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« Au-delà d’une appréciation portée sur la réussite ou l’échec
d’une politique, l’analyse permettra l’apprentissage si elle exhibe et
explique les effets non prévus des programmes, si elle agit comme
révélateur de préférences, ce faisant émerger des objectifs confus
ou cachés, si elle met à jour les théories implicites qu’il y a derrière
des administrateurs, etc. (…). L’évaluation ne saurait, ni
permettre les arbitrages entre grandes fonctions collectives, ni, à
fortiori, présider aux choix politiques impliquant telle ou telle
façon de vivre en société »1.
« Une bonne partie des théories de l’organisation sont des théories
fondées sur une sorte de naturalisme selon lequel il y aurait des
lois générales, universelles, que les hommes devraient observer
pour constituer et maintenir les organisations. Nous avons, au
contraire, toujours raisonné comme si la coordination et la
structuration des activités humaines étaient un problème à
résoudre et non pas le résultat d’un ordre naturel. Les hommes le
résolvent, certes, à partir de données qu’ils trouvent déjà
constituées et sur lesquelles ils n’ont qu’une influence
relativement réduite. Mais ces données sont elles-mêmes des
construits, des répertoires de solutions entre lesquelles les acteurs
peuvent choisir et auxquelles ils peuvent en ajouter d’autres »2.
« Il faut cesser d’avoir tort avec précision pour commencer à avoir
vaguement raison » (John Maynard Keynes).
1 Nioche J-P., (1982), "De l'évaluation à l'analyse des politiques publiques", Revue Française de Science
Politique, février, vol. 32, n° 1, pp. 32-61.
2 Crozier M., Frideberg E., (1981), L’acteur et le système : les contraintes de l’action publique, Editions du Seuil,
chap. 7, p.228.