Le système financier : un atout des États-Unis
Contrastant fortement avec celui du Japon, le sys-
tème bancaire américain est demeuré sain dans la
foulée du marché baissier triennal pour les actions.
Comme l’a affirmé David Hale, « pendant ce cycle,
les faillites bancaires étaient rares. Il y en a eu sept
en 2000, quatre en 2001, 11 en 2002 et deux jusqu’à
présent cette année ». En revanche, nous avons
assisté à 474 faillites bancaires entre 1989 et 1991
aux États-Unis lorsque la faiblesse du marché immo-
bilier a provoqué des problèmes importants pour les
prêteurs commerciaux et les institutions d’épargne.
Bien que les prêts non bancaires par le biais des
marchés financiers aient joué un rôle important
dans la création de cette économie en dents de scie
des dernières années, les banques américaines ont
évité des désastres importants. Cette situation donne
lieu à un contexte plus favorable à la reprise
économique comparativement au scénario des
années 1990 au Japon, lorsque les problèmes ban-
caires ont nui au crédit paralysant ainsi l’ensemble
du système économique. Comme le fait remarquer
M. Hale, « si le système bancaire est bien financé et
rentable, il y a de fortes chances que la politique
monétaire soit efficace. C’est la résilience des ban-
ques américaines et non pas seulement la politique
monétaire d’Alan Greenspan qui préparera la reprise
économique plus tard cette année ».
M. Hale ajoute que les profits supérieurs des entre-
prises américaines par rapport à ceux des sociétés
nippones suscitent l’optimisme. Au Japon, par exem-
ple, les entreprises nettement endettées ont ten-
dance à dégager des taux de rendement du capital
inférieurs à 1,0 %. Aux États-Unis, en revanche, les
100 sociétés les plus endettées bénéficient encore
d’un taux de rendement moyen de presque 6,0 %.
Selon David Hale, « toutes les rumeurs récentes
quant à la possibilité que les États-Unis se dirigent
vers un repli prolongé comparable à celui du Japon
sont ridicules en raison des divergences au chapitre
de la performance des entreprises. Les sociétés
américaines procèdent à une répartition plus effi-
cace du capital que leurs homologues nippons. Elles
ne seraient pas préparées à tolérer dix années de ren-
dements presque nuls. Entre-temps, le processus de
titrisation a incité les investisseurs américains à
radier leurs dettes beaucoup plus rapidement que
dans le cas des banques nippones ».
Politique économique : un atout des États-Unis
Comparativement au Japon, les politiques moné-
taire et budgétaire ont été utilisées avec plus de
vigueur pour réagir aux problèmes économiques
associés à la liquidation sur le marché boursier.
Depuis le sommet du marché au début de 2000, la
Fed a fait passer les taux d’intérêt de 6,5 % à 1,0 %
sur une période d’un peu plus de trois ans. En
revanche, la Banque du Japon a pris plus de cinq
ans pour procéder à une réduction similaire des
taux à la suite du sommet du marché japonais à la
fin de 1989.
Par conséquent, la croissance de la masse monétaire
américaine est beaucoup plus vigoureuse depuis ce
sommet que celle du Japon au début des années
1990. Comme l’illustre le graphique 2, la masse
monétaire M3 des États-Unis a connu une hausse de
plus de 25 % depuis les trois dernières années. Cette
croissance surpasse nettement celle de la masse
monétaire japonaise à la suite du sommet du
marché boursier.
De plus, les dirigeants de la Fed ont eu l’occasion
d’examiner les erreurs du Japon et ont mis au point
des plans de reprise afin d’éviter une déflation.
Comme l’a fait remarquer l’économiste Solow, « c’est
Les États-Unis se dirigent-ils vers une déflation
similaire à celle du Japon ? (suite)
LE MONDE SELON BILL STERLING
PAGE 6 PERSPECTIVE DE JUILLET AU 30 JUIN 2003 • À L’INTENTION DES COURTIERS UNIQUEMENT