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GHT PARIS-PSYCHIATRIE & NEUROSCIENCES
D’un point de vue systémique, les mutualisations
prescrites par les GHT n’apportent pas encore
de réponses opérantes en matière d’outils de
coopération. Le GCS ajoute une strate adminis-
trative et financière peu lisible dans un contexte
complexe, néanmoins incontournable pour le
« faire ensemble ». Toutes les unités fonction-
nelles sont-elles par ailleurs solubles dans
une direction commune ? La question mérite
d’être posée, dans le champ des ressources
humaines par exemple. Les GHT peuvent être
perçus comme des « armes de restructuration
massive 11 ». Si tel était le cas, il conviendrait
de les doter de dispositifs réellement efficaces
pour ne pas démotiver les acteurs.
Les instances du GHT
La loi Touraine rend obligatoires six instances.
Elles sont peu ou prou le reflet des instances
locales. On peut regretter que le
comité territorial des élus locaux
n’ait pas de compétences équiva-
lentes aux conseils de surveil-
lance. La conférence territoriale
du dialogue social détient des com-
pétences fixées par le décret. Ce sont les projets
de mutualisation, qui concernent notamment
la gestion prévisionnelle des emplois et des
compétences, les conditions de travail et la
politique de formation au sein du GHT. Il aurait
été souhaitable d’aller plus avant avec l’accord
des communautés de personnels. Enfin, saluons
la création d’une commission des usagers.
Un maillage partenarial
étroit avec les autres acteurs
du territoire
Une gouvernance adaptée implique, au-delà du
management et des instances, une politique
volontariste de coopérations avec l’ensemble
des acteurs du territoire. En 2015, la CHT a signé
une convention avec le centre d’action sociale
de la Ville de Paris. Elle vise à faciliter l’accès
de nos patients aux EHPAD parisiens et à amé-
liorer l’évaluation psychiatrique des résidents.
Rappelons que la Ville de Paris, partenaire natu-
rel du GHT, s’est dotée d’une « mission santé
mentale ». Celle-ci est notamment chargée de
coordonner les CLSM qui mobilisent bon nombre
de professionnels au sein des secteurs, aux côtés
des usagers. Si le partenariat avec les associa-
tions d’usagers peut encore se renforcer, leur
rôle a été majeur dans la construction du projet
médical commun.
Comment passer de la mise
en commun au faire ensemble ?
La loi enjoint à coopérer, à construire ensemble,
à appliquer une stratégie de groupe garante de la
pérennité d’une offre de santé publique qui compte
parmi les meilleures, et ce dans un paysage hos-
pitalier où la concurrence médico-économique
domine. Cette tension se ressent au sein des
institutions et chez les personnels, fortement mis
à contribution par les restructurations. Celles-ci
engagent un travail considérable dont les effets
vertueux ne sont pas toujours perçus immédia-
tement. La construction d’un GHT pose question
en termes d’identité, de valeurs, d’histoire. Le
bouleversement patrimonial lié aux relocalisations
de structures dans Paris intra-muros, le cham-
boulement des modes de travail résultant des
mutualisations d’activités, la complexification des
instances avec un supra-système où le dialogue
social peine encore à trouver une place adaptée :
autant de changements susceptibles de générer
inquiétude, réticence, voire incompréhension.
Des résultats objectivant
le bénéfice au patient
Ces évolutions sont pourtant porteuses de pro-
messes qu’il s’agit d’objectiver. La direction
commune a donc affiché la transformation des
gains issus des mutualisations en financements
de projets médicaux et soignants structurants
pour le tout-Paris.
Le GHT Paris-Psychiatrie & Neurosciences sera en
effet l’écrin d’une seconde phase du projet médical,
dédiée à la réalisation d’opérations d’envergure.
Parmi les plus emblématiques figure la création
d’un hôpital de jour en soins somatiques dédié
aux patients psychiatriques les plus fragiles du
territoire, qui peinent à accéder au dispositif de
droit commun. Il impliquera, au-delà des établis-
sements parties et associés, les centres de santé
associatifs, les médecins libéraux et l’AP-HP. Ce
9. Elle rassemble la stratégie, les affaires médicales, les partenariats, l’action sociale et
médico-sociale, la recherche et les relations internationales.
10. Ingénierie, travaux et maintenance, achats et logistique, systèmes d’information,
communication, qualité et gestion des risques, formation, service des majeurs protégés,
activités médico-techniques.
11. Cf. colloque «Réinventer la fonction publique hospitalière», Adhress, 10 mai 2016, Paris.
Un hôpital de jour en soins somatiques
dédié aux patients psychiatriques
les plus fragiles du territoire sera créé.
REVUE HOSPITALIÈRE DE FRANCE # 571 Juillet -Août 2016 43
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