Simmel 23.11.06 17:56 Miriam Badoux – Alain Guerry – Julie Rudaz 27 novembre 2006 Les grandes villes et la vie de l'esprit – G. Simmel Introduction Georg Simmel, sociologue né au XIXe, texte du début du XXe (1903). Dans «Les grandes villes et la vie de l'esprit», nous pouvons trouver des thèmes qui sont toujours objets d'études de la sociologie (les rapports anonymes entre producteur et consommateur, par exemple dans le cadre de la mondialisation aujourd'hui) et d'autres thèmes qui peuvent nous sembler maintenant inappropriés, comme par exemple «l'intensification de la vie nerveuse» qu'il ne serait pas inutile de remettre en cause du point de vue de la psychologie. Nous nous bornerons à reconstruire l'argumentation de Simmel pour en extraire l'essentiel. Point de vue de Georg Simmel Il se pose comme un citadin («nous»), un habitant de la grande ville. Page 415: «nous ne connaissons même pas de vue [nos] voisins.» Mais il n'est pas forcément en accord avec les phénomènes qu'il décrit. Page 419: «la grande ville pousse à l'existence personnelle la plus individualisée – ce qui ne veut pas dire qu'elle le fasse toujours à bon droit ni avec succès.» Thèse Sous l'effet de l'intensification de la vie nerveuse qui caractérise la grande ville, le citadin réagit, à l'aide de sa raison, dans un phénomène de résistance, afin de préserver l'autonomie et l'originalité de son existence. Problèmes d'une résistance excessive, d'une régression intellectuelle. PLAN DU TEXTE L'intensification de la vie nerveuse Le citadin résiste à la pression «nerveuse» de la grande ville, pour préserver l'autonomie et l'originalité de son existence. Pour cela, il utilise la raison, et non pas ses sentiments. «Or économie monétaire et prédominance de l'intellect sont intimement liées.» L'utilisation complètement anonyme de la monnaie (due à la grandeur de la ville), implique une abstraction, un individualisme, «une objectivité impitoyable et [un] égoïsme économique.» Le symbole de la montre confirme que le citadin est dépendant de l'exactitude qu'implique l'économie monétaire. Le citadin est blasé à cause de l'intensification de la vie nerveuse (trop d'impressions), et à cause de l'argent: le citadin voit les différences quantitatives entre les choses (leur valeur économique), mais pas leurs différences qualitatives. Page 1 sur 2 Simmel 23.11.06 17:56 Liberté et réserve Rendre anonyme la grande ville amène une «réserve», une indifférence entre les citadins. Mais cette réserve est aussi synonyme de liberté morale. «La promiscuité physique y fait apparaître la distance morale entre individus.» (La liberté n'implique pas forcément le bien-être ; en effet, on peut se sentir «solitaire» ou «abandonné» dans la grande ville.) Au contraire, dans les petites villes, la liberté de l'individu est réduite, malgré un rapport nombre de personnes/espace physique plus grand. Concurrence entre esprits La grande ville dépasse ses frontières physiques en gagnant un rôle national et international, par son importance économique d'abord, puis intellectuelle: la croissance économique de la grande ville, qui offre par sa taille et sa diversité «les conditions nécessaires à la division du travail,» force les métiers et les produits à se spécialiser. De la même manière, au niveau intellectuel, la croissance permanente de la ville amène des relations toujours plus anonymes, une «réserve» toujours plus grande (d'où la liberté morale des citadins). L'importance quantitative, donc l'énergie d'un individu ne peut pas progresser en permanence. L'individu aura alors «recours aux distinctions qualitatives,» c'est-à-dire tout ce qui peut attirer l'attention sur lui. Ainsi l'homme de la grande ville peut-il préserver sa propre estime et sa place au sein de son milieu social, à travers le regard des autres. Régression du citadin Prédominance de l'esprit objectif par rapport à l'esprit subjectif: dans tous les objets et toutes les sciences est cristallisée toujours plus d'intelligence, mais le niveau intellectuel des individus ne suit pas, à cause de la division (et de la spécialisation) du travail. Il s'agirait même d'une régression, en particulier pour les couches les plus hautes de la société! L'individu est noyé dans une civilisation objective toujours plus envahissante, incarnée par la grande ville. Le progrès rend la vie facile, par toutes les «occasions de combler le temps et la conscience» mais «les éléments personnels doivent, pour subsister, faire un effort extrême.» Conclusion Deux formes d'individualisme: indépendance individuelle et développement de l'originalité. L'homme du XVIIIe se libère des liens traditionnels: politiques, agraires, corporatifs et religieux. Ceux-ci entraînent au XIXe la volonté de distinction des uns par rapports aux autres. Page 2 sur 2