prouvé que les lessives 'Oates ne polluaient pas" n a prouve le contrbire. 4M111, krmotkri cons.,mnaieur Anyee.w. 47 . 3 700G La campagnepublicitaire de Quadrillagepour unc lessive écologique ct celle d'Alice pourRhône-Poulenc, interdite parle GSA marketing m'appelle le « bénéfice produit » ? Ici intervient une immense nouveauté : les Français, gagnés par un stress existentiel, se mettent au vert. L'agence Quadrillage démarre la campagne. En quelques mois, la part de marché de le Chat triple. Message reçu : Ariel dégaine à son tour sa formule écolo. Du coup Rhône-Poulenc se rebiffe. La meilleure défense étant l'attaque, le groupe français, par pleines pages de publicité, explique qu'on ment aux Français, que les phosphates, c'est bon pour la nature. Judas, c'est ce Chat qui miaule à la mort dans les violons d'un groupe qui se targue de fabriquer un nouveau monde propre et sain. Les journalistes reçoivent d'épais dossiers techniques pro-phosphates. Il faut cependant frapper encore plus fort l'attention. o Toute la tradition publicitaire anglaise ou allemande repose sur une ahurissante violence quand il s'agit de sujets de société », dit Nicolas Monnier, d'Alice, l'agence de Rhône-Poulenc. Alors, pourquoi ne pas les imiter ? Voila donc un poisson dans un bassin d'eau sans phospha- tes. Il crève, ventre en l'air. Le CSA décide quand même à la mi-décembre d'interdire ce spot de télévision. Trop violent. Diffamatoire. Soit. Les panneaux publicitaires prendront le relais. o Quels produits remplacent les phosphates dans les lessives ? Des produits qui menacent la vie aquatique. » Cette fois-ci, à le Chat de protester contre une campagne d'une o exemplaire brutalité ». Les juges de la cour d'appel de Versailles ordonnent le 12 février la cessation immédiate de la campagne de Rhône-Poulenc contre les lessives sans phosphates. Henkel France n'a pas attendu ce jugement pour relancer l'attaque. Un deuxième spot fait témoigner l'Europe verte en faveur des lessives sans phosphates : 46 % de part de marché en Belgique, 85 % aux PaysBas, 92 % en RFA, 95 % en Italie, 100 % en Suisse. La lutte finale ne fait que commencer. Un combat années 90 de société industrielle civilisée: Années d'éthique et d'arguments éthiques. Les marques vont de plus en plus‘se prévaloir d'une éthique civique, humanitaire, universelle quitte mettre en cause d'importants intérêts industriels. Après les contradictions au sein du peuple, les contradictions au sein de l'industrie. Philippe Gavi lessive à l'allemande le Chat lave-t-elle plus vert grâce à son absence de phosphates — sachant d'ailleurs que le groupe Henkel est, aussi, un gros producteur de lessives avec phosphates... ? Ou bien est-ce René Riu, directeur de V« activité détergence » chez Rhône-Poulenc, qui a raison d'affirmer : « Les phosphates, c'est bon, sain et naturel, sinon, on n'alimenterait pas les bébés avec des produits genre Phosphatine ? C'est — une fois n'est pas coutume— le Français (Rhône-Poulenc) qui a ouvert le feu face à l'Allemand. D'abord sournoisement. Le géant des phosphates a rassemblé toute la documentation scientifique disponible sur les éventuels méfaits écologiques des lessives sans phosphates. Et sur les incertitudes concernant le processus de l'eutrophisation par phosphates interposés. Puis il a commandité quelques reCherches complémentaires. Le dossier compile en vrac des déclarations du ministre de l'Environnement du SchleswigHolstein, constatant. telle ou telle prolifération d'algues en mer du Nord malgré l'absence de phosphates. Des études brésiliennes ou tunisiennes exonérant les phosphates de l'eutrophisation constatée localement— dans des pays où on se lave beaucoup... Des rapports irréprochables, émanant de l'Institut Pasteur de Lyon, et illustrant les méfaits des lessives « sans » A cet égard, le professeur Paul Chambon précise deux choses 1) « Les conditions de laboratoire ne sont pas celles de la nature. » 2) o Que. Rhône-Poulenc ait financé nos travaux n'a évidemment rien à voir avec le fait que les résultats lui sont favorables. » A partir de la, Rhône-Poulenc a monté l'audacieuse campagne publicitaire que l'on sait, montrant des poissons crevés, le ventre en l'air, laissant entendre que ces malheureux poissons étaient victimes des affreuses lessives « sans » Rhône-Poulenc un Chat dans la gorge o Oui à la propreté », « Oui à l'environnement 0. Européennes 89 : sur les affiches, non pas un parti vert, juste un paquet de lessive. Le Chat Machine L'offensive a été déclenchée deux mois plus tôt, en février, avec pour cadre une campagne paisible qu'il a fallu filmer au Portugal, les arbres de l'Hexagone ayant la fâcheuse manie de perdre leurs feuilles en hiver. Un type, genre blaireau bienveillant, petit-fils de la Mère Denis, pose sa valisette de le Chat Machine sur une haie en expliquant qu'elle est très bien, sa poudre, et en plus elle est sans phosphates. Elle est bonne pour l'environnement. Les autres, non ? Silence. Henkel ne va quand même pas se faire lavage-kiri. Car Henkel France, c'est aussi Supercroix, X'Tra, Mir Couleurs, des détergents aux phosphates. Le groupe allemand a hesite, apres le rachat en 1986 de l'Union générale de Savonnerie, a se jeter en France a l'eau sans phosphates. Le Chat Machine reste une lessive marginale qui indique timidement sur sa valisette son « sans phosphates ». Quel avantage la publicité peut-elle valoriser, ce que en jargon engrais pour les algues, mais aussi pour les céréales et autres plantes terrestres, on ne se prive donc pas de les employer à.hautes doses). Et il y a aussi, comment dire? pardon ! nos... déjections. Hé oui ! nous sommes tous des producteurs de phosphates qui s'ignorent. Alors, vous avez d'un côté Rhône-Poulenc, la célèbre multinationale étatique française, qui ne fabrique pas de « produits lessiviels » mais est numéro deux mondial (et numéro un européen) des producteurs de phosphates. Et, de l'autre côté, le groupe allemand Henkel, qui a racheté notre chère vieille marque le Chat, pour commercialiser en France, sous un label sympa, fleurant bon le savon de Marseille, des lessives sans phosphates, réputées écologiques. Il n'en fallait pas davantage pour déclencher un nouveau conflit franco-allemand, encore plus irrationnel — mais jusqu'ici moins meurtrier—que les précédents. La 80 LE NOUVEL OBSERVATEUR /NOTREÉPOQUE do RHÔNE-POULENC