DOSSIER
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ACIER
Le bardage double peau fait sa mue
Évolution et diversification des procédés, amélioration des
performances énergétiques de l’enveloppe… Le bardage double
peau monte en gamme et cherche à conquérir de nouvelles
applications dans le logement et le tertiaire. ADELINE DIONISI
L
’image du bardage double peau a longtemps
été associée à celle d’un produit pratique et
rapide à mettre en œuvre pour assurer un clos
et couvert à moindre coût. Aujourd’hui les acteurs
du marché cherchent à faire valoir d’autres atouts
comme la diversité des parements et les perfor-
mances thermiques de ces systèmes pour s’attaquer
à de nouveaux marchés.
Développé par l’entreprise nord-américaine
Robertson-Irwin Limited (aujourd’hui devenu
Robertson Building Systems), le bardage double
peau débarque en France dans les années 1960.
Le procédé, composé d’un plateau porteur en acier
incorporant un isolant et d’un parement extérieur,
cumule les avantages dans une France en plein
essor industriel : « Son faible coût, sa légèreté et sa
rapidité de mise en œuvre constituent les clés de son
succès », explique Yves Torres, président du conseil
d’administration de l’entreprise Face. Son principal
débouché : les ouvrages industriels, un secteur où
l’esthétique et les performances thermiques ne sont
pas encore des préoccupations. Parmi les appli-
cations phare : le bâtiment I des MIN de Rungis,
construit en 1968. « Jusque dans les années 1970, la
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Les parements en acier sont
déclinables à l’envi, notamment en
termes de couleurs.
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© Face Aquitaine
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fonction première de l’isolation reste la maîtrise des
phénomènes de condensation, précise Daniel Roys
de Soprema Entreprises. Par conséquent, les épais-
seurs mises en œuvre étaient réduites au minimum
et ne dépassaient pas 45 mm. » La démocratisation
du chauffage électrique et l’arrivée de la première
réglementation thermique de 1974 changent la
donne et poussent au développement des isolants
minéraux. Ces évolutions vont profiter au bardage
double peau, l’isolation faisant partie intégrante
du complexe.
ÉVOLUTIONS INDUSTRIELLES
Progressivement, les industriels cherchent à innover
afin de réduire encore un peu plus les coûts. Ainsi,
l’arrivée de la vis autoperceuse en 1975 sonne le
glas de la pince à crever. La pose devient plus rapide
et surtout moins chère. « En parallèle, les plateaux se
sont adaptés à l’évolution des trames d’ossature. En
jouant sur leur profondeur, passée de 60 à 150 mm
en quelques décennies, ils ont gagné en inertie permet-
tant une augmentation de leurs longueurs (jusqu’à
14 m) », rappelle Philippe Dumay, directeur général
de Face. De même, leur résistance à la pression et
la dépression et leur élasticité se sont également
améliorées. Enfin, les progrès de la galvanisation,
notamment en termes de maîtrise des process et de
qualité des matériaux utilisés, éloignent également
le spectre de la corrosion de l’acier.
Les parements ont suivi les mêmes évolutions, parti-
culièrement concernant les procédés de laquage. Les
premières laques remontent à la fin des années 1960.
Aujourd’hui, elles sont normées en fonction de la
finalité du bâtiment : élasticité, grammage… « Tout
est figé techniquement », souligne David Piantino,
directeur marketing et développement du groupe
Fila (Financière Laguarigue). Esthétiquement en
revanche, la qualité des finitions, la diversification
des teintes et d’effets (mat, super mat, embossé…)
ont offert peu à peu au bardage double peau de
nouvelles perspectives. « Il est possible aujourd’hui de
créer des aspects bois, marbre ou cuivre en superposant
plusieurs couches de peinture ou même d’imprimer
des images », explique Jacques Tribout, dirigeant de
l’entreprise Batex. Une tendance accompagnée par
le goût de plus en plus prononcé des concepteurs
pour le façonnage des parements : cintrage, pliage,
perforations…
DIVERSIFICATION DES PAREMENTS
Autre preuve du positionnement architectural du
bardage double peau : la diversification des maté-
riaux de parement extérieur qui ne se cantonnent
plus à l’acier. Aluminium, acier inoxydable,
Des plateaux perforés
pour gérer l’acoustique
Les bâtiments industriels, socio-culturels et les salles de sport, entre autres, sont la plupart du
temps, soumis à des problématiques de gestion des bruits intérieurs. Cette acoustique est alors
traitée par l’association de plateaux perforés, d’un isolant en laine minérale et d’un pare-vapeur.
Si l’ajout d’une finition devant les plateaux à l’intérieur est possible,
« il est plus efficace de laisser
libre l’isolant pour une meilleure absorption des bruits »,
explique David Piantino.
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Tous types de matériau sont
aujourd’hui admissibles en parement
de bardage double peau, comme ici
le stratifié (Trespa Meteon).
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Les dimensions architecturales
et esthétiques ont fait leur entrée sur
le marché du bardage double peau.
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© Pierre Pichon
© Pierre Pichon
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stratifié, HPL, fibres-ciment et même terre
cuite… « Les parements traditionnellement utilisés
en bardage rapporté sur maçonnerie dévient vers les
double peau », souligne Denis Lehnen, directeur
technique de Soprema Entreprises. « En théorie, tout
est possible car tout se calcule, notamment en termes
de charges. Ainsi, les problématiques de déversement
de la lèvre peuvent être réglées par l’ajout d’une échan-
tignolle », poursuit Jacques Tribout. Un exemple :
le mur végétalisé du musée du quai Branly à Paris
est liaisonné à des plateaux de bardage par l’inter-
médiaire d’un support en aluminium. « Les tests de
résistance ont été jusqu’à 100 kg/m² pour vérifier la
tenue du système. » Récents, ces procédés ne sont pas
couverts par les Règles professionnelles éditées en
1981 qui constituent aujourd’hui, l’unique référen-
tiel harmonisé pour la mise en œuvre des bardages
métalliques. « La mise en œuvre de ces systèmes reste
soumise à la garantie décennale, rappelle toutefois
le dirigeant de Batex. Les assurances exigent au
minimum une enquête de technique nouvelle (ETN). »
Quelques industriels ont fait le choix de l’Avis
technique comme les fabricants de parements en
fibres-ciment (Eternit) ou en stratifié (Fundermax
et Trespa). Dernières solutions : l’Atex dans le cadre
d’un chantier expérimental.
PERFORMANCES THERMIQUES
En parallèle de ces évolutions esthétiques, « le
bardage double peau a fait son entrée dans l’ère
de la thermie au début des années 2000 », pré-
cise Denis Lehnen. Là encore, les industriels ont
impulsé ce mouvement. L’arrivée sur le marché
des isolants rainurés a considérablement amélioré
les performances thermiques des enveloppes en
acier. Ces produits, devenus aujourd’hui standard
comme Rockbardage ou Cladisol, sont façonnés
en usine pour venir s’insérer dans les plateaux
de bardage. Associés aux nouvelles générations
« Aujourd’hui, nous savons parfaitement réaliser des bâtiments en
acier performants au plan énergétique. »
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Les bâtiments industriels ne sont
plus le seul débouché des bardages
double peau, le tertiaire peut
également y avoir recours.
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Le cintrage des parements en acier
donne une dynamique particulière à
la façade.
© Pierre Pichon
© Eternit
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de vis à entretoise, ils créent de fait une couche
d’isolation continue et limitent considérablement
les ponts thermiques ponctuels. « Ces produits sont
couverts par leur propre Avis Technique et acceptent
une multitude de parements extérieurs », souligne le
directeur technique de Soprema Entreprises. Nul
besoin, dans ces cas de figure, d’augmenter les
épaisseurs d’isolant pour prétendre aux niveaux de
performances BBC voire Bepos. Résultat, « 150 mm
suffisent pour obtenir un U=0,3 W/(m2.K), poursuit
Denis Lehnen. Avec la RT 2012, c’est l’étanchéité à
l’air qui constitue le véritable enjeu pour la perfor-
mance énergétique des bardages double peau. » Or,
logiquement, les Règles professionnelles de 1981
évacuent la problématique en trois lignes. « Chacun
applique ses propres solutions et les justifie », explique
Yves Torres. L’insertion d’un pare-vapeur du côté
de la paroi chaude du système apparaît souvent
comme la solution la plus efficace en la matière.
Parfois même, deux pare-vapeur sont nécessaires
comme sur les façades de l’hôpital de Montargis
réalisées par l’entreprise Batex. « Nous avons ajouté
des joints entre les lèvres des plateaux, sur chaque
appui de plateau, au niveau des longrines… », sou-
ligne Jacques Tribout.
NOUVEAUX MARCHÉS ?
« Aujourd’hui, nous savons parfaitement réaliser des
bâtiments en acier performants au plan énergétique.
Mais ces ouvrages sont encore associés à une image
de bâtiment à bas coût. Il faut sortir de cette logique,
analyse Denis Lehnen. En changeant les a priori, on
pourrait même envisager de généraliser l’emploi des
enveloppes en acier dans le logement. ».
La publication prochaine des Recommandations
professionnelles RAGE 2012 sur les bardages double
peau (voir article p. 34) ouvre à ces techniques de
nouvelles perspectives. « Elles rassemblent et officia-
lisent dans un même document toutes les dispositions
constructives pratiquées aujourd’hui », explique David
Piantino. Cette base commune sonne comme une
reconnaissance de l’évolution des modes constructifs
des bâtiments en acier et de leur capacité à répondre
aux nouvelles exigences de performance. l
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34 BARDAGE.INFO #05 MAI 2014PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE
RECOMMANDATIONS PROFESSIONNELLES
Le bardage double peau
passe à l’heure de RAGE 2012
Le programme, destiné à revoir les règles de construction pour
améliorer la performance énergétique des bâtiments, a permis
de mettre à jour les référentiels de mise en œuvre des bardages
double peau. Pour la première fois depuis 33 ans. ADELINE DIONISI
1981-2014
Pendant plus de trente
ans, la réalisation des
bardages double peau aura été soumise aux mêmes
« Règles professionnelles pour la fabrication et la mise
en œuvre des bardages métalliques ». Un document
aujourd’hui obsolète au regard de l’évolution des
techniques et des matériaux composant ces procédés
(voir article p. 30). « Sur le terrain, les professionnels
ont pris beaucoup de liberté par rapport au référentiel
de 1981. Avec succès d’ailleurs car le taux de sinistra-
lité est nul dans le secteur », explique Denis Lehnen,
directeur technique de Soprema Entreprises.
L’avènement des performances énergétiques des
bâtiments au rang de priorité depuis le Grenelle de
l’environnement en 2010 ne permet plus de laisser
la place aux improvisations, d’autant plus qu’« avec
l’acier, la thermique a, pendant longtemps, été secon-
daire », précise Denis Lehnen. Ce mode constructif ne
pouvait donc pas échapper au programme RAGE 2012
qui « vise à revoir l’ensemble des règles de construction
afin de réaliser des économies d’énergies dans le bâti-
ment et de réduire les émissions de gaz à effets de serre ».
Dans ce cadre, les professionnels, sous l’égide du
CTICM*, se sont attelés à la rédaction de recomman-
dations professionnelles visant les bardages en acier
protégé et en acier inoxydable. Ce texte de plus de
250 pages devrait paraître avant l’été. Il s’applique
aux bardages métalliques simple peau, double peau,
à peaux multiples et rapportés en acier, dans le neuf
comme en rénovation. Ne sont pas visés les cassettes,
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© Soprema
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