
(Médecine interne, Néphrologie, ORL, Urologie,
Neurologie…) à la demande des équipes et des médecins
qui repèrent chez un patient la nécessité d’un soutien,
ou d’une aide extérieure, ou à la demande du patient
lui-même. Le travail du psychologue est ensuite d’évaluer
la pertinence de cette demande afin de proposer un
suivi, ponctuel ou plus régulier, et dans certains cas la
consultation avec un psychiatre si un traitement
psychotrope s’avère nécessaire (2, 3) ;
– la prise en charge en consultation extérieure des
patients suivant un traitement et en faisant la demande,
et parfois de leur famille, le cas échéant l’orientation vers
un suivi en ville, dans un Centre Médico-Psychologique,
ou auprès d’un confrère;
– la réflexion avec les équipes soignantes autour de
situations cliniques précises qui les mettent en difficulté
ou les interrogent au cours des réunions institutionnelles ;
– le travail institutionnel, qui, au-delà des temps
formels et informels de discussions et d’écoute avec les
équipes soignantes, se concrétise au travers de réunions
de discussions animées par le psychologue, autour de
thèmes ayant trait à l’accompagnement des personnes
malades ou en fin de vie. Ses réunions ont lieu chaque
mois en oncologie, de façon plus ponctuelle dans les
autres services ;
– la participation aux réunions de concertation
pluri-disciplinaire (4) qui sont l’occasion d’évaluer la
pertinence de la proposition d’un suivi et parfois
d’émettre un avis sur une question thérapeutique ;
– l’élaboration des cas des patients au cours de la
réunion hebdomadaire du service de psychiatrie, au cours
de laquelle psychologues et psychiatres tentent de
répondre ensemble aux problématiques et questions
que soulèvent la prise en charge de ces patients et le
déploiement de cette activité au sein de l’hôpital.
Spécificités.
La demande de prise en charge psychologique des
patients atteints de cancer est particulière car elle est
indissociable de la spécificité du cancer, de son diagnostic
à ses traitements (5). La démarche diagnostique qui vient
déceler une atteinte organique souvent restée jusque-là
asymptomatique et le caractère mortifère des soins
prodigués pour combattre la maladie (chimiothérapie,
radiothérapie, chirurgie…) nouent de façon singulière les
relations entre médecins, soignants et patients.
Les patients sont atteints dans le corps, au travers
des effets iatrogènes, davantage que par la maladie elle-
même, qui garde ce caractère troublant, car invisible,
mais nommée et donnée à voir par les médecins au travers
des outils d’investigation diagnostique (radiographies,
scanners, etc...). Les effets induits et les questions qui
en découlent sont spécifiques et fonction de chaque
cancer et de ses traitements (traitement du cancer chez
des sujets jeunes, cancer du sein, cancers ORL, cancers
gastriques…).
On soulignera la thématique de la perte dans le cancer
du sein, notamment lorsque le sujet est confronté à
l’ablation de la glande. De la même façon, les traitements
de cancer ORL conduisent parfois à des bouleversements
majeurs tels que la perte de la voix. Les cancers gastriques
et l’appareillage qui peut y être associé, comme la pose de
« stomies », conduisent à de violentes dégradations du
corps. Ses dégradations corporelles qui viennent ébranler
l’image du corps sont souvent bouleversantes pour le
sujet et elles peuvent être déroutantes pour les soignants.
C’est autour des effets qu’entraînent les thérapeutiques
et des questions spécifiques qu’elles soulèvent parfois,
que s’élabore une part de la demande des médecins,
des équipes et des patients: de cette façon, une patiente
traitée pour un cancer du sein est adressée par son
oncologue au psychologue et demande au premier
entretien : « dois-je faire une chirurgie reconstructrice ? ».
L’offre de parole auprès des patients peut intervenir
lors de l’annonce du cancer, du déroulement de ses
traitements, ou dans l’après-coup lors de la rémission,
d’une récidive.
La temporalité posée par le discours médical ne
coïncide pas avec la temporalité du sujet, ni avec celle où
la nécessité d’une rencontre avec un autre extérieur se fait
jour. Il ne s’agit pas d’imposer au patient la nécessité
d’une rencontre avec le psychologue en s’appuyant sur
les difficultés psychologiques qu’il serait supposé
rencontrer au regard de son état somatique, mais plutôt de
laisser émerger et de percevoir la singularité d’une
demande. Ainsi, une patiente demande à l’oncologue qui
l’a suivie de rencontrer un psychologue alors qu’elle est
en rémission, après un traitement lourd, par chirurgie,
chimiothérapie et radiothérapie, qui s’est déroulé sur près
d’un an. Elle exprime lors de notre première rencontre:
« je ne me sens pas guérie ». L’offre de parole lui permet de
préciser ce qui se joue pour elle derrière cette formulation
paradoxale au regard de son état somatique.
La psychologie de liaison consiste à proposer un
espace de parole spécifique qui se distingue des paroles
échangées avec le médecin, les soignants, les bénévoles.
Le psychologue tient une place spécifique, extérieure,
face aux autres acteurs du soin et personnels de santé
qui accompagnent le patient dans le quotidien de la
maladie. Il ne se situe pas du côté du médical ou du
soin, mais tient une place « autre ». L’affectation du
psychologue au sein du service de psychiatrie a en ce sens
toute sa pertinence et son importance. Elle permet de
préserver cette extériorité, fondamentale tant pour le
praticien que pour le patient. Les entretiens peuvent se
dérouler dans les services ou dans le bureau du
psychologue au sein du service de psychiatrie.
Enjeux et limites.
L’action du psychologue n’est pas orientée par une
visée normalisante, ou réconfortante, mais cherche à
donner toute son importance à la parole du sujet, à la
réalité psychique de chaque sujet. La réalité organique
du corps, l’état des marqueurs, l’avancée de la maladie
sont cependant au premier plan auprès des patients. La
difficulté de la prise en charge des patients atteints de
cancer en psychologie de liaison tient en ce qu’elle
s’inscrit dans cet entre-deux : le discours médical et le
discours du sujet, le temps de la médecine et le temps du
sujet. Interlocuteur différent, en partie étranger au
discours médical tout en y étant rattaché, le psychologue
ne se place pas en série avec les procédés qui visent les
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