B LA RÉPARTITION ET L'UTILISATION DE LA PRODUCTION
1 Les secteurs produisent, distribuent des revenus et dépensent
Au niveau macroéconomique, la répartition de la production et des revenus peut être présentée sous la forme
d'une séquence des comptes (PERUC = production, exploitation, revenus, utilisation des revenus, capital)
pour chaque agent dans laquelle on calcule les principaux soldes de gestion de la comptabilité nationale.
Les comptes s'enchaînent : le solde du premier devient la ressource du suivant.
1- Le compte de production
4- Compte d'utilisation du revenu
Emplois
Ressources
Emplois
Ressources
consommations intermédiaires
Solde : Valeur Ajoutée
Chiffres d'affaires
Consommation finale
Solde : Epargne Brute
Revenu Disponible Brut
2- Le compte d'exploitation
5- Compte de capital
Emplois
Ressources
Emplois
Ressources
Rémunérations des salariés
Impôts liés à la production
Solde : EBE
Valeur Ajoutée
FBCF
Variations de stocks
Solde : Capacité ou Besoin de
financement
Epargne Brute
3- le compte de revenu
6- le compte financier
Emplois
Ressources
Emplois
Ressources
Intérêts, dividendes versés,
primes d'assurance,
impôts sur le revenu..
Solde :
Revenu Disponible Brut
Intérêts, dividendes versés,
primes d'assurance,
impôts sur le revenu..
Solde :
Revenu Disponible Brut
Flux net de créances
Besoin de financement
Flux nettes de dettes
Capacité de financement
a) Les sociétés produisent, distribuent des revenus et investissent
1. Le compte de production : Les sociétés produisent des biens et services marchands. Elles achètent pour cela
des biens et des services intermédiaires (biens et services non durables qui sont détruits ou transformés au
cours de la production) auxquels elles ajoutent une valeur ajoutée (mesure de la richesse créée par
l’entreprise) qui devient le solde du compte de production.
Valeur ajoutée = Production Consommations intermédiaires
Valeur de la production
Valeur des CI Valeur Ajoutée
2. Le compte d’exploitation : Les sociétés doivent partager cette VA avec ceux qui ont participé, directement ou
indirectement, à sa réalisation. En plus, certaines reçoivent des subventions de la part des administrations
publiques (pour soutenir une activité, rendre le produit moins cher…) qui s’ajoutent à la valeur ajoutée. Elles
vont donc distribuer cette ressource de la façon suivante :
Des salaires bruts aux salariés en récompense de leur travail. Ils comprennent les salaires nets (celui que va
recevoir le salarié), les cotisations salariales (celles que doit le salarié) et les cotisations patronales (celles
que doit l’employeur pour son salarié), les primes et les avantages en nature. Les cotisations sociales sont
des prélèvements obligatoires assis sur les salaires qui sont versées à la Sécurité sociale pour financer la
prise en charge d'un certain nombre de risques sociaux : maladie, accident du travail, chômage, retraite...
Rémunération des salariés = (Salaires nets + primes + Cotisations sociales) x nombre de salariés
Valeur ajoutée
Salaires net + cotisations
sociales
EBE
Rémunération des salariés = salaires nets + cotisations sociales
Salaire net = Salaire brut - Cotisations sociales du salarié
Des impôts sur la production à l’Etat qui a aidé la firme à produire en lui fournissant des services non
marchands (routes, protection policière, formation des travailleurs…). La taxe professionnelle et la taxe
foncière sont les principaux impôts sur la production ne pas confondre avec les impôts sur les produits :
TVA, TIPP).
Le solde du compte, c’est l’excédent brut d’exploitation, un profit brut qui mesure la rémunération des capitaux
engagés avant tout amortissement. Ainsi, le compte d'exploitation des sociétés non financières décrit le
partage entre les salaires bruts et les profits bruts de ces sociétés.
EBE = VA + Subventions (Rémunération des salariés + Impôts sur la production)
Part de la rémunération des salariés et de l'excédent brut d'exploitation dans la valeur ajoutée brute en France (en %)
En France, et dans la plupart des pays veloppés, le partage de la valeur ajoutée entre la rémunération des
salariés et les profits bruts a connu plusieurs périodes :
Dans les années 1950-1973, le partage est relativement stable : en gros, 69% de la VA pour les
salariés et un peu plus de 28% pour les profits bruts. Ceci signifie que le pouvoir d’achat des salaires
(salaires réels) a augmenté au même rythme que la valeur ajoutée à la suite d’un « compromis
fordiste » passé entre les syndicats et les entrepreneurs (les salariés acceptaient l'organisation du
travail fordiste et recevaient en contrepartie des hausses de pouvoir d'achat égales à leurs efforts).
Des années 1973 au début des années 1980, le partage devient favorable aux salariés : la part de la
rémunération salariale augmente de 6 points pour atteindre 74% de la VA et celle des profits tombe à
un quart. A cette époque, le « compromis fordiste » est remis en cause et les syndicats sont
suffisamment forts (le chômage est faible) pour arracher des augmentations de salaires réels
supérieurs à la hausse de la valeur ajoutée.
Des années 1980 au début des années 1990, le partage devient nettement favorable aux sociétés : la
montée du chômage et les politiques de rigueur salariale empêchent les salariés de défendre leur part
du teau. La part des salariés diminue de 5 points de la valeur ajoutée. La part des profits bruts
atteint près du tiers de la valeur ajoutée.
Depuis les années 1990, le partage s’est relativement stabilisé en faveur des sociétés. La part de la
rémunération des salariés n’a pas retrouvé son niveau des « trente glorieuses » et représente moins
de 66% de la VA. Le chômage, la précarité de l’emploi, l’individualisation des salaires, la faiblesse des
syndicats, ont pesé en faveur d’un taux de mage élevé.
Taux de marge = EBE/Valeur ajoutée x 100
3. Le compte de revenu : Les sociétés ont d’autres revenus que l’EBE car elles possèdent des actifs (actions,
terrains, bâtiments, compte rémunéré…) qui leur rapportent dividendes et intérêts. Mais, elles doivent
également verser des revenus :
Aux créanciers (Banques, obligataires), qui leur ont prêté de l’argent. Elles leur versent des intérêts.
Aux actionnaires, qui ont avancé leurs capitaux en achetant des actions. Elles leur versent des dividendes.
A l’Etat, qui prélève l’impôt sur le bénéfice pour fournir des services non marchands.
Le solde correspond au revenu disponible brut, c’est-à-dire le profit non distribué qui reste dans la socié
avant amortissement.
RDB = EBE + (Intérêts + dividendes reçus) (Intérêts + dividendes versés + impôt sur le bénéfice)
L’utilisation de l’excédent brut d’exploitation des sociétés en France (en % de la VA)
1960
1970
1980
1990
2000
2009
Intérêts nets versés
3,6
6,5
8,5
6 ,9
5,3
3,4
Dividendes versés
5,1
4,4
2,9
4,7
8,0
11,7
Impôts sur les bénéfices
4,6
3,7
3,1
3,4
4,0
1,8
Bénéfices non distribués
15,8
14,4
11,2
17,8
15,4
12,8
Total EBE =
29,1
29,0
24,7
32,8
32,7
29,7
4. Le compte d’utilisation du revenu : les sociétés n’ont pas de compte d’utilisation du revenu car elles n’ont pas
de consommation finale. Tous les achats de biens et services des sociétés sont soit des consommations
intermédiaires soit des investissements (l'achat d'une voiture de fonction par une entreprise est considéré
comme un investissement alors que c'est une consommation pour un ménage). En d’autres termes, leur RDB
correspond à leur épargne brute qui est un bénéfice non distribué avant amortissement.
RDB = Epargne Brute = Bénéfice non distribué
5. Le compte de capital : l’essentiel de l’épargne brute sert à financer l’investissement (FBCF), c’est-à-dire
l’achat de biens d’équipement durables (dont la durée de vie est supérieure à 1 an), de bâtiments et de
logiciels. En général, l’épargne brute des sociétés est insuffisante pour prendre en charge la totalité des
dépenses d’investissement. Les sociétés ont donc un besoin de financement.
L'investissement est "brut" car il comprend l'amortissement ;
FBCF = Investissement net + Amortissement
Investissement net = FBCF - Amortissement
L'amortissement correspond à la mesure de la dépréciation du capital fixe qui oblige les sociétés à faire des
investissements de remplacement pour maintenir constant le stock de capital fixe. Ainsi, un capital fixe d'une
valeur de 100 000€, qui a une durée de vie de 10 ans, perd chaque année une valeur de 10 000€.
L'entrepreneur doit donc mettre de côté 10 000€ pendant dix ans (dotations aux amortissements) pour
remplacer ses machines usées ou obsolètes. L'amortissement mesure donc le coût annuel du capital fixe.
Amortissement = Valeur d’achat de l’équipement/Durée de vie prévue de l’équipement
Excédent brut d’exploitation
Intérêts
versés
Dividendes
versés
Impôt sur le
bénéfice
Profit non
distribué
Amortissement
Investissement
net
Placement
Taux de marge, taux d'autofinancement et taux d'investissement des sociétés non financières (en %)
(1) Taux de marge : Excédent brut d'exploitation / Valeur ajoutée brute (échelle de gauche)
(2) Taux d'investissement = FBCF / Valeur ajoutée brute (échelle de gauche)
(3) Taux d'autofinancement = Epargne brute / Formation brute de capital fixe (échelle de droite)
Depuis les années 1960, on peut distinguer quatre périodes dans le partage de l’EBE :
Des années 1960 aux années 1970, plus de la moitié de l’EBE reste aux sociétés non financières pour
financer leurs investissements bruts. A cette époque, elles consacrent plus de 23% de la VA en moyenne à
l'achat de biens d'équipement durables et de bâtiments. Leur épargne brute, qui correspond aux bénéfices
non distribués, autofinancent à peu près 55% de leurs investissements. Le reste est distribué en parts à peu
près égales aux créanciers (banques, obligataires), aux propriétaires et à l’Etat.
Taux d’investissement = FBCF/VA x 100
Au cours des années 1970, la diminution des profits bruts dans la valeur ajoutée se traduit par une baisse de
4 points du taux d'investissement entre 1970 et 1983. L'épargne brute finance moins de 50% des
investissements. Les entreprises sont obligées de s'endetter auprès des banques pour financer le reste. Elles
distribuent relativement moins de dividendes aux propriétaires
Taux d’autofinancement = Epargne Brute/FBCF x 100
Des années 1980 aux années 1990, le redressement du taux de marge de 8 points entre 1982 et 1988 ne se
traduit par un relèvement du taux d'investissement qui reste inférieur à 21% de la valeur ajoutée des sociétés.
En conséquence, les profits non distribués financent plus de 80% des investissements. Une part croissante
de l’EBE va être accaparée par les créanciers (intérêts versés) car les entreprises se sont endettées dans la
décennie antérieure.
Depuis les années 1990, ce sont les actionnaires qui s’accaparent une part croissante de l’EBE. En effet, les
propriétaires des grandes sociétés sont de plus en plus souvent des fonds de pension, des fonds
d’investissement et des institutions financières qui réclament des versements élevés de dividendes
(capitalisme financier). La baisse des taux d'intérêts réels et le désendettement des entreprises a, en
revanche, réduit la part des créanciers.
6. Le compte financier : Si l'épargne brute des sociétés est supérieure à leurs investissements, elles dégagent
une capacité de financement qu'elles vont pouvoir placer (compte d'épargne, achat d'actions, d'obligations...).
Mais, dans la plupart des cas, elles ont un besoin de financement car leur bénéfice non distribué est
insuffisant pour couvrir la totalité des investissements. Les sociétés ont 3 façons de se procurer les capitaux
manquants :
En les empruntant aux banques. Elles devront rembourser cette dette à une date donnée (l’échéance) et
verser un intérêt durant la durée du prêt.
En les empruntant aux épargnants. Elles émettront des obligations qui sont des titres de créances
(reconnaissance de dette) qui les obligent à rembourser le capital prêté à échéance et à verser des intérêts.
En augmentant leurs « fonds propres » par une émission d’actions nouvelles. Dans ce cas, la société ne
s’endette pas. Elle accueille de nouveaux propriétaires. Elle leur versera des dividendes si la société fait des
profits.
Epargne brute > FBCF = Capacité de financement = Taux d'autofinancement > 100%
Epargne brute < FBCF = Besoin de financement = Taux d'autofinancement < 100%
b) Les ménages produisent, reçoivent des revenus, consomment et épargnent
1. Le compte de production : Les ménages sont également producteurs d'une valeur ajoutée. En effet, ils
produisent deux types de biens et services :
Des biens et services marchands produits par les entrepreneurs individuels.
Des biens et services non marchands produits par des ménages ordinaires pour leur usage propre (loyers
fictifs des propriétaires de leur logement, production des jardins familiaux…).
2. Le compte d’exploitation : Les entrepreneurs individuels doivent partager cette VA avec ceux qui ont participé,
directement ou indirectement, à sa réalisation : les salariés (versement de la masse salariale) et l’Etat
(paiement des impôts sur la production). L'EBE qui est le solde du compte d'exploitation correspond à la fois
au bénéfice brut que les ménages retirent de leur activité et aux revenus mixtes des entrepreneurs individuels
qui provient à la fois de leur travail et du capital qu'ils ont engagé dans leur entreprise.
3. Le compte de revenu : Les ménages ont trois revenus primaires, qui proviennent directement de la valeur
ajoutée :
Les revenus du travail = Salaires bruts + primes + avantages en nature que touchent les ménages de salariés.
Les revenus mixtes = honoraires des professions libérales et bénéfice restant aux artisans et commerçants.
Les revenus de la proprié = Intérêts + Dividendes + Loyers touchés par les ménages qui ont du patrimoine.
Mais les ménages n’ont pas la totalité de ces revenus primaires à leur disposition car ils vont avoir une
distribution secondaire de ces revenus en :
Versant des cotisations sociales à la Sécurité sociale pour assurer leur protection sociale ;
Payant leur impôt sur le revenu à l’Etat pour financer les services collectifs non marchands ;
Recevant des prestations sociales c’est-à-dire des revenus de transfert destinés à ceux qui ont cotisés
(revenus d’assurance : indemnités journalières, allocation chômage, allocation familiale, retraites) ou aux
pauvres (revenus d’assistance : RMI, Bourses, allocation logement…).
Le revenu disponible brut correspond donc au revenu dont disposent les ménages pour consommer et
épargner. C’est le revenu après prélèvements obligatoires et transferts sociaux.
RDB = Revenu primaire (Cotisations sociales + Impôts sur le revenu-patrimoine) + Prestations sociales
Revenu du travail
Revenu mixte
Revenus de la
propriété
Revenus d’activité
Revenus primaires
Revenu
primaire
Impôts sur le
revenu
Cotisations
sociales
Etat
Sécurité
sociale
Prestations
d'assistance
aux pauvres
Prestations
d'assurance
aux cotisants
Revenu
disponible
1 / 16 100%
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