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pétrole : goudrons, lubrifiants, naphta, solvants pour les peintures ainsi que l’essence
qui, considérée à l’époque comme produit mineur, était utilisée comme détachant. Le
marché du pétrole connaissait à cette époque des fluctuations de prix énormes, chaque
nouveau gisement saturant le marché pour quelque temps. John Davison Rockefeller
parvint à établir une situation de monopole sur le raffinage américain, qui sera brisé
par une loi antitrust.
2.3 1901-1945 : changement d’échelle
Foré en 1901, le premier puit dans le gisement de Spindletop au Texas inaugura une
ère nouvelle. Creusé dans un réservoir profond et non indiqué par des affleurements,
il produisit 80 kbbls/j après son percement. Vers la même époque, le moteur à
explosion se généralise, créant une nouvelle demande pour les carburants liquides. La
production augmente de façon soutenue jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.
Des gisements de pétrole de grande taille, comme East Texas ou Kirkouk, furent si
prolifiques que l’inquiétude principale était alors de savoir comment écouler la
production. Le pétrole devint une source d’énergie majeure, au même titre que le
charbon. Pendant les deux guerres mondiales, l’approvisionnement en pétrole des
belligérants fut un enjeu majeur.
L’industrie pétrolière se développa ensuite dans un nombre accru de pays, mais resta
largement dominée par la production américaine qui, en 1945, représente encore 60 %
du chiffre mondial de 7 Mbbls/j[3]. Néanmoins, s’agissant des réserves, une part
accrue se situe au Moyen-Orient. Par exemple, Burgan est découvert en 1938.
2.4 1945-1973 : l’abondance
La forte croissance économique qu’ont connue les pays développés entre 1950 et le
milieu de 1970 n’a pu se réaliser qu’au prix d’un très fort accroissement de la
consommation d’énergie. En effet, cette consommation est passée de 1,7 milliard de
TEP (tonne équivalent pétrole) en 1950 à 5,2 milliards de TEP en 1970, soit un
triplement en 20 ans. Au cours de cette période, le pétrole bon marché détrôna
progressivement le charbon ; alimentant les centrales électriques et l’industrie,
suscitant une crise économique de reconversion dans les bassins charbonniers. Dans le
même temps, il permit la révolution verte. La population mondiale augmenta de 60 %
durant ces 28 années, tandis que la production de pétrole fut multipliée par sept.
À cette époque, le pétrole était encore « facile » : les gisements se trouvaient
facilement, et peu de régions productrices importantes étaient en déclin. D’immenses
gisements faciles à exploiter, peu déplétés, étaient capables d’offrir de la production
supplémentaire. Du point de vue technico-économique, comme conséquence de ce
fort accroissement de la consommation, on assista à un développement des moyens de
transport (transport maritime et par oléoduc) entraînant une diminution importante des
coûts. La seule inquiétude restait le risque de saturation du marché. Les prix étant
clairement orientés à la baisse, les pays disposant des plus vastes réserves
constituèrent, en 1960, l’Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP),
organisme chargé de coordonner les intérêts des pays membres et dont l’action,
relativement limitée au début, devint par la suite prépondérante.