❶ Symphonie n°4
« Une menue dame grecque entre deux dieux nordiques »
Des générations d'amateurs de musique classique ont
souvent décrit les symphonies « paires » de Beethoven
comme lyriques et détendues par rapport à leurs
majestueuses et dramatiques voisines « impaires ». La
4ème, en Si bémol Majeur*, décrite par Robert Schumann
comme « une menue dame grecque prise entre deux
dieux nordiques » en est le meilleur exemple. En effet,
comme le disait le musicologue George Grove, « elle
contraste complètement avec celle qui la précède,
l’héroïque 3ème Symphonie, ainsi qu’avec celle qui la suit,
la Symphonie n°5. Elle est aussi gaie et spontanée
qu’elles sont sérieuses et graves ». Cette œuvre pleine
d'ardeur et de lyrisme mérite qu'on s'y intéresse de près,
même si les géants qui l'entourent, l'Eroica (3ème Symphonie) et le Destin ( 5ème Symphonie),
lui font de l'ombre. Œuvre ‘jumelle’ de la 5ème symphonie, elle en partage la même vision
humaniste : celle du passage des ténèbres à la lumière. La Quatrième offrant une
conception lyrique et contenue des sentiments humains, la Cinquième s’épanchant dans une
voie tragique effrayante. Beethoven joue sur les affrontements de masse orchestrale et sur
de violents contrastes de nuances et de caractère (opposition Majeur / mineur *). L’énergie
rythmique y est prépondérante.
Écrite pendant l'été 1806, la Symphonie n°4 est conçue alors que Beethoven est tout à ses
amours avec la Comtesse Thérèse de Brunswick. Plus enjouée que l'Eroica, elle se montre
tout aussi hardie. C’est lors de son séjour chez son protecteur le prince Lechnowsky que le
compositeur rencontre le comte Franz von Oppersdorff qui, admirateur de la Symphonie n°2,
lui offre une importante somme d’argent pour qu’il lui en écrive une nouvelle. Étant à
l’époque en pleine composition de sa prochaine symphonie (la Symphonie n°5), Beethoven
s’interrompt pour s’atteler à cette Symphonie n°4. Peut-être est-ce pourquoi la longue,
sombre et mystérieuse ouverture de la 4ème Symphonie n’est pas sans nous faire penser à la
titanesque Cinquième ? L’œuvre est découpée de la manière suivante :
Le premier mouvement est composé de deux parties : tout d’abord, un Adagio*, servant
d'introduction, rend une atmosphère mystérieuse et inquiétante, tout en expectative. Il
n’offre, en effet, aucun indice de l’animation, de la joie et de l’effervescence qui marquent
l’œuvre. Néanmoins, tout change lorsqu’arrive la seconde partie, Allegro Vivace* qui
redonne à l’œuvre un élan rapide, actif et joyeux. Ce mouvement est très rythmique et se
termine, par une coda* très chargée.
Dans le deuxième mouvement Adagio, un motif répétitif de quarte* ascendante fait office
d’accompagnement d’un thème chanté par les violons puis par les bois. Ce motif
d’accompagnement circule de manière tranquille à travers tout l’orchestre. Il donne à tout ce
mouvement une atmosphère lyrique qui nous emmène dans une émotion sublime et
élégante. La mélodie est jouée par les premiers violons tandis que le deuxième thème est
joué par les clarinettes.
Le troisième mouvement plutôt énergique, suit la forme scherzo* qui se développe librement.
Le quatrième mouvement, le Finale, suit un tempo rapide. Il pousse l'atmosphère allègre et
vivante à un niveau supérieur. Une vivacité et un sentiment de bonheur extrême se
poursuivent jusqu'à la coda*.