LA SANTÉ MENTALE EN POPULATION GÉNÉRALE : "IMAGES et

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LA SANTÉ MENTALE EN POPULATION GÉNÉRALE :
"IMAGES et RÉALITÉS" EN CREUSE
Principaux résultats
Décembre 2004
Que perçoivent nos contemporains de la "folie" ou de la maladie mentale" ? Comment se représentent-ils et quelles connaissances
ont-ils des structures délivrant des soins en santé mentale. Quelle est la prévalence des troubles psychiques dans la population ?
Autant de questions nécessaires pour définir des besoins, proposer, adapter et organiser l’offre de soins en santé mentale dans un
département, une région ou un pays.
S'il est un domaine en santé publique difficile à explorer, c'est bien celui de la santé mentale. En effet, peut-être plus encore en
santé mentale que dans d'autres disciplines de la santé, l'analyse des représentations sociales (savoirs communs ou savoirs profa-
nes ?) est indispensable pour mieux cerner les besoins des populations et lutter contre d'éventuelles stigmatisations. Dans ce do-
maine, les études ou recherches épidémiologiques couplées à des analyses anthropologiques restent rares. Ces données en popu-
lation générale n'existaient pas en Creuse.
Aussi, dans le but d'obtenir une meilleure connaissance ainsi qu'une meilleure compréhension de la situation locale, le centre hospi-
talier de Saint-Vaury a souhaité s'associer à une vaste enquête internationale multicentrique initiée par l'Association Septentrionale
d'Épidémiologie Psychiatrique (ASEP), le Centre Collaborateur de l'Organisation Mondiale de la Santé pour la recherche et la forma-
tion en santé mentale (CCOMS) et l'Établissement Public de Santé Mentale de Lille Métropole (EPSM), en coopération avec la
Direction des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (DREES) du ministère de la Santé. [1]
OBJECTIFS
Les objectifs principaux de cette étude étaient :
- de décrire les représentations de la folie, de la maladie mentale et de la dépression mais aussi des modes d'aide et de soins en
santé mentale. C'est l'axe socio-anthropologique.
- d'évaluer la prévalence des principaux troubles mentaux dans la population générale. C'est l'axe épidémiologique.
Les objectifs secondaires étaient :
- de former des acteurs de terrain à la recherche,
- de sensibiliser les acteurs ou futurs acteurs de soins à la prévention et à la prise en compte des facteurs culturels dans le soin,
- de sensibiliser les partenaires sociaux, administratifs et politiques aux problèmes de promotion de la santé mentale, de prévention
et de prise en charge des troubles mentaux.
MATÉRIEL ET MÉTHODES
Population à l'étude
Les instruments de mesure
La première partie du questionnaire a permis d'explorer l'axe socio-anthropologique ; il a été développé en commun par les premiers
centres participant à l'étude. [2] Ce volet comprend une cinquantaine de questions ouvertes, semi-ouvertes et fermées, et permet
d'explorer les représentations liées à la maladie mentale, à la folie et à la dépression. Sa durée de passation par des enquêteurs
formés à cet effet est de 20 à 25 minutes.
La deuxième partie du questionnaire a utilisé un outil de repérage des principaux diagnostics psychiatriques (le MINI). Il s'agit d'un
questionnaire diagnostique structuré, basé sur les critères de la Classification internationale des maladies 10ème version (CIM-10) qui
permet d'obtenir des estimations diagnostiques pour les troubles dépressifs et anxieux, les troubles liés à la consommation d'alcool
ou de drogue et les troubles d’allure psychotique. [3, 4]
Sa durée de passation par des enquêteurs formés a été de 15 à 30 minutes.
1 - ROELANDT JL, CARIA A, MONDIERE G et al. La san mentale en population générale : images et réalités. Présentation gérale de l'enquête. L'information psychiatrique, 76 (3) : 279-292
2 - ROELANDT JL, CARIA A, ANGUIS M et al. La santé mentale en population générale : images et réalités. Rapport de la première phase 1998-2000. http://www.epsm-lille-
metropole.fr/CCOMS/Rapport.pdf
3 - SHEEHAN DV, LECRUBIER Y et al. The Mini International Neuropsychiatric Interview (MINI): the development and validation of a structured diagnostic psychiatric interview for DSM-IV
and ICD 10. J. Clin. Psychiatry, 1998 ; 59 : 22-33
4 - LECRUBIER Y, SHEEHAN DV et al. The Mini International Neuropsychiatric Interview: a short diagnostic structured interview rehability and validity to the CD. Eur psychiatry, 1997; 12 :
224-231
La population à l'étude était représentée par l'ensemble de la population
majeure du département à l'exception des populations marginalisées et des
personnes hospitalisées.
900 questionnaires devaient permettre de repérer les troubles ayant une
faible prévalence. La méthode de sondage retenue était la méthode des
quotas, selon la répartition par sexe, par classe d'âge, par catégorie socio-
professionnelle et par niveau d'étude, retrouvée lors du recensement de
1999. La DREES a procédé au plan de sondage.
Secteur 23G02
Secteur 23G01
Secteur 23G02
Secteur 23G01
Observatoire
Régional de la
Santé du
IMOUSIN
Observatoire
Régional de la
Santé du
IMOUSIN
2
Chaque trouble, risque ou symptôme repéré a fait l'objet d'une fiche complémentaire, afin de connaître le retentissement de ce
trouble sur le fonctionnement social de la personne, les éventuels recours "thérapeutiques" utilisés pour faire face à ce trouble ainsi
que la satisfaction vis-à-vis de ces recours.
Le dernier volet du questionnaire recueillait l'âge, le sexe, l'année de naissance, la situation maritale, le niveau d'études atteint, la
situation professionnelle ainsi que la communauté culturelle de référence.
Les aspects légaux
Les questionnaires étaient anonymes et l'ensemble de l'étude multicentrique a bénéficié d'un avis favorable de la Commission Na-
tionale de l'Informatique et des Libertés (CNIL).
Le contrôle, la saisie et l'analyse statistique
Les questionnaires ont été validés le plus rapidement possible après le recueil par les encadrants locaux de l'enquête, dont des
cliniciens.
La saisie des questionnaires et l'analyse statistique ont été réalisées par l'Observatoire Régional de la Santé du Limousin (ORS) à
l'aide des logiciels Epi Info® 6 et Statview® version 5. Les masques de saisie ont été élaborés par l'EPSM de Lille Métropole. Les
données saisies ont été validées par l'ORS, puis par l'EPSM et enfin, par la DREES.
DÉROULEMENT DE L'ÉTUDE
RÉSULTATS
901 questionnaires ont été remplis et validés.
Les résultats sont exprimés en pourcentage de réponses de l'ensemble de la population à l'étude.
IMAGES : Les représentations
Le choix des termes ou des comportements pour désigner un "fou", un "malade mental" ou un "dépressif" n'est pas anodin. La pre-
mière partie de l'enquête s'attache à faire préciser ces images ou ces représentations, à partir notamment de comportements et
d'attitudes.
Figure 1. Comportements les plus fréquemment associés
au mot "fou"
19,5%
24,9%
24,0%
24,6%
38,1%
41,4%
44,7%
44,4%
54,6%
a un comportement bizarre
est violent envers lui-même
a un discours bizarre
délire, hallucine
est violent envers les autres
bat son conjoint et ses enfants
commet un inceste
commet un viol
commet un meurtre
Figure 2. Comportements les plus fréquemment associés
au mot "malade mental"
17,9%
29,0%
30,9%
33,2%
37,4%
43,8%
44,6%
45,3%
45,7%
53,2%
a un comportement bizarre
commet un meurtre
a un discours bizarre
bat son conjoint et ses enfants
est violent envers les autres
est violent envers lui-même
commet un inceste
commet un viol
délire, hallucine
est déficient intellectuel
Pour les personnes interrogées, l'image du "fou" est fortement
liée aux comportements violents et/ou délictuels (Fig. 1). Les
notions de "dangerosité" et "d'anormalité" sont citées par la
quasi-totalité des personnes interrogées (près de 95 % des
réponses pour le meurtre, le viol, l'inceste, la violence faite au
conjoint, à ses enfants et aux autres).
Pour décrire et se représenter le "malade mental", les person-
nes évoquent en premier la "déficience intellectuelle" et certains
symptômes psychiatriques (délire, hallucination) (Fig. 2). Cepen-
dant, la maladie mentale reste aussi fortement associée aux
comportements délictuels et/ou violents.
On note aussi que la notion de "bizarre" dans les discours est
davantage liée à la "maladie mentale". Le délire et l' "étrangeté"
dans les discours sont jugés "hors norme" dans une très grande
proportion (respectivement 83,1 % et 74,8 %). Toutefois, la
déficience intellectuelle, les comportements et attitudes "étran-
ges" et les délires ne sont pas majoritairement désignés comme
dangereux.
Au début de la période d'enquête, un reportage réalisé par
France Bleue Creuse a été également diffusé.
Vingt et un enquêteurs et 11 encadrants dont cinq cliniciens
ont reçu une formation spécifique de trois jours, réalisée par
les membres du Centre collaborateur de l'Organisation mon-
diale de la santé pour la recherche et la formation en santé
mentale.
Chaque enquêteur devait remplir 42 ou 43 questionnaires en
gardant à l'esprit que les personnes enquêtées devaient
appartenir aux catégories socioprofessionnelles, sexe, âge et
niveau d'études prédéfinis.
L'enquête s'est déroulée du 20 février au 14 mars 2003.
Un groupe technique de travail a été constitué.
Les autorités de tutelle, l'ensemble des maires des chefs-lieux
de cantons et des principaux bourgs de la zone d'étude ont été
contactés et informés de l'enquête par l'intermédiaire des pro-
fessionnels du secteur et/ou au moyen d'une lettre cosignée par
le centre hospitalier de Saint-Vaury, l'ORS et l'Institut de Forma-
tion en Soins Infirmiers (IFSI) du CH de Guéret.
Les responsables de supermarchés et autres centres d'achats
situés dans la zone étudiée ont également été sollicités par écrit
afin de mettre à disposition des enquêteurs, des locaux calmes
pour le recueil des données.
Une information dans la presse régionale écrite a permis de
sensibiliser la population concernée au lancement de l'étude.
3
Figure 3. Comportements les plus fréquemment associés
au mot "dépressif"
16,1%
19,9%
21,0%
24,0%
49,2%
70,3%
79,9%
84,7%
prend des drogues
boit régulièrement de l'alcool
est violent envers lui-même
est négligé, sale
anxieux
est isolé, en retrait
tente de se suicider
pleure souvent
Les comportements identifiés par l'ensemble de la popula-
tion comme représentant un "dépressif" sont proches de
la définition sémiologique de la pathologie dépressive
(Fig. 3).
On note parallèlement que 74,4 % des personnes décla-
rent connaître une personne dépressive dans leur entou-
rage, ce qui pourrait contribuer à mieux identifier certains
signes cliniques. On constate par ailleurs que, pour la
majorité des personnes, il n'est pas "anormal" de pleurer
souvent (63,9%), d'être anxieux (71,9 %) ou d'être isolé et
en retrait (58,6 %). De même, ces comportements ou
attitudes sont perçus comme peu dangereux par les per-
sonnes interrogées.
Les représentations de la responsabilité du "fou", du "malade mental" ou du "dépressif" dans ses actes, sa maladie et la conscience
qu'il a de son trouble sont données dans la figure 4.
Figure 4. Répartition (en %) de la perception, de la responsabilité des actes et de la prise de conscience d'un "fou", d'un
"malade mental" ou d'un "dépressif"
21,3% 19,3%
65,4%
10,0% 5,1%
26,4%
19,0%
37,4%
86,7%
Fou Malade mental Dépressif
est responsable de ses actes
est responsable de (sa folie, sa maladie, sa dépression)
sait qu'il est….
Pour les personnes interrogées, l'origine ou la cause de la "folie", de la "maladie mentale" ou de la "dépression" sont variables. En
effet, si la nature physique (accident, maladie, génétique….) de la "maladie mentale" est perçue comme une étiologie importante par
une majorité de répondants, les événements de vie (deuils, agressions, émotions fortes, enfance…) constituent aussi pour la popu-
lation une cause non négligeable dans la genèse de la "folie". La "dépression" semble plus en lien avec des facteurs psychosociaux
(travail, société relationnel, sentimentaux).
Figure 5. Répartition (en %) des réponses affirmatives à propos de la souffrance du "fou",
du "malade mental" ou du "dépressif" et de sa famille
54,1%
75,5%
97,5%
96,5% 98,5% 98,2%
...fou… ...malade mental ...dépressif…
Un... souffre
La famille d'un … souffre
La "folie", la "maladie mentale" ou la" dépres-
sion" sont toujours perçues comme engendrant
une souffrance familiale importante.
Selon les personnes interrogées, un "dépressif"
souffre dans tous les cas, beaucoup plus qu’un
"malade mental" qui est lui-même perçu comme
souffrant plus qu'un "fou" (Fig. 5).
Mais, on note aussi parallèlement que les ré-
pondants pensent qu’un "fou" et un "malade
mental" ont peu conscience de leur état (res-
pectivement 19,0 % et 37,4 %) (Fig.4).
Il existe un double gradient dans la
perception de l’exclusion : la popula-
tion pense que la famille exclut moins
que la société et le travail, et qu’un
"dépressif" est moins exclu qu’un "ma-
lade mental" et encore moins qu’un
"fou".
La famille semble perçue comme le
dernier rempart contre l’exclusion d'un
"fou", d'un "malade mental" ou d'un
"dépressif" alors que le travail est le
milieu perçu comme le plus excluant
(Fig. 6).
Figure 6. Répartition (en %) des réponses affirmatives de la perception de
l'exclusion du "fou", du "malade mental" ou du "dépressif"
58,2%
42,1%
15,3%
78,4%
67,8%
20,1%
85,2%
77,4%
29,5%
Fou Malade mental Dépressif
Exclu de sa famille
Exclu de la société
Exclu de son travail
4
Figure 7. Répartition (en %) des réponses affirmatives sur la perception des soins et de la guérison
Est-il possible :
14,7% 14,0%
30,7%
22,3%
34,0%
91,6%
8,7%
19,1%
78,0%
4,7% 2,2%
23,8%
fou malade mental dépressif
de soigner sans médicament un … de guérir un…
de guérir complètement un… qu'un…puisse guérir tout seul
Dans les représentations, il semble exis-
ter un caractère inéluctable à la "folie" et
à la "maladie mentale". En effet, pour
les personnes interrogées, les possibili-
tés de guérison compte semblent fai-
bles dans les deux cas ; perception tout
à fait opposée pour la "dépression",
dont on pense qu’on peut la soigner
(même sans médicament) voire même
en guérir (Fig. 7). Dans tous les cas,
une aide est nécessaire.
Malgré la souffrance et le doute
sur les possibilités de guérison, on
note une tolérance familiale à la
prise en charge à domicile, si la
personne est soignée ou en trai-
tement (Fig. 8).
Toutefois, pour la quasi-totalité de
l'échantillon (91,9 %), la présence
d'un "fou", d'un "malade mental" à
la maison est une charge.
Figure 8. Répartition (en %) des personnes qui pensent qu’une famille accepterait
d’accueillir à nouveau un proche soigné ou en traitement
72,8%
82,1%
96,4%
81,3%
88,0%
97,0%
76,9%
85,3%
18,4%
fou malade mental dépressifenfant fouenfant malade
mental
enfant dépressiftoxicomanealcooliquevioleur
À la question "Si vous êtes mal dans votre peau, dans une situation de mal-être, qui allez-vous voir en premier ?", 50,2 % des per-
sonnes interrogées ont répondu qu'elles iraient voir un médecin généraliste. Parmi les autres réponses les plus fréquemment citées,
les parents ou amis (34,6 % des cas) ou un professionnel de la psychiatrie (8,1 %) ont été retrouvés lors de l'analyse.
RÉALITÉS
Parmi les personnes interrogées, 35,8 %, ont déclaré avoir déjà pris des médicaments "pour les nerfs" ou la "tête". Parmi ces per-
sonnes, 92,3 % ont répondu que des problèmes psychologiques étaient à l'origine de ce recours aux thérapeutiques médicamenteu-
ses. Parmi les médicaments déclarés, on retrouve en premier lieu : les anxiolytiques (49,0 %), les antidépresseurs (23,0 %) puis les
hypnotiques (16,0 %).
Parmi les personnes enquêtées, 160 (17,7 %) ont déclaré être ou avoir été soignées pour dépression. Pour la prise en charge des
personnes dépressives, on a retrouvé un traitement médicamenteux dans 68,0 % des cas, une psychothérapie (12,6 %) ou une
hospitalisation (9,7 %). La majorité de ces personnes enquêtées (86,9 %) ont été satisfaites de leur prise en charge.
Figure 9. Répartition (en %) des personnes présentant au moins un trouble, symptôme ou risque détecté au MINI, selon
différentes catégories
40,4%
43,2%
47,3%
44,3%
45,3%
35,5%
39,8%
47,8%
37,5%
48,1%
55,1%
50,0%
38,8%
40,7%
41,1%
47,4%
43,7%
75,0%
49,5%
41,8%
40,5%
29,1%
Homme
Femme
18-29 ans
30-39 ans
40-49 ans
50-59 ans
> 60 ans
Célibataire
En couple
Divorcé séparé
Veuf (ve)
Pas scolarisé
Cycle primaire non termi
Cycle primaire termi
Cycle secondaire non terminé
Cycle secondaire terminé
Niveau universitaire
moins de 534
de 534 à 840
de 840 à 1 300
de 1 300 à 2 500
de 2500 à 6 410
SEXE AGE
STATUT
MATRIMONIAL NIVEAU D'ETUDE
REVENU
FAMILIAL (en €)
Parmi les personnes interrogées,
41,8 % présentent au moins un
trouble, symptôme ou risque détecté
au MINI.
La prévalence de ces troubles sem-
ble varier avec le niveau de revenus
et la situation matrimoniale.
En effet, la prévalence de l'ensem-
ble des troubles est plus importante
chez les célibataires veufs, divorcés
ou séparés que chez les personnes
en couple. De même les personnes
à faibles revenus ou les personnes
les plus jeunes présentent une
prévalence plus élevée des troubles
psychiques (Fig. 9).
5
Figure 10. Prévalence (en %) des principaux troubles mentaux, symptôme ou risque détectés au MINI (CIM-10)
14,5%
10,1%
9,1%
5,1%
4,8%
3,6%
3,3%
2,6%
1,7%
1,3%
1,2%
Anxiété généralisée
Episode dépressif actuel
Insomnie actuelle
Troubles liés à l'alcool
Phobie sociale
Trouble panique
Dysthymie
Agoraphobie
Troubles liés aux drogues illicites
Risque suicidaire (élevé ou modéré)
Troubles d'allure psychotique (vie entière)
Le MINI a permis de repérer un certain nom-
bre de troubles, de symptômes ou de risques.
La répartition de l'ensemble de ces troubles
par entité clinique est donnée dans la figure ci-
contre (Fig. 10).
L'anxiété généralisée est prépondérante mais
les troubles de l'humeur et l'insomnie ont aussi
une prévalence élevée. Parmi les épisodes
dépressifs actuels, on notait 5,2 % de troubles
dépressifs récurrents. Même si l'on peut crain-
dre une sous déclaration des troubles, les
problèmes liés à l'alcool semblent importants.
Précisions : Le diagnostic d’épisode dépressif actuel récurrent exclut d’emblée le diagnostic de
dysthymie. L’exploration de l’anxiété généralisée n’a lieu qu’en l’absence de tout autre trouble anxieux.
SYNTHÈSE
" Les comportements violents et délictuels, l’irresponsabilité, la non conscience de leur état et une causalité externe sont asso-
ciés à l’image du "malade mental" et du "fou".
" La représentation populaire de la "dépression" est plus ou moins conforme à la sémiologie psychiatrique.
" Les recours au médicament et au généraliste sont très marqués, notamment en cas de syndrome dépressif.
" La famille est perçue comme un recours important, mais la solidarité peut être limitée par les notions de dangerosité et d'épui-
sement familial.
DISCUSSION
La méthode de sondage (méthode des quotas) utilisée dans cette étude pour des raisons de faisabilité et de coût ne permet pas
le calcul d'intervalles de confiance.
Les représentations situent la maladie dans un système de croyances culturelles, sacrées, magiques ou scientifiques. Pour
certains auteurs, la représentation sociale n’est pas le reflet de la réalité mais une interprétation de cette réalité. Il existe une
stigmatisation importante du "fou" et du "malade mental" dont les représentations sont associées aux formes graves des trou-
bles psychiatriques et à la dangerosité.
Le Mini Internationnal Neuropsychiatric Interview (MINI) doit être vu comme un "test de dépistage" et bien entendu, les diagnos-
tics réels doivent être le fait de professionnels. Toutefois, son utilisation permet une approche de la prévalence des problèmes
de santé mentale. Si cet instrument a fait ses preuves dans le repérage des troubles de la thymie par exemple, son utilisation
semble plus complexe dans l'identification de certains troubles déniés (alcool, usage de substances illicites).
Les résultats concernant les représentations de la population creusoise recoupent en grande partie les résultats [5] de l'échan-
tillon national de 36 000 personnes vivant en métropole et confortent les premiers résultats dans ce domaine [6]. En effet, les
"fous" et les "malades mentaux" présentent les mêmes caractères de stigmatisation.
Concernant les prévalences des principaux troubles détectés au MINI dans l'échantillon national [5], celle du trouble dépressif
actuel est de 11,0 %, dont 5,6 % de troubles récurrents ; pour la dysthymie, on retrouve 2,4 %.
CONCLUSION
Les résultats montrent une forte stigmatisation dans l’opinion publique en Creuse comme ailleurs, dès lors qu’il est question de "folie" et de
"maladie mentale". Si certaines pathologies comme la "dépression" semblent mieux connues, les représentations de danger, d'anormalité et
de violence liés à la maladie mentale et à la folie restent poccupants. Ces résultats montrent la nécessité de poursuivre l’information et
l’éducation sur la santé et la maladie mentale. La famille semble représenter encore un rempart contre l’exclusion quand le patient
n’est pas perçu comme dangereux.
Si en Creuse la prévalence des troubles semble peu différente du niveau national, on remarquera le rôle du médecin généraliste qui
apparaît ici comme un acteur clé. Cet aspect doit être utilisé tant dans les domaines de la prévention, que du dépistage et dans le
suivi des troubles mentaux. Une coordination entre la médecine générale et le dispositif spécialisé semble indispensable.
Enfin, il est probable qu'il faille encore expliciter et rendre plus visibles et compréhensibles les dispositifs actuels de prises en charge et
les structures existantes afin de faciliter non seulement le recours aux soins mais aussi contribuer à la lutte contre les stigmatisations.
5 - BELLAMY V, ROELANDT JL, CARIA A., Troubles mentaux et représentation de la santé mentale: premiers résultats de l'enquête "Santé Mentale en Population
Générale" Drees, Etudes et Résultats N°347, Octobre 2004.
6 - ANGUIS M., La perception des problèmes de santé mentale: les résultats d'une enquête sur neuf sites. Drees, Etudes et Résultats N°116, mai 2001.
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