1 - LE PERCE-OREILLE
Si on vous dit forficule, ne le prenez pas mal. Ce n’est pas une insulte.
C’est l’autre nom du perce-oreille, du latin forficula, qui signifie « petits forceps ».
Ce qui évoque, tout le monde l'aura compris, la forme des pinces de la bestiole.
Ces appendices abdominaux s’appellent aussi des cerques :
C.E.R.Q.U.E.S.
Ces cerques donc, sont à l’origine d’une légende selon laquelle le perce-oreille se
faufilerait dans l’oreille de l’homme - assoupi dans l’herbe - pour lui percer le tympan
et lui pondre des œufs dans le cerveau.
Sympa, mais totalement faux.
Les anglais, eux, le surnomment le twist Bollock… Traduisez le tord couilles.
Ce qui sous entend que le forficule, du moins outre-Manche, s'introduirait dans les
caleçons.
Amusant, n’est-il pas ?
Nous retiendrons surtout, de toutes ces balivernes, que l’insecte est fouisseur. Il est
aussi timide ! Il s’active surtout la nuit, ce qui ne l’empêche pas d’être ubiquiste.
Entendez par là qu’il est partout, à la ville comme à la campagne.
Le perce-oreille est omnivore ! Il mange des fruits, des pétales, des petits insectes. Il
adore les pucerons par exemple.
Chose rare dans le monde des insectes, la maman perce-oreille entoure sa
progéniture d’une attention touchante : elle dorlote ses œufs, les brosse, les lèche,
jusqu’à l’éclosion, afin de les protéger des champignons intempestifs.
Une fois nés, elle attendra la première mue et restera encore deux semaines auprès
de ses petits. Pendant tout ce temps, elle jeûne.
La mère courage peut même faire preuve de sacrifice et se laisser manger par ses
rejetons.
Désormais, je suis sûr que vous ne verrez jamais plus les perce-oreilles de la même
manière.