UNE RÉVOLUTION DANS LA PRÉVENTION DU CANCER GRÂCE AUX VACCINS Photo: GAVI/2012 Youngblood Les causes infectieuses des cancers La récente mise en évidence d’une corrélation claire entre certaines infections et des cancers humains a permis de mieux comprendre les causes sous-jacentes de certains cancers et ouvert de nouvelles perspectives pour la prévention de cette maladie. Les données les plus récentes indiquent que 16% de tous les cas de cancer survenant dans le monde sont causés par des infections. Les quatre principaux agents infectieux à l’origine de cancers sont les virus des hépatites B et C, le papillomavirus humain et Helicobacter pylori, responsables à eux seuls de 1,9 millions de cas de cancer chaque année, principalement des cancers du foie, du col de l’utérus et de l’estomac. La proportion des cancers liés à des infections est beaucoup plus élevée dans les pays moins développés que dans les pays industrialisés. En Afrique subsaharienne, un cancer sur trois est imputable à des agents infectieux, contre un cas sur 35 seulement aux Etats-Unis d’Amérique.et en Australie. Deux vaccins sûrs et efficaces permettent actuellement de prévenir des cancers liés à des infections: le cancer du foie grâce au vaccin contre l’hépatite B et le cancer du col de l’utérus grâce au vaccin contre le papillomavirus humain. L’Alliance GAVI accélère l’introduction du vaccin contre l’hépatite B dans les pays en développement En 1992, l’OMS a recommandé un effort mondial de vaccination contre l’hépatite B, mais l’utilisation des vaccins a été ralentie dans les pays les plus pauvres en raison de leur prix élevé. Le soutien de l’Alliance GAVI à la vaccination contre l’hépatite B a commencé en 2000, année du lancement de l’Alliance. Cette aide a permis une accélération spectaculaire de l’introduction de ce vaccin dans les pays à faible revenu. En 2004, la moitié des pays les plus pauvres de la planète avaient déjà introduit les vaccins contre l’hépatite B. Aujourd’hui, presque tous les pays à faible revenu ont introduit ces vaccins dans leurs programmes de vaccination de routine. “Il existe deux très bons vaccins qui peuvent réduire le nombre de cancers à travers le monde d’environ 10%. Mais il nous faut aussi des vaccins contre d’autres virus et bactéries qui causent le cancer. Les vaccins ont le potentiel de diminuer de 20% la charge mondiale du cancer.” Prof. Ian Frazer, Inventeur du vaccin contre le VPH Le vaccin contre l’hépatite B assure une protection efficace et de longue durée contre le cancer L’infection par le virus de l’hépatite B au cours de la petite enfance et de l’enfance augmente le risque de développer un cancer plus tard. Dans les zones de forte endémie, les modes de transmission les plus communs sont la transmission de la mère au nourrisson (transmission périnatale) et l’infection durant la petite enfance. Là où les taux d’infection par l’hépatite B sont élevés, la vaccination des nourrissons a non seulement permis de réduire le risque d’infection mais a aussi entraîné une réduction marquée du nombre des porteurs chroniques. Actuellement, la plupart des pays bénéficiant du soutien de GAVI fournissent un vaccin pentavalent, sous forme de vaccin 5 en 1 qui protège par une seule injection contre l’hépatite B, la diphtérie, le tétanos, la coqueluche et l’haemophilus influenzae de type b (Hib). Ce vaccin associé est plus facile à administrer et permet d’obtenir plus rapidement une large protection. Le soutien de GAVI a incité de nouveaux fabricants à entrer sur le marché, contribuant ainsi à favoriser une saine émulation qui fait baisser les prix. De 3,61 dollars en 2007, le prix d’une dose de vaccin pentavalent a chuté de 30% pour atteindre 2,49 dollars en 2011. UICC – Membre fondateur de l’Alliance contre les MNT – pour donner l’impulsion à une action internationale contre l’épidémie mondiale des maladies non transmissibles, dont le cancer fait partie. La vaccination à l’aide du vaccin contre l’hépatite B croît rapidement En 2011, les pays avaient vacciné 296 millions d’enfants supplémentaires contre l’hépatite B avec l’appui de GAVI. On estime que cela a permis d’éviter environ 3,7 millions de décès ultérieurs par cancer du foie et d’autres maladies liées à l’hépatite B. GAVI redoublera d’efforts et prévoit de soutenir la vaccination de 230 millions d’enfants supplémentaires à l’aide de vaccins pentavalents d’ici 2015. Les vaccins anti-VPH à l’avant-garde contre le cancer du col de l’utérus Le cancer du col de l’utérus est la principale cause de décès par cancer chez la femme en Afrique subsaharienne. En Amérique latine et en Asie, davantage de femmes décèdent du cancer du col de l’utérus que de causes liées à l’accouchement. A défaut d’améliorations en matière de prévention et de lutte contre la maladie, le nombre annuel de décès dus à ce type de cancer devrait passer de 275 000 en 2008 à 433 000 d’ici 2030, la quasi-totalité de cette augmentation se produisant dans les pays en développement. Pratiquement tous les cancers du col de l’utérus sont causés par le virus du papillome humain (VPH), hautement transmissible par contact sexuel et qui infecte la plupart des hommes et des femmes sexuellement actifs à un moment ou à un autre de leur vie. La vaccination contre le VPH est préventive et n’est donc efficace que si elle est effectuée avant qu’une personne soit infectée. Il est donc crucial, pour prévenir le cancer du col de l’utérus, que les jeunes filles soient vaccinées avant le début de leur vie sexuelle; c’est à dire avant de risquer d’être exposées pour la première fois au VPH. La vaccination associée au dépistage et au traitement constituent la meilleure stratégie Les vaccins contre le VPH actuellement disponibles permettent de prévenir environ 70% des cas de cancer du col de l’utérus, dont ils devraient en outre réduire sensiblement l’incidence et la mortalité. Ils ne protègent cependant pas contre toutes les souches cancérigènes de ce virus. Le cancer du col de l’utérus peut facilement être soigné si les lésions précancéreuses sont détectées et traitées à temps. Le dépistage et la prise en charge systématiques ont permis de réduire de manière spectaculaire la morbidité et la mortalité associées à ce type de cancer dans les pays riches et des approches de “dépistage et traitement” innovantes se sont révélées efficaces dans les pays à faible revenu. La stratégie la plus prometteuse pour réduire rapidement la charge que représente le cancer du col de l’utérus consistera à vacciner les jeunes filles tout en procédant au dépistage et au traitement des femmes. La prévention est cruciale pour réduire le nombre de cas et de décès dus au cancer. S’agissant des pays en développement, tant les vaccins que le dépistage des lésions précancéreuses du col de l’utérus offrent des solutions technologiques permettant de gagner ce combat. L’Organisation mondiale de la Santé recommande de vacciner les jeunes filles de 9 à 13 ans contre le VPH dans le cadre de programmes nationaux de vaccination dans les pays où: • le cancer du col de l’utérus constitue une priorité de santé publique • il est possible d’introduire des vaccins • un financement durable peut être assuré • les vaccins sont considérés comme rentables L’ Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination (GAVI) est un partenariat public-privé réunissant des pays en développement et des gouvernements de pays donateurs, l’OMS, l’UNICEF, la Banque mondiale, des fabricants de vaccins, des instituts techniques et de recherche, la société civile, la Fondation Bill et Melinda Gates et d’autres organisations philanthropiques. GAVI a pour mission de sauver la vie des enfants et de protéger la santé des populations en améliorant l’accès à la vaccination dans les pays les plus pauvres. GAVI apporte son soutien au déploiement des vaccins contre le VPH A la suite de l’homologation de deux premiers vaccins contre le VPH en 2006, les pays riches les ont rapidement introduits dans leurs programmes de vaccination de routine. A la fin de l’année 2010, ces vaccins avaient déjà été introduits dans 37 pays, dont deux seulement sont des pays en développement. GAVI s’efforce de combler les inégalités en matière d’accès aux vaccins contre le VPH dans les pays les plus pauvres. Une collaboration a été établie avec les fabricants en vue de réduire de manière significative les prix de ces vaccins afin de les rendre abordables pour les pays en développement. En 2012, GAVI a invité les pays qui en remplissent les conditions requises à solliciter une aide à l’introduction des vaccins contre le VPH dans leurs programmes de vaccination de routine. Les pays peuvent déposer leur candidature de deux manières différentes. Les propositions de financement pour l’introduction des vaccins au niveau national doivent apporter la preuve que les pays sont capables de vacciner les jeunes filles de 9 à 13 ans. Les pays qui manquent d’expérience peuvent solliciter une aide pour des projets de démonstration d’une durée de deux ans qui leur permettront de se familiariser par la pratique avant de demander une aide au financement de l’introduction au niveau national. Les premiers pays introduiront le vaccin dès 2014, assurant à des millions de jeunes filles un avenir exempt de la menace du cancer du col de l’utérus. La promesse de nouveaux vaccins contre le cancer Les vaccins permettent de faire un pas de géant en matière de prévention des cancers causés par des agents infectieux. Grâce à l’accélération de la recherche et aux progrès technologiques, on voit poindre à l’horizon de nouveaux vaccins contre d’autres infections liées au cancer, comme H. pylori, le virus Epstein-Barr et celui de l’hépatite C, ce qui laisse présager une révolution tranquille en matière de prévention de la maladie. 1. Les vaccins permettent de faire un pas de géant en matière de prévention des cancers causés par des agents infectieux tels que le virus de l’hépatite B et le virus du papillome humain. Grâce à l’accélération de la recherche et aux progrès technologiques, on voit poindre à l’horizon de nouveaux vaccins contre d’autres infections liées au cancer, comme H. pylori et le virus de l’hépatite C, ce qui laisse présager une révolution tranquille en matière de prévention de la maladie. Sources: Site web de l’Alliance GAVI : www.gavialliance.org/fr • de Martel C, Ferlay J, Franceschi S et al. Global burden of cancers attributable to infections, Lancet Oncology, publié en ligne le 9 mai 2012 www.thelancet.com/oncology • Protection contre les infections à l’origine de cancers http://www.uicc.org/programmes/report-protection-against-cancer-causing-infections • Prévention des maladies non transmissibles, du VPH et du cancer du foie, UICC • Non-communicable diseases: a priority for women’s health and development http://www.ncdalliance.org/women • Progress in Cervical Cancer Prevention: The CCA Report Card www.cervicalcanceraction.org/pubs/CCA_reportcard_low-res.pdf • Cancer, aide-mémoire n° 297 fév. 2012, Organisation mondiale de la Santé http://www.who.int/ mediacentre/factsheets/fs297/fr/index.html • Données mondiales sur la vaccination, mai 2012, Organisation mondiale de la Santé • Non-communicable diseases: a priority for women’s health and development http://www.ncdalliance.org/node/3283 gavialliance.org 2 Chemin des Mines 1202 Geneva Switzerland uicc.org Tel. + 41 22 909 65 00 Fax + 41 22 909 65 55 www.gavialliance.org [email protected] UNION FOR INTERNATIONAL CANCER CONTROL UNION INTERNATIONALE CONTRE LE CANCER 62 route de Frontenex • 1207 Geneva • Switzerland Tel. +41 (0)22 809 1811 • Fax +41 (0)22 809 1810 • [email protected] • uicc.org Septembre 2012