Changement de phase d`un corps pur et pression de vapeur saturante

Changement de phase d’un corps pur
et pression de vapeur saturante
R´
esum´
e
Cette s´
eance de travaux pratiques a pour objectif essentiel l’´
etude d’un changement de phase d’un corps pur, `
a savoir la vapo-
risation de l’eau. En pratique, sous l’effet d’un apport de chaleur intense, une masse d’eau contenue dans un r´
eservoir ferm´
e se
vaporise, cr´
eant une phase gazeuse form´
ee exclusivement d’eau en ´
equilibre avec la phase liquide. Les mesures de la temp´
erature
et de la pression dans la phase gazeuse permettent de proposer une loi comportementale de la pression de vapeur saturante en
fonction de la temp´
erature. Cette loi sera compar´
ee aux lois de la litt´
erature.
Mots-cl´
es : changement de phase, corps pur, chaleur latente
1. Introduction
Le changement de phase est un ph´
enom`
ene mettant en
jeu la cr´
eation ou la destruction de liaisons intermol´
eculaires
extrˆ
emement fortes. De fait, un changement de phase permet
notamment le stockage ou le d´
estockage d’importantes quan-
tit´
es d’´
energie. La chaleur latente, grandeur quantifiant le ni-
veau d’´
energie mis en jeu au cours du changement de phase,
repr´
esente donc un param`
etre fondamental dans le cadre de
l’optimisation des syst`
emes permettant la transmission et/ou
le stockage d’´
energie.
Le changement de phase est aujourd’hui -et depuis long-
temps d´
ej`
a- au coeur de la technologie qui nous entoure. A
titre d’illustration, on peut citer la vaporisation/liqu´
efaction
des fluides caloporteurs que met en oeuvre tout r´
efrig´
erateur.
Les travaux ici propos´
es vous permettent d’appr´
ehender
de fac¸on exp´
erimetale le changement de phase d’un coprs
pur par l’interm´
ediaire de l’´
evolution avec la temp´
erature de
la pression de vapeur saturante de l’eau. Le dispositif permet
en effet de chauffer un volume d’eau liquide en ´
equilibre
avec sa vapeur. La courbe obtenue exp´
erimentalement est
ensuite compar´
ee aux lois fournies dans la litt´
erature, puis
utilis´
ee afin d’´
evaluer l’enthalpie de vaporisation -encore ap-
pel´
ee chaleur latente- de l’eau en fonction de la temp´
erature.
Les parties surlign´
ees attirent votre attention sur les
moments-cl´
es de la s´
eance.
2. Pr´
esentation du dispositif
2.1. Manipulations
Les capteurs de temp´
erature et de pression sont
tout particuli`
erement fragiles. Il est donc important de
maˆ
ıtriser vos gestes si vous ˆ
etes amen´
es `
a manipuler les
´
el´
ements se trouvant sur la face arri`
ere du dispositif .
2.2. Corps d’´
etude
La figure 1 expose les diff´
erents organes du disposi-
tif exp´
erimental ´
etudi´
e. L’eau liquide d´
emin´
eralis´
ee est en-
ferm´
ee `
a l’int´
erieur du r´
eservoir. Une r´
esistance chauffante
est ins´
er´
ee dans le volume d’eau par le fond du r´
eservoir et
permet l’´
eventuelle vaporisation.
La quantit´
e d’eau initialement introduite (1,7 L) est telle
que le niveau est immerg´
e. La purge en air a ´
et´
e r´
ealis´
ee au
travers de la vanne de purge, de sorte que le volume laiss´
e
`
a la phase gazeuse contienne quasi-exclusivement de l’eau
sous forme vapeur.
Le conduit passant par le niveau n’a pas ´
et´
e thermique-
ment isol´
e comme le reste de l’installation, de sorte que
la vapeur d’eau, contenue dans la partie haute du volume,
s’y condense tr`
es partiellement. Sous l’effet de la gravit´
e,
l’eau condens´
ee retourne vers le r´
eservoir, cr´
eant ainsi un
´
ecoulement dans le sens horaire. Cet ´
ecoulement permet de
supposer qu’`
a tout instant, l’´
equilibre thermodynamique est
´
etabli dans le volume d’´
etude, pour peu que la puissance ca-
lorifique apport´
ee par la r´
esistance chauffante soit mod´
er´
ee.
La r´
esistance chauffante est aliment´
ee par le module de
contrˆ
ole reproduit en figure 2.
2.3. Syst`
eme de contrˆ
ole
Le module de contrˆ
ole (cf. fig.2) est aliment´
e
´
electriquement par le secteur (220 V). L’interrupteur
g´
en´
eral permet de l’allumer et de l’´
eteindre. L’intensit´
e
´
electrique fournie `
a la r´
esistance chauffante peut ˆ
etre r´
egl´
ee
par le biais du potentiom`
etre situ´
e en bas `
a droite du module.
Deux afficheurs localis´
es au dessus de ce potentiom`
etre
permettent d’´
evaluer l’intensit´
e et la tension d’alimentation
de la r´
esistance chauffante et d’ainsi acc´
eder `
a la puissance
lib´
er´
ee par effet Joule au sein de cette r´
esistance.
Le signal ´
emis par les deux thermocouples est lu par ce
module, qui le convertit en terme de temp´
erature sur l’affi-
cheur central.
2.4. M´
etrologie
Deux capteurs permettent les mesures simultan´
ees de
la pression et de la temp´
erature dans la phase vapeur. Le
troisi`
eme capteur (thermocouple 2) n’est pas utilis´
e au cours
de cette s´
eance.
Le thermocouple 1 produit une tension dont le signal est
une application affine de la temp´
erature. Cette tension est lue
par le syst`
eme de contrˆ
ole, qui r´
ealise la conversion lue sur
l’afficheur (cf. Fig.2).
3. Consid´
erations th´
eoriques
On rappelle ici des ´
el´
ements d’analyse th´
eorique li´
es `
a
l’´
equilibre d’un corps pur sous deux phases.
3.1. Chaleur latente
La chaleur latente massique l12 d’un corps pur est l’en-
thalpie massique, not´
ee h12, de transition de phase entre
l’´
etat du corps int´
egralement sous la phase 1 et l’´
etat du corps
int´
egralement sous la phase 2. C’est la quantit´
e de chaleur
n´
ecessaire pour r´
ealiser de fac¸on r´
eversible, `
a temp´
erature
et pression constantes, la transition de phase de l’unit´
e de
masse du corps, depuis la phase 1 vers la phase 2 :
l12 =Z2
1
δQp(1)
D’apr`
es le premier principe de la thermodynamique ap-
pliqu´
e`
a cette unit´
e de masse, on montre que :
δQp=dU +p dV =dU +d(pV ) = dH (2)
d’o`
u :
l12 = ∆h12 (3)
D’apr`
es le second principe de la thermodynamique, tou-
jours appliqu´
e`
a cette unit´
e de masse, on montre ´
egalement
que :
δQp=T dS (4)
d’o`
u :
l12 =Ts12 (5)
3.2. Pression de vapeur saturante
Nous consid´
erons ici un syst`
eme thermodynamique
constitu´
e d’un corps pur de masse m,`
a l’´
equilibre thermo-
dynamique caract´
eris´
e par la temp´
erature Tet la pression p.
Supposons que dans ces conditions, le corps soit suscep-
tible de se trouver en ´
equilibre sous les phases 1 et 2. Par ex-
tensivit´
e de la fonction d’´
etat enthalpie libre, l’enthalpie libre
totale Gdu syst`
eme est la somme des enthalpies libres mas-
siques g1(T, p)et g2(T, p)de chacune des phases, pond´
er´
ees
par leur masse respective m1et m2:
G=m1g1(T, p) + m2g2(T, p)(6)
soit, en notant x=m1/m la fraction massique de la phase
1 dans l’ensemble du syst`
eme et en remarquant que m2=
mm1:
g(T, p, x) = G
m=x[g1(T, p)g2(T, p)] + g2(7)
L´
equilibre du syst`
eme n´
ecessite alors en particulier :
dg
dx = 0 (8)
D’o`
u la relation `
a l’´
equilibre :
g1(T, p) = g2(T, p)(9)
Cette derni`
ere ´
egalit´
e implique l’existence
de la relation p(T)liant la pression `
a la
temp´
erature du syst`
eme au cours du change-
ment de phase. Dans le cas d’une vaporisation, la
pression de la phase vapeur en ´
equilibre avec la phase liquide
est appel´
e pression de vapeur saturante et not´
ee ps(T).
3.3. Relation de Clapeyron
Consid´
erons `
a pr´
esent l’´
equilibre des deux phases en
des conditions thermodynamiques infiniment voisines (T+
dT ,p+dp). De la mˆ
eme fac¸on que pr´
ec´
edemment, on peut
d´
emontrer l’´
egalit´
e suivante :
g1(T+dT, p +dp) = g2(T+dT, p +dp)(10)
soit par diff´
erenciation au premier ordre :
g1(T, p) + dg1=g2(T, p) + dg2(11)
En soustrayant membre ´
a membre l’´
equation (9) `
a
l’´
equation (11), on prouve que :
dg1=dg2(12)
On peut alors expliciter cette derni`
ere relation :
g1
T p
dT +g1
p T
dp =g2
T p
dT +g2
p T
dp
(13)
vanne de
purge
manomètre
thermocouple 1
résistance
chauffante
niveau
thermocouple
2
volume
d'eau
chauffé
FIGURE 1: Dispositif d’´
etude.
réglage de la
puissance
d'alimentation
de la résistance
chauffante
sélecteur du
thermocouple affiché
affichage
thermocouples
alimentation
secteur
intensité
tension
alimentant
la résistance
chauffante
branchement des
thermocouples
interrupteur
général
FIGURE 2: Module de contrˆ
ole.
On rappelle ici la formulation de la diff´
erentielle totale
exacte de l’enthalpie libre massique gissue des premiers
et seconds principes de la thermodynamique appliqu´
e`
a un
syst`
eme ferm´
e :
dg =s dT +v dp (14)
o`
usest l’entropie massique et vle volume massique du
syst`
eme consid´
er´
e.
Ainsi par identification :
g
p T
=v(15)
g
T p
=s(16)
R´
e-inject´
ees dans l’´
equation (13), ces deux derni`
eres
identit´
es permettent d’aboutir `
a l’expression de la variation
de la pression lors du changement de phase en fonction de la
temp´
erature :
dp12
dT =s2s1
v2v1
=s12
v2v1
(17)
En utlisant alors les relations (3) et (5), on aboutit `
a la rela-
tion de Clapeyron, liant l’enthalpie de changement de phase
`
a la pente de la relation p(T):
h12 =T(v2v1)dp12
dT (18)
Dans le cas particulier d’une vaporisation, cette derni`
ere
relation est not´
ee comme suit :
hv=T(vvvl)dps
dT (19)
3.4. Mise en pratique
1. Rappeler l’´
equation d’´
etat des gaz parfaits en y faisant
apparaˆ
ıtre le volume massique.
2. Calculer ainsi le volume massique de la vapeur d’eau
`
a pression atmosph´
erique et `
a 373 K. Comparer cette
valeur au volumique massique, g´
en´
eralement suppos´
e
constant, de l’eau liquide.
3. En supposant que l’enthalpie de vaporisation de l’eau
est de la forme hv=l0B T o`
uBest une
constante, montrer que l’int´
egration de la relation de
Clapeyron permet d’´
ecrire la formulation de la pression
de vapeur saturante suivante :
ln ps=C1
C2
T
C3ln T (20)
4. R´
esultats
Les r´
esultats demand´
es seront consign´
es dans un tableau
rendant compte de la temp´
erature relev´
ee au thermocouple 1
en fonction de la pression lue au manom`
etre.
Suivez le protocole suivant :
1. Relever la pression initiale et la temp´
erature initiale.
2. Allumer le module de contrˆ
ole.
3. Alimenter la r´
esistance chauffante `
a moiti´
e de la pleine
´
echelle.
4. Relever la temp´
erature pour chaque pression par pas de
25 kN.m2jusqu’`
a une pression de 4 bar.
5. Eteindre l’alimentation de la r´
esistance chauffante.
6. V´
erifier que pression et temp´
erature commencent `
a di-
minuer avant d’´
eteindre le module de contrˆ
ole.
5. Discussion
La litt´
erature fournit en particulier deux lois rendant
compte de l’´
evolution de la pression de vapeur saturante en
fonction de la temp´
erature.
Formule de Dupr´
e-Bertrand :
ln ps
p0= 40,164
6435,7
T
3,868 ln T (21)
o`
up0est la pression atmosph´
erique. Cette formule est valide
pour des temp´
eratures comprises entre 273 K et 473 K.
Formule de Duperray :
ps=p0T273,15
100 4
(22)
Superposez les ´
evolutions ps(T)obtenues par ces 2 for-
mules `
a votre courbe obtenue exp´
erimentalement. Commen-
tez.
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