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Préambule
Ce document constitue une synthèse de dix années de recherche depuis mon recrutement
sur un poste de Maitre de Conférences en psychologie sociale et du travail, en 2003, à
l’Université de Poitiers. Cet exercice se présente en partie comme un bilan. Par conséquent, il
m’a permis de mettre en avant mes travaux les plus aboutis, mais il m’a également confrontée
à des voies théoriques et méthodologiques que j’estime avoir insuffisamment explorées. Cet
exercice m’aura donc offert l’opportunité de construire une réflexion qui situera les axes de
recherche sur lesquels j’envisage d’engager des collaborations dans les années à venir.
A défaut de pouvoir rendre compte d’une réelle linéarité de mon parcours de recherche,
je peux en dégager une certaine logique de par mon parcours professionnel qui a, pour une
large part, déterminé mes centres d’intérêt. Ce parcours a débuté par une quinzaine d’années de
pratique de la psychomotricité en institutions spécialisées en parallèle d’un cursus en
psychologie à l’Université de Bordeaux 2. Toutefois, ni ma formation initiale de thérapeute en
psychomotricité, ni ma licence de psychologie clinique et pathologique ne m’apportaient le
cadre théorique adapté aux questions de terrain que je me posais alors. Intuitivement, je
percevais que des enjeux sociaux animaient les prises de décision des professionnels (et les
conflits institutionnels récurrents) tout autant, sinon plus, que les besoins identifiés chez les
bénéficiaires des soins. Ma rencontre avec la psychologie sociale, et notamment avec Denis
Castra, qui assura la direction de mon mémoire de maîtrise, de mon DEA puis de ma thèse, fut
bien plus féconde et totalement déterminante. Après un recours, lors de mon DEA, au concept
de représentation sociale pour analyser les prises de décision paramédicales (Esnard, 1998
),
j’ai résolu de prendre des distances avec ce contexte institutionnel. Fortement stimulée par les
propos d’Ewa Drozda-Senkowska sur la « rationalité des inférences » (1995), par les travaux
en cognition sociale sur les modèles duaux du traitement de l’information (Fiske & Taylor,
1991 ; Zukier & Pepitone, 1984) et la lecture de William Doise sur les logiques sociales du
raisonnement (1982, 1993), j’ai engagé ma thèse de doctorat sur les rationalités des jugements
et prises de décision professionnelles. J’y défendais l’idée d’une flexibilité cognitive liée à des
motivations sociocognitives. Mes travaux de thèse ont porté exclusivement sur le contexte
professionnel policier (Esnard, 2002, 2005) pour des raisons de faisabilité. Toutefois, l’idée
d’une transversalité des processus de traitement de l’information étudiés dans différents
A une exception près (Esnard, 2005) les travaux personnels cités dans ce préambule ne seront pas restitués dans ce
document de synthèse.