parler vont construire cette discipline (POSTEL et QUETEL 2004).
Le Moyen-Age est marqué par l'apport arabe dans le domaine des connaissances. La
médecine ne fait pas exception et, si l'héritage antique est essentiellement basé sur les auteurs de
l'époque romaine, les traductions de l'arabe apportent de nouveaux traités et notamment deux
consacrés à la maladie mentale, l'un aborde la mélancolie et l'autre traite de l'oubli.
La conception de la maladie à l'époque médiévale, que les apports proviennent du monde arabe ou
des traductions latines, se fonde sur la distinction entre les maladies générales ou fièvres (très
souvent d'ordre infectieux) et les maladies dont le siège se trouve dans une partie du corps. Ainsi, et
comme à l'Antiquité, le cerveau a un rôle dans les maladies mentales même si ce rôle est différent
puisqu'au Moyen-Age le cerveau est la cause des maladies mentales. Cependant les descriptions
cliniques de l'hystérie se retrouvent dans les livres consacrés aux organes de la reproduction.
A cette époque se poursuit la tentative de lien entre médecine et philosophie qui favorise la
compréhension psychopathologique des maladies mentales. La conception de la physiologie
médiévale stipule que le corps est constitué de quatre éléments principaux que sont les humeurs, les
membres ou les parties solides, les complexions qui caractérisent le tempérament mais s'appliquent
aussi aux parties du corps, et enfin les esprits qui sont des constituants physiques véhiculant des
forces ou vertus et agissent alors comme intermédiaires entre le corps et l'âme. Ainsi la théorie des
sens internes décrit des sens, différents des cinq sens externes ainsi que des capacités intellectuelles,
qui sont des forces ou vertus transmises par les esprits. Leur siège se situe dans les trois ventricules
cérébraux et leur nombre varie en fonction des auteurs. La vertu estimative exerce ainsi un
jugement sur les intentions non perçues par les sens externes alors que la mémoire en retient et
conserve les intentions par exemple.
Les maladies ainsi que leurs symptômes sont alors expliqués par le rapport devenu pathologique
entre ces différents constituants. Ainsi l'amour-maladie est expliquée très schématiquement de cette
façon : la perception de l'objet d'amour entraîne la conception d'un plaisir, la vertu estimative juge
que ce plaisir est très grand et ce jugement est conservé par la mémoire et la vertu imaginative. La
vertu cognitive va alors s'exercer continuellement à trouver le moyen d'atteindre l'objet d'amour,
source du très grand plaisir, et cette réflexion assidue peut devenir trop intense et mener à la folie.
Indépendamment de toute considération à propos de l'amour, ce qui est notable ici est le lien entre la
folie et la passion, car l'amour fait partie des passions dans le domaine de la philosophie.
La Renaissance est elle aussi caractérisée par le fait que les maladies mentales sont abordées
comme les maladies où il y a passion d'esprit. Les maladies trouvent leur origine dans le corps et la
particularité des maladies mentales est, comme au Moyen-Age, qu'elles font sentir leurs effets sur le
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