CRISE ET CROISSANCE : UNE STRATÉGIE POUR LA FRANCE 5
Introduction
La crise mondiale a, selon toute probabilité, fait chuter la croissance po-
tentielle, autour de laquelle gravite la croissance effective. Mais le concept
de croissance potentielle reste ambigu et sa mesure concrète délicate. C’est
pourquoi le rapport qui suit, dans la ligne d’un rapport du CAE de 2007 sur
« les leviers de la croissance française », privilégie un état des lieux des défi s
à surmonter avant de dessiner les contours d’une stratégie de croissance pour
la France intégrant la double crise, mondiale et européenne.
Plusieurs constats complémentaires guident la démarche générale :
la nécessaire consolidation des finances publiques, après la non moins
néces saire activation budgétaire (et monétaire) face à une crise mondiale
d’une acuité exceptionnelle ; les comparaisons franco-allemandes du point
de vue de la compétitivité, des parts de marché, des réformes structurelles…,
et les leçons à en tirer du côté français ; un investissement productif quanti-
tativement suffi sant mais qualitativement mal orienté, avec de trop faibles
dépenses d’innovation ; une situation fi nancière des entreprises qui, prise
globalement, laisse à désirer.
À partir de là, les auteurs proposent une stratégie de croissance pour
la France qui, sans négliger l’incontournable complémentarité avec la
demande, cible tout spécialement l’offre. Une stratégie qui combine des
interventions « horizontales » de l’État susceptibles de concerner tous les
secteurs (plus d’innovation, de R&D, élimination de barrières à l’entrée et
de réglementations anti-concurrentielles sur les marchés des biens, mise en
place d’une réelle « fl exisécurité » sur le marché du travail afi n d’accroître
la mobilité choisie…) et des interventions « verticales » touchant certains
secteurs prioritaires ou stratégiques. Cette dernière dimension conduit à
prôner une nouvelle politique industrielle, privilégiant par exemple l’inno-
vation verte ainsi que des aides sectorielles plus décentralisées et ciblées
sur des secteurs plus concurrentiels. Où il apparaît que, contrairement à
certaines idées reçues, il n’y a pas à choisir entre politique industrielle et
politique de la concurrence, susceptibles, au contraire, de s’épauler l’une
l’autre. On relèvera aussi les propositions pour mettre la fi scalité au ser-
vice de la croissance, en réduisant et redéployant les niches fi scales pour
fi nancer les dépenses d’avenir, et sans remettre en cause les incitations à
l’investissement. Le Grand emprunt va permettre à la France de faire un
saut qualitatif sur certaines dépenses d’avenir touchant aux universités, à la
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