
Asthénie de l'adolescent
Adolescence & Médecine • Novembre 2013 • numéro 6 17
giques non encore verbalisées en pré-
sence de plaintes associées (douleurs
diffuses, céphalées de tension…)
avec retentissement scolaire, absen-
téisme, trouble de l’humeur et/ou
anxiété.
• Au-delà de six mois d’évolution et en
cas d’association à d’autres signes,
un syndrome de fatigue chronique
peut être discuté (Encadré 2).
SOMMEIL CHEZ
L’ADOLESCENT
Le cycle du sommeil se modifie à l’ado-
lescence pour tendre, avec le déroule-
ment de la puberté, vers une structure
de type adulte. Il se caractérise par la
diminution du temps de sommeil total
et de sommeil lent profond. Le cou-
cher plus tardif avec retard à l’endor-
missement est associé à des réveils
spontanés plus tardifs ou “retards de
phase”. Le décalage du pic de mélato-
nine, les activités scolaires, ludiques
ou sociales participent à ce décalage.
Le sommeil a un rôle sur la récupé-
ration, le développement cérébral,
le métabolisme. Il est indispensable
au bon fonctionnement du corps au
cours de la journée et est associé à la
sécrétion d’hormone de croissance.
C’est aussi un facteur de cognition,
d’apprentissage, de mémorisation, et
de l’équilibre de l’humeur. De nom-
breux adolescents ont un manque
chronique de sommeil, surtout durant
la semaine, qu’ils récupèrent le week-
end ou pendant les vacances.
L’enquête HBSC a analysé en 2010
le temps de sommeil total, avec ou
sans classe le lendemain chez plus
8 000 adolescents français âgés de
11 à 15 ans. Le temps de sommeil total
avec classe le lendemain est de 8 h 41
et sans classe le lendemain de 10 h 01.
Les adolescents de 15 ans dorment en
moyenne 1 h 31 de moins que ceux de
11 ans. Cette diminution est compen-
sée par une augmentation du temps
de sommeil total sans classe le lende-
main. L’écart entre le temps moyen de
sommeil avec ou sans classe le lende-
main augmente avec l’âge. Il passe de
51 min à 11 ans à 1 h 49 à 15 ans. Pour les
15 ans, cet écart est plus élevé chez les
filles (2 h 02) que les garçons (1 h 35).
Si l’écart entre ces deux temps de som-
meil est supérieur à 2 h on parle de dette
de sommeil. Elle concerne 40,5 % des
15 ans et est plus élevée chez les filles
que chez les garçons. Le temps de
sommeil de moins de 7 h avec classe le
lendemain concerne presque un ado-
lescent sur quatre. Ceux qui déclarent
regarder la TV, utiliser un ordinateur ou
un téléphone portable équipé d’Internet
ont un temps de sommeil plus court.
Malgré de grandes variations interindi-
viduelles, il est recommandé à cet âge un
temps de sommeil de 9 h pour favoriser
la croissance, l’apprentissage, l’équilibre
physique et psychologique.
Si le sommeil entre en compétition
avec d’autres activités, il devient insuf-
fisant en quantité et qualité. Le manque
de sommeil chez les adolescents peut
avoir des conséquences sur leur perfor-
mance scolaire et leur comportement.
L’évolution du mode de vie adolescent
explique en partie cette diminution :
une étude belge sur 1 656 enfants âgés
en moyenne de 13 ans et demi a mon-
tré qu’un tiers d’entre eux utilisait leur
téléphone portable après l’extinction
des lampes…
EN CONCLUSION
Si la fatigue est un symptôme fréquent
et non spécifique de l’adolescent, sa
persistance et/ou son intensité néces-
sitent d’en déterminer la cause. Le ca-
ractère isolé ou associé de cette plainte
orientera vers différents groupes étio-
logiques associés à la prise en charge
thérapeutique qui convient.
MOTS CLÉS:
Fatigue, Asthénie, Sommeil, Syndrome
de fatigue chronique
Encadré 2
Le syndrome de fatigue chronique est une maladie de cause inconnue caractérisée par
une fatigue persistante ou récidivante, évoluant depuis au moins six mois, non amélio-
rée par le repos, généralement aggravée par l’eort, responsable d’une réduction des
activités. Elle est associée à au moins quatre des symptômes suivants : trouble de la
mémoire ou de la concentration, pharyngite ou maux de gorge, adénopathies cervicales
ou axillaires, myalgies ou arthralgies, céphalées, sommeil non réparateur, sensation de
malaise après un eort physique. La cause de cette maladie reste inconnue, les hypo-
thèses étiologiques vont de l’infection virale ou à un autre agent pathogène aux troubles
psychiatriques.
• Alvin P, Marcelli D. Médecine de l’adolescent. Masson, Paris 2005 : 77-
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du Praticien 2005 ; 55 : 1095-98.
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cours de l’adolescence: résultats de l’enquête HSBC 2010 menée auprès
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RÉFÉRENCES