et la femelle les XX – et les hormones prennent ensuite la relève et sont
responsables du développement ultérieur. Le développement des systèmes
immunitaires, nerveux, des organes comme le foie, les reins, le sang, le cerveau
et les muscles se produit d’abord dans l’utérus.
Avant 1960, les scientifiques croyaient, en général, que la barrière placentaire
protégeait le fœtus en croissance de tout, à l’exception des radiations. Ce n’est
qu’après la tragédie de la thalidomide en 1962 que l’on comprit que le fœtus en
développement était au contraire extrêmement vulnérable. Des bébés naissaient
sans membres parce que leurs mères avaient été traitées avec la thalidomide,
médicament prescrit pour contrer les nausées. Presque dix ans plus tard, la
tragédie du D.E.S. révéla à son tour la vulnérabilité du fœtus dont l’exposition au
D.E.S. in utero était associée au cancer chez certaines filles exposées.
La différence entre le D.E.S. et la thalidomide réside dans l’absence de
malformations visibles à la naissance avec le D.E.S. Ce n’est que plusieurs
années plus tard que les effets de l’exposition au D.E.S. se sont manifestés.
Selon Theo Colburn et plusieurs autres scientifiques, l’exposition au D.E.S. ou à
d’autres oestrogènes dans l’utérus ou lors de la petite enfance peut sensibiliser le
fœtus en développement ou le bébé aux oestrogènes. Cela pourrait augmenter
leur risque «d’être atteints d’un cancer hormonodépendant comme le cancer du
sein, de l’utérus, de la prostate ou du testicule plus tard dans la vie».
Des recherches sur les rats effectuées à la Faculté de médecine de l’Université
Northwestern dans les années 1930 révélèrent que des modifications hormonales
durant la grossesse produisaient des anomalies sérieuses chez les rejetons. On
observa un arrêt du développement sexuel, des anomalies anatomiques du
vagin, de l’utérus et des ovaires chez les rejetons femelles et des rejetons mâles
avec des pénis atrophiés et d’autres anomalies génitales.
Le système nerveux du fœtus est également vulnérable à l’exposition aux
imposteurs endocriniens. La dioxine TCDD, par exemple, s’attaque au cerveau et
au système nerveux particulièrement vulnérables avant la naissance. Le cerveau,
composé surtout de gras, constitue une sorte de réservoir pour la dioxine qui s’y
accumule. Lorsque l’on mesure les niveaux de dioxine présents, on trouve une
concentration plus élevée dans le cerveau du fœtus que dans celui de la mère.
Selon le docteur Peter Hauser, un médecin chercheur de l’Université du
Maryland, cela indique que le cerveau fœtal devient le réservoir de la dioxine
maternelle ce qui rend le fœtus plus à risque d’effets nocifs sur le cerveau et le
système nerveux.
Les imposteurs endocriniens sont également associés à des troubles du système
immunitaire dont l’arthrite et les maladies auto-immunes. L’exposition au D.E.S.
in utero, par exemple, réduit la quantité de lymphocytes «T», les cellules qui
coordonnent la réponse immunitaire du corps. Cela rend le corps plus vulnérable
aux infections et aux maladies. Le D.E.S. peut aussi supprimer les cellules de
défense, nommées «cellules tueuses naturelles» de l’organisme qui servent à
avertir le système en cas d’apparition d’une tumeur. Sans le message d’alerte de
ces cellules, les tumeurs peuvent croître sans surveillance.
Les jeunes enfants
Le système nerveux des enfants est particulièrement sensible à l’exposition au
D.E.S. Les cellules du système nerveux se multiplient rapidement avec le
développement de l’enfant. Si un message erroné est transmis par l’action des
imposteurs hormonaux, la croissance cellulaire peut être perturbée : cela les
rendrait plus vulnérables aux carcinogènes.
Selon le docteur Hauser, les perturbations de la glande thyroïde causées par les
imposteurs endocriniens pourraient expliquer l’augmentation du syndrome
déficitaire de l’attention ( S.D.A.) et de l’hyperactivité, une diminution du quotient
intellectuel et une taille corporelle inférieure. Dans les recherches sur les
animaux, le docteur Hauser a découvert que l’exposition aux composés de la