INTRODUCTION La notion de comportement

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REVUEFRANCOPHONE
DE LA
INTELLECTUELLE
DÉFICIENCE
VOLUMEI3. NUMÉRO2. 125.132
LE PERSONNELÉDUCATIF FACE AUX COMPORTEMENTS-DÉFIS
D ' A D U L T E SD É F I C I E N T SI N T E L L E C T U E L S : I . L E S T H É O R I E SI M P L I C I T E S
Jean-LucLambert
La présencede comportements-défischez des adultesdéficientsintellectuelssoulève de nombreux
problèmes théoriques et pratiques. Les réactions du personnel éducatif sont à prendre en
considérationparmi les variables qui influent leur maintien et leur prise en charge. La présente
recherchepostule que les croyancesdu personneléducatif sur les causesdes comportements-défis
sont un lacteur important qui détermineles réactions.Deux étudessont menéesauprèsd'éducateurs
et d'éducatricespour identifier leurs croyancessur les causesde trois comportements.Les résultats
montrent que les participants développerrtdes croyances conformes aux théories explicatives
recenséesdans les recherches.Ces croyancessur les causessont stableset elles ont des implications
oour la formation du oersonnel.
INTRODUCTION
La notion de comportement-défiest apparueau
début des années 1980 lors de la fern.returedes
grandes institutions dans les pays anglosaxons
entraînant I'orientationdes personnesdéficientes
intellectuelles
dans des structures
conrmunautaires.
Auparavant, les termes <troubles graves du
comportement>ou <sévèresdifficultés comportementales> étaient utilisés pour caractériserun
par les personnes
ensemblede conduitesprésentées
déficientes.Des conduites difficiles à contrôler,
généralementprésentesdepuis I'enfanceet interpersonnelet socialde
férantavec le développenrent
Dansla perspective
clinique
la personne
concernée.
qui était de mise à cetteépoque,cescomportements
comn.re
faisantpartieintégrantede
étaientconsidérés
Jean-Luc Lambert, Université de Fribourg, lnstitut de
P é d a g o g i ec u r a t i v e , 2 1 , r u e S t - P i e r r eC a n i s i u s , C H - 1 7 0 0
Fribourg.
Toute correspondance devrait être adressée à Jean-Luc
L a m b e r t ,r o u t ed e M o n t i v e r 1 8 ,C H - 1 7 2 3M a r l y .
DÉCEMBRE 2OO2
la déficience,liés en quelquesorteà l'individu.La
publicationde plusieurstravauximportantsa perrnis
de constaterque ces troubles graves du comporentrela
tementétaientaussile résultatd'interactions
personneet sesmilieux de vie (Bihm et al., 1998;
1994).En fait,
Emersonet al., 1999;Petitpierre-Jost,
ces conduitesse posentcommede véritablesdéfls à
d'accueilet d'intégratron
I'organisation
desstructures
plus particulièrement
dansla nature
communautaire,
de répondreaux besoinsde
des servicespermettant
la personne
déficiente.
Il s'agiten fait d'un triple défi. Pour la personne
les causeset les
déficiente,il s'agitde comprendre
et de
fonctionsdestroublesgravesdu con.lportement
la qualitéde sa
réduireleurintensitéafin d'améliorer
Le personnel
vie et son intégrationcommunautaire.
éducatif doit vivre en présencede ces comporqu'ils
tementsen gérantles réactionsémotionnelles
suscitent et se doter de moyens d'intervention
il est nécessaire
adéquats.Dans la comnrunauté,
d'accueilqui intègrentles
d'organiser
des structures
personnesdéficienteset qui offrent des services
adaotés
à leursbesoins.
125
La transformationdes termes <troublesgravesdu
comportement)en (comportenrents-défi
s) ne résout
pas les difficultés de définition.Toute appréciatron
d'un trouble du comportementest en fait une construction sociale,c'est-à-direque ces comportements
sont définispar leur impactsocial:la transgression
de règles.Le fait d'appréciersi un comportement
particulierest un troubleou un défi se basesur des
interactionscomplexesentrece que fait la personne,
ses milieux de vie et son comportement.Cette
évaluationdépendde la significationdonnéeà ces
relations. D'une manière générale,les conduites
stéréotypées,
les automutilationset les comportementsagressifssont les trois catégoriesde troubles
épidémioconsidérés
commedesdéfis.Desdonnées
logiquesobtenues
auprèsde populations
de plusieurs
milliersde personnes
et utilisantdesgrillesd'observation comparablesrapportentune prévalencedes
comportements-défis
se situantentre l5 oÂet 19 oÂ
au sein d'unepopulationadultedéficienteintellecagressifsdirigés vers
tuelle. Les comportements
ou vers le milieu représentent
la
d'autrespersonnes
moitié des troubleset les automutilations
incluent
37 Yo des conduitesidentifiées (Emerson et al.,
1997;Joyceet a|.,2001).
déficientes. Elles permettent 4insi aux équipes
d'affronterlestroublesdu comportement
et d'y réagir
à partir d'uneappréciationdescausespossibles.
variablesintervenant
dansle
Parmiles nombreuses
maintienet la prise en chargedes comportementspar le
défis, les théoriesimplicitesdéveloppées
personneléducatif n'ont guère fait l'objet d'une
attention particulère, exceptée la recherche de
Hastingset al. (1995). Ces chercheursont présenté
les
un questionnaire
à deux groupesde personnes,
unesayantune expérienceéducativepar rapportaux
les autres se trouvant en
comportements-défis,
fomrationet n'ayantpas encoreeu de contactsavec
cetteréalité.D'unemanièregénérale,les personnes
interrogéesfont la part belle à des croyancesbasées
DansI'optidéficiente.
sur lesbesoinsde la personne
que d'une approchepsychosociale
des troubles,le
manquede données
sur lesperceptions
du personnel
développées
est regrettable.
En effet, les croyances
par des personnes
sont d'assez
sur un phénonrène
Le
bons prédicteursde leurs comportenrents.
personneléducatifconstruitdes théoriesinrplicitcs
Tres
sur les causes des conlportements-défis.
par dcs conduites
souvent,ces théoriess'expriment
é d u c a t i v eds a n s l e m i l i e u d e v i e d e s p e r s o n n c s
L'étudequalitativea été menéeauprèsde 42 éducateurs et éducatricesdans leur milieu de travail.
Toutes ces personnesont participé à la première
étude.
t26
La présente recherche propose une analyse
quantitativeet qualitativedesthéoriesexpriméespar
le personneléducatif sur les causesdes comportements-défi
s d'adultes
déficients.
PROCÉDURES
Suiets
Cent quatre-vingtspersonnesont pris part à l'étude
quantitative,122 femmeset 58 hommesâgésen
moyennede 25 ans (22 - 37 ans).Toutesont une
expérience
éducative
d'aumoinsune annéeavecdes
personnesadultesdéficientesintellectuelles.
Cette
populationa étédiviséeen deuxgroupesde 90 selon
le degréde familiaritéavec les comportements-défis
abordésdans Ia recherche.Toutes les personnes
travaillenten milieu institutionnel
ouvert:centresde
jour, foyersprotégés,
au molns
structures
accueillant
unedizainede personnes
déflcientes.
Méthodes
du
La partiequantitative
consisteen une adaptation
questionnaire<ChallengingBehaviour Auributions
Scale>(Hastings,1997)dans laquelleont été introduits des items faisant référenceà une éventuelle
de naturedéveloppementale.
théorieexplicative
Trois vignettescontiennentune brève description
d'un comportement-défi
.
Stéréotypie
Mauricc est un adulte déficient intellectuel.À
certainsnronrentsde la journée,il est deboutau
milieu de la pièce,son pied droit est placédevant
sonpicd gauchee1il sebalanced'unp'iedsurl'autre.
R E V U E F R A N C O P H O N ED E L A D E F I C I E N C EI N T E L L E C T U E L L E
Automutilation
Maurice est un adulte déficient intellectuel.À
certainsmomentsde la joumée, il se frappela tête
avec les poings, de chaquecôté des yeux. Cela
entraînedescontusionset parfois,dessaignements.
contrôleen doubleinsu des donnéesrecueillies
par
les observateurs.Les pourcentagesd'accordinterjugessesituententre89 et 95.
RÉSULTATS
Agression
Partiequantitative
Mauriceest un adultedéficientintellectuel.
Parfois,
il est agressif envers les autres personnesavec
lesquelles
il vit. Il lespinceet leur donnedescoups
de pied.
L'analyse
factorielle
permetde dégagercinq lacteurs
comptantpour 76 oÂde Ia variancedesréponses:
les
conditionsdu milieu, I'expression
de besoins,le
développement,
la frustrationet le milieu social.Le
tableau I présenteles facteurs et leurs items
respectifs.
Chaqueparticipant
reçoitune vignette.Celles-ciont
été répartiesde manièreégale pour I'ensemblede
l'échantillon.
Les participants
sont invitésà lire les
19 propositions
décrivantdes raisonspossibles
aux
comportements
de Maurice.Chaquepropositionest
appréciéesur une échellede I à 5 allant de <très
vraisemblable>
à <pasvraisemblable
du tout>>.
Les testsde validité intemedu questionnaire
offrent
desrésultats
satisfaisants
(alphade Cronbach: . 92;
test de split-halfialphapour la partie I : .89; alpha
pour la parlie2:.85). Les données
ont étésoumises
à une analysefactorielleen composantes
principales
avecrotationVarimax.
La partie qualitative est destinéeà expliciter et
éventuellement
à élargir le corpus des théories
formulées dans le questionnaire. L'expérience
montre en effet qu'un questionnaireest toujours
insuffisant
pour cemerla diversitéet la richesse
des
interprétations.Durant des rencontresen groupes,
chaquemembredu personneléducatifa été invité à
imaginer des hypothèsesà partir des vignettes
utilisées lors de la première expérience.Les
discussions
étaientaniméespar desétudiantes
et des
étudiantsen pédagogiecurativequi avaientreçu un
entraînement
à I'entrevueet à la procéduredite des
événements
critiques.Conformémentaux exigences
d'une méthodequalitative,la validité des données
enregistrées
a subi une triple analyse:le renvoi aux
membres du groupe de leurs informationspour
assurer une lecture critique, une triangulation
théoriquemenéeà partir des diversmodèlesutilisés
pour rendrecomptedes comportements-défis
et un
DÉCEMBRE 2OO2
Les appréciations
donnéespar desparticipantsbénéficiant d'aumoins une annéed'expérience
au contact
d'adultesdéficientsintellectuels
prennenten considérationles grandescausesdescomportements-défis
d'unemanièrelogique et cohérenteavec les grands
modèlesthéoriquesexistants(Reiss, 1994).Cette
partiede l'étudeconfirme en tout point les résultats
de Hastingset al. (1995)en y ajoutantI'imporrance
de I'interprétation
développementale.
D'une manière
générale,les personnesintenogéesprivilégientdes
croyances basées sur le déterminismeenvironnementalet sur lesbesoinsde la personne
déficiente
intellectuelle.Nous retrouvonsdonc l'opposition
personne- milieu dans les origines
schématique
attribuéesaux comportements-défi
s.
Partiequalitative
À des fins de comparaison,
il estpossiblede retenir
un même corpusd'hypothèses
applicablesaux trois
comportements-défis.
Le nombre des propositions
recueillies pour chaque comportement-défise
composecommesuit: stéréotypie:132; automutilation: 168; agression: 212. L'ensemble des
propositionsa été regroupé en sept hypothèses.
Celles-cicorrespondent
au découpagerecenséà la
suitedu questionnaire
(testde Wilcoxon:z = -2.02;
significatifà .02).
Les analysesindividuelles offrent des degrés de
significationidentiquesà ceux enregistrésdans le
questionnaire.En d'autrestermes,chaquemembre
127
TableauI
Distributiondesitemsen fonctiondescausesattribuéesaux comportements
par la phrase:<Mauriceagitainsiparceque)).
Chaqueitemcommence
Le chiffreseréfèreà la placede I'itemdansle questionnaire.
Les conditionsdu milieu
I
Il vit dansun milieubruyant.
l6
Il vit dansun milieuqu'il n'apprécie
pas
I8
Il s'ennuie
danssonnrilieu.
L'expressionde besoins
2
ll ainrecela.
3
C'estsoncorpsqui le pousseà agirde la sorte.
7
ll sesentmieuxgrâceà cela.
t4
C'estsapersonnalité.
t7
C'estunechosenaturelle
d'agirde la sorte.
l9
quelquechose.
Il veutcomnruniquer
Le développement
4
Sonniveaude développement
estceluid'unenfant.
9
Ce comportement
n'estpasdisparuavecl'âge.
II
Il a apprisà agirainsidèssonplusjeuneâge.
La frustration
5
Il sesentcoupable.
8
Il ne parvientpasà obtenirce qu'ilveut.
I J
II y a desévénen.rents
stressants
danssa vie actuelle.
l5
Il estfrustrésexuellenrent.
Le milieu social
6
128
Pourquelesautresle Iaissent
tranquille.
10
Il veutaffronterlesautrespersonnes.
12
Il estprovoquépar lesautres.
R E V U E F R A N C O P H O N ED E L A D E F I C I E N C EI N T E L L E C T U E L L E
du personneléducatif classe les comportementsdéfis selon les mêmes hypothèsesselon les deux
procédures envisagées, le questionnaire et la
techniquedes événementscritiques.
L'analysea permis de dégagersept grandescauses
descomportenrents-défi
s.
Le milieu physique
La personne déficiente vit dans une pièce
surpeuplée,bruyante,elle s'ennuie,elle n'apprécie
pas son environnement.Divers auteursont mis en
évidence le rôle médiateur joué par des
comportements-défis
dans le maintien d'un niveau
d'éveil ou comme moyen de protectioncontre des
stimulations négatives de
I'environnement
(Baumeister
& Forehand,
1973).
Les besoins
Le personnelinterprèteles troublescommeI'expression de besoinschez les adultesdéficientsintellectuels.Les comportements-défis
sontdonc considérés
comme des conduitesde communicationau sens
large,comme I'expressionde la personnalité.C'est
en fait l'interprétationla plus fréquemmentcitée
danslesécritsscientifiques
(Hastings
et a\.,1995).
Le développement
Cette causeétait absentedes résultatsde Hastings
(1991).Le personneléducatifinterrogédansle cadre
de cette recherche la cite comme un facteur
spécifique.Cettedénrarcheestjustifiéepar les écrits
(Hollis & Meyers,1982;Ajuriaguerra
scientifiques
& Marcelli,1984).
La frustration
Le fait d'aborderles comportements-défis
comme
des réponsesà la frustrationprivilégie les causes
émotionnelles,
une approchefortementancréedans
lesrecherches
(McGrewet al.,1991).
Le milieu social
Ces explications de nature sociorelationnelle
DÉCEMBRE 2OO2
trouvent également des justifications dans
plusieursétudes(Iwata, 1994;Hall et al., 2001).
L'organicité
Les comportements-défis
sont considéréscomme
I'expressiond'un trouble cérébralou d'un désordre
génétique, c'est-à-dire comme faisant partie
intégrante de la déficience intellectuelle. Les
relations entre les comportements-défiset des
atteintesorganiquessont bien documentées
dansles
écritsconsultés(Dykens& Hodapp,1999).
Les conduiteséducatives
Le manque d'expérience,le fait d'accorderune
attention excessiveà un trouble ou de ne pas
disposer de méthodesd'interventionsapproprièes
sont considéréscomme participantaux causesqui
entretiennent
la productionde comportements-déhs.
Cettehypothèseest abondammentillustréedansles
écrits et constitue une des pierres angulairesde
I'intervention
(Allen & Felce,1999).
DISCUSSION
Cetterecherchemontretout d'abordle profit à retirer
d'une étude qualitative dans laquelle le personnel
peut s'exprimerlibrement sur la manière dont il
envisageles causes des troubles. Les données
indiquenten effet que deux grandescausesont été
ajoutéesà cellesqui se dégagentdu questionnaire.
La cohérence des réponses apportées par le
personnel éducatif est double. D'une part, les
hypothèsessont conformes aux grandes théories
issuesde la recensiondesécrits.D'autrepart,chaque
éducateurou éducatricea maintenu son <profil
explicatif> à travers les informations foumies au
questionnaireet au terme des discussions en
groupes.
Le rôle joué par les théories interprétativesdu
personnelest illustré dans une étude récente de
McGill et al. (2001).Ceschercheurs
ont pris comme
point de départ pour leur étude une constatatlon
finalementbanale,c'est-à-dire
la grandevariabilité
dans les appréciationsportées par le personnel
129
éducatif sur la fréquence d'apparition de
comportements-défis.En d'autres termes, les
évaluationsréaliséessur le nombre d'épisodes
problématiquessurvenantau sein d'un groupe de
personnes déficientes montrent des variations
importantesentre les éducateurset les éducatrices.
L'originalité des chercheursa été de dépasserce
constatet de I'interprétercomme la preuve d'une
diversitédes critèresutiliséspar le personnelpour
apprécierla présenceou I'absenced'un comportement. Parmi ces critères figure en bonne place
I'interprétationque donnent les membres d'une
équipe à un trouble. Les variationsdans I'appréciationd'un troublene seraientpas le résultatd'un
manquede validitédesobservations
par le
réalisées
personnel,mais la conséquence
de variationsdans
I'apparition
du troublechezune personne
déficiente
en fonction du type d'interactionsproposéespar le
personneléducatif.Concrètement,
c'est la signification attribuéeau trouble et, en conséquenceà
I'ensembledu contexte interactif dans lequel il
apparaît,qui serait un facteur déterminantde la
variabilitédescomportements-défi
s.
Après avoir mis en évidencele rôle du personnel
éducatif dans I'appréciationde la gravité des
comportements-défis,toute formation dans ce
domaine doit s'attacherà connaître les théories
utiliséespar les éducateurs
pour
et les éducatrices
expliquercestroubles.
On imaginesanspeineI'effort
de concertationqui doit se réaliserdansune équipe
éducativeavant d'envisager
la mise en place d'un
programmeéducatif.Cette démarcheest cependant
exigéepourstructurer
uneintervention
cohérente.
Il est intéressantd'apprendreque le personnel
éducatif intenogé a construitdes représentations
stableset cohérentes
des causesqu'il attribueaux
comportements-défisdes personnes déficientes
intellectuelles.L'étude ne permet pas de dire
toutefois si ces constructionsmentalessont le
résultatde la formationou de I'expérience.
Quoi qu'il
en soit, le personneléducatifdisposed'un bagagc
cognitifet aflectif à partirduquelles formateurs
et
les superviseursdans les institutions peuvent
Les équipeséducatives
amorcerles interventions.
sur les causesdes
ont des croyancesappropriées
r30
comportements-défi
s. L'hypothèseselonlaquelleces
équipesagissenten fonction de modèlesd'intervention baséssur les besoinsa des implications
importantespour la formation du personnel.Si la
confrontationà la réalité indique que des stratégies
d'interventionbasées sur la manipulation de
variables du milieu ou sur les besoins sont
considérées
commeplus naturelles
par le personnel
éducatif, il convient d'adapter la formation en
conséquence.
Cetterecherche
comportecependant
deslimitations.
Tout d'abord,elle a été menéedans des milieux
institutionnels,dans des structuresregroupantau
minimum dix personnes
déficientesintellectuelles.
Les résultatsne peuvent pas être généralisésaux
croyances
du personneléducatiftravaillantdansde
petites structurescommunautaires,
du type appartement.Une étude préliminairede Watts et al.
(1997) montre en effet que I'approchedes deux
groupesde personnels
éducatifsen matièred'intervention est différente. En effet, les équipes
travaillantavec des personnesdéficientesintégrées
dansla communauté
plus de méthodes
développent
d'intervention
relationnelles
et sont plus sensibles
à
la créationd'un climat permettantde comprendreles
causesdes conduites.De leur côté, les équipesen
institutionsont davantage
centréessur la réduction
des conduitesà partir du momentoir leur fréquence
estjugéernacceptable.
Il seraitintéressant
de savoir
si ces attitudesprocèdentde croyancesdifférentes
sur les causesdestroublesou si ellessontmodelées
par le contextecommunaulaire.
La seconde
limitationestinhérente
à ce typed'étude.
L'évaluationquantitativeet qualitativepermet de
cernerdes grandestendances,
lesquellesstimulent
deshypothèses
de travail.Par contre,cettedémarche
ne dit rien sur les différentesvariablespersonnelles
en jeu comme le type de déficience,la gravité,
I'histoire des personnes déficientes ou leurs
conditronsde vie. Enfin, cetterecherchedégagedes
croyanceset non des conduites.En d'autrestermes,
la validitésocialedes résultatsdoit être établiepar
des observatrons
sur le terrainafin d'apprécierdans
quelle mesureles croyancesse traduisentdans la
pratrquc.
R E V U E F R A N C O P H O N ED E L A D É F I C I E N C EI N T E L L E C T U E L L E
THE EDUCATIONAL STAFF IN RELATION TO DIFFICULT
BEHAVIOURS IN ADULT MENTAL RETARDATION :
I.IMPLICIT THEORY
Challenging behaviours in mentally retarded adults raise numerous theoretical and practical
problems. Staff responsesmust be taken into considerationamong the variables influencing the
maintenanceand the treatment of these behaviours.The present study hypothesizedthat staffs
beliefs about the causesoichallenging behavioursare determinantfor the resporrsesto them. Two
studiesare conductedwith careersin order to evaluatetheir beliefs about causes.Resultsshow that
participants develop beliefs that are consistentwith theories identified in the researches.These
beliefs are stableand they have implicationïfor staffs training.
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