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Les patients souffrant de dépression majeure présentent une carence en vitamine D plus sévère que les patients
souffrant d’autres troubles psychiatriques
Raoul Belzeaux1,2, Laurent Boyer3, Alice Michel2, Jean François Chabas1, Diana Andrea Fernandes de Abreu1, El Chérif
Ibrahim1, François Féron1
1. N
ICN (CNRS UMR6184), Faculté de Médecine, Université de la Méditerranée, Marseille, France ;
2. S
HU Psychiatrie adulte Solaris, Hôpital Sainte Marguerite, Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille,
France ;
3. D
épartement de Santé Publique, Hôpital La Timone, Assistance Publique –Hôpitaux de Marseille, France
Une étude récente a mis en évidence des taux anormalement bas de vitamine D (25-hydroxyvitamine D) chez des
patients souffrant de dépression, majeure ou mineure (Hoogendijk et al, 2008). Toutefois, on ignore si cette
hypovitaminose D est la cause ou la conséquence de la dépression. Afin de mieux comprendre les relations de cause à
effet entre dépression et carence en vitamine D, nous avons cherché à évaluer les rôles respectifs de trois facteurs
cliniques, à savoir i) la durée d’institutionnalisation, ii) la spécificité et la sévérité de la maladie, iii) la durée de la
maladie. A cette fin, nous avons mesuré le taux circulant de 25-hydroxyvitamine D chez 82 patients souffrant de divers
troubles psychiatriques. Le statut en vitamine D a été défini de la manière suivante: normal ([vit D] ≥ 30 ng/mL),
insuffisant (20 ng/mL ≤[vit D] ≤ 29 ng/mL), déficient ([vit D] ≤ 20 ng/mL).
L’analyse statistique révèle une différence significative du taux de vitamine D entre les patients souffrant de troubles
de l’humeur (que ce soit un épisode dépressif majeur, un trouble bipolaire ou encore une dysthymie) et ceux souffrant
d’autres troubles psychiatriques (aussi bien schizophrénie, trouble schizo affectif, troubles anxieux, autres). Les patients
« troubles de l’humeur » ont un taux moyen de vitamine D de 14.83 ng/mL alors que les patients « autres » ont un taux
moyen de 20.12 ng/mL (p=0.029). Nous avons observé une corrélation significative entre l’âge et le taux de vitamine D
ainsi qu’une association significative entre troubles de l’humeur et taux de vitamine D. Il est donc possible que l’âge soit
un facteur confondant, mais il n’y a pas de différence significative d’âge entre les patients présentant un trouble de
l’humeur et ceux présentant un autre trouble psychiatrique (p=0.287). Par ailleurs, il n’y a pas de corrélation significative
entre taux de vitamine D et sévérité de l’épisode dépressif (selon l’échelle d’Hamilton) (p=0.587). Enfin, l’analyse révèle
également qu’il n’existe pas de corrélation ou d’association significative entre le taux de vitamine D et i) la saison, ii) le
poids, iii) la taille, iv) la durée d’évolution de l’épisode et v) le nombre de jours d’hospitalisation.
Les patients de l’étude présentant une insuffisance ou une carence en vitamine D ont bénéficié d’une
supplémentation en vitamine. Nous évaluons actuellement l’influence de cette apport sur l’évolution de leur maladie.
Référence: Hoogendijk WJG, Lips P, Dik MG et al, Depression is associated with decreased 25-hydroxyvitamin D and
increased parathyroid hormone levels in older adults. Arch Gen Psychiatry, 2008, 65: 508-512
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MT5-MMP, une métalloprotéase impliquée dans la neuroplasticité, physiologique et réactive
Anne Bernard, Oualid Sbai, Lotfi Ferhat, Franck Chaillan1, Michel Vignes2, Lionel Almeras3, Mathieu Pophillat4,
Motoharu Seiki5, Leon Espinosa6, François Roman1, Santiago Rivera et Michel Khrestchatisky.
UMR 6184, CNRS-Université de la Méditerranée, Marseille, 1 UMR CNRS 6149, Marseille ; 2 Université Montpellier
2 ; 3 IMTSSA, Marseille ; 4 CIML, Marseille ; 5 The University of Tokyo, Japan ; 6 UMR CNRS 6236, Marseille.
Les métalloprotéases matricielles (MMPs) sont des protéines régulatrices de l’environnement péricellulaire subdivisées
en deux grands groupes selon qu’elles sont sécrétées ou membranaires (MT-MMPs). MT5-MMP est presque spécifique
du SNC et a été impliquée dans la plasticité réactive des fibres Abeta associée à l’allodynie dans la moelle épinière après
section du nerf sciatique (Komori et al., 2004). Dans le but d’étudier le rôle de MT5-MMP dans la plasticité cérébrale,
nous avons comparé des souris naïves (WT) et des souris déficientes pour le gène MT5-MMP (KO) qui ont un
développement apparemment normal. Cependant, elles présentent des déficits d’apprentissage dans un test olfactif
impliquant la mémoire déclarative qui est dépendante de l’hippocampe, alors que leur mémoire procédurale qui elle est
indépendante de l’hippocampe n’est pas affectée. Les souris KO présentent également des déficits dans la LTP, dont
l’amplitude est diminuée comparé aux WT. L’hyperactivité neuronale induit l’expression de MT5-MMP in vivo et in
vitro. Au niveau cellulaire, et à l’aide de protéines de fusion GFP, nous montrons que MT5-MMP a une distribution
vésiculaire, elle co-localise avec les éléments du cytosquelette mais son transport semble indépendant des moteurs
moléculaires kinesin et myosin V, contrairement à d’autres MMPs. Finalement, et de manière surprenante, MT5-MMP
est également détectée dans le noyau en accord avec la présence de plusieurs sites d’adressage nucléaire dans sa
séquence protéique. Une analyse comparative du protéome montre que parmi 11 protéines différentiellement exprimées
avec certitude entre les souris WT et KO, 8 sont des protéines nucléaires, un résultat qui pourrait renforcer l’idée d’une
activité de MT5-MMP dans le noyau. Une analyse comparative du transcriptome est en cours afin de déterminer quels
gènes sont différentiellement régulés dans les deux lignées. L’ensemble de ces résultats suggère que MT5-MMP
intervient dans les processus de plasticité dans le SNC et que ses activités ne se restreindraient pas au seul niveau
extracellulaire.