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politique du MAKHZEN
 qui fait que la nature du pouvoir soit centralisée autour de la personne du 
roi.  Par  cette  mesure  Hassan  2  a  favorisé  la  sacralisation  du  choix  gouvernemental  qui  vise  à 
désamorcer le champ politique en faveur du champ religieux
. 
Bien  que,  la  contestation sociale  représentée  par  la  gauche  en  1965,  à  la  manière    d’une  révolte 
dirigée vers  le régime politique, celui-ci   a  anticipé  par la  déclaration  d’un état  d’exception entre 
(1965- 1970). En suite, les années 80 étaient marquées par des politiques d’ajustement structurel et 
des  révoltes  urbaines  (1981,  1984,  1990).  Elles  avaient  pour  cause  la  contestation  des  choix 
économiques et sociaux. Le soulèvement des mouvements islamistes (cas du voisin algérien, le FIS) et 
la  chute  du  mur  de  Berlin  avait  des  répercussions  sur  la  gauche  marocaine  qui  a  accepté  des 
promesses de démocratisation soulignées par Hassan 2, qui avait commencé à créer des institutions 
à  vocation  démocratiques.  Le  projet  d’ouverture  politique  s’est  traduit  par  la  mise  en  avant  d’un 
conseil  consultatif  des  droits  de  l’homme  en  1990,  qui  a  connu  la  participation  de  plusieurs 
personnalités  de  l’opposition.  Aboutissant,  ainsi,  en  1996  à  l’établissement  d’un  gouvernement 
d’« alternance  consensuelle »  présidé  par  une  figure  connue  de  l’opposition  traditionnelle :  M. 
Abderrahmane al Youssofi de l’USFP. 
L’intronisation du roi Mohamed VI (1999) a constitué une « nouvelle étape » dans l’histoire politique 
contemporaine au Maroc. Le nouveau souverain a montré une « volonté »  réformiste  (discours du 
trône, 1999)  pour continuer la politique « d’ouverture » entamée par son père. D’ailleurs, le Maroc a 
connu  pour  la  première  fois  une  organisation  des  élections  législatives(2002,2009)  et 
municipales(2003,2009) jugées, plus ou moins, transparentes
. Aussi, la présentation d’un projet qui 
vise  à  rendre  les  villes  sans  bidonvilles  en  2004  et  la  promotion  de  l’initiative  nationale  pour  le 
développement  humain  en  2005  dont  l’objet  est  de  donner  des  fonds  pour  permettre  aux 
associations  d’élaborer  leurs  propres  projets.  L’Etat  a  mené  aussi  un  projet  de  construction  et 
d’équipement (des autoroutes, aménagement des ports, tramway).   
En dépit des chantiers de réformes présentées, une gamme d’action contestataire est déclenchée à 
travers tout le royaume avant même les contestations incitées par le mouvement du 20 février. Le 
sentiment de frustration et d’abandon est exprimé, à maintes reprises, vis-à-vis du pouvoir politique. 
Les débats ne cesseront  pas de s’approvisionner par quelques acteurs politiques autour des règles 
qui  déterminent  le  jeu  politique  au  Maroc.  Les  forces  partisanes  qui  se  réclament  comme  des 
héritiers « lucides » du mouvement national (quelques partis de la gauche « radicales » à savoir : le 
parti  socialiste  unifié  (PSU),  le  parti  d’avant-garde  démocratique  et  socialiste  (PADS),  le  conseil 
national ittihadi (CNI) et le parti de la voie démocratique (VD). Ils n’ont pas cessé de socialiser leurs 
militants à la lutte contre la forme politique actuelle en appelant par le biais des Sit-in et des Marches 
à la réécriture de « l’histoire » politique demandant la création d’une assemblée constituante élue, 
qui s’engage  à  préparer  une  constitution démocratique. Sauf  que,  ces  phénomènes contestataires 
sont restés isolés et dispersés en temps et en espace. Tant que les autres configurations politiques 
 
 : Makhzen : locution qui signifie un mode de fonctionnement du pouvoir politique au Maroc qui fait que des 
attributions larges soient déléguées à un cercle politique réduit. 
 : Mohamed Tozy : représentation/ intercession : les enjeux du pouvoir dans « les champs politiques 
désamorcés » au Maroc. 
 : Karine Bennafla et Haoues  Singer, le Maroc à l’épreuve du printemps Arabe, outre terre 2011/3, N°29 
pages 143à 158.