descriptifs des enseignements - UFR Arts

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DÉPARTEMENT
DE PHILOSOPHIE
◆ UFR Arts, philosophie, esthétique ◆
D ESCRIPTIFS
DES
ENSEIGNEMENTS
LICENCE-MASTER
2016 – 2017
UNIVERSITÉ PARIS 8
2, rue de la Liberté
93526 Saint-Denis Cedex 02
Tél. : 01 49 40 66 25 Fax : 01 48 21 04 46
http://www.philosophie.univ-paris8.fr
SOMMAIRE
EMPLOI DU TEMPS......................................................................................3
1ER SEMESTRE................................................................................................ 3
2ÈME SEMESTRE............................................................................................... 6
RÉSUMÉS................................................................................................... 9
1ER SEMESTRE................................................................................................ 9
2ÈME SEMESTRE............................................................................................. 37
SÉMINAIRES ANNUELS....................................................................................62
AVERTISSEMENT.......................................................................................68
E M P LO I D U T E M P S
1ER
SEMESTRE
Lundi
9h-12h
-
12h-15h
Mario Barra-Jover – Connaissance scientifique : le réel et la vérité – Licence
Pierre Cassou-Noguès – Questions de topologie – Licence
Gerhard Schmezer – Anglais pour philosophes : Introduction à la philosophie
analytique – Licence, master
15h-18h
Maurizio Lazzarato – La « pensée 68 », le capitalisme et sa critique – Master ouvert
à la licence
Patrice Vermeren – La révolution comme énigme – Licence ouvert au master
18h-21h
Éric Alliez – Qu'est-ce que le Pop-Art ? – Master ouvert à la licence
Antonia Birnbaum – La philosophie comme écriture de soi : Ecce Homo de
Nietzsche – Licence ouvert au master
Plínio W. Prado – « Tu dois changer ta vie ». Théorie et pratique de l’ascèse (I) –
Master ouvert à la licence
Mardi
9h-12h
Nadia Yala Kisukidi – Décoloniser la philosophie – Licence ouvert au master
Mazarine Pingeot – Philosophie et cinéma : Disparaître. Analyse de Shokusaï de
Kurosawa– Licence ouvert au master
12h-15h
Fabienne Brugère et Stefanie Buchenau – Éthique et esthétique – Master ouvert à la
licence
Bruno Cany – Préhistoire du philosophe-artiste : Schelling, Leopardi, Kierkegaard et
Nietzsche – Master
Bertrand Ogilvie - L’écriture du réel (I) – Master ouvert à la licence
Frédéric Rambeau – Éthique et croyance – Licence ouvert au master
15h-18h
Pierre Cassou-Noguès – Les objets du transport (I) – Master
Behrang Pourhosseini – George Bataille et la négativité sans emploi – Licence
ouvert au master
Charles Ramond – Introduction à la philosophie moderne : la pensée et l'étendue –
Licence
Jack Stetter – Leibniz contra Locke – Master ouvert à la licence
18h-21h
Éric Alliez et Maurizio Lazzarato – Capital et guerres – Master ouvert à la licence
David-Emmanuel Mendes Sargo – Le totémisme pour philosophes – Licence ouvert
au master
Barbara Zauli – Les îles bienheureuses : Nietzsche, Camus, philosophies du Midi –
Master ouvert à la licence
3
Mercredi
9h-12h
-
12h-15h
Bruno Cany et Jacques Poulain – Anthropologie de l'esthétique – Doctorat, ouvert au
master
Matthieu Renault (resp.) – Philosophie, pratique(s) (I) – Licence, master
15h-18h
Antonia Birnbaum – Le Maître ignorant de Jacques Rancière – Master ouvert à la
licence
Éric Lecerf – Les vestiges de l’Homo faber – retour sur un concept clef du
Bergsonisme – Master ouvert à la licence
Jacques Poulain – L'esthétisation économique du monde et la culture politique de la
justice – Licence ouvert au master
Diogo Sardinha – « Qu’est-ce que l’homme ? » Relire l’anthropologie kantienne –
Master ouvert à la licence
18h-21h
Stéphane Douailler – Lecture politique des pratiques sceptiques – Licence ouvert au
master
Muhamedin Kullashi – Éthique et politique chez Kant – Licence
Matthieu Renault – Variations hégéliennes : la voix de l'esclave – Licence ouvert au
master
Jeudi
9h-12h
Ninon Grangé – L’état d’exception : rapports entre la force et le droit et limites de
la philosophie politique – Master ouvert à la licence
Mazarine Pingeot – Réalité, expérience, vérité – Master ouvert à la licence
12h-15h
Mario Barra-Jover – Connaissance scientifique : la méthode du discours – Master
Orazio Irrera – L’idéologie : histoire et usages du concept – Licence ouvert au
master
Béatrice Rettig, Amir Kianpour, Jean Mary, Mariam Catalinna Shengelia, Mansur
Tayfuri – Le sujet politique – Séminaire étudiants
15h-18h
Didier Moreau – Du souci de soi à l'éducation de soi-même – Master
Charles Ramond – Kant : Critique de la Faculté de Juger (2ème partie) : Critique de
la faculté de juger téléologique – Master ouvert à la licence
René Schérer – L'art comme un combat – Master ouvert à la licence
18h-21h
David-Emmanuel Mendes Sargo – La défensive-Clausewitz et le Rojava – Licence
ouvert au master
Didier Moreau – Philosophie de l’éducation : L’éducation métamorphique, de la
Paideia à la Bildung – Master
Plínio W. Prado – Sur l’art du retournement. Antiphilosophie universitaire (I) –
Licence ouvert au master
Vendredi
9h-12h
Éric Lecerf – Études transdisciplinaires d'un mythe moderne, Jekyll & Hyde – Cours
mutualisé UFR/L1
Jean-Pierre Marcos – Foucault et la peinture : Le sujet du tableau (Vélasquez,
Manet, Magritte…) – Licence ouvert au master
Nathalie Périn – François Châtelet, la question de l'enseignement de la philosophie
– Licence ouvert au master
4
12h-15h
Fabienne Brugère – L'hospitalité – Licence ouvert au master
Bruno Cany (avec la collaboration de Laura Moscarelli) – Les Sophistes : Lire
Protagoras et Antiphon – Cours mutualisé UFR/L1
Frédéric Rambeau – L'immanence et la philosophie transcendantale – Master ouvert
à la licence
15h-18h
Muhamedin Kullashi – L'histoire en question chez Foucault (I) – Master
18h-21h
-
Samedi
9h-12h
Jean-Pierre Marcos – Lectures de Freud : Psychologie de la vie amoureuse (I) –
Master
Intensifs
Stéphane Douailler – Utopies violentes – Master ouvert à la licence
Patrice Vermeren – Georges Canguilhem, de la situation actuelle de la philosophie
française à la question : qu’est-ce qu’un philosophe en France aujourd’hui ? –
Master ouvert à la licence
5
2ÈME
SEMESTRE
Lundi
9h-12h
-
12h-15h
Gerhard Schmezer – Anglais pour philosophes : L’éthique et la religion dans la
tradition analytique – Licence, master
15h-18h
Orazio Irrera – Les épistémologies subalternes et la critique postcoloniale – Master
ouvert à la licence
Patrice Vermeren – 1967 comme année philosophique – Licence ouvert au master
18h-21h
Antonia Birnbaum et Jean-Philippe Antoine – Exercices de lecture :George Kubler,
The Shape of time – Master ouvert à la licence
Plinio W. Prado – « Tu dois changer ta vie ». Théorie et pratique de l’ascèse (II) –
Master ouvert à la licence
Mardi
9h-12h
Pierre Cassou-Noguès et Mazarine Pingeot – Le cogito et la psychanalyse – Licence
ouvert au master
Ninon Grangé – Démocratie et dictature. D’un devenir anti-démocratique de la
démocratie ? – Master ouvert à la licence
Nadia Yala Kisukidi – Religion et émancipation : reprendre le problème théologicopolitique – Master ouvert à la licence
12h-15h
Bruno Cany – Penser autrement avec Kierkegaard – Master ouvert à la licence
Didier Moreau – Éthique et éducation – Master
Bertrand Ogilvie - L’écriture du réel (II) – Master ouvert à la licence
Frédéric Rambeau – Lacan, du dire au voir (ce qui nous regarde) – Master ouvert à
la licence
15h-18h
Pierre Cassou-Noguès – Les objets du transport (2) – Master
Didier Moreau – Les pédagogies de l'émancipation – Master
Charles Ramond – La philosophie contemporaine française et l’événement, 1.
Jacques Derrida, Le « concept »du 11 septembre – Licence ouvert au master
18h-21h
Howard Cayghill - The Philosophical Anthropocene – Master ouvert à la licence
David-Emmanuel Mendes Sargo – Max Weber et le protestantisme – Cours
mutualisé UFR/L1
Barbara Zauli – Lectures françaises de Nietzsche : Georges Bataille, André
Gide, Albert Camus – Master ouvert à la licence
Mercredi
9h-12h
Howard Cayghill - Art and Madness in the Work of Henri Maldiney – Master ouvert à
la licence
Georges Navet – « Un peu de temps à l'état pur » (Ricoeur et Deleuze, sur le
temps) – Master ouvert à la licence
Jacques-Olivier Bégot, Antonia Birnbaum, Julia Christ, Agnès Grivaux, Bertrand
Ogilvie Bertrand – Psychanalyse et théorie critique – Master ouvert à la licence
(N.B. : 10h-13h)
6
12h-15h
Bruno Cany et Jacques Poulain – Anthropologie de l'esthétique – Doctorat, ouvert au
master
Bertrand Ogilvie (resp.) Philosophie, pratique(s) (II) – Licence, master
15h-18h
Éric Lecerf – Sous le règne de la discipline – Licence ouvert au master
Bertrand Ogilvie – De l’indiscipline – Master ouvert à la licence
18h-21h
Stéphane Douailler – Formes et fonctions des médiations évanouissantes – Master
Muhamedin Kullashi – La morale en tant que problème chez Nietzsche – Licence
Matthieu Renault et Guillaume Sibertin-Blanc – Politiques de la géophilosophie :
capitalisme et colonialisme – Master ouvert à la licence
Jeudi
9h-12h
Ninon Grangé – Méthodologie : argumentation, démonstration, analyse
philosophiques sur le thème du conflit – Licence
Mazarine Pingeot – Le schème généalogique vs le schème fondateur : la
philosophie comme récit et retour, la philosophie comme commencement – Master
Patrick Vauday – Géosophie des images (II) – Master ouvert à la licence
12h-15h
Stefanie Buchenau et Norbert Waszek – Allemand pour philosophes – Licence,
master
Matthieu Renault – La pensée marxiste face au monde non-européen – Master
Béatrice Rettig, Amir Kianpour, Jean Mary, Mariam Catalinna Shengelia, Mansur
Tayfuri – Le sujet politique – Séminaire étudiants
15h-18h
Orazio Irrera – Foucault, l’alèthurgie et la critique de l’idéologie – Master
Charles Ramond – Peter Sloterdijk, Bulles (Sphères 1) et Globes (Sphères 2) –
Master ouvert à la licence
René Schérer – L'art comme un combat – Master ouvert à la licence
18h-21h
David-Emmanuel Mendes Sargo – La société n'existe pas… – Master ouvert à la
licence
Plínio W. Prado – Anesthétique : La « crise des fondements » et la défection de
l’aisthèsis. Le cinéma à l’épreuve de l’« esthétique négative » – Licence
Barbara Zauli – Visconti et la dimension du « trop tard » – Cours mutualisé UFR/L1
Vendredi
9h-12h
Nadia Yala Kisukidi – Négritudes : politiques, littératures, philosophies – Licence
ouvert au master
Éric Lecerf – Figures du double – Licence ouvert au master
Jean-Pierre Marcos – Le discours amoureux selon Roland Barthes – Licence ouvert
au master
12h-15h
Fabienne Brugère, Foucault et les arts de l'image, Master
Bruno Cany – Poésie et philosophie dans la Grèce antique : l’évolution de la notion
de vérité – Licence
Frédéric Rambeau – Deleuze, Guattari, ou les ambiguïtés – Licence ouvert au
master
15h-18h
Muhamedin Kullashi – L'histoire en question chez Foucault (II) – Master
18h-21h
-
7
Samedi
9h-12h
Jean-Pierre Marcos – Lectures de Freud : Psychologie de la vie amoureuse (II) –
Master
Intensifs
Stéphane Douailler – De Charles Baudelaire à Auguste Blanqui – Licence ouvert au
master
Francisco Naishtat – La crise de l'expérience et l’essor de l'expérimentation dans
l'horizon de la modernité. A partir de Benjamin – Master ouvert à la licence
Patrice Vermeren – Philosophie et socialisme : L’Homme médiocre – Master ouvert à
la licence
8
RÉSUMÉS
* Voir la section « Séminaires annuels » pour les enseignements se déroulant sur les deux
semestres (ils donnent lieu, sauf indication contraire, à une validation semestrielle).
1ER
SEMESTRE
—————————————————————
ALLIEZ ÉRIC
Qu'est-ce que le Pop Art ?
Semestre 1
Lundi 18h-21h
Master ouvert à la licence
Après deux séminaires sur Andy Warhol et Roy Lichtenstein, on se propose de poursuivre et de
conclure l'enquête sur le Pop Art à travers un autre de ses exposants majeurs : Richard
Hamilton.
Le séminaire s'attachera à sa pratique « diagrammatique » de l'image ainsi qu'à la question de
la forme-peinture mise à l'heure de la société de consommation que le Pop investit comme
principe d’exposition et de surexposition de l'art.
Le travail se déploiera dans une analyse croisée d’œuvres et de textes. Il visera moins à
produire une philosophie de l’art contemporain qu’à se tenir dans l’entre-deux le plus critique
de l’Art et de la Philosophie. On privilégiera pour ce faire la reconstruction du concept de
diagramme chez Deleuze et Guattari, que l'on confrontera aux expérimentations d'Hamilton.
Indications bibliographiques :
Jean Baudrillard, La société de consommation, Gallimard, 1970
Walter Benjamin, L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique, Carré, 1997
Benjamin Buchloh, Neo-avantgarde and Culture Industry: Essays on European and American Art from 1955
to 1975, October Books - MIT, 2000
Peter Burger, Théorie de l'avant-garde, trad. franç., Questions théoriques, 2013
Guy Debord, La Société du spectacle, Gallimard, 1967
Gilles Deleuze, Foucault, Minuit, 1986
Gilles Deleuze, Félix Guattari, Mille plateaux, Minuit, 1980
Hal Foster, The First Pop Age, Princeton University Press, 2012
Richard Hamilton, Collected Words, Thames and Hudson, 1982 (pdf)
9
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ALLIEZ ÉRIC et LAZZARATO MAURIZIO
Capital et guerres
Semestre 1
Mardi 18h-21h
Master ouvert à la licence (mutualisé avec le département de science
politique)
Dernier acte de notre recherche sur Guerres et Capital, le séminaire de cette année se propose
de traiter des limites de la pensée critique contemporaine à partir de trois théories que l'on
soumettra à une « lecture symptomale » tournée vers les impasses politiques du temps
présent. Le « Nouvel esprit du capitalisme » (Boltanski et Chiapello), l’ « Accélérationisme »
(Srnicek et Williams), et le « Réalisme spéculatif » (Quentin Meillassoux) seront analysés en ce
sens pour être rapportés à la pensée 68 comme à cet autre « texte » présent d'une absence
nécessaire dans les trois premiers.
Ce n'est pas la « lutte des classes » mais la reprise de la question de la guerre dans la
multiplicité de ses régimes qui servira d'accélérateur pour une entreprise plus générale de mise
en perspective historique et critique du moment 1968.
Indications bibliographiques :
Luc Boltanski et Eve Chiapello, Le nouvel esprit du capitalisme, éd. Gallimard, 1999/2010 (édition
augmentée)
Laurent de Sutter (éd.), Accélération, Puf, 2016
Quentin Meillassoux, Après la finitude - Essai sur la nécessité de la contingence, Seuil, 2006
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BARRA-JOVER MARIO
Connaissance scientifique : le réel et la vérité
Semestre 1
Lundi 12h-15h
Licence
La critique du réalisme scientifique, autrement dit, de la prétendue convergence progressive de
la connaissance scientifique avec la « réalité », fournit un bon fil rouge pour une lecture
orientée des textes classiques allant de la Métaphysique d’Aristote aux Tractatus de
Wittgenstein. Le problème sera posé comme une confrontation entre le réalisme tel que formulé
par Aristote et encore en vigueur (le vrai et le faux dépendent de l’être ou du non-être) et
l’antiréalisme dans quelques unes des formes, plus ou moins radicales, qu’il a pu prendre pour
s’exprimer tout au long des siècles (présocratiques, Berkeley, Kant, Schopenhauer,
Wittgenstein). La position adoptée pour aborder le problème ne sera pas neutre et sera
explicitée de façon à donner libre cours à la controverse : elle sera antiréaliste et, plus
précisément, kantienne. Outre l’exposition préliminaire d’ordre général destinée à construire
avec les étudiants les instruments conceptuels à l’œuvre, trois problèmes précis serviront de
foyer de discussion :
1) La nature des mathématiques et leur rôle dans la connaissance scientifique.
2)L’impact des « exploits » technologiques dans l’interprétation réaliste des théories
scientifiques.
3) Le lien complexe (de mise en abîme) entre les théories scientifiques et l’imaginaire collectif
10
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BARRA-JOVER MARIO
Connaissance scientifique : le réel et la vérité
Semestre 1
Jeudi 15h-18h
Master
Le savoir scientifique sera abordé dans ce cours comme un type spécifique de discours dont il
faut décortiquer les propriétés et non pas comme une forme privilégiée, parce qu’ « objective »,
de connaissance. Cette approche critique ne se place pas du tout dans une ligne irrationaliste
proche du Feyerabend d’Adieu la raison. Bien au contraire, elle aspire à faire une synthèse
constructive du débat classique entre rationalisme réaliste (Popper, Lakatos) et irrationalisme
historiciste (Kuhn, Feyerabend) en formulant le problème en termes de philosophie analytique
(dans une optique proche, entre autres, de celle de Van Frassen dans Lois et Symétrie ou de
Bouveresse dans La force de la règle). Ce point de vue sera posé et exposé sous la formulation
initiale suivante : l’objectivité et la vérité, même l’expérimentation, peuvent être formulées
comme les propriétés d’un discours et de ses règles. Cela fait, on pourra aborder quatre foyers
de discussion :
1) La source de la prétendue différence substantielle entre les résultats des sciences humaines
et sociales et ceux des sciences formalisées et expérimentales dont l’objet est la Nature
dissociée de l’homme. La différence entre « vérité » et « conditions de vérité »
2) Le problème de l’induction et la « forme logique » des théories scientifiques ayant affaire à
une empirie.
3) Les propriétés des modèles et des formalismes vis-à-vis d’autres types de représentation.
4) La notion de progrès dans la connaissance du monde extérieur et le « transformer c’est
connaître »
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BIRNBAUM ANTONIA
Jacques Rancière, Le Maître ignorant
Semestre 1
Mercredi 15h-18h
Master ouvert à la licence
Dans le livre de Jacques Rancière Le Maître ignorant, on peut lire ceci : « On appellera
émancipation [de l’intelligence] la différence connue et maintenue des deux rapports, l’acte
d’une intelligence qui n’obéit qu’à elle-même, lors même que la volonté obéit à une autre
volonté. »
Le Maître ignorant est un maître : il contraint à l’attention, à la répétition, à l’effort sans lequel il
n’y a aucun savoir. Il est ignorant ; ce dont il ne veut rien savoir, c’est de l’opinion de l’inégalité,
de ses supposées raisons, des tribulations de l’incapacité, des nécessités de l’explication. Le
Maitre ignorant ne transmet donc pas un savoir (le sien ou celui des autres), il matérialise une
opinion – que tous sont également intelligents – dans le dispositif d’une contrainte, qu’il assume
à son propre compte, et non au compte d’une institution. Sa transmission dépend de l’autre :
« Il faut que je décide que les intelligences sont égales. Or effectivement en décider ce n’est
pas simplement une opération intellectuelle, c’est une opération de volonté au sens que c’est
une opération qui restructure le rapport entre les hommes. Décider que je vais tracer mon
chemin dans ces lettres que je ne connais pas, c’est décider aussi de l’égalité en général des
autres. »
On le voit, la position du Maître ignorant n’a rien à voir avec ce que l’on désigne communément
11
sous « partage des savoirs », rien à voir avec la « formation à l’esprit critique ». En quoi la
philosophie rancièrienne est-elle une philosophie de la volonté ? Quelle effectuation de cette
volonté ? En quoi est-elle réfractaire à la répartition qui hante le syntagme de « diversité
culturelle », nouvelle figure de l’opposition entre « universel et particulier » ? Voilà quelques
unes des questions dont traitera ce cours, centré principalement sur ce livre.
Indications bibliographiques :
Jacques Rancière, Le Maître ignorant, Paris, Fayard, 10/18, 1987
« L’actualité du maître ignorant » in : Jacques Rancière, Et tant pis pour les gens fatigués, Paris, Editions
amsterdam, 2009, p.409-428
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BIRNBAUM ANTONIA
La philosophie comme écriture de soi : Ecce Homo de Nietzsche
Semestre 1
Lundi 18h-21h
Licence ouvert au master
Deleuze et Foucault remarquent qu’en rendant impossible de dire « je » à la place de Nietzsche,
ce dernier a ouvert une blessure dans le langage philosophique qui ne se refermera pas. Ecce
Homo est l’ouvrage par excellence de cette blessure. En faisant de son nom propre un
évènement philosophique – Nietzsche, le nom qui « fait sauter l’histoire de l’humanité en
deux », ce philosophe pervertit la philosophie en plusieurs points décisifs.
Le premier concerne la logique selon laquelle un nom propre s’avère comme une partie du
corpus philosophique : ce qui est en jeu dans cette logique est l’identification de la philosophie
à l’histoire de la philosophie. Le deuxième point concerne la transformation corollaire de ces
noms propres en noms communs. Le troisième, enfin, touche à la conception de l’universel qui
informe cette organisation du corpus.
Nietzsche va mettre en crise toutes les déterminations de cette logique. Son nom entre dans le
corpus avec sa « vie », détruisant l’anonymité du sujet philosophique. Son écriture relève d’un
étrange chassé-croisé qui mélange l’énonciation fictive et le discours de vérité. Enfin, en
écrivant son testament comme la parodie d’une hagiographie, il disloque le régime
monumental de la transmission philosophique. Ce cours traitera de cette crise en mettant
l’accent sur les mutations du concept qu’induit une telle adresse singulière.
L’objectif est de rendre les étudiants sensibles aux conditions qui médiatisent la philosophie en
un corpus historique, ainsi qu’aux modalités selon lesquelles tout texte philosophique déborde
ce cadre.
Indications bibliographiques :
Nietzsche, Ecce Homo, de préférence dans la traduction de Jean-Claude Hemery.
12
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BRUGÈRE FABIENNE et BUCHENAU STEFANIE
Éthique et esthétique
Semestre 1
Mardi 12h-15h
Master ouvert à la licence
Le 20ème siècle a largement été habité par la doctrine de l’art pour l’art qui postule l’autonomie
de l’art et sa non-instrumentalisation par la morale. Dans cette perspective, nous étudierons
l’importance du modernisme, à travers quelques textes-clés. Nous montrerons qu’il n’en a pas
toujours été ainsi. Des auteurs aussi différents que Shaftesbury, Hume, Smith, Diderot, Kant,
Rousseau, Winckelmann, Lessing, Schiller ont su articuler un certain rapport de l’art à la morale
et du bien au beau. Nous aborderons alors la question de la différence entre les arts, celle des
passions et du rapport au soi et au monde, celle de la liberté. À chaque fois, il s’agira de ne pas
en rester à la simple théorie et de faire appel à des exemples. Nous retournerons ensuite aux
débats contemporains sur l’art et à la manière dont s’agence à nouveaux frais une relation
entre l’éthique et l’esthétique (Foucault), entre l’art et la politique (Rancière).
Indications bibliographiques :
N.B. Un reader comprenant un certain nombre de textes sera distribué lors de la première séance.
Denis DIDEROT, Paradoxe sur le comédien (1773-1777), Paris : Herrmann, 1996.
Michel FOUCAULT, « Qu’est-ce que les Lumières ? », in : Dits et écrits, tome IV, Paris : Gallimard 1994.
Michael FRIED, La place du spectateur. Esthétique et origines de la peinture moderne , Paris : Gallimard,
1990.
Johann Wolfgang GOETHE, Über Laokoon (1798). Trad. Sur Laocoon, dans: Ecrits sur l’art, 1798, Paris :
Flammarion, 1996.
Clement GREENBERG, “Modernist Painting” (1960). La peinture moderniste, trad. par P. Krajewski, accessible
en ligne sous : https://pkaccueil.files.wordpress.com/2013/05/greenberg_modernism_pk1.pdf
Johann Gottfried HERDER, Plastik (1778), La plastique. Trad. par P. Pénisson, Paris : Editions du Cerf, 2010.
David HUME, « Of the standard of taste » (1757), « De la norme du gout », in: Hume, Essais esthétiques,
Paris : GF Flammarion, 2000.
Immanuel KANT, Kritik der Urteilskraft (1790). Critique de la faculté de juger. Trad. par Alain Renaut, Paris :
GF Flammarion, 2010.
Gotthold Ephraim LESSING, Laokoon oder über die Grenzen der Mahlerey und Poesie (1766). Trad. Laocoon
ou Des limites respectives de la poésie et de la peinture, Paris : Herrmann, 1990.
Moses MENDELSSOHN, Briefwechsel mit G.E. Lessing und F. Nicolai über das Trauerspiel (1756-57), trad.
inédite de N. Rialland, Correspondance avec G.E. Lessing et F. Nicolai sur la tragédie (extraits).
Jean-Jacques ROUSSEAU, Lettre à D’Alembert sur les spectacles (1758), in : Œuvres complètes tome V,
Paris : Gallimard, 1995.
Friedrich SCHILLER, Briefe über die ästhetische Erziehung des Menschen (1794). Trad. R. Leroux, Lettres sur
l’éducation esthétique de l’homme, Paris : Aubier, 1992.
SHAFTESBURY, “Letter concerning design” [“Lettre sur le dessin”, 1713], in Charackteristics of Men, Manners,
Opinion (2 vol.), ed. by Philip Ayres, Oxford: Clarendon Press, 1999.
Adam SMITH, “Of the imitative arts” (1795). « L’imitation dans les arts », Essais esthétiques. Trad M.
Garandeau et P. Thierry, Paris : Vrin, 1997.
Jacques RANCIÈRE, Malaise dans l’esthétique, Paris : Galilée 2004.
- Johann Joachim WINCKELMANN, Gedanken über die Nachahmung der griechischen Werke in der Malerei
und Bildhauerkunst. Trad. Pensées sur l’imitation des œuvres grecques en peinture et en sculpture, Paris :
Allia
2005.
13
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BRUGÈRE FABIENNE
L'hospitalité
Semestre 1
Vendredi 12h-15h
Licence ouvert au master
La naissance de l’hospitalité a été scellée en Europe avec Homère. Sa disparition est pourtant
programmée dans l’Europe actuelle. L’incapacité de l’Europe à trouver une réponse politique à
l’exil massif des réfugiés de Syrie et d’ailleurs montre avec éclat que l’hospitalité a cessé d’être
une valeur politique, ce qu’elle fut pourtant avec un philosophe comme Kant dès le XVIIIe
siècle. Est-il alors vrai de dire que l’hospitalité est désormais cantonnée à l’éthique, aux bons
sentiments ou à un « prendre soin des autres » hors des institutions et des gouvernants ? Faut-il
transformer un regard éthique sur l’hospitalité en forme politique ou vaut-il mieux réarmer la
référence aux droits de l’humain et au cosmopolitisme ?
Langue d’enseignement : français. Langue des textes étudiés : français, anglais.
Indications bibliographiques :
N.B. Un reader comprenant un certain nombre de textes sera distribué lors de la première séance.
Hannah Arendt, Les origines du totalitarisme, tome 3, chapitre 9, réédité Seuil, 2006
Seyla Benhabib, The Rights of Others, Cambridge University Press, 2004
Fabienne Brugère, L’éthique du care, PUF, 2011
Homère, Odyssée, folio classique
Emmanuel Kant, Projet de paix perpétuelle, Vrin édition, 1999
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CANY BRUNO
Préhistoire du philosophe-artiste : Schelling, Leopardi, Kierkegaard et
Nietzsche
Semestre 1
Mardi 12h-15h
Master
Nous reprendrons, à partir de ce Contre hégélianisme partagé par les philosophes hétérodoxes
du XIXe siècle, les différentes étapes conduisant à la notion de « philosophe-artiste » telle
qu’elle apparaît chez Nietzsche.
Schelling a bien vu l’objectivation de la pensée mythologique tautégorique, mais il a raté sa
présence et sa concrétude. Kierkegaard a bien vu la présence (inhérente au divin incarné), mais
l’a noyé dans l’ineffable et l’immédiateté – et, malgré le passage qu’il opère de l’universel au
singulier, il n’a su opposer à la Raison abstraite qu’une subjectivité abstraite et il rate donc, à
son tour, la concrétude à laquelle ne semble avoir su accéder que les pensées archaïques.
Nietzsche a bien vu que le problème était à l’endroit de la concrétude ; et il s’est tourné
conséquemment vers le corps. Mais, s’il s’engage vers un corps qui n’est plus abstrait, puisqu’il
se veut physiologique, ce corps n’en reste pas moins conceptuel. Qu’est-ce donc qui n’a pas
permis à Nietzsche d’atteindre ce corps concret que la musique lui promettait d’atteindre ?
La généalogie léopardienne est autre : non concerné par le modèle musical, Leopardi dialectise
au sein de l’hétérogénéité de la pensée la poésie et la philosophie : plus encore que par
l’impureté du discours c’est par sa plurivocité que l’on va pouvoir dégager la logique de la
14
raison poétique… Probablement plus proche des philosophes-artistes français du XVIIIe siècle,
Leopardi n’en est pas moins un ancêtre de la philosophie-artiste qui naît avec Kierkegaard et
Nietzsche du fait qu’il arrime l’éthique et la pensée créatrice dans son articulation de la pensée
et la vie. C’est donc par elle que nous commencerons.
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CANY BRUNO (avec la collaboration de MOSCARELLI LAURA)
Les Sophistes : Lire Protagoras et Antiphon
Semestre 1
Vendredi 12h-15h
Cours mutualisé UFR Arts/L1, ouvert à la licence 1 de philosophie
Le premier objectif de ce cours sera d’introduire à l’ensemble des auteurs sophistes dans leur
diversité. En affirmant qu’ils sont les premiers philosophes du langage, nous en ferons non
seulement des Maîtres du langage (ce que la tradition leur accorde depuis toujours), mais les
premiers philosophes, à tout le moins, avant Socrate, les penseurs de l’homme et de l’homme
dans le monde.
Le deuxième objectif sera de lire Protagoras et Antiphon. Bien que l’histoire les ait souvent
opposés politiquement, nous les comprendrons comme deux défenseurs complémentaires de la
démocratie grecque : Protagoras, au temps de la polis conquérante et de la pensée affirmative,
rappelant qu’il faut toujours lutter si l’on veut pouvoir modifier les choses ; Antiphon, au temps
de la polis en crise, défenseur du point de vue mineur contre le majeur, rappelant la pensée à
son devoir critique.
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CASSOU-NOGUÈS PIERRE
Questions de topologie
Semestre 1
Lundi 12h-15h
Licence
Ce cours donne une introduction à la topologie dans une perspective philosophique. Il s'agira en
particulier de comprendre les problèmes conceptuels auxquels la topologie répond (qu'est-ce
qu'une limite, comment définir un lieu) et de discuter de certaines interprétations qui en ont été
données dans la philosophie du XXe siècle. Nous nous interrogerons également sur le rôle, et la
possible valeur artistique, des « modèles », ces petits objets représentant des « singularités »,
que les bibliothèques mathématiques collectionnent à partir de la fin du XIXe siècle.
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DOUAILLER STÉPHANE
Lectures politiques des pratiques sceptiques
Semestre 1
Mercredi 18h-21h
Licence ouvert au master
L’une des voies philosophiques pour réfuter le scepticisme institue sous plusieurs modes une
configuration selon laquelle il serait théoriquement irréfutable en dernier ressort mais
pratiquement et pragmatiquement toujours réfuté. On s’intéressera aux modalités de cette
configuration, qui, dans les moments où elle s’attache à rendre visible l’incompatibilité de la
pensée sceptique avec la vie pratique du sage, la conduite chrétienne, l’individualisme
moderne, les droits de l’homme, la démocratie, éclaire aussi des points d’adhésion ultime à un
ordre du donné et à ses significations et conséquences politiques.
Indications bibliographiques :
Sextus Empiricus, Esquisses pyrhonniennes
J. Brunschvicg, Études sur les philosophies hellénistiques
M. Conche, Pyrrhon ou l’apparence
Hume, Traité de la nature humaine
C. Tiercelin, Le doute en question
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DOUAILLER STÉPHANE
Utopies violentes
Semestre 1
Cours intensif (janvier 2017)
Master ouvert à la licence
Ce cours intensif propose un travail collectif sur les figures de la radicalité politique en revenant
sur le cas célèbre de Thomas Müntzer et sur son rapport aux autorités et à la guerre des
paysans.
Indications bibliographiques :
F. Engels, La guerre des paysans
E. Bloch, Thomas Münzer, Théologien de la Révolution
J. Lefebvre, Thomas Müntzer (1490-1525) Écrits théologiques et politiques
M. Schaub, Müntzer contre Luther. Le droit divin contre l’absolutisme princier
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GRANGÉ NINON
L’état d’exception : rapports entre la force et le droit et limites de la
philosophie politique
Semestre 1
Jeudi 9h-12h
Master ouvert à la licence
L’état d’exception se situe à la frontière du droit et de la politique. Son existence juridique est
problématique, dans le sens où il n’est pas toujours dûment inscrit dans une constitution. En
outre, longtemps synonyme de l’état de siège, il a partie liée avec la guerre, alors même que sa
décision n’en dépend pas directement. L’état d’exception peut être décrété pour se protéger
d’une agression étrangère mais aussi pour faire face à des troubles internes et s’exercer contre
la population d’une même cité. Décision politique et flou juridique sont les caractéristiques de
cette pratique « à la limite ». Suspension du droit pour préserver le droit, elle procède avant
tout d’un contexte historique, d’une analyse politique et de la décision d’un gouvernement qui
se met par là même en danger d’illégitimité. Qui décide de l’extrême nécessité ? Y a-t-il des
degrés dans la violence politique ? Il faudra envisager la grande complexité de cette notion d’un
point de vue philosophique, car elle ouvre une brèche dans l’aspiration à fonder des systèmes
politiques idéaux, pour permettre une suspension légale du droit et des mesures
exceptionnelles censées sauver des institutions incapables de se défendre par la force de la loi.
La proclamation que la nation est en danger permet-elle toutes les transgressions ?
Indications bibliographiques :
AGAMBEN, Giorgio, État d’exception
BALIBAR, Étienne, Violence et civilité
BENJAMIN, Walter, Pour une critique de la violence
DERRIDA, Jacques, Force de loi
MONOD, Jean-Claude, Penser l'ennemi, affronter l'exception. Réflexions critiques sur l'actualité de Carl
Schmitt
SAINT-BONNET, François, L’état d’exception
SCHMITT, Carl, La dictature
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IRRERA ORAZIO
L’idéologie : histoire et usages du concept
Semestre 1
Jeudi 12h-15h
Licence ouvert au master
Ce cours se propose d’explorer l’histoire et les usages du concept d’idéologie en circonscrivant
le champ à l’intérieur duquel la notion d’idéologie est apparue en réaction à certaines
sollicitations épistémologiques et politiques inscrites dans les nécessités d’une époque
déterminée et en relation avec des enjeux historiques et théoriques bien précis. Situer la notion
d’idéologie dans son histoire c’est reconnaître que sa signification a évolué, s’est transformée,
en s’adaptant à de nouvelles manières d’aborder la réalité sociale en vue d’en capter des
aspects demeurés auparavant inaperçus et qui, sans elle, n’auraient pu être identifiés. Il ne
s’agit donc ni d’accorder à ce concept une confiance aveugle ni de le condamner sans appel,
mais d’examiner sous quelles conditions la notion d’idéologie a pu et peut encore être en prise
sur divers aspects de la vie collective et sur des formes de « conscience » qui lui correspondent
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et qu’elle a contribué à faire, au moins partiellement, connaître.
Indications bibliographiques :
K. Marx & F. Engels, L’Idéologie allemande, trad. G. Badia, Paris, Éditions Sociales, 1976.
A. Gramsci, Cahiers de prisons, Paris, Gallimard, Paris, 1983.
K. Mannheim, Idéologie et Utopie, trad. J.-L. Evard, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme,
2006.
G. Canguilhem, Idéologie et rationalité dans l'histoire des sciences de la vie, Paris, Vrin, 2009.
L. Althusser, « Idéologie et appareils idéologiques d’État », in Sur la reproduction, Paris, PUF, 1995, pp.
269-314.
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KISUKIDI NADIA YALA
Décoloniser la philosophie
Semestre 1
Mardi 9h-12h
Licence ouvert au master
Les réflexions contemporaines issues des critiques postcoloniales, décoloniales et de leurs
généalogies anticoloniales, tentent de mettre en œuvre un travail de « décolonisation des
savoirs » qui peut être entendu selon trois critères minimaux : 1/ « configurer d’autres
espaces épistémiques – non européens – de la production du savoir » (Grosfoguel) ; 2/
déterminer les rapports que les développements des savoirs non européens peuvent
entretenir avec des productions de connaissances essentiellement eurocentrées ; 3/
questionner l’institutionnalisation de la production du savoir.
Cette réflexion sur la décolonisation épistémique a traversé de manière profonde l’espace
intellectuel africain à partir des années cinquante, autour d’une discipline, la
« philosophie » : existe-t-il une philosophie africaine ? Si oui, quelles contraintes le
qualificatif « africain » fait-il peser sur la détermination du signifiant « philosophie » ? Ces
questionnements ont pris corps à l’intérieur d’un motif, ou plutôt d’une revendication, celle
du « droit à la philosophie » (Boulaga/Derrida).
Au-delà des dates de ce débat et du problème ontologique qu’il soulève (celui de l’être ou
du non-être d’une philosophie africaine), la tâche de ce cours sera double : dessiner les
contours effectifs de l’impératif d’une décolonisation de la philosophie à partir de la
« querelle de la philosophie africaine « (Boulaga) et ouvrir aux grands textes de la
philosophie contemporaine africana.
Indications bibliographiques :
Fabien Eboussi Boulaga, La crise du Muntu, Paris, Présence Africaine, 1977.
Jacques Derrida, Du droit à la philosophie, Paris, Editions Galilée, 1990.
Souleymane Bachir Diagne, L’encre des savants, Paris, Présence Africaine, 2013.
Lewis Gordon, An introduction to africana philosophy, Cambridge, Cambridge University Press, 2008.
Paulin Hountondji, Sur la philosophie africaine, Paris, Maspero, 1976.
Valentin Mudimbe, The invention of Africa, Bloomington, Chicago University Press, 1988.
Kwasi Wiredu (ed), A companion to african philosophy, Blackwell Publishing, 2005.
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KULLASHI MUHAMEDIN
Éthique et politique chez Kant
Semestre 1
Mercredi 18h-21h
Licence
Bien qu’il n’approuve pas le droit de résister au souverain (le principe de la désobéissance
civile), Kant ne fait pas de la raison d’État l’essence de la politique. S’il juge que la question la
plus difficile à résoudre pour l’histoire humaine est celle d’une réalisation parfaite du droit (Idée
d’une histoire universelle (prop.6), c’est qu’elle pose le problème essentiel des rapports entre la
politique et la morale. Dans le Projet de paix perpétuelle Kant examine les conditions d’une
réalisation politico-historique d’une doctrine du droit à travers, également, une critique du
moralisme politique, qui fait de la vertu l’alibi de l’accroissement du pouvoir, en exaltant une
politique de puissance.
Nous examinerons à travers l’analyse de la Critique de la raison pratique, qui entreprend de
fonder de façon plus systématique la morale, les principaux concepts moraux kantiens ( la
liberté, le devoir, le souverain bien) et leurs limites à l’épreuve de l’indétermination de
l’expérience historico-politique.
Indications bibliographiques :
Emmanuel Kant, Critique de la raison pratique, PUF, Paris, 2003.
Emmanuel Kant, Opuscules sur l’histoire, Flammarion, Paris 1990.
Emmanuel Kant, Vers la paix perpétuelle. Que signifie s’orienter dans la pensée. Qu’est-ce que les
Lumières ?, Flammarion, Paris, 1990.
Emmanuel Kant, Théorie et pratique, Flammarion, Paris, 1990.
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LAZZARATO MAURIZIO
La « pensée 68 », le capitalisme et sa critique
Semestre 1
Lundi 15h-18h
Master ouvert à la licence
L’étrange révolution de 1968 a déterminé un changement radical dans le fonctionnement du
capitalisme, avec ses modalités d’assujettissement et de subjectivation politique.
Comment la philosophie des années 1960 et 1970 comprend-elle la nouvelle nature du
capitalisme pour en développer la critique ?
Nous allons nous concentrer sur deux groupes de philosophes. Gilles Deleuze, Félix Guattari,
Jean-François Lyotard et Jean Baudrillard repartent de la critique de l’économie politique
marxiste pour interroger le concept de « production »: Deleuze et Guattari redéfinissent la
« production » à partir d’un nouveau concept de désir ; Lyotard problématise la « métaphysique
du développement » à partir de son « accélération » infinie ; Baudrillard finit par nier toute
pertinence au concept de production. Plus tard, Jacques Rancière et Alain Badiou vont repenser
la politique et la subjectivation à partir d’un concept de « démocratie » ou/et d’ « événement »
qui déplace radicalement le terrain de la critique philosophique de l’économie politique.
Mais nous ferons également une place à la pensée de Franz Fanon, à la fois enracinée dans la
culture européenne et en rupture avec elle. Ce qui nous permettra d'introduire le point de vue
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du colonisé dans la problématisation de la pensée 68.
Le cours portera sur les différentes manières de penser l’assujettissement et la subjectivation
politique à partir de ces différentes théories en développant une perspective critique sur
chacune d'entre elles.
Indications bibliographiques :
Jean François Lyotard, L’inhumain – Causeries sur le temps, rééd. Klincksieck, 2014.
Jean Baudrillard, Le Miroir de la production, Casterman, 1973.
Gilles Deleuze et Félix Guattari, L’Anti-Oedipe, Editions de Minuit, 1972.
Michel Foucault, Naissance de la Biopolitique, Seuil – Gallimard - EHESS, 2004.
Jacques Rancière, Au bord du politique, La Fabrique, 1998.
Frantz Fanon, Les damnés de la terre, rééd. La Découverte, 2004.
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LECERF ÉRIC
Les vestiges de l’Homo faber – retour sur un concept clef du
Bergsonisme
Semestre 1
Mercredi 15h-18h
Master ouvert à la licence
Si le concept d’Homo faber est assurément un élément déterminant de la philosophie
bergsonienne, on ne retient trop souvent de lui que la critique d’une intelligence réduite à sa
portée instrumentale. La préséance de l’Homo faber sur l’Homo sapiens procède cependant
chez Bergson d’une conception bien plus large de l’agir humain qui, dans son refus de dissocier
le penser du faire, permet de ne pas restreindre l’aliénation à un seul champ socio-économique.
Porter son attention sur une critique du jugement conduira ainsi à engager une réflexion sur
cette zone d’ombre de la philosophie qu’on pourrait formuler de la sorte : sous quelle forme
d’intelligibilité déterminer ce que le jugement doit au travail ? Autrement dit, qu’est-ce que
nous créons et épuisons de la pensée dans cet exercice de composition du jugement qui induit
vis-à-vis du réel un écart propre à toute fabrication.
Dans ce séminaire, nous chercherons à questionner ce second versant du concept d’ Homo
faber, en esquissant une critique, non plus dans la problématisation classique de l’intelligence,
mais plutôt du côté du travail, c’est-à-dire dans cette donnée implicite qui assigne au travail
une utilité portant en elle son propre champ de rationalité. D’une certaine façon, plutôt que de
chercher à voir ce que la philosophie de Bergson ajoute et retranche des données
métaphysiques dont nous nous servons pour qualifier les ressources propres à l’Homo sapiens,
nous tenterons de déterminer ce que cet usage de l’Homo faber construit comme figure
anthropologique du travail, ce en quoi elle est implicitement rattachée à une transformation des
représentations du travail impliquées par les évolutions techniques et sociales que connaît alors
le monde de la production. Nous nous appuierons, pour ce faire sur les analyses des
commentateurs de Bergson qui, dès la publication de L’évolution créatrice, se sont employés à
engager une réflexion sur les nouages entre cette philosophie implicite du travail et ce que la
postérité nommera le « vitalisme bergsonien ».
Indications bibliographiques :
Hannah Arendt : Condition de l’homme moderne
Henri Bergson : L’évolution créatrice
Henri Bergson : La pensée et le mouvant
Georges Gurvitch : La philosophie sociale de Bergson (in Revue de métaphysique et de morale, année
1948)
André Leroi-Gourhan : Le geste et la parole
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Charles Péguy : Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne (in Vol II des œuvres en proses)
Jean-Pierre Séris : Bergson et la technique (in Bergson, naissance d’une philosophie)
Georges Sorel : De l’utilité du pragmatisme
Georges Sorel : Vues sur les problèmes de la philosophie (in Revue de métaphysique et de morale, années
1910/1911)
Adriano Tilgher : Homo faber
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LECERF ÉRIC
Études transdisciplinaires d’un mythe moderne, Jekyll & Hyde
Semestre 1
Vendredi 9h-12h
Cours mutualisé UFR Arts/L1, ouvert à la licence 1 de philosophie
Dans le cadre de ce cours, nous étudierons les diverses œuvres cinématographiques qui ont pu
être produites à partir de la nouvelle de Robert Louis Stevenson, L’étrange cas du Dr.Jekyll et de
Mr. Hyde. Nous nous attacherons à recomposer la généalogie de ce mythe moderne, ses
sources tant philosophiques et culturelles, à étudier les modalités par lesquelles la société
moderne continue de produire des mythes.
Ce cours donnera lieu à un contrôle continu à partir d’analyses d’œuvres.
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MARCOS JEAN-PIERRE
Foucault et la peinture : Le sujet du tableau (Vélasquez, Manet,
Magritte…)
Semestre 1
Vendredi 9h-12h
Licence ouvert au master
Nous nous intéresserons aux discours foucaldiens sur le visible en général et sur la peinture en
particulier dans le cadre d’un atelier de lecture des textes concernés à seule fin de définir les
modalités modernes et contemporaines (Fromanger) de la mise en scène du regard qui
confrontera ultimement Foucault à Lacan.
Outre les pages des Mots et les Choses sur Vélasquez (Las Meninas), nous consulterons l’édition
des conférences sur Manet ainsi que le livre sur Magritte. Nous nous interrogerons aussi et
d’une manière générale sur le statut de l’image selon Foucault notamment à partir de ses
critiques adressées à Freud quant à l’interprétation du rêve dans sa préface au libre de
Binswanger.
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MENDES SARGO DAVID-EMMANUEL
Le totémisme pour philosophes
Semestre 1
Mardi 18h-21h
Licence ouvert au master
Empruntée aux Indiens Ojibwé d'Amérique du Nord (région des Grands Lacs), la notion de
« totem » (ododem) apparaît dans la littérature occidentale dès la fin du XVIIIe siècle. Elle
accompagne la naissance de l'anthropologie moderne pour en devenir un concept-clé au
tournant des XIXe et XXe siècles. « Fait social total », aussi bien organisation clanique que
conception religieuse du monde, le « totémisme » ainsi construit pourrait bien traduire une
fascination de l'homme blanc pour le supposé « primitif ». Lévi-Strauss fait le bilan de cette
construction 50 ans plus tard en remarquant que « la vogue de l'hystérie et celle du totémisme
sont contemporaines » et qu'elles « ont pris naissance dans le même milieu de civilisation ». En
suivant Émile Durkheim (1858-1917) dans Les formes élémentaires de la vie religieuse, on
s'efforcera, par la critique de cette construction déjà classique de traiter plusieurs thèmes liés :
Une anthropologie des religions est-elle possible, et à quelles conditions ?
Qu'est-ce qui qualifie la religion comme pensée ?
Y a-t-il une ontologie « primitive » ?
On s'attachera plus particulièrement cette année à poser les indices philosophiques et
politiques de la question de l'animalité humaine, dont le totémisme est le grand précédent.
Indications bibliographiques :
Texte de référence : DURKHEIM, Émile, Les formes élémentaires de la vie religieuse (1912), PUF.
BATAILLE, Georges, Théorie de la religion (env. 1958, posth. 1973), Tel, Gallimard
CAILLOIS, Roger, L'homme et le sacré (1939), Folio Gallimard.
DELEUZE, Gilles, GUATTARI, Félix, Mille Plateaux, Paris, Éditions de Minuit, 1980.
DONALDSON Sue et KYMILCKA Will, Zoopolis. A Political Theory of Animal Rights, 2011, Oxford, Oxford
University Press.
DESCOLA, Philippe, Par delà nature et culture, Gallimard.
ELIADE, Mircea, COULIANO, Ioan Peter, Dictionnaire des religions (1990), Pocket.
FRAZER, James George, - Le Rameau d'or (The Golden Bough, 1911-1915), édition fr. par Nicole Belmont et
Michel Izard, coll. « Bouquins », Robert Laffont,
FREUD, Sigmund, Totem et tabou (1913), Folio Gallimard.
LÉVI-STRAUSS, Claude, Le totémisme aujourd'hui (1962), PUF.
LÉVI-STRAUSS, Claude, La pensée sauvage (1962), Pocket.
LYOTARD, jean-François, L’Inhumain, Paris, Galilée, 1988.
MAUSS, Marcel, Manuel d'ethnographie (1926-1939), Payot.
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MENDES SARGO DAVID-EMMANUEL
La défensive-Clausewitz et le Rojava
Semestre 1
Jeudi 18h-21h
Licence ouvert au master
La lecture du traité De la Guerre de Carl von Clausewitz (1780-1831), qui est à la base de ce
séminaire, n'a de sens qu'au régime d'une décision de pensée : si la guerre, comme le dit
l'auteur, est « un véritable caméléon », à savoir qu'elle n'existe et se développe que sous des
conditions (politiques, historiques, anthropologiques, techniques, etc. ) qui en font des guerres,
c’est-à-dire toujours des individus historiques singuliers, il y a aussi la guerre, c’est-à-dire aussi
une logique générale de l’antagonisme, qu'on doit pouvoir considérer indépendamment de ses
conditions, ou, ce qui revient au même, dont les conditions doivent être saisies à titre de
variables.
Dans un premier temps, nous nous efforcerons de montrer, en suivant Clausewitz, comment
cette difficulté est au moins partiellement levée par une thèse remarquable, passablement
étrange, qui prend la forme non seulement d’un trait d’observation mais aussi celle d’un
théorème déduit : la supériorité de la défensive, seule base sur laquelle on puisse comprendre
qu’une guerre quelconque trouve son espace et son temps. Nous irons même jusqu’à tenir que
toute guerre, en ce sens, est clausewitzienne. Cette thèse sera soumise à la sagacité des
anthropologues et des philosophes.
Dans un second temps, nous prendrons un modèle contemporain : la guerre populaire au
Rojava (Syrie du Nord), en l’interrogeant sous des angles différents. Politique : réalité et
perspective du « confédéralisme démocratique », problèmes de la direction politique et des
alliances ; stratégique : comment une défensive de guérilla s’est transformée en défensive
conventionnelle ? Éducative : comment l’armée de défense du peuple est aussi l’université du
peuple ? Comment elle est aussi le creuset des transformations sociales : communisme,
émancipation des femmes, laïcité, indifférence identitaire, maîtrise des ressources, écologie
politique. On invitera divers intervenants.
Indications bibliographiques :
Texte de référence : CLAUSEWITZ, Carl von, De la guerre (posth. 1832). Trad. D. Naville. Minuit.
ARON, Raymond, Penser la guerre. Clausewitz. Gallimard.
CHALLIAND, Gérard, Anthologie mondiale de la stratégie, Laffont.
CLAUSEWITZ, Carl von, Principes fondamentaux de stratégie militaire (1812), Trad. G. Chamayou. Mille et
une nuits.
DERBENT, T. Clausewitz et la guerre populaire. (Suivi de LÉNINE : Notes sur Clausewitz. CLAUSEWITZ :
Conférences sur la petite guerre). Ed. Aden.
DURIEUX, Benoît (Col.), Clausewitz en France 1807-2007. Economica
GIRARD, René, Achever Clausewitz, Champs, Flammarion.
KANT, Immanuel, Critique de la faculté de juger (1790), Trad. A. Philonenko, Vrin.
MAO Zedong, Écrits militaires, 1968, Editions de Pékin.
TERRAY, Emmanuel, Clausewitz, Fayard.
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MOREAU DIDIER
Du souci de soi à l’éducation de soi-même
Semestre 1
Jeudi 15h-18h
Master (mutualisé avec le département de sciences de l'éducation, M2)
L’éducation de soi-même est comme, axe central de l’éducation tout au long de la vie, un enjeu
majeur des projets des politiques institutionnelles de formation. Sa genèse théorique sera
étudiée pour clarifier les enjeux contemporains de la question éducative, du point de vue
politique et éthique. Le séminaire retracera la genèse, à partir du champ de la philosophie
pratique, de la perspective du souci de soi métamorphique chez Sénèque. On étudiera
comment la modernité reprend le problème dans un conflit structuré entre anamorphose
métaphysique (Conversion) et métamorphose affranchie de toute transcendance, à travers la
tradition des exercices spirituels. On s’appuiera sur la lecture des Stoïciens, Ignace de Loyola,
Emerson, Nietzsche, Stanley Cavell, Walter Benjamin et Michel Foucault. Des appuis
complémentaires seront pris dans la littérature de formation. On ouvrira la perspective d’une
formation de soi-même émancipatrice.
Indications bibliographiques :
Sénèque, Œuvres, Paris, R. Laffont, 1993.
R. W. Emerson, La confiance en soi et autres essais, Paris, Payot, 2000.
R. W. Emerson, De l’utilité des grands hommes, Paris, Mille et Une Nuits, 2003.
F. Nietzsche, 3ème Considération inactuelle, Schopenhauer éducateur, Paris, Gallimard, 1988.
M. Foucault, L’herméneutique du sujet, Paris, Gallimard, 2001.
Œuvres littéraires :
Conversations de Goethe avec Eckermann, Paris, Gallimard, 1949.
Haruki Murakami, Autoportrait de l’auteur en coureur de fond, Paris, Belfond, 2009.
Jean-Pierre Abraham, Armen, Le Tout sur le Tout, Gouvernes, 1988 (1ère édition : Seuil, 1967).
Les textes et documents seront disponibles sur la plateforme pédagogique : http://www.sc-educparis8.org/
Code du cours : SDS ; le mot de passe sera communiqué dès les premières séances.
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MOREAU DIDIER
Philosophie de l’éducation : L’éducation métamorphique, de
la Paideia à la Bildung
Semestre 1
Jeudi 18h-21h
Master (mutualisé avec le département de sciences de l'éducation, M1)
L’histoire des idées pédagogiques est corrélée à l’histoire de la métaphysique. Plutôt que de
postuler une structure éternelle de l’éducation, nous chercherons à comprendre comment la
pensée pédagogique a pris en charge, depuis l’antiquité, la problématisation philosophique de
la formation de l’homme. Face au schème onto-théologique encore prégnant de la conversion
de l’homme à la vérité de son essence, nous reprendrons le fil de la pensée d’une éducation
métamorphique, telle qu’elle fut ouverte par l’humanisme stoïcien, développée par la
Renaissance comme l’arme majeure contre la théologie dogmatique, et réinvestie dans la
pensée de la Bildung comme antidote à cette sécularisation de l’Absolu représentée par la
figure de l’État Éducateur. L’éducation métamorphique pourra apparaître comme le paradigme
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philosophique majeur d’une éducation émancipatrice.
Indications bibliographiques :
Heidegger M. , La doctrine de Platon sur la vérité, Questions II, Paris, Gallimard, 1968.
Jaeger W. , Paideia, Paris, Gallimard, 1988.
Montaigne, Les Essais.
Herder, Une autre philosophie de l’histoire, Paris, Aubier, 1964.
Humboldt, De l’esprit de l’humanité, Charenton, Premières Pierres, 2004
D’autres textes et documents seront accessibles sur la plateforme pédagogique : http://www.sceducparis8.org/
Code du cours : PEPB ; un mot de passe sera communiqué lors de premières séances
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PÉRIN NATHALIE
François Châtelet, la question de l'enseignement de la philosophie
Semestre 1
Vendredi 9h-12h
Licence ouvert au master
La critique de l'institutionnalisation de la philosophie, renvoyant à une certaine
définition/redéfinition du travail de celle-ci, est au cœur de la question de la transmission de
la philosophie telle qu'elle est pensée par François Châtelet. La philosophie des professeurs
(1970) est, de ce point de vue, un ouvrage à redécouvrir. Cette résistance à l'image instituée
de la philosophie va jeter les bases d'une nouvelle défense de son enseignement en
rencontre problématique avec le mouvement formé autour de J. Derrida et du GREPH, et du
Doctrinal de Sapience, aux alentours de l'année charnière 1974-1975. À une attaque
exemplaire du pouvoir politique, défendre cet enseignement consistera alors à repenser la
place de la philosophie dans le savoir et à poser, dans son geste de transmission, la
nécessaire modification de sa posture, de son travail, en relation aux autres genres de la
pensée. Ainsi, pour repasser par cette question de l'enseignement de la philosophie dans
l'œuvre de Châtelet, il s'agira de se donner des outils de réflexion pour commencer
d'interroger notre propre actualité enseignante de la philosophie – place et fonction – dans
nos établissements d'enseignement.
Indications bibliographiques :
Le cours s'appuiera, pour une grande part, sur les nombreux articles du philosophe (devenus rares) liés à
cette question de l'enseignement de la philosophie. Articles que nous mettrons à la disposition des
étudiants.
F. Châtelet, La philosophie des professeurs, Grasset, 1970 ; réédition : U.G.E, « coll. 10/18 », Paris,
1972.
J. Derrida, Du droit à la philosophie, Galilée, Paris, 1990.
S. Douailler, P. Vermeren, L’institutionnalisation de l’enseignement philosophique français », L’Univers
philosophique, Encyclopédie philosophique universelle, P.U.F., Paris, 1989, pp. 808-815.
G. Politzer, La fin d’une parade philosophique : le bergsonisme, Jean-Jacques Pauvert, « coll. Libertés
nouvelles », Paris, 1er trim. 1968.
––––––––––, « Dans la cave de l'aveugle », La pensée, Revue du rationalisme moderne, arts,
science,
philosophie, directeurs : P. Langevin, G. Cogniot, n° 2, juillet-août-septembre 1939.J.-F. Revel, Pourquoi
des philosophes ; La Cabale des dévots , Robert Laffont, Paris, 1997.
P. Vermeren, (directeur de publication), Le Doctrinal de Sapience, Cahiers
d'enseignants
de
philosophie et d'histoire, 1er conseil de rédaction : S. Douailler, G. Navet, P.Vermeren, P. Weirich, J.-F.
Wiedemann, 6 numéros, Ed. Doctrinal de Sapience et Solin, Paris, Hiver 1975- 4 ème trimestre 1979.
––––––––––, Victor Cousin. Le jeu de la philosophie et de l'Etat, L'Harmatttan, « coll. La Philosophie en
Commun », Paris, 1995.
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PINGEOT MAZARINE
Philosophie et cinéma : Disparaître. Analyse de Shokusaï de
Kurosawa
Semestre 1
Mardi 9h-12h
Licence ouvert au master (mutualisé avec le département de cinéma)
Qu’est-ce que dis-paraître, du point de vue visuel : comment manifester la disparition,
comme faire apparaître le dis-paraître. Une esthétique de la disparition.
Quand la disparition devient intra-diégétique, comment se met-elle en récit ? Ce n’est plus
tant la question du visible et de l’invisible que celle de la temporalité qui entre en jeu : la
disparition a à voir avec la mémoire, et son combat. Car disparaître de la mémoire, c’est
disparaître tout à fait. Qu’est-ce que, pour une trace, de disparaître ? Comment récupérer
quelque chose du disparaître ? Et comment le montrer ?
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PINGEOT MAZARINE
Réalité, expérience, vérité
Semestre 1
Jeudi 9h-12h
Master ouvert à la licence
« Le cours de l’expérience a baissé » écrivait Benjamin dans le Conteur, mais qu’est-ce qu’une
expérience ? Vit-on réellement moins d’expériences que nos ancêtres ? Ou l’expérience
recouvre-t-elle un rapport au réel qui a été mis en faillite ? Qu’est-ce qui fait que l’appropriation
du réel ou sa subjectivation a, à un moment donné, été interrompu ? Comment décrire une
expérience qui n’en est pas une ? Et qui de se fait ne peut être partagée, transmise ?
Deux grands axes redéfinissent le rapport au réel : les totalitarismes et les génocides qui ont
scindé les régimes de vérité, et qui rendent quasiment impossible le « témoignage », alors que
bien souvent, il demeure seul à tenir le vrai, tandis que les preuves et les traces ont été
détruites. Qu’est-ce que la difficulté du témoignage révèle de la disruption du réel et de ses
différentes herméneutiques ?
Mais d’un autre côté, le rapport au réel induit par la technique et surtout par l’image a été
appauvri. Nous interrogerons le prisme de l’image et de la vision, comme métaphore privilégiée
de la philosophie, mais aussi comme ce qui a fini par recouvrir le réel, et évacuer celui-ci au
profit de sa représentation ; à tel point qu’il n’y a plus de représentation.
Indications bibliographiques :
Benjamin, le conteur
Günther Anders, L’obsolescence de l’homme
Hannah Arendt, Idéologie et terreur
Baudrillard, Traverses/29, 1983
Youssef, Ishgapour, Traverses/29, 1983
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PRADO PLÍNIO W.
Sur l’art du retournement. Antiphilosophie universitaire (I)
Semestre 1
Jeudi 18h-21h
Licence ouvert au Master
Dans la Confusion des sentiments de Stefan Zweig, un ex-étudiant devenu professeur avoue
qu’il demeure habité par la voix d’un autre, le maître disparu, qui respire toujours par ses
lèvres. Plus encore : son être (sa vocation, son choix de vie, sa destinée) est né et ne cesse de
naître de la rencontre avec cet autre et sa façon à lui de « vocaliser les concepts ».
La nouvelle décrit un effet majeur de l’enseignement et de la rencontre enseignante : le
retournement dans le cours d’une existence. La rencontre inaugurale a valeur d’initiation.
De cela, il n’y a pas de méthode, ni de science. Comme la tekhnè psychagogia que définit le
Phèdre (261 a), cela appartient au champ des arts de traiter l’âme par la parole (dont la cura
sui et, à l’autre bout, la psychanalyse sont des spécifications éminentes).
On attribue à Aristophane la définition de l’essence de cet art : « Enseigner, ce n’est pas remplir
un vase, c’est allumer un feu ». Non pas « transmettre » (des informations, des savoirs établis),
mais susciter une passion (vocation, inspiration, désir ou raison d’être) ; l’important est que
l’ardeur soit capable d’opérer un retournement existentiel, un sursaut de vitalité, en engageant
un nouvel êthos. Dans le lexique deleuzien : l’art d’augmenter la puissance d’exister.
Au cours du présent séminaire nous nous attacherons à expliciter l’axiomatique de cet art de la
rencontre.
Textes de Barthes, Châtelet, Deleuze, Foucault, Lacan, Lyotard, Nietzsche, Platon.
Les références bibliographiques seront précisées lors des séances de présentation des cours.
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POULAIN JACQUES
L’esthétisation économique du monde et la culture politique de la
justice
Semestre 1
Mercredi 15h-18h
Licence ouvert au master
Le transfert de l’expérimentation scientifique dans le monde social transforme cette
expérimentation en forme de vie en lui soumettant la vie économique et politique. Le
consensus démocratique y est censé régler la vie humaine comme le consensus scientifique
avec le monde visible est présumé régler le progrès scientifique. La soumission néolibérale de
ce consensus au marché entrave toute culture politique de la justice en produisant une
esthétisation économique du monde.
Comme le bonheur de justice sociale arrive ou n’arrive pas indépendamment de la volonté des
partenaires sociaux de le produire, il a l’air d’être produit par une volonté commune
désintéressée. Son événement et son absence d’occurrence sont donc réfléchis comme des
affects esthétiques analogues au sentiment du beau, produits par une conscience désintéressée
qui se réfléchit comme métrétique désintéressée du bonheur effectivement atteint (Kant) ou
non atteint. Cette métrétique exprime son savoir chaque jour dans les courbes de valeurs des
actions.
Ce cours analysera comment réintégrer l’usage du jugement philosophique dans cette
expérimentation économique et pragmatique de l’homme pour rétablir une culture du jugement
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de vérité au sein de l’inculture du capital. Une critique philosophique de l’économie est-elle
concevable ? Qu’est-ce que philosopher la mondialisation ?
Indications bibliographiques :
G.W.F. Hegel Les principes de la philosophie du droit, Gallimard, 1940.
M. Weber Économie et société, Plon, 1971 ; L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Plon, 1964
H.P. Martin et H. Schumann Le piège de la mondialisation. Une attaque contre la démocratie et le bienêtre, Solin, Actes Sud, 1997
J. Rawls Théorie de la justice, Seuil, 1987
J. Habermas La théorie de l’agir communicationnel, Fayard, 1987 ; Droit et démocratie, NRF, 1997
K.O. Apel Discours et responsabilité, Cerf, 1996
P. Ricœur Le Juste, Seuil, 1995
Rapport moral sur l’argent dans le monde, L’éthique financière face à la mondialisation, Association
d’économie financière, Montchrestien, 1997
F. de Bernard (Ed.) Dictionnaire critique de la mondialisation, Le pré aux Clercs, 2002
J. Stiglitz, Un autre monde, Fayard, 2006 ; Le prix de l’inégalité, Les liens qui libèrent, 2012
T. Piketty, Le capital au XXIème siècle, Seuil, 2013
I. Varoufakis, Le Minotaure planétaire, Ed. du Cercle, 2012
J. Poulain L’âge pragmatique ou l’expérimentation totale, L’Harmattan, 1991 ; La neutralisation du
jugement ou la critique pragmatique de la raison politique, L’Harmattan, 1993 ; Les Possédés du vrai.
Exorcismes philosophiques, Ed. du Cerf, 1998
J. Poulain (Ed.) Qu’est-ce que la justice ? Devant l’autel de l’histoire, P U V, 1996 ; La reconstruction
transculturelle de la justice, Ed. L’Harmattan, 2011
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POURHOSSEINI BEHRANG
Georges Bataille et la négativité sans emploi
Semestre 1
Mardi 15h-18h
Licence ouvert au master
En 1937 dans une lettre adressée à Kojève, Bataille affirme que la blessure ouverte qu’est sa
vie, à elle seule constitue la réfutation du système fermé de Hegel. Cette blessure s’explique
avant tout par sa relation d’amour-haine envers la pensée hégélienne. Il est un hégélien
« sans réserve », il accompagne Hegel jusqu’au bout, il mime son geste pour enfin le rendre
inopérant, inutile; pour enfin, en compagnie de Nietzsche, rire devant le système. Bataille, ce
« fou de Hegel », est une figure incontournable de la réception de la pensée hégélienne en
France, en ceci qu’il offre une lecture non-conformiste de Hegel qui ne cesse d’inspirer la
pensée contemporaine. Au-delà de l’horizon de la dialectique hégélienne, basée sur le
mouvement de la négativité dans l’histoire, Bataille propose une négativité non-dialectisable
qui ne sert à rien, une négativité poussée à l’extrême, sans ancrage positif et sans œuvre à
réaliser ; en d’autres termes, une « négativité sans emploi » qui ouvre dans le domaine du
savoir absolu l’espace du non-savoir. C’est en partant de cette négativité sans emploi, qui
trouve sa fin dans la mort, que Bataille élabore une pensée à la limite, un discours
« impossible ». On pourrait désormais interpréter tous les thèmes clés de la pensée de
Bataille, comme le rire, l’extase, la souveraineté, l’expérience intérieure, l’érotisme, la
dépense, le jeu, la communication, la transgression, le desœuvrement, le sacré, etc. à la
lumière de son dialogue critique avec Hegel. Dans ce cours, nous étudierons ces différentes
conjugaisons de « la négativité sans emploi » chez Georges Bataille.
Indications bibliographiques :
Bataille, Georges. L’expérience intérieure, Paris : Gallimard, 1943.
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Bataille, Georges, Lascaux ou la naissance de l’art, Genève : Albert Skira, 1980.
Bataille, Georges. L'Érotisme, Paris : Éditions de Minuit, 1957.
Bataille, Georges. La Part maudite, Paris : Éditions de Minuit, 1949.
Kojève, Alexandre. Introduction à la lecture de Hegel. Paris, Gallimard, 2e ed, 1980.
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RAMBEAU FRÉDÉRIC
Éthique et croyance
Semestre 1
Mardi 12h-15h
Licence ouvert au master
Ce cours propose d’étudier le sens et la fonction que Deleuze et Foucault ont donné à la
croyance dans leurs dernières philosophies « éthiques ». Sur des terrains certes différents (le
cinéma moderne et la littérature américaine pour Deleuze, la longue histoire des pratiques de
soi chez Foucault) ils reconnaissant tous les deux dans « la conversion du savoir en croyance »
les ressources subjectives à mobiliser face au problème qu’ils estiment être le nôtre : l’absence
d’une éthique partagée. Que peuvent à cet égard les éthiques deleuzienne et foucaldienne,
quand elles ordonnent la subjectivation à la croyance ? Leur manière de refuser le fatalisme,
dont la résignation dissout la décision subjective au profit de l’ordre des choses, et d’échapper
au nihilisme qui, à l’inverse, détruit le second dans l’unique valorisation de soi, passe-t-elle
nécessairement par la promesse du salut et d’une éternité potentielle du sujet ? Visent-elles,
comme la sagesse et ses récits philosophiques, à nous mettre « à l’heure du monde », à nous
réconcilier avec lui en croyant en son bon ajustement ? Ou bien, différemment, à nous
(re)donner confiance en notre capacité à faire être ce qui n’existe pas encore, et donc à
préserver la possibilité même du futur : à l’inverse de cette confiance du sujet économique,
dont les estimations et les évaluations, postulant la pérennité de l’économie de marché et de
son crédit, n’organisent plus en vérité qu’une défiance généralisée en notre puissance d’agir et
de choisir.
Indications bibliographiques :
Gilles Deleuze, L’Image-Temps, chapitre 7 « La pensée et le cinéma », Minuit, Paris, 1985
––––––––––, « Bartleby ou la formule », in Critique et Clinique, Minuit, Paris, 1993
Deleuze et Guattari, Qu’est-ce que la philosophie ? Minuit, Paris, 1993
Michel Foucault, Le courage de la vérité, Cours au Collège de France, 1984, Gallimard/Seuil, Paris, 2009
––––––––––, L’Herméneutique du sujet, Cours au Collège de France, 1981, Gallimard/Seuil, Paris, 2001
William James, La volonté de croire, Les empêcheurs de penser en rond, 2005
Sören Kierkegaard, Ou bien…Ou bien, Gallimard, Paris, 2005
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RAMBEAU FRÉDÉRIC
L’immanence et la philosophie transcendantale
Semestre 1
Vendredi 12h-15h
Master ouvert à la licence
L’avènement de la philosophie transcendantale a marqué la philosophie moderne ; elle a
identifié l’ontologie au système de la représentation et à l’immanence de la conscience à ellemême. Ce cours propose d’étudier certaines critiques contemporaines du transcendantal (au
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sens kantien), qui entendent fonder une immanence ontologique, affranchie de la conscience et
du rapport intériorisé entre Sujet et Objet. L’intentionnalité ontologique (et non plus égologique)
de Bergson puis de Merleau-Ponty. L’a priori matériel et historique chez Canguilhem et Foucault.
L’empirisme transcendantal de Deleuze. Ces transformations contemporaines du régime
transcendantal de la philosophie n’indiquent pas tant une rupture avec la philosophie moderne
ou un abandon du transcendantal, qu’elles font apparaître, après coup, les conditions de réalité
d’une modernité irréductible au formalisme comme à l’historicisme. Elles déjouent ainsi la
dialectique entre l’autonomie de la philosophie – ses inventions formelles – et sa dépendance à
l’égard des pratiques et contextes institutionnels – sa signification sociale – en faveur d’une
tension maintenue entre sa désidentification et sa différenciation. Ces déplacements du
transcendantal se sont joués essentiellement dans trois directions : l’exploration de la structure
du signe, de la constitution du sujet et du rôle de l’institution. Ils ont opéré une véritable contreeffectuation de la révolution critique.
Une bibliographie détaillée sera distribuée au début du semestre.
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RAMOND CHARLES
Introduction à la philosophie moderne : la pensée et l’étendue
Semestre 1
Mardi 15h-18h
Licence
La philosophie s’engage, au XVIIe siècle, sur les chemins nouveaux du « mécanisme », du
« rationalisme » et de la modernité, par une réduction généralisée de tous les phénomènes à
l’étendue. Le cours présentera les doctrines et les controverses portant sur cette réduction, en
traitant principalement de Descartes (distinction entre les corps étendus et les pensées
inétendues dans les Méditations et les Principes de la Philosophie), Spinoza (parallélisme de la
pensée et de l’étendue dans l’Éthique), Malebranche (théorie de l’étendue intelligible dans les
Entretiens sur la métaphysique et la religion et la Correspondance avec Dortous de Mairan), et
Leibniz (critique de la conception cartésienne de l’étendue passive dans le Système nouveau de
la nature et de la communication des substances – éd GF par Christiane Frémont). La
présentation des doctrines, des controverses, et des interprétations sera aussi, dans ce cadre,
l’occasion d’une réflexion sur l’histoire de la philosophie.
L’évaluation résultera de la moyenne entre un « Contrôle Continu » comprenant des exercices
en temps limité et des travaux sans limite de temps, et un « Examen » consistant en une étude
de texte (explication et questions) en temps limité. La participation au Cours sera prise en
compte.
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RAMOND CHARLES
Kant : Critique de la Faculté de Juger, 2ème partie (Critique de la
faculté de juger téléologique)
Semestre 1
Jeudi 15h-18h
Master ouvert à la licence
La Critique de la Faculté de Juger Téléologique parachève le système kantien en poussant à son
terme l’analyse des rapports entre le mécanisme et la finalité dans la nature. Elle se présente
ainsi comme la résolution des apories les plus profondes de la modernité. Après quelques
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rappels sur le cours de 2015-2016, nous poursuivrons cette année l’étude suivie de l’ouvrage.
Édition utilisée : Traduction de Alain RENAUT, GF.
L’évaluation résultera de la moyenne entre un « Contrôle Continu » comprenant des exercices
en temps limité et des travaux sans limite de temps, et un « Examen » consistant en une étude
de texte (explication et questions) en temps limité. La participation au Cours sera prise en
compte.
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RENAULT MATTHIEU
Variations hégéliennes : la voix de l'esclave
Semestre 1
Mercredi 18h-21h
Licence ouvert au master
Entre 1933 et 1939, le philosophe d'origine russe Alexandre Kojève donna à l'École p ratique des
hautes études des cours sur la Phénoménologie de l'esprit de Hegel qui ont marqué l'histoire de
la philosophie au XXe siècle. Dans une lettre de 1948, il confie : « mon cours était
essentiellement une œuvre de propagande destinée à frapper les esprits. C'est pourquoi j'ai
consciemment renforcé le rôle de la dialectique du Maître et de l'Esclave et, d'une manière
générale, schématisé le contenu de la phénoménologie ». Ce geste philosophique et politique
fut l'origine d'une multiplicité d'appropriations et de variations sur la pensée de Hegel visant à
problématiser, du point de vue de l' « esclave », les phénomènes d'oppression (de classe, de
genre et de « race ») et les modalités de leur renversement. Ce cours se divisera en deux
séquences : dans un premier temps, nous prendrons les mots de Kojève au pied de la lettre en
tâchant, collectivement, de redessiner sous la forme d'un schéma dynamique son interprétation
de Hegel ; dans un second temps, nous étudierons comment, en vertu d'un retour aux sources
cachées de la dialectique maître-esclave, constituant l'envers de la modernité, ce schéma a été
repris et transformé (par Frantz Fanon, Angela Davis et d'autres) pour rendre compte des
formes de domination raciales en contexte esclavagiste et post-esclavagiste.
Indications bibliographiques :
Alexandre Kojève, Introduction à la lecture de Hegel, Paris, Gallimard, 1979.
Alexandre Kojève, La Notion de l'autorité, Paris, Gallimard, 2004.
Alexandre Kojève, Esquisse d'une phénoménologie du droit, Paris, Gallimard, 2001.
Susan Buck-Morss, Hegel et Haïti, Paris, Lignes - Léo Scheer, 2006.
Angela Davis, Lectures on Liberation, in Frederick Douglass, Narrative of the Life of Frederick Douglass, an
American Slave, San Francisco, City Light Books, 2010.
Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs, Paris, Le Seuil, 2015.
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SARDINHA DIOGO
« Qu’est-ce que l’homme ? » Relire l’anthropologie kantienne
Semestre 1
Mercredi 15h-18h
Master ouvert à la licence
En expliquant que les trois interrogations « que puis-je savoir ? », « que dois-je faire ? » et « que
m’est-il permis d’espérer ? » se rapportent à une quatrième question, « qu’est-ce que
l’homme ? », Kant a accordé à l’anthropologie un statut singulier, voire exceptionnel. Il a pu
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apparaître ainsi, aux yeux de Foucault par exemple, comme la source du sommeil
anthropologique moderne. Mais quand on lit son ouvrage Anthropologie du point de vue
pragmatique, on constate que la question « qu’est-ce que l’homme ? » n’y est pas formulée, et
elle est même soigneusement évitée. Dès lors, on a affaire à un paradoxe, qu’on pourrait
résumer de la façon suivante : lorsque Kant pose la question « qu’est-ce que l’homme ? », il n’y
répond pas, et lorsqu’il traite de l’homme, il ne pose pas la question de savoir ce qu’est
l’homme. Partant de cette idée, le séminaire explorera le discours anthropologique kantien sur
le peuple, l’Europe, la nation et la populace, mais aussi sur l’humanité et l’animalité, le bien et
le mal, afin de pénétrer la façon dont il détermine différentes figures de l’humain.
Indications bibliographiques :
Étienne Balibar, « Ce qui fait qu’un peuple est un peuple. Rousseau et Kant », La Crainte des masses.
Politique et philosophie avant et après Marx, Paris, Galilée, 1997
Benedict Anderson, L’imaginaire national. Réflexions sur l’origine et l’essor du nationalisme, Paris, La
Découverte, 2002
Jean Ferrari (org.), L’Année 1798. Kant et la naissance de l’anthropologie au siècle des Lumières, Paris,
Vrin, 1997
Foucault, Introduction à l’Anthropologie de Kant, Paris, Vrin, 2008
Kant, Anthropologie du point de vue pragmatique, trad. Foucault, Paris, Vrin, 2008
Gunter Gebauer et Christoph Wulf, « After the ‘‘Death of Man’’. From Philosophical Anthropology to
Historical Anthropology », Iris, n° 1, 2009
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SCHMEZER GERHARD
Anglais pour philosophes : Introduction à la philosophie analytique
Semestre 1
Lundi 12h-15h
Licence, master
Qu’est que la philosophie analytique ? Comment comprendre cette tradition intellectuelle qui
semble se définir justement par une certaine distance à l’égard de la philosophie
traditionnelle ? Certes, quand on examine de près les multiples manifestations de cette
philosophie depuis ses origines jusqu’à nos jours, on trouve chez quasiment tous ses
représentants une exigence intraitable sur la clarté du langage et une certaine méfiance à
l’égard des grands systèmes philosophiques. Pourtant, le terme même de « philosophie
analytique » reste ambigu : il n’y a aucun texte fondateur, aucune doctrine à laquelle tous les
praticiens adhèrent et aucune méthode suivie par tous. En étudiant cette tradition très
pluraliste, nous espérons mieux faire saisir les enjeux de cette « manière », ou plutôt, de « ces
manières » de faire de la philosophie.
Ce cours poursuit un double objectif, philosophique et linguistique : il s’agit d’une part de lire et
de commenter des textes philosophiques, d’autre part de se familiariser avec la langue
anglaise, son fonctionnement et son vocabulaire spécifique à la philosophie contemporaine.
Il est impératif d’avoir passé le test de niveau en ligne avant de se présenter au cours. Le test
est accessible à partir de l’espace étudiant. Ce cours, donné principalement en langue anglaise,
est accessible à partir du niveau A2 (CECRL).
Page web : http://www.depa.univ-paris8.fr/spip.php?article1358
Indications bibliographiques :
F. ARMENGAUD (dir.), G. E. Moore et la genèse de la philosophie analytique, Paris, Klincksieck, 1985.
A. J. AYER, Language, Truth and Logic, London, Victor Gollancz, 1936.
A. P. MARTINICH et D. SOSA (dir.), A Companion to Analytic Philosophy, Oxford, Blackwell, 2005.
G. RYLE, The Concept of Mind, Londres, Hutchinson, 1949.
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A. SOULEZ (dir.), Manifeste du Cercle de Vienne et autres écrits, 2e éd., Paris, Vrin, 2010.
L. WITTGENSTEIN, The Blue and Brown Books, 2e éd., Oxford, Blackwell, 1997.
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STETTER JACK
Leibniz contra Locke
Semestre 1
Mardi 15h-18h
Master ouvert à la licence
This course will be taught in English. Our aim is twofold: help students advance in their mastery
of English; introduce students to the thought of the Early Modern philosophers John Locke
(1632-1704) and Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716), and by extension to the empiricist and
rationalist traditions writ large. Leibniz wrote his Nouveaux essais sur l’entendement humain
(written in French, published posthumously in 1765) as a polemical, paragraph-by-paragraph
rebuttal of Locke’s Essay Concerning Human Understanding (written in English, published in
1689). Reading Locke and Leibniz in sequence makes for a very worthwhile introduction to
many of the most important philosophical quarrels that animated the Early Modern period. One
could even say that, in certain respects, this dispute – Leibniz the rationalist contra Locke the
empiricist – foreshadows many contemporary disputes separating continental and analytic
philosophy. Especially important themes that will frame this course include: the dispute
between empiricism and rationalism; the tabula rasa theory of knowledge and the problem of
innate knowledge; theories of substance and theories of perception. Though our concerns will
be mostly metaphysical and epistemological, we also will make use of other media, esp. film, to
situate this debate with respect to Western European history as a whole. By the end of this
class, students should be able to demonstrate their familiarity with Locke and Leibniz as well as
an ability to comment on and discuss English-language texts. Exams will take the form of a midsemester in class oral exam (30 mins., in English or French, student’s choice) and an end-of-thesemester at home writing exercise (5-10 pgs., in English or French, student’s choice). This class
is especially well suited for students who anticipate participating in the Kingston UniversityUniversité Paris 8 joint Masters program.
Indications bibliographiques :
LEIBNIZ, Nouveaux essais sur l’entendement humain, éd. Jacques BRUNSCHWIG (Paris: Flammarion,
1990).
LEIBNIZ, New Essays on Human Understanding, ed. Jonathan BENNETT and Peter REMNANT (Cambridge:
Cambridge University Press, 1996).
LOCKE, An Essay Concerning Human Understanding, ed. Pauline PHEMISTER (Oxford: OUP, 2008).
LOCKE, Essai sur l’entendement humain, éd. Philippe HAMOU (Paris: Livre de Poche, 2009).
LOCKE, Identité et Différence : L'Invention de la conscience, édition bilingue (anglais-français), éd. Étienne
BALIBAR (Paris : Seuil, 1998).
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VERMEREN PATRICE
La révolution comme énigme
Semestre 1
Lundi 15h-18h
Licence ouvert au master
L’énigme de la Révolution, chez Miguel Abensour, va de paire avec un paradoxe : celui du héros
révolutionnaire. Qu’est-ce qu’une énigme ? Selon Littré : « définition de choses en termes
obscurs, mais qui, tous réunis, désignent exclusivement leur objet et sont données à deviner.
(…) Par extension : tout ce qui n’est pas facile de comprendre, de deviner, au premier abord ».
Une des manières de répondre à la question du choix que fait Miguel Abensour de la Révolution
Française pourrait être que celle-ci offre plus que toute autre une situation complexe qui
accentue le caractère énigmatique de la Révolution. Et qu’est-ce qu’un paradoxe ? Toujours
selon Littré : « Opinion contraire à l’opinion commune », qui ajoute une citation des Lettres
persanes de Montesquieu qui sied bien à la méthode de Miguel Abensour : « On aime à soutenir
des opinions extraordinaires et à réduire tout en paradoxes ». Autre citation, d’une lettre de J.J.
Rousseau à M.Moultou : « Tous les hommes vulgaires, tous les petits littérateurs sont faits pour
crier toujours au paradoxe, pour me reprocher d’être outré » : elle pourrait aussi servir à penser
le choix de Saint-Just, comme suceptible d’être le mieux à même, de tous les héros
révolutionnaires, à faire crier au paradoxe, et d’énoncer une opinion comme contraire à
l’opinion commune. Miguel Abensour peut encore dire aujourd’hui : nous avons un rapport à la
Révolution Française, et sinon il faut l’avoir. Comment Miguel Abensour passe-t-il de l’étude de
la Révolution française à celle du concept de révolution chez Marx ? Et de la lecture d’Antonio
Labriola, Karl Korsch et Herbert Marcuse à celle de la Critique du droit politique hégelien, des
Manuscrits de 44 et des articles de Marx publiés de 1842 à 1844 dans la Gazette rhénane et
dans les Annales franco-allemandes ?
Indications bibliographiques :
Miguel Abensour : Utopiques 4, Sens et Tonka, 2016
Miguel Abensour et Louis Janover : Maximilien Rubel, pour redécouvrir Marx, Sens et Tonka, 2008
Miguel Abensour : La démocratie contre l’Etat, Le Félin, troisième édition, 2012
Miguel Abensour : « l ‘héroïsme et l’énigme du révolutionnaire moderne », Les aventures de la raison
politique, Métaillé 2006
Miguel Abensour : Rire des lois, du magistrat et des dieux, Horlieu, 2005
Miguel Abensour : Les formes de l’utopie socialiste –communiste. Essai sur le communisme critique et
l’utopie, thèse, Université Paris 1, 1973
Hourya Bentouhami, Ninon Grangé, Anne Kupiec, Julie Saada : Le souci du droit : où en est la théorie
critique ? Sens et Tonka, 2009
Gilles Labelle : « L’héroïsme révolutionnaire entre enthousiasme et effroi. Miguel Abensour, lecteur de
Michelet », Les Anciens dans la pensée politique contemporaine, Breaugh et alii (dir.), Presses Université
de Laval, 2010
Manuel Cervera-Marzal: « Marx contre lui-même. L’héritage marxien de la pensée de Miguel
Abensour », Revue Française d'Histoire des Idées Politiques 2/2015 (N° 42).
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VERMEREN PATRICE
Georges Canguilhem, de la situation actuelle de la philosophie
française à la question : qu’est-ce qu’un philosophe en France
aujourd’hui ?
Semestre 1
Cours intensif (janvier 2017)
Master ouvert à la licence
En 1948, Georges Canguilhem écrit : « Personnellement je ne puis appeler une philosophie
qu’une exploration qui ne comporte pas la certitude qu’il y a une auberge au bord de la route ».
A la question : de quoi traite la philosophie ? il répond : des attitudes de l’homme devant la vie.
Décrivant la situation de la philosophie en France, il donne comme étant les problèmes ou les
doctrines de l’heure : l’humanisme, le marxisme, l’existentialisme. Et il s’emploie à défendre et
illustrer l’enseignement de la philosophie comme un métier, dont il trouvera encore la valeur et
la dignité quarante ans plus tard dans le rapport que la philosophie des professeurs a toujours
entretenu avec la philosophie des philosophes. La question devient : Qu’est-ce qu’un
philosophe en France aujourd’hui ? Quel rapport entretient-il avec ce professeur (qui s’origine
au moins à Victor Duruy, sinon à Victor Cousin) prenant l’interrogation philosophique au sérieux,
et présentant la philosophie comme la mise en question de sa propre possibilité, dans une
orientation plus ou moins authentiquement kantienne sous condition de l’impératif de la
critique ? Il s’agit de contribuer, à partir du corpus canguilhemien, à l’élucidation de cette
question du temps présent, destinée à demeurer question: mort de l’enseignement
philosophique ou épuisement du paradigme cousinien ?
Indications bibliographiques :
Georges Canguilhem : « La problématique de la philosophie de l’histoire au début des années 30 »,
Raymond Aron, la philosophie de l’histoire et les sciences sociales, Editions Rue d’Ulm, 1999
Georges Canguilhem : Résistance, philosophie biologique et histoire des sciences, Œuvres complètes,
1940-1965, Vrin, 2015
Georges Canguilhem : « Mort de l’homme ou épuisement du cogito ? », Critique, 1967
Georges Canguilhem : « La décadence de l’idée de progrès », Revue de métaphysique et de morale, 1987
Georges Canguilhem : « Qu’est-ce qu’un philosophe en France aujourd’hui ? », Commentaire, 1991
Didier Moreau: « Logique de la métamorphose morale », La formation de Georges Canguilhem. Un entredeux guerres philosophique, Louise Ferté, Aurore Jacquard et alii, Hermann 2013.
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ZAULI BARBARA
Les îles bienheureuses : Nietzsche, Camus, philosophies du Midi
Semestre 1
Mardi 18h-21h
Master ouvert à la licence
Dans la droite ligne du Gai Savoir, la pensée solaire ou pensée de midi (expression empruntée
par Camus à Nietzsche, celui du grand midi de Zarathoustra et donnant son titre au pénultième
chapitre de L’Homme révolté) peut être considérée comme compendium de la philosophie
nietzschéenne de l’esprit libre, celui qui ayant surmonté le clivage âme-corps et atteint « un
stade supérieur du corps entier » peut parvenir à une réelle intensification de la vie.
Aboutissement du chemin philosophique du romancier, qui va du constat des murs absurdes à
35
la révolte – du non tout court au « non qui dit oui » –, la pensée de midi se matérialise dans le
paysage mental d’Albert Camus dans le sillage des penseurs qui ont le plus contribué à sa
formation « spirituelle » : Jean Grenier (premier maître en littérature d’Albert Camus, ayant
publié son roman Les îles en 1933), René Char (poète et ami intime de l’écrivain) et, tout
particulièrement, Nietzsche.
Comme l'a rappelé Stephan Zweig dans son Nietzsche, le sud représente pour le philosophemédecin « une grande école de guérison intellectuelle et physique », un lieu où réapprendre à
être naturel et simple, il est le pharmakon nécessaire pour se délivrer de « l’esprit de
pesanteur » que le philosophe considère comme éminemment allemand et qui fait obstacle à
l’affirmation. Nietzsche fait son premier voyage dans le sud, à Sorrente, à l’âge de 32 ans (nous
sommes en octobre 1876), en compagnie de quelques amis choisis, Malwida Von Meysembug,
Paul Rée et son élève Albert Brenner. Ce voyage (raconté dans les Carnets de Sorrente, les
Sorrentiner Papiere) constitue pour Nietzsche une révélation ; c’est ici, parmi les filets
d’orangers et la mer, que les trois amis engendrent le projet nietzschéen d’une communauté
pour esprits libres; c’est ici qu’ils rêvent ensemble de fonder une école des éducateurs « où
ceux-ci s’éduquent eux-mêmes » ; c’est ici que la philosophie de l’esprit libre jaillira suite à la
rupture définitive de Nietzsche avec Wagner et à la nécessité par lui éprouvée de s’immuniser
contre « l’absence du naturel nordique », à la recherche d’une esthétique plus « méridionale ».
Toutefois, nous verrons que le sud représente aussi bien pour Nietzsche que pour Camus
(depuis les écrits de jeunesse jusqu’au Premier Homme) le lieu du retour à soi, un voyage
solitaire vers une « île bienheureuse » à la recherche du soi profond, à l’encontre de ce magma
informe qui nous habite et qui échappe au contrôle de la conscience: « Maîtriser le chaos que
l’on est : contraindre son chaos à devenir forme ; devenir nécessité dans la forme » à cela
semble tenir le sens profond de l’enseignement dispensé par Zarathoustra à ses disciples, ces
mêmes disciples jouissant de la vie communautaire entre esprits libres et auxquels
Zarathoustra conseille d’aller se réfugier dans la solitude d’une île bienheureuse.
Le cours se propose d’aborder, par une lecture croisée des œuvres d’Albert Camus et Friedrich
Nietzsche, le thème majeur de la pensée de midi et de montrer sa complémentarité avec la
pensée nietzschéenne de l’esprit libre. Une place importante sera consacrée à l’analyse des
différents aspects philosophiques qui déterminent une telle pensée méridionale et à l’examen
des moments dialectiques qui en scandent la dynamique.
Indications bibliographiques :
Friedrich Nietzsche, Le Gai Savoir, dans Œuvres philosophiques complètes de Nietzsche, tome V, Textes et
variantes établis par Giorgio Colli et Mazzino Montinari, traduit de l’allemand par Pierre Klossowski, Paris,
Gallimard, 1982
Friedrich Nietzsche, Fragments Posthumes, dans Œuvres philosophiques complètes de Nietzsche, tome
XIV, Début 1888- début janvier 1889, Textes et variantes établis par Giorgio Colli et Mazzino Montinari,
traduit de l’allemand par Jean-Claude Hémery, Paris, Gallimard, 1977
Albert Camus, L’Homme révolté, dans Œuvres complètes d’Albert Camus tome III, Paris, Gallimard, 2008
Paolo D’Iorio, Le Voyage de Nietzsche à Sorrente, Paris, CNRS éditions, 2012
Dolorès Lyotard, Albert Camus contemporain, Presses Universitaires du Septentrion, 2009.
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2ÈME
SEMESTRE
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BÉGOT JACQUES-OLIVIER, BIRNBAUM ANTONIA, CHRIST JULIA, GRIVAUX
AGNÈS, OGILVIE BERTRAND
Psychanalyse et théorie critique
Semestre 2
Mercredi 10h-13h (2-3 séances/mois)
Master ouvert à la licence
Ce séminaire entend poursuivre son travail d’exploration de l’histoire et de l’actualité du
programme de théorie critique formulé au sein de ce qu’on a appelé « École de Francfort », en
se consacrant cette année au rapport de la théorie critique à la psychanalyse. Il s’agira, par
l’étude des différents modes de croisement entre psychanalyse et théorie sociale, de se
demander dans quelle mesure la psychanalyse peut aujourd’hui constituer un refuge ou une
ressource pour la pensée critique, dans le sillage de questionnements soulevés par la première
génération de l’École de Francfort (notamment Adorno, Horkheimer, Marcuse, Benjamin). Le
séminaire sera constitué de séances traitant de textes fondateurs de l’École de Francfort
consacrés à ces questions ainsi que de séances accueillant des interventions extérieures de
psychanalystes ou de personnes travaillant sur l’articulation entre psychanalyse et art,
psychanalyse et politique.
Ce séminaire aura lieu à l'ENS, 45 rue d’Ulm, 75005 Paris deux ou trois fois par mois. Les
dates précises seront indiquées à la rentrée.
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BIRNBAUM ANTONIA et ANTOINE JEAN-PHILIPPE
Exercices de lecture :George Kubler, The Shape of time
Semestre 2
Lundi 18h-21h
Master ouvert à la licence
L'écriture d'un livre matérialise un discernement et une transmission qui débordent le rapport
pédagogique, puisque ce livre se destine indifféremment à tous ceux qui entrent dans le
mouvement de sa circulation. C'est ce double moment de la pensée qu'il nous adresse, si bien
que lire requiert de nous le même effort : discerner et transmettre. Cet atelier s'attachera à
produire des « lectures » : des analyses de ce qu'un livre nous fait penser au sens d'un
déplacement, plutôt que ce nous pensons de ce livre au sens d'une opinion. Ce cours sera
consacré au printemps 2017 à l’ouvrage de George Kubler, Formes du temps (The Shape of
Time. Remarks on the History of Things, 1962).
La traduction du livre sera fournie dans le cours.
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BRUGÈRE FABIENNE
Foucault et les arts de l’image
Semestre 2
Vendredi 12h-15h
Master
Michel Foucault n’est pas seulement le philosophe de l’archéologie des discours, de la
généalogie des pouvoirs et des vérités. Il est aussi le penseur qui a décelé dans les Ménines de
Vélasquez l’emblème plastique du savoir classique, dans les toiles de Manet la matérialité vive
de la modernité, dans le surréalisme de Magritte la paradoxale représentation de la rupture de
l’espace représentatif à l’époque contemporaine, dans les tableaux de Fromanger le statut
inattendu de la photographie rendue à l’intensité des couleurs et à des images non fixes. Cet
intérêt foucaldien pour la peinture est connu et a fait déjà l’objet de nombreuses recherches et
études. Nous aimerions l’analyser à nouveaux frais pour mettre en avant une pensée de
l’image. Caractériser cette pensée de l’image ne saurait se faire sans interroger le rapport de
Foucault avec l’esthétique au sens large dans la pensée française contemporaine
(principalement Bataille, Blanchot, Sartre, Deleuze, Rancière). S’agit-il de thématiser une sorte
de « pensée du dehors », des modes de subjectivation inédits, la modernité ou le modernisme ?
Et ceci, pour mettre en avant la possibilité pour l’art de sortir des dispositifs et des cadres?
Indications bibliographiques :
N.B. Un reader comprenant un certain nombre de textes sera distribué lors de la première séance.
Michel Foucault, Les mots et les choses, Paris, Gallimard, 1966
––––––––––, La peinture de Manet, Paris, Le Seuil, 2004
––––––––––, La peinture photogénique de Michel Foucault, Le point du jour, 2014
––––––––––, La pensée du dehors, Paris, Fata Morgana, 1986
Giorgio Agamben, Qu’est-ce qu’un dispositif ?, Paris, Payot-rivages, 2007
Jean-Paul Sartre, Baudelaire, Paris, folio essais, 1988
Gilles Deleuze, conférence à la FEMIS du 17 mai 1985, « qu’est-ce que l’acte de création ? »
Jacques Rancière, Malaise dans l’esthétique, Paris, Galilée, 2004.
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BUCHENAU STEFANIE et WASZEK NORBERT
Allemand pour philosophes
Semestre 2
Jeudi 12h-15h
Licence, master
Ce cours poursuit un double objectif, philosophique et linguistique : il s’agit d’une part de lire et
de commenter de textes philosophiques de la tradition allemande, d’autre part de se
familiariser avec la langue, son fonctionnement et son vocabulaire spécifiquement
philosophique. À travers la lecture d’extraits courts d’environ une page, l’étudiant sera amené à
découvrir les grands thèmes et auteurs de la tradition philosophique allemande. Le travail en
cours lui permettra notamment de mieux comprendre certains mots-clé de la philosophie
allemande dans leur complexité et parfois leur ambivalence, et de réviser et d’enrichir ses
bases linguistiques et grammaticales. Ce travail sur les textes sera suivi d’une discussion orale ;
l’objectif étant toujours d’encourager l’étudiant à vaincre ses appréhensions, à oser lire et
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parler en allemand, quel que soit son niveau. Ouvert aux étudiants de licence et de master en
philosophie, en sciences humaines et en art. Lectures en allemand et en traduction.
Cette année, ce cours sera axé sur le thème : Lumières, Anti-Lumières, Dialectique des
Lumières. À travers la lecture d’extraits de certains textes fondamentaux (de Kant,
Mendelssohn, Lessing, Herder, Schiller, Habermas, Arendt, Adorno …), nous aborderons ce
thème dans ses multiples dimensions philosophiques, en restituant aussi le contexte historique
des grands débats politiques.
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CANY BRUNO
Penser autrement avec Kierkegaard
Semestre 2
Mardi 12h-15h
Master ouvert à la licence
Ce cours se donne pour objectif de saisir le premier des trois grands massifs
kierkegaardiens qu’estL’alternative (traduit aussi Ou bien… Ou bien…) avec ses deux
excroissances que sont La Répétition (ou La reprise) et Crainte et tremblement.
Nous verrons comment le théâtre de la pensée qui se pense comme théâtre de vérité n’est plus
celui du savoir, tel que l’avait initié Platon, mais celui de l’auto-compréhension, autrement dit
opère une substitution du « connais-toi toi-même » socratique par le « se connaître soi-même
dans l’existence ».
Nous étudierons comment, donc, ce théâtre kierkegaardien de la pensée impure articule le
narratif et le dialectique pour tenter de ramener la vie au cœur de la pensée.
Et nous terminerons, Kierkegaard étant un philosophe-artiste du type musicien, par une étude
sur la place centrale qu’occupe la musique (Mozart, et plus particulièrement son Dom Juan)
dans sa conception de la pensée : ayant identifié le langage et la musique au sein de la logique
du sonore, le son, qui ne renvoie pas à un réel absent, s’adresse à l’oreille pour activer la
sensation pure…
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CANY BRUNO
Poésie et philosophie dans la Grèce antique : l’évolution de la notion
de vérité
Semestre 2
Vendredi 12h-15h
Licence
L’idée de ce cours sera de suivre l’évolution de la notion de liberté (d’etêtumos à alêtheia) à
travers la rationalité croissante de la pensée et d’en étudier les fonctionnements au sein des
différents modes poétiques (épique, lyrique, tragique), des modes physiques et sophistiques et,
enfin,
celui
de
la
dialectique
philosophique.
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CASSOU-NOGUÈS PIERRE et PINGEOT MAZARINE
Lectures contemporaines de Descartes : Le cogito et la psychanalyse
Semestre 2
Mardi 9h-12h
Licence ouvert au master
Le cours portera sur le cogito de Descartes et les interprétations que la psychanalyse a pu en
donner. Dans les Méditations métaphysiques, après le récit du doute, l'hypothèse du Malin,
Descartes établit, à travers ce « Je pense, je suis », l'existence du sujet en tant que chose
pensante. Les premières séances proposeront une lecture attentive de ces passages. Le cours
se divisera ensuite en deux parties. La première discutera de l'interprétation qu'en fait Lacan
dans Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse et la comparera à la critique du
sujet par Wittgenstein. La seconde tentera de faire se rencontrer l’interprétation
phénoménologique du cogito et la refondation d’une possible psychanalyse. Nous suivrons alors
la lecture que fait Michel Henry de Descartes, dans Généalogie de la psychanalyse en la
confrontant au texte même.
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CAYGHILL HOWARD
The Philosophical Anthropocene
Semestre 2
Mardi 18h-21h
Master ouvert à la licence
The debate in Geology and Earth Systems Science concerning the new geological epoch of the
‘Anthropocene’ has had a considerable impact on contemporary philosophy. The question of
whether humanity has become a ‘geological force’ (Paul Crutzen) is not only explicitly
philosophical but also marks the entrance of philosophical reflection into contemporary global
climate politics. The course will examine the sources of the Anthropocene discourse in the late
1990s ‘Earth Systems Science’ and Geo-Engineering projects as well as the philosophical
critiques proposed by Latour, Malabou, Stengers, Stiegler and Sloterdijk.
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CAYGHILL HOWARD
Art and Madness in the Work of Henri Maldiney
Semestre 2
Mercredi 9h-12h
Master ouvert à la licence
The course will focus on Henri Maldiney’s Penser l’homme et la folie (1991), situating it with
respect to Institutional Psychotherapy, Daseinsanalyse and the phenomenology of art. It will
explore how thinking the encounter of art and madness brought Maldiney to redefine and invent
a series of new concepts including catastrophe, event, surprise and transpassibilite. The course
40
will examine the emergence of these concepts, their interrelations and their contribution to
Maldiney’s attempts to re-orient the notion of reason towards its supposed ‘others’.
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DOUAILLER STÉPHANE
Formes et fonctions des médiations évanouissantes
Semestre 2
Mercredi 18h-21h
Master
Le concept de médiateur évanouissant désigne un fil discursif qui par rétrospections et
rapprochements inventifs veut nouer l’un à l’autre une série de textes tels que ceux de Max
Weber, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, F. Jameson, The Vanishing Mediator :
Narrative Structure in Max Weber, Louis Althusser, Lénine & la philosophie, Étienne Balibar,
Europe, une médiation évanouissante ? et plusieurs textes de Slavoj Žižek. On propose de
reprendre patiemment ce fil.
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DOUAILLER STÉPHANE
De Charles Baudelaire à Auguste Blanqui
Semestre 2
Cours intensif (avril-mai 2017)
Licence ouvert au master
Ce cours intensif propose un atelier de lecture qui suivra au long de ses textes et notations le
déplacement d’intérêt qui a peu à peu conduit Walter Benjamin de la figure de Charles
Baudelaire à celle d’Auguste Blanqui comme figure interprétative clef de la modernité.
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GRANGÉ NINON
Démocratie et dictature. D’un devenir anti-démocratique de la
démocratie ?
Semestre 2
Mardi 9h-12h
Master ouvert à la licence
Sans s’arrêter à un descriptif des régimes les uns par rapport aux autres, nomenclature qui
prétend souvent dégager le meilleur régime possible, on s’intéressera davantage au politique
qu’à la politique. Cependant, le problème de départ consistera à interroger le régime
démocratique, distingué formellement de la république, en relation avec ses origines (idéales ?)
grecques, au regard de possibles dérives, altérations, transformations autoritaires. Quand la
représentation, les contrôles, la participation citoyenne ne sont pas des garanties
démocratiques pérennes, que devient une constitution dont les bases demeurent
démocratiques ? Quand les droits élémentaires, ou fondamentaux, ou individuels, sont rognés
temporairement, peut-on encore parler de régime démocratique ? On se demandera donc s’il y
a une essence éternelle de la démocratie, autrement dit si celle-ci n’est pas le régime par
41
excellence susceptible d’entrer en contradiction avec lui-même.
Ainsi la démocratie sera abordée de manière problématique avec ce qui devrait rester à ses
marges mais qui peut, dans l’histoire, devenir véritable métamorphose autoritaire ou
tyrannique (les fascismes, le nazisme n’en sont que les exemples les plus évidents). La question
de l’autoritarisme sera bien sûr abordée, mais sans que soit négligée celle de la représentation,
et, à l’horizon, celle de la définition du peuple. Peut-on concevoir un « peuple démocratique » ?
Existe-t-il une essence démocratique ? À l’inverse, que signifie pour un peuple vivre en régime
constitutionnel démocratique et accepter des éléments de dictature ? Le lien entre démocratie
et régime pacifique est-il naturel ? Dès lors, on peut se demander si l’on peut se référer sans
ambiguïté majeure à une tripartition classique des régimes ou s’il ne faut pas plutôt inventer
d’autres catégories, d’autres formes d’exercice du pouvoir. C’est la limite entre l’ordinaire
politique et l’exceptionnel (juridique ?), le moment où l’exception peut devenir la règle, qui
constitueront notre fil directeur, et qui permettront de poser la question ultime de la
conflictualité du politique.
Indications bibliographiques :
AGAMBEN, G., Homo sacer ; État d’exception ; Le règne et la gloire
ARENDT, H., Le totalitarisme ; Condition de l’homme moderne
ARISTOTE, La politique
BENJAMIN, W., Pour une critique de la violence ; Thèses sur l’histoire
BENTOUHAMI, H., et MIQUEU, Ch., (dir.), La démocratie et le conflit
CICÉRON, De republica ; De officiis
FROMM, Erich, La peur de la liberté
HINARD, F. (dir.), Dictatures
HOBBES, Léviathan
KANT, Doctrine du droit
MACHIAVEL, Le prince ; Discours sur la première Décade de Tite-Live ; Histoires florentines
MARX, Le manifeste du Parti communiste ; Les luttes de classe en France ; Contribution à la critique
del’économie politique ; Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte.
MONOD, Jean-Claude, Qu’est-ce qu’un chef en démocratie ? Politiques du charisme
NEGRI, A., Le pouvoir constituant
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GRANGÉ NINON
Méthodologie : argumentation, démonstration, analyse philosophiques
sur le thème du conflit
Semestre 2
Jeudi 9h-12h
Licence
L’analyse de concepts, l’argumentation à partir d’un problème, la démonstration d’une thèse
constituent la base de toute approche philosophique, tant pour la réflexion et l’invention, que
pour le traitement d’un sujet. Le cheminement philosophique, loin de s’apparenter à une
quelconque « recette », est à la fois exigeant et simple. On cherchera donc à apprendre à
aborder un problème philosophique (tel qu’il peut se présenter sous la forme d’un sujet de
dissertation) et à s’exercer au traitement de ce problème (présupposés, hypothèses, impasses
éventuelles, propositions…). Comme ce cours se veut vivant et portant sur une matière, le
thème du conflit nous permettra de varier les problématiques rencontrées. Tout en ne
s’interdisant pas l’exposition de modèles (dialectique platonicienne ou hégélienne, scolastique,
philosophie politique, stratégie…), on fera porter l’effort sur l’analyse et la création de concepts
(guerre, antagonisme, hostilité, combat etc.), nécessaires dans le parcours d’un étudiant, utiles
42
pour améliorer la logique et la cohérence de toute argumentation.
Indications bibliographiques :
Clausewitz, De la guerre
Freud, « Considérations actuelles sur la guerre et sur la mort »
Julien Freund, Sociologie du conflit
René Girard, La violence et le sacré
Hobbes, Léviathan
Locke, Traité du gouvernement civil ; Lettre sur la tolérance
Platon, République, livre V
Carl Schmitt, La notion de politique
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IRRERA ORAZIO
Foucault, l’alèthurgie et la critique de l’idéologie
Semestre 2
Jeudi 15h-18h
Master
Dans son Cours de 1980 Du gouvernement des vivants, Foucault affirme qu’il n’y a pas
d’exercice du pouvoir sans manifestation de la vérité, plus particulièrement sans qu’une
vérité ait à manifester sa force dans la forme de la subjectivité, ce qu'il désigne par la notion
d’« alèthurgie ». Afin de mieux caractériser sa perspective, Foucault tient néanmoins à
préciser que, chaque année, dans chacun de ses Cours, il n’a jamais cessé d’insister sur son
refus d’analyser la pensée, le comportement et le savoir des hommes en termes d’idéologie.
Cette position tenace laisse apparaître en pointillé un parcours critique qui traverse
souterrainement son enseignement. Ainsi, ce cours se propose, d’une part, d’explorer la
multiplicité des enjeux et des références théoriques sous-jacentes aux critiques de
l’idéologie que Foucault développe tout au long de son parcours de recherche et, d’autre
part, de repérer à la base de cette opposition entre idéologie et alèthurgie deux
perspectives différentes sur les rapports entre la force du vrai et la subjectivation.
Indications bibliographiques :
M. Foucault, L’Archéologie du savoir, Paris, Gallimard, 1969.
––––––––––, Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris, Gallimard, 1975.
––––––––––, La société punitive. Cours au Collège de France. 1972-1973, Paris, Seuil/Gallimard, 2013.
––––––––––, Du gouvernement des vivants. Cours au Collège de France. 1979-1980 , Paris,
Seuil/Gallimard, 2012.
––––––––––, Subjectivité et vérité. Cours au Collège de France. 1980-1981, Paris, Seuil/Gallimard, 2014.
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IRRERA ORAZIO
Les épistémologies subalternes et la critique postcoloniale
Semestre 2
Lundi 15h-18h
Master ouvert à la licence
« Ils ne peuvent se représenter eux-mêmes; ils doivent être représentés ». L’Orientalisme
d’Edward Said, un des textes pionniers de la critique postcoloniale, s’ouvre par cette citation
43
tirée du 18 Brumaire de Louis Bonaparte de Marx. Dans ce séminaire, on problématisera
d’abord le statut de « subalterne » entendu comme celui qui n’arrive pas à thématiser sa propre
position ou intérêt de classe (ou de groupe social). On développera ensuite les questions
épistémologiques et politiques liées à la représentation des subalternes dans les deux
directions données par Gayatri Spivak dans son célèbre essai Can the Subaltern Speak? : d’une
part la représentation des subalternes en tant qu’objet de discours fabriqué par l’intermédiaire
de grilles d’énonciabilité et d’autorité visant à les objectiver et à les dominer ; de l’autre, la
représentation au sens d'un « parler pour » les subalternes ou à leur place, par quoi il faut
entendre les conditions qui peuvent déterminer un lien organique entre les subalternes et les
intellectuels qui, à différents titres, font d'eux l’objet de leurs discours et des leurs pratiques
théoriques.
La moitié des séances de ce séminaire auront lieu au Collège international de philosophie.
Les lieux, dates et horaires des séances externes seront fournis lors du premier cours à Paris 8.
Indications bibliographiques :
K. Marx, Le 18 brumaire de Napoléon Bonaparte, Paris, Éditions sociales, 1984.
M. Foucault, L’Ordre du discours, Paris, Gallimard, 1971.
E. W. Said, L’Orientalisme. L'Orient créé par l'Occident, Paris, Le Seuil, 1980.
G. Ch. Spivak, Les subalternes peuvent-elles parler ?, Paris, Amsterdam, 2009.
H. K. Bhabha, Les Lieux de la culture. Une théorie postcoloniale, Paris, Payot, 2007.
P. Chatterjee, Politique des gouvernés. Réflexions sur la politique populaire dans la majeure partie du
monde, Paris, Amsterdam, 2009.
J. C. Scott, La domination et les arts de la résistance. Fragments du discours subalterne, Paris,
Amsterdam, 2009.
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KISUKIDI NADIA YALA
Religion et émancipation : reprendre le problème théologico-politique
Semestre 2
Mardi 9h-12h
Master ouvert à la licence
Dans ce séminaire, il s’agira d’analyser un ensemble de propositions théoriques qui
questionnent les conditions effectives de toute critique du politique. Nous nous concentrerons
sur un ensemble de productions théoriques globales qui interrogent et démontent la figure du
sujet libre héritée de la modernité européenne, dont l’autonomie est comprise sous les modes
de l’autoréférentialité, de l’individualité et du sécularisme.
Plus précisément, il s’agira pour nous de saisir comment une critique du politique, invitant à la
transformation de l’ordre social constitué, peut être effectuée depuis le lieu du religieux, voire
du théologique. Un tel renversement inviterait, dès lors, à se décaler de toute une tradition de
la pensée politique qui fait de la critique du religieux le point de départ d’une réflexion sur
l’émancipation. Il inviterait également à reprendre le problème théologico-politique, hors des
cadres du débat sur la sécularisation tel qu’il s’est construit dans le monde germanique au XXe
siècle (Löwith, Schmitt, Blumenberg).
Ce séminaire analysera, dans un premier temps, tout un corpus de travaux critiques des
christianismes. L’enjeu consistera à interroger, sur le plan épistémique, les conditions de toute
critique et à mettre à l'épreuve une certaine compréhension philosophique de la « modernité ».
Indications bibliographiques :
Talal Asad, Formations of the secular. Christianity, Islam, Modernity, Stanford, Stanford University Press,
2003.
Ernst Bloch, Thomas Münzer, théologien de la révolution, tr. fr. Maurice de Gandillac, pr. Thierry Labica,
Paris, Editions Les prairies ordinaires, 2012.
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James H. Cone, Black theology and black power, New York, Orbis Book, 1969.
Ludwig Feuerbach, L’essence du christianisme, tr. fr. Jean-Pierre Ozier, Paris, tel Gallimard, 1992.
Karl Marx, Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel, Paris Aubier-Montaigne, 1971.
Carl Schmitt, Théologie-politique, tr. fr. Jean-Louis Schlegel, Paris, Gallimard, 1988.
Cornel West, Black prophetic fire. In dialogue with Christa Buschendorf, Boston, Beacon press, 2014.
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KISUKIDI NADIA YALA
Négritudes : politiques, religion, philosophie
Semestre 2
Vendredi 9h-12h
Licence ouvert au master
On se propose, dans ce séminaire, d’analyser le mouvement littéraire de la négritude dans ses
multiples expressions religieuses, philosophiques et politiques.
La négritude ne sera pas abordée à travers le champ des études littéraires et historiques, voire
biographiques ; on questionnera la manière dont ce courant pluriel, de façon externe, affecta
l’ordre du savoir et fut affecté par lui – se constituant parfois comme projet philosophique,
théologique ou politique. Ces projets, disqualifiant toute atopicité théorique, permirent la
production de discours, de concepts, prenant la mesure du contexte racial et colonial dans
lequel ils se forgèrent.
À travers l’analyse de textes théoriques et littéraires (Aimé et Suzanne Césaire, L.S. Senghor,
L.G. Damas etc.), il ne s’agira pas tant de produire une philosophie de la négritude, que de se
tenir dans l’écart entre un discours mobilisant les signifiants multiples de la peau (noirceur), du
continent (Afrique) et la philosophie.
Indications bibliographiques :
Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme, suivi de Discours sur la négritude, Paris, Présence Africaine,
2000.
Suzanne Césaire, Le grand camouflage : écrits de dissidence (1941-1945), sous la direction de Daniel
Maximin, Paris, Seuil, 2015.
Souleymane Bachir Diagne, Léopold Sédar Senghor ou l’art africain comme philosophie, Paris, Riveneuve
Editions, 2007.
Achille Mbembe, Critique de la raison nègre, Paris, La Découverte, 2013.
F. Bart Miller, Rethinking negritude through Léon-Gontran Damas, Amsterdam ; New York, Rodopi, 2014.
Léopold Sédar Senghor, Liberté, tome 1, Paris, Seuil, 1964.
Gary Wilder, Freedom Time. Negritude, decolonization and the future of the world, Durham and London,
Duke University Press, 2015.
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KULLASHI MUHAMEDIN
La morale en tant que problème chez Nietzsche
Semestre 2
Mercredi 18h-21h
Licence ouvert au master
À travers la lecture et l’analyse des fragments des ouvrages Humain, trop humain (I-II), Aurore,
Par-delà le bien et le mal et la Généalogie de la morale, nous allons examiner la
problématisation de la morale, kantienne et utilitariste notamment, par Nietzsche. À la
différence de Kant, pour Nietzsche, la moralité est liée à la passivité et à la soumission, la raison
n’a de pouvoir émancipateur que dans son usage théorique et généalogique, comme
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dévoilement de mauvaises raisons que se donnent les idéaux moraux, et la liberté dépend de
forces actives et créatrices irréductibles au pouvoir de la raison.
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LECERF ÉRIC
Sous le règne de la discipline
Semestre 2
Mercredi 15h-18h
Licence ouvert au master
Parmi les quelques négativités qui ont acquis une puissance conceptuelle telle qu’elles
parviennent à se donner comme positivités, la discipline est un cas exemplaire. Peut-être même
l’un des plus édifiants. La discipline est, autrement dit elle s’impose comme régime de vérité
pour toute institution et s’inscrit ainsi dans une objectivité qui n’a d’autre but que de faire
oublier qu’elle est d’essence réactive. Mais la discipline est en tout premier lieu ce qu’Ernst
Bloch nommait « un rêve éveillé ». À ceci près que ce rêve-là porte en lui la jouissance
permanente d’un renoncement. Dans ce séminaire, nous nous interrogerons sur ce à quoi la
discipline nous engage à renoncer, de quelle inquiétude elle est supposée nous libérer,
pourquoi elle fait sans cesse retour, notamment comme contrepoint de tout idéal
d’émancipation. Nous tenterons d’en produire une critique qui la distinguera radicalement de
cette forme d’expérience authentique du monde dont elle serait la clef. À ce titre, la question de
l’école – entendu au sens large d'instance des formations initiales – sera déterminante.
Cours mutualisé avec : Bertrand Ogilvie, De l'indiscipline.
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LECERF ÉRIC
Figures du double
Semestre 2
Vendredi 9h-12h
Licence ouvert au master (mutualisé avec le département de cinéma)
Le cinéma s’est d’abord défini comme pure inscription d’un double qui demeurerait permanent
là où l’existence des sujets concrets est par définition aléatoire. Au sein de cet écran-miroir du
réel, le sujet s’est cependant vite dédoublé, empruntant à la littérature ses propres jeux
d’ombre et de miroir. Des textes tels que Le portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde, L’Eve future
de Villiers de l’Isle-Adam, ou L’étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde de Stevenson, tous publiés
dans les années qui précèdent la première projection de Frères Lumière, en ont ainsi constitué
autant de préfigurations idéales. Mais avec la diffusion de ce nouveau média, le double, dans
ses diverses figurations symboliques, va perdre son caractère métaphysique pour engager une
sorte de matérialisme narratif au sein duquel la question des ambivalences du sujet se posera à
nouveaux frais. Le double est désormais pleinement incarné. Il perd son caractère évanescent
et devient un potentiel rival, tel que l’avait déjà imaginé Edgar Poe dans William Wilson ; tel que
la psychanalyse commence alors aussi à le faire ressurgir sous couvert de l’inconscient.
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MARCOS JEAN-PIERRE
Le discours amoureux selon Roland Barthes
Semestre 2
Vendredi 9h-12h
Licence ouvert au master
À partir d'une lecture suivie du séminaire de Roland Barthes à l'École pratique des hautes
études (1974-1976) Le discours amoureux, nous procéderons au déploiement de la
problématique générale de la mise-en-discours d'une expérience selon les axes : figures,
séquences et logiques.
Indications bibliographiques :
Roland Barthes : Le discours amoureux, Seuil, coll. Traces écrites, 2007.
Roland Barthes : Fragments d'un discours amoureux, Éditions du Seuil, 1977.
Sur Roland Barthes : Tiphaine Samoyaut, Roland Barthes, Seuil 2015.
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MENDES SARGO DAVID-EMMANUEL
Max Weber et le protestantisme
Semestre 2
Mardi 18h-21h
Cours mutualisé UFR Arts/L1, ouvert à la licence 1 de philosophie
La Réforme, écrivait Marx, ayant fait de tous les moines des laïcs, a transformé tous les laïcs en
moines. Engels trouvait que, par elle, la bourgeoisie des villes s'était acheté une religion à bon
marché. Max Weber (1864-1920) est allé au bout de toutes ces intuitions, si partagées au cours
du XIXe siècle et au début du XXe, en montrant comment le Capital (et plus exactement son
cœur, la production de la plus-value), peut devenir, sous certaines conditions historiques et
mentales (dans les milieux néo-calvinistes puritains anglo-saxons du XVIIe siècle), l'équivalent
moderne du trésor surérogatoire de Grâce que l'Église du Moyen-Âge était supposée détenir. Le
capitalisme au sens élargi, non seulement le mode de production, mais aussi la mentalité ou
l'esprit (Geist), ne se présente plus seulement comme « une immense accumulation de
marchandises », mais comme une « ascèse séculière » du travail (Beruf, vocatio), un vecteur de
« rationalisation » à outrance du temps social. Puis, ce qui n'était que décision ascétique
puritaine, fondée sur la défiance de tous les aspects extérieurs de la foi tenus pour poreux à la
magie, devient pour nous « cage d'acier », et, au bout du compte, vide éthique. Ici commence
la névrose de l'homme moderne, qui travaille pour la « gagne » et l' « excellence » (succédané
de la Grâce prédestinante et de l'élection), consomme loisirs et prouesses hédonistes, tous
traits que Weber, avec des accents nietzschéens, condense en un inquiétant portrait :
« Voluptueux sans cœur et spécialiste sans vision, ce néant s'imagine avoir gravi tous les
degrés de l'humanité ».
Indications bibliographiques :
Texte de référence : WEBER Max, L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme (1905), Trad. Chavy
(1964), Pocket.
ENGELS, Friedrich, La Guerre des Paysans en Allemagne (1850), Éditions Sociales.
FEBVRE, Lucien, Martin Luther, un destin (1928), PUF.
LIPOVETSKY, Gilles, L'ère du vide. Essais sur l'individualisme contemporain, Folio Gallimard.
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LÖWY, Michael, La cage d'acier: Max Weber et le marxisme wébérien
LUTHER, Martin, Les grands écrits réformateurs (1520), Flammarion
SAINT-AUGUSTIN, Confessions (397-400), Trad. Arnauld d'Andilly (1649), Folio Gallimard.
WEBER Max, Économie et société Vol. 1 & 2 (posth. 1921), Pocket.
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MENDES SARGO DAVID-EMMANUEL
La société n'existe pas…
Semestre 2
Jeudi 18h-21h
Master ouvert à la licence
La société n’existe pas - On prendra le parti méthodique de cette thèse pour en traiter les
conséquences au point de vue de l’épistémologie des sciences sociales.
Du côté de la thèse - Rien au fond de très original. Kant, par exemple, ne réservait le mot
Société qu’à des compagnies constituées (en quoi il suivait encore l’usage du XVIIIe siècle), la
société au sens (vide) où nous l’entendons souvent n’étant pas autre chose que l’expression
d’une « insociable sociabilité » (« ungesellschaftliche Gesellschaftlichkeit » - Idée d’une histoire
universelle au point de vue cosmopolitique, 1784). À la fin du XIXe, certains auteurs résistent
encore à l’usage actuel qui s’en répand. Pour Mallarmé c’est un songe creux : « La Société,
terme le plus creux, héritage des philosophes, a ceci, du moins, de propice et d’aisé que rien
n’existant, à peu près, dans les faits, pareil à l’injonction qu’éveille son concept auguste, en
discourir égale ne traiter aucun sujet ou se taire par délassement. » Ou encore : « le rapport
social et sa mesure momentanée qu’on la serre ou l’allonge, en vue de gouverner, [est] une
fiction, laquelle relève des belles lettres – à cause de leur principe mystérieux ou poétique. »
(Divagations, 1897).
Du côté de ses conséquences - Nous suivrons un chemin déjà exploré par une partie de la
sociologie classique, et du côté des fondateurs : au rebours d’un Durkheim, qui pose dans la
perspective du positivisme comtien, que la société est une réalité « sui generis », les fondateurs
de langue allemande ne pouvaient alors que douter, et ce, pour des raisons multiples, qui
tiennent entre autres à une défiance dont Goethe s’était déjà fait le porte-voix à propos de des
philosophies de l'histoire : « Ce que vous appelez l’Esprit des temps / N’est au fond que l’Esprit
de ces Messieurs / En lequel les temps se reflètent / Et c’est bien une vraie misère le plus
souvent » (Monologue de Faust, 1808). Pour Simmel, la société n’est pas une chose mais une
propriété formelle. Pour Tönnies, elle n’a pas d’existence autre qu’en nouage avec une
« communauté ». Pour Weber enfin, le terme paraît évoquer un « arrière-monde » sans
consistance réelle.
Il se pourrait bien donc que le secret de la sociologie soit que la société n’existe pas. Or non
seulement « un secret ne cesse pas, une fois avoué, d’être un secret », mais il nous donne des
tâches. Des tâches de pensée et de critique qui ne requièrent aucun a priori de discipline
(sociologie, histoire, philosophie) mais bien plutôt une discipline des questions :
Dans quelle mesure le mot « société » est-il une propagande ? En quoi les « sciences »
humaines et sociales ne sont que des suppléments d’âme à un matérialisme vulgaire et
utilitaire de la domination ? Pourquoi épilogue-t-on désormais sur le corps et les discours,
comme naguère Spinoza remarquait qu’on bavardait sur l’âme ? Y a-t-il une ligne de front
autour de ces questions, et en ce cas, quelles sont les forces en présence, quelle bataille
choisissons-nous ?
On se proposera, cette année, d’en esquisser la cartographie générale.
Indications bibliographiques :
CLASTRES, Pierre, La société contre l'Etat. Recherches d’anthropologie politique, Minuit, 1974, rééd. 2011.
CLASTRES, Pierre, Archéologie de la violence. La guerre dans les sociétés primitives, L'Aube, 1977.
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DELEUZE, Gilles & GUATTARI, Félix, Mille Plateaux, Minuit, 1980.
LA BOÉTIE, Étienne, Discours de la servitude volontaire (env. 1547), multiples éditions (André et Luc
Tournon, Vrin, 2002).
WEBER Max, Économie et société Vol. 1 & 2 (posth. 1921), Pocket.
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MOREAU DIDIER
Éthique et éducation
Semestre 2
Mardi 12h-15h
Master (mutualisé avec le département de sciences de l'éducation, M2)
Le séminaire montrera pourquoi, dans l’éducation, l’éthique est une question centrale. On
interrogera la possibilité d’une reconquête philosophique du champ de l’éducation morale, par
une prise en compte de cette expérience éducative qui donne l’accès, pour les « nouveauxvenus » à l’autonomie intellectuelle et morale. Cette reconquête implique que la question
éthique structure désormais la formation de soi-même dans le champ des pratiques orientées
vers autrui. On posera les étayages théoriques conceptuels nécessaires pour leur interprétation,
en référence aux courants contemporains de la réflexion morale et de l’éthique appliquée ; ils
permettront de discuter la structure d’une éthique métamorphique, comme éthique du risque
et de la rencontre, dégagée des injonctions institutionnelles à la compassion et à la déontologie
juridique.
Indications bibliographiques :
Sénèque, Lettres à Lucilius.
Derrida J., De l’hospitalité, Paris, Calmann-Levy, 1997.
Moreau D., Education et théorie morale, Paris, Vrin, 2011.
Williams B., L’éthique et les limites de la philosophie, Paris, Gallimard, 1990.
Ricœur P., Soi-même comme un autre, Paris, Seuil, 1990.
Badiou A., L’éthique, Paris, Nous, 2003.
D’autres textes et documents seront accessibles sur la pateforme pédagogique :
http://www.sc-educparis8.org/ ; code du cours : ETHIKEDUC
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MOREAU DIDIER
Les pédagogies de l'émancipation
Semestre 2
Mardi 15h-18h
Licence (mutualisé avec le département de sciences de l'éducation, L3)
Le séminaire visera à mettre en évidence, dans les idées pédagogiques, la prégnance des
concepts majeurs de la philosophie de l’éducation, dans leur articulation à l’idée
d’émancipation. L’analyse des pratiques et doctrines de Rousseau, Pestalozzi, Fourier, Jacotot,
Cousinet, Hermann Lietz, W. Paulsen, Freinet, etc. permettra d’appréhender comment cette
question émancipatrice a été l’objet mis à l’épreuve par les principaux pédagogues. La lecture
des textes de Jacques Rancière contribuera ensuite comprendre les enjeux véritables des
débats contemporains sur l’École. On recherchera enfin, dans l’œuvre de Walter Benjamin, les
lignes
de
force
d’une
émancipation
pédagogique.
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Indications bibliographiques :
Rousseau J.J. , Émile ou de l’éducation
Houssaye J. , Quinze pédagogues, Paris, A. Colin, 1995
Schérer R. , Vers une enfance majeure, Paris, La fabrique, 2006.
Rancière J. , Le maître ignorant, Paris, Fayard, 1987.
Benjamin W., Enfance, Paris, Payot, 2011.
L’enseignement est sous forme hybride : en dehors des séances du séminaire, les documents et les
forums de discussion seront accessibles sur la plateforme pédagogique de l’UFR SEPF : http://www.sceducparis8.org/ ; Code du cours : PEM (un mot de passe sera communiqué lors des premières séances).
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NAISHTAT FRANCISCO
La crise de l'expérience et l’essor de l'expérimentation dans l'horizon
de la modernité. A partir de Benjamin
Semestre 2
Cours intensif (février 2017)
Master ouvert à la licence
Ce projet de séminaire a comme antécédent l’élaboration par Walter Benjamin, au milieu des
années trente, de son célèbre diagnostic d’une « chute de l’expérience » dans la modernité :
« die Erfahrung ist im Kurse gefallen » - « le cours de l'expérience a chuté » jugeait Walter
Benjamin dans son essai classique de 1936, nommé Der Erzäler (Le Narrateur) ; cette « chute »
du « cours de l’expérience » présupposait pour Benjamin une distinction conceptuelle
fondamentale entre les concepts de Erlebnis (vécu) et Erfahrung (Expérience) : alors que le
premier renvoie au courant de vécu mental présupposé dans les notions empiriste et
phénoménologique de la subjectivité, l’idée de Erfahrung désigne, chez Benjamin, une
dimension sociale et accentuée de l’expérience qui plonge ses racines dans la narrativité, la
singularité et la communicabilité de sens, en contraste avec la dimension subjectivante et
solipsiste de la Erlebnis. La chute de l’expérience pointée par Benjamin est inhérente à la crise
de notre capacité à donner un sens intersubjectif à nos vécus. Ce n’est pas que nous n’ayons
pas des sensations, ni que celles-ci ne soient pas riches en intensité ou en nouveauté, mais
plutôt que les vécus ne se traduisent plus dans un horizon de sens ou de sagesse que nous
puissions transmettre à nos semblables, comme si ces vécus « ne faisaient pas monde », mais
qu’ils s’épuisaient au contraire dans la subjectivité fragmentée et privée des atomes sociaux. Le
diagnostic benjaminien de la crise moderne de l’expérience, sous l’angle de son
appauvrissement, de sa « perte de valeur », de l’abandon de son « aura » ou de la fin du récit,
a donné lieu en fait à plusieurs lignes de lecture, mais son nerf central s’enracine dans la
modernité elle-même et est certainement inséparable de ce que Max Weber a appelé le
désenchantement du monde (Entzauberung der Welt), marqué comme chez Benjamin par le
contexte de désespoir pessimiste lié à l’avènement de la Première Guerre mondiale et par la
progression de la bureaucratie, de la culture de masses, de la banalisation de la vie
quotidienne, du fétichisme de la marchandise, de la réification des structures de domination et
de subjectivation et par la prédominance de la raison instrumentale. Cependant, le diagnostic
de Benjamin sur la crise de l’expérience est en harmonie avec le diagnostic ultérieur de l’école
de Francfort sur la banalité de la société de masses (Adorno, Horkheimer), et possède des
aspects communs avec l’analyse du premier Heidegger sur la prédominance du « on » (das
Man) dans la société contemporaine, en termes de mandats, rôles et pertes de la singularité.
Le second axe de ce séminaire est l’idée d’ « expérimentation ». Le terme « expérimentation »
n’était pas connu par les Anciens et renvoie plutôt à la philosophie moderne, principalement à
Francis Bacon. Nous entrons là dans la dimension empiriste moderne du dispositif expérimental
comme flux de sense data dans des milieux technoscientifiques isolés et contrôlés, comme les
laboratoires de la haute science contemporaine, où prédomine la séparation entre l’observateur
et l’observé, entre le sujet et l’objet. L’expérimentation comme épreuve et essai a commencé à
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se distinguer nettement de l’expérience ancienne à partir du moment où, grâce au concept de
nature comme épistémologiquement contrôlée, totalement mesurable et quantifiable
(Heidegger, Zeit des Weltbildes), s’est opérée une scission, à l’intérieur même de la pratique
instrumentale, entre l’observateur supposément neutre et l’objet observé. Il est ici intéressant
de comparer le diagnostic de la crise de l’expérience avec le phénomène de la montée de la
société moderne d’expérimentation, comme l’analyse, entre autres penseurs contemporains, le
philosophe Jacques Poulain. Pour Poulain, la nouvelle mathesis universalis de la société
technoscientifique est le néo-pragmatisme qui implique une suspension du jugement de vérité
au profit de la considération des effets de discours. Dans le cadre de cette nouvelle mathesis
universalis définie par le pragmatisme, « les hommes expérimentent le monde et
s’expérimentent les uns avec les autres » dans un processus récurrent et sans fin, selon le seul
critère de l’intensification des effets de réalité. Il y a ici une question centrale qui est en relation
avec la perte contemporaine de la réalité en lien avec la perte du jugement et la perte du
singulier, au détriment du concret et au profit de l’équivalent et du sériel. Alors que les Anciens
vivaient des « expériences » (empeiria) en relation à la sagesse, la mesure et les limites de soimême (self), les modernes ouvrent la porte à une sorte d’expérimentation de la nature et du
sujet, dans la dimension de la démesure, de la transgression des limites, dans le cadre de
l’essai permanent et de la recherche des effets. Ici, le Faust de Goethe en est un symbole, non
comme simple façon d’ « avoir des expériences » dans le sens de l’ancienne sagesse contenue
toujours dans la mesure, mais comme une façon d’expérimenter avec soi-même, sans limites
(C’est le sapere aude souligné par Kant comme étant ce qui est propre de l’esprit des
Lumières). La différence se trouverait dans ce qui suit : le « sujet d’expérience » agit ; le sujet
d’auto-expérimentation « essaye » et « s’essaye », c’est-à-dire, éprouve, en anticipant certains
effets, d’une certaine manière contrôlée, mais en transgressant les limites de sa condition finie.
L’expérimentation fluctue ainsi du côté de l’étrangéisation totale. Avec l’expérimentation, le
sujet fait une sorte de « bricolage » avec lui-même : alors que l’expérience n’est pas du
« bricolage » mais bien une façon de s’aventurer dans le monde, peut-être de « faire monde »,
le bricolage, par contre, semble être une façon privée et égocentrique de jouer avec ses
propres limites. De cette manière, la modernité découvre le passage de l’expérience à
l’expérimentation non seulement sur le terrain de la nature (ceci est évident avec Bacon) mais
aussi sur le terrain personnel, du côté du culte de l’individu moderne comme sujet de
démesure.
Indications bibliographiques :
Agamben, G. : Enfance et histoire. Destruction de l’expérience et origine de l’histoire, Paris, Payot, 2002.
Baudrillard, J. : Simulacres et simulation, Paris, Galilée, 1981.
Benjamin, W.,1936: Der Erzähler. Betrachtungen zum Werk Nikolai Lesskows, Gesammelte Werke II, Die
Zweitausendeins Klassiker Bibliothek, Frankfurt am Main, 2011, 600-621; version fr. in Walter Benjamin, Le
narrateur. Réflexions à propos de l’œuvre de Nicolas Leskov, Ecrits français, Paris, Gallimard, 1991.
––––––––––, Œuvres, I, II et III; Paris, Gallimard, 2000.
Cassin B., 2004: Vocabulaire Européen des Philosophies, Paris, Seuil, 2004.
Chantraine P., 1968: Dictionnaire étymologique de la langue grecque. Histoire des mots, Paris, Klinksieck,
1968.
Debord, G., La société du spectacle, Paris, Gallimard, 1992.
Didi-Huberman, G., Survivance des lucioles, Paris, Minuit, 2009.
Heidegger, M., Chemins qui ne mènent nulle part, Paris, Gallimard, 1962.
––––––––––, Être et Temps (trad. F Vezin), Paris, Gallimard, 1987.
––––––––––, De l’origine de l’œuvre d’art, trad. Nicolas Rialland, Edition bilingue numérique.
Jay, M.,: Songs of experience. Modern American and European Variations on a Universal Theme, University
of California Press, 2006.
Poulain J., L’âge pragmatique ou l’expérimentation totale, Paris, l’Harmattan, 1991.
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NAVET GEORGES
« Un peu de temps à l'état pur » (Ricoeur et Deleuze, sur le temps)
Semestre 2
Mercredi 9h-12h
Master ouvert à la licence
Comme l'indique son sous-titre, ce cours portera sur la conception du temps chez Paul Ricoeur
et Gilles Deleuze. Une bibliographie sera donnée en début de cours.
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OGILVIE BERTRAND
De l’indiscipline
Semestre 2
Mercredi 15h-18h
Master ouvert à la licence
La variété de ce qu’un même mot est capable de vouloir dire appelle un travail de
problématisation. Le vocabulaire qui concerne les établissements d’enseignement est assez
riche en pouvoir de surprendre : l’instruction, le maître, l’école, l’autorité, etc. brandissent à la
fois le travail et le loisir, la violence et la légitimité, le contenu et la forme. Ainsi de « la
discipline » qui, autour de l’enseignement, de la transmission, évoque tour à tour la science, la
spécialisation, l’effort, la pratique, la punition et le fouet. Ce virage autoritaire et cruel des
grandes figures de l’idéalité ne nous lâche peut-être jamais. Ce séminaire sera l’occasion de se
demander si, toutefois, récusant la spécialisation obsessionnelle et le rigorisme maniaque,
l’indiscipline n’est pas une ligne de conduite, ou de fuite, capable de remettre l’exercice de la
pensée en marche. Il y a sans doute de nombreuses manières d’être indiscipliné, on essaiera
d’en examiner et d’en pratiquer plusieurs.
Cours mutualisé avec : Éric Lecerf, Sous le règne de la discipline.
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PINGEOT MAZARINE
Le schème généalogique vs le schème fondateur : la philosophie
comme récit et retour, la philosophie comme commencement
Semestre 2
Jeudi 9h-12h
Master
Nous tâcherons d’interroger les différents modes du philosopher dans sa quête de radicalité :
fonder le discours, et dès lors introduire une rupture ontologique entre le fondement, et ce qu’il
fonde ; ou revenir à l’origine, comme la matrice d’une fiction, matrice souvent régie par des
rapports de force initiaux. Selon que l’on adopte l’un ou l’autre des schèmes, le discours luimême s’en trouvera modifié, le récit philosophique aussi.
Indications bibliographiques :
Lyotard, Lectures d’enfance
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Descartes, Discours de la méthode, les Méditations métaphysiques
Nietzsche, Généalogie de la morale
Jean Beaufret, préface au Principe de Raison
Foucault, préface de 1961 à l’histoire de la folie
Derrida, Cogito et histoire de la folie
Badiou, Conditions
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PRADO PLÍNIO W.
Anesthétique : La « crise des fondements » et la défection de
l’aisthèsis. Le cinéma à l’épreuve de l’« esthétique négative »
Semestre 2
Jeudi 18h-21h
Licence
Un diagnostic court au sujet de la condition de la sensibilité moderne et contemporaine :
elle serait frappée d’une anesthésie, une insensibilité générale à la qualité du sensible. On
peut suivre cette détermination de Benjamin et Adorno jusqu’à Barthes et à Lyotard. C’est
le motif barthésien de « la civilisation des médias » qui « se définit par le rejet agressif des
nuances ».
On trouve sa grande détermination philosophique dans l’analytique kantienne du sublime.
Où l’on apprend que le sublime à la fois avère l’« anesthésie » à l’égard des formes libres
et propose une médication à cette défaillance de l’accueil fait à du sensible. « La nuit est
un soleil, l’angoisse un réveil. » De ce que cet accueil n’ait plus lieu et moment, une
« esthétique » doit encore être possible : esthétique négative, anesthétique.
Compte tenu des conditions présentes de l’insensibilisation, par quelles opérations une
telle anesthétique peut-elle encore espérer affecter son destinataire, en présentant, même
négativement, qu’un reste, de l’autre, y fait défaut ? Au sein de l’insensibilité générale
subsisterait-il encore une sorte de sensibilité susceptible d’éprouver ce qui n’est sensible ni
présent ?
Telles sont les questions que nous aurons à élaborer au cours du séminaire. Ce faisant,
nous aurons à nous référer au cinéma contemporain, à commencer par celui de Michael
Haneke et sa trilogie sur la « glaciation émotionnelle » (emotionale Vergletscherung).
Textes de Adorno, Benjamin, Freud, Kant, Lyotard, Th. Mann, Nietzsche. (Les références
bibliographiques seront précisées lors des séances de présentation des cours.)
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RAMBEAU FRÉDÉRIC
Lacan, du dire au voir (ce qui nous regarde)
Semestre 2
Mardi 12h-15h
Master ouvert à la licence
Ce cours s’intéresse à la dimension du visible ou de la visibilité chez Lacan, souvent laissée
dans l’ombre du privilège qu’il a accordé au langage et au signifiant. En lisant les livres XI et XII
du Séminaire (« Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse » et « L’objet de la
psychanalyse »), on étudiera comment une série de concept (le regard, la pulsion scopique, la
fonction tableau, l’écran) instruit une psychanalyse des passions de l’objet. On s’attachera en
particulier aux dialogues que Lacan ouvre avec Foucault, à propos des Ménines de Velasquez
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(Livre XII) et avec Merleau-Ponty et sa phénoménologie de l’art (Livre XI). On travaillera aussi
les prolongements et les usages qui peuvent être faits de ces analyses lacaniennes quand elles
sont mises à l’épreuve de l’art contemporain.
Indications biobliographiques :
Jacques Lacan, Le Séminaire, livre XI (64-65), « Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse »,
Seuil, Paris, 1975, et livre XII (65-66) « L’objet de la psychanalyse »
Hal Foster, Le retour du Réel (situation actuelle de l’avant-garde), La Lettre volée, Bruxelles, 2005
Michel Foucault, Les mots et les choses, Gallimard, Paris, 1966
Maurice Merleau-Ponty, Le visible et l’invisible, suivi de Notes de travail, Gallimard, Paris, 1964/1979
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RAMBEAU FRÉDÉRIC
Deleuze, Guattari ou les ambiguïtés
Semestre 2
Vendredi 12h-15h
Licence ouvert au master
Ce cours propose de revisiter, à partir du motif de l’inceste, la critique de l’ordre symbolique,
menée par Deleuze et Guattari. En restituant une dimension de l’inceste irréductible aux
interprétations de Freud et de Lévi-Strauss, Deleuze et Guattari entendent montrer la nature
dynamique ou « intensive » de la relation entre inconscient et institution. Les déplacements
successifs qu’ils impriment à la problématique de l’inceste s’opèrent au nom d’une philosophie
de l’ambiguïté. Inhérente au « désir », cette ambiguïté ne désigne pas une indétermination
subjective, ni l’équivocité d’une interprétation, mais la production univoque et transversale du
réel lui-même. Elle témoigne d’un usage inclusif de la disjonction, irréductible à la disjonction
exclusive (l’opposition) qui définit le mode de détermination symbolique de la structure : la
distinctivité. C’est parce qu’il devient la marque de cette ambiguïté que l’inceste peut occuper
dans la philosophie de Deleuze cette place privilégiée, bien que souvent laissée dans l’ombre.
De même que l’ambiguïté se dit de ce qui ne peut pas être saisi « en tant que tel », l’inceste ne
peut être, en tant que tel, qu’impossible ou, si l’on veut, il n’est pas possible autrement qu’en
n’étant plus l’inceste lui-même.
Indications bibliographiques :
Gilles Deleuze, Présentation de Sacher-Masoch, Minuit, Paris, 1967
––––––––––, « A quoi reconnaît-on le structuralisme ? » in Deux Régimes de fous, Minuit, Paris, 2003
––––––––––, « Bartleby ou la formule », in Critique et Clinique, Minuit, Paris, 1993
Félix Guattari, « Machine et structure », in Psychanalyse et transversalité, La Découverte, Paris, 2003
Deleuze et Guattari, L’Anti-Œdipe, Minuit, Paris, 1972 (chapitre 3 : « Sauvage, barbares, civilisés »)
Mille Plateaux, Minuit, Paris, 1980 (10ie plateau : « Devenir-intense, devenir-animal, devenirimperceptible »)
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RAMOND CHARLES
La philosophie contemporaine française et l’événement, 1. Jacques
Derrida, Le « concept » du 11 septembre
Semestre 2
Mardi 15h-18h
Licence ouvert au master
La philosophie française contemporaine semble obsédée par la question de « l’événement »,
qu’il s’agisse de la liberté chez Sartre, de Deleuze en général, de Badiou dans L’Être et
l’Événement, mais aussi, selon des modalités diverses, chez Rancière, Rosset, ou Marion . Le
cours donné en 2016-2017 proposera le cours qui n’a pas pu avoir lieu en 2015-2016. Il traitera
de la philosophie de Derrida, et particulièrement de l’ouvrage Le ‘concept’ du 11 septembre
(Galilée, 2004), qui présente les analyses de Derrida et de Habermas au sujet des attentats de
2001 contre les Tours du World Trade Center de New-York.
L’évaluation résultera de la moyenne entre un « Contrôle Continu » comprenant des exercices
en temps limité et des travaux sans limite de temps, et un « Examen » consistant en une étude
de texte (explication et questions) en temps limité. La participation au Cours sera prise en
compte.
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RAMOND CHARLES
Peter Sloterdijk, Bulles (Sphères 1), et Globes (Sphères 2)
Semestre 2
Jeudi 15h-18h
Master ouvert à la licence
Les trois épais volumes de Sphères, abondamment illustrés, proposent une relecture
philosophique et esthétique du monde contemporain comme il se présente lui-même, c’est-àdire comme « globalisation », production des sphères protectrices indispensables à la vie des
individus comme de l’humanité toute entière, après que la modernité nous ait laissés, comme
exclus, dans le froid et le vide d’espaces plans à l’infini. En 2016-2017, le Séminaire
commencera par des rappels sur le premier volume (Bulles), et poursuivra avec l’étude du
second volume (Globes), dans le cadre d’aperçus généraux sur ce triptyque et sur les autres
ouvrages de Peter Sloterdijk.
L’évaluation résultera de la moyenne entre un « Contrôle Continu » comprenant des exercices
en temps limité et des travaux sans limite de temps, et un « Examen » consistant en une étude
de texte (explication et questions) en temps limité. La participation au Séminaire sera prise en
compte.
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RENAULT MATTHIEU et SIBERTIN-BLANC GUILLAUME
Politiques de la géophilosophie : capitalisme et colonialisme
Semestre 2
Mercredi 18h-21h
Master ouvert à la Licence
En 1991, dans Qu'est-ce que la philosophie ?, Gilles Deleuze et Félix Guattari introduisent le
concept de géophilosophie. Si ce concept apparaît tardivement chez Deleuze, on peut montrer
que sa genèse traverse toute son œuvre, depuis ses réflexions sur « les causes et raisons des
îles désertes » jusqu'à ses thèses sur l'Athènes classique, en passant par ses travaux sur
l'empirisme et la littérature américaine. Dans Logique du sens (1969), il déclare déjà : « Quand
on demande “qu’est-ce que s’orienter dans la pensée ?”, il apparaît que la pensée présuppose
elle-même des axes et des orientations d’après lesquelles elle se développe, qu’elle a une
géographie avant d’avoir une histoire, qu’elle trace des dimensions avant de construire des
systèmes ». Mais s'il ne cesse de les présupposer, Deleuze n'interroge nulle part réellement les
conditions matérielles, historiques et juridiques d'une telle (dé)territorialisation de la pensée
philosophique. Ce cours se propose de tracer l'esquisse d'une généalogie politique de la
géophilosophie en révélant la scène capitaliste et coloniale qui a sous-tendu sa fabrique depuis
la découverte du Nouveau monde au moins.
À cette fin, nous nous centrerons sur quelques-unes des séquences historico-philosophiques
suivantes : l'émergence de la philosophie hollandaise (Grotius, Spinoza) à l'ère de l'expansion
mercantiliste et coloniale incarnée par la Dutch East India Company ; la genèse de l'empirisme
(Locke, Hume, Berkeley) et de l'utilitarisme (Bentham, Mill) en relation avec la construction de
l'empire britannique (de l'Amérique du Nord et la Caraïbe à l'Inde) ; la formation d'une géophilosophie du droit (Schmitt) dans le contexte de l'ascension et de la chute du nazisme, et de
l'effondrement de l'ordre impérialiste-eurocentré du monde (le nomos de la terre).
Indications bibliographiques :
Gilles Deleuze et Félix Guattari, Qu'est-,ce que la philosophie ?, Paris, Éditions de Minuit, 2014.
Uday S. Mehta, Liberalism and Empire : A Study in Nineteenth-Century Liberal thought, Chicago, University
of Chicago Press, 1999.
Simon Schama, L'embarras de richesses : une interprétation de la culture hollandaise au siècle d'Or , Paris,
Gallimard, 1991.
Carl Schmitt, Le nomos de la Terre, dans le droit des gens du Jus publicum europaeum, Paris, PUF, 2012.
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RENAULT MATTHIEU
La pensée marxiste face au monde non-européen
Semestre 2
Jeudi 12h-15h
Master
Au cours des dernières décennies, la pensée marxiste a fait l'objet de nombreuses critiques, en
provenance des études postcoloniales tout particulièrement, lui reprochant son indéracinable
eurocentrisme. S'appuyant sur une conception historiciste selon laquelle toute société aurait à
franchir une série de stades de développement des rapports de production (esclavagisme
féodalisme, capitalisme, socialisme), la philosophie et l'historiographie marxistes n'auraient
cessé de poser l'Occident « avancé » comme modèle pour les pays « arriérés », coloniaux et
semi-coloniaux, et seraient ainsi restées aveugles aux différences que présentaient les sociétés
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extra-européennes (ainsi qu'en témoigneraient déjà les écrits de Marx et Engels sur le
colonialisme en Asie). Si ces critiques ne manquent pas de fondement, elles occultent
néanmoins tout un pan de la pensée marxiste qui s'est précisément attaché à problématiser les
conditions de sa propre mise en œuvre au-delà des frontières de l'Occident et les formes de
traduction théorique qu'elle impliquait. Ce cours se propose d'explorer cette tradition noneurocentriste au sein du marxisme, et ses limites. Il se divisera en trois séquences : la première
sera consacrée à la pensée de Marx lui-même (mode de production asiatique, commune
paysanne en Russie, cahiers ethnologiques) ; la seconde aura pour objet le « déplacement » du
marxisme aux marges de l'Occident capitaliste, en Russie, avant et au moment de la Révolution
de 1917 ; la troisième portera sur les marxismes non-européens et les théories du socialisme
anticolonial (José Carlos Mariátegui, C.L.R. James, Jacques Roumain, Frantz Fanon).
Trois séances seront réservées à des intervenants extérieurs, en collaboration avec le séminaire
de recherche « Déprovincialiser l'histoire, réorienter la philosophie » (Paris 8, Paris 10)
Indications bibliographiques :
Kevin Anderson, Marx aux antipodes. Nations, ethnicité et sociétés non occidentales, Paris, Syllepse, 2015.
Hélène Carrère d'Encausse (dir.), Le marxisme et l'Asie (1853-1964), Armand Colin, 1965.
Dipesh Chakrabarty, Provincialiser l'Europe. La pensée postcoloniale et la différence historique, Paris,
Éditions Amsterdam, 2009.
Vladimir I. Lénine, Le Développement du capitalisme en Russie, Paris, Éditions sociales, 1974.
José Carlos Mariátegui, Indianisme et paysannerie en Amérique Latine. Socialisme et libération nationale,
Paris, Syllepse, 2013
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SCHMEZER GERHARD
Anglais pour philosophes : L’éthique et la religion dans la tradition
analytique
Semestre 2
Lundi 12h-15h
Licence, master
La naissance de la philosophie analytique au début du XXe siècle et son « tournant
linguistique » ont changé sensiblement la manière d’aborder les questions éthiques et
religieuses. En effet, sa critique radicale du langage métaphysique a remis en question la
possibilité même d’un discours signifiant portant sur les valeurs ou sur les « objets » religieux.
Ce cours donnera l’occasion d’étudier un échantillon de textes inscrits dans cette tradition
philosophique. Nous verrons que, contrairement à certaines idées reçues, l’éthique et la religion
ont occupé une place assez importante dans la philosophie analytique depuis ses origines,
même si les approches de ces questions ont été extrêmement différentes selon les auteurs.
Ce cours poursuit un double objectif, philosophique et linguistique : il s’agit d’une part de lire et
de commenter des textes philosophiques, d’autre part de se familiariser avec la langue
anglaise, son fonctionnement et son vocabulaire spécifique à la philosophie contemporaine.
Il est impératif d’avoir passé le test de niveau en ligne avant de se présenter au cours. Le test
est accessible à partir de l’espace étudiant. Ce cours, donné principalement en langue anglaise,
est accessible à partir du niveau A2 (CECRL).
Page web : http://www.depa.univ-paris8.fr/spip.php?article1514
Indications bibliographiques :
A. J. AYER, Language, Truth and Logic, Londres, Victor Gollancz, 1936.
M. CANTO-SPERBER, La philosophie morale britannique, Paris, Presses Universitaires de France, 1994.
G. E. MOORE, Principia ethica, Cambridge, Cambridge University Press, 1903.
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B. RUSSELL, Religion and Science, Home University Library, 1935.
A. SOULEZ (dir.), Manifeste du Cercle de Vienne et autres écrits, 2e éd., Paris, Vrin, 2010.
L. WITTGENSTEIN, Lectures and Conversations on Aesthetics, Psychology and Religious Belief, éd. par C.
BARRETT, Oxford, Basil Blackwell, 1966.
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VAUDAY PATRICK
Géosophie des images (II)
Semestre 2
Jeudi 9h-12h
Master ouvert à la licence
Dans la suite du cours de l'an passé qui s'est inscrit dans la perspective d'une re-matérialisation
des images (ce qu'il en est du rapport des images au réel mais aussi du réel des images), on
s'intéressera aux modalités de production, de circulation et de réception des images, ce qui
impliquera d'analyser des exemples précis et bien documentés permettant de suivre à la trace
les métamorphoses d'une image. Il s'agira de pluraliser les images, non seulement par leur
mise en regard les unes des autres mais plus encore en croisant les différents regards qui les
mettent en vue. In fine, on s'orientera vers une hétéroscopie.
Une bibliographie indicative sera communiquée en cours d'année.
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VERMEREN PATRICE
1967 comme année philosophique
Semestre 2
Lundi 15h-18h
Licence ouvert au master
En 1966 paraissaient Le bergsonisme de Gilles Deleuze, et Les Mots et les choses de Michel
Foucault, sans préjudice de l’édition en français des Œuvres philosophiques complètes de
Nietzsche. Sortent en librairie aussi les Ecrits de Jacques Lacan (qui les dédicace ainsi à Louis
Althusser : « cher Althusser, nous voilà dans la même charrette ! Tout de même sur la route
qu’on a choisie (C’est encore une chance), Votre J.Lacan »). Georges Canguilhem réédite avec
de nouvelles réflexions le Normal et le pathologique. En 1967 Jacques Derrida rassemble ses
derniers articles dans L’écriture et la différence et De la grammatologie. Dans de nouvelles
livraisons des Cahiers marxistes léninistes de l’ENS, on peut lire un article d’Althusser sur
« Matérialisme dialectique et matérialisme historique », un autre, de Alain Badiou, sur
« L’autonomie relative du processus esthètique », et dans un numéro consacré à « La Grande
Révolution Culturelle Prolétarienne », une introduction anonyme rédigée par Louis Althusser;
Badiou publie aussi « Le (re)commencement du matérialisme dialectique » dans Critique, et
apparaissent les premiers Cahiers pour l’analyse (de « La vérité » et « Qu’est-ce que la
psychologie ? » à « Lévi-Strauss dans le XVIII° siècle » et « La politique des philosophes »).
Jacques Rancière a décrit comment sa génération va ensuite se séparer entre ceux qui
s’inscrivent dans un projet de refondation théorique et ceux qui choisissent l’action pratique ,
puis se rejoindre en 68 contre les althussériens qui restent au PCF. On partira de l’étude de ces
textes et de quelques autres pour poser la question : qu’est-ce qu’une année philosophique ?
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VERMEREN PATRICE
Philosophie et socialisme : L’Homme médiocre
Semestre 2
Cours intensif (avril-mai 2017)
Master ouvert à la licence
(Regards franco-latino-américains croisés, de Sarmiento, Alberdi et Bilbao lecteurs de Pierre
Leroux et des saint-simoniens à Ingenieros entre Auguste Comte, Darwin et Marx)
Sarmiento, écrivant Facundo : Civilisation ou Barbarie, lisait la Revue Encyclopédique de Pierre
Leroux, philosophe de l’Humanité et inventeur du mot « socialisme », tout comme Bilbao,
fondateur de la Société pour l’égalité et de l’adjectif qualificatif « latino-américain », qui était
l’ami de Quinet et de Lamennais. Jean Jaurès, dans une conférence donnée au théâtre Odéon de
Buenos Aires le 22 septembre 1911, remarque qu’Alberdi, à ses débuts, était saint-simonien,
tout comme Echeverria, l’auteur du manifeste de l ‘Association de Mai : Dogma socialista.
Un demi-siècle plus tard, Jose Ingenieros, qui fut le premier secrétaire du parti socialiste
argentin dont il représentait avec Leopoldo Lugones l’aile radicale et libertaire, se réclame de
l’école positiviste criminaliste française dans sa thèse de psychiatrie sur la simulation de la folie
comme adaptation à la vie sociale, et aboutit au socialisme comme vérité sociologique, jusqu’à
se rallier à la révolution bolchévique en 1917. Il reprend dans L’Homme médiocre, en 1913, la
question philosophique du socialisme sur un plan moral, inscrivant un partage entre la
possibilité de la liberté et la nécessité de satisfaction des besoins et de l’imitation servile, avec
une théorie du génie et de la multitude qui disqualifie le peuple parce que, comme l’ont écrit
Turati et Labriola avant lui, « depuis que le socialisme s’est établi sur des bases scientifiques
sérieuses, il a cessé d’être accessible à l’intelligence enfantine des foules ». Pour la jeunesse,
ce livre devient le « catéchisme laïque » du mouvement de la « Réforme universitaire » et une
arme pour son rêve émancipateur de la société par la science. Ingenieros postule l’existence
d’un parallèlisme politico-philosophique et que toute philosophie est une sociologie
insconsciente. Mais on pourrait inverser l’hypothèse : quel paradigme politique de la
philosophie l’Amérique Latine se donne-t-elle avec ce monisme naturaliste et évolutionniste,
dans quel héritage de la tradition socialiste et quels rapports avec la philosophie française
contemporaine ?
Ce cours est partie-prenante du programme de séminaires du réseau Hétérogénéité des
mondes, philosophie politique critique et logiques émancipatrices de l'éducation, des langues et
des arts: Universidad de Chile (Santiago), Universidad Andres Bello (Santiago), Universidad La
republica (Montevideo), Collège international de philosophie (Paris), Universidad Nacional de
Rosario, Universidad Nacional de Tucuman, Université de Paris 8 (Vincennes-Saint-Denis),
Universidad de Valparaiso.
Indications bibliographiques :
Domingo Sarmiento : Facundo, L’Herne, 1990 (en français)
Juan Bautista Alberdi : Ecrits satiriques et de critique littéraire, Presses Universitaires Blaise Pascal 2006
(en français)
Francisco Bilbao : Obras completas, 1866
José Ingeniéros : El Hombre mediocre, 1913
José Ingenieros : Emilio Boutroux y la filosofia universitaria en Francia, 1922
José Ingénieros : Los tiempos nuevos, nuevas reflexiones sobre la guerra y la revolucion, 1921
Arturo-Andres Roig : Para una lectura filosofica de nuestro siglo XIX, UNC Mendoza, 2008
Revue Corpus numéro 65 : « Moments français de la philosophie en Amérique Latine », 2014
Jacques Rancière : Le philosophe et ses pauvres, Fayard 1983
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ZAULI BARBARA
Lectures françaises de Nietzsche : Georges Bataille, André Gide,
Albert Camus
Semestre 2
Mardi 18h-21h
Master ouvert à la licence
Dans ce cours, nous ne proposons pas d’étudier l’influence exercée par Nietzsche sur la pensée
française, approche qui a déjà donné lieu à plusieurs ouvrages, dont ceux de Jacques Le Rider
et Geneviève Bianquis, mais de faire émerger, par une lecture croisée de Georges Bataille,
André Gide et Albert Camus, 1/ la question du sacré (tous les trois se sont attachés à répondre,
chacun à sa manière, à la question nietzschéenne « Peut-on vivre sans rien croire ?») et 2/
comment cette question se rattache, chez ces trois auteurs à celle du mal.
À ce titre il est intéressant de constater que ces deux questions participent chez les trois
auteurs à un dialogue ininterrompu avec Sade, qui nous permet : 1/ d’analyser l’ambiguïté de la
position camusienne à l'égard de la morale (illustrée par le long commentaire que Georges
Bataille consacre en juin 1947 à Camus. Celui-ci semble vaciller entre le refus total de
soumission à tout ordre supérieur et les impératif dictés par la « morale du révolté » qui,
trouvant son fondement dans l’expérience du partage et de la solidarité humaine, lui impose de
ne pas céder à la séduction du « tout est permis ») 2/ d’étudier la vision bataillenne du mal
interprété par lui comme « nécessité qu’humainement les choses se passent bien » et
possibilité d’ « enfreindre positivement certains interdits comme celui du meurtre et celui de
certaines possibilités sexuelles » 3/ De montrer les affinités et les discordances de ces deux
positions qui apparaissent initialement comme étant si proches, mais qui ensuite s’écartent
radicalement sur la question des limites de l’expérimentable. 4) Et enfin d’analyser la position
singulière d’André Gide qui semble se situer à mi-chemin entre celles de Camus et Bataille.
Que l’on opte (ou pas) pour une position ou l’autre, les trois auteurs s'accorderaient sur le fait
que, comme le remarque George Bataille (lors d’un entretien avec Pierre Dumayet, daté de mai
1958) « Si la littérature s’éloigne du mal elle devient vite ennuyeuse ».
Indications bibliographiques initiales
Albert Camus, L’exil et le royaume, dans Œuvres complètes, tome IV, Paris, Gallimard, 2008
Albert Camus, Le mythe de Sisyphe, dans Œuvres complètes, tome I, Paris, Gallimard, 2008
Albert Camus, L’homme révolté, dans Œuvres complètes, tome III, Paris, Gallimard, 2008
André Gide, L’Immoraliste, Paris, Gallimard, 1972
Georges Bataille, « Sur Nietzsche », volonté de chance, Paris, Gallimard, 1945
Georges Bataille, La littérature et le mal, Paris, Gallimard, 1957
Pierre Klossowski, Sade mon prochain, Paris, Seuil, 2002
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ZAULI BARBARA
Visconti et la dimension du « trop tard »
Semestre 2
Jeudi 18h-21h
Cours mutualisé UFR Arts/L1, ouvert à la licence 1 de philosophie
Luchino Visconti puise, non exclusivement, son matériel narratif de préférence dans le contexte
aristocratique de la noblesse italienne d’avant et après l’Unification, décrit par le Roman italien
de la fin du XIXe siècle (pensons notamment au Il Piacere de Gabriele D’Annunzio). La
condition mise en scène par Visconti est celle d’un monde de « cristal » caractérisé par une
humanité ouatée, située en dehors de tout contexte, naturel ou historique.
Dans une telle dimension, où le temps semble arrêté (cela grâce en particulier à la continuité
et à la lenteur des travellings), l’épreuve du « trop tard » advient (elle est rendue notamment
par la rapidité du zoom). Elle déstabilise et désagrège ainsi le cristal du temps, non pas comme
quelque chose survenant comme un accident, mais naturellement, inévitablement, comme
« une dimension du temps lui-même » (Deleuze compare l’expérience du « trop tard »
viscontien au Never more d’Edgar Allan Poe).
Meursault (« Lo straniero », à partir de l’Étranger de Camus), possédé par un soleil aveuglant
et meurtrier, appuie sur la gâchette. Trop tard, « l’équilibre du jour est détruit », l'Arabe est là,
inerte, allongé sur le sable chaud. Livia dénonce Malher (« Senso », à partir du roman de
Camillo Boito) comme déserteur au quartier général de l'armée autrichienne, puis elle regrette
terriblement son geste. Trop tard, le lieutenant sera fusillé. Tullio (« L’innocente », à partir du
roman de Gabriele D’Annunzio), prisonnier d'une impasse, tue son enfant durant la messe de
Noël puis, ayant sombré dans le désespoir, il se tue avec un coup de pistolet.
Dans ce cours, nous étudierons l’esthétique de la temporalité mise en œuvre dans le cinéma
de Luchino Visconti, en particulier à partir de trois films où la question du « trop tard » est
capitale : « Lo Straniero » (1967) « Senso » (1953) et « L’innocente » (1976).
À travers l’épreuve temporelle du « trop tard », nous nous attacherons à vérifier sur pièces
comment le cinéma de Visconti réactualise à sa manière, le défi que l’œuvre
cinématographique adresse à la pensée, celui-là même que Deleuze lui assignait: « L’image
cinématographique, écrivait-il doit avoir un effet de choc sur la pensée, et forcer la pensée à se
penser elle-même comme à penser le tout ».
Indications bibliographiques initiales :
Gilles Deleuze, L'image-mouvement. Cinéma 1, Les éditions de Minuit (coll. « Critique »), Paris, 1983
Gilles Deleuze, L'image-temps. Cinéma 2, Les éditions de Minuit (coll. « Critique »), Paris, 1985
Laurence Schifano, J. N., Visconti: le feu de la passion, Flammarion, 1989
Luchino Visconti « Cinema antropomorfico », article paru sur la Revue « Cinema », 173-174 Octobre 1943
Roger Odin, Cinéma et production de sens, Paris, Armand Colin, 1990.
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SÉMINAIRES
ANNUELS
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CANY BRUNO et POULAIN JACQUES
Anthropologie de l'esthétique
Semestres 1 et 2
Mercredi 12h-15h (1 séance par mois)
Doctorat ouvert au master
L’anthropologie contemporaine du langage a bouleversé les repères de l’esthétique : elle a
permis de repérer que le mécanisme de la « prosopopée » était étendu à toute notre perception
sensible, jusque dans l’aisthesis, où elle est source de toute créativité imaginative. C’est donc
dans la recherche systématique d’une expérimentation généralisée que la spécificité dialogique
de l’art s’apparaît à elle-même comme productrice de figures du bonheur.
Cette esthétique du bonheur engage à une réinterprétation du jugement esthétique comme
modèle de sensibilisation d’une raison conçue comme faculté de désirer supérieure.
L’anthropologie de l’esthétique permet donc d’élargir l’esthétique en restituant au jugement
esthétique sa portée cognitive. C’est ainsi que l’œuvre d’art contemporaine, pensée comme
adaptation du moyen de figuration artistique au but de la jouissance esthétique, s’avoue
pragmatique…
Le calendrier sera donné chaque début de semestre.
Le séminaire aura lieu à L’Espace Harmattan, 21 bis rue des Ecoles – 75005 Paris (M°
Maubert Mutualité)
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CASSOU-NOGUÈS PIERRE
Les objets du transport (I & II)
Semestres 1 et 2
Mardi 15h-18h
Master
Ce séminaire consistera dans l'analyse d'objets, réels ou fictifs, caractéristiques des modes
contemporains du transport et de l'ailleurs. Nous jouerons avec deux hypothèses : celle d'une
autonomie des machines du transport, telle qu'elle a pu être formulée par S. Butler dans son
roman Erewhon en 1872 ; et celle d'une analogie entre transport de l'information et transport
de la matière mise en place par N. Wiener au milieu du XXe siècle. Nous interrogerons aussi sur
l'impact dans notre vision du transport des modalités annexes du transport, transport
amoureux, transport dans le temps.
Ces problématiques seront abordées à partir d'objets singuliers. Chaque séance sera consacrée
à
l'analyse
d'un
objet.
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KULLASHI MUHAMEDIN
L’histoire en question chez Foucault (I & II)
Semestres 1 et 2
Vendredi 15h-18h
Master
Dans les années 1980, Foucault définit rétrospectivement son travail comme une histoire des
problématisations. Afin de distinguer l’histoire de la pensée de l’histoire des idées, de l’analyse
des systèmes de représentations, mais aussi de l’histoire des mentalités, donc de l’analyse des
attitudes et des schémas de comportement, Foucault va s’attacher à faire l’histoire des
problématisations (de la folie, de la pénalité, de la sexualité, de la guerre, des relations
pouvoirs-savoirs, de la normalisation). Il conçoit la pensée non pas comme ce qui « habite une
conduite et lui donne un sens » mais « ce qui permet de prendre du recul par rapport à cette
manière de faire ou de réagir, de se la donner comme objet de pensée et de l’interroger sur son
sens, ses conditions et ses fins. »
Foucault tend à « mettre le travail historique à l’épreuve d’une transformation des cadres
conceptuels et théoriques ». En remettant en question le principe de causalité par la notion
d’archéologie, il invite l’historien à s’interroger sur l’articulation chronologique et la saisie des
discontinuités historiques. Voulant « événementaliser des ensembles singuliers de pratiques » il
veut les faire apparaître comme « des régimes différents de juridiction et de véridiction ».
À la différence de l’histoire de type romain, profondément inscrite dans le système indoeuropéen de représentation et de fonctionnement du pouvoir, liée à l’organisation des trois
ordres, Foucault va s’attacher, également, à l’analyse des discours historiques de la révolte et
de la prophétie, du savoir et de l’appel au retournement violent de l’ordre des choses, discours
qui opèrent « une perception et une répartition binaire de la société des hommes ».
A travers l’analyse des textes de Foucault nous allons tenter de cerner ses différentes figures de
l’histoire et comment le passé devient chez lui un lieu de questionnement des
problématisations du présent.
Indications bibliographiques :
Michel Foucault, Histoire de la folie à l’âge classique, Paris, Plon, 1961.
––––––––––, Le pouvoir psychiatrique. Cours au Collège de France.1973-1974, Paris, Gallimard-Seuil, 2003.
––––––––––, Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris, Gallimard, 1975.
––––––––––, Les Anormaux.Cours au Collège de France.1974-1975, Paris, Gallimard-Seuil, 1999.
––––––––––, “Il faut défendre la société”. Cours au Collège de France.1975-1976, Paris, Gallimard-Seuil,
––––––––––, Sécurité, Territoire et Population. Cours au collège de France.1977-1978, Paris, Gallimard-Seuil,
––––––––––, Naissance de la biopolitique. Cours au Collège de France.1978-1979, Paris, Gallimard, 2004.
––––––––––, Histoire de la sexualité, t.I, La volonté de savoir, Paris, gallmard, 1976, t.II, L’usage des plaisirs,
1984, t.III, Le souci de soi, 1984.
––––––––––, Dits et écrits, I, 1954-1975, II, 1976-1988, Paris, Quarto Gallimard, 2001
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MARCOS JEAN-PIERRE
Lectures de Freud : Psychologie de la vie amoureuse (I & II)
Semestres 1 et 2
Samedi 9h-12h
Master
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant D’une
femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime Et qui
n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend. »
Paul Verlaine, Mon rêve familier
Lorsque Freud s’emploie à déterminer les modalités psychiques qui président en chacun de
nous au « choix d’objet » amoureux, ainsi que les conditions déterminant l’amour, il s’expose à
penser un certain nombre de phénomènes dont : la « surestimation » ou le « rabaissement » de
l’objet élu, la « fixation », le « clivage » entre le courant tendre et le courant sensuel…
Nous nous proposerons de parcourir un certain nombre de textes emblématiques de l’abord
freudien de la vie amoureuse des hommes et des femmes, non sans renouer avec ceux que
Freud appellent les poètes au sens large, c’est-à-dire les créateurs de fantaisies, tel Jensen,
l’auteur fameux de la Gradiva, laquelle désignait selon R. Barthes « l’image de l’être aimé pour
autant qu’il accepte d’entrer un peu dans le délire du sujet amoureux afin de l’aider à en
sortir ».
Nous nous poserons ensuite quelques questions : l’objet élu n’est-il qu’une variable contingente
et précaire du désir indestructible en sa détermination fantasmatique ? Comment penser avec
Freud et/ou Lacan la spécificité de la rencontre amoureuse et le rapport à la singularité
irréductible de l’autre aimé ? L’unicité de l’autre n’est-elle qu’un leurre définitif ?
Bibliographie distribuée en début de séminaire. On consultera déjà n’importe quelle édition du
recueil de Freud intitulé Psychologie de la vie amoureuse.
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OGILVIE BERTRAND et RENAULT MATTHIEU (resp.)
Philosophie, pratique(s) (I & II)
Semestres 1 et 2
Mercredi 12h-15h
Licence, master
La pratique de la philosophie ne peut se dire qu’au pluriel. Mais cette pluralité n’est pas
seulement celle du « champ de bataille » kantien : elle doit se présenter aussi comme
hétérogénéité et mobiliser d’autres dimensions que discursives. Elle s’accompagne toujours
d’un désir de communauté et d’occupation de l’espace et du temps. Dans le contexte social et
politique de cette année 2016-2017 émerge l’exigence de la création de zones d’autonomie
dans lesquelles les étudiants inventeront des formes qui leur permettent de « faire
communauté
»
de
leur
désir
de
penser.
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OGILVIE BERTRAND
L’écriture du réel (I-II)
Semestres 1 et 2
Mardi 12h-15h
Master ouvert à la licence
Séminaire de réflexion sur la question de la « recherche » en philosophie. Pour faire face à un
certain usage inflationniste de la catégorie de « scientificité » dans le discours administratif des
universités, il faut examiner son histoire, sa valeur et ses enjeux. On soupçonne qu’il vient
remplacer le terme d’ « académique » et ne désigne rien d’autre qu’un ensemble de règles
formelles d’exécution et de contrôle de l’écriture, destinées à former des sujets obéissants
jusque dans leur pensée. La référence à « la science » ne serait alors qu’un geste idéologique
de légitimation, dommageable tant pour la philosophie que pour la science effective. Le risque
entraîné par cette normalisation des normes de production intellectuelles, déjà visible, est celui
de la généralisation d’une rhétorique homogène et lassante.
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PRADO PLÍNIO W.
« Tu dois changer ta vie ». Théorie et pratique de l’ascèse (I-II)
Semestres 1 et 2
Lundi 18h-21h
Master ouvert à Licence
Nous partons du diagnostic général suivant : le développement technoscientifique et le nouvel
ordre libéral mondial accomplissent le crépuscule des Lumières et le déclin des idéaux
d’Émancipation. Une figure de la politique finit. Dans les pays dits développés, celle-ci n’est
désormais que la gestion « démocratique » des affaires du système.
À la fin de la Généalogie de la morale, Nietzsche posait la question : sur quoi les humains
peuvent-ils encore s’orienter, après la mort de Dieu, la crise des valeurs et l’avènement du
nihilisme européen ?
Que reste-t-il d’autre pour s’orienter, lit-on dans L’inhumain, et donc résister à la condition
actuelle, que la dette que chacun a contracté avec l’indétermination constitutive dont il est né,
quelque nom qu’on donne à celle-ci, dette d’enfance ou dette de présence ?
On l’a noté : au milieu des ruines, la différence demeure entre ceux qui font d’eux-mêmes
quelque chose et ceux qui ne font rien d’eux-mêmes. Les premiers partagent le dernier mot de
la sagesse antique : une vie que ne se transforme pas ne vaudrait pas d’être vécue. Ils
s’attachent toujours à mener une existence en exercice. Ils vérifient la découverte
nietzschéenne à propos de « notre existence terrestre » : « La terre est l’étoile ascétique par
excellence ».
Voilà ce qu’il faut déployer, dans toutes ces implications. Tel sera l’objet du présent cours.
Textes de Nietzsche, Foucault, Heidegger, Lacan, Lyotard, Sloterdijk, Wittgenstein. (Les
références bibliographiques seront précisées lors des séances de présentation des cours.)
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RETTIG BÉATRICE, KIANPOUR AMIR, MARY JEAN, SHENGELIA MARIAM
CATALINNA, TAYFURI MANSUR
Le sujet politique
Semestres 1 et 2
Jeudi 12h-15h
Séminaire étudiant
À partir d'une approche critique des théories de la violence juridico-étatique, révolutionnaire, et
néolibérale, on tentera de dégager les lignes d'une critique du sujet politique.
En effet si les notions de sujet et de politique modernes émergent ensemble, elles auront
largement montré leurs contradictions, où à l'autonomie du sujet politique répondait son
exclusivité, et où une différence du sujet à lui-même témoignait d'une séparation fondatrice se
réitérant de façon indéfinie.
On s'intéressera particulièrement aux interprétations du schéma dialectique du sujet dans la
philosophie politique contemporaine, la psychanalyse, les études féministes et post- et décoloniales et à la façon dont ces dernières comportent simultanément une critique de la
violence, et une critique de l'histoire, et par-delà la problématique des identités, à la notion
anti-dialectique de subjectivité en politique.
Enfin, on explorera les apories du paradigme d'une violence déterritorialisée, à la fois divisante
et totalisante à l'ère de la globalisation où se situer, et se déplacer déterminent les conditions
d'une politique du sujet.
Ce séminaire alterne lectures et rencontres, selon un programme élaboré collectivement.
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SCHÉRER RENÉ
L'art comme un combat
Semestres 1 et 2
Jeudi 15h-18h (bi-mensuel)
Master ouvert à la licence
Dans le cadre général de « Art et vie » et en spécifiant une orientation déjà sensible, le
séminaire de cette année se propose d'explorer l'aspect plus précisément politique des divers
liens et entrelacements entre ces deux concepts.
L'art comme un combat évoque immédiatement, sans doute, l'idée d'une fonction politique de
l'art. Mais il s'agit avant tout d'éviter l'interprétation trop simpliste et un fourvoiement dans la
recherche d'une soumission de l'œuvre à une politique déterminée, sinon celle qu'englobe la
création, l'innovation, l'opposition au conformisme.
Nous avons pensé pouvoir étayer, au départ, une telle entreprise avec l'aide de l'essai que JeanPaul Sartre avait consacré au Tintoret (Jacopo Robusti) sous le titre « Le séquestré de Venise »
où la peinture apparaît bien comme un combat sur divers fronts et aux multiples facettes,
engagé, à la fois, dans l'affirmation et la défense d'un style vénitien propre, en tant que
variante du baroque et du maniérisme ; dans une autonomie qui libère l'artiste devenu
marchand de la dépendance du mécénat princier et ecclésiastique ; dans une expression
revendicative de soi qui nous fait songer à l'esquisse de ce qui se traduira, chez Deleuze, par
les rapports entre Critique et clinique. L'art passionné de Tintoret affirme sa nouveauté, sa
modernité frappante, en suscitant la participation du spectateur, en l'invitant, selon une
formule de Thierry Briault à « se plonger dans la plastique pure » avec lui-même.
Chez Sartre, au demeurant, cette tendance trouvera d'autres applications dans ses longs essais
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sur Genet (Genet comédien et martyr) et Flaubert (L'idiot de la famille).
L'art s'y présente bien comme combat sur divers fronts, moins consacré à fournir des armes
pour une cause bien définie, qu'à en fourbir de nouvelles grâce auxquelles et dans lesquelles la
fin de cette lutte pourra être seulement définie
C'est pourquoi ce combat qui définit tout art s'exprime par des luttes formelles, dans cette « vie
des formes » dont parlait Focillon et que, pour l'art moderne, on trouve au mieux chez des
artistes dont la préoccupation « politique » (au sens ordinaire) n'est nullement explicitée
(Manet) ou est carrément absente (Cézanne).
Quant à l'art contemporain, dont la justification se trouve souvent dans l'intensité et l'originalité
d'une transgression affirmée, il me paraît que l'on peut, sur ce plan, s'accorder avec Yves
Michaud, cette transgression est bien plus apparente que réelle, que les productions de cet art,
ainsi que les artistes se maintiennent scrupuleusement dans le cadre des lois, des mœurs et
des idées reçues (voir, sur internet, un entretien donné à Télérama en 2009)
Enfin, pour terminer ce bref aperçu, je rappelle que ce séminaire s'ouvre à divers points de vue
et fait appel autant que possible, à des interventions « étrangères » auxquelles il suffira d'être
inspirées par le thème proposé.
Sa méthode qui se veut « anarchique » selon Paul Feyerabend, emprunte également au
« zigzag » de la phénoménologie husserlienne, au « tychisme » de Peirce, à « l'empirisme
transcendantal » de Deleuze, si ce n'est à la « gnose » de Raymond Ruyer. En un mot, à la
« systématique » d'un non-conformisme.
Bien qu'inscrit dans le cadre du master, le séminaire est ouvert à tous et donne lieu à une
sanction semestrielle.
Comme les années précédentes, la co-direction de Thierry Briault, peintre et docteur en
Philosophie de paris 8 est assurée, et sont promises les participations d'Alexandre Costanzo,
Alain
Brossat,
Georges
Bloess,
Plinio
Prado,
Bruno
Cany,
Florent
Perrier.
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AV E RT I SS E M E N T
Les horaires des cours peuvent être modifiés en fonction de
l'attribution des salles. Consulter le planning à la rentrée
universitaire, le tableau d’affichage fait foi.
Illustration de couverture :
Johannes Vermeer, L'Astronome, 1668
Musée du Louvre, Paris
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