COMMENT LES POLITIQUES CONJONCTURELLES PEUVENT-ELLES AGIR SUR
LES FLUCTUATIONS ÉCONOMIQUES ?
Analyse du sujet
Le sujet porte sur une question très classique en économie : les mécanismes d'action des politiques économiques, en l'occurrence des politiques conjoncturelles. Le
terme de politiques conjoncturelles désigne l'ensemble des mesures prises par l'État pour gérer à court terme les fluctuations de l'activité économique. Elles sont donc
le plus souvent des politiques contra-cycliques, c'est-à-dire qu'elles ont pour objectif de limiter l'ampleur des ralentissements et d'éviter les situations de surchauffe.
Avec la dégradation des finances publiques et la montée de l'endettement, perçu désormais comme un problème, les politiques conjoncturelles peuvent également
avoir comme objectif de rétablir les comptes publics, c'est-à-dire de diminuer le poids de la dette publique en luttant contre les déficits publics. Mais ce dernier
objectif n'est pas a priori un objectif de régulation conjoncturelle : il s'agit davantage d'un objectif de long terme (donc de politique structurelle).
Le terme « comment » peut être compris de deux façons. Dans un sens restreint, il s'agit de décrire de façon précise les mécanismes, les enchaînements économiques
qui font que les politiques économiques conjoncturelles peuvent lisser les fluctuations économiques. Mais il y a une façon plus large de comprendre le sujet, le terme
« comment » renvoie alors aussi à la question « avec quelle efficacité » : dans ce cas, on est amené à évoquer les contraintes qui pèsent sur la définition et la mise en
œuvre des politiques économiques et qui viennent en limiter l'efficacité.
Le terme « agir » supposait aussi des précisions : agir, c'est avoir une action sur quelque chose. La question est donc : quelle action ? Il s'agissait de montrer que le
plus souvent, les politiques économiques permettent de limiter l'ampleur des fluctuations, même si parfois, les politiques conjoncturelles peuvent accentuer les
fluctuations, en particulier les politiques de rigueur menées en cas de ralentissement économique. De même, il ne fallait pas répéter indéfiniment « fluctuations
économiques », mais reformuler en fonction de ce qui est décrit : soit un ralentissement économique, voire une récession, soit au contrainte une expansion marquée
qui fait craindre le risque d'inflation.
Le dossier documentaire ne posait a priori pas vraiment de difficultés. Le document 2 évoquait l'écart de production, notion pas forcément évidente à utiliser. Le
creusement des déficits publics observable dans tous les pays était à mettre en lien avec des politiques de relance budgétaire. Le document 3 a été sans aucun doute le
moins bien exploité : il permettait d'apporter des éléments d'histoire économique, en résumant la situation française à différentes dates, il fallait faire le lien avec les
différentes politiques conjoncturelles menées à ces périodes en France (au minimum pour la période récente...).
I – Les politiques conjoncturelles de relance permettent de limiter l'ampleur des
ralentissements économiques ou des récessions
Les politiques conjoncturelles sont le plus souvent contra-cycliques et ont pour objectif de limiter l'ampleur des fluctuations économiques. C'est vrai pour les
politiques budgétaires de relance (A), mais aussi pour les politiques monétaires expansionnistes (B). Cependant, on peut noter que l'efficacité de ces politiques est
limitée par de nombreuses contraintes (C).
A. Une politique budgétaire de relance permettent de limiter l'ampleur des récessions et de lutter contre le
chômage
•Objectif d'une politique budgétaire de relance : limiter la récession ou le ralentissement économique, de stimuler la
croissance économique lorsqu'elle est jugée trop faible (notamment si le chômage est élevé)
Par exemple : en cas de croissance économique ralentie et de chômage élevé
→ situation française de 2009 (document 3) : 10 % de la population active au chômage, PIB en baisse de 2 % sur
l'année.
•Mécanismes : soutien de la demande globale grâce à la hausse des dépenses publiques et/ou la baisse des prélèvements
obligatoires.
→ Augmentation des dépenses publiques : hausse des dépenses sociales (minima sociaux, revenus de transferts...)
permet de soutenir la demande des plus pauvres, et donc leur consommation. Hausse des dépenses
d'investissement : le carnet de commande des entreprises privées se remplit, elles embauchent pour pouvoir
répondre à la demande, investissent, ce qui a un effet multiplicateur sur la demande globale (Keynes) et permet de
faire diminuer le chômage.
→ Illustration : tous les pays développés ont mené des politiques de relance budgétaire massive pour contrer les
effets de la crise des subprimes américaine. Exemple du creusement du déficit budgétaire des États-Unis (passé de
-2,7% du PIB en 2007 à -10% en 2010), de l'Allemagne (passée d'un excédent budgétaire de +0,2% en 2007 à un
déficit de -5% en 2010) ou de la France (de -2,7% du PIB en 2007 à -7,4% en 2010) (document 2).
→ Baisse des prélèvements obligatoires : hausse du pouvoir d'achat et de la consommation des ménages,
restauration des profits des entreprises, ce qui stimule l'investissement.
•Au final, en soutenant la demande globale en période de croissance ralentie, les politiques budgétaires de relance
permettent de limiter l'ampleur du ralentissement ou de la récession.
B. Une politique monétaire expansionniste a pour objectif de soutenir l'activité
•Objectif d'une politique monétaire expansionniste : soutenir l'activité en favorisant la création monétaire.
•Mécanismes : favoriser la création monétaire des banques commerciales en diminuant le taux d'intérêt ou le montant des
réserves obligatoires (ce qui diminue le coût de refinancement et incite les banques à accorder davantage de crédits aux
particuliers et aux entreprises).
→ Exemple : la Banque centrale américaine (la Fed) comme la Banque centrale Européenne (la BCE) ont mené
des politiques expansionnistes suite au ralentissement de 2001 : les taux d'intérêts directeurs de la Fed passent en
quelques semaine de 6,5% à 1,75%, ceux de la BCE passant de 4,75% à 2% sur la même période (document 1).
On peut noter au passage que la Fed a davantage assouplit ses taux que la BCE.
→ De même, une politique monétaire expansionniste est menée à partir de 2008 aux États-Unis et en Europe. Les
taux américains sont passés en-dessous de la barre des 1% début 2009, tandis que les taux européens ont été baissé
à 1% à partir du deuxième trimestre 2009. (document 1).
→ La baisse des taux facile l'accès au crédit pour les ménages, qui peuvent financer une partie de leur