Si la sagesse fut longtemps considérée par une tradition

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Passion :
Etat affectif intense et irraisonné qui domine le malheureux qui en est le siège de façon
permanente. Etymologie du terme (patior, pati, « souffrir », « pâtir »).
Introduction générale :
Si la sagesse fut longtemps considérée par une tradition philosophique d’origine
stoïcienne comme une absence de passion – ou, tout du moins, une domination de celle-ci - ,
c’est qu l’état de passion marque une soumission de l’âme aux désirs. En effet, la passion, en
tant qu’état affectif intense et irraisonné – amour, alcoolisme… -, domine le malheureux qui
en est le siège de façon permanente.
Passion : puissance d’action :
Puisque la passion est action, il ne faut peut-être pas se concentrer sur la connotation négative
du terme.
Pourquoi lorsque l’on considère la passion, on oublie l’aspect d’action ? Raison
probablement d’origine religieuse. L’essentiel pour le Chrétien est de savoir que le fils de
Dieu a souffert. Aujourd’hui, pas habitué à voir la souffrance. Pendant des siècles, exposition
de la mort et des cadavres (Christ, Damiens écartelé, guillotine, Dominique Bourguignon (=
Cartouche) roué vif en 1721). On peut donc comprendre qu’aujourd’hui, on assimile passion
davantage à souffrance qu’à action. Cette religion est fondée sur la souffrance, donc on
accentue cet aspect. Ce qui était action pour les Grecs (volonté expresse de devenir important,
reconnu, pour exister (politique)) devient péché d’orgueil pour la religion.
Hegel : Selon les philosophes grecs de l’Antiquité, la raison est le propre de l’homme.
Cependant, Hegel montre, dans Les leçons sur la philosophie de l’histoire, que la raison ne
doit plus être prise du point de vue individuel, la raison ayant une histoire (expliciter
rapidement). Elle est en puissance, et les passions jouent un rôle moteur. Ainsi, la passion est
un moyen, puisqu’elle réunit toutes les ressources d’un être humain dans un seul but
(Exemples : Napoléon sur le Pont d’Arcole. Ex de la foule des Parisiens qui, le 14 juillet
1789, prenait la forteresse de la Bastille). En tant qu’énergie du vouloir, la passion devient
action. L’histoire doit permettre le complet développement des possibilités de l’homme.
L’homme est en puissance. L’essentiel de l’être humain est la raison. Et il faut du temps pour
que la raison se découvre elle-même. On peut appeler ruse de la raison le fait que celle-ci
laisse agir à sa place les passions. « Rien ne s’est accompli dans le monde sans passion ».
Nietzsche : Ainsi parlait Z( ?) 2nde considération intempestive : « l’histoire est une
entrave à la vie ». Elle nous empêche de vivre parce qu’elle nous encombre de modèles. Les
hommes sont devenus incapables d’apprécier le présent.
AMOUR :
Un amour de Swann de Proust. Pour Swann, Odette de Crécy ressemble à la Zephora
de Botticelli.
André Comte-Sponville, dans son Petit Traité des grandes vertus, parle de trois
formes d’amour : l’érôs, la joie (philia) et la charité (agapè). Selon lui, seul l’agapè est le
véritable amour. C’est un amour épuré de tout intérêt, de tout désir de possession. Il vit par
l’abnégation de soi, dans le renoncement à ses propres désirs. L’amour doit exclure la
P ou la dépasser. Car l’amour exige de voir l’autre : comme la P me ferait-elle voir l’autre, si
j’y projette toujours mon idéal personnel ? Le passionné se passionne pour un rien - un
strabisme, une ressemblance avec la Zephora – alors que l’amoureux se passionne pour un
tout, car il considère l’être et non son idéal que le passionné projette sur l’être désiré.
Tristan et Iseult : ils aiment ce qui est interdit, troubler l’ordre social : amour =
transgression. Tristan et Iseult contre le reste du monde. La P amoureuse est une émotion
conditionnée : modèles en mémoire (Tristan et Iseult, Roméo et Juliette…). Si l’on ne peut
échapper à la P, c’est d’abord qu’elle se trouve magnifiée par un imaginaire qui vient
l’entretenir. Emma Bovary durant sa jeunesse s’est abreuvée de lectures romanesques, avant
de tomber amoureuse de Rodolphe, croyant enfin vivre la passion qu’elle attendait.
Pascal, dans ses Pensées, voulant montrer combien le destin des hommes est lié aux
passions et aux causes les plus futiles écrit : « le nez de Cléopâtre : s’il eût été plus court,
toute la face de la terre aurait changé ». En effet, l’avenir de l’Egypte n’eut-il pas changé si
elle n’avait eu pour amant ni César ni Antoine ?
Origine des passions :
JJ Rousseau dans l’Emile (IV) : « La source des passions, l’origine et le principe de toutes les
autres, la seule qui naît avec l’homme et ne le quitte jamais tant qu’il vit, est amour de soi ».
La mode fabrique ses canons de beautés qui influent sur le goût et les préférences du
moment ; de même l’esthétique du corps féminin n’a pas toujours été celle qu’elle est
aujourd’hui : à la Renaissance, on préférait les femmes un peu fortes, alors qu’aujourd’hui
l’image idéale est celle d’une femme fine et mince.
La société joue un rôle capital dans la naissance des passions : Spinoza phénomène
d’imitation des affections (Ethique, XXVII) : mimétisme affectif : les affections proviennent
de personnes indifférentes, mais parce qu’elles appartiennent au même genre que nous,
l’humanité, nous les imitons. Le processus est spontané : les enfants rient ou pleurent par cela
seul qu’ils voient d’autres personnes rire ou pleurer.
Pour Descartes, passion = effet du corps sur l’âme. Voir aussi Yago dans Othello
(sang). Traité des passions : Article 47,50 : le corps est comme une machine. Rapport de la
volonté au corps : rapport de dressage. Thérapeutique de ce mal est de l’ordre de la maîtrise. Il
faut renverser le conditionnement par le corps sur la volonté par celui de la volonté sur le
corps. Spinoza dans l’Ethique : Différence entre passions triste et gaies. Spinoza pas d’accord
avec Descartes. Le corps n’est pas une machine. Quand il fait l’apologie de la sagesse, fait
l’apologie du corps tout entier. Donc il faut bien intégrer les passions : le sage n’est pas qq qui
n’a pas de passion, mais quelqu’un qui les change en développant les passions joyeuses plutôt
que les passions tristes qui nous rétrécissent (amour, alcoolisme…). Autre apologiste de la
joie à partir des sensations corporelles : Proust. Le temps retrouvé : explique la félicité par ses
réminiscences (madeleines). A partir d’un son (cueillere de l’hôtel), des pavés sur le trottoir…
Cette joie permet d’échapper au temps : d’où titre trompeur : pas la recherche du temps perdu,
mais de l’éternité. Ce genre de bonheur peut-être provoqué : grâce à l’art. Réorientation de
tout l’être qui fait que l’on perçoit les choses dans leur gloire éternelle : grande découverte.
Depuis Platon nous nous sommes habitués à atténuer la place du corps dans l’être. Le bonheur
n’est pas physique : uniquement celui de l’âme. Sauf quelques philosophes se sont efforcés de
rendre ses lettres de noblesse au corps grâce aux passions : Spinoza et Nietzsche (apologie du
dionysiaque).
La passion est un phénomène causé dans l’âme par l’action du corps. Dans le Phédon, Platon
montre que l’âme a trois fonctions : la fonction désirante (epithumia), qui concerne
l’ensemble des désirs éveillés par les appétits corporels, la fonction de la raison et, entre la
raison et les appétits, le thumos, qui est en quelque sorte le siège d‘une ardeur pouvant se
traduire en colère ou en courage. Ainsi, le corps a un rôle actif dans la genèse des passions,
sans que la raison puisse intervenir. Il s’agit d’une sorte de réflexe du corps (cf Descartes et
Chanut).
Passion et langage :
La passion peut-elle se dire ? I Trois degrés d’expression, correspondant à trois degrés
de maîtrise : 1°) La langage 2°) voix et gestes 3°) le visage. II Communication mise à mal 1°)
par convenances sociales 2°) par le caractère idéal de l’objet de la passion (l’art), par le
caractère ineffable de l’objet de la passion (Dieu) III Conditions de possibilité d’expression de
la passion 1°) l’inspiration 2°) partager le sens commun du goût 3°) partager un code culturel
commun.
Swann : Langage évoque les souvenirs et tout un imaginaire. Les mots l’entretiennent, les
mots la défont. Faire Catleya.
Relier avec Marc Aurèle : remède stoïcien entièrement fondé sur cette maîtrise des mots. Ils
permettent de relativiser les situations et l’intensité de nos émotions.
Phèdre de Racine (I, sc3) : « Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue, Un trouble s’éleva dans mon
âme éperdue ; Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ; Je sentis tout mon corps et
transir et brûler ». La P de Phèdre lui ôte la parole. Mais elle se dit par les gestes.
Rhétorique : La raison souffre d’une terrible injustice : le vulgaire étant peu rationnel, il lui est
plus facile d’être persuadé que convaincu. Un discours passionné peut persuader les foules et
les faire même devenir une puissante passion. Dans l’Antiquité, c’est grâce à cette aptitude à
manier les foules qu’ils accédaient à de hauts postes politiques – cela au grand dam de Socrate
qui rappelle, dans le Gorgias, que cet art est responsable de la perte de puissance d’Athènes
par rapport à Sparte. Par exemple, ce n’est pas par la raison que Marc-Antoine manipule le
public romain, dans la pièce Jules César de Shakespeare. Il s’agit là d’un exemple éclatant
d’adresse rhétorique. En effet, il est plus aisé de persuader la foule en suscitant un sentiment
de culpabilité, d’intérêt – « vous êtes les héritiers » -, de désir – il tarde à lire le testament -,
que de tâcher de convaincre tant d’hommes par la raison, ce qui demande un effort intellectuel
de leur part. Une passion est si vite éprouvée ! La raison ne peut que souffrir de cette injuste
supériorité.
La passion est une bonne chose ?
Descartes, Les passions de l’âme, CCXI. « Les passions sont toutes bonnes de leur nature et
nous n’avons rien à éviter que leur mauvais usage ou leurs excès ». voire crime passionnel.
ans la préface au livre IV de l’Ethique, Spinoza propose de comprendre par « bon » ce qui
renforce notre puissance d’exister et « mauvais » ce qui nous maintient dans la tristesse. Le
bon et le mauvais ne manifestent pas les qualités des choses elles-mêmes, mais leurs effets sur
l’âme. Le « bon » serait alors le « moyen de nous rapprocher du modèle de la nature humaine
que nous nous proposons ». Les passions, telles la crainte ou la superstition, nous
maintiennent dans un état de passivité et d’ignorance, sont des passions tristes. Cf P =
souffrance donc rend triste donc mauvais.
Comme le souligne Nietzsche, dans La Volonté de puissance, « n’avoir pas besoin d’une
formule morale pour approuver la passion que l’on porte en soi, c’est à cela qu’on reconnaît
qu’un homme a le courage de dire oui à sa propre nature. »
On se passionne pour un rien faute de conditions politiques et sociales qui permettent
qu’on se passionne pour quelque chose de grand. Le juste milieu caractérise la doxa. C’est
une sorte de timidité relative à l’action. La doxa française admire les extrêmes (ex photo du
Che sur les tee shirts). Un fantasme d’autant + rêvé que la société dans laquelle nous vivons
est opposées aux extrêmes. Les P ne peuvent pas se transposer dans ce contexte (relier à
H.A ?). Juste milieu = caractérisation pour Nietzsche de l’homme qui n’a pas de volonté de
puissance.
Aldous Huxley : Le meilleur des mondes : prennent des pilules de SPV (succédané de
passion violente). Pilules de soma qui font passer immédiatement le moindre stress : heureux
de faire ce qu’ils font ! Ils ne supportent pas les efforts, mais le corps a besoin de passions.
Religion : tend vers le bien. Saint Thomas définissait la pitié comme « une compassion
pour la misère d’autrui » (Somme théologique, IIa), et la considérait non seulement comme
une passion mais aussi comme la vertu morale la plus importante après l’amour de Dieu. Elle
va dans le sens des devoirs d’entraide que prescrit la morale. Voir passion à cause de
souffrance du Christ.
Kant ne pense pas que l’homme est bon. Anthropologie (note au para2) : cite Lucrèce (chants
5, vers 227-228): Enfant en bas-âge a déjà des réactions capricieuses, de rage, regard
mauvais : méchanceté présente avant même qu’il ne parle. Veut être libre.
Solère : Kant signalait que la passion s’apparente au délire, et que comme lui, rend
aveugle à la réalité. On comprend la succession des métaphores employées dans
L’Anthropologie du point de vue pragmatique (para74) : la passion comme courant qui creuse
toujours plus profondément son lit, comme poison avalé, comme infirmité contractée – en
effet elle nous retranche de l’humanité commune et de ses valeurs – On peut bien envier ceux
qui se mettent en colère –cela soulage, oui, vraiment ! – Jésus le fit bien, contre les marchands
du Temple d’où il les chassa-. Mais jamais on n’enviera les malheureux qui sont en proie à la
passion : ils encourent trop de désagréments. A moins que la passion ne leur soit présenté
comme une bonne chose. Cela ne se produisait guère à l’époque de Kant, dans le pays de Kant
– ou plutôt pas encore : que le romantisme naisse, et la défaveur traditionnelle à l’égard de la
passion disparaîtra. Passion amoureuse, Iseult.
La passion émane du passionné lui-même, si bien qu’il y a consentement à la passion. Comme
le dit Kant (Para81) : « Elle trouve plaisir et satisfaction dans l’esclavage », ce qui fait que
toutes les passions, contrairement à ce que pensait Descartes « sont sans exception
mauvaises ». Elles sont une mauvaise chose car elles entraînent force désagréments. Mais
surtout, elles sont mauvaises, c’est-à-dire véhiculant le mal, corrompant la volonté dans sa
nature même. Par la passion, la volonté cesse d’être bonne, elle cesse de vouloir le Bien, elle
cesse d’écouter la voix du devoir et de l’impératif catégorique. Voilà pourquoi Kant ajoute
que le meilleur des désirs, même s’il s’agit du désir de justice, du désir de bienveillance,
devient « dès qu’il s’épanouit en passion », non seulement nuisible – que l’on pense à
Robespierre ou à Saint-Just ! – mais encore « moralement condamnable ».
La passion est une difficulté constitutive du devoir : pour une être qui ne serait que
pure raison, il n’y aurait pas plus de devoir que de passion, puisqu’il n’y a pas de contrainte là
où il n’y a rien à contraindre.
Hors la passion, point de salut. Le salut est une sorte de guérison définitive. Il s’agit
d’acquérir une sorte d’état d’esprit qui fait que nous sommes toujours au-dessus de la maladie
quelque soit l’état de notre corps, l’esprit n’est pas affecté. Salut = état où nous serions
définitivement forts. Puissance du christianisme : il faut aimer les souffrances elles-mêmes et
s’être véritablement transformé. C’est cela l’effet de la Passion du Christ : c’est une
conversion. Ressent les souffrances comme un bonheur. C’est pourquoi c’est difficile. En fait,
Nietzsche n’a rien compris au christianisme. A pas compris cette conversion, ce salut, cette
puissance. Voir le Pape : être transformé, surcroît de force.
Isolement pour faire face à ses passions :
Marc-Aurèle Pensées pour moi-même. La première proposition du cinquième livre
débute par la remarque « au petit jour, lorsqu’il t’en coûte de t’éveiller, aie cette pensée à ta
disposition : c’est pour faire œuvre d’homme que je m’éveille ».
Mais si l’on considère qu’être maître de soi, c’est tendre vers un modèle transcendant à
soi et aux autres, et que pour s’approcher de ce modèle, il faut obéir aux principes qui en
définissent les traits, nous devons admettre par conséquent qu’on devient d’autant plus maître
de soi que l’on nie son être défaillant, soumis aux passions. Nous sommes ainsi conduits à
l’apparente contradiction : je suis maître de moi quand je refuse d’admettre une part de moimême. Ainsi, obéir à des principes, c’est non pas être maître de moi, mais me rendre esclave
d’un autre rêvé, au sens où je n’ai plus d’individualité ni la liberté qui lui est inhérente. Ex :
dans Antigone de Jean Anouilh, Créon se plaint : il est fatigué d’être roi, en ce sens qu’il lui
faut aller jusqu’à renier une partie de ce qu’il est pour être à la hauteur de l’autre. Il n’est pas
maître de lui, en ceci qu’il a renoncé à sa liberté.
Passion et société :
Il y a des P qui nous rapprochent et d’autre qui nous séparent d’autrui. Si autrui
partage ma P, se crée entre nous un lien par la médiation de notre intérêt commun (association
de philatélie). Mais autrui peut être vu comme un concurrent, qui m’empêche d’aller au bout
de ma P.
La P est dissolution d’autrui, négation de sa dimension d’existence. En projetant une
image fantasmée sur l’être que l’on désire, on nie sa véritable personne, donc la P nous écarte
d’autrui.
Cf dans la passion est-elle bonne : la société nous empêche de faire de grandes choses.
Le regard : L’Être et le Néant : amour y compris dans les gestes : volonté d’annexion
de la liberté des autres. Le regard est la présence en nous d’une hostilité fondamentale de
l’homme pour l’homme. Agression permanente. Pour Levinas, intrusion dans mon monde qui
me fait une obligation de tenir compte de l’autre. On cache le visage du condamné à mort
pour qu’il ne nous regarde pas. A ce moment-là on ne veut pas tenir compte de son humanité.
Regard = lien. Perception par les autres (voir Robinson).
Religion : relier les hommes entre eux ; sentiment d’appartenance à un groupe.
Opposer Levinas à : Passion de soi, d’être aimé, regardé, justifie la société. JJ
Rousseau dans l’Emile (IV) : « La source des passions, l’origine et le principe de toutes les
autres, la seule qui naît avec l’homme et ne la quitte jamais tant qu’il vit, est amour de soi ».
Dans quel homme moi où lui ? ça mène à la politique.
L’homme n’est pas un être isolé. Il se réfère toujours à une société – avec sa langue,
son histoire, ses valeurs, de même sa compréhension, s’élève du contexte historique et social
dans lequel elle se situe. Un compréhension, toujours historiquement située, s’insère dans ce
que Foucault appelait une èpistémè, c’est-à-dire une configuration particulière du savoir, qui
donne son sens à toute activité intellectuelle.
Passion et Art :
La passion n’est-elle pas au fondement de ce sans quoi la vie serait bien fade : c’est-à-dire ici
outre Thalie (Muse de la comédie), Melpomène (muse de la tragédie) ?
La vie ordinaire est décevante et incomplète. Si la vie nous déçoit, c’est parce qu’elle n’a pas
le caractère final de l’œuvre d’art (d’où notre besoin d’art). Ainsi, on peut considérer qu’une
passion nous simplifie. Tristan et Iseult ne vivent que l’un pour l’autre. En concentrant notre
existence autour d’un projet, nous sommes ainsi libérés des contingences ordinaires. Nous
quittons l’existence décevante pour une existence parfaite, avec le sentiment d’être sauvés,
impression de liberté.
L’art ou la feinte passion, N. Grimaldi. Diderot (paradoxe sur le comédien) : le
comédien ne vit pas du tout son personnage, il fait son métier. Il ne se laisse pas envahir par
son personnage. Bergson dans le Rire : vous croyez vraiment que Shakespeare a vécu les
persos d’Hamlet, du roi Lear, de Roméo… ? faut pas être naïf : acteurs = feinte passion.
L’émotion, la P est du côté du spectateur, mais elle est feinte aussi : nous savons très bien
qu’elle n’est pas réelle, c’est une émotion jouée. Même si feinte, elle est essentielle, elle fait
partie de la nature humaine. On aime ça parce qu’on est pas déçu, ça répond à nos fantasmes.
Tout est bien écrit, sans excès, tout se passe comme il faut quand il faut. (voir ma dissert Rire
et larmes)
Il ne s’agit pas pour un génie de mettre de la peinture sur une toile, mais d’y
représenter ses sentiments, sa frustration, ce qu’il est, sa passion. Il a besoin de l’art pour se
réaliser en tant qu’homme, tel Frenhofer – dans l’ouvrage de Balzac Le chef-d’œuvre inconnu
– qui cherche, malgré ses œuvres reconnues et célèbres, à réaliser une œuvre parfaite. Et
lorsque Poussin et Porbus découvrent le chef-d’œuvre dont Frenhofer est si fier, il ne s’agit
que d’un « chaos de couleurs ». Il peut apparaître comme une passion inutile pour les autres
hommes puisqu’il a échoué dans sa recherche du beau, mais il ne l’est pas pour lui, car son
œuvre lui a donné une raison de vivre et un entrain tout particulier. Freud dans son
introduction à la psychanalyse : grâce à l’œuvre d’art, l’artiste rejoint la société (car la P nous
avait retiré de la vie sociale).
Alors que les passions ordinaires sont en esclavage, la passion de l’art, c’est une
passion de la liberté. L’art est la preuve matérielle qu’il y a quelque chose de libre pour la
produire. L’émotion esthétique est perceptible facilement, elle nous stimule et on se demande
pourquoi. On a envie de commenter l’œuvre. Ce besoin de discuter rapproche les hommes.
H.Arendt souligne qu’on sous-estime la fonction politique de l’œuvre d’art.
Il nous faut distinguer le beau du sublime, à l’instar de Kant dans Critique de la faculté
de juger (Livre II, analytique du sublime). Par opposition au beau, qui est fini, le sublime
désigne ce qui nous dépasse. Est sublime ce en comparaison de quoi tout le reste est petit. La
simple beauté de la Zephora éveille en nous une émotion. Le déchaînement de la Grande
vague près de la côte Kanagawa, une estampe d’Hokusai, lui, éveille en nous le sentiment du
sublime, lequel nous permet d’accéder au suprasensible. En somme, dans le sublime, je suis
véritablement confronté à l’infini et la passion tend vers l’infini. Donc ce que recherche la P
dans l’Art est le sublime, cette approche de l’infini.
Hegel, art symbolique : adéquation entre le contenu et la forme est imparfaite et ne
permet pas une représentation suffisante pour stimuler nos P. Equilibre entre la forme sensible
et l’idée dans l’art grec, mais pas révélateur des sentiments humains complexes, de la
souffrance (patior). Art romantique : développement de l’esprit : si la sculpture ne peut
exprimer la concentration de l’esprit, la musique la manifestation extérieure de l’intériorité –
car elle fait résonner l’âme à l’intérieur – la poésie non plus n’est pas suffisante : elle
n’évoque qu’une image imparfaite de la forme corporelle. Pourtant la poésie s’en approchait,
car elle pouvait rendre compte du caractère puissant de la P par le langage. Ex : le poème
Voyage, des Fleurs du Mal, Baudelaire : « Verse-nous ton poison pour qu’il nous réconforte !
/ Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau, / Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel,
qu’importe ? / Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau ! ». (révèle le caractère actif de
la P (nouveau). Seule la peinture est en état de réunir esprit et forme visible. Ex : Radeau de la
Méduse de Géricault. De cette toile – qui représente dix-huit corps nus, naufragés de la
Méduse, une frégate de la marine nationale, échouée au large de Cap Blanc – émane une
puissance commune à la passion. Ces corps fatigués tendant leurs bras, cette mer démontée,
restituent parfaitement les douze jours de cauchemar, durant lesquels se succédèrent, à un
rythme soutenu, épisodes de folie collective, de phase d’abattement et de scènes de meurtres
et de cannibalisme –exclus du tableau mais que l’on peut imaginer !
P = soumission = mal. On comprend que l’art ait voulu la représenter comme un mal.
Une oeuvre qui n’aurait pas les qualités morales attendues des spectateurs ne pourrait plaire.
Les peintres, les artistes se doivent de faire qq chose qui, avant tout, possède une beauté
morale. C’est pourquoi, dans le même temps que l’on expose les P, pour montrer leurs
caractères néfastes, dans des représentations destinées à les faire éprouver auprès d’un public,
on se doit, aussi, de faire qu’elles apparaissent comme immorales. Les pleurs des mère
assistant au massacre de leurs enfants, dans Le Massacre des Innocents, de Poussin, insistent
sur le mal que véhiculent les soldats. Les rires des spectateurs ridiculisent l’Avare de Molière.
Ainsi, comment est perçue la P dans l’art ? Comme un mal !
Dans La Poétique, Aristote souligne les spectateurs sont également concernés. La
représentation des horreurs de la P doit amener à nous purger de ces désirs infâmes. Ainsi,
l’art décharge littéralement de ses P le spectateur pour lui redonner une énergie purifiée.
Proust A la recherche du temps perdu : affirme que, par l’art seulement, nous pouvons
sortir de nous, savoir ce que voit un autre de l’univers. Grâce à l’art, au lieu de voir un seul
monde, nous avons autant de mondes différents qu’il y a d’artistes originaux. L’art permet
ainsi un recul intellectuel qui favorise la réflexion et donc la liberté. En outre, face à une
oeuvre, les hommes éprouvent le besoin de la commenter. Ce besoin de discuter rapproche les
hommes, ce qui pousse H.A à affirmer que l’on sous-estime la fonction politique de l’œuvre
d’art. Si l’art encourage le débat, c’est un début de liberté.
Passion dans l’art :
I Rôle de la P dans la naissance de l’art : ce qui les unit (goût de la puissance, du sublime) et
quel type d’art est le plus susceptible d’exprimer la P :
A] Ne fait pas de l’art qui veut : génie, rapport P – inspiration :insatisfaction nécessaire,
espère l’objet du désir, l’imagine. L’artiste exprime sa frustration : Balzac : ça révèle le
caractère excessif de la P.
B] Ok la P se projette dans l’art, mais aussi l’art peut faire naître des P : Swann. Pourtant
après s’être aperçu qu’elle est nulle, encore passionné (lucidité). Différence entre beau et
sublime (qui désigne ce qui nous dépasse, l’infini).
C] On est + ou – sensible aux formes d’art : Hegel : Poésie s’en approche grâce au langage
(Voyage de Baudelaire).donc peinture le top, ex du Radeau de la Méduse.
II Comment est perçue la P dans l’art, comme un bien ou un mal ? L’art = thérapie ?
A] P = soumission donc un mal. Cf devoir moral de l’art (ex du Massacre des Innocents,
Avare).
B] Rôle pour l’artiste et le public pour Frenhofer. Aristote et La poétique.
C] Donc vertu thérapeutique : elle nous fait prendre conscience des P, Spinoza et
connaissance des P permet de les éradiquer, cf P joyeuses, maîtrise.
III Que recherche la P dans l’art ?
A] Passion feinte : par l’artiste (Shakespeare vu par Bergson), et par le spectateur : Pourquoi ?
alors que nous savons cela faux.
B] Pourquoi ? parce que la vie est nulle, cf besoin de vivre d’autres vies, Dionysiaque de
Nietzsche.
C] Alors que P ordinaires = soumission, P de l’art = P de la liberté : Proust (plusieurs univers)
et fonction publique de l’œuvre d’art.
Connaître ses passions pour les éradiquer :
Dans la préface de l’Ethique, Spinoza critique amèrement le stoïcisme. En particulier, il réfute
l’idée de l’empire absolu de la volonté sur les passions. En effet, l’homme ne possède pas un
libre-arbitre tout puissant. Aussi, pour tâcher de vaincre ses passions, l’homme doit, d’abord,
les connaître, comme le souligne la proposition III de la cinquième partie : « Une affection
qui est une passion cesse d’être une passion sitôt que nous en formons une idée claire et
distincte ». Ex : Descartes : Lettre à Chanut (6juin 1642). La passion, c’est pas grand chose
c’est une question d’éducation des réflexes.
Passion et le temps :
Proust, Le Temps retrouvé Par les réminiscences, impression d’éternité Si nous avions les
moyens de la faire revivre nous aurions les moyens de vivre heureux. Bonheur ne peut être
que quelque chose de personnel, intérieur, que nous créons nous-même. On peut pas
l’imposer de l’extérieur (Robespierre, Marx, Lénine).
Passion et raison :
I Passion de la raison pas possible : A] La raison ne se passionne pas : Descartes, impassibilité
= vertu, Kant. B] Au contraire, la R, l’impassibilité se tourne vers la compréhension :
Spinoza, Chanut, M-Aurèle (mais au risque de se formater à un idéal). C] Pourtant on se
passionne pour la raison (Pascal, Nietzsche).
II La souffrance de la raison : A] Souffre que l’on préfère la rhétorique à elle (Gorgias, Jules
César). B] Raison limitée (Pascal, Bachelard) C] Impassibilité et don pas de politique.
III D’où l’éternel débat : raison ou passion ? A] Hegel. B] Calliclès C] Nietzsche.
Passion de la philosophie :
La passion de la raison ne permet-elle pas d’accéder à l’Idée du Beau en soi, à la
philosophie ? Platon montre bien, dans Le Banquet, qu’il existe un rapport entre le fait d’être
amoureux et le fait de philosopher. Le dernier moment du chemin qui mène à la
contemplation pure de l’Idée du Beau ne peut être atteinte que par un être passionné par la
raison parce qu’ils ont pris la décision de ne pas voir le Sensible.
Platon distingue quatre moments. Dans un premier temps, l’amour des beaux corps ; d’abord
d’un beau corps – celui de l’être aimé -, puis de beaux corps en général. Puis vient l’amour de
la beauté des âmes, et ensuite celui de la beauté morale des occupations, c’est-à-dire de la
conduite privée et publique dans la cité. Finalement débute l’amour de la beauté des sciences,
d’abord, comme les mathématiques ou l’astronomie, puis d’une science, enfin, celle du beau,
c’est-à-dire la philosophie.
Pascal, les Pensées : Pascal, dans ses Pensées, affirme que « La nature de l’amour-propre et
de ce moi humain est de n’aimer que soi et de ne considérer que soi » (P100). Ici, on
comprend aisément que l’homme se passionne pour sa raison. Puisqu’il veut être l’objet de
l’amour et de l’estime des hommes, il risque d’éprouver en lui « la plus injuste et la plus
criminelle passion qu’il soit possible d’imaginer ». En effet, son amour-propre le pousse à
nier cette vérité qui met à jour ses imperfections. Cette aversion pour la vérité souligne que sa
passion de la raison se détourne peu à peu de son réel objectif, pour ne défendre plus que des
causes personnelles.
Nietzsche : Par-delà bien et mal : Leur passion pour la raison pousse les philosophes à
cherche un nouveau savoir qu’ils s’empressent de nommer vérité. Dans Par-delà bien et mal
(1ère partie, paragraphe 2), Nietzsche utilise Kant comme exemple. Ce philosophe était, plus
que tout, fier de sa table des catégories qu’il jugeait être « ce qu’on avait pu tenter de plus
difficile pour la cause de la métaphysique ». En admettant l’exactitude d’une telle table – qui
remonte d’ailleurs à Aristote – il est évident que toute la philosophie allemande s’est reposée
sur cette passion de découvrir de nouvelles choses, qui la glorifient le plus possible. Autre
exemple : Kant nous induit à accepter sa théorie de la morale – tout simplement…
protestante ! Ainsi, il est ridicule de se passionner pour la raison, la philosophie n’étant rien
d’autre qu’un « instinct tyrannique, la volonté de puissance sous sa forme intellectuelle ». On
ne peut alors que se plaindre de la subtile défense d’une idée arbitrairement décidée, d’autant
plus que l’on peut se demander s’il est plus utile de tout juger par rapport à la raison plutôt
que par rapport à la vie. Il est peut-être préférable de conserver un jugement faux, mais qui
promeut davantage la vie qu’un décret raisonnable. La passion de la raison ? Une passion
d’orgueilleux !
Supériorité de la P sur la raison : la P = la vie :
Platon, Gorgias : Le dialogue de Socrate et Calliclès, présenté par Platon dans Le Gorgias,
souligne que l’ont peut choisir entre deux modes de vie, la vie selon la rhétorique et la vie
selon la philosophie. Alors que Socrate prône la sagesse comme maîtrise de soi, Calliclès
affirme que les plus habiles sont ceux qui ont les plus fortes passions. En un sens, le faible est
plus intelligent que le fort. N’étant pas une force qui va, qui crée de toute pièce, il est porté
bien davantage que le fort à observer. Il est moins engagé dans l’action, donc a un recul
intellectuel et donc développe une intelligence. Les faibles développent l’intelligence et la
connaissance, mais aussi l’envie et la haine. Ils sentent bien, en leur for intérieur, qu’ils sont
incapables. Pour Calliclès, les valeurs morales, comme la justice, sont le fruit de la faiblesse et
du ressentiment de la foule. Ainsi, la loi désigne un stratagème des faibles pour asservir les
forts (Préciser). Pour Calliclès, la passion est la vie. Cette idée du fort vaincu par les faibles
est reprise par Nietzsche en parlant du christianisme. Nietzsche : Antéchrist. Le faible se sent
attiré par ce genre de conduite car il y trouve une justification de sa faiblesse. Ce n’est pas
bien de faire du mal. Les faibles sont incapables et se jettent dans le christianisme puisqu’il
leur donne une belle image d’eux-mêmes. A l’inverse, chez les forts, la puissance vitale est
toujours présente. Il sont sources de leurs propres valeurs. La passion chrétienne : souffrance
de Jésus qui représente le modèle, il faut accepter les souffrances, il ne faut pas en vouloir :
« pardonne leur mon père, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Même si le fort est vaincu, il reste
cependant meilleur, puisqu’il est vaincu par le nombre et la mesquinerie.
L’impassibilité :
Qu’est-ce que l’étude de l’impassibilité peut me faire comprendre sur la passion ?
Impassibilité peut être une façade. En guise de protection des souffrances de l’existence. Un
visage impassible ne manifeste rien des affects. Peut-être ainsi un moyen de protéger les
autres contre la contagion de la passion. Ex : rien de plus facile que de susciter la haine. Un
regard haineux est vite suivi de réactions.
Impassibilité comme masque. Pas seulement tricherie. Pudeur : il y a de la pudeur a masquer
ses sentiments non pas par hypocrisie, mais pour éviter d’engendrer des réactions négatives
chez autrui.
Descartes (3ème partie du Discours de la méthode). 1ère maxime : « obéir aux lois et aux
coutumes de mon pays ». Beaucoup de révérence à l’égard des autorités politiques et
religieuses. Il ne nomme pas LE pays ni LA religion : il s’agit de ceux qui dominent là où l’on
est. C’est l’art de passer inaperçu.
Socrate, qu’on accuse d’impiété, ne manque pas les cérémonies religieuses, les sacrifices. Le
philosophe est toujours en porte-à-faux. Toujours en désaccord avec les autres. Son existence
dans la société est problématique.
Impassibilité = vertu : maîtrise, ne pas s’attacher aux émotions de l’autre. Ne pas
donner lieu à toutes les falsifications des êtres humains qui sont dues aux passions. Ex : Pas
besoin d’exciter ma pitié par le spectacle des souffrances. Spinoza : l’Ethique. Règle de vie :
ne pas s’indigner ni s’enthousiasmer, mais comprendre. Impassibilité non pas comme absence
de cœur, mais comme distance par rapport aux fausses passions.
Impassibilité = effort. Non dépendance à l’égard des passions, lutte permanente contre une
partie de soi-même.
Cas particulier : le système totalitaire. Impassibilité en tant que produit d’un système
politique. Obligé pour ne pas être dénoncé.
Impassibilité peut être un mal (jusque là on en a fait l’apologie). Elle exclut la participation à
la vie politique (distance, c’est clair pour Descartes et Spinoza). Pourtant, selon Aristote,
l’être humain a le devoir de participer à la vie politique. Impassibilité apparaît alors comme
quelque chose de coupable. On se fait son petit domaine protégé où l’on n’apparaît pas aux
autres. La participation aux affaires publiques exige la passion. H. Arendt (Condition de
l’homme moderne (début et chap. 5). Elle traite de l’action politique. Grande invention des
Grecs : l’idée démocratique. Le public fait que nous nous hissons là où les autres
reconnaissent notre valeur. C’est se hisser à un autre niveau. La participation à un dessein
collectif. C’est par des belles paroles et des belles actions que l’on est reconnu, selon H.A.
Cette critique de l’impassibilité = apologie d’un certain type de passion : passion de soi. Zoé
et Bios : 2 termes qui veulent dire la vie, le 1er = vie biologique, cyclique (reproduction…), le
2nd caractérise la vie humaine, que l’on représente par une ligne droite. Cette linéarité fait
qu’on oublie les gens ordinaires. Sauf ceux qui ont marqué les esprits par des belles paroles et
des belles actions. Ils ne meurent pas. La gloire est aussi pour les Grecs un succédané
d’immortalité. Ainsi impassibilité = signe d’étroitesse, de faiblesse. Passion nécessaire à
l’expression de l’humanité. La distinction entre l’homme et l’animal recoupe le genre humain
lui-même : seuls les meilleurs – qui constamment s’affirment les meilleurs et préfèrent
l’immortelle renommée aux choses mortelles, sont réellement humains ; les autres, satisfaits
des plaisirs que leur offre la nature, vivent et meurent comme des bêtes.
Liberté et passion :
Liberté par rapport à quoi ? Religion, société (amour de Tristan et Iseult = liberté par rapport à
la société).
Fin de la passion = résurrection : Swann : et dire que j’ai failli mourir pour une fille qui n’était
même pas mon genre.
Politique et passion :
Le système totalitaire n’a pas intérêt à avoir des gens indépendants d’esprit. Mais deux
passions sont utiles : la haine et la crainte. Socialisme d’Hitler qui développe la haine des
juifs. Socialisme international de Lénine qui pousse à la haine de l’ennemi de l’Etat.
L’Esprit des lois, Montesquieu insiste sur ce qui distingue les différents régimes politiques et
ce qu’il appelle leur principe. Monarchie : l’honneur, Démocratie : la vertu ; despotisme : la
crainte. On pourrait dire que ce qu’il appelle principe = passion, car c’est le moteur, c’est un
sentiment fondamental qui maintien l’Etat.
Dans la Condition de l’homme moderne, Essaie de faire revivre l’homme de la cité qui veut
apparaître aux hommes par de belles paroles et de belles actions. = Passion du politique. Il
faut participer aux affaires publiques car dans la vie privée on est au-dessous de ce qu’on a à
être. Ce qui a disparu aujourd’hui, c’est la passion du politique. Différent de la passion de la
politique (manœuvre sournoises (Machiavel), on offre une image…).
Le Prince : Machiavel : Chap XVII : Pour être crédible, doit être cruel : les hommes croient
quand ils ont peur. Ex : Annibal : sa cruauté inhumaine le rendait devant ses troupes vénérable
et terrible. Les autres vertus ne seraient pas suffisantes : ex Scipion trop doux et pitoyable :
son armée se rebella contre lui en Espagne. Il faut sembler être pitoyable, fidèle, humain,
intègre, religieux. Le prince doit donc soigneusement prendre garde que jamais ne lui sorte de
la bouche propos qui ne soit plein des cinq qualités.
La passion du politique a disparu. Avant : humanisme. Aujourd’hui, humanitaire :
grande passions ont disparu : on se rabat sur la souffrance brute. L’humanisme étant une
passion, l’humanitaire est une émotion : on est touché, mais c’est de la sensiblerie.
Voir impassibilité. Rhétorique.
Othello :
Yago dit à Roderigo dans l’Acte I sc ;3 : « Je n’ai jamais trouvé un homme qui sut s’aimer »
(à vérifier…). Selon Yago, est passionné quelqu’un qui ne s’aime pas. C’est quelqu’un qui
place toute sa vie dans une réalité extérieure, donc qui aime dépendre. L’amoureux met toute
sa vie dans l’être aimé, le joueur dans le gain… Pourquoi Othello serait-il noir ? Etonnant
pour un chef à cette époque, qui en plus se marie avec Desdémone fille de Sénateur de
Venise. Pourquoi est-il si passionné, si jaloux ? Parce qu’il ne s’aime pas, lui qui pensait être
accepté malgré sa couleur (au rang, marié à la belle Desdémone…) s’aperçoit qu’on se moque
de lui, qu’on ne le considère que comme ce qu’il est.
Yago : « l’amour est une débauche du sang et une concession de la volonté ». Peut-être est-ce
un peur de la liberté ? Cf Sartre. Peut-être les hommes se précipitent-ils dans une passion pour
donner une forme à leur liberté pour se rassurer.
Du rire et des larmes :
I Causes de nos rires et larmes qui reflètent l’impuissance du langage à exprimer nos
passions :
A] Pourquoi on rit alors que c’est révélateur d’une sensiblerie ? On imagine pas M-Aurèle rire
ou pleurer. Pourtant Tristan et Iseult (lors de leurs retrouvailles et séparations). Du rire et des
larmes jaillit cette passion trop forte et troublante.
B] Ainsi, ce qui caractérise la P est le passage brutal de la joie à la tristesse. Du R « et », donc
puis, des L. Cela révèle la part de désillusion que comporte la P. Voir Swann. Donc P
aliénante (cf liens de Kant). Et par les larmes transparaît notre désir de liberté de se
débarrasser des Odette de Crécy. Ex : les larmes du bébé (Anthropologie du Pt de vue prag).
Donc larmes remplacent le langage.
C] Mais on peut le comprendre pour un bébé, mais pour un adulte ? Rhétorique peut faire
naître des passions chez les autres, mais pas toujours d’exprimer sa passion. Ex Phèdre.
II Par le Rire et les larmes nous cherchons à capter les regards : rapport société.
A] Si on était seul on ne rirait ou pleurerait pas (ex Robinson). Pourtant on pleure seul dans sa
chambre. Parce qu’on associe l’idée d’être triste aux larmes : la société est en nous.
B] Besoin de partager ses P ou celles des autres. Spinoza mimétisme affectif. Rire à une
blague pourrie, pleure à un enterrement de qq dont on se fout alors qu’on ne s’est jamais
autant senti vivant.
C] Donc on pleure ou rit pour faire connaître nos passions aux autres, pour être regardés.
Opposer Rousseau (amour de soi) et Levinas + Sartre. Conclut : P = ciment de toute société.
III Rire = recul, critique, raison. Larmes = passionné, sensibilité. Du R et des L, que choisir ?
A] Rire = moquerie (Bergson) : on se moque des attitudes passionnées, on se fonde sur la
raison. Larmes = sensibilité à ce qui se passe : ça peut être la marque de celui qui se sait
passionné et le souhaite. Donc Socrate vs Calliclès.
B] Calliclès a pas tort : Le Prince doit faire rire et surtout pleurer. La religion a bien servi en
cela l’autorité occidentale. Souffrance – Christ. Donc passion mal vue, donc limite l’action.
C’est repris par les systèmes totalitaires : on veut limiter l’action : ni rire ni larme.
C] Pourtant on les recherche dans l’Art. : seule liberté et vrai bonheur.
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