les origines secrètes du bolchevisme henri heine et karl marx

publicité
LES ORIGINES SECRÈTES DU BOLCHEVISME
HENRI HEINE ET KARL MARX
par
SALLUSTE
(FLAVIEN BRENIER)
1929
Éditions Saint-Remi
– 2014 –
Au Duc POZZO DI BORGO
digne héritier d’un grand nom de la Contre-Révolution,
HOMMAGE D’UN DE SES COLLABORATEURS
A L’INSTITUT ANTIMARXISTE DE PARIS.
Paris. 1929.
SALLUSTE (Flavien Brenier).
Du même auteur aux éditions Saint-Remi :
LES JUIFS ET LE TALMUD, 266 p., 20 €
Il y a eu dans les civilisations antiques, comme nous l'avons rappelé au début
de cet ouvrage, des religions ayant pour but le Mal, honoré notamment sous la
forme de la Cruauté et de la Luxure. Que des satanistes peu nombreux et un
peu fous la pratiquent de nos jours, nous consentons à le croire. Mais presque
personne n’ose le croire possible des Juifs, des Juifs campés au milieu de nous.
Éditions Saint-Remi
BP 80 – 33410 CADILLAC
www.saint-remi.fr
PRÉFACE
Ce livre n’est pas né d’un dessein médité ; il n’a pas été écrit suivant un
plan conçu d’avance : il est le résultat de circonstances successives, presque
indépendantes de la volonté de l’auteur. C’est ce qui explique la forme peu
habituelle sous laquelle il est présenté au public.
Dans le courant de l’année 1927, j’eus l’occasion de faire, à l’Institut
Antimarxiste de Paris, une série de conférences sur les « Origines secrètes
du bolchevisme », sujet peu connu, même par les spécialistes de la question.
La vraie figure de Karl Marx, conspirateur génial bien plus que sociologue,
s’en dégagea avec une vigueur inattendue. On me pressa de la fixer dans une
étude définitive, au lieu de la laisser s’estomper peu à peu dans la mémoire de
mes auditeurs, comme il est arrivé pour tant d’autres sujets historiques traités
oralement par moi. J’acceptai de le faire. De là naquit une série de quatre
articles, publiés dans La Revue de Paris, du 1er juin au 15 juillet 1928,
sous le titre : Henri Heine et Karl Marx.
Ces articles n’utilisaient pas, à beaucoup près, toute la substance de mes
conférences à l’institut Antimarxiste ; embrassant, en effet, une période
beaucoup plus considérable, mon cours conduisait l’histoire du Communisme
jusqu’au temps présent. Comme on le verra plus loin, l’étude que j’en ai tirée
traite surtout de Karl Marx et de ses inspirateurs immédiats. Je ne prévoyais
pas, en l’écrivant, les orages qu’elle devait soulever d’un certain côté de l’opinion, ni les répliques que je serais obligé de faire à des attaques furibondes.
Je dois rendre ici hommage à la haute impartialité du directeur de La
Revue de Paris, M. le comte de Fels, qui n’est pas seulement le sociologue le
plus remarquable de ce temps, mais aussi le plus libéral des directeurs de
revues. Son éclectisme averti lui a permis, à maintes reprises, d’ouvrir aux
théoriciens avancés des divers partis contemporains les colonnes de sa revue,
dont il a fait le lieu de rencontre de tous les grands courants d’idées qui se
disputent l’intellectualité moderne. La Revue de Paris, comme le disait
dans un récent discours M. Poincaré, « est l’image écrite de la France ».
Mon étude, sans sortir du terrain des faits, présentait des conclusions vigoureuses. Malgré cela, M. le comte de Fels lui accorda l’hospitalité, se bornant à me demander le sacrifice de deux ou trois paragraphes qui eussent pu
heurter trop violemment des lecteurs d’opinion différente. On trouvera ces
paragraphes rétablis dans le présent volume, non qu’ils aient une importance
4
PRÉFACE
décisive pour la démonstration de ma thèse, mais parce qu’un livre de doctrine
est forcément un acte politique et social, et non, comme La Revue de Paris,
un salon ouvert aux controverses courtoises.
Je ne prévoyais d’ailleurs pas que mes articles fussent destinés à provoquer
une polémique. Les faits qui y sont énoncés sont incontestables et, pour la
plupart, connus des spécialistes. Leur groupement et les conclusions que j’en
tire constituent leur principale originalité. Aussi ma surprise fut-elle grande
quand j’appris que mon étude déchaînait un violent mécontentement dans les
milieux israélites, et que ce mécontentement trouvait son expression dans la
réplique passionnée d’un contradicteur de haute envergure, M. le rabbin
Maurice Liber, professeur à l’École rabbinique de Paris et chargé de cours à
l’École des Hautes Études.
On trouvera plus loin l’article véhément de M. le rabbin Liber, auquel
M. le comte de Fels donna l’hospitalité de La Revue de Paris, avec la
même impartialité qui l’avait fait m’en ouvrir les pages à moi-même. Je ne
commenterai pas ici cet article, puisque je lui ai consacré une réponse détaillée,
que mes lecteurs trouveront à la fin du présent volume.
Mais il est, en marge du débat, certaines considérations qui ont leur place
dans cette préface.
La première est qu’il est peu de phénomènes aussi ignorés de nos contemporains que l’aspect nouveau pris par la vieille question juive aspect nouveau
qui date de cent cinquante ans déjà, si l’on remonte aux origines de l’évolution, et, d’une manière définitive, du début du vingtième siècle. Quand ils
s’occupent de cette question, les non juifs de France et d’Europe la considèrent
encore comme à la fois ethnique et religieuse, ce qui fut vrai dans le passé ; ils
ne se doutent point que le facteur religieux est aujourd’hui aboli presque entièrement : il n’y a plus de religion juive.
Il n’y a plus de religion juive parce qu’Israël a subi bien plus rapidement,
et d’une manière bien plus complète que les peuples chrétiens, l’influence du
courant philosophico-matérialiste du dix-huitième siècle. Ce courant, comme
on le verra par ma réplique au rabbin Liber, correspondait aux affinités
lointaines de la race juive, à ses origines politiques et intellectuelles. La propagande des Maskilim du dix-huitième siècle, au sein des communautés juives,
continuée par Léopold Zunz et ses amis au dix-neuvième, n’a pas eu grand
mal à réveiller le vieux fond endormi du matérialisme sémitique. Au contraire de ce qui se passait dans le monde chrétien, les autorités religieuses
PRÉFACE
5
juives et les écoles rabbiniques ont fait peu de résistance à cette évolution ; bien
souvent, elles en ont pris la tête.
Et les conséquences ont suivi. Israël a renoncé d’abord à sa croyance au
Messie à venir, qui avait fait la mélancolique grandeur de ce peuple depuis la
dispersion. Depuis une trentaine d’années, il a renoncé à Jéhovah lui-même, le
Dieu personnel de la Bible et du Talmud. En échange de ces deux abjurations, l’école philosophique matérialiste, qui a imposé sa direction à la presque
totalité de la nation juive, lui a donné une foi nouvelle la croyance en un Messie impersonnel, non incarné, s’identifiant avec Israël lui-même, appelé à
triompher politiquement et socialement de toutes les nations et à se les soumettre toutes – quelque chose comme ce Génie de Rome qu’adoraient les Romains des derniers temps de l’Empire.
Comment cette foi nouvelle, à laquelle j’ai donné le nom de NéoMessianisme, a eu pour premier effet de générer le Communisme révolutionnaire de Karl Marx, c’est ce que l’on verra dans mon livre. Mon dessein
n’allait pas au delà d’expliquer les origines d’un phénomène social qui épouvante actuellement le monde. L’agression inattendue de M. le rabbin Liber
m’a forcé à élargir cette donnée primitive.
Je comprends fort bien que les autorités rabbiniques de notre temps voient
avec malaise des non juifs s’occuper d’une évolution doctrinale généralement
inconnue en dehors des synagogues. Les anciens docteurs de la Loi (qui ne
sont plus guère, depuis qu’ils ont renoncé à la foi au Messie à venir, que les
chefs politiques de la nation juive) ont tout à perdre à la divulgation de cette
abjuration collective. Du jour où les peuples sauront qu’il n’y a plus en Israël
de religion véritable, mais seulement l’attente mystique d’une conquête sociale
et politique de l’univers par les Juifs, il est probable qu’ils n’envisageront plus
la question juive avec l’indifférence à la mode aujourd’hui. Peu importe à nos
contemporains qu’un homme prie Dieu à sa manière ; mais il leur importe
très fort que cet homme se croie Dieu lui-même et prétende, à ce titre, les réduire en esclavage et régner dans leur maison.
L’inquiétude des milieux intellectuels israélites, quand parut mon étude,
n’avait donc rien que de naturel. Il est fâcheux qu’elle ait pris la forme d’attaques violentes et désordonnées, qui m’ont forcé à insister davantage et à
placer sous les yeux du public les pièces du procès. M. le rabbin Liber, et
ceux de ses éminents compatriotes (on ne peut plus guère dire proprement
« coreligionnaires ») qui se sont associés à lui, auraient mieux fait d’avoir
6
PRÉFACE
recours à la vieille tactique du silence, qui les a si bien servis en d’autres occasions. Car, d’espérer faire croire, comme l’ont tenté mes contradicteurs, que le
Néo-Messianisme n’existe pas, que je l’ai inventé de toutes pièces, quelle
apparence, alors que les aveux écrits de toutes les sommités juives contemporaines sont entre mes mains et vérifiables par tous !
Judaïsme conservateur, encore attaché aux formes extérieures de la religion
d’hier et Judaïsme libéral, les ayant déjà répudiées, sont d’accord pour dire
adieu au Jéhova personnel, à l’Écriture inspirée, au Messie à venir, à tout ce
qui fut la foi de leurs pères ; ils sont aussi d’accord pour remplacer ces notions
abolies par une espèce de juridiction de droit divin d’Israël sur le monde entier, qu’il s’agit de réorganiser selon un plan purement judaïque. Citons quelques-uns de ces aveux, qui ne laissent rien sur pied des dénégations de M. le
rabbin Liber.
Le Judaïsme présente ses vérités comme appartenant à
l’humanité en général. Mieux encore, il demande à chacun de
les reconnaître sans l’aide d’un miracle spécial, ce qui signifie
que chacun peut y parvenir par les facultés naturelles de son
esprit. Le Judaïsme n’est donc pas une confession... Pour le Judaïsme,
la Bible n’est autre chose qu’un livre d’histoire. Elle n’apporte
pas une règle de vie, un code de dogme, mais une histoire et
rien qu’une histoire. Le Judaïsme ne voit dans la sainte Écriture que l’histoire de l’éducation d’un peuple... Le Judaïsme est uniquement orienté vers l’avenir de la terre ; c’est sur la terre qu’il
veut voir régner la connaissance de Dieu ; c’est sur la terre
qu’il veut voir se réaliser le royaume céleste de la vérité et de la
vertu. C’est pourquoi le Judaïsme se sent si bien en harmonie avec
l’esprit de notre époque. Ce que ces temps nouveaux cherchent à
fonder sur les principes de la raison, les Juifs l’éprouvent en
eux-mêmes comme un besoin religieux, et toute leur religion est
là... Il s’ensuit que la réforme radicale du Judaïsme est aujourd’hui, non pas une chose facultative, mais un devoir religieux. Et si la pratique de nos anciens symboles religieux, au
lieu de nous servir à toucher le but, nous empêche d’édifier ce
règne de la vérité ; alors il faudra faire appel au principe que
« pour servir Dieu et conserver la Loi, il faut la détruire ».
PRÉFACE
7
Ainsi parle (Réforme du Judaïsme, pages 35 et suivantes) le rabbin
Samuel Hirsch, né en Allemagne en 1815, mort aux États-Unis en 1889,
dont les ouvrages eurent une influence décisive sur l’évolution politicomatérialiste du Judaïsme contemporain.
Et voici ce que dit un autre rabbin germano-américain non moins célèbre,
Kauffmnann Kohler, né en Bavière en 1843, mort aux États-Unis en 1904,
qui fut l’astre de la Conférence rabbinique de Pittsburg en 1885. Il y fit
adopter sa théorie sur le Messie, ainsi formulée :
Tous les porte-parole du Judaïsme réformé ont unanimement protesté
contre le maintien dans la liturgie et dans la doctrine des passages relatifs
à la croyance en un Messie personnel. Ils n’en insistent que plus sur
la croyance en une époque messianique d’universelle connaissance
de Dieu et d’amour embrassant toute l’humanité, idéal qui se
trouve en étroit rapport avec la mission du peuple juif. Conformément aux belles paroles que le second Isaïe consacre au
douloureux serviteur de Dieu, le titre de Messie est désormais conféré
au peuple d’Israël lui-même : Israël, le Messie souffrant, deviendra, à la
fin des temps, le Messie des peuples, vainqueur et couronné.
(Théologie systématique du Judaïsme, p. 290.)
A cette formule provocante et politique d’ « Israël, peuple-Messie, vainqueur et couronné », les chefs du Judaïsme conservateur, le rabbin Elie Benamozegh et son disciple Aimé Pallière préféreraient une expression plus
mystique de la même pensée. Ne faut-il pas continuer à profiter de l’équivoque qui fait prendre aux non juifs le Judaïsme moderne pour une religion ?
Ils proposent :
Israël a été choisi pour remplir l’office éminent de docteur,
de prédicateur, de prêtre des nations.
Mais de tels ménagements ne plaisent guère aux chefs du mouvement. Pas
plus qu’ils ne veulent croire au Messie attendu par leurs pères, ils n’admettent
qu’on leur objecte la Torah et les livres saints. Voici ce que disait le rabbin
Léonard Lévy dans son sermon prononcé le 7 novembre 1909, au temple de
l’Union israélite libérale de Paris :
Autrefois, on croyait que chaque mot de la Bible était la vérité absolue. Faire une citation de la Bible, c’était citer la parole
8
PRÉFACE
même de Dieu. Il n’en est plus ainsi. Le travail des chercheurs a établi
que la Bible est un produit de l’intelligence humaine, qu’elle est pleine
de la sagesse du passé, pleine de vérités nécessaires, mais, de
fait, œuvre humaine du commencement jusqu’à la fin, contenant certaines erreurs, certaines vues inexactes, dues à la faillibilité de ses
auteurs, qui étaient des hommes. C’est un résultat des plus précieux.
Comme œuvre de Dieu, la Bible ne serait qu’une pauvre production ; comme œuvre humaine, elle est le plus éclatant témoignage des aspirations de l’âme humaine vers l’Éternel...
On pourrait citer cent autres textes concordants, émanant des plus hautes
sommités du Judaïsme contemporain. Je préfère renvoyer ceux qui voudraient
approfondir cette question à l’Anthologie Juive de M. Edmond Fleg
(Tome II, pages 378 et suivantes). Ils y trouveront une courte mais substantielle étude sur la réforme du Judaïsme, que M. Edmond Fleg fait bien remonter, comme moi, à Moïse Mendelssohn, et aussi à Hartwig Wessely,
l’inspirateur de la singulière politique religieuse de Joseph II.
L’Anthologie signale comme moi le caractère néo-messianiste pris par le
mouvement dès le début du dix-neuvième siècle :
« Dans les modifications aux prières concernant l’attente du Messie, on
percevait déjà les tendances profondes qui guidaient, presque à leur insu, les
Juifs réformateurs ».
Je n’ai jamais dit autre chose.
L’Anthologie signale, en 1843, le programme de l’Union réformée
de Francfort qui « proclamait la possibilité d’un développement indéfini de
la religion mosaïque, abolissait l’autorité du Talmud en matière de pratique
et de foi, supprimait dans les prières tout souhait de retour en Palestine et
substituait totalement à la notion du Messie personnel celle de
l’ère messianique, fin ultime du développement moral et social de
l’Humanité ». Ceci s’accorde pleinement avec ce que je dis, dans mon ouvrage, de la survivance de l’Union des Juifs pour la Civilisation et la
Science, groupement dont l’action contre la civilisation issue du christianisme
n’a jamais été interrompue.
Plus loin, l’Anthologie constate que si « l’on a conservé dans le Judaïsme conservateur les prières relatives au Messie », c’est « en les interprétant
PRÉFACE
9
symboliquement ». Enfin, l’Anthologie reconnaît que « c’est aux ÉtatsUnis que la réforme juive a atteint son plein développement ; introduite dès
1824, elle y a fait des progrès constants avec les rabbins Isaac M. Wise,
Max Lilienthal, David Einhorn, Samuel Adler, Samuel Hirsch, Kauffmann Kohler, Lazarus, Léonard Lévy, Stéphen Wise (ce dernier, ami et
inspirateur du président Wilson). Elle exerce à son tour une influence
sur l’Europe ».
Les principales directives du Judaïsme réformé sont définies comme suit
par l’Anthologie :
« L’ère messianique remplace le Messie ; la mission d’Israël,
comme peuple prêtre, s’exprime en des termes qui suppriment toute allusion à un retour possible en Palestine ; la femme est mise, en matière religieuse, sur un pied d’égalité absolue avec l’homme ; les prosélytes sont admis dans le Judaïsme sans être circoncis ; l’autorité des codes rabbiniques
est abolie ; le caractère universel de la religion d’Israël est partout affirmé ».
Voilà l’aboutissement du mouvement que j’ai appelé le Néo-Messianisme,
et dont M. le rabbin Liber n’hésite pas, dans sa réponse, à nier purement et
simplement l’existence. Une, telle dénégation ne peut provenir de l’ignorance
d’un aussi savant homme, professeur à l’École rabbinique de Paris et chargé
de cours à l’École des Hautes Études. Je dois donc en conclure qu’elle est
dictée par une préoccupation politique : il ne faut pas que les peuples non juifs
sachent que le Judaïsme moderne n’a rien de commun avec le Judaïsme médiéval ; il ne faut pas qu’ils se doutent qu’il a cessé d’être une religion pour devenir une entreprise de conquête politique des nations et d’établissement de la
Monarchie universelle au profit d’Israël...
Nos lecteurs sont maintenant en possession de tous les faits de la cause et
pourront juger entre ma thèse et la réfutation de M. le rabbin Liber.
Salluste
LES ORIGINES SECRETES DU BOLCHEVISME
CHAPITRE I
avoir dix ans qu’un coup de main heureux livra l’anIlcienva yempire
des Tsars aux membres d’un parti extrémiste à
peine connu jusque-là, même en Russie. Depuis lors, l’avènement
de cette poignée d’aventuriers a pris figure d’ère nouvelle. Pour
l’ampleur des conséquences, on ne saurait plus lui comparer que
la Révolution française – qui aurait pu, elle aussi, être facilement
comprimée, un matin de juillet 1789, par les 30.000 hommes du
maréchal de Broglie, en sorte qu’il en serait à peine fait mention,
aujourd’hui, en quatre lignes, dans le manuel du baccalauréat. Si
savamment préparée que soit une entreprise politique, si profondes qu’en soient les racines, il y a toujours, en effet, un moment
où quelques grains de décision, assaisonnés d’un peu de force
matérielle, peuvent suffire à fixer le destin des peuples.
L’orientation moderne de la politique universelle n’a été possible
que parce que ceux qui gouvernent ont, en général, oublié cette
recette, tandis que les sectes subversives l’ont retrouvée et n’hésitent pas à l’employer.
Maître, par la grâce d’une sédition militaire, d’un empire qui
comptait hier 180 millions d’habitants, et qui en compte encore
plus de 140 millions, le Bolchevisme en a utilisé les immenses
ressources matérielles pour mettre en feu les cinq parties du
monde. Ses émissaires ne laissent pas un instant de repos aux
peuples déjà fatigués et anémiés par la Grande Guerre : chacun en
souffre dans sa Métropole ou ses colonies.
Tantôt, c’est l’Angleterre, dont la prospérité économique est
gravement compromise par le mouvement gréviste des mineurs,
ouvertement subventionné par les roubles moscovites : elle y
perd, d’après les évaluations du Chancelier de l’Échiquier, 170
millions de livres sterling, plus de 21 milliards de francs – dont le
quart aurait suffi pour fomenter une action qui étouffât, en Rus-
CHAPITRE I
11
sie, la peste communiste. Et elle ne se remet péniblement de cette
effroyable secousse que pour en subir une nouvelle : Moscou
insurge la Chine et la ferme à peu près complètement au commerce britannique, qui en tirait d’incalculables profits. Demain, ce
seront les Indes qui s’insurgeront à leur tour, les Indes profondément minées par la propagande bolchevique, et dont les fonctionnaires indigènes sont, pour plus de moitié, pensionnés par le
Komintern.
En France, les agents de IIIe Internationale fomentent ouvertement les troubles les plus graves, tiennent tête à la police dans
les rues de Paris, causent pour plus de 12 millions de dégâts dans
la seule soirée du 23 août 1927 et donnent le branle aux mutineries de réservistes dans l’Armée. Tandis qu’ils détruisent le moral
de celle-ci, ils lui taillent une besogne formidable aux colonies :
hier, avec la guerre du Rif et celle de Syrie, qui nous ont coûté
tant de sang ; aujourd’hui avec les troubles des nègres soudanais ;
demain avec les insurrections qui couvent en Tunisie et en Algérie (où l’émir Khaled, l’homme de Moscou, obtient la majorité
des voix des électeurs indigènes), et en Indo-Chine, où le Komintern subventionne 14.361 de nos fonctionnaires annamites,
d’après les chiffres trouvés dans les perquisitions opérées au
consulat soviétique de Pékin sur l’ordre de feu le maréchal
Tchang So Lin, qui paya cette initiative de sa vie.
Les 50 millions d’habitants des Indes hollandaises sont travaillés avec la même constance et la même profusion de moyens financiers : aussi les insurrections se succèdent-elles à Java, à Sumatra et même à Bornéo. Les populations indiennes d’Amérique
sont lancées, comme en Bolivie et en Colombie à l’assaut des
blancs civilisateurs. Le Mexique subit un gouvernement de classe,
agréé par M. Tchitchérine. Quant aux nations limitrophes ou voisines des États soviétiques, la Roumanie, la Bulgarie, la Hongrie,
la Pologne, la Lithuanie, l’Esthonie, la Finlande, etc., leur existence est à chaque instant compromise par des complots communistes toujours réprimés, mais toujours renouvelés, dont l’un
ou l’autre finira, espère-t-on à Moscou, par triompher.
12
LES ORIGINES SECRÈTES DU BOLCHÉVISME
Ce qu’il y a de plus effrayant dans cette vague rouge, couleur
de meurtre et d’incendie, qui vient battre les assises du vieux
monde, c’est qu’elle ne procède pas de l’ambition d’un nationalisme visible et localisé : on verrait à tort dans le Bolchévisme un
« péril slave »... Si le Communisme était spécifiquement russe, il
rencontrerait une barrière naturelle dans d’autres nationalismes,
non moins intransigeants. Tout au contraire, il trouve au sein de
chaque peuple des complicités prêtes, des facilités ménagées : une
doctrine de trahison nationale et de décomposition sociale lui a,
en effet, préparé les voies depuis deux tiers de siècle.
C’est cette doctrine dont nous nous proposons, dans la présente étude, de retracer la naissance et le développement. Pour
cela, il nous faudra nous attaquer à bien des légendes, établies par
le long consentement des uns et par l’affirmation intéressée des
autres. Nous le ferons à la lumière de documents certains, de faits
précis. Et il sera démontré, une fois de plus, que la vérité historique, examinée aux sources, contient infiniment plus de « romanesque » que n’en peut imaginer le cerveau enfiévré d’un inventeur de fictions.
***
La IIIe Internationale, dont la direction se confond avec le
haut personnel politique de la Russie des Soviets, est la fille, quelque peu ingrate, de la IIe, dont les pontifes furent Engels, Liebknecht et Jaurès, et la continuatrice de la I re Internationale fondée
par Karl Marx. L’histoire de cette dernière a été écrite ou résumée
bien souvent, par des sociologues ou des politiciens de toute
nuance, et toujours en des termes identiques : rien de plus
concordant, dans leur exposé, que les dates, les circonstances et
l’enchaînement des péripéties. Cette unanimité semblerait indiquer que le sujet a été épuisé et que la certitude historique est
désormais acquise. Mais tous les spécialistes des recherches d’archives savent qu’une trop grande unanimité quant au récit d’un
événement doit être une source de méfiance au moins aussi
grande que peut l’être une divergence absolue : elle n’a, le plus
CHAPITRE I
13
souvent, pour cause que la mise en circulation, dans un but intéressé, d’une version tendancieuse, mais habilement simplifiée, par
conséquent commode à faire adopter.
En réalité, tout ce qui a été écrit depuis un demi-siècle sur la Ire
Internationale procède de la confrontation de quatre livres, qui lui
furent consacrés au lendemain de l’insurrection communiste de
1871. Deux de ces ouvrages, ceux de MM. Oscar Testut et Edmond Villetard, étaient hostiles à l’organisation secrète dont était
sortie la Commune ; les deux autres, ceux d’Eugène Fribourg et
de Benoît Malon, lui étaient favorables, avec plus ou moins de
réserves. Et comme détracteurs et apologistes se trouvaient, d’accord sur les origines de l’organisation discutée, les écrivains et
conférenciers qui s’en sont occupés après cette date sont excusables de n’avoir pas cherché plus avant et d’avoir adopté docilement la version offerte à leur crédulité... Ils ne faisaient en cela
qu’imiter la bonne foi de leurs devanciers, qui n’avaient connu
que l’apparence extérieure des événements auxquels ils s’étaient
trouvés mêlés.
Commençons par analyser brièvement la thèse jusqu’ici admise quant aux origines de la Ire Internationale. Elle se présente
avec la simplicité harmonieuse d’un récit biblique.
Dans les premières années de la seconde moitié du XIX e siècle, le machinisme, sous toutes ses formes, fit de grands progrès
dans l’Univers. Pour les consacrer et les vulgariser, une Exposition industrielle fut organisée à Londres en 1862. De nombreux
ouvriers techniciens y furent envoyés par leurs patrons pour étudier le fonctionnement des machines exposées. Certains d’entre
eux prolongèrent leur séjour bien après la clôture de l’Exposition.
Pendant qu’ils se trouvaient dans la capitale anglaise, un meeting
de protestation fut convoqué, au Saint-Martin’s Hall, à propos de
violences commises à Varsovie par les troupes russes ; les ouvriers étrangers s’y rendirent par curiosité. Parmi d’autres orateurs, qui ne parlèrent que de la Pologne, se trouvait un vieil économiste d’origine allemande, du nom de Karl Marx, réfugié politique en Angleterre, où il vivait dans l’étude et la retraite. Entraîné
par son sujet, il élargit le débat, parla du Prolétariat partout op-
14
LES ORIGINES SECRÈTES DU BOLCHÉVISME
primé par les Capitalistes, et termina par un cri de guerre qui lui
était cher : Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! Alors, saisis d’un
enthousiasme subit, les ouvriers présents décidèrent de s’unir en
une Association Internationale, et nommèrent, séante tenante, un
Comité de Correspondance, dont Karl Marx devint membre pour
l’Allemagne. La Ire Internationale naquit ce soir-là, d’une circonstance imprévue, presque d’un malentendu. Elle progressa rapidement par la suite et répandit l’idée communiste dans le monde.
Telle est la légende qui a fini par passer pour de l’histoire.
Nous allons l’examiner et en faire justice.
Ce récit, emprunté à Karl Marx lui-même et à son entourage, a
l’avantage de se présenter avec naturel. Il est court, et ne sollicite
pas de vérification approfondie. Aussi a-t-il eu un succès immédiat et est-il resté classique. Tout en lui, cependant, aurait dû exciter à la méfiance les premiers annalistes de l’Internationale. Pour
ne parler que de l’histoire financière de celle-ci, la version consacrée rapporte que la collecte faite ce soir-là, au Saint-Martin’s
Hall, donna comme premier fond 3 livres sterling (75 francs-or).
Jamais, par la suite, le brave ouvrier qui remplissait les fonctions
de trésorier n’eut en caisse plus de 200 livres (5.000 francs-or). La
Ire Internationale en tirait argument pour faire étalage de sa vertueuse pauvreté... Or, si l’on consulte le compte rendu de son
Congrès de Lausanne (du 2 au 8 septembre 1867), on constate
que, dès la seconde année de son fonctionnement, elle accordait
plusieurs millions de subventions à certaines campagnes d’agitation révolutionnaire. Pour les États-Unis seulement, on trouve
mention d’un chèque de 300.000 dollars envoyé pour soutenir
une grève générale de la métallurgie. D’où provenaient donc ces
fonds, dont l’Internationale disposait, et qui ne sortaient pourtant
pas de sa caisse ?
Aujourd’hui, sans doute, la situation est identique. Le camarade Fromentin, trésorier du Parti Communiste Français, se plaint
d’être toujours sans argent : les cotisations sont minimes et les
Cellules paient mal. Cela n’empêche pas les Bolchevistes français
d’appointer 9.800 fonctionnaires et agitateurs divers, qui leur reviennent ensemble à plus de 30 millions par an. Récemment, ils
CHAPITRE I
15
ont pu dépenser 10 millions comptant pour la création d’un journal quotidien dans le Nord. Et si l’émeute du 23 août 1927 a coûté plus de 12 millions aux commerçants parisiens, elle a nécessité
aussi de grosses dépenses d’organisation de la part du trésorier du
Parti. Mais, ces contradictions n’étonnent personne : chacun sait
que l’argent dépensé par les Communistes vient de Russie où la
IIIe Internationale s’est emparée de toutes les richesses d’un
grand empire et les emploie à bouleverser l’Univers.
Il en allait autrement au temps de la Ire Internationale, simple
organisation née de la veille et ne disposant régulièrement que des
maigres sommes qui figuraient dans sa comptabilité. Les premiers
disciples de Karl Marx n’étaient pas, comme ceux d’aujourd’hui,
riches de 140 millions d’esclaves obligés de travailler pour eux.
Où prenaient-ils les fonds immenses qu’ils employaient à développer leur propagande et à subventionner des grèves dans le
monde entier ? Voilà la question que les annalistes de l’internationale ont négligé de se poser, et, après eux, tous ceux qui leur ont
emprunté une documentation vraiment superficielle.
Autre problème : le meeting de Saint-Martin’s Hall passa, en
son temps, à peu près inaperçu : de rares journaux en parlèrent et
n’y revinrent pas. Or, quelques mois à peine s’étaient écoulés que
la Ire Internationale, malgré l’insuffisance de cette publicité, comptait des sections clans tous les pays jusqu’au fond de l’Amérique
du Sud, et même en Australie. Tout se passait comme si une force
mystérieuse avait préparé les voies de l’Association nouvelle et lui
avait fourni partout les cadres et les concours nécessaires.
De telles forces existent, à n’en pouvoir douter. De même qu’il
est aujourd’hui acquis que la Franc-Maçonnerie prépara la Révolution française, de même des forces mystérieuses sont à la source
de tous les grands bouleversements récents, en Europe comme
en Orient ou en Extrême Orient. C’est de ces forces que parlait,
en 1912, M. Marcel Prévost, de l’Académie Française, quand,
célébrant dans un article du Figaro d’alors la Révolution Jeune
Turque, encore toute récente, il n’hésitait pas à dire :
Toute prévision, diplomatique se fonde, en somme, sur ce calcul : que
les forces connues continueront à évoluer sur leur courbe actuelle. Partant
16
LES ORIGINES SECRÈTES DU BOLCHÉVISME
de là, on déduit la résultante probable de ces forces. Et c’est un système
fort raisonnable, dont le seul défaut est de ne tenir aucun compte d’autres
forces, PLUS FORTES QUE LES VISIBLES, qui travaillent en secret à
changer l’équilibre actuel et qui, un beau jour, bouleversent à la fois le calcul des augures et la vie des nations.
C’est l’une de ces forces occultes qu’il nous faut étudier si
nous voulons apprendre d’où Karl Marx tira les inspirations et
l’aide matérielle qui lui permirent de formuler le programme du
Communisme et de le propager dans le monde.
***
L’association secrète en question portait le titre d’Union des Juifs
pour la Civilisation et la Science. Elle fut fondée en 1819 par un
groupe d’Israélites allemands appartenant à des familles rabbiniques, au premier rang desquels on remarquait le célèbre érudit
Léopold Zunz, qui devait devenir plus tard directeur de l’École
normale israélite de Berlin, et ses amis Ganz et Moise Moser. Le
programme apparent de l’Union semble avoir été une première
ébauche de celui qu’adopta plus tard l’Alliance israélite universelle :
venir en aide aux Juifs dans le monde entier et développer chez
eux toutes les connaissances utiles. Mais le programme réel allait
bien au delà : il comportait un changement, dans un sens en quelque sorte positiviste, de la politique d’Israël à l’égard des nations
chrétiennes ; il visait surtout à faire pénétrer, dans la civilisation
issue du Christianisme, des idées spécifiquement juives, qui en
provoqueraient peu à peu la dissolution.
La pensée maîtresse des chefs de l’Union était que la Synagogue avait tort de s’obstiner dans son attente, déjà tant de fois séculaire, d’un Messie humain. On avait mal compris les vieux textes rabbiniques quand ils annonçaient un roi temporel, tout sanglant de batailles, qui écraserait sous les roues de son char les
nations ayant voulu résister à l’empire universel promis à Israël, et
qui gouvernerait avec une verge de fer celles qui se seraient soumises. C’était le peuple juif lui-même, et non tel ou tel de ses fils,
CHAPITRE I
17
qui, prenant conscience de sa supériorité ethnique, devait vaincre
le Monde et le ployer sous le joug de la race élue.
Cette thèse, déjà présentée à diverses reprises dans l’Histoire
par des Talmudisants isolés, devait être formulée un jour avec une
rare précision par un néo-messianiste, Baruch Lévy, dans une
lettre à Karl Marx. Voici en quels termes :
Le peuple juif pris collectivement sera lui-même son Messie. Son règne
sur l’Univers s’obtiendra par l’unification des autres races humaines, la
suppression des frontières et des monarchies, qui sont le rempart du particularisme, et l’établissement d’une République Universelle qui reconnaîtra
partout les droits de citoyens aux Juifs. Dans cette organisation nouvelle
de l’Humanité, les fils d’Israël répandus dès maintenant sur toute la surface du globe, tous de même race et de même formation traditionnelle sans
former cependant une nationalité distincte, deviendront sans opposition
l’élément partout dirigeant, surtout s’ils parviennent à imposer aux masses ouvrières la direction stable de quelques-uns d’entre eux. Les gouvernements des Nations formant la République Universelle passeront tous,
sans effort, dans des mains israélites, à la faveur de la victoire du prolétariat. La propriété individuelle pourra alors être supprimée par les gouvernants de race judaïque qui administreront partout la fortune publique.
Ainsi se réalisera la promesse du Talmud que, lorsque les Temps du
Messie seront venus, les Juifs tiendront sous leurs clefs les biens de tous les
peuples du monde1.
1
Ce texte, d’une lucidité prodigieuse, et dont chaque phrase parait s’appliquer
à la situation politique et sociale du monde à l’époque où nous écrivons (1928),
est connu depuis près d’un demi-siècle. Il a été cité pour la première fois au
Congrès Antisémite de Berlin, en 1888, puis reproduit à plusieurs reprises en
France, et, pour la dernière fois à notre connaissance, en 1919. Son insertion
dans notre étude n’en a pas moins provoqué une véritable fureur chez nos
contradicteurs, et l’on verra plus loin que le rabbin Liber nous accuse carrément de faux à ce sujet...
Nous nous permettons d’observer :
1° que le fait que cette lettre ne figure pas dans la Correspondance de Karl
Marx ne prouve rien contre l’authenticité de la pièce, les gendres du prophète
judéo-communiste, Paul Lafargue et Charles Longuet, n’ayant livré à
l’impression les lettres de leur beau-père et. de ses correspondants qu’après les
avoir soigneusement expurgés ;
18
LES ORIGINES SECRÈTES DU BOLCHÉVISME
Ce langage, singulièrement matérialiste sous une phraséologie
encore teintée de judaïsme traditionnel, suffit à expliquer en quoi
la nouvelle secte se distinguait de la Synagogue alors existante, et
pourquoi Léopold Zunz, par exemple, fut amené à renoncer par
deux fois aux fonctions de rabbin, à Berlin (1822), puis à Prague
(1835).
Un des plus enthousiastes adeptes de l’Union des Juifs pour la Civilisation et la Science fut le poète Henri Heine, qui y adhéra, à l’âge
de vingt-trois ans, le 4 août 1822. Le cas de ce fils d’Israël, que
son génie poétique autorise à classer parmi les plus grands écrivains du XIXe siècle, est tout à fait caractéristique au point de vue
néo-messianiste.
***
Henri Heine naquit à Düsseldorf le 13 décembre 1799, dans
une famille d’origine rabbinique. Son père, Samson Heine, commissionnaire en rubans, devait à cette origine la considération où
il était tenu par le chef de la Maison Rothschild de Francfort.
Mais, si l’on était pénétré de tradition juive au foyer de la famille
Heine, au dehors on savait faire des concessions aux Chrétiens.
Le jeune Harry (il ne s’appela Henri que plus tard) était élevé dans
une école chrétienne, dite des Franciscains, et le recteur, l’abbé
Schallmeyer, voyait en lui son meilleur élève. Sa sœur Charlotte
recevait l’éducation d’un couvent de religieuses catholiques. Son
frère Gustave, sous le nom de Gustave von Geldern, devait se
2° que la lettre ci-dessus a été citée à plusieurs reprises, depuis quarante ans,
sans soulever la moindre protestation de la part d’autorités juives tout aussi
qualifiées que M. le rabbin Liber ;
3° que les idées contenues dans cette lettre sont absolument conformes à celles
exprimées, sous une forme très voisine, par d’autres écrivains juifs contemporains, tels que MM. Edmond Fleg, Barbusse, André Spire, etc. ;
4° qu’en admettant même que le document soit d’origine incertaine, tout ce qui
se passe dans le monde, quarante ans après sa production, spécialement au
point de vue de la judaïsation des partis révolutionnaires, montre que son
auteur était admirablement renseigné.
CHAPITRE I
19
faire catholique pour devenir officier de dragons au service de Sa
Majesté l’empereur d’Autriche. Son autre frère, Maximilien, opta
pour l’orthodoxie et devint médecin militaire dans l’armée du
Tsar. Quant à Henri Heine, on verra qu’il se fit protestant évangélique. Ces vocations multiples ne changeaient rien, d’ailleurs,
aux sentiments des trois frères, qui se retrouvaient, le soir, chez le
rabbin Rintelsohn1, pour apprendre l’hébreu et le Talmud.
Henri Heine étudia le droit à Bonn, à Gœttingen et à Berlin,
puis il passa son doctorat. Mais il ambitionnait une chaire de professeur de droit. Sujet prussien, il ne pouvait légalement l’obtenir
tant qu’il serait juif. Aussi abjura-t-il, presque en cachette, à Heligenstadt, dans la maison du pasteur évangélique Gottlob Grimm,
un matin d’août 1825. Les citations suivantes permettront d’apprécier la sincérité de cette conversion et la moralité du converti :
Lettre de Henri Heine à Maurice Embden, avant la conversion :
Je suis comme vous un indifférent en religion et mon attachement au
Judaïsme provient uniquement de ma profonde antipathie pour le Christianisme.
Lettre de Henri Heine à Emmanuel Wohlwill, avant la conversion :
La chute finale du Christianisme me paraît de plus en plus évidente.
Voilà assez longtemps que cette idée se maintient. J’appelle le Christia1
Autre querelle cherchée à Salluste par le rabbin Liber : Rintelsohn, simple
professeur d’hébreu et de religion hébraïque, n’était pas un ʺrabbinʺ, c’est-àdire qu’il n’avait pas la charge d’une communauté judaïque. C’est prendre dans
un sens bien moderne le mot ʺrabbiʺ, qui, signifiant simplement ʺmaîtreʺ, nous
parait pouvoir fort bien s’appliquer à quiconque enseigne. Nous n’ignorons pas
que certains rabbins chargés d’une communauté ambitionnent d’être pris par le
public pour de véritables prêtres, analogues à ceux des religions catholique et
protestante, par exemple. Mais c’est là une prétention inadmissible. Il n’y a plus
de sacerdoce en Israël depuis la destruction du Temple, et les docteurs par
lesquels on a essayé de les remplacer n’ont aucune autorité d’origine surnaturelle. Nous ne voyons donc pas très bien pourquoi M. Liber le prend de si haut
avec le pauvre Rintelsohn, qui, après tout, appartenait au même corps enseignant que lui.
20
LES ORIGINES SECRÈTES DU BOLCHÉVISME
nisme une idée, mais de quelle espèce ! Il y a des systèmes d’idées corrompues qui font leur nid dans les fissures du vieux monde et la literie abandonnée de l’esprit divin, comme les punaises dans le matelas d’un Juif polonais. Si on vient à écraser une de ces idées-punaises, elle laisse une odeur
infecte qui dure des milliers d’années. C’est le cas du Christianisme, écrasé
depuis 1800 ans, et qui, depuis ce temps, n’a cessé d’empester l’air que
nous respirons, pauvres Juifs !
Vers écrits par Henri Heine, le lendemain de son baptême :
Sainte ardeur de la jeunesse,
Prompt retour à la raison !
Tu as fait, en ta sagesse.
Ta paix avec ces messieurs...
Tu as rampé vers la croix,
La même croix qu’hier
Tu voulais fouler aux pieds,
Abattue dans la poussière !
C’est l’effet d’avoir lu trop
Tous ces Schlegel, Haller, Burke !
Hier tu étais un héros,
Aujourd’hui, un maître fourbe.
Lettre d’Henri Heine à Moïse Moser, de l’Union des Juifs pour la
Civilisation et la Science, quelques semaines après le baptême. Il
parle des Japonais qui venaient de martyriser quelques missionnaires et qui « ne détestent rien au monde autant que la Croix ». Et il
ajoute : Je veux être Japonais !
Malgré sa comédie l’abjuration, Henri Heine ne put être professeur de Droit et ne le pardonna jamais au gouvernement prussien. C’est vers cette époque qu’il poussa à ses dernières conséquences son enthousiasme néo-messianiste en déclarant ouvertement la guerre, non seulement à l’idée monarchique, mais à
l’ordre social lui-même. Il a raconté plus tard qu’il était allé à
Munster, où l’on conserve encore la cage de fer et les instruments
du supplice du ʺglorieuxʺ Jean Bockenraw, dit Jean de Leyde, le
TABLE DES MATIÈRES
PRÉFACE.........................................................................................................3
CHAPITRE I................................................................................................. 10
CHAPITRE II............................................................................................... 35
CHAPITRE III ............................................................................................. 59
CHAPITRE IV ............................................................................................. 83
CHAPITRE V RÉPLIQUE DE M. LE RABBIN LIBER................ 104
I LA SOCIÉTÉ POUR LA CIVILISATION ET LA SCIENCE
DES JUIFS ................................................................................105
II HENRI HEINE ET LE JUDAISME ..........................................111
III KARL MARX ET LE JUDAISME ............................................119
CONCLUSION..........................................................................125
CHAPITRE VI RÉFUTATION DE LA THÈSE DE M. LE
RABBIN LIBER......................................................................................... 127
APPENDICE REPONSE A UN CONTRADICTEUR
CHRÉTIEN................................................................................................. 172
Téléchargement