Avec le soutien
de la Région
Editorial
La « crise » financière nous montre s’il
en était encore besoin les limites
d’un développement non durable. On
avait déjà vu, hélas, ce que donnait
un développement qui détruisait
l’environnement ou qui faisait fi des
aspects sociaux. Voici maintenant que
l’économie elle-même est menacée
par un développement sans autre
objectif que le profit à court terme,
sans aucune création de valeur. Il
est évident qu’un « développement »
qui détruit ses bases économiques,
sociales et environnementales est
non seulement non durable, mais
suicidaire. En revanche, on pourrait
imaginer un développement qui
serait axé, non pas sur des indices
boursiers, mais sur le bien-être
humain. Un développement qui
assurerait à tout habitant de la
planète l’accès à l’eau, à l’énergie
et autres besoins fondamentaux.
Un développement qui créerait de
la richesse en contrecarrant le
changement climatique. Un
développement qui s’appuierait
sur une biodiversité préservée…
Après tout, c’est le bon côté des
crises que de nous obliger à
changer !
Michel Coletta
Président de l’AREHN
Ressource en eau
Inondations
Approvisionnement
Qualité
Ecosystèmes terrestres
Habitats
Erosion
Carbone dans les sols
Répartition des végétaux et
des animaux
Productivité des forêts
Ecosystèmes côtiers et marins
Niveau de la mer
Erosion, submersions
Salinisation
Eutrophisation
Faune, ressources halieutiques
Agriculture
Nombre de jours de gel
Fertilité des sols
Rendements
Ravageurs et maladies
Tourisme et loisirs
Flux touristiques
Espaces verts, paysages
Santé
Evénements climatiques extrêmes
(canicules, sécheresses…)
Pollution de l’air
Allergies
Maladies infectieuses
Risques naturels
Ruissellement, inondations
Risque souterrain, risque littoral
Submersions de tempête
dossier
Climat :
la Haute-
Normandie
demain
AU SOMMAIRE DE CE NUMERO
Dossier 1
Actualité 5
Agenda 5
Vient de paraître - Acteur 6
Brèves 7
L’Agence 8
N° 56 SEPTEMBRE 2008
LETTRE D’INFORMATION DE L’AGENCE RÉGIONALE DE L’ENVIRONNEMENT DE HAUTE-NORMANDIE
Domaines de vulnérabilité de
la Haute-Normandie au changement climatique
nons » 2,5 à 3 °C « seulement », le Grand
Nord… 10 °C ! Notons cependant que la
Haute-Normandie est une des régions de
France le réchauffement se fait le plus
sentir, avec + 3,8 °C sur les minimales, au
sein d’un Grand Ouest qui
devient un océan de dou-
ceur, moins froid que le
Midi ou la Corse. En été,
c’est l’Europe du Sud qui
prend + 4 °C et davantage,
la Normandie se contentant
de + 3 à 3,5 °C, avec tout de
même une hausse de 7 °C
sur les températures maxi-
males. Côté canicules, notre
région traditionnellement
modérée pourrait bien voir
son statut se rapprocher de
celui de la Provence et du
Sud-Ouest !
« Quelque chose d’autre »
En ce qui concerne les préci-
pitations, la Haute-Norman-
die se situe à la fois en bordure des zones
boréales appelées à voir leur pluviométrie
s’accroître fortement en hiver et de zones
subtropicales auxquelles on prédit d’impor-
tants déficits estivaux. Notre pluviométrie à
nous sera globalement peu modifiée, avec
toutefois un contraste plus fort entre des
hivers en moyenne un peu plus pluvieux
(+ 5 à 10 %) et des étés largement déficitai-
res par rapport à ce qu’ils sont aujourd’hui
(- 20 à 30 %). Il est probable que vagues de
chaleur, sécheresses et inondations verront
leur fréquence augmenter. Quant aux tem-
pêtes et orages, les avis sont partagés.
Quelques degrés de plus sur les températu-
res moyennes, cela « déplace » Rouen au
niveau de Lyon, Bordeaux, voire Avignon à
l’échéance de la fin du siècle. Mais d’autres
facteurs que la température moyenne inter-
viennent ! Citons le régime des pluies, l’en-
soleillement, l’amplitude des températures,
le nombre de jours de gel, le nombre de jours
très chauds, la latitude, la proximité de la
mer, le relief, etc. La Haute-Normandie,
même avec des températures moyennes
Exercice périlleux
Tenter d’imaginer le climat du futur
dans une petite région comme la
Haute-Normandie est un exercice
périlleux… Et pourtant il faut s’y ris-
quer, car, quels que soient les efforts que
nous ferons pour réduire nos émissions
de gaz à effet de serre**, cause du phéno-
mène, nous ne pourrons empêcher le climat
de changer. Une lourde machine est lan-
cée… Or, le climat gouverne nos activités,
notre santé, notre environnement… En
quoi ces domaines seront-ils affectés ?
Comment pouvons-nous anticiper ces
changements, à notre niveau de citoyen, de
professionnel, de collectivité ? Nous com-
mençons juste à pouvoir répondre à ces
questions, avec, comme on peut s’en dou-
ter, une certaine marge d’incertitude.
Au fur et à mesure de la publication des
rapports successifs du Giec, notre connais-
sance s’affine. Nous disposons maintenant
d’une cartographie du climat du futur
jusqu’à une échelle régionale. Le scénario
A2 du Giec un des plus défavorables,
avec un développement économique à
orientation régionale et la poursuite de
la croissance des émissions de GES –,
nous annonce + 3,4 °C (fourchette pro-
bable :+ 2 à + 5,4 °C) à la surface du globe
à l’horizon 2100.
Avec le scénario le
plus vertueux, qui
n’est pas le plus pro-
bable, nous n’échap-
perons pas à une
hausse moyenne de
1,8 °C (1,1-2,9 °C).
En ce qui concerne
les températures,
la Haute-Norman-
die se situe en péri-
phérie des « points
chauds » de la pla-
nète que constituent
les zones circum-
polaires et le Bassin
méditerranéen.En
hiver, nous « pre-
Hivers plus doux et
plus humides, étés en
moyenne plus chaud
et plus secs… Cela ne
sera pas sans consé-
quences sur l’environ-
nement et la vie des
Haut-Normands à
l’horizon 2050, 2100,
ou peut-être même avant.
A
vec des températures qui atteignent
42 °C l’été, la mairie de Dunkerque
a été repeinte en blanc, les toits
sont couverts de végétation et de panneaux
solaires, on aperçoit au loin des éoliennes
offshore, des digues de quinze mètres ont
été construites faisant face à l’élévation du
niveau de la mer. » Telle est
l’image prospective que donne
Yannick Gourvil, architecte, de
Dunkerque en 2100*. Il aurait
aussi bien pu décrire Le Havre
ou Saint-Valery-en-Caux…
Une vision à laquelle il faut sans
doute se préparer, même si ce
n’est pas facile. En effet, l’ex-
pression « changement climati-
que » évoque plutôt la fonte des
calottes polaires, le recul des gla-
ciers, la submersion des atolls
du Pacifique, la perspectives de
factures de chauffage moins
lourdes… On imagine moins
spontanément certaines autres
conséquences sur les régions
paisibles et verdoyantes du
Nord-Ouest de la France.
D’autant que ce fameux chan-
gement climatique consiste en un réchauf-
fement global qui, s’il est maintenant
devenu une certitude aux yeux des scienti-
fiques, ne saute pas aux yeux du commun
des mortels.
GES : gaz à effet de serre (dioxyde de carbone,
méthane, protoxyde d’azote…).
Giec : groupe d’experts intergouvernemental
sur l’évolution du climat.
Phénologie : étude de l'apparition d'événe-
ments périodiques dans le monde vivant.
Scénario : intégration longue (jusqu'à
un siècle) d’un modèle en faisant une
hypothèse particulière. Par exemple, on
suppose que le taux de gaz carbonique
augmente de 1 % chaque année. Cela se
traduit notamment par des planisphères
représentant, par exemple, les variations
des températures moyennes et le la pluvio-
métrie à la surface du globe.
Glossaire
L. Vachier / Fotolia.com
2
dossier
«
Les arbres réputés frileux
progressent vers le nord.
En haut : variations des températures moyennes sur l’année, en hiver et en été, entre les
périodes 1961-1990 et 2071-2100, selon le scénario A2 du Giec.
En bas : id. pour les précipitations.
Une image prospective : Dunkerque en 2100.
Le changement climatique en Europe
DR
qui prévaut et prévaudra toujours une
bonne partie de l’année en Haute-Norman-
die. En revanche, la vigne, plus tolérante,
pourrait faire un retour remarqué dans
nos vallées. Revers de la médaille, chez les
arbres et arbustes, le débourrement de plus
en plus précoce expose fleurs et jeunes
pousses aux gelées printanières ! Certaines
variétés fruitières risquent de voir leur
production affectée faute d’un froid hiver-
nal suffisant.
Cycles plus rapides
La tendance dominante sera celle d’écosys-
tèmes plus productifs avec des cycles plus
rapides, une inertie diminuée, et une sensi-
bilité au stress accrue. Cela concerne notam-
ment l’agroécosystème et les forêts. L’effet
de « fertilisation carbonée » par le CO2
matériau de base de la photosynthèse
augmentera la production végétale, de
façon très variable selon l’adaptation des
espèces. Mais il sera largement modulé par
un contraste saisonnier accru entre excès
d’eau hivernal et assèchement estival.
identiques à celles de la Provence des années
1970, n’offrira jamais le spectacle d’une gar-
rigue ou d’un maquis. La Manche n’est pas
la Méditerranée, et la Normandie n’est pas
abritée, comme la Côte d’Azur ou le Langue-
doc, par des Alpes ou un Massif central !
Nous aurons « quelque chose d’autre ».
Fruits plus précoces
Le changement climatique est déjà une réa-
lité. Au cours du dernier siècle, la tempéra-
ture de la Haute-Normandie s’est ainsi éle-
vée de 1,3 à 1,5 °C pour les températures
minimales, d’un peu moins de 0,3 °C pour
les maximales. La pluviométrie est en haus-
se en hiver.
Les conséquences de cette évolution ne sont
pas encore très palpables. Cependant, les
plantes et les animaux, sentinelles hyper-
sensibles, nous alertent déjà à travers cette
science d’observation qu’est la phénologie,
qui trouve aujourd’hui tout son sens. Les
plantes fleurissent de plus en plus tôt au
printemps. Le paysage végétal que l’on a
maintenant dans son jardin haut-normand
à la mi-avril, par exemple, est celui qu’on
avait début mai dans les années 1980 ! Les
récoltes de fruits ont lieu plus précocement.
La belle saison a tendance à s’allonger… Les
hirondelles reviennent plus tôt de leurs
zones d’hivernage d’Afrique, les cigognes
restent en hiver au marais Vernier au lieu
d’émigrer. Les batraciens se reproduisent
plus tôt en fin d’hiver…
Bien d’autres impact, réels ou potentiels,
sont maintenant documentés : retrait des
glaciers, saisons de croissance plus longue
pour les plantes, cycles végétatifs plus courts,
déplacement des espèces, impacts sur la
santé des vagues de chaleur, augmentation
des risques d’inondation éclair et de l’éro-
sion Toutes les régions d’Europe seront
affectées négativement, à des degrés divers.
La Haute-Normandie comme les autres.
La redoutable processionnaire
Compte tenu de la rapidité du phénomène,
toutes les espèces vivantes ne pourront
s’adapter. La biodiversité est menacée, le
changement climatique
venant s’ajouter aux fac-
teurs de dégradation
majeurs que sont la pol-
lution et la destruction
des habitats. La nature
peut répondre par des
basculements rapides.
Sont particulièrement
menacées les plantes
endémiques à faibles
effectifs telle la violette
de Rouen ou la lune-
tière de Neustrie. Les
écologues considèrent
que 3 °C de plus dans la
moyenne annuelle de
température correspondent à un
déplacement de 300 à 400 km vers le
nord des aires de répartition des
végétaux. La myrtille, à tendance
boréale, pourrait régresser tandis que
des méridionales comme le souci des
champs, ou encore des invasives comme
la jussie une plante aquatique tire-
raient leur épingle du jeu.
Le saumon atlantique ne trouvera plus en
Haute-Normandie les conditions climati-
ques correspondant à ses exigences. Le cor-
moran huppé s’est déjà raréfié au bord de la
Manche, comme d’autres oiseaux de mer,
faute de lançons, petits poissons qui
constituent l’essentiel de sa nourriture.
La modification du plancton est en cau-
se, en relation avec le réchauffement de
l’eau. De nouveaux ravageurs se pré-
sentent à nos frontières régionales, telle la
redoutable processionnaire du pin…
Eucalyptus et mimosa
Hivers plus doux, étés plus chauds, rayon-
nement solaire en hausse… Notre paysage
va changer. Nos traditionnelles essences de
plaines et de collines, voire de montagnes –
hêtre, sycomore, tilleuls, bouleaux, charme,
chêne pédonculé, noisetier… se trouve-
ront progressivement inadaptées et seront à
terme concurrencées par d’autres typiques
des zones atlantiques (châtaignier, chêne
tauzin, pin maritime, par exemple),
voire, dans nos secteurs littoraux
ou le sud-est du département de
l’Eure, méditerranéennes, telles
que le cyprès, l’arbre de Judée, le
chêne vert. Certains arbres et
arbustes à feuilles larges et persis-
tantes laurier-cerise, laurier noble…
progressent vers le nord-est, devenant
spontanés chez nous. On commence à
voir de beaux sujets de mimosa, palmier et
eucalyptus, essences réputées frileuses.
Cela peut déjà influencer nos choix végé-
taux et modifier les façons de jardiner ou
de concevoir les espaces verts en Haute-
Normandie. L’artichaut, le figuier, retrou-
vent leur cycle végétatif méditerranéen !
L’olivier et l’abricotier profiteraient bien
de quelques degrés en plus, mais ils ont
le tort de ne pas supporter l’humidité
3
dossier
Par quel miracle les scientifiques parviennent-ils à
nous donner une idée du climat qui règnera dans
un siècle, alors que les météorologues ne sont
jamais sûrs du temps qu’il fera le lendemain ?!
C’est toute la distinction qu’il faut faire entre
le temps qu’il fait et le climat, le travail des
prévisionnistes de Météo France et celui des
climatologues. A la différence des premiers,
qui travaillent sur des variations à court ter-
me de l’état de l’atmosphère, les seconds
s’intéressent à des tendances, à des moyen-
nes sur le moyen ou le long terme. On sait
par exemple que le climat de Montpellier est
plus ensoleilque celui de Rouen, n’empê-
che qu’il peut faire mauvais temps à Montpel-
lier et beau temps à Rouen !
Météorologie et climat
Qui a vu du chauffement en Haute-Normandie durant l’été
2008, caractérisé de l’avis de tous par une météorologie
« médiocre ? Et pourtant, la température moyenne a été légè-
rement supérieure aux chiffres de référence dans la plus
grande partie de la région ! Il peut « faire moins chaud »
avec pourtant une moyenne plus élevée si les minimales
sont plus élevées et les maximales plus basses. Un été
peut être perçu comme « pourri » avec des précipita-
tions fréquentes mais pas nécessairement abondantes.
L’être humain est plus sensible aux extrêmes (vagues
de froid ou canicules) qu’aux moyennes, qui sont l’es-
sence même du climat. Plus généralement, les varia-
tions interannuelles du climat années plus ou moins
« chaudes », « fraîches », « humides » masquent aux
yeux du profane le réchauffement du climat. Bref, seuls
les chiffres peuvent parler.
Climat ressenti, climat réel
* Collectif d’architectes « Et alors ? », in « Ça chauffe
adaptons-nous », actes des 9e Assises de l’énergie
2008.
** C’est le propos des 5e Journées des pratiques du
développement durable en Haute-Normandie
(Parc expo de l’Agglo. de Rouen, 10-13 octobre 2008),
dont il sera rendu compte dans un prochain dossier
d’AREHN infos.
Paysage méditerranéen : nous aurons « quelque chose d’autre ».
J.-P. Thorez / AREHN
nant quoi, les prés continueront à jouer
leur rôle dans le stockage du carbone,
l’infiltration et la dépollution de l’eau,
et… l’alimentation des bovins.
Coulées boueuses
Du fait de la densité de sa population, la
Haute-Normandie fait partie des
régions françaises les plus expo-
sées aux risques naturels suscepti-
bles d’être influencés par le chan-
gement climatique. Sur nos côtes,
le risque de surcotes (inondations)
liées aux ondes de tempêtes tend
à augmenter légèrement du fait
de la hausse du niveau de
la mer (+ 23 à 51 cm à l’horizon
2100 avec le scénario A2).
La vitesse de recul des falaises du
pays de Caux, estimée en moyenne
à 20 cm par an sur la période 1966-
1995, pourrait être augmentée de
10 cm si la vitesse d’élévation du niveau de
la mer augmentait elle-même de 1 mm par
an. Or, le rythme, en accélération, dépasse
actuellement les 3 mm par an… Sans comp-
ter l’impact déterminant dans les effon-
drements de falaises – des eaux de ruisselle-
ment. En effet, des inondations par coulées
boueuses se produisent dans notre région en
hiver à la suite de pluies prolongées ou en
fin de printemps à la suite de violents ora-
ges. Le changement du climat ne devrait
malheureusement pas corriger cette fâcheu-
se tendance, au contraire. En effet, la pro-
babilité de fortes pluies hivernales (plus de
20 mm par jour) est multipliée par deux à
quatre, selon les simulations.
Bassins versants
Comment réagiront nos bassins versants au
changement progressif de régime des préci-
pitations ? Cela dépendra, bien sûr, de la
façon dont est géré le territoire : couverture
végétale, matière organique dans le sol, taux
d’imperméabilisation… Tout cela règle la
répartition entre évaporation, infiltration et
ruissellement. La nappe de la craie, les
Haut-Normands puisent toute leur eau
potable, devrait bénéficier de pluies d’hiver
plus intenses, même si le ruissellement ris-
que d’être plus amplifié que l’infiltration et
si l’augmentation de l’évapotranspiration
Dans le sol, davantage de carbone sera fixé,
mais l’augmentation de la température et de
l’amplitude de ses variations accélèrera la
dégradation bactérienne des matières orga-
niques. On ne sait pas si la terre se compor-
tera en puits ou en source de carbone. Ce
n’est pas neutre, car plus de carbone, c’est
aussi plus d’azote immobilisé une loi de
l’agronomie et donc moins d’engrais dis-
ponible pour les cultures. C’est aussi plus
d’humus protégeant le sol contre l’érosion
et le dessèchement…
La pression des pathogènes
Même si on est encore loin d’avoir examiné
par simulation ou expérimentation la réac-
tion de chaque plante cultivée au change-
ment climatique, les cultures haut-norman-
des devraient tirer leur épingle du jeu. C’est
du moins l’hypothèse retenue par le Port de
Rouen, grand exportateur de céréales, pour
justifier le chantier d’amélioration de ses
accès maritimes (cf. AREHN infos 55).
Mais encore faut-il que l’eau et la fertilité
du sol (voir plus haut) ne soient pas « limi-
tants », et que la pression grandissante des
mauvaises herbes, champignons pathogènes
et insectes ravageurs puisse être contenue.
Autre « bémol » à cet optimisme : l’agricul-
ture haut-normande est très performante,
mais à l’intérieur d’une fourchette cli-
matique relativement restreinte. On
peut s’interroger sur l’impact d’une
multiplication, voire d’une succession
rapprochée, d’événements jusqu’ici rares.
Gardons à l’esprit que le bio répond mieux
que les systèmes conventionnels aux séche-
resses et inondations.
Les prairies produiront désormais plus tôt
en fin d’hiver, et plus tardivement à l’autom-
ne, tandis que les étés secs et chauds pénali-
seront le rendement global. Il faudra prévoir
des stocks fourragers. Et adapter, en les
diversifiant, les plantes prairiales à des alé-
as climatiques plus importants… Moyen-
4
dossier
par le sol et les plantes raccourcit la période
les pluies sont efficaces. Dans l’ensem-
ble, la ressource ne devrait pas s’appauvrir,
mais elle pourrait être davantage sollicitée
par l’irrigation agricole.
Le réchauffement de la planète est considéré
par les spécialistes comme une menace pour
la santé publique. On pense, bien sûr, à la
canicule de 2003, qui a entraîné la mort
anticipée d’environ 15 000 personnes, aléa
appelé à se répéter. Mais les vagues de froid,
elles aussi meurtrières, deviennent moins
fréquentes. L’augmentation des températu-
res et un niveau de dioxyde de carbone plus
élevé dans l’atmosphère allongent la période
où les plantes produisent des allergènes. De
même, la pollution émise par les véhicules
peut engendrer plus d’ozone au niveau du
sol un polluant qui cause des problèmes
respiratoires dans les zones urbaines qui
souffrent déjà d’une mauvaise qualité de
l’air. Sans doute d’autres mauvaises surpri-
ses nous attendent-elles. Ainsi, un climat
plus chaud pourrait modifier la nature des
grippes saisonnières et affecter la propaga-
tion de la maladie. De nouvelles maladies
« à vecteur » pourraient faire irruption en
Haute-Normandie, comme tout récemment
la fièvre catarrhale ovine, qui n’affecte pas
l’homme…
A consulter : simulations du climat régional sur onerc.org
Les Andelys (Eure), juin 2008 :
olivier au pied d’un coteau.
J.-P. Thorez / AREHN
l Débit de la Seine à Poses : contrastes sai-
sonniers accentués, avec forte baisse des
débits d’étiage et hausse (moins certaine)
des débits de crue. Variabilité interan-
nuelle du cycle plus marquée.
l Au niveau de l’estuaire : bouchon
vaseux et salinité déplacés vers l’amont.
Du fait d’une sédimentation accrue, l’élé-
vation du niveau de la mer n’a pas d’effet
sur les marais maritimes.
La Seine dans
le changement climatique
J.-P. Thorez / AREHN
Le changement climatique
est déjà une réalité dans ce village du plateau
haut-normand, en juin 2008 :
en haut, sur un vieux mur, un pied de centranthe,
plante à affinités méditerranéennes ;
en bas, un figuier en production.
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