LA SANTÉ MENTALE EN POPULATION GÉNÉRALE : "IMAGES et RÉALITÉS" EN CREUSE Principaux résultats O bservatoire R égional de la S anté du IMOUSIN Décembre 2004 Que perçoivent nos contemporains de la "folie" ou de la maladie mentale" ? Comment se représentent-ils et quelles connaissances ont-ils des structures délivrant des soins en santé mentale. Quelle est la prévalence des troubles psychiques dans la population ? Autant de questions nécessaires pour définir des besoins, proposer, adapter et organiser l’offre de soins en santé mentale dans un département, une région ou un pays. S'il est un domaine en santé publique difficile à explorer, c'est bien celui de la santé mentale. En effet, peut-être plus encore en santé mentale que dans d'autres disciplines de la santé, l'analyse des représentations sociales (savoirs communs ou savoirs profanes ?) est indispensable pour mieux cerner les besoins des populations et lutter contre d'éventuelles stigmatisations. Dans ce domaine, les études ou recherches épidémiologiques couplées à des analyses anthropologiques restent rares. Ces données en population générale n'existaient pas en Creuse. Aussi, dans le but d'obtenir une meilleure connaissance ainsi qu'une meilleure compréhension de la situation locale, le centre hospitalier de Saint-Vaury a souhaité s'associer à une vaste enquête internationale multicentrique initiée par l'Association Septentrionale d'Épidémiologie Psychiatrique (ASEP), le Centre Collaborateur de l'Organisation Mondiale de la Santé pour la recherche et la formation en santé mentale (CCOMS) et l'Établissement Public de Santé Mentale de Lille Métropole (EPSM), en coopération avec la Direction des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (DREES) du ministère de la Santé. [1] OBJECTIFS Les objectifs principaux de cette étude étaient : - de décrire les représentations de la folie, de la maladie mentale et de la dépression mais aussi des modes d'aide et de soins en santé mentale. C'est l'axe socio-anthropologique. - d'évaluer la prévalence des principaux troubles mentaux dans la population générale. C'est l'axe épidémiologique. Les objectifs secondaires étaient : - de former des acteurs de terrain à la recherche, - de sensibiliser les acteurs ou futurs acteurs de soins à la prévention et à la prise en compte des facteurs culturels dans le soin, - de sensibiliser les partenaires sociaux, administratifs et politiques aux problèmes de promotion de la santé mentale, de prévention et de prise en charge des troubles mentaux. Secteur 23G02 MATÉRIEL ET MÉTHODES Population à l'étude La population à l'étude était représentée par l'ensemble de la population majeure du département à l'exception des populations marginalisées et des personnes hospitalisées. 900 questionnaires devaient permettre de repérer les troubles ayant une faible prévalence. La méthode de sondage retenue était la méthode des quotas, selon la répartition par sexe, par classe d'âge, par catégorie socioprofessionnelle et par niveau d'étude, retrouvée lors du recensement de 1999. La DREES a procédé au plan de sondage. Les instruments de mesure Secteur 23G01 La première partie du questionnaire a permis d'explorer l'axe socio-anthropologique ; il a été développé en commun par les premiers centres participant à l'étude. [2] Ce volet comprend une cinquantaine de questions ouvertes, semi-ouvertes et fermées, et permet d'explorer les représentations liées à la maladie mentale, à la folie et à la dépression. Sa durée de passation par des enquêteurs formés à cet effet est de 20 à 25 minutes. La deuxième partie du questionnaire a utilisé un outil de repérage des principaux diagnostics psychiatriques (le MINI). Il s'agit d'un questionnaire diagnostique structuré, basé sur les critères de la Classification internationale des maladies 10ème version (CIM-10) qui permet d'obtenir des estimations diagnostiques pour les troubles dépressifs et anxieux, les troubles liés à la consommation d'alcool ou de drogue et les troubles d’allure psychotique. [3, 4] Sa durée de passation par des enquêteurs formés a été de 15 à 30 minutes. 1 - ROELANDT JL, CARIA A, MONDIERE G et al. La santé mentale en population générale : images et réalités. Présentation générale de l'enquête. L'information psychiatrique, 76 (3) : 279-292 2 - ROELANDT JL, CARIA A, ANGUIS M et al. La santé mentale en population générale : images et réalités. Rapport de la première phase 1998-2000. http://www.epsm-lillemetropole.fr/CCOMS/Rapport.pdf 3 - SHEEHAN DV, LECRUBIER Y et al. The Mini International Neuropsychiatric Interview (MINI): the development and validation of a structured diagnostic psychiatric interview for DSM-IV and ICD 10. J. Clin. Psychiatry, 1998 ; 59 : 22-33 4 - LECRUBIER Y, SHEEHAN DV et al. The Mini International Neuropsychiatric Interview: a short diagnostic structured interview rehability and validity to the CD. Eur psychiatry, 1997; 12 : 224-231 1 Chaque trouble, risque ou symptôme repéré a fait l'objet d'une fiche complémentaire, afin de connaître le retentissement de ce trouble sur le fonctionnement social de la personne, les éventuels recours "thérapeutiques" utilisés pour faire face à ce trouble ainsi que la satisfaction vis-à-vis de ces recours. Le dernier volet du questionnaire recueillait l'âge, le sexe, l'année de naissance, la situation maritale, le niveau d'études atteint, la situation professionnelle ainsi que la communauté culturelle de référence. Les aspects légaux Les questionnaires étaient anonymes et l'ensemble de l'étude multicentrique a bénéficié d'un avis favorable de la Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés (CNIL). Le contrôle, la saisie et l'analyse statistique Les questionnaires ont été validés le plus rapidement possible après le recueil par les encadrants locaux de l'enquête, dont des cliniciens. La saisie des questionnaires et l'analyse statistique ont été réalisées par l'Observatoire Régional de la Santé du Limousin (ORS) à l'aide des logiciels Epi Info® 6 et Statview® version 5. Les masques de saisie ont été élaborés par l'EPSM de Lille Métropole. Les données saisies ont été validées par l'ORS, puis par l'EPSM et enfin, par la DREES. DÉROULEMENT DE L'ÉTUDE Un groupe technique de travail a été constitué. Les autorités de tutelle, l'ensemble des maires des chefs-lieux de cantons et des principaux bourgs de la zone d'étude ont été contactés et informés de l'enquête par l'intermédiaire des professionnels du secteur et/ou au moyen d'une lettre cosignée par le centre hospitalier de Saint-Vaury, l'ORS et l'Institut de Formation en Soins Infirmiers (IFSI) du CH de Guéret. Les responsables de supermarchés et autres centres d'achats situés dans la zone étudiée ont également été sollicités par écrit afin de mettre à disposition des enquêteurs, des locaux calmes pour le recueil des données. Une information dans la presse régionale écrite a permis de sensibiliser la population concernée au lancement de l'étude. Au début de la période d'enquête, un reportage réalisé par France Bleue Creuse a été également diffusé. Vingt et un enquêteurs et 11 encadrants dont cinq cliniciens ont reçu une formation spécifique de trois jours, réalisée par les membres du Centre collaborateur de l'Organisation mondiale de la santé pour la recherche et la formation en santé mentale. Chaque enquêteur devait remplir 42 ou 43 questionnaires en gardant à l'esprit que les personnes enquêtées devaient appartenir aux catégories socioprofessionnelles, sexe, âge et niveau d'études prédéfinis. L'enquête s'est déroulée du 20 février au 14 mars 2003. RÉSULTATS 901 questionnaires ont été remplis et validés. Les résultats sont exprimés en pourcentage de réponses de l'ensemble de la population à l'étude. ⇒ IMAGES : Les représentations Le choix des termes ou des comportements pour désigner un "fou", un "malade mental" ou un "dépressif" n'est pas anodin. La première partie de l'enquête s'attache à faire préciser ces images ou ces représentations, à partir notamment de comportements et d'attitudes. Figure 1. Comportements les plus fréquemment associés Figure 2. Comportements les plus fréquemment associés au mot "fou" au mot "malade mental" commet un meurtre 54,6% est déficient intellectuel commet un viol 44,4% délire, hallucine commet un inceste 44,7% commet un viol bat son conjoint et ses enfants 41,4% est violent envers les autres 38,1% délire, hallucine 24,6% a un discours bizarre 24,0% est violent envers lui-même a un comportement bizarre 24,9% 19,5% Pour les personnes interrogées, l'image du "fou" est fortement liée aux comportements violents et/ou délictuels (Fig. 1). Les notions de "dangerosité" et "d'anormalité" sont citées par la quasi-totalité des personnes interrogées (près de 95 % des réponses pour le meurtre, le viol, l'inceste, la violence faite au conjoint, à ses enfants et aux autres). Pour décrire et se représenter le "malade mental", les personnes évoquent en premier la "déficience intellectuelle" et certains symptômes psychiatriques (délire, hallucination) (Fig. 2). Cepen- 53,2% commet un inceste 45,3% 44,6% est violent envers lui-même 43,8% est violent envers les autres 37,4% bat son conjoint et ses enfants 33,2% a un discours bizarre 30,9% commet un meurtre a un comportement bizarre 45,7% 29,0% 17,9% dant, la maladie mentale reste aussi fortement associée aux comportements délictuels et/ou violents. On note aussi que la notion de "bizarre" dans les discours est davantage liée à la "maladie mentale". Le délire et l' "étrangeté" dans les discours sont jugés "hors norme" dans une très grande proportion (respectivement 83,1 % et 74,8 %). Toutefois, la déficience intellectuelle, les comportements et attitudes "étranges" et les délires ne sont pas majoritairement désignés comme dangereux. 2 Figure 3. Comportements les plus fréquemment associés au mot "dépressif" pleure souvent 84,7% tente de se suicider 79,9% est isolé, en retrait 70,3% anxieux 49,2% est négligé, sale 24,0% est violent envers lui-même 21,0% boit régulièrement de l'alcool prend des drogues Les comportements identifiés par l'ensemble de la population comme représentant un "dépressif" sont proches de la définition sémiologique de la pathologie dépressive (Fig. 3). On note parallèlement que 74,4 % des personnes déclarent connaître une personne dépressive dans leur entourage, ce qui pourrait contribuer à mieux identifier certains signes cliniques. On constate par ailleurs que, pour la majorité des personnes, il n'est pas "anormal" de pleurer souvent (63,9%), d'être anxieux (71,9 %) ou d'être isolé et en retrait (58,6 %). De même, ces comportements ou attitudes sont perçus comme peu dangereux par les personnes interrogées. 19,9% 16,1% Les représentations de la responsabilité du "fou", du "malade mental" ou du "dépressif" dans ses actes, sa maladie et la conscience qu'il a de son trouble sont données dans la figure 4. Figure 4. Répartition (en %) de la perception, de la responsabilité des actes et de la prise de conscience d'un "fou", d'un "malade mental" ou d'un "dépressif" 86,7% est responsable de ses actes est responsable de (sa folie, sa maladie, sa dépression) 65,4% sait qu'il est…. 37,4% 26,4% 21,3% 19,0% 19,3% 10,0% 5,1% Fou Malade mental Dépressif Pour les personnes interrogées, l'origine ou la cause de la "folie", de la "maladie mentale" ou de la "dépression" sont variables. En effet, si la nature physique (accident, maladie, génétique….) de la "maladie mentale" est perçue comme une étiologie importante par une majorité de répondants, les événements de vie (deuils, agressions, émotions fortes, enfance…) constituent aussi pour la population une cause non négligeable dans la genèse de la "folie". La "dépression" semble plus en lien avec des facteurs psychosociaux (travail, société relationnel, sentimentaux). Figure 5. Répartition (en %) des réponses affirmatives à propos de la souffrance du "fou", du "malade mental" ou du "dépressif" et de sa famille La "folie", la "maladie mentale" ou la" dépres98,5% Un... souffre 97,5% 98,2% 96,5% sion" sont toujours perçues comme engendrant La famille d'un … souffre une souffrance familiale importante. 75,5% Selon les personnes interrogées, un "dépressif" 54,1% souffre dans tous les cas, beaucoup plus qu’un "malade mental" qui est lui-même perçu comme souffrant plus qu'un "fou" (Fig. 5). Mais, on note aussi parallèlement que les répondants pensent qu’un "fou" et un "malade mental" ont peu conscience de leur état (res...fou… ...malade mental… ...dépressif… pectivement 19,0 % et 37,4 %) (Fig.4). Il existe un double gradient dans la perception de l’exclusion : la population pense que la famille exclut moins que la société et le travail, et qu’un "dépressif" est moins exclu qu’un "malade mental" et encore moins qu’un "fou". La famille semble perçue comme le dernier rempart contre l’exclusion d'un "fou", d'un "malade mental" ou d'un "dépressif" alors que le travail est le milieu perçu comme le plus excluant (Fig. 6). Figure 6. Répartition (en %) des réponses affirmatives de la perception de l'exclusion du "fou", du "malade mental" ou du "dépressif" 78,4% 85,2% Exclu de sa famille 77,4% 67,8% 58,2% Exclu de la société Exclu de son travail 42,1% 29,5% 15,3% Fou Malade mental 20,1% Dépressif 3 Figure 7. Répartition (en %) des réponses affirmatives sur la perception des soins et de la guérison Est-il possible : Dans les représentations, il semble exisde soigner sans médicament un … de guérir un… 91,6% ter un caractère inéluctable à la "folie" et de guérir complètement un… qu'un…puisse guérir tout seul 78,0% à la "maladie mentale". En effet, pour les personnes interrogées, les possibilités de guérison complète semblent faibles dans les deux cas ; perception tout 34,0% à fait opposée pour la "dépression", 30,7% 23,8% 22,3% dont on pense qu’on peut la soigner 19,1% 14,7% 14,0% (même sans médicament) voire même 8,7% 4,7% 2,2% en guérir (Fig. 7). Dans tous les cas, une aide est nécessaire. fou malade mental dépressif Figure 8. Répartition (en %) des personnes qui pensent qu’une famille accepterait Malgré la souffrance et le doute d’accueillir à nouveau un proche soigné ou en traitement sur les possibilités de guérison, on 97,0% 96,4% 88,0% 85,3% note une tolérance familiale à la 82,1% 81,3% 76,9% 72,8% prise en charge à domicile, si la personne est soignée ou en traitement (Fig. 8). Toutefois, pour la quasi-totalité de 18,4% l'échantillon (91,9 %), la présence d'un "fou", d'un "malade mental" à la maison est une charge. violeur alcoolique toxicomane enfant dépressif enfant malade mental enfant fou dépressif malade mental fou À la question "Si vous êtes mal dans votre peau, dans une situation de mal-être, qui allez-vous voir en premier ?", 50,2 % des personnes interrogées ont répondu qu'elles iraient voir un médecin généraliste. Parmi les autres réponses les plus fréquemment citées, les parents ou amis (34,6 % des cas) ou un professionnel de la psychiatrie (8,1 %) ont été retrouvés lors de l'analyse. ⇒ RÉALITÉS Parmi les personnes interrogées, 35,8 %, ont déclaré avoir déjà pris des médicaments "pour les nerfs" ou la "tête". Parmi ces personnes, 92,3 % ont répondu que des problèmes psychologiques étaient à l'origine de ce recours aux thérapeutiques médicamenteuses. Parmi les médicaments déclarés, on retrouve en premier lieu : les anxiolytiques (49,0 %), les antidépresseurs (23,0 %) puis les hypnotiques (16,0 %). Parmi les personnes enquêtées, 160 (17,7 %) ont déclaré être ou avoir été soignées pour dépression. Pour la prise en charge des personnes dépressives, on a retrouvé un traitement médicamenteux dans 68,0 % des cas, une psychothérapie (12,6 %) ou une hospitalisation (9,7 %). La majorité de ces personnes enquêtées (86,9 %) ont été satisfaites de leur prise en charge. SEXE AGE STATUT REVENU MATRIMONIAL NIVEAU D'ETUDE FAMILIAL (en €) Figure 9. Répartition (en %) des personnes présentant au moins un trouble, symptôme ou risque détecté au MINI, selon différentes catégories de 2500 à 6 410 de 1 300 à 2 500 de 840 à 1 300 de 534 à 840 moins de 534 Niveau universitaire Cycle secondaire terminé Cycle secondaire non terminé Cycle primaire terminé Cycle primaire non terminé Pas scolarisé Veuf (ve) Divorcé séparé En couple Célibataire > 60 ans 50-59 ans 40-49 ans 30-39 ans 18-29 ans Femme Homme 29,1% 40,5% 41,8% 49,5% 75,0% 43,7% 47,4% 41,1% 40,7% 38,8% 50,0% 55,1% 48,1% 37,5% 47,8% 39,8% 35,5% 45,3% 44,3% 47,3% 43,2% 40,4% Parmi les personnes interrogées, 41,8 % présentent au moins un trouble, symptôme ou risque détecté au MINI. La prévalence de ces troubles semble varier avec le niveau de revenus et la situation matrimoniale. En effet, la prévalence de l'ensemble des troubles est plus importante chez les célibataires veufs, divorcés ou séparés que chez les personnes en couple. De même les personnes à faibles revenus ou les personnes les plus jeunes présentent une prévalence plus élevée des troubles psychiques (Fig. 9). 4 Figure 10. Prévalence (en %) des principaux troubles mentaux, symptôme ou risque détectés au MINI (CIM-10) 14,5% Anxiété généralisée 10,1% Episode dépressif actuel 9,1% Insomnie actuelle 5,1% Troubles liés à l'alcool 4,8% Phobie sociale 3,6% Trouble panique 3,3% Dysthymie 2,6% Agoraphobie Troubles liés aux drogues illicites 1,7% Risque suicidaire (élevé ou modéré) 1,3% Troubles d'allure psychotique (vie entière) 1,2% Le MINI a permis de repérer un certain nombre de troubles, de symptômes ou de risques. La répartition de l'ensemble de ces troubles par entité clinique est donnée dans la figure cicontre (Fig. 10). L'anxiété généralisée est prépondérante mais les troubles de l'humeur et l'insomnie ont aussi une prévalence élevée. Parmi les épisodes dépressifs actuels, on notait 5,2 % de troubles dépressifs récurrents. Même si l'on peut craindre une sous déclaration des troubles, les problèmes liés à l'alcool semblent importants. Précisions : Le diagnostic d’épisode dépressif actuel récurrent exclut d’emblée le diagnostic de dysthymie. L’exploration de l’anxiété généralisée n’a lieu qu’en l’absence de tout autre trouble anxieux. SYNTHÈSE " Les comportements violents et délictuels, l’irresponsabilité, la non conscience de leur état et une causalité externe sont associés à l’image du "malade mental" et du "fou". " La représentation populaire de la "dépression" est plus ou moins conforme à la sémiologie psychiatrique. " Les recours au médicament et au généraliste sont très marqués, notamment en cas de syndrome dépressif. " La famille est perçue comme un recours important, mais la solidarité peut être limitée par les notions de dangerosité et d'épuisement familial. DISCUSSION ⇒ La méthode de sondage (méthode des quotas) utilisée dans cette étude pour des raisons de faisabilité et de coût ne permet pas le calcul d'intervalles de confiance. ⇒ Les représentations situent la maladie dans un système de croyances culturelles, sacrées, magiques ou scientifiques. Pour certains auteurs, la représentation sociale n’est pas le reflet de la réalité mais une interprétation de cette réalité. Il existe une stigmatisation importante du "fou" et du "malade mental" dont les représentations sont associées aux formes graves des troubles psychiatriques et à la dangerosité. ⇒ Le Mini Internationnal Neuropsychiatric Interview (MINI) doit être vu comme un "test de dépistage" et bien entendu, les diagnostics réels doivent être le fait de professionnels. Toutefois, son utilisation permet une approche de la prévalence des problèmes de santé mentale. Si cet instrument a fait ses preuves dans le repérage des troubles de la thymie par exemple, son utilisation semble plus complexe dans l'identification de certains troubles déniés (alcool, usage de substances illicites). ⇒ Les résultats concernant les représentations de la population creusoise recoupent en grande partie les résultats [5] de l'échantillon national de 36 000 personnes vivant en métropole et confortent les premiers résultats dans ce domaine [6]. En effet, les "fous" et les "malades mentaux" présentent les mêmes caractères de stigmatisation. ⇒ Concernant les prévalences des principaux troubles détectés au MINI dans l'échantillon national [5], celle du trouble dépressif actuel est de 11,0 %, dont 5,6 % de troubles récurrents ; pour la dysthymie, on retrouve 2,4 %. CONCLUSION Les résultats montrent une forte stigmatisation dans l’opinion publique en Creuse comme ailleurs, dès lors qu’il est question de "folie" et de "maladie mentale". Si certaines pathologies comme la "dépression" semblent mieux connues, les représentations de danger, d'anormalité et de violence liés à la maladie mentale et à la folie restent préoccupants. Ces résultats montrent la nécessité de poursuivre l’information et l’éducation sur la santé et la maladie mentale. La famille semble représenter encore un rempart contre l’exclusion quand le patient n’est pas perçu comme dangereux. Si en Creuse la prévalence des troubles semble peu différente du niveau national, on remarquera le rôle du médecin généraliste qui apparaît ici comme un acteur clé. Cet aspect doit être utilisé tant dans les domaines de la prévention, que du dépistage et dans le suivi des troubles mentaux. Une coordination entre la médecine générale et le dispositif spécialisé semble indispensable. Enfin, il est probable qu'il faille encore expliciter et rendre plus visibles et compréhensibles les dispositifs actuels de prises en charge et les structures existantes afin de faciliter non seulement le recours aux soins mais aussi contribuer à la lutte contre les stigmatisations. 5 - BELLAMY V, ROELANDT JL, CARIA A., Troubles mentaux et représentation de la santé mentale: premiers résultats de l'enquête "Santé Mentale en Population Générale" Drees, Etudes et Résultats N°347, Octobre 2004. 6 - ANGUIS M., La perception des problèmes de santé mentale: les résultats d'une enquête sur neuf sites. Drees, Etudes et Résultats N°116, mai 2001. 5 LA SANTÉ MENTALE EN POPULATION GÉNÉRALE: IMAGES et RÉALITÉS DANS LE MONDE Cette recherche-action est réalisée par l'Association septentrionale d'épidémiologie psychiatrique (ASEP), le Centre collaborateur de l'Organisation Mondiale de la Santé pour la recherche et la formation en santé mentale (CCOMS, Lille, France), et le Département d'information et de recherche médicale (DIRM) de l'EPSM-Lille Métropole. Elle a reçu le soutien financier, pour la première phase de recherche, du ministère français des Affaires étrangères, du ministère français de la Santé et de la Protection sociale (DGS), de l'OMS Genève (programme "Nations pour la santé mentale"), du bureau local de l'OMS à Moroni (Grande Comore), du bureau local de l'OMS à Antananarivo (Madagascar), du "Health Systems Research for Reproductive Health and Health Care Reforms in the Eastern and Southern African Region" (Harare, Zimbabwe) et des laboratoires Synthelabo et SmithKline&Beecham. Pour la seconde phase, elle a fait l’objet d’un contrat spécifique passé entre le CCOMS-EPSM-Lille-Métropole et la Direction de la recherche, des études, des évaluations et des statistiques (DREES-ministère de la Santé). Pour les deux phases, cette enquête a été possible grâce au soutien logistique des établissements publics de santé impliqués dans l'enquête et des services déconcentrés de l’Etat français (DRASS et ARH), ainsi qu’aux enquêteurs et superviseurs de tous les sites d'enquête. Les municipalités enquêtées et les associations d’usagers ont été systématiquement impliquées. Responsable scientifique : J.L Roelandt - Responsable méthodologique : A. Caria - Coordination générale : A. Kergall (sites internationaux) et G. Mondière (sites français). Avec l’aide de M-P. Chalumey, L. Dufeutrel, M.T. Maslankiewicz, D. Poissonnier, C. Porteaux, P. Sadoul. Secrétariat : O. Plancke et S. Sueur. L’équipe de formateurs : H. Brice, N. Bruynooghe, L. Defromont, V. Fournel, L. Kurkdjian, A. Racine, I. Soloch, G. Tréboutte et F. Wizla. Responsables de sites : Phase 1 – 1998 -2000 Les Comores : A. Islam et M. Issahi (Hôpital El Maarouf, Grande Comore) ; France : R. Bocher (CHU St Jacques, Nantes), D. Boissinot-Torres (CH Edouard Toulouse, Marseille Nord), D. Chino et M.C. Velut-Chino (CHS Paul Guiraud, Hauts de Seine), L. Denizot (CHS de St Paul, La Réunion), M. Eynaud (CH Monteran et CHU de Pointe-à-Pître, Guadeloupe), C. Lajugie et C. Muller (EPSM Lille Métropole, Vallée de la Lys), P. Mulard et C. Alezrah (CHS Léon Gregory, Pyrénées Orientales), G. Treboutte (EPSM Lille Métropole, Lille-Hellemmes), C. Thévenon-Gignac (EPSM Lille Métropole, Tourcoing) ; Madagascar : M. Andriantseheno (CHU Mahajanga, Mahajanga et Antananarivo) ; Ile Maurice : P. Motay et P. Burhoo (Ministère de la santé et de la qualité de la vie, Ile Maurice). Phase 2 – 2000-2004 Algérie : F. Kacha (HP Mahfoud Boucebci, Cheraga) ; Belgique : C. Burquel (Service de Santé Mentale le Méridien, Bruxelles) ; France : C. Adamowski (CHS, Sarreguemines), J.Y. Alexandre et M. Debrock (EPSM agglomération lilloise, Roubaix), M.J. Amedro et D. Mahieu (CH Camille Claudel, Angoulême), M.C. Amieux (Groupe hospitalier Maison Blanche, Paris 10ème), D. Arnaud (CH Montfavet, Montfavet), P. Bantman (EPS Esquirol, Saint Maurice), J. Boscredon (CH de Montauban, Montauban), H. Brun-Rousseau (CH de Cadillac, Bordeaux), F. Burbaud (ORS Limousin, Limoges), F. Caroli et L. Masclet (Centre Hospitalier Saint Anne, Paris 14ème), J.P. Castelain (Centre Pierre Janet, Le Havre), P. Chaltiel et S. Massimi (EPS Ville-Evrard, Bondy), J. Debieve (EPSM agglomération lilloise, Lille), B. Desombre (CH Montluçon, Montluçon), C. Faruch (CHS Gérard Marchand, Toulouse), J. Ferrandi et M.C. Cabié (CH Marc Jacquet, Melun), J.Y. Giordana (CH Sainte Marie, Nice), R. Bouet et C. Guyonnet (CHS Henri Laborit, Poitiers), P. Lacroix (CHG Longjumeau, Longjumeau), D. Léger (CH Georges Renon, Niort), D. Leguay (CH CESAME, Angers), P. Leprelle (CH Louis Pasteur, Cherbourg), P. Lévêque (CH d’Arras, Arras), J. Lesturgeon et P.M. Llorca et (CHU St Jacques, Clermont-Ferrand), B. Martin (CHS Les Murets, La Queue en Brie), G. Masse et M. Fouillet (Centre Hospitalier Saint Anne, Paris 15ème), M. Mathias (IFSI, Berck sur Mer), G. Milleret et A. Racine (CHS La Chartreuse, Dijon), P. Nubupko (CHS de la Valette, Guéret), E. Perrier (EPSAU, Haguenau), M.C. Pillon et J.M. Tarissan (CH Saint Jean de Dieu, Lyon), B. Pinalie (CH Nord Deux Sèvres, Thouars), B. Raynal et B. Millet (CH Guillaume Reignier, Rennes), N. Skurnik et P. Issembert (Groupe Hospitalier Maison Blanche, Paris 20ème), M. Tryantafyllou (CH Victor Jousselin, Dreux), G. Ursulet et B. Cazenave (CH Colson, Martinique), T. Wallenhorst (CH de Semur, Semur) ; Mauritanie : A. Ould’Hamady (Hôpital Militaire, Nouakchott). L'enquête a reçu l’aide scientifique et méthodologique de M. Anguis, G. Badeyan, et V. Bellamy (DREES, Paris), J. Benoist (Laboratoire d’écologie humaine et d’anthropologie, Aix en Provence), G. Bibeau (Université de Montréal), R. Dang (INSEE, Lille), Y. Lecrubier (INSERM, Paris), N. Quemada (INSERM, CCOMS, Paris) et J.P. Vignat (Groupe Français d'Epidémiologie Psychiatrique, GFEP). LA SANTÉ MENTALE EN POPULATION GÉNÉRALE: IMAGES et RÉALITÉS EN CREUSE Remerciements aux 901 personnes qui ont accepté de répondre à nos questions. Remerciements aux enquêteurs de l'Institut de Formation en Soins Infirmiers de Guéret : Chrystelle BONNABAUD, Christelle CHAGNEAU, Carine CHEVALIER, Majorie CIALLIS, Céline DA SILVA, Guillaume DECOUX, Céline DELAVAUD, Nathalie DELBARD, Jessie HOARAU, Isabelle JACCARD, Caroline LEGROS, Joëlle LESCURAT, Nathalie LORCERY, Maxence PETIT, Christelle PRESINAT, Caroline RECHIGNAT, Julien RIVIERE, Alexandre SAINTRAPT, Loïc THOMAS, Emilie VERNEUIL, Jonathan WEINBERG. COMPOSITION DU COMITÉ TECHNIQUE DE L'ÉTUDE EN CREUSE Madame CHAUPRADE - Directrice de l'Institut de Formation en Soins Infirmiers de Guéret (IFSI) Madame GIACOMETTI - Directrice du Centre Hospitalier de St Vaury Madame MOUTAUD – Cadre infirmier du CH de St Vaury Madame RAPIN – Psychologue au CH de St Vaury Madame ROCHE-BIGAS – Technicienne d'Études à l'Observatoire Régional de la Santé du Limousin Monsieur le Docteur AUBRETON - Président de la Commission Médicale d'Etablissement du CH de St Vaury Monsieur BIENVENU – Cadre infirmier de l'Institut de Formation en Soins Infirmiers de Guéret (IFSI) Monsieur le Docteur BURBAUD – Directeur de l'Observatoire Régional de la Santé du Limousin Monsieur CASSAGNE – Infirmier au CH de St Vaury Monsieur le Docteur NUBUKPO – Médecin psychiatre CHU Limoges et CH St Vaury Monsieur PHILIPPON – Cadre infirmier de l'Institut de Formation en Soins Infirmiers de Guéret (IFSI) Monsieur le Docteur RATIER –Médecin au CH de St Vaury Monsieur REUSE – Cadre infirmier au CH de St Vaury L'enquête réalisée sous la responsabilité de l'Observatoire Régional de la Santé du Limousin a été exclusivement financée par le Centre Hospitalier de St Vaury Le rapport final est disponible sur le site de l'ORS du Limousin www.ors-limousin.org Ce document a été réalisé par Béatrice Roche-Bigas, Philippe Nubukpo et Francis Burbaud. Contact : ORS du Limousin 24 rue Donzelot - 87000 Limoges [email protected] Institut de Formation en Soins Infirmiers 6