politiques. Lui-même y a versé des
cotisations dont il ne peut tirer les bénéfices. Lorsqu’il appartenait à la mouvance présidentielle, D. Dacko proposa,
sous la présidence d’Ange Patassé, un projet relatif à l’attribution d’une rente viagère aux anciens dirigeants. Ce
projet a lui aussi été rejeté (74).
Les chefs d’État “recyclés”
Nous voudrions enfin revenir sur le cas de M. Kérékou, assez exceptionnel, car non seulement M. Kérékou est
revenu à la magistrature suprême, mais il y est revenu en tant qu’ancien autocrate battu aux élections puis réélu à
la tête du pays dans le nouveau contexte de démocratisation. Dans notre premier texte de 1995, nous avions classé
ces présidents battus aux élections dans un groupe particulier, celui des “nouveaux démocrates” mais ils n’avaient
alors plus aucune activité politique officielle. Tous espéraient cependant un retour prochain à leur fonction, que ce
soit D. Sassou, M. Kérékou ou K. Kaunda. Aujourd’hui, le plus intéressant est de remarquer que les deux derniers
ont repris une activité intense en politique (même si K. Kaunda semble actuellement court-circuité par F. Chiluba)
à tel point que M. Kérékou a remporté haut la main les élections libres de mars 1996. Ainsi, après avoir subi les
processus de libéralisation et les recommandations des conférences nationales ou des pressions internationales, les
deux anciens chefs d’État ont rebondi sur la vague de démocratisation pour apparaître aujourd’hui comme des
démocrates victorieux du système qui les avait écartés du pouvoir.
En d’autres termes, alors que l’on estimait que ces autocrates sortiraient entièrement et définitivement de la
scène politique sous les coups de la démocratisation, ils ont recyclé leurs ressources appauvries, usées, pour les
transformer en un stock enrichi et tout à fait adapté au nouveau contexte démocratique. Après avoir été débordés
par le flux de revendications, les anciens présidents ont repris la maîtrise du jeu politique et le “caméléon” est
remonté aux branches en revenant à la magistrature suprême (75).
K. Kaunda lui aussi avait certainement recyclé assez efficacement son stock de ressources et pouvait user, au
gré de la libéralisation, des moyens constitutionnels mis à sa disposition pour reconquérir la magistrature suprême.
Chiluba n’a pas vu cette renaissance d’un bon œ il et a depuis utilisé toutes les stratégies de mises hors circuit à sa
disposition pour barrer la route de son adversaire qui avait, entre-temps, regagné la tête de l’UNIP (ancien parti
unique). Il est intéressant de constater que cette manipulation des ressources démocratiques par Kaunda se serait
avérée beaucoup moins aisée dans un contexte autre que celui qui s’amorce actuellement. En effet, un
gouvernement autoritaire ne se serait sans doute pas embarrassé, comme le fait par exemple F. Chiluba, d’un
ancien président activiste tel que Kaunda s’il avait eu la possibilité de l’évincer d’une autre façon. Or aujourd’hui,
le nouveau gouvernement zambien, pour parvenir à éliminer K. Kaunda de la course aux présidentielles, doit
prendre de nombreux détours, tels que lui intenter procès sur procès pour quelque raison que ce soit, ou plus
récemment modifier la Constitution, en n’autorisant plus que les candidats dont les deux parents sont de nationalité
zambienne à se présenter aux présidentielles (Kaunda est d’origine malawite) (76).
Après l’annonce faite par Kaunda de son retour en politique, il est d’abord accusé en mars 1993 de fomenter un
coup d’État contre le nouveau gouvernement. Son fils, Maj Wezi, qui était sous la présidence de son père à la tête
de la branche armée de l’UNIP, a été arrêté sous ce même chef d’accusation le 5 mars 1993 (77). En octobre 1994,
Kaunda est poursuivi pour avoir organisé une réunion publique sans autorisation de la police. Puis à nouveau en
mars 1995, le Movement for Multiparty Democracy (parti de Chiluba) le menaçait de le mener en justice s’il
continuait de “provoquer le peuple de Zambie” (78). Tous ces exemples ne sont qu’une partie des accusations
portées contre Kaunda avant qu’il ne soit mis définitivement hors course par la nouvelle disposition
constitutionnelle. Pour Kaunda en particulier, la démocratie avait constitué une ressource lui permettant de se
remettre en selle pour les prochaines élections même si certaines autres ressources contre-productives l’auraient
certainement freiné dans sa course. A contrario, c’est aujourd’hui le gouvernement démocratiquement élu qui
19
apparaît comme a-démocrate du fait qu’il ne cesse de harceler un ancien président. Nombreux ont été les
représentants des pays donateurs qui ont mis en garde Chiluba contre un harcèlement de l’ancien président qui
remettrait en jeu l’aide économique à la Zambie.
Il est probable que, dans le contexte africain, les nouveaux présidents élus par le biais d’élections libres et
multipartites ne disposent pas, pour la plupart, à leur arrivée au pouvoir, du charisme des hommes forts qui
viennent d’en sortir, ni du pouvoir coercitif dont pourrait disposer un régime militaire. La démocratie a été tour à
tour à la source du départ et du retour des anciens présidents sur la scène politique. Elle devient paradoxalement
l’une des ressources dont les anciens présidents peuvent garnir leur escarcelle en leur permettant de quitter le
pouvoir sans trop d’à-coups, de critiquer ouvertement le pouvoir en place et de se proposer comme successeur
potentiel. Le nouveau jeu démocratique fait aussi celui des anciens présidents. Ces nouveaux démocrates,
professionnels du changement d’identité, apparaissent aujourd’hui comme ceux qui respectent les règles de la
démocratie et peuvent, sous cette étiquette, commencer une nouvelle étape de leur carrière politique. Pourtant, il
nous faut rester prudent quant à leur rôle dans le processus de démocratisation et le cas de D. Sassou Nguesso vient
s’ajouter à celui de K. Kaunda pour illustrer nos propos.
Certes, D.Sassou à autorisé la tenue de la Conférence nationale et s’est retiré du pouvoir après son échec
électoral en juillet 1992. Mais il semble que son parcours, depuis sa sortie de pouvoir ou plus exactement depuis
octobre 1992 (date du renversement d’alliance entre les partis politiques), aille dans le sens d’une fragilisation du
processus de démocratisation. En effet, après sa défaite au premier tour des présidentielles de 1992, D. Sassou
avait associé son parti, le Parti congolais du travail (PCT), à celui de Pascal Lissouba, l’Union panafricaine pour la
démocratie sociale (UPADS) afin d’offrir la victoire à ce dernier. Mais déçu de ne pas avoir reçu les portefeuilles
ministériels qu’il souhaitait pour son parti, D. Sassou décide dès octobre 1992, soit quatre mois seulement après les
élections, de dissoudre l’alliance avec l’UPADS pour en contracter une autre avec le MCDDI (Mouvement
congolais pour la démocratie et le développement intégral) dirigé par son ennemi de toujours, Bernard Kolelas.
Cette union contre-nature eut pour effet direct de rendre la mouvance présidentielle minoritaire à l’Assemblée.
Aussitôt, le gouvernement Bongho Nouarra est censuré, Lissouba dissout l’Assemblée et les premières barricades
font leur apparition dans Brazzaville (79). Le Président congolais annonce alors des élections législatives anticipées
pour mai 1993. Dans un climat très tendu, les résultats du premier tour sont contestés par l’opposition qui refuse de
participer au second tour. B. Kolelas appelle à la désobéissance civile. C’est le début d’une guérilla urbaine à
Brazzaville et d’une crise politique telle qu’en juin 1993, l’opposition forme un gouvernement parallèle à celui de J.
Yhombi (80). Par la suite, des pourparlers entre parlementaires parviennent à un accord politique qui aboutira à un
processus de normalisation dans le courant de l’année 1994.
L’implication de D. Sassou dans ces révoltes “populaires” ne fait aucun doute auprès des spécialistes. On le
soupçonne tout d’abord d’avoir conçu son alliance avec B. Kolelas en sachant que ce dernier n’avait pas la stature
nécessaire pour contrecarrer ses projets politiques. On dit même que c’est D. Sassou qui aurait poussé B. Kolelas
et les Laris à l’affrontement avec les forces gouvernementales (81).
Depuis fin 1995, D. Sassou, qui reste le membre le plus influent de l’opposition au sens le plus strict contrairement à B. Kolelas qui participe au gouvernement d’union nationale proposé par P. Lissouba en janvier
1995 - s’est installé à Paris car il craignait pour sa sécurité au Congo. Aujourd’hui, les divers contacts qu’il noue
renforcent la probabilité de sa candidature aux prochaines élections. Sa fortune personnelle, son ascendance sur
l’armée et même les qualités de sorcellerie qu’on lui prête accroissent bien sûr son influence et rendent incertaine
l’issue des présidentielles de 1997.
Conclusion
Les quelques grandes tendances que nous avons esquissées ici justifient, selon nous, l’utilisation que nous avons
faite de la théorie de la mobilisation des ressources. Sans pour autant donner un sens à chaque reconversion, cet
angle d’approche nous a permis de suivre au plus juste les stratégies de carrière postprésidentielles des anciens
chefs d’État africains et de mesurer l’importance du contexte dans lequel ces ressources sont utilisées. L’apparition
de nouveaux types de sorties de pouvoir et de nouvelles reconversions ne rendent que plus intéressant le contenu de
cette étude en ce sens qu’ils apportent de nouveaux paramètres à la réflexion ébauchée sur la situation des retraités
du pouvoir en Afrique.
Il nous faudra en effet rester attentifs aux prochaines évolutions des parcours postprésidentiels qui vont subir les
effets des modifications constitutionnelles établies dans les années 1990. La régularisation du transfert de pouvoir
ainsi que les nouvelles pratiques instaurées récemment (limitation de la gestion personnalisée du pouvoir, de la
durée et de la renouvelabilité des mandats, principe d’accountability… ) influent considérablement sur les sorties
des chefs d’État africains autant que sur leurs logiques de retraite ou d’accumulation prévisionnelle de ressources.
La démocratisation parviendra-t-elle à institutionnaliser de façon accrue le statut des anciens chefs d’État? Elle leur
permet en tout cas de se maintenir en place dans le jeu politique.
20
Les anciens présidents faisaient déjà partie intégrante du processus de transition. Au Tchad, au Bénin et au
Congo, ils ont été conviés à participer à la réconciliation nationale et ont, pour la plupart, bénéficié en ce sens
d’amnisties qui leur ont permis, non seulement de revenir au pays, mais aussi d’absoudre leurs crimes passés.
Libérés des menaces de poursuites judiciaires, ces anciens présidents retrouvent au sein même du système qui les a
chassés du pouvoir, la possibilité de faire évoluer à nouveau leur carrière politique.
Le retour au pouvoir ou sur la scène politique d’anciens autocrates comme M. Kérekou ou K. Kaunda laisse
comme un goût amer dans la bouche des adeptes de la démocratisation. Ne faut-il pas voir là un des effets pervers
du processus démocratique qui permet aux anciens leaders de revenir sur le devant de la scène politique en faisant
craindre la réalisation de l’aphorisme lampédusien (“Tout changer pour que rien ne change”) et le retour, dans un
contexte “pseudo-démocratique” - qui n’aurait de démocratique que le nom -, des “anciens” autocrates africains et
de leur pratique du pouvoir? Serait-ce trop naïf de croire que le retour de M. Kérékou dans la transparence et par le
biais des urnes lui confère assez de légitimité pour qu’il puisse désormais gouverner avec les seules ressources que
lui confère l’État démocratique?
L’acceptation des règles démocratiques, nous l’avons dit, ne va pas forcément dans le sens de sa consolidation.
La présence persistante d’anciens présidents sur la scène politique (D. Sassou au Congo ou K. Kaunda en Zambie)
ou en coulisse (D. Ratsiraka à Madagascar) perturbe parfois ou fragilise considérablement le processus de
démocratisation. Il apparaît en effet que certains anciens présidents ont la capacité de faire parvenir la transition au
point de déclencher comme au Congo, par exemple, des émeutes populaires ou de contester le gouvernement
nouvellement élu (Zambie, Madagascar). Du rôle d’exclus qui leur avait été conféré, ces autocrates africains
passent à celui de vainqueur du système démocratique et déstabilisent à leur tour leurs successeurs sans pour autant
sortir (officiellement) du cadre institutionnel qui leur a été imposé. Ironie du sort?
Il semble aujourd’hui encore qu’on puisse légitimement s’interroger sur la capacité de la démocratisation à
régulariser la situation des anciens présidents d’Afrique noire afin que la sortie de pouvoir et la retraite
présidentielle ne ressemblent plus à un horizon flou, dévalorisant et peu sécurisant et ne constituent plus pour
l’entrepreneur politique un enjeu justifiant une soif de pouvoir et une accumulation démesurée de ressources en
prévision de sa chute. Car s’ils ne sont pas à proprement parler des éléments constitutifs de la démocratie, le sort
réservé à un ancien président et son devenir postprésidentiel en sont peut-être l’expression.
Septembre 1996
Graphique n° 4 : Les devenirs postprésidentiels
21
Retraite
Autres reconversions
Exil
Carrière internationale
Carrière économique
Retour à l'intérieur d'un
parti
Retour à un poste
politique
Retour au pouvoir
Prison
Exécution
22
NOTES
(1) Voir sur ce point R. DAHL, L’analyse politique
contemporaine, Paris, R. Laffont, 1983, p. 162 et suivantes et
l’introduction de la thèse de doctorat de D. COMPAGNON,
Ressources politiques, régulation autoritaire et domination
personnelle en Somalie (1969 - 1991), Université de Pau,
février 1995.
(2) R. DAHL, op. cit., p. 94.
(3) Ibid.
(4) Nous reprenons ici la métaphore économique suggérée par
SCHUMPETER dans Capitalisme, socialisme et démocratie, Paris,
Payot, 1974 et M. WEBER dans Le savant et le politique, Plon,
1959 (10/18).
Peuples Noirs-Peuples Africains, n° 41-42, septembre-octobre et
novembre-décembre 1984, n° spécial : Côte-d’Ivoire.
(16) Pour plus de détails sur les placements financiers de Bokassa,
voir P. L AMOTHE, Le Centrafrique de Bokassa : un pouvoir néopatrimonial? (Mém. de DEA : Études africaines : CEAN-IEP de
Bordeaux : 1982).
(17) Jeune Afrique, n° 1865, 2-8 octobre 1996, p. 35.
(18) Un article récent de Jeune Afrique soulignait que, suite à une
congestion cérébrale et des troubles rénaux (depuis septembre
1995) qui obligent Bokassa à rester en Côte-d’Ivoire pour y
recevoir des soins, l’armée française se servirait du palais de
Berengo comme base d’entraînement. Ces informations doivent
être vérifiées, voir Jeune Afrique, n° 1865, 2-8 octobre 1996, p. 3437.
(5) J.-P. LACAM, “Le politicien investisseur : un modèle
d’interprétation de la gestion des ressources politiques”, Revue
française de science politique, 38(1), février 1988, p. 23-47.
(19) I. CHRISTIE, Samora Machel, a Biography, London,
Panafrican Books, 1989, 181 p.
(6) W.F. ILCHMAN et N.T. UPHOFF, dans The Political Economy
of Change, Berkeley, University of California Press, 1969,
parlent même de “liquidités politiques” qui s’échangeraient ou
seraient convertibles tout comme le sont les biens économiques.
(20) En ce qui concerne le Président togolais, voir A. N. BONIN, Le
Togo, du sergent en général, [s.l.], Lescaret éd., 1983, 231 p. Le
mythe Sankara a été la source de nombreux ouvrages, nous ne
citerons que L. MARTENS et H. MEERSTERS, Sankara, Compaoré et
la révolution burkinabè, Berchem, Éd. EPO, 1989, 335 p.
(7) C. TILLY, From Mobilization to Revolution, Reading
(Mass.), Addison-Wesley, 1978. Voir la mise en garde de M.
DOBRY à ce sujet, Sociologie des crises politiques, Paris,
Presses de la FNSP, 1992, pp. 34-35 (Références).
(8) M. DOBRY, op. cit., p. 38.
(9) Pour une définition précise de la notion de “conjoncture de
fluidité politique”, voir M. DOBRY, op. cit.
(10) J.-F. MÉDARD, “Le big man en Afrique : esquisse
d’analyse du politicien entrepreneur”, L’année sociologique,
1992, pp. 168-192.
(11) Nous avons étudié dans notre DEA plusieurs statuts légaux
et leur application restrictive, au “cas par cas” en Afrique. Pour
plus de détails, voir S. PERROT , La situation des anciens
présidents d’Afrique noire : contribution à la réflexion sur les
élites et les ressources politiques, pp. 80-83 (Mém. de DEA :
Études africaines : CEAN-IEP de Bordeaux : 1995).
(12) Un tableau de la même facture avait déjà été établi, il y a
plus de dix ans de cela, par R. JACKSON et C.G. ROSBERG dans
Personal Rule in Black Africa : Prince, Autocrat, Prophet,
Tyrant, University of California Press, 1982, 315 p. Nous
soulignons d’autre part l’ouvrage de J.A. WISEMAN, Political
Leaders in Black Africa : A Biographical Dictionary of Major
Politicians since Independence, Brookfield, E. Edgar, 1991,
XIII - 248 p. qui nous a été très utile.
(13) Pour douze des cent quarante-six chefs d’État étudiés, les
informations que nous avons recueillies concernant leur sortie
ou leur devenir étaient contradictoires ou trop évasives pour les
inclure dans le tableau. Ce fut le cas notamment pour les
présidents libériens.
(21) Le fils de Tombalbaye, Salomon Ngarbaye Tombalbaye, dirige
actuellement le Mouvement pour la démocratie et le socialisme au
Tchad (MDST), mouvement d’opposition à Idriss Déby, Le Monde
sur CD-Rom, article du 25 mai 1994, p. 5.
(22) B. LANNE, “Plaidoyer pour Tombalbaye” deuxième partie, Le
mois en Afrique, décembre 1986-janvier 1987, n° 251-252, p. 155.
(23) Jeune Afrique, n° 1646, 23-29 juillet 1992, pp. 38-40.
(24) Le Monde sur CD-Rom, article du 19 septembre 1994, p. 2.
(25) Pour une interprétation du “warlordism” fondé sur un usage
exclusif de la violence, consulter A. MBEMBE, “Pouvoir, violence
et accumulation”, Politique africaine, n° 39, 1990, et notamment
les pages 18 à 24.
(26) Sur cet accroissement progressif des pouvoirs d’Abdou Diouf,
voir “Senegal : after Senghor?”, Africa Confidential, 20(12), 6 juin
1979, p. 6.
(27) Le Monde, 21 octobre 1980, p. 3.
(28) Jeune Afrique, n° 1751, 28 juillet-3 août 1994.
(29) Jeune Afrique, n° 1510, 11 décembre 1989, p. 15.
(30) P. GAILLARD, Le Cameroun, T. 1 et 2, Paris, L’Harmattan,
1989.
(31) Jeune Afrique Economie, n° 138, décembre 1990, p. 178.
Troisième volet d’une série consacrée aux présidents
démissionnaires.
(14) Sur ce sujet, voir l’ouvrage classique de J.-P. PABANEL,
Les coups d’État militaires en Afrique noire, Paris,
l’Harmattan, 1984, 188 p. (Racines du présent).
(32) Nous n’avons pu recueillir que très peu d’informations sur
cette catégorie de présidents du fait de leur retraite hors de la scène
publique. En ce qui concerne Paul Muwanga, voir Africa Research
Bulletin, 15 novembre 1986, p. 8277 et E.A. BRETT, “Neutralising
the Use of Force in Uganda”, The Journal of Modern African
studies, 33(1), 1995, p. 144.
(15) F. HOUPHOUËT BOIGNY, “J’ai des milliards en Suisse”,
(33) Africa Research Bulletin, 15 mars 1987, p. 8411.
23
(34) C. CHAMPIN, “Malawi : la fin d’un règne”, pp. 269-280 in
L’Afrique politique 1994, Paris, Bordeaux-Talence, Karthala,
CEAN, 1994.
(35) Pour plus de détails sur les dernières années de la
présidence du malgache Ratsiraka, voir E. REVEL, L’île rouge :
les remords d’un président déchu, Didier Ratsiraka, Paris,
Balland, Le Nadir, 1994, 208 p.
(36) F. CONSTANTIN et P. QUANTIN, “Zambie : fin de parti”,
Politique africaine, n° 45, mars 1992, pp. 123-128.
(37) Entretien avec P. Quantin, chercheur au CEAN-IEP de
Bordeaux-Talence.
(38) C. THIRIOT, L’armée face à la démocratisation : Mali,
Ghana, Burkina Faso, Congo, Togo (Mém. de DEA : Études
africaines : CEAN-IEP de Bordeaux : 1994).
(39) AFP Afrique, 11 avril 1995.
(40) J. WISEMAN, Political Leaders in Black Africa : A
Biographical Dictionary of Major Politicians since
Independance, Brookfield, E. Elgar, 1991, p. 12.
(41) Africa Confidential, 20(14), 4 juillet 1979, p. 3 et Jeune
Afrique, n° 1465, 1er février 1989, pp. 40-41.
(42) Le Canard Enchaîné, 17 septembre 1980.
(43) Le ministère des Télécommunica-tions du Zimbabwe a
d’ailleurs soulevé le problème de la dette que Mengistu avait
contractée. Le non-paiement de cette dette par l’État, garant des
dépenses de Mengistu, fut la source d’une affaire publique
retentissante.
(44) Jeune Afrique, n° 1642 et 1577, 25 juin-1er juillet 1992 et
20-26 mars 1991.
(45) “Uganda : Obote again?”, Africa Confidential, 21(2), p. 1.
(46) Africa Research Bulletin, 15 avril 1987, pp. 8446-8447.
(47) E. SALL, “Gambie : le coup d’État de juillet 1994”,
pp. 181-192 in Afrique politique 1995, Paris, BordeauxTalence, Karthala, CEAN, 1995.
(48) West Africa, 20-26 février 1995, p. 270 et 6-12 mars 1995,
p. 349.
(49) Tchad, Ministère de la Justice, Rapport de la commission
d’enquête nationale sur les crimes et détournements commis
par l’ex-président Habré, ses coauteurs et/ou ses complices,
L’Harmattan, 1993.
(50) Jeune Afrique, n° 1642, 25 juin-1er juillet 1992.
(51) Jeune Afrique, n° 1577, 20-26 mars 1991.
(52) J.-F. MÉDARD, art. cit., p. 172.
(53) Entretien avec J.-P. Daloz, chercheur au CEAN, BordeauxTalence.
(54) Jeune Afrique Economie, n° 137, novembre 1990, p. 127.
(55) J.-P. BIONDI , Senghor ou la tentation de l’Universel, Paris,
Denoël, 1993, 197 p. (L’aventure coloniale de la France).
(56) Jeune Afrique Economie, n° 136, octobre 1990, p. 124.
(57) Jeune Afrique Economie, n° 137, novembre 1990, p. 127.
(58) Ibid.
1989, p. 323.
(60) Le Canard Enchaîné, 29 septembre 1993, p. 5.
(61) Ibid.
(62) Le caractère privé de leur retraite ne nous a pas permis de
connaître leurs moyens de subsistance.
(63) Entretien avec J. DU BOIS DE GAUDUSSON, professeur de droit,
Université de Bordeaux 4, spécialiste de Madagascar.
(64) D. BIGO, op. cit., p. 149-150.
(65) Jeune Afrique, n° 1712-1713, 28 octobre-10 novembre 1993.
La thèse du coup d’État a été confirmée lors d’une question au
cours d’une conférence de C. Braeckman sur le Rwanda au Centre
Marcel Paul de Bordeaux, le 31 mai 1995.
(66) Jeune Afrique, n° 1465, 1er février 1989.
(67) Entretien avec
R. Buijtenhuijs, chercheur à l’AfrikaStudiecentrum, Leiden, et spécialiste du Tchad.
(68) R. CORNEVIN, La République populaire du Bénin, des origines
dahoméennes à nos jours, Paris, G.P. Maisonneuve et Larose,
1981.
(69) D. BIGO, op. cit., p. 150.
(70) Ibid., p. 236.
(71) D. BIGO, op. cit., p. 241 précise que Dacko aurait promis en
contrepartie du coup d’État d’organiser un soulèvement populaire.
Or il s’est avéré qu’il n’avait plus aucune influence sur le tissu
politique local. Ce n’est qu’après avoir pris connaissance de ces
faits que la France décida d’agir ouvertement en Centrafrique sans
être “couvert” par une “révolte” intérieure.
(72) “Moi, David Dacko, je reviens!”, Jeune Afrique, n° 1656, 1er7 octobre 1992, pp. 8-9.
(73) “Je dois quémander pour survivre”, Jeune Afrique, n° 1770, 814 décembre 1994, pp. 34-37.
(74) Ibid.
(75) Le caméléon est le symbole utilisé par M. Kérékou. Pour plus
de détails voir C. MAYRARGUE, “Le caméléon est remonté en haut
de l’arbre : le retour au pouvoir de M. Kérékou au Bénin”,
Politique africaine, n° 62, juin 1996, pp. 124-131.
(76) Entretien avec M. Mukilete, chercheur zambien.
(77) West Africa, 15-21 mars 1993, p. 939.
(78) West Africa, 27 mars-2 avril 1995, p. 476, cite ici le Zambian
Daily Mail.
(79) Pour plus de détails sur cette crise politique congolaise, voir
E. L E BRIS et P. QUANTIN, “Les barricades sont-elles
anticonstitutionnelles?”, Politique africaine, n° 48, décembre
1992, p. 142-145.
(80) Nous n’entrons pas en détail sur les conflits entre bandes
armées et milices présidentielles. Toutes les informations sur ce
sujet sont parfaitement traitées dans R. BAZENGUISSA-GANGA,
Milices politiques et bandes armées à Brazzaville. Enquête sur la
violence politique et sociale des jeunes déclassés, Paris, CERIFNSP, avril 1996, 34 p. (Les Études du CERI, n° 13).
(81) Les Laris sont la composante ethnique la plus importante des
soutiens de B. Kolel as.
(59) D. BIGO, Pouvoir et obéissance en Centrafrique, Karthala,
24
Tableau récapitulatif des chefs d’État
d'Afrique noire depuis les indépendances
Dernière remise à jour : septembre 1996
Afrique du Sud
1958 - 6 septembre 1966
Dr Hendrick VERWOERD
( né en 1901)
Assassiné le 6 septembre 1966 en plein Parlement par
D. Safendas, qui lui reprochait sa complaisance à l'égard des
Noirs. Le Parti national désigne son successeur.
septembre 1966 - septembre 1978
Balthazar Johannes VORSTER
(né en 1915)
Prime Minister jusqu'en septembre 1978, lorsqu'il
démissionne pour prendre la présidence de la République
après la mort de Nico Diederichs en août, mais huit mois plus
tard, Vorster est impliqué dans le scandale du Muldergate ou
scandale de l'information. Il démissionne officiellement pour
raison de santé. Vorster meurt en 1983 loin de la scène
politique.
septembre 1978 - 14 août 1989
Pieter Willem BOTHA
(né en 1916)
La réforme constitutionnelle de 1984 le fait passer du statut
de Prime Minister à celui de Président. Il démissionne en
août 1989 car il fut désavoué par les siens après avoir eu une
congestion cérébrale. Une fois retiré du pouvoir, les critiques
que P. Botha porte aux réformistes le poussent à résilier sa
carte du parti en signe de protestation. Il se retire alors de
toute action politique.
août 1989 - mai 1994
Frédérick DE KLE
(né en 1936)
De Klerk fait libérer Mandela le 11 février 1990 et proclame
la fin de l’apartheid en 1991. Novembre 1993 : Constitution
intérimaire. Le NP perd les élections de 1994. De Klerk
devient deuxième vice-président jusqu’en juin 1996 et reste
chef de l’opposition.
mai 1994 -
Nelson MANDELA
(né en 1918)
En 1994 Mandela est élu Président.
novembre 1975 - 10 septembre
1979
Antonio Agostinho NETO
(né en 1922)
Meurt d'un cancer à 56 ans le 10 septembre 1979 à Moscou.
Le 20 septembre 1979, le Comité central du Movimento
Popular de Libertação de Angola (MPLA) désigne son
successeur.
septembre 1979 -
José Eduardo DOS SANTOS
(né en 1942)
(31 mai 1961)
Angola
(11 novembre
1975)
Bénin (exDahomey)
août 1960 - 28 octobre 1963
Hubert MAGA
(né en 1916)
Après des grèves et des soulèvements populaires, l'armée
prend le pouvoir. Coup d'État du colonel Christophe Soglo,
conseiller militaire du président Maga. Après deux ans en
résidence surveillée, Maga s'exile en France en 1965. En
1970, il rejoint le Bénin pour reprendre la tête de l'État avec
Apithy et Ahomadegbe.
octobre 1963 - janvier 1964
Colonel (puis général) Christophe
SOGLO
(né en 1912)
Soglo rend le pouvoir aux civils. Des élections sont
organisées en janvier 1964. Soglo se retire dans l'armée avant
de revenir à la tête de l‘État en 1965.
janvier 1964 - 27 novembre 1965
Sourou Migan APITHY
(né en 1913)
Le Parti Démocratique Dahoméen (PDD) démet Apithy de
ses fonctions et nomme Ahomadegbe à la tête de l’Etat mais
le 29 novembre, le coup d’Etat de C. Soglo force Apithy et
Ahomadegbé à démissionner. Le président de l'Assemblée
nationale prend la tête du gouvernment provisoire. Apithy
s'exile en France jusqu'en 1970 lorsqu'il revient pour passer
l'accord du "triangle tournant" avec Ahomadegbe et Maga.
Mais il ne put exercer sa présidence prévue de 1974 à 1976
en raison du coup d'État de Kérékou en 1972. En mission à
Paris, S.M. Apithy regagne Cotonou, où il est incarcéré
jusqu'en 1981. Affaibli par sa maladie, il vit à Paris où il
rédige ses Mémoires et complète deux ouvrages déjà parus.
Le gouvernement a décrété quatre jours de deuil national
après son décès le 12 novembre 1989 à Paris.
novembre - 22 décembre 1965
Tahirou CONGAKOU
Coup d'État mené par Christophe Soglo, alors chef des
armées.
décembre 1965 - décembre 1967
Général Christophe SOGLO
(né en 1912)
Coup d'État par le colonel M. Kouandété qui cède le pouvoir
au chef des armées Alley. Soglo vit alors en exil en France
avec sa femme française et ne retourne au Bénin que peu de
temps avant sa mort en 1984.
décembre 1967 - juin 1968
Lieutenant colonel Alphonse
ALLEY
(né en 1930)
Suite à plusieurs crises gouvernementales et à la division
entre les militaires, Emile Derlin Zinsou est choisi pour
prendre la tête de l’Etat. Il sera confirmé par le référendum de
juillet 1968. Alley fut jugé en 1969 sous l'accusation de
complot contre la sûreté de l'État et condamné à dix ans de
travaux forcés. Il fut cependant relâché la même année et
nommé secrétaire général de la défense nationale. Après le
coup d'État de Kérékou, il est renvoyé de l'armée mais obtient
un poste dans une firme nationale. En 1973, il est à nouveau
accusé pour complot et condamné à 20 ans de prison, mais en
1975, un groupe de supporters l'aide à s'évader. Il fuit alors
en exil en France. Le gouvernement lui accorde une amnistie
en 1984.
juin 1968 - 10 décembre 1969
Emile Derlin ZINSOU
(né en 1918)
Coup d'État dirigé par Maurice Kouandété, Sinzogan et Paul
Emile de Souza. Le conseil militaire désigne un Président
modéré, de Souza. Zinsou vient en exil en France et est
condamné à mort en 1975 par contumace pour complicité
dans une tentative de coup d'État. Depuis lors, il reste une
figure éminente de l'opposition en exil contre Kérékou et son
nom s'est trouvé mêlé à plusieurs tentatives de renversement.
En 1990, les charges furent abandonnées et il revint au Bénin
pour participer à la Conférence nationale.
décembre 1969 - mai 1970
Lieutenant colonel Paul Emile
DE SOUZA
Rend le pouvoir aux civils. Maga est désigné comme chef
d'une troïka dont font partie Apithy et Ahomadegbe. Une
rotation est prévue tous les deux ans.
(1er août 1960)
… /…
26
… /…
mai 1970 - mai 1972
Hubert MAGA
(né en 1916)
Triangle tournant. Après le coup d'État de Kérékou en 1972,
Maga est emprisonné et ne sera remis en liberté qu'à partir de
1981. Il reviendra une fois encore sur la scène politique lors
de la Conférence nationale où il était invité avec les autres
anciens présidents.
mai 1972 - 26 octobre 1972
Justin Tometin AHOMADEGBE
(né vers 1917)
Coup d'État par Kérékou. Ahomadegbe est alors emprisonné
et reste en prison jusqu'en 1981. Il se rend alors en exil en
France avant de revenir au Bénin pour participer avec les
autres anciens présidents à la Conférence nationale en 1991.
octobre 1972 - mars 1991
Mathieu KÉRÉKOU
(né en 1933)
Battu aux élections de mars 1991. Après sa défaite électorale,
Kérékou se retire un moment de la scène publique avant de
déclarer qu'il se représentera aux prochaines élections en
1996. Pendant ce temps, il a ouvert une fondation qui porte
son nom et s'occupe de fournir des prothèses aux handicapés,
d'aider les plus démunis et d'organiser des colloques. Il est
réélu en mars 1996 en battant son adversaire Nicéphore
Soglo grâce à ses soutiens autant intérieurs qu’extérieurs
(Abacha, Eyadema, Compaoré, Sassou Nguesso, Foccard...).
mars 1991 - mars 1996
Nicéphore SOGLO
(né en 1934)
Battu aux élections de mars 1996. Soglo s’est depuis installé
aux États-Unis où il a confié sa communication d’ancien chef
d’État au Washington World Group Limited qui assure sa
promotion aux États-Unis depuis 1990. Il retourne
régulièrement au Bénin.
mars 1996 -
Mathieu KÉRÉKOU
Botswana
septembre 1966 - juillet 1980
Seretse KHAMA (né en 1921)
(30 septembre
1966)
juillet 1980 -
Quett Ketumile MASIRE
Burkina Faso /
ex Haute-Volta
2 septembre 1959 (élections) janvier 1966
Maurice YAMEOGO
(né en 1921)
Yaméogo cède le pouvoir après des révoltes populaires
devant le palais demandant sa démission. Une autre version
affirme que Yaméogo aurait ordonné de tirer sur la foule et
que l'armée aurait refusé. Yaméogo aurait alors été arrêté et
aurait donné sa démission le soir même en annonçant "un
transfert de ses compétences au lieutenant-colonel Sangoulé
Lamizana". Passé en jugement, Yaméogo a été condamné à
cinq ans de prison de 1966 à 1970 et est resté privé de ses
droits civiques plusieurs années. Thomas Sankara le remettra
en prison quelque temps car, selon certains, il serait devenu
plus populaire que lorsqu'il était Président. En 1987, il est
devenu président de l'UNAB (Union des Anciens du
Burkina). Par la suite, il se rend à Abidjan. Il meurt le 15
septembre 1993 dans l'avion qui le ramenait au Burkina.
janvier 1966 - 25 novembre 1980
Lieutenant colonel Sangoulé
LAMIZANA
(né en 1916)
Coup d'État mené par le colonel Saye Zerbo qui décide la
mise en place du Comité militaire de redressement pour le
progrès national. Lamizana est placé en résidence surveillée
en novembre 1983, puis arrêté sous le gouvernement de
Sankara et accusé de détournement de fonds. Il est acquitté
par les tribunaux populaires de la révolution (TPR) en
janvier 1984 et devient secrétaire général de l’UNAB en
1987.
Bénin (exDahomey)
(5 août 1960)
Décède d’un cancer en juillet 1980.
… /…
27
… /…
novembre 1980 - 7 novembre 1982
Colonel Saye ZERBO
(né en 1932)
Coup d'État par le colonel Some Yoryan. Zerbo fut jugé pour
corruption et condamné à quinze ans de prison dont sept avec
sursis. Mais il fut relâché quelques temps plus tard. Il
semblerait que Saye Zerbo se soit reconverti dans des actions
de prosélytisme religieux.
novembre 1982 - 4 août 1983
Commandant Jean-Baptiste
OUEDRAOGO
Coup d'État par Thomas Sankara, jeune officier, et mise en
place du Conseil national de la révolution. Ouedraogo reprit
l'exercice de sa profession antérieure : il était médecin
commandant.
août 1983 - 15 octobre 1987
Thomas SANKARA
(né en 1949)
Coup d'État mené par B. Compaoré et assassinat de Sankara.
Le corps de Sankara fut jeté dans une fosse commune. T.
Sankara fut ensuite réhabilité par B. Compaoré.
octobre 1987 -
Blaise COMPAORE
(né en 1951)
Burundi
1915 - 8 juillet 1966
Roi MWAMBUTSA II
(né en 1912)
Déposé par le prince héritier.
(1er juillet 1962)
Royauté abolie
en 1966, au
profit de la
République.
juillet 1966 - 28 novembre 1966
Prince héritier Charles NDIZEYE
qui devient NTARE V en
septembre 1966
(né en 1947)
Révolution de palais pendant une visite du roi au Zaïre. Le
Premier ministre Micombero établit la République le 29
novembre 1966. Ntare V resta en exil au Zaïre jusqu'en 1972
lorsqu'il fut invité par le président Micombero à revenir au
Burundi. Mais dès son arrivée, il fut assassiné par un groupe
armé.
novembre 1966 - 1er novembre
1976
Capitaine Michel MICOMBERO
(né en 1940)
Coup d'État sans effusion de sang. Devenu alcoolique, il est
d'abord arrêté puis relâché. Il se rend en exil en Somalie où il
meurt d'une crise cardiaque en 1983.
novembre 1976 - 3 septembre 1987
Lieutenant-colonel Jean-Baptiste
BAGAZA
(né en 1946)
Coup d'État par le major Pierre Buyoya alors que Bagaza se
trouvait au Canada. En mars et novembre 1989, il tenta de
revenir au Burundi mais devant l'échec de cette tentative, il
retourna en exil en Libye. Au milieu des années 1990, il
revint au Burundi. Disposant d'une grosse fortune
personnelle, il est aujourd'hui l'un des opposants au pouvoir
les plus extrémistes réclamant le "tutsi power".
septembre 1987 - juin 1993
Major Pierre BUYOYA
(né en 1949)
Battu aux élections. Buyoya s'était attelé tout au long de son
mandat à rendre réalisable la réconciliation nationale. Avant
de revenir au pouvoir à la faveur d’un coup d’État le 25
juillet 1996, il s'occupait d'une fondation humanitaire de
diplomatie internationale et touchait sa retraite d'ancien
président régulièrement.
juin 1993 - 21 octobre 1993
Melchior NDADAYE
(né en 1953)
Assassiné par des putschistes tutsi lors d’un coup d’Etat
impliquant le chef d’Etat major des armées et J.B. Bagaza.
octobre 1993 - 6 avril 1994
Cyprien NTAYRAMIRA
(né en 1955)
Tué dans un attentat avec le Président Habyarimana du
Rwanda lors d’un trajet en avion. L’Assemblée désigne son
successeur en septembre.
septembre 1994 - 25 juillet 1996
Sylvestre NTIBANTUNGANYA
(né en 1956)
Destitué par le coup d’État du major Pierre Buyoya. Il s’est
depuis réfugié d’abord à l’ambassade américaine puis dans la
résidence privée de l’ambassadeur américain. Sa femme en
exil dénonce l’insécurité qui pèse sur lui.
juillet 1996 -
Major Pierre BUYOYA
(né en 1949)
Burkina Faso /
Haute-Volta
28
Cameroun
5 mai 1960 - 4 novembre 1982
Ahmadou AHIDJO
(né en 1924)
novembre 1982 -
Paul BIYA (né en 1933)
juillet 1975 - février 1991
Aristides Maria PEREIRA
(né en 1924)
février 1991 -
Antonio Manuel Mascarenhas
MONTEIRO
13 août 1960 - 31 décembre 1965
David DACKO
(né en 1930)
Coup d'État par le chef des armées le colonel Jean-Bedel
Bokassa. Dacko fait un long séjour en prison avant d'être
réhabilité en 1976, d'être rappelé par Bokassa comme
conseiller personnel et de fomenter le coup d'État de
septembre 1979 qui le ramènera au pouvoir.
31 décembre 1965 - 20 septembre
1979
Colonel Jean-Bedel BOKASSA
(né en 1921)
Coup d'État de Dacko avec l’aide de l'armée française
(“opération Baraccuda”) lors d'un voyage de Bokassa en
Libye. Bokassa s'enfuit alors en France où il ne reste que
deux jours avant de trouver asile en Côte-d'Ivoire. Puis
condamné par contumace, il décide de retourner de son plein
gré en RCA en 1986. Un long et retentissant procès eut lieu
qui le condamne à mort. En 1988, la peine fut commuée en
détention à vie. Grâcié par Kolingba en 1993, il est libéré en
septembre 1993. Aujourd'hui il est ruiné, demeure dans son
palais de Berengo et s'est reconverti dans le prosélytisme
religieux.
septembre 1979 - 1er septembre
1981
David DACKO
(né en 1930)
Coup d'État militaire après sa réélection en mars 1981.
Depuis, il s’est retiré dans sa ferme en Centrafrique tout en
souhaitant se représenter aux prochaines élections. Il est
actuellement à la tête d’un des principaux partis d’opposition.
Il avait fait un bon score aux élections de 1993 sans toutefois
parvenir à battre A. Patassé. Aujourd’hui Patassé lui a
supprimé sa pension d’ancien président et le droit
d’entreprende toute activité économique.
septembre 1981 - septembre 1993
Général André KOLINGBA
(né en 1935)
Battu dès le premier tour des élections de 1993. Après sa
défaite, une enquête a été ouverte sur le régime Kolingba. Il
s'occupe aujourd'hui de son parti, le Rassemblement
démocratique centrafricain qui n’a que trois sièges à
l'Assemblée mais il est toujours tenu pour responsable du
délabrement économique du pays.
septembre 1993 -
Ange Félix PATASSÉ
(né en 1937)
(1er janvier
1960)
Cap-Vert
(5 juillet 1975)
République
Centrafricaine
(13 août 1960)
Démissionne le 4 novembre 1982 en laissant sa succession à
Paul Biya. Après avoir tenté de garder le contrôle sur la
politique du Cameroun à travers l'UNC dont il était toujours
le président, Ahidjo fomente une tentative de coup d'État. La
France l'oblige à démissionner de la tête du parti en 1983. Il
reste en exil en France puis au Sénégal en 1987 où il décède
le 30 novembre 1989. 6 avril 1984 : tentative de putsch par
Saleh Ibrahim (fidèle d'Ahidjo). Procès de l'ancien président :
Ahidjo est condamné à mort par contumace, peine que Biya
commua en détention à vie.
Battu aux élections, il habite désormais au Portugal. Retraité.
Pereira aurait fait des déclarations selon lesquelles il n'aurait
pas dû demander l'indépendance et laisser le pays au même
statut que les Açores.
29
Comores
juillet 1975 - 3 août 1975
Ahmed ABDALLAH
(né en 1919)
Coup d'État par le prince Saïd Mohammed Jaffar. A.
Abdallah se rend pendant trois ans en exil en France avant de
revenir au pouvoir en 1978.
(6 jullet 1975)
août 1975 - janvier 1976
Prince Saïd Mohammed JAFFAR
Le prince Jaffar quitte le pouvoir après l’élection d’Ali Soilih
à la tête de l’Etat.
janvier 1976 - 13 mai 1978
Ali SOILIH
(né en 1936)
Coup d'État. Soilih est renversé avec l'aide de mercenaires
étrangers conduit par Bob Denard. Il fut abattu deux
semaines après le coup d'État alors qu'il tentait de s'évader.
Un directoire est mis en place codirigé de mai à octobre 1978
par Ahmed Abdallah et Mohammed Ahmed.
octobre 1978 - 26 novembre 1989
Ahmed ABDALLAH
(né en 1919)
Assassiné lors d'une altercation par un adjoint de Bob Denard
qui était à son service. Le nouveau Président fut installé avec
l’aide de la France.
novembre 1989 - 28 septembre
1995
Saïd Mohammed DJOHAR
(né en 1916)
Devenu très impopulaire, il est écarté du pouvoir lors de la
tentative de coup d’État de Bob Denard le 28 septembre
1995. Il s’exile alors en France avant d’être autorisé à
revenir aux Comores en janvier 1996. Un Comité militaire de
transition est alors mis en place, dirigé par Ayouba Comba et
co-présidé par M. Abdoulkarim et Kamal Saïd Ali jusqu’en
mars 1996.
mars 1996 -
Mohammed Taki
ABDOULKARIM
20 mars 1961 - 13-15août 1963
Abbé Fulbert YOULOU
(né en 1917)
En août 1963, il démissionne sous la pression des
manifestations populaires. Youlou est placé en résidence
surveillée. Il s'évade dans la nuit du 25 au 26 mars 1965,
probablement avec l'aide des réseaux Foccard puis gagne
Kinshasa en passant le fleuve Congo. Il arrive le 30 janvier
1966 en France qui lui refuse l'asile politique. Il se rend donc
à Madrid où il passe son temps à écrire des pamphlets
anticommunistes. Le 8 juin 1965, il est condamné à mort par
contumace. Il décède en Espagne en 1972 .
août 1963 - 4 septembre 1968
Alphonse MASSAMBA-DÉBAT
(né en 1921)
Coup d’État militaire par des supporters du capitaine
Ngouabi qui est arrêté et jeté en prison. Massamba-Débat est
rappelé à la présidence le 4 août 1968 mais démissionne le 4
septembre 1968. Alfred Raoul assume les pleins pouvoirs.
Massamba-Débat fut jugé puis acquitté et relaxé en 1969. Il
se retira dans son village et sembla être entièrement sorti de
la scène politique mais il fut accusé de complicité dans
l'assassinat de Ngouabi puis exécuté en mars 1977. Il semble
en fait que Ngouabi ait contacté Massamba-Débat dans le but
de l’associer au pouvoir.
septembre 1968 - janvier 1969
Alfred RAOUL
(né en 1938)
Le 31 décembre 1968, une modification de l’Acte
fondamental rétablit la fonction présidentielle et le
bicéphalisme. Ngouabi, président du Conseil National de la
Révolution devient président. A. Raoul reste Premier
ministre.
janvier 1969 - 18 mars 1977
Capitaine Marien NGOUABI
(né en 1938)
Assassiné le 18 mars 1977 dans des conditions mystérieuses.
L'ancien président Massamba-Débat ainsi que l'archevêque
de Brazzaville, le cardinal Bayenda, dont beaucoup pensent
qu'il fut témoin du crime, furent accusés et exécutés dans les
jours qui suivirent. Ngouabi est devenu un martyr légendaire.
Joachim Yhombi Opango est nommé Président par le comité
militaire du Parti congolais du travail (PCT).
Congo
(15 août 1960)
… /…
30
… /…
avril 1977 - 5 février 1979
Général Joachim YHOMBIOPANGO
(né en 1939)
Il fut forcé à démissionner le 5 février 1979 par le PCT pour
des raisons idéologiques et factionnelles. Sassou Nguesso
(n° 2 du parti) est investi par le troisième congrès du PCT.
Retrogradé et placé aux arrêts pour "haute trahison" le 20
octobre 1979, Yhombi Opango fut relâché en 1984 et arrêté
de nouveau en 1988 après une rebellion dans le nord du pays.
Revenant sur la scène politique à la faveur de la Conférence
nationale, il a été Premier ministre entre 1993 et août 1996.
février 1979 - août 1992
Colonel Denis SASSOU
NGUESSO
(né en 1943)
Battu aux élections d'août 1992. Sassou conserve une grosse
fortune personnelle. Il est, sur la scène politique congolaise,
un des personnages les plus influents de l’opposition. Installé
à Paris pour des raisons de sécurité, semble-t-il, il prépare sa
candidature aux élections de 1997.
août 1992 -
Pascal LISSOUBA
(né en 1931)
novembre 1960 - 7 décembre 1993
Félix HOUPHOUET BOIGNY
(né en 1905)
décembre 1993 -
Henri Konan BÉDIE
(né en 1934)
Djibouti
(27 juin 1977)
juin 1977 -
Hassan Gouled APTIDON
(né en 1916)
Érythrée
(24 mai 1993)
mai 1993 -
Issayas AFEWORKI
(né en 1945)
Éthiopie
12 septembre 1974 - novembre
1974
Général Aman ANDOM
Il fut éxécuté quelques jours après le coup d’Etat de
novembre 1974. Le président du PMAC lui succède.
(révolution de
1974)
novembre 1974 - février 1977
Général Teferi BANTI
(né en 1921)
Le pouvoir est en majeure partie détenu par le vice-président,
le major Mengistu et le lieutenant colonel Atnafu Abate.
Banti fut assassiné dans une révolution de palais à l'intérieur
de l'équipe dirigeante le 3 février 1977. Le président du
PMAC lui succède.
février 1977 - 21 mai 1991
Haïlé Mariam MENGISTU
(né en 1940)
Destitué par un coup d'État, il part en exil au Kenya puis au
Zimbabwe où il avait de nombreux investissements
financiers. Il dénonce sans relâche le gouvernement éthiopien
en place. Un procès par contumace est actuellement en cours
contre Mengistu, notamment pour le meurtre de l’empereur
Sélassié.
mai 1991-
Mélès ZENAWI (né en 1955)
février 1961 - 28 novembre 1967
Léon M'BA
(né en 1902)
2 décembre 1967 (élections) -
Omar BONGO (né en 1935)
Congo
Côte-d'Ivoire
(août 1960)
Gabon
(17 août 1960)
Décédé en décembre 1993. Son dauphin prend la suite.
Après avoir été hospitalisé à Paris, il meurt de maladie en
novembre 1967. Il avait auparavant assuré sa succession en
désignant Omar Bongo comme "dauphin".
31
avril 1970 - juillet 1994
Sir Dawda JAWARA
(né en 1924)
Devient une
République en
avril 1970
juillet 1994 -
Lieutenant Yayah JAMMEH
(né en 1965)
Ghana
juillet 1960 - 24 février 1966
Kwame NKRUMAH
(né en 1909)
Coup d'État en raison entre autres du mauvais état
économique et de la répression de l'opposition. De plus, il a
été accusé de complot contre les présidents Diori et
Yaméogo. Lors d'un voyage de Nkrumah à Hanoï et Pékin,
l'armée prend le pouvoir. Nkrumah se réfugie en Guinée où
Sékou Touré l'avait gratifié du titre honorifique de viceprésident. Alors qu'il était en exil, il écrivit un certain nombre
d'ouvrages avant que sa santé ne s'aggrave. Il décède d'un
cancer le 27 avril 1972 dans un hôpital roumain. On lui
dédie des funérailles nationales.
février 1966 - avril 1969
Joseph ANKRAH
(né en 1915)
Président du Comité de libération nationale. Forcé à
démissionner à cause d'un scandale de corruption. Il décède
de mort naturelle. Aujourd'hui seulement on fête
l'anniversaire de son décès.
avril 1969 - septembre 1969
Akwasi AFRIFA
(né en 1936)
Coup d'État. Il partit de l'armée et fut arrêté en 1972 pour son
opposition au coup d'Acheampong. Il fut relâché en 1973 et
fit campagne pour un retour du pouvoir aux civils. Après le
renversement d'Acheampong en 1978, il est élu au Parlement
en 1979. Mais à l'arrivée de Rawlings, Afrifa est arrêté et
accusé de corruption. Il est exécuté en juin 1979. K. Busia
prend la tête du gouvernement provisoire. Il reste le premier
ministre de la IIe République avec comme président, depuis
août-septembre 1970, Edward Akufo-Addo (né en 1906).
septembre 1969 - 13 janvier 1972
Dr Kofi BUSIA
(né en 1913)
Coup d’Etat par I. Acheampong alors que K. Busia se
trouvait à Londres.
janvier 1972 - 5 juillet 1978
Lieutenant colonel Ignatius Kutu
ACHEAMPONG
(né en 1931)
Coup d'État par le chef des armées Akuffo. Après une courte
détention, il est relâché et prend sa retraite dans l'armée
jusqu'à ce qu'il soit exécuté en juin 1979.
juillet 1978 - 4 juin 1979
Frédérick AKUFFO
(né en 1937)
Elections prévues le 18 juin 1979 mais dès le 16 mai 1979,
Rawlings tente de renverser le pouvoir. Rawlings est arrêté
puis libéré lors d'un nouveau coup d'État, le 4 juin 1979.
Akuffo est rapidement jugé et exécuté en juin 1979.
juin 1979 - juillet 1979
Lieutenant Jerry RAWLINGS
(né en 1947)
Rawlings cède le pouvoir aux civils qui organisent des
élections. Rawlings est mis à la retraite de l'armée et quelques
temps en résidence surveillée. Il reste une personne
d'influence et revient au pouvoir deux ans plus tard.
juillet 1979 - décembre 1981
Hilla LIMANN
(né en 1934)
Renversé par Rawlings. Arrestation de l'ancien président qui
sera relâché en 1983.
décembre 1981 -
Lieutenant Jerry RAWLINGS
Gambie
(18 février 1965)
La Gambie reste
une monarchie
constitutionnelle
avec à sa tête la
Reine
d'Angleterre et un
gouverneur.
(6 mars 1957)
Devient une
République le
1er juillet 1960.
Destitué par un coup d'État mené en douceur par de jeunes
officiers. Un conseil provisoire des forces armées est mis en
place. Après avoir pu quitter le pays à bord d'un navire de
guerre américain, il trouve refuge et asile politique au
Sénégal puis se déplace en Angleterre et aux Etats-Unis où il
demande aux forces européennes de faire respecter le droit
international. Il est accusé de détournement de fonds en
janvier 1996. En août 1996, le nouveau gouvernement lui
interdit toute fonction publique pendant vingt ans sous cette
même accusation.
32
1958 - 26 mars 1984
Sékou TOURÉ
(né vers 1922)
avril 1984 -
Lansana CONTÉ (né en 1944)
septembre 1973 - 14 novembre
1980
Luis de ALMEIDA CABRAL
(né en 1931)
novembre 1980 -
João Bernardo VIEIRA
(né en 1939)
octobre 1968 - 3 août 1979
Francisco Macias NGUEMA
(né en 1924)
août 1979 -
Colonel Teodoro Obiang
NGUEMA MBAZOGO
(né en 1942)
Kénya
décembre 1963 - 22 août 1978
Jomo KENYATTA
(né vers 1890)
(12 décembre
1963)
octobre 1978 -
Daniel ARAP MOI (né en 1924)
Lesotho
octobre 1966 - 1970
Roi MOSHOESHOE I
(né en 1938)
Destitué par le Premier ministre Jonathan Leabua qui
suspend la constitution et réduit les pouvoirs du Roi. Il est
arrêté puis part en exil en Hollande. Il reviendra dans les
années 1970 mais sera alors mis au ban de la politique. Il
garde à la tête de l’État un rôle protocolaire jusqu’en
novembre 1990 lorsqu’il est déposé au profit de son fils
Mohato Seeiso. Il rentre d’exil en juillet 1992 et sera rappelé
sur le trône par son fils en 1995.
1970 - janvier 1986
LEABUA Jonathan
(né en 1914)
Destitué par un coup d’État. Il est alors arrêté puis relâché et
meurt d’un cancer en avril 1987 dans un hôpital sud-africain.
janvier 1986 - avril 1991
Justin Metsing LEKHANYA
(né en 1938)
Lekhanya est destitué par un coup d’État. Un conseil
militaire est mis en place avec à sa tête le colonel Elias
Pishona Ramaema.
Guinée
(2 octobre 1958)
Guinée Bissau
(24 septembre
1973 - 10
septembre 1974 :
reconnu par le
Portugal)
Guinée
équatoriale
(12 octobre
1968)
(4 octobre 1966)
Décède de maladie dans un hôpital américain le 26 mars
1984. Lansana Beavogui (né en 1923) prend la tête de l’Etat
du 26 mars au 4 avril 1984 mais tout de suite, il est renversé
par le coup d’Etat des colonels Lansana Conté et Diarra
Traoré qui marque la fin de la période du PDG.
Coup d'État du Premier ministre Vieira dit "Kabi", en raison
du pouvoir accru de Cabral. Cabral est arrêté, jugé et
condamné à mort mais il fut ensuite libéré et obtint la
permission de se réfugier à Cuba, au Cap-Vert puis au
Portugal.
Sa famille organise un coup d'État au moment où Macias
entend éliminer quelques-uns de ses membres. Macias, est
emprisonné à la prison de Bata dans le Rio Muni, jugé de
façon expéditive puis exécuté pour génocide le 29 septembre
1979.
Décédé de mort naturelle en 1978 à environ 88 ans.
… /…
33
… /…
Lesotho
avril 1991 - mars 1993
Colonel Elias Pishona
RAMAEMA
Rend le pouvoir aux civils. Des élections législatives sont
tenues donnant la victoire au parti de N. Mokhele, le parti du
Congrès Basotho (BCP).
mars 1993 - août 1994
Ntsu MOKHELE
Letsie III dissout le Parlement et destitue le premier ministre.
Mokhele est immédiatement privé de bureau et de résidence
officielle. Le Roi nomme alors Hae Phoofolo président du
conseil provisoire mais il s’attribue également des pouvoirs
législatifs et exécutifs. Letsie III devient donc le réel
détenteur du pouvoir.
août 1994 - 25 janvier 1995
Mohato Seeiso dit LETSIE III
(né en 1963)
Il abdique en faveur de son père puis, à la mort de celui-ci,
revient sur le trône.
janvier 1995 - 15 janvier 1996
Roi MOSHOESHOE II
(né en 1938)
Décède dans un accident de voiture dans son royaume.
janvier 1996 -
Roi LETSIE III (né en 1963)
Libéria
janvier 1944 - 23 juillet 1971
William V.S. TUBMAN
(né en 1895)
Décédé en 1971 à Londres à 75 ans de mort naturelle.
Succession constitutionnelle par le vice-président.
(26 juillet 1847)
juillet 1971 - 12 avril 1980
William R. TOLBERT
(né en 1913)
Coup d'État mené par Samuel Doe. Tolbert est tué dans son
sommeil par le caporal Harrison Penue pendant le coup
d'État militaire du 12 avril 1980 en même temps que d'autres
membres du gouvernement.
avril 1980 - août 1990
Sergent Samuel K. DOE
(né en 1950)
En 1990, une rébellion armée éclate et dégénère en guerre
civile. Pour tenter de mettre fin au conflit, un gouvernment
d’union nationale (IGNU) est mis en place avec à sa tête
Amos Sawyer. S. Doe est assassiné par des rebelles en
septembre 1990, à 38 ans, après d'atroces tortures. Prince
Johnson et le vice-président de Doe, Harry Moniba, se
proclament tous deux Présidents mais aucun des deux n’est
reconnu. Johnson est réfugié politique à Lagos depuis 1992.
août 1990 - mars 1994
Amos SAWYER
En octobre 1990, Charles Taylor est élu Président du
National Patriotic Reconstruction Assembly Government
(NPRAG) basé à Gbarnga et qui contrôle 95 % du territoire.
Le Libéria est alors divisé entre l’IGNU dans la capitale qui a
une légitimité internationale et le NPRAG dans le reste du
pays. En mars 1994, l’IGNU et le NPRAG sont dissous. Un
gouvernement de transition est mis en place avec à sa tête
David Kpomakpor. Amos Sawyer fonde alors une association
visant à promouvoir diverses activités au sein de la société
civile. Il vit entre les Etats-Unis et Monrovia. Charles Taylor
est vice-président au sein du Liberia National Transitional
Government (LTNG) et souhaite se présenter aux élections
de mai 1997.
mars 1994 - août 1995
David KPOMAKPOR
Le Conseil d’État passe de 5 à 6 membres. Wilton
Sankawulo est nommé Président. Kpomakpor devient député.
août 1995 - août 1996
Wilton SANKAWULO
Après sa sortie de pouvoir, Sankawulo a repris ses activités
d’écrivain.
août 1996 -
Ruth PERRY
1959 - mai 1972
Philibert TSIRANANA
(né en 1912)
Madagascar
(26 juin 1960)
Il est forcé de démissionner en mai 1972 et cède le pouvoir
aux militaires après de graves émeutes et des grèves
générales. Il ne garde aucune activité politique depuis, même
s'il fut un moment accusé de complicité dans l'assassinat de
Ratsimandrava. Il reste dans son fief jusqu'en 1978 quand il
décède d'une attaque cardiaque.
34
Malawi
mai 1972 - 5 février 1975
Général Gabriel
RAMANANTSOA
(né en 1906)
En février 1975, on le força à démissionner et à céder le
pouvoir à Ratsimandrava qui fut assassiné quelques jours
plus tard. Ramanantsoa meurt à Paris en 1979.
6 - 11 février 1975
Colonel Richard
RATSIMANDRAVA
(né en 1931)
Assassinat mystérieux de Ratsimandrava six jours après son
investiture.
février 1975 - juin 1975
Général Gilles
ANDRIAMAHAZO
Remplacé quatre mois plus tard par Ratsiraka.
juin 1975 - mars 1993
Didier RATSIRAKA
(né en 1936)
Battu aux élections de 1993. Malgré sa "retraite", il semble
beaucoup influencer la politique du pays avec sa femme.
mars 1993 - 5 septembre 1996
Albert ZAFY
Le 5 septembre 1996, la Haute Cour constitutionnelle
confirme “l’empêchement définitif” du Président Zafy accusé
d’avoir violé plusieurs fois la Constitution. Les élections
présidentielles sont donc avancées au 3 novembre 1996. Zafy
déclare qu’il se présentera aux élections. L’intérim est assuré
par le Premier ministre.
septembre 1996 -
Norbert RATSIRAHONANA
6 juillet 1964 - mai 1994
Hastings Kamuzu BANDA
(né en 1902)
mai 1994 -
Bakili MULUZI (né en 1943)
septembre 1960 - 19 novembre
1968
Modibo KEITA
(né en 1915)
Renversé par la junte militaire. Il meurt en prison neuf ans
après sans avoir eu de procès et dans des conditions qui
restent mystérieuses.
novembre 1968 - mars 1991
Général Moussa TRAORÉ
(né en 1936)
Émeutes populaires puis coup d'État militaire. Arrêté en mars
1991 avec sa femme et ses enfants, il subit un long procès et
est condamné à mort. Il reste en prison, séparé de sa famille
mais n'a toujours pas été exécuté.
mars 1991 - mai 1992
Lieutenant Colonel Amadou
TOURÉ
(né en 1949)
Cède le pouvoir aux civils à la fin de la période de transition
après les élections de 1992. ATT rejoint alors sa caserne et
s'occupe désormais d'oeuvres humanitaires et de diplomatie
internationale.
mai 1992 -
Alpha Oumar KONARÉ
(né en 1946)
mars - juin 1992
Sir Veerasamy RINGADOO
(6 juillet 1964)
Mali
(20 juin 1960)
Ile Maurice
(12 mars 1968)
Devient une
République en
mars 1992.
Battu en mai 1994 aux élections. Procès en 1995 pour le
meurtre de quatre ministres commis en mai 1983 (Il est
arrêté avec sa femme Cécilia et son bras droit John Tembo
ainsi que deux policiers eux aussi inculpés). Le procès fut
longtemps repoussé en raison de l'état physique et mental de
l'ancien président. Banda fut acquitté en décembre 1995. Les
médecins l’avaient dispensé du procès car il n’avait plus la
capacité physique d’y assister.
Avant cette date, la Reine d’Angleterre était représentée par
un gouverneur général. Sir Ringadoo est très vite remplacé à
la tête de l’Etat en raison sans doute de son origine hindoue.
Le Parlement nomme Cassam Uteem en tant que président.
35
juin 1992
Cassam UTEEM
(né en 1941)
En décembre 1995, Navin Ramgoolam a succédé à Anerood
Jugnauth en tant que Premier ministre.
novembre 1960 - 10 juillet 1978
Mokhtar Ould DADDAH
(né en 1924)
Coup d'État par le chef des forces armées, le colonel Salek.
En exil à Nice en France, il aurait eu des complicités avec un
mouvement d'opposition en exil (l'Alliance pour une
Mauritanie démocratique). Ce mouvement dirigea un coup
d'État contre Haïdallah en avril 1981 en souhaitant replacer
Ould Daddah à la tête de l'État mais le coup échoua. Depuis
avril 1995, Ould Daddah est de retour en Mauritanie, et
espère à 76 ans environ, reprendre les rênes du pays.
juillet 1978 - 3 juin 1979
Lieutenant-colonel Mustapha
Ould Mohammed SALEK
Destitué par le CMSN, il fut forcé de démissionner. Le
CMSN désigne son successeur. Il est désormais un des chefs
de l'opposition mauritanienne.
juin 1979 - 4 janvier 1980
Lieutenant-colonel Mohammed
Mahmoud Ould LOULY
Coup d'État. Il reste en Mauritanie où il reçoit une pension
d'ancien président.
janvier 1980 - 12 décembre 1984
Lieutenant-colonel Mohammed
Ould HAIDALLAH
(né en 1940)
Coup d'État. Depuis sa sortie du pouvoir, Haïdallah fut sept
ans en exil intérieur. Détenu d'abord dans une caserne, il est
ensuite libéré et devient éleveur de chameaux jusqu'en
novembre 1991 où il rejoint sa villa de Nouakchott et
reprend contact avec les leaders de l’opposition.
décembre 1984 -
Maaouya Ould TAYA
(né en 1941)
Mozambique
1975 - 19 octobre 1986
Samora MACHEL
(né en 1933)
(25 juin 1975)
1986 -
Joaquim CHISSANO
(né en 1939)
Namibie
21 mars 1990 -
Samuel Daniel NUJOMA
(né en 1929)
Mauritanie
(28 novembre
1960)
Décédé le 19 octobre 1986 dans un "accident d'avion" qui
n’a jamais été éclairci.
(21 mars 1990)
36
août 1960 - 15 avril 1974
Hamani DIORI
(né en 1916)
Coup d'État par Seyni Kountché. Sa femme est assassinée
pendant le coup d'État et il est emprisonné jusqu'en 1980,
puis transféré en résidence surveillée. Il fut finalement relaxé
en 1987 et se rend pour raison de santé au Maroc où il meurt
en avril 1989.
avril 1974 - 10 novembre 1987
Seyni KOUNTCHÉ
(né en 1931)
Décédé en novembre 1987. Le CMS choisit l’officier le plus
ancien dans le grade le plus élevé pour lui succéder par
interim.
novembre 1987 - mars 1993
Ali SAÏBOU
(né en 1940)
Perd ses prérogatives au cours de la transition démocratique.
Il se retire dans sa maison de Niamey. Il touche
régulièrement sa retraite d'officier et de président. Il a été
gratifié du titre de Grand chancelier des ordres nationaux et
devient Président du Conseil des Sages après le coup d’Etat
de Baré.
mars 1993 - 27 janvier 1996
Mahamane OUSMANE
(né en 1950)
Coup d’État de I. Maïnassara. Ousmane est d’abord détenu
en résidence surveillée avant d’être relâché. Il est réelu à la
tête de son parti et s’est présenté aux présidentielles de juillet
1996.
janvier 1996 -
Ibrahim Baré MAINASSARA
(né en 1949)
Nigéria
1960 - 15 janvier 1966
Sir Abubacar Tafawa BALEWA
(né en 1912)
Il est assassiné au cours d'un coup d'État mené par de jeunes
officiers.
(1er octobre
1960)
janvier 1966 - 29 juillet 1966
Général Johnson Thomas
AGUIYI-IRONSI (né en 1924)
Coup d'État. Ironsi est assassiné, ce qui est un des éléments
qui mènera à la guerre civile.
juillet 1966 - juillet 1975
Yakubu GOWON
(né en 1934)
Coup d'État alors qu'il assistait à une réunion de l'OUA en
Ouganda. Il se rendit en exil en Grande-Bretagne où il reprit
ses études et obtint un PhD de science politique à l'université
de Warwick. Il fut accusé un moment de complicité dans le
meurtre de Murtala Mohammed, mais en 1981, toutes les
charges furent abandonnées et il retourna au Nigéria en
1983.
juillet 1975 - 13 février 1976
Brigadier Murtala Ramat
MUHAMMED (né en 1938)
Assassiné lors d'un coup d'État avorté.
février 1976 - juillet - août 1979
Général Olusegun OBASANJO
(né en 1937)
Il céda le pouvoir aux civils en respectant le calendrier que
son successeur avait mis au point. Il mena ensuite une
carrière internationale très brillante avant d'être arrêté en
1994 soupçonné de complicité dans une tentative de coup
d'État perpétré contre Sani Abacha.
août 1979 - 31 décembre 1983
Alhaji Shehu SHAGARI
(né en 1924)
Coup d'État par Buhari. Shagari fut arrêté et détenu jusqu'en
1986. Il fut ensuite obligé de rester dans son village natal
jusqu'en 1988 lorsque toutes les sanctions furent levées. Il
s'est depuis reconverti dans les affaires.
31 décembre 1983 - 27 août 1985
Mohammed BUHARI
(né en 1942)
Coup d'État du général Babangida. Buhari est placé en
résidence surveillée jusqu'en septembre 1989. On le força à
se retirer de l'armée.
Niger
(3 août 1960)
… /…
37
… /…
août 1985 - 26 août 1993
Général Ibrahim BABANGIDA
(né en 1941)
Après avoir annulé les résultats des élections de juin 1993,
Babangida décide la mise en place d’un gouvernement
intérimaire puis démissionne le 26 août 1993.
août 1993 - 17 novembre 1993
Ernest SHONEKAN
Coup d'État de Sani Abacha. S. Abacha, ministre de la
Défense et seul militaire du gouvernement intérimaire,
assume les pleins pouvoirs.
novembre 1993 -
Général Sani ABACHA
(né en 1943)
Ouganda
1939 - 22 février 1966
Sir Edward MUTESA
(né en 1924)
Coup d'État par Obote, le Premier ministre. L'armée s'empare
du palais. Mutesa est contraint à l’exil. Il se réfugie en
Grande-Bretagne où il meurt en novembre 1969.
(9 octobre 1962)
février 1966 - 25 janvier 1971
Apollo Milton OBOTE
(né en 1925)
Coup d'État par Amin Dada alors qu'Obote est absent du
pays. Obote reste en exil pendant neuf ans en Tanzanie avant
de revenir pour les élections de 1980 qu’il remporte grâce à
de nombreux trucages.
janvier 1971 - 11 avril 1979
Général Idi AMIN DADA
(né en 1925)
Mis en fuite par l'armée tanzanienne associée aux troupes du
Front de libération de l'Ouganda constituées d'exilés
ougandais qui le renversent le 11 avril 1979. Après s'être
enfui au Nigéria et au Gabon, il est refoulé du Sénégal,
consigné à l'aéroport de Kinshasa avant d'être recueilli par la
Libye puis par l’Arabie Saoudite. En 1989, il se tourne vers
le Zaïre en clamant qu'il va revenir au pouvoir mais retourna
vite en Arabie Saoudite. Lors de leurs attaques, les rebelles
du Front de la rive Ouest du Nil (WNBF) font passer des
bandes enregistrées de l’ancien dictateur annonçant son
retour prochain au pouvoir. Amin conserve des soutiens dans
la région du West Nile.
avril 1979 - 20 juin 1979
Yusuf LULE
(né en 1912)
Président du gouvernement transitoire. Il est contraint de
quitter le pouvoir et s'exile à Dar Es Salaam puis Londres. Il
s’associe à Y. Museveni pour fonder le National Resistance
Movement, mouvement d’opposition armée contre Obote
puis Okello. Il décède à Londres. Son corps est rapatrié pour
être inhumé en Ouganda. Le National Consultation Council
désigne son successeur.
juin 1979 - mai 1980
Godfrey Lukwongwa BINAISA
Destitué par une commission militaire présidée par Paulo
Muwanga. D'abord en résidence surveillée, il fut libéré
lorsqu'Obote arriva de nouveau au pouvoir. Il préféra
pourtant s'exiler au Kénya.
mai 1980 - décembre 1980
Paulo MUWANGA
(né en 1925)
Organise le retour d'Obote le 1er mai 1980 ainsi que des
élections qui donneront Obote vainqueur. Le nouveau
Président nomme Muwanga vice-président. Il sera aussi
Premier ministre sous le régime militaire d’Okello. Après la
victoire de Museveni, Muwanga est arrêté avec d’autres
personnalités dont trois ministres en poste, accusé de
fomenter un coup d’État contre Museveni.
Nigéria
… /…
38
… /…
décembre 1980 - 27 juillet 1985
Apollo Milton OBOTE
(né en 1925)
Renversé à 61 ans par un coup d'État des Okello (Tito et
Bazilio) Obote est depuis en exil en Zambie d’où il mène une
opposition active. Il garde une grande influence sur
l’Uganda People’s Congress (UPC) et fut souvent accusé
de recruter des anciens soldats de l’Uganda National
Liberation Army (UNLA) afin de déstabiliser le régime de
Museveni.
juillet 1985 - 26 janvier 1986
Général Tito OKELLO
(né en 1914)
Coup d'État à la suite d'une guerre civile remportée par les
combattants de Museveni. Il décède le 4 juin 1996 des suites
d’une attaque cérébrale à 82 ans. Après son renversement, il
s’était réfugié au Soudan puis est revenu en Ouganda grâce à
une amnistie. Une retraite et une résidence d’ancien président
lui avaient alors été allouées.
janvier 1986 -
Yoweri MUSEVENI
(né en 1944)
Rwanda
26 octobre 1961 - 5 juillet 1973
Grégoire KAYIBANDA
(né en 1924)
Coup d'État militaire. Il fut condamné à mort mais sa peine
fut commuée en détention. Emprisonné dans de très
mauvaises conditions, il meurt en 1976 alors qu'il était
toujours en détention.
(1er juillet 1962)
juillet 1973 - 6 avril 1994
Juvénal HABYARIMANA
(né en 1937)
Décédé dans un attentat alors qu’il revenait par avion de la
signature des accords d'Arusha prévoyant le partage du
pouvoir entre les Tutsi et les Hutu.
juillet 1994 -
Pasteur BIZIMUNGU
juillet 1975 - mars 1991
Manuel PINTO DA COSTA
(né en 1937)
mars 1991 -
Miguel TROVOADA
(né en 1940)
septembre 1960 - 31 décembre
1980
Léopold Sédar SENGHOR
(né en 1906)
1er janvier 1981 -
Abdou DIOUF (né en 1935)
Ouganda
São Tome et
Principe
(12 juillet 1975)
Sénégal
(1960)
Son parti (le MLSTP) ayant perdu les élections législatives
de janvier 1991, il annonça qu'il ne se présenterait pas aux
élections présidentielles de mars 1991. Il n'a depuis plus
aucune popularité. Il réside au Portugal, où il s'est reconverti
dans les affaires.
Donne sa démission volontairement en décembre 1980. Il
mène depuis une vie consacrée à la littérature entre Paris,
Dakar et Verson en Normandie et une brillante carrière postprésidentielle. Il a été élu membre de l'Académie française en
1983. D’autres part, il participe à des groupes de réflexion
multinationaux. Il fait partie du groupe des “sages”.
39
juin 1976 - 5 juin 1977
James MANCHAM
(né en 1930)
juin 1977 -
France-Albert RENÉ
(né en 1935)
Sierra Leone
avril 1961 - avril 1964
Milton Augustus MARGAÏ
(né en 1895)
Décède de mort naturelle en 1964.
(27 avril 1961)
reste une
monarchie
constitutionnelle
jusqu'en 1967.
avril 1964 - mars 1967
Albert MARGAÏ
(né en 1910)
Suite au scrutin des élections de mars 1967, le gouverneurgénéral nomme lui même le 21 mars comme Premier ministre
S. Stevens. Mais le général Lansana effectue un coup d’Etat
le 23 mars. Un groupe d’officiers se désolidarise ensuite de
lui et place en résidence surveillée Albert Margaï, Siaka
Stevens, Lansana et le gouverneur général puis nomme à la
tête de l’Etat Andrew Juxon Smith. Margaï se rendit en exil
en Angleterre où il meurt de cause naturelle en 1980.
mars 1967 - 18 avril 1968
Lieutenant-colonel Andrew
JUXON-SMITH
(né en 1931)
Renversé par un coup d'État. Il fut condamné à mort, mais
relaxé en 1972. Il vit en exil aux Etats-Unis où il a formé un
groupe d'opposition, le NAP, qu'il dirige toujours.
avril 1968 - août 1985
Siaka Probyn STEVENS
(né en 1905)
Démissionne de son poste de Président en 1985 et de la
politique en général. Il installa son successeur Joseph
Momoh. Il écrivit ensuite son autobiographie, “What life has
taught me”. Il meurt de causes naturelles en mai 1988. On
lui offrit des funérailles nationales.
septembre 1985 - 29 avril 1992
Joseph MOMOH
(né en 1937)
Coup d'État du capitaine Valentine Strasser.
avril 1992 - 16 janvier 1996
Capitaine Valentine STRASSER
(né en 1966)
Destitué par des hauts responsables de la junte militaire.
Strasser, après le coup d’État, cherchait un point de chute au
Ghana ou aux Etats-Unis. Il semble qu’il garde des soutiens
dans l’armée.
janvier 1996 - mars 1996
Général Julius Maada BIO
(né en 1966)
Il accepte de se retirer après la tenue d’élections en mars
1996.
mars 1996 -
Ahmad Tejan KABBAH
Seychelles
(29 juin 1976)
Déposé par un coup d'État en juin 1977 alors qu'il s'était
rendu à une conférence du Commonwealth à Londres, où il
est demeuré en exil. Mancham ne retourna jamais aux
Seychelles où il était interdit de territoire. Il est lourdement
suspecté d'avoir eu des complicités dans des tentatives de
coup d'État.
40
Somalie
juillet 1960 - juin 1967
Aden Abdullah OSMAN
(né en 1908)
Il démissionna peu avant la fin du terme de son deuxième
mandat en raison des conflits factionnels grandissants au sein
du gouvernement. Bien qu'il ait démissionné, il fut arrêté
après 1969 et resta en détention jusqu'à sa libération en 1973.
juin 1967 - 15 octobre 1969
Abdirashid SHERMAKE
(né en 1919)
Assassinat de Shermake le 15 octobre 1969 pendant une
tournée qu'il faisait dans le nord du pays. Sa mort provoqua
une crise qui poussa l'armée à intervenir quelques jours plus
tard.
octobre 1969 - janvier 1991
Major Général Mohammed
SIIYAD BARRÉ
(né en 1919)
Fuite de Siiyad Barré avec quelques centaines de partisans le
27 janvier 1991 devant la progression de la guerre civile
entre factions rivales. Réfugié quelques jours à Garbaharrey,
capitale du Gedo, il tente fin mars 1992 de reconquérir la
capitale mais le général Aïdid l'arrête dans sa course. Siiyad
Barré se réfugie quelques mois au Kénya avant d'être
accueilli en exil au Nigéria.
janvier 1991 -
Ali Mahdi MOHAMMED
(par interim)
Depuis 1993, le Somaliland s’est déclaré indépendant avec à
sa tête Mohammed Ibrahim Egal. Suite aux combats entre
factions rivales en Somalie, depuis 1994 Ali Mahdi
Mohammed et Mohammed puis Hussein Aïdid (suite à la
mort de son père en juillet 1996) s’autoproclament chacun
président et se disputent la tête de l’Etat. Aucun des deux
gouvernements n’est officiellement reconnu.
janvier 1956 - juillet 1956
Ismaïl al-AZHARI
(né en 1902)
Il donne sa démission en raison des dissensions au sein du
NUP, reçoit une pension d’ancien Premier ministre et devient
le leader de l'opposition au Parlement. Après l'intervention
militaire de 1958, al-Azhari se retire dans les affaires mais
mène une campagne politique en faveur du retour au
gouvernement civil. Après le retour au pouvoir des civils, I.
Al-Azhari, resté leader du NUP, prend la présidence du
Conseil Suprême, sorte de présidence collégiale. Il garde un
rôle prépondérant sur la scène politique soudanaise jusqu’au
coup d’Etat de J. Nimeiri. I. al Azhari décède en 1969.
juillet 1956 - 17 novembre 1958
Abdallah KHALIL
Coup d’État d’Abboud. A. Khalil aurait lui même soutenu le
coup d’État pour mettre un terme aux alliances partisanes qui
le déstabilisaient. Il reçoit une pension d’ancien premier
ministre.
17 novembre 1958 - octobre 1964
Général Ibrahim ABBOUD
(né en 1900)
Coup d'État en douceur suite à des manifestations sociales.
Militaire de formation, il manquait d’efficacité politique.
Abboud cède le pouvoir à un gouvernment provisoire dirigé
par Sirr al Khatim al Khalifa. I. Abboud prend sa retraite au
Soudan où il décède.
octobre 1964 - juin 1965
Sirr al-Khatim al-KHALIFA
Des élections sont organisées et se met alors en place un
gouvernement de coalition avec comme Premier ministre
Ahmad Maghoub et à la tête du Conseil suprème, I. al
Azhari.
juin 1965 - juin 1966
Ahmad MAGHOUB
Maghoub est renversé par une motion de censure en 1966 et
sera réélu en mai 1967.
juin 1966 - mai 1967
Sadiq al-MAHDI
Il est renversé par une motion de censure. Il reste l’un des
leaders de l’opposition. Il sera arrêté après le coup d’Etat de
Nimeiri et passe une grande partie de son temps en exil ou en
détention avant de reprendre la tête de l’État en avril 1986.
(1er juillet 1960)
Soudan
(1er janvier
1956)
… /…
41
… /…
mai 1967 - 25 mai 1969
Ahmad MAGHOUB
Coup d’État de Jaafar Nimeiri qui met fin au deuxième
régime parlementaire.
mai 1969 - 6 avril 1985
Général Mohammed Jaafar alNIMEIRI
(né en 1930)
Alors que Nimeiri se trouvait en voyage officiel aux EtatsUnis, il est renversé en 1985 après des manifestations
populaires et des émeutes anti-gouvernementales. Il vit
depuis en exil et son nom est associé à des tentatives de coup
d'État. Un conseil militaire de transition (CMT) est constitué
sous la présidence de Siwar al-Dahab.
avril 1985 - avril 1986
Général Siwar al-DAHAB
Rend le pouvoir aux civils. Il se retire après la dissolution du
CMT. Un conseil suprême de cinq hommes est mis en place
avec à sa tête Ali al-Mirghani. Des élections sont tenues en
avril.
avril 1986 - 30 juin 1989
Sadiq al-MAHDI
Coup d'État par le brigadier al-Bashir. Sadiq al-Mahdi fut
arrêté puis relâché en 1990. Il dirige actuellement le groupe
d’opposition armée National Democratic Alliance.
juin 1989 -
Omar Hassan Ahmad al-BASHIR
(né en 1944)
Swaziland
1968 - 21 août 1982
Roi SOBHUZA
(né en 1899)
(6 septembre
1968)
avril 1986 -
Roi MSWATI (né en 1968)
Tanzanie
novembre 1962 -octobre 1985
Julius Kambaraga NYERERE
(né en 1922)
Nyerere démissionna de son poste en 1985 mais resta à la
tête de son parti (le Chama cha Mapinduzi) jusqu'en 1990. Il
fait partie des plus célèbres figures internationales africaines
et garde un grand prestige à l’intérieur du pays. Il a
dernièrement soutenu Mpaka pour les élections
présidentielles.
novembre 1985 - novembre 1995
Ali Hassan MWINYI
(né en 1925)
Après avoir effectué deux mandats de cinq ans, Mwinyi ne
pouvait plus se présenter aux élections. Il se retire donc
constitutionnellement de la course aux présidentielles.
novembre 1995 -
Benjamin William MPAKA
Soudan
(29 octobre
1964)
Née de l’union
du Tanganyika
(9 octobre 1961)
et de Zanzibar
(10 décembre
1963)
Décède au pouvoir à 83 ans. Son fils héritier lui succède
après une période de régence (août 1982 - août 1983: Reine
Dzeliwe et août 1983 - avril 1986: Reine Ntombi).
42
août 1960 -13 avril 1975
François TOMBALBAYE
(né en 1918)
Coup d'État militaire après que Tombalbaye ait effectué des
purges au sein de l'armée. Le Président est assassiné pendant
le coup d'État, privé du soutien de la France.
avril 1975 - 23 mars 1979
Général Félix MALLOUM
(né en 1932)
Désavoué durant la Conférence de Kano, Malloum décide de
démissionner. Un conseil d’Etat provisoire est mis en place
de mars à avril 1979 avec à sa tête Goukouni Weddeye.
Malloum fuit en exil d'abord au Nigéria puis en France. Il se
reconvertit dans les affaires. Il n'est plus apparu sur la scène
politique sauf au cours de la Conférence nationale pendant
laquelle il a fait lire une allocution.
avril 1979 - août 1979
Mahammat Choua LOL
(né en 1939)
Désigné après un accord entre les factions, Lol fut renversé
six mois seulement après son arrivée au pouvoir. Il se retira
alors à Paris ou il sombra dans l'alcoolisme avant de revenir à
N'Djamena pour devenir ministre des Transports puis maire
de la capitale. Lol a fondé un parti qui est aujourd'hui bien
implanté, le Kanem-lac. Il joua un rôle important lors de la
Conférence nationale.
août 1979 - 7 juin 1982
Goukouni WEDDEYE ou
OUEDDEÏ
(né vers 1944)
Perd un combat armé contre les troupes d'Habré. Il fuit alors
vers le Nord et établit un gouvernement de reconstruction
nationale à Bardai, près de la frontière libyenne. Mais
perdant le soutien de ses amis tchadiens, il est contraint de
s'exiler en Libye. En 1988, il se déclare président du
gouvernement en exil. Il se réfugie au Cameroun puis en
Libye. Il fut invité à la Conférence nationale de février 1993
et garde une immense popularité.
juin 1982 - décembre 1990
Hissein HABRÉ
(né en 1936)
Il est obligé de fuir devant les troupes de Déby. Il s'enfuit
d'abord au Cameroun puis trouve refuge et asile au Sénégal
où l'on dit qu'il investit dans l'immobilier. Avant de quitter le
Tchad, Habré a fait dévaliser les caisses de l’État. Il a
emporté avec lui une somme considérable, un avion, des
voitures et sa garde personnelle.
décembre 1990 -
Idriss DÉBY
Togo
avril 1960 - 13 janvier 1963
Sylvanius OLYMPIO
(né en 1902)
Coup de force par Gnassingbe Eyadema dont la légende veut
qu'il ait assassiné le président Olympio de ses mains.
(27 avril 1960)
janvier 1963 - 13 janvier 1967
Nicolas GRUNITZKY
(né en 1913)
Coup d'État. L'armée prend le pouvoir le 13 janvier 1967.
Réfugié en Côte-d'Ivoire, il crée une entreprise de travaux
publics, car il avait reçu en France une formation d'ingénieur.
Il s'occupait, avant sa présidence, des chemins de fer togolais.
Officiellement décédé en 1969 dans un accident de voiture en
Côte-d'Ivoire.
janvier 1967 -
Gnassingbé EYADÉMA
(né en 1937)
juin 1960 - 24 novembre 1965
Joseph KASAVUBU
(né en 1913)
novembre 1965 -
Général Joseph Désiré MOBUTU
SESE SEKO (né en 1930)
Tchad
(11 août 1960)
Zaïre
(30 juin 1960)
Après un premier coup d'État manqué par Mobutu,
Kasavubu est réinstallé mais tombe sous un autre coup d'État
en 1965. Le haut commandement de l'armée prend le
pouvoir. Kasavubu meurt en 1969.
43
Zambie
octobre 1964 - novembre 1991
Kenneth David KAUNDA
(né en 1924)
novembre 1991 -
Fredérick CHILUBA
(né en 1943)
avril 1980 - décembre 1987
Révérend Canaan BANANA
(rôle protocolaire)
décembre 1987 -
Robert Gabriel MUGABE
(né en 1928)
(24 octobre
1964)
Zimbabwe
(18 avril 1980)
Battu aux élections de 1991. Aujourd'hui harcelé par le
pouvoir en place, il a gagné l'amitié des Zambiens. Il reste
présent sur la scène publique. Mais les nouvelles dispositions
constitutionnelles sur la nationalité l’empêchent de se
présenter aux élections. Il a regagné la tête de l’UNIP.
Il quitte le pouvoir après la réforme constitutionnelle de 1987
qui supprime le poste de Premier ministre. Le premier
ministre Mugabe, réél détenteur du pouvoir, devient
Président. Depuis, Banana donne des cours de théologie.
44
Téléchargement