Dossier
pédagogique et thématique
réalisé par Cécile Michel (collaboratrice
artistique au Théâtre National) autour de
«L’Insurrection qui vient », un atelier
dirigé par Coline Struyf et « Notre
Terreur » par le collectif d’Ores et déjà.
TABLE DES MATIERES
Prologue.......................................................................................................................3
Notre terreur................................................................................................................5
Repères historiques ...........................................................................................6
La révolution française.............................................................................6
La période de la terreur ............................................................................7
La figure de Robespierre..........................................................................8
Reres chronologiques ...........................................................................10
Le spectacle........................................................................................................12
Les révolutions...................................................................................................15
Paradise now ? Vers une révolution aujourd’hui.............................................18
La Révolution française au théâtre...................................................................19
L’Insurrection qui vient............................................................................................27
Le texte de l’Insurrection..................................................................................27
L’affaire dite de Tarnac....................................................................................28
Le spectacle........................................................................................................29
Presse.................................................................................................................30
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Prologue…
Qu’est-ce qu’une révolution, une insurrection ? Quelles sont les caractéristiques communes à
mai 68, la révolution française ou la révolution russe par exemple ? Aujourd’hui que le
concept de lutte des classes semble appartenir au passé, que les clivages sociaux apparents
semblent goms, où se situent les enjeux d’un engagement politique ? Quel regard poser sur
l’Histoire et sur des actes de violence parfois extrêmes qui se justifiaient par l’avènement du
bien commun et la survie de la Nation? Et enfin et surtout : quel est le rôle du théâtre dans ce
questionnement ? Peut-il encore produire une parole politique et comment dès lors envisager
la forme nouvelle de ce théâtre politique Autant de questions qui agitent et secouent tous
les recoins du Tâtre national en ce début de saison 2010 sous la bannière de ce nouveau
théma : Paradise Now ! regroupant de multiples activités et évènements autour de deux
spectacles : Notre Terreur et lInsurrection qui vient…
Ce titre fait explicitement référence au spectacle Paradise Now que le Living theater vint
présenter à Avignon durant l’été 19681.
1Fondé à New York, en 1947, par Julian Beck et Judith Malina, le Living Theatre est considéré comme parmi les plus
influents sur la scène alternative américaine et européenne. Théâtre d’opposition au système politique, économique et
culturel, le Living a participé à l’ouverture de nouvelles dimensions théâtrales, suscitant les engouements les plus passionnés
et les hostilités les plus féroces. Le message, répété au cours des générations, est celui de la solidarité active aux mouvements
de contestation politico-sociale, dans tous les pays et sous tous les régimes.
Théâtre d’agitation qui inquiétait beaucoup les instances publiques et organisatrices du festival, le living proposait cet été là
un nouveau spectacle : Paradise Now.
« Je n’ai pas le droit de
voyager sans passeport !
Je ne peux pas vivre
sans argent !
Je ne sais pas comment
arrêter la guerre !
Je n’ai pas le droit
de fumer du haschich !
Je n’ai pas le droit
d’ôter mes vêtements ! »
Par ces propos où chaque phrase se module en crescendo et se termine par un cri déchirant, le Living commence « Paradise
now ».
Victime de son succès, la troupe devra jouer à guichets fermés, mais s’y refuse. Ils veulent offrir à tous une représentation
gratuite, dans la rue. Les organisateurs du festival refusent ainsi que le maire. Julian Beck décide alors de quitter le festival, et
de casser son contrat en signe de protestation… Ils joueront un peu plus loin, à Châteauvallon, gratuitement, mais ne
reviendront plus au festival…
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Ce titre nous replonge donc dans une forme de tâtre engagé et contestataire, un certain
engagement teinté d’idéalisme tel celui qui animait beaucoup d’intellectuels et d’artistes des
années 70, il évoque aussi plus spécifiquement l’acte théâtral comme acte proprement
politique.
Ainsi autour du spectacle notre Terreur, nous aborderons aussi la question du théâtre comme
arme, levier politique, à travers la représentation de la Révolution française, et la question de
la forme choisie pour exprimer ce moment particulier de l’histoire
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Notre terreur
« Notre terreur, ce n’est pas la Terreur, ce sont nos voix discordantes et
violentes si belles qu’on ne peut les voir sans rougir, étouffées qui appellent
et qui meurent sans qu’on les ait écoutées.
Notre terreur nest pas de soigner un ulcère, c’est de louvrir. »
Sylvain Creuzevault
Le jeune collectif fraais d’Ores et déjà nous présente en ouverture de saison Notre terreur,
spectacle coup de point qui fait œuvre de véritable théâtre politique en interrogeant les
sources mêmes de la démocratie et de la République fraaise, la Révolution, et à travers cette
riode, ses années les plus noires, les plus difficiles à interpréter en matre de choix et de
nécessité politique, la Terreur.
Qu’est-ce que la Terreur ? Quel sillon laisse dans notre présent l’idéal de démocratie et
de pureté des hommes de quatre-vingt-treize ? Comment regardons-nous cette “scène
primitive” de la légende révolutionnaire ?
Cette courte période qui va de la mort de Danton à la veille de celle de Robespierre est ici
décortiquée, réinterrogée, réappropriée, différemment chaque soir puisqu’une partie est
improvisée. Elle met en scène les conflits, dintérêt et dopinion qui agitèrent les douze
hommes aux prises avec le destin de toute une nation. Il s’agit ici de prendre un contre-pied,
de s’éloigner de la vision dominante de la Révolution aujourd’hui, comme chariant un fleuve
de sang et baignant dans une violence et une cruauté sauvages. La véritable question est
plutôt ici celle de la nécessité de la violence et de la terreur.
Sujet grave, s’il en est, mais qui trouve ici son ploiement et sa force de frappe critique par
un développement ludique, contemporain, et désacralisé, très loin de tout théâtre historique et
de tout discours pontifiant.
Dix hommes ici sont attablés, affairés, exténués. Tour à tour déterminés, en colère ou
réticents : Notre terreur nous plonge directement au cœur de l’effondrement de la
Terreur et de la chute de Robespierre, entourés des membres du comité de salut public.
La Terreur ici en écho avec le temps présent et ce qui nous terrifie…ou nous
terrorise…Comme un chœur de militants d’aujourd’hui, agitant avec ferveur et violence la
question des rapports entre le terrorisme et l’Etat, dans ces heures sombres qui fondèrent nos
démocraties. La proximité avec les spectateurs, constante et loin des morceaux de bravoures
des pièces historiques nous rend tous complices et témoins de l’Histoire qui se fait et de ce
que l’on peut lui faire dire. Rendre son humanité fondamentale à la Terreur, donc
puisque faite par des hommes.
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