Peut-on concilier la théorie financière et la réalité des marchés?
Mais est-ce le cas ? Rapidement, la théorie financière néoclassique a également fait
l’objet de critiques au niveau empirique. En effet, la répétition récurrente de bulles
spéculatives (qui désignent l'apparition d'un écart grandissant entre la valeur
négociée d’un actif et sa valeur fondamentale), les phénomènes d’engouement ou de
panique collective sur les marchés sont autant d’évènements inexplicables du point
de vue de la finance classique.
D’autres anomalies ont été constatées au niveau individuel, comme par exemple la
corrélation importante qui existe entre le degré d’ensoleillement et les rendements
positifs. Comment expliquer cette corrélation ? Les conditions météorologiques
affectent l’humeur des individus. Ainsi, le beau temps met les gens de bonne
humeur. Cette bonne humeur entraîne un optimisme qui se traduit chez les
investisseurs par un achat de titres en vue d’en tirer des profits. Dans un contexte
généralisé, les jours ensoleillés peuvent, par conséquent, se distinguer par des
rendements supérieurs. Dans le même ordre d'idée, des variations de prix des actions
ont également été constatées en fonction du jour de la semaine : c'est l'effet « week-
end » !3
Ces réalités des marchés financiers, non prises en compte dans les modèles financiers
classiques, mettent en lumière les limites auxquelles se heurtent les hypothèses de
rationalité des individus et d’efficience des marchés.
4 L'apparition de la finance comportementale
Un autre mode de pensée s'est développé pour tenter d'expliquer ces phénomènes
financiers qui s'écartent de la théorie financière classique : la finance
comportementale. En contradiction avec les hypothèses de la finance classique, la
finance comportementale s'inscrit dans une perspective de sciences sociales plus
large incluant la psychologie et la sociologie. Elle cherche ainsi à répertorier et à
mieux comprendre les biais psychologiques et sociologiques liés à la prise de
décision financière. Les travaux en matière de finance comportementale ont été
récompensés à travers le décernement, en 2002, du Prix Nobel d'économie à deux
chercheurs actifs dans ce domaine : Daniel Kahneman et Vernon Smith4.
3 Le vendredi, la fin de la semaine de travail approchant, les investisseurs sont de bonne humeur. Ils auront
donc tendance à acheter davantage de titres. À l'inverse, le pessimisme est de rigueur au retour du week-end :
le lundi est une journée historiquement marquée par des baisses de valeurs.
4 Ces deux chercheurs sont considérés comme des pionniers dans l'application à la sciences économique des
méthodes expérimentales utilisées en psychologie.
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