Résumé
Les espaces verts bruxellois sont constitués pour tiers de jardins privés. Ceux-ci sont étonnamment
négligés des pouvoirs publics, et le monde académique ne s’y est que très peu intéressé, jusqu’à tout
récemment. Le présent mémoire tente de combler ce manque d’informations en opérant une revue de
littérature large et interdisciplinaire qui vise à (i) déterminer le rôle et la place des jardins dans l’écologie
urbaine et (ii) envisager la pertinence et les modalités d’une gestion cohérente et concertée de ces surfaces.
Nous envisageons, dans une première partie, les relations qui unissent un individu à un espace
particulier au travers de comportements et modes de gestion : le jardin, le jardinage et le jardinier. Cette
dynamique complexe implique des composantes pratiques, psychologiques, sociologiques et écologiques qui
font du jardin un système qu’il est difficile d’envisager sous l’angle environnemental seul. Les aspects
humains, prégnants, ne peuvent être écartés de la réflexion.
S’intégrant plus particulièrement dans le milieu urbain, nous décrivons, dans notre deuxième partie,
les caractéristiques principales de cet écosystème nouveau — à l’échelle des temps géologiques — et
éminemment singulier. Postulant que le jardin urbain y opère qualitativement comme les espaces verts plus
étudiés, nous transposons — dans notre troisième partie — les quelques connaissances scientifiques sur ces
derniers à la thématique envisagée ici.
Les jardins apparaissent ainsi comme potentiellement très positifs, avec un rôle généralement
antagoniste aux effets délétères de l’urbanisation, tant sur le biotope que sur la biocénose (biodiversité
végétale, animale — y compris humaine). Néanmoins, le type de jardin — lié à une esthétique classique ou
sauvage — et le mode de jardinage — conventionnel ou écologique — pèseront dans la balance et
influenceront les services écosystémiques rendus.
Puisque la majorité des effets, notamment en terme de biodiversité, ne résulte pas des jardins pris
isolément, mais de leur influence conjointe à l’échelle du paysage — ici, la région bruxelloise —, nous
précisons, dans la quatrième partie, des éléments théoriques d’écologie du paysage et envisageons la place
des jardins dans l’application concrète de ces éléments par les pouvoirs publics : le maillage vert bruxellois.
Ce changement d’échelle écologique et géographique amène à aborder les différents acteurs et niveaux
hiérarchiques qui forment le versant socioéconomique de la problématique environnementale. Le tout est
synthétisé dans un cadre général multi-acteurs et multiscalaire, qui présente l’ensemble des relations
impliquées.
Enfin, puisque les bénéfices sont dépendants de types de jardins et modes de gestion particuliers
qu’il conviendrait d’implanter dans un maximum de propriétés privées, nous énonçons les grandes lignes de
stratégies envisageables pour parvenir à une gestion cohérente, harmonieuse et durable des jardins à l’échelle
de la région.
Les conclusions générales dépeignent donc le jardin comme un système psychosocio-écologique
complexe, un anthroposystème qui allie dimension humaine et dimension écologique. L’environnement
urbain tire profit de sa présence, dès lors que toutes ces parcelles sont envisagées cumultaivement, et de
nombreux bénéfices seraient tirés de la promotion de jardins naturels, gérés écologiquement et de manière
coordonnée à l’échelle de la ville entière.
Mots clés : jardins privés, jardinage écologique, écosystème urbain, maillage vert, écologie du paysage.
—————————————————————[ iii ]————————————————————