5
Les cahiers de La Médicale - n° 11
EXERCICE PROFESSIONNEL
Les données juridiques et
morales liées au toucher
du corps d’un patient
répercuter en aval de lui. Lorsqu’un
patient est victime d’un accident
médical, les tribunaux ne cherchent
pas seulement à mettre en cause le
médecin qui aurait établi une mauvaise
ordonnance, commis une erreur
dans l’approche de tel ou tel examen.
Attitude relativement récente mais qui
tend à devenir désormais la norme, ils
cherchent à établir une sorte de chaîne
de responsabilité à tous les stades de
l’action thérapeutique. Cette chaîne de
responsabilité peut ainsi se situer au
niveau du pharmacien dispensateur
du produit, puis de l’infirmière ou du
masseur-kinésithérapeute qui aurait
honoré la prescription sans en vérifier
le bien fondé ou sa conformité à la
sécurité du patient.
C’est cela qui importe : la sécurité
du patient, l’un de ses fameux droits
régaliens évoqués plus haut, et les
conditions de mise en place puis de
maintien de la situation la moins
porteuse de dangerosité possible pour
lui. Si le magistrat se persuade qu’eu
égard à son expertise matérialisée
par un diplôme d’Etat de haute plus
value, chaque professionnel de santé
situé en aval du médecin disposait des
moyens de déceler le dysfonctionnement
et n’a pas agi en conséquence, sa
responsabilité se verra engagée de
façon quasi automatique solidairement
avec elle du médecin.
Dès lors, la sphère de soins exige une
grande fluidité dans la relation entre les
différents acteurs : soignants/patient
mais aussi, chacun l’aura compris,
soignants/soignants.
Cette fluidité implique confiance
et respect réciproques. Protectrice
du patient, la nécessité du dialogue
soignant/soignant met aussi en valeur la
réflexion et la compétence des membres
de la sphère de soins en relation avec
lui. Mais elles sont en pleine conformité
avec des données aux effets plus
amples encore. En effet, qu’est-ce-
qui rapproche les professionnels de
santé ? Quel est leur principal point
commun ? L’humanisme bien entendu,
signifiant écoute et toucher d’un corps
en souffrance. On en revient toujours
au même point. Dès lors, unis par un
tel lien, on ne peut concevoir un seul
instant une absence ou un déficit de
dialogue entre les praticiens que la
technique la plus haute ne saurait
jamais compenser.
UNE AUTRE
CONSÉQUENCE DU
TOUCHER DU CORPS :
LE CONSENTEMENT
LIBRE ET ÉCLAIRÉ
Avant même d’être une obligation
légale, informer un patient sur les
risques qu’il encourt en relation avec
les soins proposés constitue un devoir
moral pour tout praticien, quel que
soit l’art qu’il sert. Et, depuis son arrêt
fondateur du 25/02/1997, la Cour de
cassation n’a eu de cesse de préciser
les contours de cette obligation : que
dire au patient ? Comment rapporter
la preuve de ce qui a été dit ? Comment
faire face au refus de soins ?.. Mais
qu’en est-il lorsque n’ayant pas informé
le patient, un médecin a néanmoins
conduit le geste technique dans les
règles de l’art ? En d’autres termes,
le défaut d’information en tant que
tel peut-il être sanctionné tandis que
l’accomplissement du geste technique
n’a été entaché d’aucune faute ?