le patient traceur : nouvel outil

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LE PATIENT TRACEUR : NOUVEL OUTIL
Isabelle Verheyde
Service de réanimation chirurgicale, centre hospitalier Victor PROVO,
boulevard lacordaire, 59100 Roubaix. E-mail : [email protected]
Directrice Réseau Santé Qualité, Rue du Général Leclerc BP 10, 59487
Armentières Cedex. E-mail : [email protected]
INTRODUCTION
La méthode du patient traceur, qui constitue une nouvelle méthode de visite
de certification, a été développée et expérimentée en France, en s’appuyant sur
l’expérience d’autres pays tel que les Etats-Unis (Joint Commission, organisme
équivalent à la Haute autorité de santé (HAS)), pour être utilisée lors des visites
du prochain cycle de certification.
Cette méthode est également une méthode d’amélioration de la qualité
des soins utilisable par les établissements de santé, complémentaire des
autres méthodes telles que la Revue Morbi-morbidité (RMM), l’audit clinique,
le chemin clinique, etc. C’est une méthode qui permet d’observer les interfaces
et la collaboration interdisciplinaire tout au long de la prise en charge avec pour
point central la sécurité des soins [1].
1. AMÉLIORATION DES PRATIQUES ET DE LA SÉCURITÉ DES
SOINS
Sa mise en œuvre en établissement de santé s’inscrit dans les démarches
d’amélioration des pratiques et de la sécurité des soins de l’établissement.
Reconnue également comme méthode de développement professionnel
continu (DPC), cette méthode pédagogique permet aux équipes d’apprendre à
partir de situations réelles, et favorise les échanges et la communication, d’une
part, entre les acteurs de la prise en charge et, d’autre part, avec le patient
acteur de celle-ci [1].
2. LA PRÉPARATION ET LA CONDUITE DE L’ÉVALUATION
Elle se fait sur la base du dossier du patient qui sert de fil conducteur. Des
éléments de traçabilité, comme les prescriptions pré et postopératoires, lors
d’une prise en charge chirurgicale avec anesthésie pourront être recherchés
dans le dossier d’anesthésie et le dossier patient.
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MAPAR 2014
3. PRISE EN COMPTE DU PATIENT
Cette méthode prend en compte également le regard du patient. Elle ne
consiste pas à suivre le patient pendant l’évaluation. Cette approche permet
d’évaluer la qualité, la sécurité et l’organisation des soins sous l’angle « patient ».
Le choix du patient qui aura donné son accord se fait avec l’équipe de soins.
Non pas un patient entré la veille mais plutôt proche de la sortie. Un patient
dont l’histoire clinique n’est pas simple. Plutôt une prise en charge avec de nombreuses interfaces comme un patient entré aux urgences puis opéré, transféré
en réanimation puis dans un service de chirurgie et ensuite en soins de suite et
de réadaptation. Un patient à risque (un sujet âgé ou un enfant) dans un secteur à
risque, par exemple une fracture du col du fémur ou une césarienne en urgence.
L’évaluateur (toujours un praticien) pourra rechercher auprès du patient,
l’information qui a pu lui être donnée par exemple lors de la consultation
d’anesthésie dans le cadre de la chirurgie ambulatoire, les questions qui lui ont
été posées lors de la réalisation de la check-list au bloc ou comment sa douleur
a été évaluée en postopératoire.
4. INTERFACES ET COLLABORATION INTERDISCIPLINAIRE
Auprès des équipes soignantes, médecins, internes, infirmières, kinésithérapeutes entre autres sera parallèlement recherchée l’organisation de la prise
en charge à chaque étape du processus de soin. Il ne s’agit en aucun cas d’une
évaluation de la pertinence de la stratégie diagnostique et thérapeutique du
patient.
C’est une méthode qui permet d’observer les interfaces et la collaboration
interdisciplinaire tout au long de la prise en charge avec pour point central la
sécurité des soins. Les études comme ENEIS 1 et 2 ont bien mis en évidence le
nombre d’événements indésirables évitables en lien avec les points de transition
de prise en charge des patients [2].
Cette méthode place le regard des évaluateurs au niveau du cœur de
métier, au contact des équipes dans les unités de soins, permettant d’impliquer
l’ensemble des acteurs qui contribuent à la prise en charge.
Un regard et une analyse de l’équipe sur ses propres pratiques renforcent la
dynamique d’équipe, contribuent à la définition et la mise en œuvre d’un projet
d’équipe et permettent de développer une culture partagée de la sécurité des
soins. Cette méthode centrée sur le travail d’équipe répond à l’un des axes du
programme national sécurité patient [3]. De nombreux travaux ont montré, en
effet, l’importance du travail d’équipe pour diminuer les événements indésirables [4, 5].
CONCLUSION
Ainsi la dynamique d’équipe créée au travers de ces patients traceurs offre un
cadre propice et se veut être un véritable levier pour l’amélioration des pratiques
et de la sécurité des soins.
Cette approche d’une évaluation centrée sur le patient se veut facilement
appropriable par les professionnels médicaux et soignants car en lien avec le
cœur de leur métier.
Risque et qualité
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« Un exercice » qui se veut transparent et non-culpabilisant dans une
approche constructive multiprofessionnelle dépourvue de jugement et sans
recherche de responsabilité. Une démarche qui doit rester une démarche
pédagogique.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[1] Le patient traceur en établissement de santé guide méthodologique HAS. Octobre 2013
version expérimentale.
[2] Les événements indésirables graves associés aux soins observés dans les établissements de
santé. Résultats des enquêtes nationales menées en 2009 et 2004. Philippe Michel (*), Christelle
Minodier (**), Monique Lathelize (*), Céline Moty-Monnereau (**), Sandrine Domecq (*), Mylène
Chaleix (**), Marion Izotte-Kret (*), Régine Bru-Sonnet (*), Jean-Luc Quenon (*), Lucile Olier (**) ;
* - Comité de coordination de l’évaluation clinique et de la qualité en Aquitaine (CCECQA) - ** –
DREES
[3] Le programme national sécurité patient. 22 novembre 2013.
[4] Ghaferi A, Birkmeyer J, Dimick J. Hospital volume and failure to rescue with high risk surgery,
Medical care 2011;49:12,1076-81
[5] Curry L, Spatz E, Cherlin E, Thompson J, David Berg, D., Ting P, Decker C, Harlan M, Krumholz
H Bradley E. What Distinguishes Top-Performing Hospitals in Acute Myocardial Infarction Mortality
Rates? Ann Intern Med 2011;154:384-390
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