Risque de développer une fibrillation auriculaire au cours de la vie. The Framingham Heart Study La fibrillation auriculaire est l’arythmie cardiaque la plus commune. C’est une cause importante de morbidité et de mortalité. En particulier, elle augmente le risque de survenue d’embolie pulmonaire, de défaillance cardiaque et d’accident vasculaire cérébral. De précédentes études avaient montré que le risque de développer une fibrillation auriculaire dépendait de plusieurs facteurs, comme l’avancée en âge, l’hypertension artérielle, l’infarctus du myocarde, une défaillance cardiaque ou une maladie valvulaire. Cependant, l’importance de ce risque au cours de la vie n’est actuellement pas connue. La Framingham Heart Study est une cohorte avec un suivi à long terme et une documentation importante de facteurs de risques cardio-vasculaires qui paraît idéale pour quantifier le risque de développer une fibrillation auriculaire au cours de la vie. Tous les participants de la Framingham Heart Study, âgés de 40 ans et plus, exempts de fibrillation auriculaire à l’inclusion ont été inclus. La fibrillation auriculaire était diagnostiquée sur des ECG de l’étude et/ou des comptesrendus d’hospitalisations ou de consultations intercurrentes. Aucune différence n’était faite entre une fibrillation paroxystique et une fibrillation permanente. En tout, 3999 hommes et 4726 femmes ont été suivis de 1968 à 1999, soit un total de 176 166 personne-années. Sur cette population, 936 participants ont développé une fibrillation auriculaire (95% CI, 24%-27%) et 2621 sont décédés sans faire de fibrillation auriculaire. Le risque de développer une fibrillation auriculaire au cours des années restantes, pour les hommes et les femmes, est présenté sur le tableau ci-dessous. Ces risques calculés sont 5 à 6% plus bas si le patient n’avait jamais présenté d’épisode d’insuffisance cardiaque et 7 à 10 % plus faible s’il n’avait jamais présenté d’infarctus du myocarde. Ces valeurs sont retrouvées chez les hommes comme chez les femmes. Le niveau de pression artérielle est sans effet sur ces chiffres au cours des années restantes. Le risque de développer une fibrillation auriculaire au cours de la vie est élevé chez les hommes et les femmes de plus de 40 ans, même en absence d’antécédent cardiaque. Il est plus élevé chez les hommes, mais tend à s’égaliser avec l’avancée en âge. Ce risque est augmenté lorsqu’il existe des antécédents d’insuffisance cardiaque et d’infarctus chez le patient. La population étudiée étant principalement blanche, on ne peut conclure pour les autres groupes ethniques. De plus, l’étude Framingham elle-même a pu modifier certains comportements des patients, en particulier alimentaires et donc influencer leur risque de développer une fibrillation auriculaire. Le fait que la distinction fibrillation permanente – fibrillation paroxystique n’ait pas été faite est aussi un peu gênant dans le sens où ces deux pathologies n’ont pas la même prise en charge. Cette prise en charge globale (prévention, traitement, dépistage) de la fibrillation auriculaire est un enjeu important. En effet, la fibrillation diminue la qualité de vie, mais même une fois traitée il faut prévenir les récidives possibles. Une meilleure connaissance de sa fréquence de survenue et des pathologies qui lui sont associées permettrait un meilleur contrôle de sa morbidité. Ceci demande d’autres investigations pour rechercher les conditions prédisposantes (habitus, terrain génétique, antécédents), définir les stratégies préventives et des thérapies efficaces. Sophie Moulias Hôpital Georges Pompidou, Paris Age (ans) Risque chez les hommes Risque chez les femmes 40 26,0 (24,0-27,0) 23,0 (21,0-24,0) 50 25,9 (23,9-27,0) 23,2 (21,3-24,3) 60 25,8 (23,7-26,9) 23,4 (21,4-24,4) 70 24,3 (22,1-25,5) 23,0 (20,9-24,1) 80 22,7 (20,1-24,1) 21,6 (19,3-22,7) Risque de développer une fibrillation auriculaire à différents âges Lloyd-Jones DM, Wang TJ, Leip EP, Larson MG, Levy D, Vasan RS, D’Agostino RB, Massaro JM, Beiser A, Wolf PA, Benjamin EJ. Lifetime risk for development of atrial fibrillation. The Framingham Heart Study. Circulation. 2004 ; 110:1042-1046. ©2004 Successful Aging SA Af 281-2004