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2) Favoriser les soins à domicile
La population vieillissante est sujette à des maladies
chroniques. Or le système de santé, articulé autour
des personnes jeunes et de l’hôpital, est peu adapté
aux maladies évolutives à long terme. Il convient
donc de réorganiser le système de santé autour du
domicile, comme cela se fait au Danemark. À
incapacité égale, un traitement coûte 10 $ à
domicile, 20 $ dans une famille d’accueil, et 100 $ en
centre d’hébergement longue durée.
Plusieurs obstacles restent à surmonter. La Loi
canadienne sur le système de santé stipule que le
régime public couvre le « médicalement
nécessaire », les soins à domicile restant dans une
zone grise. Par ailleurs, les sommes libérées lors du
« virage ambulatoire » n’ont pas été réinvesties. De
plus, les soins à domicile post-hospitaliers et les
soins à domicile des personnes âgées en perte
d’autonomie sont financés à partir de la même
enveloppe budgétaire, créant ainsi un déséquilibre
au détriment des seconds. Finalement, selon une
enquête menée en 2003 en Montérégie, basée sur
un outil d’évaluation de l’autonomie mis au point par
l’Organisation Mondiale de la Santé, le Système de
Mesure de l’Autonomie Fonctionnelle (SMAF), on
estime que seulement 10% des besoins en soins à
domicile des personnes âgées seraient comblés.
3) Un financement approprié
9 Réjean Hébert estime tout d’abord qu’il faudrait
injecter 400 millions de dollars dans l’économie,
de manière à faire passer le pourcentage des
soins à domicile de 10% à 40%. Pour ce faire,
300 millions de dollars pourraient être récupérés
par la diminution de la pression sur les CHSLD et
la libération de lits de courte durée dans les
hôpitaux (20% de ces lits étant occupés par des
patients en attente d’une place en CHSLD). Si le
Québec pouvait recouvrer une partie de la
récente diminution de TPS, un autre 80 millions
de dollars pourrait être ainsi récupéré. Il
conviendrait aussi d’investir environ 100 millions
pour des services de nutrition et de réadaptation.
9 En outre, Réjean Hébert préconise la création
d’une Prestation de Soutien à l’Autonomie,
perçue par les aînés soit en nature (en CHSLD),
soit en argent (à domicile ou dans une résidence
privée). Calculée en fonction des besoins réels,
elle remplacerait les crédits d’impôts, par nature
inéquitables.
4) Des services intégrés
Le conférencier propose de mettre en place un
réseau de services intégrés, basé sur la coordination
et la concertation de tous les partenaires. Grâce à un
guichet unique d’entrée et à l’analyse des besoins
par un gestionnaire de cas, un plan de services
individualisé serait proposé. Ce système, dénommé
PRISMA, a été expérimenté durant ces cinq
dernières années en Estrie. Les résultats ont
démontré que, non seulement il améliorait
l’autonomie fonctionnelle et prévenait la perte
d’autonomie, mais également il diminuait les
hospitalisations et ne coûtait pas plus cher !
5) Améliorer l’accès au système de santé
Le focus doit être mis sur l’accès à un médecin de
famille et à des soins à domicile, tout en palliant aux
pénuries d’infirmières et de médecins. Comme les
Finlandais, il faudrait favoriser la retraite progressive.
Et valoriser le personnel, de manière à attirer les
jeunes dans cette profession. Notre espérance de
vie est la seconde après le Japon, loin devant les
États-Unis. Gardons toujours en mémoire que notre
service public de santé est performant et envié des
autres pays !
En conclusion, le docteur Réjean Hébert réaffirme
que le vieillissement ne fera pas « sauter » le
système de santé, mais qu’il serait souhaitable d’en
comprimer les incapacités, de manière à ce que
nous puissions « mourir les bottes aux pieds ». Il
apostrophe l’assistance : « Les aînés doivent se
mobiliser ! Vous devez vous battre pour le
supplément de revenu garanti et pour le système de
santé public. Pourquoi ne pas mettre en place une
politique de sagesse des aînés, afin que la vision
des aînés soit intégrée dans notre société, et que
vous soyez consultés sur les enjeux qui vous
tiennent à cœur ? Sortez, convainquez le reste de la
société de votre importance !» Une salve
d’applaudissements a conclu ce discours…
Marie-Hélène Allegrini
AQDR section Trois-Rivières