Garnham en 2001. Il s’intéresse en particulier à l'évolution de la position officielle
du parti travailliste sur ces questions entre le début des années 1980 et l'arrivée au
pouvoir du New Labour, en 1997. Il souligne que ce nouveau paradigme socio-
économique, celui des industries créatives, est alors fondé sur des technologies de
communication numérique. Dans cette perspective, la production ne serait plus
essentiellement d'ordre matériel mais relèverait de
l' « intangible ».
Pour Chris
Smith, premier Secrétaire d'Etat à la Culture et aux Médias de Tony Blair, lequel
publie en 1998 Creative Britain, l'une des seules justifications du financement
public du secteur culturel repose sur la nécessité de fournir des « viviers pour
l'économie créative ». Cette conception, commente Nicholas Garnham, est
ancienne et antérieure aux réflexions au sein du New Labour. Elle est redevable
aux think-tanks des conservateurs. En 1983, le gouvernement de Margaret
Thatcher avait en effet commandé un rapport officiel, Making a business of
Information. Ce rapport annonçait le passage d'une « économie d'atomes » à une
« économie de bits ». Dès lors, les industries liées aux TIC et à la créativité sont
présentées comme le secteur le plus porteur de croissance. Le rapport souligne, en
outre, que les deux priorités de l'action publique doivent être désormais de
promouvoir la formation et l'efficacité des travailleurs créatifs et de faire observer
les lois sur la propriété intellectuelle, maillon clef de la valorisation. La
généalogie de la notion d’industries créatives, entreprise par Nicholas Garnham,
souligne donc qu’elle est liée au déploiement des perspectives néo-libérales dans
le Royaume-Uni des décennies 1980 et 1990.
Par la suite, entre 1998 et 2001, le département de la culture, des médias et des
sports du Royaume-Uni produit des documents qui classent les industries
créatives en treize domaines distincts : publicité, architecture, art et antiquités,
artisanat, design, mode, cinéma et vidéo, logiciels interactifs de loisir, musique,
arts du spectacle, édition, services informatiques et de logiciels, télévision et
radio. Finalement, le ministère britannique de la culture, des médias et des sports,
The UK Government Department for Culture, Media and Sport (D.C.M.S.),
définit ainsi, en 2001, les industries créatives : « those industries which have their
origin in individual creativity, skill and talent and which have a potential for
wealth and job creation through the generation and exploitation of intellectual
property ». Cette définition va servir de modèle pour la réflexion des autres pays.
Trois ans plus tard, les industries créatives sont définies comme, « toute activité
produisant des produits symboliques avec une forte dépendance sur la propriété
intellectuelle et pour un marché aussi large que possible » (U.N.C.T.A.D., 2004).
Elles sont présentées comme étant une solution à la « crise » dans les pays où la
main d'oeuvre est onéreuse mais « performante ». À titre d’exemple, voici un
essai de classification des industries créatives par les Pays-Bas: