tion » L’image thermique du bâtiment
– consultable sur le site Internet de la col-
lectivité – est le moyen d’inciter chaque
habitant à prendre contact avec le
conseiller de l’espace info énergie, qui
saura poser les bonnes questions pour
affiner le résultat. Cela se traduira, à
terme, par une meilleure utilisation du
chauffage, des travaux d’isolation…
2 Bâti ancien : moins
de GES mais toujours
autant de cachet !
Le sujet est important car le parc immo-
bilier haut-normand comprend une forte
proportion de maisons et immeubles
construits avant la Seconde Guerre mon-
diale. S’il est urgent d’améliorer les per-
formances thermiques – et donc les émis-
sions de GES – de ces habitations, il ne
faut pas pour autant mettre en péril le
patrimoine. La fermette normande doit
conserver tout son charme !
Si l’on en croit Valérie Lopes, architecte
conseil au Conseil d’architecture, d’urba-
nisme et d’environnement, il y a un cer-
tain nombre d’erreurs à éviter : « La plus
classique qui est faite dans les travaux de
rénovation est de rendre les murs exté-
rieurs étanches. Or, dans les maisons
anciennes, les fondations laissent remon-
ter l’eau par capillarité, les gouttes de
pluie rejaillissent sur la base des murs, il
y a parfois des accidents de toiture, la
moindre ouverture dans le pare-vapeur
laisse passer l’humidité… Bref, de l’eau
se retrouve emprisonnée à l’intérieur du
mur, notamment dans l’isolant, ce qui
cause d’importants dégâts au patrimoine.
Il vaut mieux ne pas trop contrarier le
caractère poreux des matériaux anciens
(joints, enduits…), mais plutôt ralentir
les flux. Le principe à respecter est celui
de la perspiration. On le met en œuvre,
par exemple, à l’aide d’un bardage exté-
Les signataires du protocole de Kyoto se
sont engagés à diviser par deux, au niveau
mondial, leurs émissions anthropiques de
GES sur la base des chiffres de 1990. Pour
l’Europe, la réduction devra être deux fois
plus forte : c’est le fameux « Facteur 4 ». Il
est plus que temps d’agir, car les systèmes
climatiques ont une grande inertie et les
GES agissent sur une longue durée.
« Avec de la sobriété et de l’efficacité, nous
pouvons faire les deux tiers du chemin,
affirme J.-M. Gohier. Les actions sur le bâti
sont généralisables dans le neuf. Dans le
domaine des transports, on est davantage
dans l’expérimentation. Quant aux biens et
services, et à l’alimentation, beaucoup de
solutions restent à trouver. Au-delà des
inquiétudes, je prouve que la période est
enthousiasmante. C’est une véritable renais-
sance, où il faudra réinventer… »
Réinventer… Le colloque de l’automne der-
nier avait justement pour but de faire décou-
vrir aux acteurs – citoyens et « décideurs » –
des solutions déjà mises en œuvre dans la
région ou ailleurs en France. Petit florilège.
* Outre l’AREHN : Ademe, Agglo. de Rouen, CNFPT,
Comet, Département de l’Eure, Département de Seine-
Maritime, Haute-Normandie Nature Environnement,
Région Haute-Normandie.
** Le Monde, 14 mars 2009.
1 La thermographie
aérienne n’est pas
une fin en soi !
Votre maison est-elle bleue, verte, jaune,
orange ou rouge ? Si cette question vous
surprend, c’est que vous n’avez jamais vu
une thermographie aérienne. Il s’agit
d’une représentation du territoire où
chaque bâtiment est un polygone de cou-
leur. Et chaque couleur, comme sur une
étiquette énergie, correspond à un niveau
de déperdition d’énergie au niveau du
toit : bleu, les déperditions sont nulles ou
très faibles (ou le bâtiment n’est pas
chauffé !), rouge, elles sont énormes,
avec des degrés intermédiaires pour le
vert, le jaune et l’orange.
L’image thermographique permet de
« voir l’invisible ». Elle est issue d’enre-
gistrements faits d’hélicoptère à l’aide
d’une caméra infrarouge sur l’ensemble
du territoire. Ces enregistrements don-
nent les températures au niveau des
toitures : plus le toit est chaud, plus les
« tonnes équivalent pétrole » s’envolent
vite dans l’atmosphère !
« La thermographie aérienne n’est pas
une fin en soi, c’est un point de départ,
affirme d’emblée Rebecca Armstrong,
chef de projet Agenda 21 à la Commu-
nauté d’agglomération Seine-Eure. Loin
d’être un véritable diagnostic thermique,
c’est avant tout un outil de sensibilisa-
Le CO2 au quotidien :
c’est de cela qu’il fut
question lors de la 5e
Journée des pratiques
du développement
durable en Haute-
Normandie. Trans-
ports, déchets, bâti,
achats divers…, dans
tous les domaines des expériences
ou de véritables actions ont été
menées par des collectivités. Leur
but : faire baisser nos émissions
de gaz à effet de serre.
+ 2 °C en 2050 par rapport à 1900, en Hau-
te-Normandie ! Voilà où nous mène le chan-
gement climatique en cours, qui concerne à
des degrés divers l’ensemble de la planète.
Un degré de plus – et c’est loin d’être impos-
sible – placerait Rouen au niveau actuel de
Calvi sur le plan des températures moyen-
nes. Avec de nombreux impacts sur les res-
sources et milieux naturels et les activités
humaines (cf. encadré p. 1). Tel est l’enjeu
présenté par Jean-Marc Gohier, de l’Ademe,
en ouverture des 5e Journées des pratiques
du développement durable en Haute-
Normandie. « Changement climatique : il
est temps d’agir ! » proclamait le program-
me du colloque organisé au Parc Expo de
l’Agglomération de Rouen par de nombreux
partenaires*. Il y a effectivement urgence,
car l’excédent des émissions anthropiques
de gaz à effet de serre, responsable du
réchauffement du climat, augmente de 1 à
2 % par an. Pire, les nouvelles les plus
récentes, postérieures au colloque, ne sont
pas bonnes : « le pire des scénarios est en
marche »**.
La thermographie aérienne
est avant tout un outil de
sensibilisation.
Case
2
dossier
Ademe : Agence de l’environnement et de la
maîtrise de l’énergie.
Anthropique : d’origine humaine.
CO2 : dioxyde de carbone. Résulte de la
combustion, son augmentation résulte
de l’utilisation massive des combustibles
fossiles.
Gaz à effet de serre (GES) : dioxyde de
carbone (CO2), méthane (CH4), ozone
troposphérique (O3), protoxyde d’azote
(N2O), gaz fluorés.
Grandde : réseau normand du dévelop-
pement durable en entreprise.
HQE : haute qualité environnementale, en
parlant de bâtiments
Glossaire
Mieux vaut ne pas contrarier
le caractère poreux des matériaux anciens.