des termes), et, de l’autre côté, par
l’importance accordée aux aspects de
standardisation, et ce, dans une
perspective de communication
professionnelle internationale. La
TGT est fondée théoriquement sur
l’homogénéité et l’universalité de la
connaissance spécialisée, mais aussi sur
la volonté d’unifier les formes
d’expression. On laisse alors de côté de
nombreuses données empiriques, sauf
dans quelques rares domaines.
Les éléments fondamentaux de la
théorie de Wüster, radicalisée par ses
défenseurs, peuvent être synthétisés de
la manière suivante:
a) La terminologie est conçue comme
un domaine autonome, et elle se
présente comme un domaine
d’intersection constitué par les
«sciences des choses», et par d’autres
disciplines comme la linguistique, la
logique et l’informatique.
b) Les objets d’étude de cette théorie
sont les concepts, véhiculés à travers
des unités de désignation, linguistiques
(dénominatives et désignatives en
même temps) et non linguistiques
(exclusivement désignatives). Ces
unités sont spécifiques d’un domaine
de spécialité, avec un usage restreint à
ce domaine-là.
c) Les termes se trouvent définis
comme des dénominations
linguistiques des concepts. Ainsi, un
terme est l’unité (linguistique ou non
linguistique) qui désigne un concept.
d) Les termes sont analysés à partir du
concept qu’ils représentent et, pour
cette raison, le concept est conçu comme
antérieur ou encore préexistant à la
dénomination.
e) Les concepts d’un même domaine
de spécialité entretiennent entre eux
des relations différentes. La totalité des
relations entre les concepts constitue la
structuration conceptuelle d’un
domaine. La valeur d’un terme s’établit
par la place qu’il prend dans la
structuration conceptuelle du
domaine.
f)L’objectif est d’étudier les termes
dans une perspective de standardisation
conceptuelle et dénominative, unilingue
dans le cas de la communication
professionnelle nationale, ou
multilingue dans le cas de la
communication internationale.
g) La finalité appliquée de la
normalisation terminologique est
d’assurer la précision et l’univocité de la
communication professionnelle —
strictement professionnelle — avec
l’usage de termes normalisés.
On peut en partie expliquer les
insuffisances de la TGT à partir de
l’analyse de la pensée de Wüster. Et
plus précisément à partir des points
suivants: pour Wüster, seule la réalité
peut être conceptualisée par la science,
laquelle, à travers de la logique,
organise la connaissance scientifique.
Les concepts sont structurés
logiquement et ontologiquement de
façon hiérarchique.
La connaissance scientifique, vue
comme quelque chose
d’universellement homogène, est le
modèle qu’il faut suivre pour organiser
les concepts de tous les domaines
d’activités. De ce fait, on nie ou
annule toutes les différences qu’ils
comportent: les contextes
socioculturels, les zones
géographiques, les réalités socio-
économiques, les langues (en ce qui
concerne leur typologie et leur
condition sociale). Dans n’importe
quel processus de standardisation,
l’uniformisation de la connaissance se
fait à travers un consensus. Si les
concepts peuvent être unifiés, les
dénominations aussi. Les normes Iso
sont le reflet explicite de cette idée.
Avec ce processus d’uniformisation, on
efface la diversité dénominative et
conceptuelle de la réalité.
La fonction stricte de la
terminologie est celle d’étiqueter la
dénomination des concepts dans la
communication professionnelle et, en
conséquence, leur valeur
communicative dans le discours
professionnel n’a aucun intérêt. Selon
Wüster, cette valeur est l’objet d’étude
d’autres disciplines. En conséquence,
on ne considère pas la dimension
communicative des termes, ni leurs
aspects discursifs, ni leur projection
grammaticale. L’unité terminologique
intéresse seulement pour elle-même et
d’un point de vue particulier, celui de
la standardisation.
La TGT ne s’attache pas non plus
à l’étude de l’évolution des concepts.
La TGT considère que les concepts
sont statiques. Et s’ils ne le sont pas, la
perspective strictement synchronique
qu’elle adopte les traite de cette façon.
Pour la TGT, les termes n’ont pas
de valeur pragmatique, et ils ne
présentent aucune variation
sémantique parce qu’ils ne sont
considérés que dans un seul registre: le
registre formel professionnel. La
communication professionnelle
prototypique est formelle entre les
spécialistes, bien qu’on accepte que le
niveau de spécialisation varie.
Cependant, on affirme que les termes
standardisés peuvent servir pour toutes
les circonstances communicatives.
Récemment sont apparus des
commentaires critiques sur les
fondements de la TGT, qui ont
surtout montré l’incapacité non
seulement à expliquer globalement la
communication spécialisée et ses
unités les plus représentatives (les
termes), mais aussi à décrire les
variétés terminologiques dans toute
leur complexité représentative et
fonctionnelle.
Les contributions critiques font
référence aux trois aspects de la
terminologie qui constituent les
fondements de son caractère
interdisciplinaire: les aspects cognitifs,
les aspects linguistiques et les aspects
sociaux.
Dans le cadre des sciences de la
connaissance, on a questionné la
notion même de connaissance
spécialisée défendue par la TGT,
principalement en ce qui concerne son
uniformité et sa différence vis-à-vis de
la connaissance générale sur le monde.
Plusieurs auteurs ont proposé, comme
alternative, une intégration cognitive,
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Contributions