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Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain
Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain
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ESPRIT DE L’ÉPREUVE
SUJET
CORRIGÉ
ESPRIT GÉNÉRAL
Cette épreuve vise à vérifier que les candidats disposent des repères nécessaires à la
compréhension du monde dans lequel ils devront agir.
L'étendue de l'étude, aussi bien dans l'espace que dans le temps, indique que le
programme doit être abordé à partir d'une vision plus synthétique qu'analytique.
Des sujets vastes, précis dans leur formulation, privilégiant la réflexion seront
proposés aux candidats.
SUJETS
Les candidats traiteront l'un des deux sujets présentés dans le cadre strict du programme. Des documents peuvent être joints: ils ont pour but d'éclairer certains
aspects de la question. Un des deux sujets comportera la réalisation d'un croquis
obligatoire comptant pour un quart de la note.
ÉVALUATION
Elle prendra en compte :
- la capacité du candidat à définir le sujet, à le délimiter et à en dégager une
problématique pertinente.
- l'organisation des idées selon une démarche logique (plan). Il n'existe pas de
plan préétabli, mais des plans plus ou moins efficaces, plus ou moins difficiles
à mettre en œuvre pour répondre à la question posée.
- l'aptitude des candidats à sélectionner des exemples concrets, significatifs,
démonstratifs.
- les qualités d'exposition (syntaxe et orthographe).
Les correcteurs utiliseront toute l'échelle des notes de 0 à 20.
ÉPREUVES SPÉCIFIQUES
208
RAPPORT
annales officielles
Histoire, géographie et géopolitique du monde contemporain
SUJET
CORRIGÉ
RAPPORT
ÉPREUVE 2007
Durée : 4 heures
Aucun document n’est autorisé. Le candidat traitera au choix l’un des deux sujets
suivants.
Sujet 1 (sujet avec chronologie, fond de carte et légende à agrafer à la copie)
Sujet 2 (sujet sans document avec chronologie)
SUJET 1
(Sujet avec chronologie, fond de carte et légende à agrafer à la copie)
États-Unis, Japon, Chine : coopérations et rivalités économiques et géopolitiques
dans le monde d'aujourd'hui (15 points).
Croquis (5 points) : géopolitique de la façade asiatique du Pacifique.
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SUJET
CORRIGÉ
RAPPORT
Chronologie sommaire
1945 :
1949 :
1972 :
1977 :
1979 :
1981 :
1984 :
1989 :
1988-1990 :
1992 :
1995 :
1997 :
2001 :
2002 :
2004 :
2005 :
2006 :
2008 :
Capitulation du Japon.
Proclamation de la République Populaire de Chine.
Voyage du Président Nixon à Pékin.
Deng Xiaoping de nouveau au pouvoir en Chine.
Premières zones économiques spéciales en Chine.
Accord d'autolimitation Tokyo-Washington (secteur de l'automobile).
Le commerce transpacifique dépasse le commerce transatlantique.
APEC. Incidents de Tian An Men.
Ouverture des Bourses de valeurs de Shenzhen et de Shanghai.
“L'économie socialiste de marché” en Chine.
“L'Asie croît par transpiration plus que par innovation” P. Krugman.
Retour de Hong Kong à la Chine. Crise asiatique.
Entrée de la Chine à l'OMC.
G.W. Bush inclut la Corée du Nord dans “l'axe du mal”.
Incident sino-japonais en Mer de Chine orientale.
La Chine (avec Hong Kong) devient le premier partenaire commercial du Japon
devant les Etats-Unis.
18000 entreprises japonaises sont installées en Chine.
Manifestations anti-japonaises dans des entreprises et dans la rue en Chine.
Loi “anti-sécession” du gouvernement de la RPC vis-à-vis de Taïwan.
Fin des AMF.
Le Chinois Lenovo rachète la branche grand public d'IBM.
Enorme déficit américain à l'égard de la Chine.
Les réserves monétaires de Pékin dépassent celles de Tokyo et deviennent les
premières du monde. Négociations commerciales concernant l'aéronautique, les TGV,
les centrales nucléaires.
Essai nucléaire de la Corée du Nord.
Le Japon dispose du deuxième budget militaire mondial, après celui des Etats-Unis.
Ban Ki-moon, ministre sud-coréen des affaires étrangères, devient secrétaire général
de l'ONU.
Jeux Olympiques à Pékin.
SUJET 2
(Sujet sans document avec chronologie)
L'Europe centrale et orientale, de l'expérience communiste à l'intégration
européenne (1948-2007) : ruptures et continuités économiques, sociales et
géopolitiques (20 points)
Chronologie sommaire
Février 1948 :
1949 :
1949-1955 :
“coup de Prague” ; les communistes s'emparent du pouvoir en
Tchécoslovaquie.
création du Conseil d'Assistance Economique Mutuelle (CAEM ou
COMECON), avec, notamment, l'URSS, la RDA, la Bulgarie, la Hongrie, la
Pologne, la Tchécoslovaquie, l'Albanie jusqu'en 1961.
en Tchécoslovaquie, parallèlement à la mise en place d'une planification
centralisée, plusieurs réformes agraires aboutissent à une collectivisation quasi-totale de l'agriculture sur le modèle soviétique.
ÉPREUVES SPÉCIFIQUES
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1955 :
Octobre - novembre 1956 :
1961 :
1962-1971 :
1968 :
À partir de 1968 :
1989 :
Novembre 1989 :
1989-1990 :
1990 :
1991 :
Avril 1991 :
1993 :
1999 :
2004 :
1er mai 2004 :
2007 :
SUJET
CORRIGÉ
RAPPORT
Création du Pacte de Varsovie (URSS, RDA, Bulgarie, Hongrie, Pologne,
Roumanie, Tchécoslovaquie, Albanie jusqu'en 1968) en réaction contre
l'entrée de la RFA dans l'OTAN.
insurrection de Budapest et intervention soviétique.
édification du mur de Berlin.
réformes du CAEM avec, par exemple, la création du “rouble transférable“
en 1964.
“Printemps de Prague » et expérience du « socialisme à visage humain“.
Intervention soviétique en août.
introduction du “Nouveau mécanisme économique” en Hongrie, atténuant la planification centralisée et laissant émerger, surtout depuis
1979, un secteur privé encore marginal.
Les “révolutions démocratiques” ; ouverture de la frontière de
la Hongrie sur l'Autriche (mai), victoire de Solidarité aux élections polonaises (juin), “révolution de velours” en Tchécoslovaquie, chute du
dictateur communiste Ceausescu en Roumanie (décembre).
chute du mur de Berlin.
lancement, par la Communauté européenne, du programme PHARE
d'assistance technique et financière aux nouvelles démocraties d'Europe
centrale et orientale.
réunification allemande. Berlin devient la capitale de l'Allemagne
réunifiée.
Dissolution du Pacte de Varsovie et du CAEM.
entrée en fonctionnement de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) dont la Communauté
européenne détient la majorité du capital.
division de la Tchécoslovaquie en deux Etats : Slovaquie et République
Tchèque.
Pour intégrer l'UE, les Peco doivent remplir les “critères de Copenhague“.
Hongrie, Pologne, République Tchèque entrent dans l'OTAN.
Bulgarie, Roumanie, Slovaquie, Slovénie et les 3 Etats Baltes intègrent
l'OTAN.
parmi les 10 nouveaux pays qui intègrent l'UE, on compte 8 PECO.
entrée de la Bulgarie et de la Roumanie dans l'UE.
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CORRIGÉ
COMMENTAIRE GÉNÉRAL
Les sujets du concours Ecricome permettaient aux étudiants de valoriser leur préparation tout en maintenant une bonne capacité de sélection. Deux sujets, différents dans
leur conception, ont permis d'équilibrer l'épreuve en prenant toute la mesure du nouveau programme, notamment dans sa dimension géopolitique.
La correction des copies a été réalisée par une équipe de 30 professeurs, enseignants
en classes préparatoires. Toute l'échelle des notes a été utilisée. La moyenne générale
de l'épreuve est de 10,31 et l'écart-type de 3.25.
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SUJET
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RAPPORT
Sujet 1. Etats-Unis, Japon, Chine : coopérations et rivalités économiques et
géopolitiques dans le monde d'aujourd'hui (15 points)
Ce sujet a été traité par la grande majorité des candidats. Il était plus difficile qu'il n'y
paraît, chaque terme du libellé devant être bien analysé pour répondre correctement à
la question posée. La mise en relation des trois Etats (Etats-Unis, Japon, Chine) dans
le monde d'aujourd'hui, sur l'espace asiatique et sur l'espace mondial devait faire
référence aux périodes antérieures en évitant un plan purement chronologique. D'une
manière générale les aspects géopolitiques ont été moins bien identifiés que
les questions d'échanges, d'interdépendances et de concurrences économiques. Par
ailleurs, certaines copies en viennent à négliger l'économie au profit d'une dimension
excessivement politique. Ici, un équilibre entre ces deux pôles devait être respecté.
Carte : Géopolitique de la façade asiatique du Pacifique (5 points)
De nombreux correcteurs se félicitent des progrès accomplis quant à l'utilisation des
techniques et des outils cartographiques : choix des figurés, lisibilité, effort d'organisation de la légende, localisations, qualités graphiques. La carte revalorise bon nombre
de devoirs et on constate que les cartes géopolitiques ne font pas fuir les candidats.
On note cependant une grande disparité dans la notation. Cet exercice, lorsqu'il est
bien préparé se révèle très payant. Les bons scores confortent la place de la carte dans
la nouvelle approche du programme.
Sujet 2. L'Europe centrale et orientale, de l'expérience communiste à l'intégration
européenne (1948-2007) : ruptures et continuités économiques, sociales et
géopolitiques (20 points)
Ce sujet a été choisi par une minorité d'étudiants. Les candidats ayant sélectionné ce
sujet ont cru prendre un risque, en fait limité par l'exhaustive chronologie. Le sujet
s'est montré particulièrement sélectif. Les mauvaises copies présentent un discours
périphérique et sans discernement à partir de la chronologie. La méconnaissance du
cours de première année est vite apparue. On doit insister aussi sur la production
d'excellentes copies présentant une réflexion pertinente, même si elle est incomplète,
sur la problématique “ruptures et continuités”.
SUJET 1
Etats-Unis, Japon, Chine : coopérations et rivalités économiques et géopolitiques
dans le monde d'aujourd'hui.
Analyse du sujet/Problématique/Plan
- Le libellé du sujet propose une analyse comparative entre trois pays. Les Etats-Unis,
“l'hyperpuissance”, le Japon, allié traditionnel des Etats-Unis mais rival économique
et la Chine dont la montée en puissance bouleverse l'ordre mondial.
- L'approche économique et géopolitique est clairement notifiée. Il faudra donc mettre
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SUJET
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RAPPORT
l'accent sur les coopérations mais aussi sur les dissensions, les conflits entre les trois
puissances concernées.
- L'énoncé ne fixe pas de date dans le temps et indique qu'il faut envisager “le monde
d'aujourd'hui”. La réflexion géopolitique se référera à l'histoire pour expliquer comment
“on en est arrivé là” (Y. Lacoste). La chronologie proposée rappelle aux candidats cette
dimension, mais le devoir ne peut pas être une simple paraphrase de la chronologie qui
d'ailleurs ne comporte que deux dates antérieures à 1972. Les candidats sont invités à
réfléchir sur les déterminants de la puissance économique et géopolitique des trois
pays pour répondre à la question posée.
- Le sujet concerne essentiellement des connaissances de deuxième année mais il
faudra aussi faire appel à l'étude de la mondialisation économique étudiée en première
année.
- Un des aspects majeurs de la mondialisation actuelle c'est la coexistence pour la
première fois dans l'histoire de grands pays en tant que puissances dans un même
monde. Cela n'était jamais arrivé auparavant. Ce phénomène, antérieur même à la
disparition de l'URSS en 1991 mit fin au monde “bipolaire” caractérisé par la division
du monde en deux blocs, à la fois hégémoniques et antagonistes, auxquels le “Tiers
Monde” essayait d'échapper (Hubert Védrine).
- L'interdépendance économique qui caractérise la mondialisation, fera-t-elle naître une
“communauté internationale” conforme aux principes de la charte de l'ONU ? Loin d'être
“la fin de l'histoire” (F. Fukuyama), la fin du communisme soviétique fait apparaître de
nouvelles rivalités. L'irruption de la Chine dans ce monde globalisé bouleverse l'ordre
mondial. Qui de la Chine ou du Japon exercera le leadership dans une Asie en voie
d'intégration progressive dans la mondialisation ? Les Etats-Unis resteront-ils “l'hyperpuissance” du monde globalisé ou devront-ils partager leur hégémonie?
Les réponses diffèreront selon les domaines : économiques, géopolitiques et selon les
pays.
Quel que soit le plan choisi il faudra faire un réel effort de classement des différentes
données avant d'aboutir à une synthèse.
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Développement
I. Un partenariat économique grandissant et des relations politiques ambiguës
L'interdépendance des économies
Pendant les années 90, la mondialisation des économies reposant sur la maîtrise des
coûts de production a favorisé la Chine. Ces années sont marquées par la longue crise
qui affecte le Japon (2e puissance économique mondiale) et par l'extraordinaire
croissance de la Chine, ainsi que par le rebond des Etats-Unis (1ère puissance économique). La Chine est devenue la 4e économie mondiale et la 3e puissance commerciale, elle a intégré l'OMC en 2001. Les exportations massives de produits chinois aux
Etats-Unis soutiennent la croissance chinoise. L'ouverture du marché Chinois a
contribué à la reprise de la croissance au Japon depuis 2002.
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SUJET
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RAPPORT
- Une forme de coopération entre les trois pays peut être analysée à partir des
échanges. Les relations commerciales entre les Etats-Unis et le Japon font qu'on a
parlé de “nippamérique” malgré des confits résultants de l'excédent récurrent de la
balance commerciale japonaise vis-à-vis des Etats-Unis. Aujourd'hui la Chine est
devenue le premier partenaire commercial du Japon devant les Etats-Unis. Le Japon
est le premier fournisseur de la Chine. Les échanges commerciaux entre la Chine (avec
Hong Kong) et le Japon sont relativement équilibrés alors qu'ils sont toujours très
fortement déficitaires pour les Etats-Unis aussi bien avec le Japon qu'avec la Chine.
La Chine accumule des réserves de change (de l'ordre de 1000 milliards de dollars)
qu'elle investit partiellement en bons du Trésor permettant de financer les déficits
américains. En outre, les Américains sont dépendants des produits chinois à faible
prix, car cela permet de lutter contre les tendances inflationnistes aux USA et cela
dégage du pouvoir d'achat. Qui tient l'autre ? D'autre part, si la part de marché des
Etats-Unis dans le commerce extérieur nippon recule, c'est qu'il faut tenir compte des
“exportations japonaises” vers les Etats-Unis, au départ direct de la Chine.
- Le Japon reste un pays relativement fermé aux investissements directs à l'étranger
(IDE). Il a par contre beaucoup investi aux Etats-Unis et en Chine, il est même devenu
un “pays rentier” du fait de l'importance du revenu de ses investissements. Les firmes
américaines ont également investi en Chine et contribuent de ce fait à la vigueur des
exportations Chinoises. Les entreprises étrangères réalisent plus du tiers de la valeur
ajoutée de l'industrie totale chinoise et près de 60 % des exportations. La Chine qui
figure parmi les pays recevant le plus d'investissements étrangers, investit de plus en
plus dehors de ses frontières, notamment dans des projets concernant l'énergie et les
matières premières.
En réalité, la marge de manœuvre de la Chine est très faible, car sa croissance dépend
des importations américaines, qui elles-mêmes dépendent d'une tenue acceptable
du $. Le gouvernement chinois est sur le fil du rasoir entre libéralisation économique
et dictature politique, prospérité des villes côtières et crise des campagnes. Il est
également condamné pour se légitimer à une croissance à deux chiffres.
Des frictions et des rivalités
- La concurrence entre l'industrie chinoise et le Japon sur les marchés d'exportation
reste faible car le Japon possède une avance technologique qui lui est favorable. Les
tensions avec les Etats-Unis concernent l'énorme déficit américain vis-à-vis de la
Chine (autour de 200 milliards de dollars). Les américains dénoncent le dumping social
et monétaire (sous évaluation du yuan) qui permet à la Chine d'inonder le marché
américain de ses produits manufacturés. Wal-Mart importe 70 % de ses produits
de Chine. La fin des accords AMF a fait exploser les ventes chinoises de textilehabillement, entraînant des réactions coercitives de la part des PCD. Le gouvernement
américain fait pression sur la Chine pour obtenir une revalorisation du yuan afin de
réduire le déficit commercial. Sous la pression américaine, la Chine a réévalué le Yuan
de 2,1 % en juillet 2005. Beaucoup trop peu, estiment les Américains.
- Du fait de ses importations massives, la Chine est accusée d'être la grande responsable de l'augmentation du prix des matières 1ères et du pétrole depuis 2002. Elle
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SUJET
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RAPPORT
consomme 8 % du brut mondial (deuxième rang derrière les Etats-Unis) et importe
plus du tiers de ses besoins.
Les achats chinois sont responsables de 40 % de la consommation marginale de
pétrole (la hausse annuelle des flux pétroliers internationaux), d'où l'incidence sur les
prix.
- Le faible respect pour la propriété intellectuelle irrite les américains. Plus de 90 %
des logiciels sont piratés et utilisent Microsoft. On estime à plus de 3000, les PME
de la Silicon Valley qui font de “la veille technologique” pour Pékin. Les affaires
d'espionnage industriel mettant en cause la Chine se sont multipliées ces dernières
années. La Chine est cependant au 3e rang mondial pour les dépenses de R&D après
les Etats-Unis (1er) et le Japon (2e).
- La Chine exige de plus en plus des transferts de technologie pour les firmes qui
veulent accéder au marché chinois (Westinghouse pour les centrales nucléaires). Elle
apparaît aussi comme un nouveau concurrent sur les marchés mondiaux pour les FMN
américaines ou japonaises. Parmi ces firmes chinoises on citera : Lenovo qui a racheté
la branche grand public d'IBM, TCL pour les téléviseurs, Konka pour les téléphones,
Haier pour les réfrigérateurs, Galanz pour les fours à micro-ondes et SAIC pour les
automobiles.
Des antagonismes géopolitiques
- Depuis la Seconde Guerre mondiale le Japon et les Etats-Unis sont restés alliés pendant toute la durée de la Guerre Froide qui sévissait en Asie. Aujourd'hui le Japon
devenu une grande puissance économique veut s'affranchir de la tutelle américaine. Il
cherche à sortir de son traité d'alliance militaire avec les Etats-Unis pour faire face au
danger que fait courir à la région la Corée du Nord et son arsenal nucléaire.
- Si les relations économiques entre le Japon et la Chine sont au beau fixe, il n'en
est pas de même en ce qui concerne les relations diplomatiques. Outre la lecture
conflictuelle de l'histoire (manifestations anti-japonaises en Chine en 2005 pour
protester contre les nouveaux manuels scolaires japonais minimisant les atrocités
japonaises commises pendant la Seconde Guerre mondiale), des tensions existent à
propos de différents territoriaux en mer de Chine orientale. Japonais et Chinois
revendiquent les îles Senkaku ou se trouveraient de gigantesques gisements de gaz et
de pétrole. La concurrence entre la Chine et le Japon s'exerce aussi sur le tracé d'un
oléoduc acheminant le pétrole sibérien vers l'Asie -Pacifique.
- Face à la montée de la Chine le Japon cherche à recouvrer tous les attributs de la
puissance. L'armée japonaise qui reste défensive est l'une des premières du monde par
son arsenal technologique. Une révision de la Constitution pacifique imposée par ses
vainqueurs au sortir de la Seconde Guerre mondiale est de plus en plus à l'ordre du
jour au Japon, ce qui lui permettrait de se doter d'armes offensives, voire nucléaires.
- Un enjeu géopolitique majeur oppose aujourd'hui la Chine et les Etats-Unis, il s'agit
du sort de Taiwan. Après la rétrocession de Hong Kong en 1997, puis celle de Macao
en 1999, la RPC reste attachée au principe “d'une seule Chine” et l'assemblée nationale chinoise a voté une loi “anti-sécession” qui autorise Pékin à utiliser des moyens
“non pacifiques” au cas ou Taiwan déclarerait son indépendance. L'île reste sous
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SUJET
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RAPPORT
protection militaire américaine en cas d'attaque chinoise. Malgré ces tensions la RPC
est le premier client de Taiwan et l'île alimente un fort courant d'IDE vers le continent.
II. Les déterminants des relations économiques et géopolitiques
La mutation chinoise et l'irruption de la Chine dans la mondialisation
- Le premier déterminant qui ouvre une ère nouvelle et va bouleverser l'ordre mondial
est le changement de cap opéré par Deng Xiaoping, en 1977, après la mort de Mao
(1976). Deng Xiaoping lance les “quatre modernisations” (agriculture, industrie,
défense nationale, sciences et technologies). Il propose de créer “un socialisme aux
couleurs de la Chine” tout en acceptant les mécanismes de l'économie de marché. Il
crée les premières ZES en 1979 et les résultats économiques seront rapides améliorant
le niveau de vie des Chinois de la côte Est. Deng Xiaoping maintiendra cette
orientation de la Chine en faisant appel aux investissements japonais, américains et
européens.
- “Devenir riche est glorieux” tel est le nouveau slogan qui annonce la nouvelle alliance
entre “l'économie de marché et le socialisme chinois”. L'insertion de la Chine dans le
monde globalisé et la “stratégie d'hypercroissance” se poursuit avec Jiang Zemin et Hu
Jintao. S'enrichir, se moderniser, accéder à la société de consommation sont les nouveaux crédos d'un pays de 1,3 milliard d'habitants. Il s'agit aussi de veiller aux intérêts
de la Chine de par le monde, la Chine s'intègre donc aux organismes internationaux
majeurs (OMC,G8).
- De manière générale, la géopolitique du pétrole est un cauchemar pour la Chine, qui
dépend en bonne partie du Moyen-Orient pour son ravitaillement. Douze mille km de
route maritime séparent le détroit d'Ormuz de Shanghai, route contrôlée par la VIIe
flotte américaine, dont la puissance de feu, en particulier nucléaire, dépasse celle de
la République Populaire. Les choix de la Chine en matière d'énergie, d'écologie, de
politique militaire, de diplomatie sont déterminants pour ses partenaires au premier
rang desquels les Etats-Unis et le Japon. La Chine aspire à être la 2e puissance économique de la planète, devant le Japon vers 2020 et la 1ère du monde vers 2050.
Les fluctuations de la politique américaine vis-à-vis du Japon et de la Chine
- L'affrontement entre les Etats-Unis et le Japon durant la Seconde Guerre mondiale
s'est terminé par l'utilisation de bombes atomiques à Hiroshima et Nagasaki entraînant la capitulation de ce dernier. Avec l'instauration de la RPC en 1949 et l'instauration de la Guerre Froide en Asie on assiste à un rapprochement des positions américaine et japonaise qui ne se démentira plus. Ce sont les américains de Mac Arthur qui
vont occuper puis réorganiser le Japon selon leurs préceptes (Plan Dodge, réforme
agraire, démantèlement des Zaibatsu, politique de limitation des naissances) et “faire
du Japon le plus grand laboratoire du monde pour convertir un peuple, du militarisme
à la démocratie”.
- Les Etats-Unis et la Chine sont restés adversaires pendant la Guerre Froide. La RPC
alliée de l'URSS est intervenue dans la guerre de Corée contre les troupes de l'ONU souÉPREUVES SPÉCIFIQUES
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SUJET
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tenues par les américains. Il faut attendre le voyage de Nixon en Chine en 1972 pour
que s'esquisse un rapprochement entre la Chine et les Etats-Unis, alors que la guerre
fait rage au Vietnam. Depuis l'ouverture de la Chine à la fin des années 70 les américains ont mené une politique de coopération ternie par les événements de Tian An
Men. Face à la montée en puissance de la Chine, la politique étrangère américaine fait
grand cas de son opinion intérieure. La Chine vue des Etats-Unis est successivement
et alternativement : un énorme marché, un fournisseur, un acheteur de bons du Trésor,
un interlocuteur diplomatique (Corée du Nord). Mais aussi un régime autoritaire peu
respectueux des droits de l'homme, un concurrent pour l'accès aux sources d'énergie,
un pays nationaliste (Taiwan).
Le Japon géant économique et nain politique
- Les Japonais ont su, à partir des humiliations passées, mettre en place un “modèle“
de développement qui fera du Japon la 2e puissance économique de la planète et
finira par concurrencer les américains sur le plan économique. Le Japon triomphant
des années 80 a été présenté comme étant en passe de supplanter les Etats-Unis. Le
succès du modèle économique japonais a longtemps alimenté le débat sur le déclin
américain. On doit rappeler la conflictualité économique en citant les accords d'autolimitation et la manipulation de l'arme $ au cours des années 80 (et conséquemment
l'endaka), ainsi que la réplique japonaise par les “transplants” aux USA (usine commune Toyota et GM à Fremont, en Californie,aujourd'hui fermée). Les rachats de
firmes de disques et de cinéma par Sony, et surtout du Rockefeller Center de NY par
Mitsubishi furent mal vécus par les Américains.
C'est avec une certaine arrogance, que le ministre japonais Ishihara avait répliqué à
la nippophobie ambiante aux Etats-Unis par un best-seller au titre évocateur, “Le
Japon qui peut dire non”. Mais dans les années 90 le Japon est “en panne” face aux
Etats-Unis. Le Japon sort à peine, après une restructuration en profondeur, d'une
longue crise économique.
- Aujourd'hui, étrange retournement des choses, le patron de Sony est un Americain,
Howard Stringer (il a la double nationalité, anglaise et américaine). Il est chargé de
redresser une firme japonaise “iconique”. Sur le plan des rivalités il faut souligner l'affaire du pipe line russe, en provenance du lac Baïkal, que les Japonais se proposent
de financer en partie, alors que les Chinois sont candidats pour se brancher dessus, et
que les Américains ne seraient pas fâchés de le voir arriver jusqu'au Pacifique afin
d'avoir l'œil dessus, et éventuellement d'avoir accès aussi à ce qu'il transporte.
- Le Japon après avoir été le premier à tirer parti de la croissance chinoise a été ensuite
concurrencé par les Etats-Unis et par l'Europe. Les rapports entre la Chine et le Japon
restent tendus, malgré l'intensification des échanges économiques. Le “choc des
mémoires” et la résurgence des nationalismes expliquent en partie cette situation. Le
contentieux de la guerre sino-japonaise n'est “ni assumé ni dépassé”, contrairement à
ce qui a été fait entre la France et l'Allemagne. Face à la montée de ce qui est perçu
au Japon comme du nationalisme, celui-ci éprouve des inquiétudes quant à sa sécurité
et accroît son budget militaire devenu le deuxième du monde. Mais la cause profonde
de cet antagonisme entre la Chine et le Japon se situe sur un autre plan, celui de
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SUJET
CORRIGÉ
RAPPORT
l'affrontement de deux ambitions, c'est qu'en réalité ils sont rivaux dans la conquête
du leadership en Asie (Claude Meyer).
III. Le triangle Chine-Japon-Etats-Unis : vers quel leadership ?
Les limites et les atermoiements de l'intégration régionale en Asie orientale
- Les limites de l'intégration régionale sont illustrées par la crise asiatique de 1997
qui ébranle le “modèle asiatique de développement” et souligne le rôle et l'importance
des Etats-Unis dans la zone. L'afflux massif de capitaux étrangers et surtout d'investissements de portefeuille, très volatils, dans une Asie qui “croit plus par transpiration
que par innovation” (Paul Krugman), les variations du dollar, sont à l'origine de la
tempête monétaire qui débute avec le flottement du bath Thaïlandais et qui se
propage jusqu'au Japon qui connaîtra la récession. La Chine faisant preuve de responsabilité refuse de dévaluer le yuan, ce qui aurait pu entraîner une guerre monétaire et
commerciale aux effets catastrophiques pour toute l'Asie. La Chine ne sera finalement
pas affectée par la crise. La sortie de crise (intervention du FMI) est cependant une
occasion pour l'Amérique de faire avancer en Asie le concept de libéralisation économique, y compris au Japon, qui devra par exemple réorganiser son secteur bancaire
jugé déficient. Fin du modèle asiatique ? Banalisation de l'Asie selon les vœux des
Etats-Unis ?
- Des tentatives d'union régionale dans lesquelles figurent la Chine et le Japon, cherchant à favoriser un environnement régional plus sûr et moins dépendant des EtatsUnis se multiplient mais montrent aussi leurs limites. Plusieurs idées ont été avancées
comme : la création d'un fonds monétaire asiatique, la mise en place d'une zone yen,
voire la création d'une monnaie commune. Les accords signés en 2000 dénommés
ASEAN+3 envisagent la mise en place d'une “zone de libre-échange et de libre investissement” entre les pays de l'ASEAN, la Chine, la Corée du Sud et le Japon. Faut-il
voir ici les prémisses d'une future “Communauté de l'Asie orientale” (EAC) ? Ce processus suscite cependant les réticences du Japon qui a peur d'être écrasé par le poids
de la Chine. Les Etats-Unis ne sont pas favorables à ces rapprochements, ils privilégient l'APEC qui correspond à leur stratégie de libération des marchés de l'Asie orientale au profit des firmes américaines, permettant de concurrencer le Japon dans la
zone.
Vers quel leadership économique en Asie ?
- La rivalité sino-japonaise pour le leadership en Asie met de plus en plus face à face
le Japon et la Chine. Comme le souligne Claude Meyer chacune des deux puissances
dispose de solides atouts pour prétendre à ce leadership. La domination économique
du Japon est aujourd'hui écrasante et perdurera encore pendant 20 à 30 ans malgré
le rythme actuel de la progression chinoise. Le PIB japonais pèse trois fois celui de la
Chine pour une population qui est dix fois moins importante. L'avance technologique
du Japon est maintenue par un effort constant de R&D (3 % du PIB contre 1 % en
Chine). Le Japon est au centre de la DIT asiatique, il est le premier investisseur dans
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SUJET
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la zone. Sur les 150 premières entreprises étrangères installées dans la zone AsiePacifique 120 sont japonaises. Le Kabuto Cho possède la 2e capitalisation boursière
du monde, les banques japonaises restructurées après la crise des années 90 sont
redevenues incontournables. La supériorité japonaise se mesure aussi aux flux d'aide
au développement en Asie dont le Japon est le premier contributeur. Mais les
perspectives à long termes sont moins bonnes du fait de l'endettement très élevé du
secteur public (environ 130 % du PIB), du vieillissement de la population et surtout
des limites du marché japonais comparé à celui de la Chine.
- Ce qui frappe en ce qui concerne la Chine d'aujourd'hui, c'est le rythme de croissance
de l'économie qui pourrait se maintenir sur deux ou trois décennies. La Chine devient
une double plate-forme : pour les produits réservés à son marché intérieur ainsi que
pour les produits assemblés et réexportés (la moitié des ordinateurs destinés au marché japonais viennent de Chine). La Chine restera encore un pays privilégié pour les
IDE. La montée de la Chine fait ombre au Japon mais profite à toutes les économies
avancées de la zone.
Les jeux complexes d'une instabilité généralisée
- Chine et Japon disposent de solides atouts pour prétendre au leadership en Asie,
mais aucun des deux pays ne réunit l'ensemble des conditions nécessaires à une hégémonie incontestable et les américains exercent une forte présence. Clinton au sommet
de l'APEC à Seattle n'a-t-il pas déclaré : “Il n'est pas question pour nous de rester
à l'écart des bénéfices économiques d'une région dont la paix et la prospérité sont
assurées par notre présence.”
- La Chine membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, puissance nucléaire,
joue un rôle modérateur face aux menaces que fait peser la Corée du Nord, “Etat
voyou, avant poste de la tyrannie” (C. Rice), sur la Corée du Sud et sur le Japon. La
Chine cherche aussi à contenir le Japon allié des Etats-Unis. Elle s'est d'un autre côté
rapprochée des Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme. Elle espère en organisant
les prochains jeux olympiques de Pékin gagner en “respectabilité” et atténuer les
critiques qui portent sur son régime politique qui ignore les “droits de l'homme”.
- Sur le plan géopolitique, on peut aussi observer que les USA, qui voient dans la Chine
la seule vraie menace sur leur leadership, procèdent à un encerclement systématique
de l'Empire du Milieu, comme ils le firent jadis de l'URSS. La présence américaine de
plus en plus forte dans certaines des Républiques musulmanes de l'ex-URSS, l'alliance
traditionnelle avec le Pakistan, la percée diplomatique et économique en Mongolie,
et surtout le réchauffement des relations avec l'Inde (voir la question nucléaire)
participent de ce processus d'encerclement.
Les Etats-Unis restent les protecteurs militaires de Taiwan (présence de la VIIe
flotte US) face aux volontés d'unification de la RPC et les risques de confrontation
Chine/Etats-Unis sont bien réels. Il faut également noter que Ban Ki-moon, ministre
sud-coréen des affaires étrangères et nouveau secrétaire général de l'ONU était le
candidat soutenu par les américains.
- Il apparaît ici que le Japon “Grande Bretagne de l'Asie” veut s'allier les bonnes
grâces des Etats-Unis en participant, de part le monde, aux opérations de maintien de
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SUJET
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la paix de l'ONU, mais qu'il cherche aussi à s'émanciper du grand frère américain en
remilitarisant, ce qui attise les tensions régionales. Le Japon membre du G7, 2e
contributeur au financement de l'ONU aspire à jouer un rôle international en demandant un siège au Conseil de sécurité de l'ONU, ce que lui conteste la Chine. Chine et
Etats-Unis s'entendent pour maîtriser le Japon, c'est ainsi qu'il faut comprendre le
“bon usage” réciproque de la Corée du Nord : le danger que celle-ci représente
“neutralise” en bonne partie la puissance japonaise et empêche l'archipel nippon de
prendre ses distances avec les Etats-Unis.
Conclusion
- La Chine deviendra-t-elle une “Amérique asiatique”, démocratie en moins, comme il
a été écrit ? Faut-il craindre une nouvelle bipolarisation du monde avec les Etats-Unis
et leurs alliés japonais d'un côté et la Chine de l'autre ?
- Dans l'évolution des relations du triangle Etats-Unis, Chine, Japon, plusieurs scénarios sont possibles mais force est de constater que le partenariat économique lié à la
globalisation va de pair avec les antagonismes géopolitiques.
CROQUIS
Géopolitique de la façade asiatique du Pacifique
Eléments pris en compte pour la correction :
- Une légende bien organisée et répondant à la question posée : le croquis doit
insister sur ce qui fonde la géopolitique, c'est à dire les “rivalités de pouvoirs ou
d'influences sur les territoires et les populations qui y vivent” Y. Lacoste
- La réalisation d'une carte expressive et la qualité du graphisme
- La précision dans les localisations (les cartes muettes ne sont pas acceptables) ;
les principales villes, qui sont ici localisées par des points, doivent être nommées
sur la carte.
La carte devait insister sur les contentieux et les tensions, il fallait mettre en
évidence :
- les principaux litiges frontaliers et les revendications territoriales de la Chine
qui s'oppose au Vietnam, aux Philippines, à la Malaisie, à l'Indonésie et au
Japon pour la possession d'îles supposées riches en pétrole et en nodules polymétalliques (Natuna, Spratly, Paracel, Senkaku)
Taiwan revendiquée par la Chine après le retour à celle-ci de Hong Kong et de
Macao
- La course aux armements nucléaires
. pays dotés de l'arme nucléaire (Corée du Nord, Chine, Russie)
. menaces sur la Corée du Sud et sur le Japon
- L'espace sous influence américaine
. pays alliés ou dans la mouvance américaine
. présence de troupes américaines (Japon, Corée du Sud)
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SUJET
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RAPPORT
. bases américaines (Okinawa)
. Taiwan protégée d'un débarquement de la RPC par la VIIe flotte US
- La nature du régime politique des principaux Etats
. régimes communistes (Corée du Nord, Chine, Vietnam, Laos)
. régimes démocratiques (Japon, Indonésie, Philippines, Taiwan, Corée du Sud)
- Les tensions religieuses, ethniques, politiques, les mouvements séparatistes
- Les aspects géoéconomiques facteurs de rivalités
. la concurrence pour un projet d'oléoduc venant de Sibérie entre le Japon
(Nakhodka) et la Chine (Daqing)
. les organisations économiques régionales (ASEAN, APEC)
. les stocks d'IDE, les Bourses
. les détroits, lieux de passage stratégiques (détroits de Malacca, de la Sonde,
de Lombock, de Luçon), les grandes routes et les façades maritimes.
SUJET 2
L'Europe centrale et orientale, de l'expérience communiste à l'intégration européenne
(1948-2007) : ruptures et continuités économiques, sociales et géopolitiques.
Analyse du sujet/Problématique/Plan
- La délimitation chronologique est évidente, du “coup de Prague” de 1948, qui provoque la prise du pouvoir par les communistes inféodés à Moscou, à l'intégration de
la Bulgarie et de la Roumanie dans l'UE en 2007.
- La délimitation spatiale l'est moins, bien qu'il faille en rester au libellé du sujet, au
sens strict, c'est-à-dire à l'Europe centrale et orientale. On y retrouve les “PECO”, qui
ont intégré l'UE (Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République Tchèque, Slovaquie,
Hongrie, Slovénie, Roumanie, Bulgarie). Mais on peut d'emblée remarquer que si
certains pays étaient, même du temps du communisme, des pays “souverains”, représentés à l'ONU (Pologne par exemple), d'autres pays sont issus de l'éclatement de
l'URSS elle-même (les pays baltes) : pour eux, la chute du communisme et l'intégration européenne furent aussi l'occasion de l'indépendance. Déjà une rupture majeure.
- Il faut au moins poser le problème de l'Ukraine, du désir d'une partie de son opinion,
soutenue par la Pologne, de se rattacher aux “PECO” et à l'UE (révolution Orange),
alors qu'une autre partie de son opinion, souhaite maintenir le tropisme Russe.
L'Ukraine, marge disputée, aux confins orientaux de l'Europe est un pays réellement
indépendant depuis 1991, mais menacé de partition entre l'Ouest du territoire, plus
rural et non russophone et l'Est, urbain, industriel et marqué par la présence d'une
minorité russe. La limite spatiale du sujet passerait-elle au milieu de l'Ukraine ? Le
Belarus est-il “éligible” au sujet ? Théoriquement en Europe orientale, il est surtout
un Etat dictatorial : la limite spatiale du sujet n'est pas que géographique mais aussi
politique. Quelques atlas incluent les Etats nés de la dislocation de l'ex-Yougoslavie
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SUJET
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et l'Albanie en Europe centrale et orientale. Ces pays de l'Europe balkanique n'ont pas
été retenus dans la délimitation géographique du sujet, ce qui est confirmé par la
chronologie, mais les candidats (très peu nombreux) qui ont fait ce choix n'ont pas
été pénalisés. Nous rappelons qu'il n'existe pas de plan unique mais que le jury
est ouvert à tout plan bien justifié dans l'introduction et qui intègre toutes les dimensions du sujet.
- Plusieurs plans sont donc possibles :
Un plan chronologique organisé autour de trois ruptures : entrée dans le communisme,
sortie du communisme et entrée dans l'Europe. Il fallait alors que les candidats
n'oublient pas la dimension “continuité”, ce qui est resté le point faible des devoirs.
Un plan thématique reprenant le libellé à partir des aspects économiques, sociaux
et géopolitiques, doit être bâti autour d'une idée directrice et mettre l'accent sur les
ruptures et continuités.
Nous présentons ici un plan semi chronologique, semi thématique.
La rupture de l'ère communiste (I), la première rupture vient de l'imposition après la
Seconde Guerre mondiale de la domination soviétique qui fait basculer à l'Est toute la
région.
La rupture de l'effondrement du communisme et d'un basculement à l'Ouest (II).
Mais au-delà de ces ruptures majeures, n'existe-t-il pas des continuités, des permanences (III) ?
I. La rupture brutale du passage à l'ère communiste
Les ruptures politiques et sociales
- Le basculement vers le communisme se fait pour des raisons externes : l'Armée Rouge
soviétique après avoir “libéré” les pays d'Europe centrale, dont certains alliés de
l'Allemagne Nazie (Hongrie, Bulgarie, Roumanie) ne se retira pas. Cette occupation est
le prélude à l'instauration de dictatures de type soviétique au prix d'une répression
brutale. Le Kominform créé en 1947 permit le contrôle des partis communistes européens par le Parti communiste soviétique.
- La rupture est aussi liée à des raisons internes. Les phénomènes de collaboration ou
de résistance avec des gouvernements qui se sont rangés d'un côté ou de l'autre ou
alors, successivement des deux côtés, comme la Roumanie, est bien sûr une rupture
majeure. Là où la droite, voire l'extrême droite régnaient souvent “en maître” se généralise la dictature communiste.
- La situation sociale est très tendue du fait de sociétés très inégalitaires déjà avant
la Seconde Guerre mondiale. Dans la plupart des pays une aristocratie terrienne de
grands propriétaires faisait subir au monde paysan des conditions de vie proches du
servage.
- Il faut attendre 1980 pour qu'une organisation indépendante des partis communistes
voie le jour dans les PECO (le syndicat Solidarité en Pologne). La Hongrie avait connu
une brève expérience socialiste en 1919 (République des Conseils, de Bela KUN) mais
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les régimes de Horthy et des Croix Fléchées qui suivirent étaient autoritaires et alliés
à Mussolini et à Hitler.
La rupture économique : la duplication du modèle soviétique
- La planification quinquennale centralisée, calquée sur le modèle stalinien, et avec les
mêmes priorités est mise en place. Les plans sont harmonisés avec le plan soviétique.
- La nationalisation de l'industrie, du commerce, de l'artisanat est quasi totale,
voire brutale, en particulier en Tchécoslovaquie, sans doute du fait du caractère
particulièrement stratégique de ce pays, supposant une prise en main sévère et rapide.
Il s'ensuit des procès de type stalinien dénoncés dans “l'Aveu”, livre d'Arthur London
porté à l'écran par Costa GAVRAS.
- L'agriculture suit étroitement le modèle soviétique, après une double réforme agraire
qui permet de diviser le monde paysan. Le monde paysan était parfois politiquement
puissant (partis agrariens) mais aussi souvent divisé entre grands propriétaires
hobereaux et petits paysans misérables. Une première réforme partage une partie des
terres des grandes exploitations entre les petites, une seconde réforme nationalise les
terres et collectivise l'exploitation en quelques fermes d'Etat mais surtout en coopératives sur le modèle des kolkhozes. Le processus est pratiquement achevé vers la fin
des années 1950. Seule exception notable, la Pologne, où, soutenue par l'Eglise catholique, l'essentiel de la paysannerie réussit à sauvegarder sa petite propriété et son
exploitation individuelle, au prix d'un archaïsme croissant du secteur, qui aujourd'hui
pèse lourdement sur l'économie polonaise et… européenne.
- L'espace économique s'appauvrit : on parle de “sibérisation” ou de “combinatisation”
des territoires. Les tissus économiques laissent la place à une organisation économique, sociale, territoriale autour des grandes entreprises, voire de la “monoentreprise“,
qui sont autant de “morceaux d'Etat”.
Un “bloc communiste” dominé par l'URSS
- Les révoltes sont écrasées (Budapest en 1956, “printemps de Prague en 1968”,
Pologne en 1980). On doit signaler une RDA qui réussit mieux son industrialisation,
une Hongrie qui met en œuvre de manière plus suivie qu'ailleurs une sorte de réforme
Liberman (le Nouveau Mécanisme Economique) une Bulgarie qui s'unit si fidèlement
et sans nuance à l'URSS qu'on parle “d'intégration organique”. Il y a aussi les délires
de Ceausescu en Roumanie avec une tour de télévision de près de 400 mètres de
hauteur, pour quelques petites heures d'émissions quotidiennes à destination d'appartements où la température maximale tolérée en hiver est de 15°.
- L'intégration commerciale autour de l'URSS est quasi totale. Le CAEM fondé en 1949
est d'abord un outil d'exploitation des PECO par le “grand frère” soviétique, avant de
devenir un instrument de coopération (rouble transférable) visant à établir une DIST.
- Les sociétés sont-elles pour autant plus égalitaires ? On ne saurait passer sous
silence une éducation de base mieux diffusée, le faible coût du logement et des
transports, l'absence de chômage (masqué certes en sous productivité). Ni oublier par
ailleurs une société très nomenklaturiste, n'ayant que faiblement accès à la consommation en général et à la modernité en particulier.
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II. Une nouvelle rupture : le “retour en Europe”
De “l'Est à l'Ouest”
- Il faut évoquer assez brièvement les conditions de la chute du communisme.
Craquements précoces en Pologne, évolution moins heurtée, mais précoce aussi en
Hongrie (ouverture de la frontière sur l'Autriche), les manifestations en cascade, le
rôle des Eglises (Jean-Paul II, mais aussi les Protestants, en particulier en RDA). Et
bien sûr la chute du mur.
- Pour le retour vers le marché on pouvait imaginer le passage vers un capitalisme
proche des modèles rhénan ou alpin, avec peut-être encore un fort secteur public.
Mais le mythe d'un “grand soir du capitalisme”, sorte de vision léniniste à rebours, le
formidable prestige de M.Thatcher, de R.Reagan et des économistes ultra-libéraux
appelés en consultation inspirent des “thérapies de choc”. Ce passage brutal au libéralisme, échoue presque partout (malgré quelques succès en Pologne), au milieu d'une
inflation forte, d'une certaine dollarisation (Pologne) et d'une “récession transformationnelle” représentant une chute de l'ordre de 30 à 40 % du PIB dans un premier
temps.
- La privatisation rencontre partout les mêmes difficultés : comment vendre les
grandes entreprises lourdes, quasi invendables, à des gens qui n'ont pas l'argent
pour les acheter ? La privatisation populaire sous forme de “bons de privatisation”
ne faisant rentrer aucun capital et aboutissant à des entreprises sans propriétaire
clairement identifié a souvent été la règle. En Pologne comme en République Tchèque,
on met en place les Fonds communs de privatisation, sorte de sociétés-écrans entre
le capitalisme populaire et les entreprises : celles-ci ont dès lors un propriétaire
reconnu, un “fond commun”… souvent lié à l'Etat.
L'intégration économique à l'Europe de l'Ouest
- Il faut souligner la proximité de l'Europe capitaliste et de ses investissements directs,
permettant une privatisation de meilleure qualité et plus rapide que dans d'autres
pays anciennement socialistes. Mais ce sont surtout les délocalisations d'entreprises
européennes attirées par les faibles coûts de main d'œuvre et par les nouveaux
marchés qui profitent aux pays d'Europe centrale et orientale. Parmi elles : Volkswagen,
PSA, Renault, Siemens, Whirlpool, Philips, Nokia, Ericsson. Des sociétés comme
Auchan, Casino, Carrefour sont présentes dans la distribution en Pologne (ce qui, outre
la dépendance, présente des inconvénients : les entreprises ainsi “occidentalisées”
s'approvisionnent à l'Ouest, d'où le creusement des déficits commerciaux). Il faut signaler le cas particulier de la RDA et de son intégration dans la RFA et par là son entrée
immédiate dans l'UE, mais l'égalité des salaires et de la monnaie aboutissant à une
quasi-désindustrialisation du pays et au transfert annuel de 5 % du PIB ouest-allemand
vers l'Est, en particulier pour financer la Treuhananstallt, sorte de syndic de liquidation
du communisme).
- En ce qui concerne l'agriculture, les situations sont très diverses : la Pologne est
engluée dans ses micro-exploitations, supposant la mise en place d'un exode rural
accéléré et d'un remembrement puissant, en partie financé par la PAC. Le capitalisme
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et l'Europe réussissent là ou le communisme a échoué, à contraindre les paysans
au départ (d'où les dérives du vote extrémiste en Pologne). Ailleurs, restitution
des terres aux anciens propriétaires (R. Tchèque), ailleurs encore indemnisation des
anciens propriétaires, avec passage partiel à la moyenne exploitation productiviste
de type “breton” mais aussi maintien d'exploitations collectives privatisées et
entre les mains des “barons verts”, souvent anciens cadres communistes (Hongrie).
Avec suffisamment d'efficacité pour inquiéter l'Europe occidentale (par exemple la
viticulture hongroise).
Une société qui se diversifie, des inégalités qui progressent et un élargissement
au rabais ?
- Les magasins regorgent de tous les produits, mais la difficulté est désormais de pouvoir les payer. Une classe de nouveaux riches apparaît, au sein de laquelle une partie
de l'ancienne nomenklatura a réussi à se recycler. Les inquiétudes, la frustration, le
choc systémique font que l'espérance de vie régresse souvent, et le taux de fécondité
plonge. Les pays d'Europe centrale et orientale ont des taux de fécondité inférieurs à
1,5, y compris la très catholique Pologne (1,3) qui comptait 2,5 enfants par femme
au milieu des années 80.
- Le passage à l'économie capitaliste c'est aussi l'apparition d'un chômage massif
(18 % en Pologne) et surtout un chômage des jeunes. Il affecte particulièrement les
régions rurales et les populations peu qualifiées. L'émigration tente beaucoup de
monde : les “Ossis” et autre “Volksdeutsche” vers l'Allemagne, premier pays d'accueil,
les Roumains aussi. L'ouverture progressive des “Quinze” de l'UE aux travailleurs des
PECO est engagée mais elle reste limitée, elle sera totale en 2011.
- Bien sûr l'intégration dans la construction européenne apparaît comme l'aboutissement
du processus. La Communauté européenne s'y était déjà préparée par les actions de la
BERD et le respect par les nouveaux entrants des “critères de Copenhague”. Mais l'UE
à 27 est en panne : problème des institutions, du budget, de la PAC. Les mesures
prises par la Communauté ne sont pas au niveau du défi à relever pour réaliser une
intégration réussie et on parle d'une “intégration au rabais”.
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III. Des continuités malgré tout
Première continuité : la fragilité géopolitique et les divisions internes, qui ne
sont neutralisées que par une influence extérieure.
- La mosaïque religieuse, culturelle, ethnique voire linguistique est toujours aussi
présente et parfois exacerbée. Tziganes et Hongrois en Roumanie, turcophones en
Bulgarie inquiètent ou sont regardés avec suspicion. Hier, l'URSS niait le problème et
le neutralisait de l'extérieur. Aujourd'hui, c'est l'UE qui impose le respect des minorités.
- Fragilité géopolitique aussi liée à la crainte d'être absorbé par l'Est ou par l'Ouest,
ou de faire les frais d'un accord entre les deux par-dessus la tête des PECO, rappelant
la douloureuse expérience de l'accord germano-soviétique (par exemple l'affaire
du gazoduc germano-russe, piloté par Schröder, et qui court-circuite la Pologne en
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SUJET
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réalisant une liaison directe sur le fond de la Baltique entre Saint-Pétersbourg et
l'Allemagne du Nord.
- La Bessarabie et la Moldavie : roumaine ? La Transylvanie : hongroise ? Les Russes
des pays baltes et l'enclave de Kaliningrad sont autant de points de friction, comme
hier l'ont été les Sudètes et autres corridors de Dantzig. Ce n'est pas un hasard si les
PECO, dans le psychodrame révélateur de l'affaire irakienne se sont rangés du côté des
USA : pour essayer d'échapper à l'étau entre Europe occidentale et Russie, étau bien
antérieur au XX°s. L'Alliance atlantique dirigée par les Etats-Unis paraît seule en
mesure de tenir tête à la Russie. En effet, la Hongrie, la Pologne, la République
Tchèque sont entrées dans l'OTAN dès 1999.
Autre continuité : la “périphéricité” des PECO
- Hier de l'URSS au sein du CAEM, aujourd'hui de l'Europe occidentale au sein de l'UE.
L'intégration économique des PECO à l'UE est aujourd'hui de près des 3/4, supérieur à
ce qu'elle était hier avec l'URSS. Ce n'est pas un hasard si la Pologne a de fortes
exigences institutionnelles au sein de l'Union, elle cherche à exister.
- Par ailleurs, la dépendance vis à vis de la Russie demeure, en matière énergétique
notamment, et les Russes savent en jouer. Les pays baltes, l'Ukraine, le Belarus, la
Moldavie sont totalement dépendantes de la Russie pour la fourniture des hydrocarbures, et la stratégie russe a consisté à “monnayer” la livraison à bas prix de son
énergie contre une forme de loyauté politique ou diplomatique (de soumission ?). Les
“majors” russes ont aussi réalisé une politique d'expansion très active, notamment en
Ukraine, véritable “passerelle” vers l'Europe occidentale. Cette place stratégique de
l'Ukraine en matière de transport est illustrée par le bras de fer l'opposant à la Russie
à propos du prix du gaz russe.
- Continuité aussi de l'héritage socialiste, avec de vieilles régions industrielles à
reconvertir et des problèmes de pollution. Les inégalités territoriales se creusent,
déchirées entre l'Est et l'Ouest : aujourd'hui, dans tous les PECO, c'est l'Ouest et la
capitale qui se développent.
- Le prisme de la crise des pays émergents (1998-2000) a montré qu'aujourd'hui
comme hier, les dépendances (endettement, interventions du FMI, de la Banque mondiale) caractérisent l'Europe centrale et orientale.
Des constances
- Une première continuité régionale fait référence à une Mitteleuropa en cours
d'intégration. Un regroupement s'effectue à partir de l'Allemagne et de l'Autriche, il
comprend les six Etats indépendants d'Europe centrale : République Tchèque, Slovaquie,
Hongrie, Pologne intérieure et au-delà par la Roumanie et la Bulgarie vers la Turquie,
voire la Russie. Ceci s'accompagne d'une recomposition géopolitique dans laquelle la
Pologne qui affirme son soutien aux Etats-Unis, milite pour une entrée de l'Ukraine
dans l'UE, et fait figure de leader régional.
- Un deuxième regroupement géographique fait réapparaître le bassin nordique ou la
Mare Balticum qui tend à intégrer les pays baltes et la façade maritime de la Pologne
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à la Finlande, la Suède et le Danemark. Les liens entre la Finlande et les pays baltes
sont déjà très développés (bois, électronique).
- Un avenir commun ? Depuis la chute du mur de Berlin, l'Europe centrale et orientale,
“gelée” pendant près de quarante ans par l'URSS, se remet en marche. Aujourd'hui
l'objectif est de construire un espace, qui respecte les frontières établies, tout en
maintenant la protection des minorités au sein de chaque Etat. L'exigence démocratique
pourra-t-elle contenir la résurgence des nationalismes alors que le développement
économique et social est trop lent à venir ?
Conclusion
La disparition de la guerre froide, la fin du communisme, le retour à “l'Europe” sont
autant de ruptures qui signifient la fin du monde antérieur en Europe centrale et
orientale mais sans gommer les héritages du passé.
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