THÉORIE COMMUNISTE
N°21
Février 2007
Directeur de publication
Roland Simon
B.P. 17
84300 Les Vignères
Site
http://www.theoriecommuniste.org
La lutte anti-CPE 5
Annexe 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .10
Annexe 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .11
T.C. brûle-t-il ? 14
Annexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .22
Karl Marx et la fin de la philosophie classique
allemande 33
L’ hégélianisme comme force politique . . . . . . . . . . . .36
Le communisme philosophique . . . . . . . . . . . . . . . . . .40
Il y a un virus dans le communisme philosophique . .50
L'abolition du travail dans la théorie de Marx et Engels
(1845 -1847) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .66
Notre « abolition du travail » n'est pas celle du
communisme philosophique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .84
Final . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .91
Annexe 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .91
Annexe 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .92
3
Le texte que nous publions sur la lutte anti-CPE est une synthèse des textes parus dans Meeting 3 sur cette
lutte. Cette synthèse était originellement destinée à servir de base à une discussion lors d’une rencontre
internationale en 2006.
A propos des émeutes de novembre 2005, nous estimons que l’essentiel de nos positions a été publié dans
Meeting 3.
La lutte anti-CPE
Une mesure nécessaire
Tout le monde sait que le CPE n'est pas en lui-
même une mesure plus agressive que la mul-
titude des situations existantes, il n'apporte de
ce point de vue rien d'essentiellement nouveau. Dans sa
globalité, le patronat n'était pas très demandeur, ce qu'il
souhaitait c'était la généralisation du CNE aux entreprises
de plus de 20 salariés. Le CPE était une mesure néces-
saire, mais une demi-mesure qui renforçait encore la spé-
cificité française de la segmentation de la flexibilité et de
la précarité sur les jeunes comme « variable d'ajustement
». Quand le patronat indique l'objectif du contrat unique
(disparition du CDI), que le gouvernement cherche à
moduler les étapes, que les syndicats sont adeptes de la
flexsécurité, de « l'accompagnement du salarié sur l'en-
semble de sa carrière », il apparaît que la modification
entreprise est une nécessité. On ne combat pas une
nécessité comme s'il s'agissait d'un mauvais choix ayant
chassé le bon choix (de toute façon, la continuité des
politiques de « droite » et de « gauche » depuis trente ans
nous vaccine contre l'idéologie du choix). Contrairement
à ce qui s'était passé à propos des retraites en 2003, le
mouvement anti-CPE n'a jamais formulé de « politique
alternative » à celle du gouvernement. Quand Laurence
Parisot, présidente du Medef, tire pour le patronat les
leçons du mouvement, elle le trouve éminemment positif
dans la mesure où « on a parlé de la précarité ». Elle a
raison, la lutte de classe se déroule maintenant sur cette
base, comme étant sa situation acquise. Il s'agit de l'af-
fronter comme acquise et non dans un rêve de retour au
salariat imaginaire des « Trente glorieuses » et du
Welfare. Du côté patronal comme du côté du prolétariat,
on marche désormais au pas de la réalité.
Au-delà de la précarité formelle du contrat de tra-
vail, la précarisation générale du travail salarié jusqu'à y
inclure « l'exclusion » du marché du travail s'impose,
dans le mode de production capitaliste tel qu'il est issu de
sa restructuration, comme mode privilégié de l'exploita-
tion et de la gestion de la force de travail. Tous n'en mou-
raient pas mais tous étaient atteints. Elle signifie un sys-
tème de reproduction capitaliste mondial. Le principe
général de cette gestion et exploitation de la force de tra-
vail au niveau mondial réside dans la disjonction entre la
valorisation du capital et la reproduction de la force de
travail. Là où il y avait une localisation jointe (sur une
aire nationale pour simplifier) des intérêts industriels,
financiers et de la reproduction de la main-d'œuvre peut
s'installer une disjonction entre valorisation du capital et
reproduction de la force de travail. Les schémas de la
reproduction élargie doivent être pensés mondialement.
La mondialisation n'est pas une extension planétaire,
mais une structure spécifique d'exploitation et de repro-
duction du rapport capitaliste.
Les acteurs
Au premier abord, la lutte anti-CPE dont l'éta-
lement sur trois mois est une donnée de base
apparaît comme le fait de six acteurs :
La masse des salariés, favorable au retrait du
CPE, mais ne participant à la lutte que comme «
mouvement d'opinion » se manifestant par deux
jours de grève, à une semaine d'intervalle,
accompagnant les grands défilés syndicaux, il
s'agit essentiellement des travailleurs du secteur
public. Cette masse a toujours coïncidé avec sa
représentation syndicale.
La masse des étudiants, favorable au seul retrait
du CPE et opposé à l'attaque de la « valeur des
diplômes », participant de façon épisodique aux
AG et aux « grandes manifestations » et qui ne
désirent pas autre chose que faire pression sur le
gouvernement.
Les participants aux AG : une attitude de parti-
cipation minimale. Souvent on vote la reconduc-
tion de la grève et on rentre chez soi.
Les fractions actives : elles réalisent le blocage
des facs (les blocages sont antérieurs à la grève)
puis les blocages des voies de circulation, en
elles sont recrutés les représentants aux
Coordinations Etudiantes. Une partie non négli-
geable de ces fractions se sent de plus en plus
coincée dans le carcan autolimitatif des AG de
fac et s'organise (ou non) ailleurs, passe d'une
fac à l'autre ou erre de manifs en actions et s'op-
pose au camp des « minorités responsables ».
Au long du mouvement, le fossé se creuse de
plus en plus entre l'ensemble de ces minoritaires
et la masse des étudiants (motion de soutien aux
émeutiers de novembre, élargissement de la
revendication à l'ensemble de la loi « Egalité des
chances », annulation du CNE, mouvement « ni
CPE, ni CDI »), mais ils ne peuvent se passer de
la légitimité que leur donne cette masse.
Les lycéens dont l'entrée dans le mouvement
provoque, par leur nombre et par le caractère
souvent violent et « incontrôlable » de leurs
actions, un changement de dimension de celui-
ci.
Des « indésirables » (regroupés sous l'appella-
tion « jeunes de banlieues ») qui s'auto-invitent
naturellement dans le mouvement, souvent de
façon violente et qui jouent un rôle de plus en
plus important dans les manifestations, tant dans
l'affrontement avec les flics que dans l'agression
d'étudiants, et qui surtout sont, contre le point de
départ du mouvement, l'existence physique de
l'inanité de cette revendication et sa remise en
cause.
Clivages, contradictions et dynamique du mouvement
La composante étudiante de la fraction active du
mouvement, si elle a multiplié les appels vers « les sala-
riés », « les chômeurs » ou les « sans papiers », a tenu
dans la réalité à conserver ses formes d'organisation sur
son « lieu de travail » et, en fait de salariés, elle ne s'est
liée occasionnellement qu'avec le personnel enseignant
et non enseignant des universités. Pour les autres (sala-
riés – souvent syndicalistes de SUD – chômeurs, pré-
caires ou sans papiers), un délégué de temps en temps à
la tribune pour affirmer « les passerelles » virtuellement
possibles entre des luttes qui ne feront que se côtoyer
épisodiquement, et, après une belle salve d'applaudisse-
ments, chacun retourne dans son coin. L'auto-organisa-
tion des étudiants en tant qu'étudiants n'a été qu'un cor-
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