Les causes du déficit de la balance commerciale sont donc à la fois conjoncturelles et
structurelles. Ainsi, aux effets de la crise mondiale et du décalage conjoncturel entre la
dynamique de croissance de l'économie marocaine et celles de ses principaux
partenaires étrangers, qui sont temporaires, s'ajoutent des causes plus profondes : le
caractère peu diversifié et peu élastique de l'offre exportable, la dynamique de croissance
tirée par la demande interne ou encore les différentes politiques économiques,
commerciales, budgétaires et monétaires menées jusqu'à présent.
La ponction sur les réserves de changes
L'aggravation du déficit commercial sur 2011 et 2012 est telle que l'excédent de la
balance des services, les transferts reçus de l'étranger et les investissements directs ne
parviennent plus à compenser. Si bien que le pays a dû puiser dans ses réserves pour
éponger le déficit global de la balance des paiements.
Les réserves de changes exprimées en mois d'importations ont ainsi été divisées par
deux entre 2009 et 2012 pour atteindre 4,4 mois. Sur la même période, les charges de la
dette du Trésor (principal et intérêt) se sont accrues de 43%, passant de 7,8 milliards de
dirhams en 2009 à 11,2 milliards en 2012, selon les chiffres de la Trésorerie générale du
royaume.
Quel serait l'impact d'une dévaluation ?
Face à une telle dégradation du déficit commercial, l'idée d'une dévaluation du dirham a
ressurgi pour booster la compétitivité des exportations et décourager les importations.
Dans la théorie économique, une dévaluation a des effets positifs et négatifs sur
l'économie. Elle engendre un effet compétitivité qui encourage les exportations - puisque
le prix des produits nationaux exprimé en monnaie étrangère diminue - et réoriente la
demande intérieure vers la production nationale, en renchérissant le prix des produits
importés exprimé en monnaie nationale.
Plus d'inflation et un service de la dette plus lourd
En revanche, elle entraîne un accroissement de l'inflation, à la fois par l'augmentation
directe des prix des produits finis importés, et par l'augmentation des prix des
consommations intermédiaires importées qui se traduit par une augmentation des coûts
de production et donc des prix. Enfin, la dévaluation renchérit le coût du service de la
dette extérieure, par nature contractée en devise.
Concernant le solde de la balance commerciale, une dévaluation a deux effets de sens
opposés : un effet-prix qui, dans un premier temps, dégrade le solde - puisque la
dévaluation accroit le prix des importations et diminue celui des exportations - et un effet
quantité qui, dans un second temps, l'améliore, puisque compte tenu de l'évolution des
prix les quantités exportées sont censées augmenter et celles importées diminuer.
La durée de la période transitoire de dégradation du solde dépend de l'élasticité-prix des
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