
I. Revue de la littérature
1.1.Union monétaire et intensité des échanges
L’union monétaire pourrait influencer les échanges dans la mesure où elle implique une
réduction de l’incertitude sur le taux de change, les coûts de transaction et simplifie le calcul
des coûts et les décisions de fixation des prix (Lochard, 2005). Le principal problème, comme
le soulignent Krugman et Obstfeld (2009), est que contrairement au commerce international
dont les effets théoriques sont bien identifiés et peu contestés, l’intégration monétaire, au
contraire, fait référence à des questions sophistiquées et ambiguës. La présence simultanée
d’effets positifs et négatifs rend la tâche compliquée pour qui veut comprendre, d’un point de
vue théorique, les effets de l’union monétaire sur le commerce. Mais cette question peut
néanmoins être envisagée d’un point de vue empirique.
Plusieurs études ont été effectuées en vue d’analyser l’effet des unions monétaires sur les
échanges, la synchronisation des cycles macroéconomiques et la convergence
macroéconomique des Etats considérés. Ces dernières s’inscrivent dans une vision endogène
des critères d’optimalité des zones monétaires identifiés par Frankel et Rose (2000).
La plupart des études visant à estimer la dynamique des échanges au sein d’une zone
monétaire aboutissent à la conclusion selon laquelle la formation d’une union monétaire
accroit le niveau des échanges entre pays considérés (Rose (2000), Rose et Van wincoop
(2001), Fontagné et al (2001), Rose (2002), Gbetnkom et Avom (2005), Nitsch (2008)).
L’étude pionnière a été effectuée par Rose (2000), qui sur un échantillon de 186 pays et des
données couvrant la période 1970 – 1990, a montré que deux pays appartenant à une union
monétaire commercialisent 3,3 fois plus entre eux que s’ils avaient des monnaies différentes.
Presque toutes les recherches ultérieures sur l’impact des unions monétaires sur les échanges
commerciaux bilatéraux cherchaient à vérifier ce résultat jugé très optimiste (Rose, 2002). Ce
« procès » du modèle de Rose s’appuyait sur des critiques liées d’une part à l’échantillon
utilisé, et de l’autre à la technique d’estimation. Plus formellement, trois types de biais ont été
reprochés à ce modèle :
un biais d’agrégation, dû à la prise en compte d’unions monétaires trop hétérogènes,
un biais d’auto-sélection, créé par une corrélation entre la variable d’union monétaire
et les autres variables explicatives du modèle,
et un biais de variables omises (Lochard, 2005). Par exemple, on peut avoir des
variables inobservables (ou incontrôlables) qui expliquent le niveau des échanges