L`épidémie de cancers de la thyroïde serait due au surdiagnostic

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FranceTVinfo.fr
18 août 2016
L'épidémie de cancers de la thyroïde serait due au surdiagnostic
Depuis 20 ans, 500.000 personnes dans le monde auraient fait l'objet d'un
surdiagnostic du cancer de la thyroïde. Le surdiagnostic consiste à diagnostiquer des
cancers peu susceptibles de provoquer des symptômes au cours de la vie d'une
personne ou de provoquer sa mort.
L'épidémie de cancers de la thyroïde dans les pays développés ces vingt dernières années
semblerait n'avoir jamais existé… Selon le CIRC, l'agence du cancer de l'Organisation
mondiale de la santé, plus de 500.000 personnes auraient été victimes de surdiagnostic.
Entre 50 et 90% des cancers de la thyroïde chez les femmes seraient bénins, selon l'étude
publiée dans la revue The New England Journal of Medicine, le 18 août 2016
"Des pays comme les Etats-Unis, l'Italie et la France ont été les plus touchés par le
surdiagnostic du cancer de la thyroïde depuis les années 1980, après l'introduction des
échographies, mais l'exemple le plus récent et le plus frappant est la République de Corée",
explique à l'AFP le Dr Vaccarella, qui a dirigé l'étude.
Il précise que quelques années à peine après l'introduction de l'échographie dans le cadre
d'un dépistage organisé pour plusieurs types de cancers, le cancer de la thyroïde est devenu
"le cancer le plus fréquemment diagnostiqué chez les femmes en Corée du sud, avec
environ 90% des cas observés entre 2003-2007 qui pourraient relever du surdiagnostic".
Des traitements inutiles, voire dangereux
En France, ce surdiagnostic concernerait entre 70 et 80% des cancers de la thyroïde. Le
problème principal est que la grande majorité de ces cancers surdiagnostiqués sont traités
par une ablation de la thyroïde, qui est souvent associée à d'autres traitements, comme la
radiothérapie, voire l'ablation des ganglions du cou…
Ces traitements n'ont que peu d'intérêt, car la possibilité que ces tous petits cancers
évoluent est très rare. Grâce aux nouvelles techniques d'imagerie médicale, les cancers
dépistés sont de plus en plus petits, jusqu'à 2 mm.
Une surveillance rapprochée plutôt qu'un traitement de choc
La plupart de ces tumeurs repérées dans la thyroïde sont des micro-cancers de type
papillaire, dont le pronostic est particulièrement bon, avec une survie proche de 99% à 20
ans. Ils pourraient donc faire l'objet d'une surveillance rapprochée et non de traitements
agressifs d'emblée.
D'ailleurs, certains experts ont même préconisé de ne plus les appeler "cancers", afin de
dédramatiser le diagnostic et permettre aux patients qui le souhaitent d'opter pour une
simple surveillance.
Source : Worldwide Thyroid-Cancer Epidemic? The Increasing Impact of Overdiagnosis. S
Vaccarella et al. NEJM, août 2016. DOI: 10.1056/NEJMp1604412
Le cancer de la thyroïde n'est pas le seul touché par le surdiagnostic, c'est également le cas
du cancer du sein. Aux Etats-Unis, une étude de 2012 estimait que plus d'un million de
femmes avait été traité inutilement contre ce cancer, remettant en cause l'intérêt de la
mammographie organisée. Les mêmes controverses sont également en cours pour le
dosage de PSA et le dépistage du cancer de la prostate.
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