
Région DIMANCHE 9 MARS 2014 42
l’imagerie permettent de voir
ce qui se passe dans le cerveau
d’une personne qui médite.
« Ceci permet de considérer com-
me réel et valide ce qui relevait
d’une expérience intérieure »,
poursuit le rhumatologue.
« Mais, prévient-il, il y a un ris-
que réducteur de considérer que
c’est le cerveau qui produit cette
expérience intérieure. Il ne faut
pas croire que parce qu’on voit ce
qui se passe, on a tout compris !
On ne voit qu’une partie de ce qui
se passe au niveau du cerveau
lorsqu’on fait une expérience qui
est de l’ordre de l’esprit. Et ce n’est
pas parce qu’on a une carte du
territoire qu’on connaît ce territoi-
re. »
Être bienveillant
avec soi-même
Lui-même, dans sa pratique,
enseigne le programme de mé-
ditation qui dure huit semai-
nes. « Son intérêt est de permettre
à ceux qui le suivent de s’autono-
miser et d’arriver à une médecine
participative, expérimentielle et
expérimentale. L’idée étant de dé-
velopper une bienveillance et
d’abord vers soi-même en s’autori-
sant à se consacrer du temps. Ce
n’est ni égotiste ni égoïste, car pour
bien s’occuper des autres, il faut
savoir bien s’occuper de soi-mê-
me. »
Geneviève Daune-Anglard
FEN SAVOIR PLUS
www.ifpcm.fr
www.association-mindfulness.org
Depuis sa création en 2012,
les candidats français
et étrangers se bousculent
pour suivre l’enseignement
autour de la méditation
à la faculté de médecine
de Strasbourg, unique
en France.
« Nous en sommes à la deuxième
promotion d’une soixantaine
d’étudiants, explique le Dr Jean-
Gérard Bloch, rhumatologue et
créateurdu diplômed’universi-
té Médecine, méditation et
neurosciences, à la faculté de
médecine de Strasbourg. De
200 candidats la première année,
nous en sommes cette année à
450. Et ces demandes sont issues
de toute la France mais aussi de
pays étrangers, Suisse, Belgique,
Angleterre, Brésil ou Canada. »
Une réponse à un
besoin d’intériorité
Le médecin explique ce succès
par une convergence de plu-
sieurs facteurs. « Il y a d’abord
la rencontre entre la sagesse de
l’Orient et les sciences de l’Occi-
dent. Ensuite, des scientifiques de
très haut niveau en neurosciences
font cette expérience personnelle
de la méditation. » Enfin, selon
lui, la méditation répond à un
besoin lié au mode de vie ac-
tuel.« Il y a une intuition collecti-
ve d’un besoin de rééquilibrage
face à une accélération et une
cadence très rapide. Or, on a aussi
besoin de calme, de lenteur, de
silence et de vie intérieure. La mé-
ditation est une des réponses possi-
bles à ce besoin. »
L’enseignement strasbour-
geois est unique en France, « et
sans doute en Europe », précise
encore le Dr Bloch. S’adressant
à des professionnels, il propose
un mélange équilibré entre la
pratique, « qui occupe la moitié
du temps », et l’apport théori-
que. « On aborde tout ce qui
tourne autour de la méditation,
de la conscience, du lien corps-es-
prit, par différentes entrées : la
philosophie, les neurosciences, la
psychologie, l’histoire de la pensée
et de la médecine. Cette multidis-
ciplinarité est très importante. »
Aujourd’hui, les progrès de
Le Dr Jean-Gérard Bloch,
créateur du diplôme.
Photo Dominique Gutekunst
Le succès du diplôme Méditation
à la fac de médecine de Strasbourg
Richard Meyer,
un psychiatre
qui travaille en Alsace,
vient de publier un livre
pour apprendre
à méditer à partir
des douze principales
psychothérapies qu’il
a intégrées dans une
sorte de boîte à outils
adaptable et utilisable
de façon personnalisée.
Mulhousien d’origine, le Dr Ri-
chard Meyer a créé l’Association
française pour une approche in-
tégrative et éclectique de la psy-
chothérapie (AFIEP). Et
l’éclectisme, il connaît ! Car son
parcours professionnel est jalon-
né par des expériences et une
curiosité insatiable.
Après trois ans passés dans une
congrégation religieuse, il a étu-
diéjusqu’au doctoratla sociologie
et l’ethnologie à Paris-Sorbonne.
Il a également fait des études de
psychiatrie au CHU de Stras-
bourg, puis à Lausanne et à Da-
kar. En Suisse, il a complété sa
formation avec les thérapies co-
gnitivo-comportementales, ainsi
que les thérapies familiales et en
groupe. Il s’est ensuite intéressé
aux nouvelles thérapies corporel-
les, émotionnelles et transper-
sonnelles.
Diminuer le stress
De cette expérience, il a introduit
les concepts de somatanalyse, de
somatothérapie et somatologie.
Ces concepts prennent en comp-
te la personne dans sa globalité,
et considèrent le corps en interre-
lation avec les autres dimensions
de la personne : psychiques et
émotionnelles. Il a ainsi créé
l’EEPSSA (École européenne de
psychothérapie socio- et somato-
analytique) qui forme des prati-
ciens dans toute la France.
Récemment, le psychiatre s’est
penché sur la méditation, notam-
ment à travers l’engouement sus-
cité par la « pleine conscience »,
une thérapie occidentale basée
sur trois méthodes, le yoga, le
Zazen (issu de la tradition boudd-
hique) et Vipassana (une des plus
anciennes techniques de médita-
tion indienne), et développée par
un Américain, Jon Kabat-Zinn,
dans les années soixante-dix.
« Cette méditation de la ’’pleine
conscience’’ permet de diminuer le
stress et de prévenir les rechutes dé-
pressives, relèvele psychiatre. Etles
statistiques montrent que cela mar-
che ! » À tel point que la « pleine
conscience » est aujourd’hui uti-
liséedansbeaucoup d’hôpitauxet
que la faculté de médecine de
Strasbourg propose un enseigne-
ment de cette méditation, au tra-
vers d’un diplôme universitaire
(lire ci-contre).
Richard Meyer estime néan-
moins que la « pleine conscien-
ce » est une méditation limitée
dans le temps. « La méditation
change lapersonnalité. Ilfaut savoir
accompagner ces changements.
Beaucoup de gens, effrayés par ces
changements, arrêtent la ’’pleine
conscience’’ après deux ou trois
mois. Ils ont amélioré leurs symptô-
mes, stress ou dépression, et ne veu-
lent pas aller plus loin. »
Car pour lui, c’est après des mois
de pratique qu’on a « la révélation
d’une vie intérieure, qui donne accès
à un processus de plus en plus riche,
profond et authentique. » Il fait
l’analogie avec la psychanalyse :
« Il faut des années de divan. C’est
la même chose avec la méditation, il
faut des mois et des mois de prati-
que. »
Avec à la clé, selon lui, « une amé-
lioration du stress, de l’angoisse ou
de l’inadaptation aux autres et une
augmentation du bien-être inté-
rieur ».
Dans son ouvrage, intitulé La
pleine présence, il préconise un ac-
compagnement sur des années
« pour des gens qui veulent aller plus
loin » en s’appuyant sur les douze
principales psychothérapies cor-
porelles et verbales pour appren-
dre à méditer.
Se préparer à la mort
Il propose trois étapes : un proto-
cole de la pratique ; une « morale
du bonheur, en se sensibilisant à ce
qui rend heureux, à ce qui amène à
du mieux et à ce qui, au contraire,
tire en arrière ». Et un objectif re-
cherché, « la sagesse de l’être »,
mais aussi une préparation à
l’aboutissement de toute vie hu-
maine, lamort, « qui est une entrée
dans l’extase, un moment de pur
vécu, sans conscience mentale »,
dont « nous devons accepter que
nous ne saurons jamais rien ».
G. D.-A.
FLIRE La pleine Présence,une
méditation basée sur les 12 princi-
pes psychothérapiques, de Richard
Meyer, Guy Trédaniel éditeur, 23 €.
La méditation peut se pratiquer partout, y compris devant les plus beaux paysages… Archives Thierry Gachon
Santé La « boîte à outils » d’un psychiatre
alsacien pour apprendre à méditer
Santé mentale : colloque à Colmar, débat
et portes ouvertes à Strasbourg
Dans le cadre des semaines d’information sur la santé mentale, un
colloque ouvert au public se tiendra jeudi 13 et vendredi 14 mars au
Cref, 5, rue des Jardins à Colmar.
Parmi les conférences au programme de jeudi, à 9 h 15 : les représen-
tations sociales de la folie ; à 10 h : la folie, d’une pathologie sociale à
une pathologie médiatique ; à 11 h : réinsertion professionnelle et
handicap psychique ; à 14 h : l’éducation thérapeutique peut-elle enri-
chir le soin en psychiatrie ? à 14 h 45 : usagers-experts : la part du
savoir des malades dans le système de santé ; à 15 h 30 : informations
aux patients sur le web : info ou intox ? Vendredi ; 9 h : l’organisation
de la psychiatrie citoyenne ; 9 h 45 : la folie face au public ; 10 h 45 :
l’information du patient et de son entourage ; 11 h 30 : information
sur les troubles du spectre de l’autisme tout au long de la vie ; 14 h :
l’information : qui la sélectionne, qui la transmet ; 14 h 45 : les con-
seils locaux de santé mentale du Haut-Rhin. Entrée libre sur inscrip-
tion (www.santementale68.fr).
Dans le Bas-Rhin, le centre hospitalier d’Erstein organise un ciné-dé-
bat, mardi18marsà18 h, salledelaBourseàStrasbourg, surle thème
« Information et santé mentale. » D’autres centres hospitaliers ouvri-
ront leurs portes ce même jour, de 14 h à 17 h 30, tels que les GEM
Route Nouvelle Alsace, 37 avenue de Colmar à Strasbourg et Aube, 42
rue de la 1re-Armée à Strasbourg.
Groupe de parole sur les tumeurs
cérébrales à Colmar
L’ARTC (Association pour la recherche sur les tumeurs cérébrales)
Alsace propose des groupes de parole pour les familles de personnes
atteintes d’une tumeur cérébrale. En tant qu’aidants, les personnes
concernées peuvent avoir besoin d’être écoutées et de partager leurs
expériences. Dans ce but, l’ARTC propose des rencontres mensuelles,
le 2emardi du mois – soit les 11 mars, 8 avril, 13 mai et 10 juin – de
17 h à 19 h, dans la salle de réunion au sous-sol du service de
neurologie, dans le bâtiment 18 du centre hospitalier Louis-Pasteur à
Colmar (accès par l’ascenseur en face du bureau des infirmières).
FCONTACTER ARTC, tél. 03.89.77.40.55 ; courriel : nita68@orange.fr