Résumé
Sur le rapport de Hobbes au monarchisme, les études hobbesiennes font
largement consensus : tout au long de sa vie, le théoricien du Léviathan aurait été,
disent-elles, un monarchiste convaincu, fidèle à la dynastie anglaise des Stuart. Or
le présent travail cherche à ébranler la rigueur de cette thèse traditionnelle. Acquis
aux recherches contextualistes de J. Collins, qui ont déjà montré les affinités
hobbesiennes à l’égard des politiques anticléricales de Cromwell, il souhaite
montrer que de telles affinités dissimulent une intention politique beaucoup plus
profonde, celle de la réalisation politique des principes moraux de la loi naturelle.
Dans cette perspective, Hobbes serait, sous l’impulsion de la méthode résolutive-
compositive, non seulement l’inventeur du premier droit naturel subjectif dans
l’histoire de la philosophie politique, mais aussi le théoricien d’une loi naturelle
inédite, édifiée sur la rationalité des volontés individuelles. Ainsi, par la
publication du Léviathan en 1651, Hobbes n’aurait pas exprimé ses affinités
politiques pour la monarchie anglaise renversée : il aurait plutôt dévoilé son projet
politique d’instituer une souveraineté politique qui repose sur le consentement
rationnel de tous les sujets. Monarchiste dans sa jeunesse, Hobbes serait alors
devenu, en élaborant sa science politique, partisan d’un régime politique que l’on
pourrait nommer démocratie de la raison positive.
Mots clés : Hobbes, souveraineté politique, loi naturelle, droit naturel, méthode
résolutive-compositive, intention politique, démocratie, monarchie, rationalité.