Introduction à la Victimologie – cours de C. Bouchard, MC Université Rennes 2
« Droit pénal et criminologie : Ce titre bicéphale recouvre deux sortes de recherche,
apparemment semblables si l’on s’en tient à leur thème, mais profondément
différentes par leurs points de vue et leurs démarches. L’une est juridique à
proprement parler ; elle appartient au bloc des disciplines normatives. Elle étudie
le droit pénal d’un point de vue interne. L’autre l’aborde d’un point de vue externe :
elle prend le pénal comme un fait social et lui applique l’une quelconque des
sciences empiriques de l’homme et de la société. » (Ph. Robert, 1986, p. 309)
Pénalisme (étude du droit pénal) et pénologie (étude du droit de la procédure
pénale) sont donc des domaines strictement juridiques, et c’est essentiellement par ce trait
qu’ils se distinguent de la criminologie.
2. Qu’est-ce que la psychocriminologie ?
Les disciplines constituant la criminologie sont nombreuses et diverses. Nous
l’avons dit, on y retrouve notamment les sciences humaines et sociales – dont la
psychologie.
On pourra globalement appeler psychocriminologie la contribution de la psycho-
logie à l’étude du crime.
Partant de là, il faut toutefois distinguer deux domaines différents, correspondant à
des ensembles distincts de questions et de problèmes :
- la psychologie criminologique
- la psychologie judiciaire et pénale.
2.1. Psychologie criminologique
Nous parlerons de psychologie criminologique pour désigner l’approche psycho-
logique qui vise l’étude explicative des conduites criminelles. Il s’agit, en ce cas, d’élaborer
et de valider des modèles théoriques pouvant rendre compte, d’un point de vue psycho-
logique, de l’acte criminel en général, de ses processus, de sa genèse. Toutes les disciplines
de la psychologie peuvent y contribuer.
Lorsqu’elle envisage l’acte comme étant l’effet d’un dysfonctionnement psychique
(individuel ou groupal), la psychologie criminologique se confond avec la psychopathologie
des conduites criminelles.
Dans le champ de la psychopathologie, et si nous empruntons par exemple à la
psychanalyse, nous disposons pour cela de concepts et de modèles, tels ceux : de pulsion,
d’angoisse, d’agir, d’inhibition, etc. Nous pouvons ainsi rendre compte de l’acte criminel
comme d’un processus, référable aux grandes structures mentales, à leurs caracté-
ristiques, à leurs modes d’aménagement.
Remarques :
Quand nous parlons de psychopathologie, nous ne parlons pas seulement de la
psychopathologie psychanalytique. En psychopathologie, il existe plusieurs courants :
psychopathologie phénoménologique, théorie organo-dynamique, behaviorisme, neuro-
psychologie, etc. (Ionescu, 1991 ; Widlöcher, 1994). Dans chacun de ces champs, de plus,
existent plusieurs modèles théoriques différents (dans le champ psychanalytique par
exemple : modèle freudien, modèle kleinien, modèle lacanien, modèle mahlérien...).