Le système politique institué au Maroc par Hassan 2 en 1962 a, en globalité, tendu à reproduire la
politique du MAKHZEN
qui fait que la nature du pouvoir soit centralisée autour de la personne du
roi. Par cette mesure Hassan 2 a favorisé la sacralisation du choix gouvernemental qui vise à
désamorcer le champ politique en faveur du champ religieux
.
Bien que, la contestation sociale représentée par la gauche en 1965, à la manière d’une révolte
dirigée vers le régime politique, celui-ci a anticipé par la déclaration d’un état d’exception entre
(1965- 1970). En suite, les années 80 étaient marquées par des politiques d’ajustement structurel et
des révoltes urbaines (1981, 1984, 1990). Elles avaient pour cause la contestation des choix
économiques et sociaux. Le soulèvement des mouvements islamistes (cas du voisin algérien, le FIS) et
la chute du mur de Berlin avait des répercussions sur la gauche marocaine qui a accepté des
promesses de démocratisation soulignées par Hassan 2, qui avait commencé à créer des institutions
à vocation démocratiques. Le projet d’ouverture politique s’est traduit par la mise en avant d’un
conseil consultatif des droits de l’homme en 1990, qui a connu la participation de plusieurs
personnalités de l’opposition. Aboutissant, ainsi, en 1996 à l’établissement d’un gouvernement
d’« alternance consensuelle » présidé par une figure connue de l’opposition traditionnelle : M.
Abderrahmane al Youssofi de l’USFP.
L’intronisation du roi Mohamed VI (1999) a constitué une « nouvelle étape » dans l’histoire politique
contemporaine au Maroc. Le nouveau souverain a montré une « volonté » réformiste (discours du
trône, 1999) pour continuer la politique « d’ouverture » entamée par son père. D’ailleurs, le Maroc a
connu pour la première fois une organisation des élections législatives(2002,2009) et
municipales(2003,2009) jugées, plus ou moins, transparentes
. Aussi, la présentation d’un projet qui
vise à rendre les villes sans bidonvilles en 2004 et la promotion de l’initiative nationale pour le
développement humain en 2005 dont l’objet est de donner des fonds pour permettre aux
associations d’élaborer leurs propres projets. L’Etat a mené aussi un projet de construction et
d’équipement (des autoroutes, aménagement des ports, tramway).
En dépit des chantiers de réformes présentées, une gamme d’action contestataire est déclenchée à
travers tout le royaume avant même les contestations incitées par le mouvement du 20 février. Le
sentiment de frustration et d’abandon est exprimé, à maintes reprises, vis-à-vis du pouvoir politique.
Les débats ne cesseront pas de s’approvisionner par quelques acteurs politiques autour des règles
qui déterminent le jeu politique au Maroc. Les forces partisanes qui se réclament comme des
héritiers « lucides » du mouvement national (quelques partis de la gauche « radicales » à savoir : le
parti socialiste unifié (PSU), le parti d’avant-garde démocratique et socialiste (PADS), le conseil
national ittihadi (CNI) et le parti de la voie démocratique (VD). Ils n’ont pas cessé de socialiser leurs
militants à la lutte contre la forme politique actuelle en appelant par le biais des Sit-in et des Marches
à la réécriture de « l’histoire » politique demandant la création d’une assemblée constituante élue,
qui s’engage à préparer une constitution démocratique. Sauf que, ces phénomènes contestataires
sont restés isolés et dispersés en temps et en espace. Tant que les autres configurations politiques
: Makhzen : locution qui signifie un mode de fonctionnement du pouvoir politique au Maroc qui fait que des
attributions larges soient déléguées à un cercle politique réduit.
: Mohamed Tozy : représentation/ intercession : les enjeux du pouvoir dans « les champs politiques
désamorcés » au Maroc.
: Karine Bennafla et Haoues Singer, le Maroc à l’épreuve du printemps Arabe, outre terre 2011/3, N°29
pages 143à 158.